DLM 1 | avant

Y a que vous pour faire le job et je vois pas comment vous pourriez le refuser, avait dit, avec une voix un peu métallique, le type qui venait de poser le canon de son flingue sur ma tempe. Votre dernier plan était sacrément pourri, un fiasco, il avait même rajouté, et maintenant tout le monde vous recherche, et votre tête est mise à prix, et elle se balade sur les réseaux sociaux, au Monoprix, à la télé mais ça, vous le savez déjà, avait ensuite dit le type qui ne s’était pas présenté et que j’avais trouvé bien bavard pour quelqu’un qui avait l’intention de me tuer, alors dites-vous bien que si j’ai réussi à vous retrouver en un temps record, des plus entraînés que moi vont pas tarder à se pointer et, vu ce qu’on leur propose à la clé, sans grattage ni tirage, ceux-là se trimbaleront pas avec dans le ciboulot des souvenirs un peu rances de leurs lectures juvéniles de Thomas Bernhard et ils se lanceront sûrement pas dans une longue tirade avant de vous refroidir, avait dit le type qui parlait calmement alors que tenir son bras à l’horizontale comme il le faisait depuis son irruption, un flingue à son extrémité, ne devait pas être évident, ils penseront d’abord au fric. À ce moment-là le type a reculé et comme il ne faisait pas tout à fait nuit j’ai pu voir qu’il portait un masque, c’était celui de Sarkozy et moi, comme un gosse je me suis marré, si bien que, assez logiquement et moins de deux secondes plus tard, je recevais la crosse de son flingue sur une de mes clavicules et un coup de genou dans le bide. Bon je vais pas y passer la nuit, avait poursuivi le type tandis que pendant ce temps je cherchais à la fois à retrouver ma respiration et à bouger mon bras, et sincèrement, à ce moment-là, l’écouter parler me perturbait, j’aurais préféré le silence, une pause café avec clope ou au moins pouvoir m’asseoir, quitte à fermer les yeux, afin de mieux écouter (puisque visiblement il ne savait se taire) ce qu’il avait à me dire, par exemple que j’étais un homme fini, ça je l’avais bien intégré, et qu’il me laissait dix secondes pour réfléchir à sa proposition mais comment lui dire que je ne l’avais pas entendue, sa proposition ? Foutu pour foutu, j’ai dit Stop en levant mes pouces et puis : vous pouvez répéter la question, la proposition, mais le type, qui avait peut-être lu Thomas Bernhard mais ne le pratiquait que très mal, n’aimant pas se répéter, ce qui est un tort quand on prétend débarquer avec un reste de sa langue, a plutôt choisi d’armer le chien, et tandis que son masque bougeait légèrement, j’ai d’abord pensé qu’il était très en colère ou vexé, que je n’étais pas à la hauteur ou le décevais puis je me suis dit je vais pas crever sur un malentendu c’est trop con, surtout qu’on a lu le même auteur, ça fait au moins un point commun et c’est déjà pas si mal vu la situation, alors j’ai fait OK de la tête puis, après avoir soufflé un bon coup pour être sûr d’aller jusqu’au bout de ma phrase j’ai dit : je suis votre homme et là j’ai fermé les yeux, à bout de souffle, en pensant à toutes ces années passées à lire l’auteur autrichien, et pour quelles raisons si c’était pour finir comme ça, à terre, avec la chaussure pointue d’un autre que moi qui tapotait avec régularité un rythme rock sur ma joue, qui sentait la chaussette et la merde de chien et qui visiblement l’avait mal digéré l’Autrichien mais, c’est bien c’est bien j’aime quand vous devenez sage, avait les moyens, lui, de me narguer avec son flingue et son masque à deux balles.

 
 

Horloge encore, tentative de roman

 » Le hasard apporta une horloge comtoise chez l’aubergiste qui le recevait. Le livreur, un homme aux cheveux blancs, aux gestes lents, disposa devant lui le châssis de bois, la pendule et le balancier. Nicolas, que d’habitude la compagnie des hommes faisait fuir, ne perdit pas une miette de l’installation. Il donna même quelques judicieux conseils pour maintenir l’ensemble dans une parfaite verticalité et éviter tout frottement sur les parois de bois qui pourraient à la longue provoquer une imprécision et une usure prématurée des engrenages. Vous êtes du métier ? s’enquit l’artisan. Non, j’ai simplement du goût pour la technique, répondit Nicolas, […]Le vieil homme regarda la pendule déposée dans un coin de l’atelier. Un meuble de bois peint d’une seul pièce laissait voir à travers la vitre de son ventre le mouvement lent d’un balancier en bois doré, orné dans la partie supérieure d’un thermomètre à mercure, et, dans la partie inférieure, d’un baromètre à cheveu qui, suivant le temps, faisait sortir soit un homme muni d’un parapluie, soit une femme portant une ombrelle à son bras. La pendule, tout en haut, possédait une aiguille de fer pour les jours, tandis que celles en laiton indiquaient l’heure et les minutes sur des chiffres romains. Le cadran, commandé par l’artisan, indiquait son nom, René Herment, et le bourg où il avait ouvert sa boutique. C’était la première fois qu’il proposait pour ses clients les marques de sa profession, associées à son identité. Une fierté. Le mécanisme était rustique et l’horloge était massive, ornée de dorures bon marché, mais il lui semblait qu’elle avait été le reflet de toute sa vie, depuis qu’il s’était installé ici en 1858 après son alliance avec une fille de la région. Personne alors ne misait sur lui, qui avait inscrit à la rubrique profession en bas de l’acte de mariage « commerçant ambulant ». Il s’était établi, avait honnêtement accompli son métier et pouvait à présent s’enorgueillir de son expérience. Cette pendule, qu’ils avaient montée ensemble était la première d’une série que l’artisan avait achetée pour partie en pièces détachées en prévision des futures foires à venir, la mode était à de tels cadeaux de mariage, et voir son nom marqué sur la pendule entrer dans l’intimité d’intérieurs de jeune mariés où elle allait rythmer le temps et les naissances à venir, donnait au vieil homme l’illusion qu’il avait su trouver sa place ici, avoir un rôle. C’était cet hommage que Nicolas voulait lui rendre : chaque homme doit trouver sa place, chaque société doit lui laisser saisir sa chance.  »
(extrait d’un texte en cours)

Faim

Encore une attente.. ne savoir si c’est un retard ou si, une fois encore, la personne qui a pris rendez-vous (je ne sais si c’est homme, femme, jeune ou non, Anne était pressée, elle ne m’a transmis que l’heure) a changé d’avis, a peut-être visité une autre maison, un appartement, qui lui a plu, à moins qu’elle soit tombée dans son escalier, et qu’elle gise en attendant de l’aide, jambe faisant un angle baroque, au milieu du carrelage, reniflant, ou qu’elle ai rompu, après une querelle qui touchait trop profond pour être remédiable – elle a eu de la chance de le faire maintenant – le mariage qui nécessitait cette recherche d’un toit commun..

bon ça va, stop

mais je ne peux pas abandonner – si c’est un retard, même d’une heure, et qu’il ou elle arrive…

en attendant j’ai faim,

je fouille mon sac, pas le moindre bonbon, et je viens de fumer ma dernière cigarette derrière un arbre, cachée, près de l’entrée, en enfouissant bien soigneusement les traces, avec celles des précédentes

alors tant pis, je n’attends pas une rencontre entre les habitués, et en bénissant celui qui y a pensé, j’ouvre tous les placards – pas tous en fait, je m’y préparais, mais c’est dans le second, au dessus de l’égoute-vaisselle, que je trouve le paquet de petits gâteaux.

Je l’ouvre.. j’en croque un, pas mauvais, je l’enfourne

et bien entendu, je l’ai provoqué, on sonne…

paquet dans un tiroir, avaler vite en marchant vers la porte..

il faudra que j’en amène, que j’ajoute à la liste proposée une bouteille de jus de fruit, des tomates, un chèvre, une bonne huile d’olive (ma gourmandise est méfiante) et une autre bouteille de champagne et qu’on organise une petite réunion

Au grand jour

 

Le cinéma, c’est toujours un peu la même chose. Parfois, on aimerait pouvoir croire qu’on n’y est pour rien, mais voilà, non, jamais. C’est un peu comme l’histoire, cette histoire-là, celle de l’humanité aussi bien, cette histoire comme ce présent et cet avenir, en est-on ? L’accès à la maison est l’accès aux témoins : ici, avant qu’on y entrepose cric et horloge comtoise, photos de tableaux ou de graffitis, dessins ou icônes, mots enfin laissés là pour que d’autres s’en emparent, les lisent, les comprennent, ici vient qui veut, s’en va qui ne peut rester, je n’en sais rien, c’est égal, pour ma part, je n’ai rien choisi, et parfois, dans des moments de lucidité peut-être, je me dis que c’est tant mieux. 20150527_145722

Il y aura des gens qui nous sont inconnus, d’autres qui seront passés à la postérité

monsieur grave

sur le même  monde, tu sais bien, debout toujours, des gens qu’on aime, qu’on a aimés, toujours est-ce un mot d’amour, toujours ces images-là, ces histoires-là, elles sont vraies, le cinéma, c’est un peu toujours la même chose, on nous raconte des histoires

pierre mendès-france

Bordeaux, en juin mille neuf cent quarante, le Massilia, on croisera des gens célèbres (ici Antony Eden , au nom si prometteur de jardin, né un dix huit juin…)

lord Eden dans son bureau

au lieu de « gravats » peut-être aurais-je mieux fait de poser ce genre dans quelque « bureau » ? Je ne sais pas, il s’agit d’un documentaire, je fais ce que je peux, je ne sais pas, il dure des heures (faut-il compter ? les nombres, les cinq cents, les dix fois douze ça ne fait que cent vingt, une moue un peu dégoûtée, inconsciente, les additions, je les laisse à ceux – ce ne sont que des hommes, certes- que ça intéresse, moi j’ai des choses à faire) , ici monsieur Grave aux champs (c’est une photo que j’adore)

monsieur Grave aux champs

c’est parce qu’il rit, cette maison et ces champs, ces gens qui visitent, ce monde qui bruit, ces histoires là : madame Solange ici, coiffeuse

la coiffeuse

dénoncée puis torturée, brisée, que peut-on savoir de cette haine, puis ici, Raphaël Geminiani (un coureur cycliste qu’on a peut-être oublié)

raphaël geminiani

le monde est tel qu’il est, il a son passé (enfouissons-le sous nos gravats si tu veux, mais ça ne sert à rien), il a son histoire racontée par les vainqueurs comme on sait, racontée par les hommes pas par les femmes, racontée par un idiot, voilà tout, c’en est fini du cinéma, la fiction, la volonté de montrer des choses et des sentiments vrais, désordonnés, cruels ou illuminés, doux et tendres, oui, montrer le monde comme il est, tiré d’une histoire vraie

les frères Grave

ce ne sont que deux frères, l’un est Alexis, l’autre est Louis, je ne sais pas lequel, j’ai rendez-vous avec le mien il faut que je me dépêche, tu sais on lui demande  un moment, dans ce film, c’est une merveille juste une merveille simplement sur la vraie histoire du monde, de la vie et de l’humanité, une histoire comme on nous en raconte de temps à autre, quelque chose qui peut-être pourrait nous endormir puisque c’est dans les rêves que les choses arrivent, Hollywood n’y est pour pas grand chose,  les acteurs, les images, les éclairages, la nuit et le silence, quand on lui demande « mais jamais vous n’avez eu envie de vous venger ? » l’image de son regard

monsieur Grave 2

son histoire, je me vois bien appuyé sur mon poing au deuxième plan, toi mon ami, mon frère, toi mon amie, allez viens, on oublie et on sort, au grand jour

ciel houdin 2702515

 

première approche du sujet

d’ailleurs, votre irritation ne changerait pas grand-chose
le moment du départ était venu
sans doute la seule action véritable qui a lieu ici
leur laisser la bride libre
une table où poser nos livres en cours
un réfrigérateur qui s’allume quand on l’ouvre mais ne refroidit pas
c’est une couverture parfaite
tout ce qui fait perdre du temps d’une manière générale
la lenteur de la satiété remplacée par l’esthétique du décor
peut-être, on est pris de vertige mais, nous autres, nous n’en avons cure,
le mystère ne sort pas de ses gonds
cette maison… vais penser à elle comme à une toile blanche
encore que je me demande un peu ce que je fais ici
pour qu’elle abandonne cette grâce indifférente
quand lui est arrivé en avance et attend tranquillement

vos désirs sont nos désirs

  

la lampe de l’entrée de la maison[s]témoin est un plafonnier, quatre spots chromés orientables, verre transparent, longueur 35 cm, largeur 35 cm, hauteur 18 cm, existe en bleu, rose, noir, gris argent, fabriqué à -chiffre suivi de plusieurs zéros- exemplaires

   la fenêtre de l’entrée de la maison[s]témoin est un œil de bœuf abattant, bois exotique, dormant de 46 cm, existe en bois, pvc, aluminium, fabriqué à -chiffre suivi de plusieurs zéros- exemplaires

   la vie dans l’entrée de la maison[s]témoin est un compromis, x avenirs chromés orientables, désirs transparents, langueur x cm, hâbleur x cm, horreur x cm, existe en bleu, rose, noir, gris argent, décuplée selon un -chiffre suivi de plusieurs zéros- exemplaires

  la rue qui passe devant de l’entrée de la maison[s]témoin est une avenue, quatre feux tricolores, verre coloré, rouge, orange, vert, longueur de macadam 70 000 cm, largeur 6000 cm, hauteur 00 cm, existe en noir, noir, gris anthracite, gris clair, état d’usage, fabriqué à -chiffre suivi de plusieurs zéros- exemplaires

   la lampe de l’entrée de la maison[s]témoin a été dessinée et nommée Ó par X, designer néo-zélandais fabriqué à 1 exemplaire travaillant à Amsterdam pour une entreprise suédoise spécialisée dans la conception et la vente de détail de mobilier et objets de décoration prêts à poser ou à monter en kit fabriqués à -c’est peu de le dire- exemplaires

  le kit de la maison[s]témoin est disponible, 16 agencements disponibles orientables avec frais supplémentaires, prix compétitifs, longueur plusieurs années, largeur dans les grandes, hauteur de l’endettement autour de la barre des 30%, existe en papier, 3D, pdf, fabriqué à -chiffre suivi de plusieurs zéros- exemplaires

   le carrelage de l’entrée de la maison[s]témoin est un carrelage d’intérieur aspect béton à effets grès cérame pleine masse couleur fonte surface lisse finition mate bords rectifiés pour joints fins, sueur, débris de verre, tache de sang, larmes, clés, poussière, traces de terre, cadavre de mouche et futur imaginaire non fournis, dimensions de chaque dalle 60 x 60 x 10, fabriquées en exemplaires multiples

   les mots ne sont que des mots, a-t-il dit (c’est un acteur)

 

Fumeur ou non fumeur ?

Fumeur M!ca Popovic_DH

(cliquer pour agrandir la photo)

Je m’étais posé la question en arrivant : pourra-t-on fumer dans la maison ? J’y pensais en regardant mardi soir les pipes d’André Breton posées sur son bureau au Centre Pompidou.

Il fut une époque où je fumais des cigarettes (avec ou sans marque américaine), je possédais même une petite boîte métallique pour rouler automatiquement celles qui étaient hors commerce, et puis du tabac Amsterdamer (je revois les pochettes bleu sombre), surtout à cause de son parfum, dans une pipe hollandaise en écume de mer avec un embout jaune.

Ici, va-t-on installer un coin « fumeurs » (La philosophie dans le fumoir, cela me plairait !), pratiquer une sorte de ségrégation comme elle s’est répandue partout maintenant, dans les cafés, les restaurants, les bibliothèques, les lieux publics – ne plus pouvoir allumer une cigarette dans une gare en attendant sa bien-aimée, quelle régression ! – les trains, les bus, les métros, bientôt la rue elle-même, et tout lieu dans la nature ?

J’ai donc décidé d’installer le tableau ci-dessus dans l’entrée (mais il pourra être enlevé après un vote en assemblée générale s’il pose un problème), il s’agit de l’œuvre d’un artiste serbe, Mića Popović, qui est exposé en ce moment juste en face du temple de la culture à Beaubourg.

Sinon, je verrais bien à sa place, pour calmer les opposants éventuels à cette idée fumeuse, une reproduction du Magritte sur lequel ce cher Michel Foucault écrivit une très belle analyse (Fata Morgana, 1973) :  Ceci n’est pas une pipe.

Dans la buanderie

Il pleut, ça n’en finit pas, comme cet après-midi qui se traîne.

Le terrain, la rue, sont torrent et flaques, et même ici, où me suis réfugiée, pour m’éloigner de la contemplation morne des vitres battues d’eau, la pluie, son bruit un peu atténué, ne me quitte pas et je ne peux m’empêcher de lever la tête vers le petit fenestron (cette manie que j’ai de chercher les mots qui adoucissent !) rayé par l’averse.

Il pleut, personne ne viendra, et pourtant j’aimerais tant – oh ce n’est pas pour la boite, même si, parait-il, les ventes viennent au compte-gouttes (et le pensant, je sens que je ris, un peu, mécaniquement.. pas si mal, même si c’est ricanement) – mais tout plutôt que de ruminer, parce que non je ne pense pas, je ne veux pas, dès que les idées, l’idée plutôt, se dessine, je bifurque… alors ne reste que la pluie, mais elle est trop éternelle pour me distraire.

Faire attention à ce qui m’entoure, oui…

comme le sol, le ciment qu’est bien dur sous mes fesses et le manteau bien tiré pour éviter de le froisser.. et puis comme le contact de la machine, le cercle qui saille et me rentre dans le dos, je bouge un peu, je joue avec la sensation des aspérités…

Et puis mes chaussures devant moi, et leur usure qui se voit vraiment trop.

J’ai puisé dans mon sac le livre qui y traîne pour m’isoler dans le métro, l’ai ouvert, l’ai fermé.. le Banquet c’est trop ou pas assez pour ma peine (pas ce mot, tu vas lâcher prise) pour que mon état d’esprit s’y accroche..

Comme j’ai risqué un mot interdit, comme je sens que je deviens humide, molle, le réflexe, je chantonne… faux bien sûr… au risque de faire pleuvoir et j’en souris.

Il me semble que la lumière faiblit.

Je regarde ma montre.. plus très longtemps… je prends un bonbon.

étude préparatoire incomplète aux conclusions approximatives

En creusant les fondations de la maison[s]témoin, les vestiges de trois occupations pré et protohistoriques ont été mis en évidence, matérialisés par un fossé palissadé à multiples interruptions décrivant un tracé curviligne. Cette construction s’oriente est-sud-est. Dans le trou de poteau marquant l’angle nord-est a été déposé le crâne d’un ovi-capriné, sans doute un acte rituel.

Le mobilier céramique découvert, bien conservé, montre un élément orné d’une ligne d’impression réalisée à l’ongle. L’argile est noire, rehaussée de chevrons blancs sur un pourtour en forme de cloche inversée, typique des poteries de cette période.

À ce jour, aucune tombe, ni tumulus abritant un enterrement en position fœtale, n’ont été découverts. Les décrets et autorisations permettant la construction de la maison[s]témoin sur ce site ont donc été dûment signés et paraphés par les organismes idoines. On n’en saura pas davantage sur ce qui s’est passé sous la cuisine, la terrasse, le garage, mais on peut néanmoins conclure qu’il n’y a ni terrain vierge, ni page blanche, car elle se couvre de fils en réseau serré : des morceaux de céramique identiques (argile noire, traces d’ongle, chevrons blancs) ont été exhumés au sud du Portugal (Zambujal), sur les berges de la Vistule (Cracovie) et dans les îles Britanniques (Cornouailles).

note : les ossements d’un chien domestique, ainsi qu’une boîte contenant les restes d’un hérisson, trouvés sous quatre pierres plates, trop récents, ne seront pas mentionnés dans cet article. Leur description complète et non pertinente restera donc non rédigée.