Des goûts (et des couleurs)

 

Nous sommes bousculés, nous sommes traumatisés, trahis blessés mortellement, dans notre humanité-même : comment, des gens comme nous, deux bras deux jambes neuf orifices et vingt doigts, des êtres humains sont donc capables de ça ? Oui. Hier ici, aujourd’hui, à Bruxelles, oui. C’est peu dire que c’est lâche, c’est peu dire que c’est laid. Ce n’est pas qu’il nous faille pourtant ne pas concevoir cette éventualité : ils (elles ? je ne sais pas, mais je suis sûr qu’elles sont moins nombreuses qu’eux), ce sont eux, ils tuent, l’aveuglement et le hasard qui frappent, ah ne pas baisser les bras, ne pas se laisser envahir par la peur, continuer à encore et toujours vouloir tenter de comprendre et d’aimer les autres, oui, tenter, et continuer. Sortir, rire, applaudir… Nous sommes tous atteints, mais nous vivons encore pour à tout le moins dire que la vie est belle, bien plus belle encore que ce qu’ils peuvent imaginer. Ils ne gagneront jamais.

 

(de la promotion : quand on pose le lien vers maison(s)témoin sur la page fb de « Homeland« , on obtient un « like » comme réponse; même  procédé sur celle de « Merci patron » : rien à voir, circulez- il ne s’agit pas de glaner reconnaissance ou orgueil ou quoi que ce soit de ce genre, mais de dire que proposer des goûts à nos contemporains est accueilli défavorablement, dire ce qu’on pense en réalité a quelque chose, ici, probablement, de déplacé, il ne faudrait pas le faire valoir. Je vais parler d’un film français, vu il y a deux jours; en sortant du cinéma sur le sol j’ai trouvé ça

les ogres graf

par terre sur le trottoir de l’avenue de Clichy. Ca ne m’a pas tellement plu, mais je crois que c’est parce que, depuis, l’accueil du film a été dithyrambique – à ce que j’en ai vu ici ou là- et que cet unanimisme ne me convient pas. Happy few, agitation propagande, avant-garde, aujourd’hui (nous sommes le 22 mars) flotte dans l’air quelque chose-un anniversaire, probablement. Quarante sept ans, j’aime à m’en souvenir. J’avais quinze ans et j’écoutais la radio, le poste périphérique relaterait, six ou huit semaines plus tard quelques uns des événements qui nous ont marqués, certes, mais qui se terminent (le mot est lourd), qui aboutissent, à ce que j’en vois aujourd’hui, à une sorte d’eau de boudin complètement indigeste. Ces temps-ci, pour ma part, ça va mal. Mais dans la salle de cinéma, à la fin, quelques unes des personnes présentes ont applaudi; pendant la séance, on en entendait certaines renifler (il y a parfois des moments tragiques), plus souvent on riait (il y a pas mal de moments drôles). N’importe, ici, dans cette maison, c’est comme si de rien n’était : j’avance, je pose, je laisse, je m’en vais, j’essaye juste de vivre et de continuer à aimer le cinéma).

 

ogres fin

Cette image-là est à la fin. Le « Davaï Théâtre » (qui s’inspire dit-on d’une troupe de théâtre itinérant) s’en va sur une route déserte dans le soleil couchant. C’est une troupe, une espèce de cirque qui, au lieu de numéros de montreurs d’ours ou de dresseurs de puces, de contorsionnistes acrobates jongleurs de clowns ou de magiciens, donne en représentation deux pièces de Tchekhov adaptées et mises bout à bout pour les besoins du spectacle. On est en été – en hiver, on ne circule pas, je ne crois pas. On serait à Palavas-les-flots qu’on n’en serait pas tellement étonnés (j’ai pensé à ce film de Nicole Gracia, « Un beau dimanche » 2013) (je ne me souviens plus, mais durant la parade, on sait qu’on se trouve quelque part par là – je veux dire, comme pour « Un  beau dimanche » en bord de mer, en été) (ça me revient, une fille dit « on n’est pas à New-York ici, on est à Port-la-Nouvelle »).

Il règne dans cette troupe quelque chose comme une ambiance on dit aujourd’hui « déjantée » ou mieux « foutraque » ou pire « jubilatoire ». En un mot, tout cela est furieusement contemporain, disons. Drôle, cynique, émouvant, sans principe. Si les choses tournent mal, le père -le directeur de la troupe (il a dans les soixante ans)- demandera de l’ordre, du bourgeois du propre. La vie de la troupe, c’est aussi recevoir des enfants, type cinq ou six ans : l’un des acteurs (il est atteint par la mort de maladie de son fils, et le voilà qui va devenir père -sans doute tape-t-il dans les quarante balais, il boit fume prend des médicaments -on l’a nommé « Déloyal » comme patronyme, pourquoi pas mais c’est dur à porter…) l’un des acteurs donc, à cette occasion, propose à ces jeunes têtes blondes une pédagogie douteuse (qu’est-ce que la sodomie) à l’aide de dessins. C’est un autre scandale, qui fait suite au précédent (une bataille rangée dans un restaurant maghrébin où le Déloyal en question a mis le feu aux poudres en les traitant de « bougnoules » – comme on voit, le Déloyal ne lésine pas sur les moyens).

ogres accordéon

Non, ça ne lésine pas, mais enfin, le titre du film m’a (comment dire ?) questionné ? interpellé ? enfin…)  posé question, je ne sais pas, m’a rappelé l’enfance (il y a beaucoup d’enfants dans le film

ogres enfants

et on peut dire sans trop tirer la couverture de ce côté-là

ogres petite marche

qu’en réalité, ça ne parle que de ça) et ses contes : n’est-ce pas, les ogres mangent les enfants dans les contes (comme les loups, d’ailleurs) (quelques animaux sont là, oies, poulet en habit, chiens…), ceux-ci sont-ils d’un autre genre ? Des ogresses, en est-il aussi ?

ogres parents

Quelque chose du délit, de la tragédie, quelque chose de l’outrance, de l’obscène aussi (fatalement : on représente, une pièce de théâtre, on en voit les coulisses, on est avec les acteurs, on joue presque avec eux, la caméra ne sait plus où donner de l’objectif, mais enfin la lumière, le petit matin et les mégots de cigarettes dans le beurre…).

ogres finale 1

Déloyal va mourir : il écrase sur une planche des médicaments, beaucoup de médicaments, imprègne de ce mélange un morceau de pain ou quelque chose, puis change d’avis, jette ledit truc quelque part où une oie va le manger, s’en va, il nous quitte… De la même manière, la fille (qui est la soeur de la réalisatrice, et qui a donc le même père -on suit ?) de l’histoire à un moment, prend ses enfants et s’en va : sans elle, comment va-t-on faire ? On se rend compte qu’elle est partout dans la construction de la pièce, partout dans l’intendance, partout dans le rapport au monde. Mais elle est partie… On ne la reverra pas, elle téléphone à sa mère mais non, on ne la revoit pas. Le film avance, naît un enfant (c’est un garçon) et se termine, on est ému, on a tellement aimé la musique (on pense à Plume, on pense à tous ces artistes de cirque qui veulent à toute force créer quelque chose comme une histoire), on va s’en aller on sort (je crois que la musique est due au mari de la soeur de la réalisatrice, mais ça, ce serait à vérifier)

en sortant

sur l’avenue cette image, dans le métro cette autre

gare ogres

il y a des choses qu’on aime (en revenant-comme en y allant, on passe devant le théâtre des Bouffes du nord

théâtre bouffe du nord ogres

le reflet des voyageurs aux fenêtres), on se souvient un peu du film, de la joie de vivre comme du pathétique toujours à fleur d’image, l’outrance mais la joie de vivre, cette espèce de vulgarité assumée, revendiquée, potache sans doute mais vraie aussi, et comme il se termine bien

Léa Fehner

(sans vouloir non plus tomber dans le culte de la personnalité), on remercie cette jeune femme, Léa Fehner (et ses parents et ses amis) pour les deux heures et demie de bonheur cinématographique qu’elle et eux nous ont donné.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rire, oui, et se battre.

 

 

De temps à autre, il est peut-être bon aussi de faire de la propagande (je parlais hier de cette maison(s)témoin avec Joachim qui en est un des instigateurs, et l’idée de parler de ce film est venue comme de juste : à quoi ça sert une maison(s)témoin ? à propager le bon cinéma, et la bonne éthique). Encore que… mais bon, on a des trucs à faire.

Il paraît que ce film a déjà été vu par plus de cent mille spectateurs en salle, ce qui est déjà (presque) un exploit. On avait vu le film annonce il y a quelques semaines, on irait. On y fut. On n’est pas déçu.

On aime même beaucoup. C’est que l’histoire ressemble un peu à celle de « Robin des Bois » (ah Errol  Flynn…!!!) (Michael Curtiz et William Kelghley, 1938) (et Olivia de Havilland…)

robin des bois

mais en plus moderne : donner aux pauvres en prenant aux riches. C’est cette peur d’être ainsi découvert, ou sali (à travers une image faisandée), ou pris pour ce qu’il est qui fait sans doute agir le milliardaire.

BA fdp

On le voit, en assemblée générale (je crois que c’est en 2012) brandir une sorte de menace de révolution, pathétique et lifté… Une horreur mais le film prend le parti inverse de ce mot

Mr et MMe Klur et Ruffinle réalisateur François Ruffin, ici en compagnie des époux Klur

et préfère en rire.  Je me suis un peu demandé ce que devaient ressentir les autres employés du magasin où le contrat à durée indéterminé a été signé par monsieur Klur. J’y ai cru, en réalité, comme au cinéma. J’ai aussi cru au fait que cet homme, directeur d’une usine du groupe sise en Bulgarie, parle avec un cynisme consommé

directeur usine builgarie

d’une main d’oeuvre qui, en Grèce, devrait devenir moins onéreuse vu les conditions économiques imposées par… Oui, par qui sinon lui-même, son patron et ses affidés ?  (le complet, là, qu’il porte, est vendu dit la journaliste d' »envoyé spécial »plus de mille euros, pour une main d’oeuvre équivalent à trente euros…).

La même chose m’est arrivée, il y a quelques jours, en passant le pont Neuf, et on voit dans ce « Merci Patron » (François Ruffin, 2015) quelques employés de cet ex- grand magasin parisien transformé dès tout de suite en hôtel de luxe

vert galant square 2

ça, c’est Paris, et nul doute qu’on trouvera dans ces murs quelques uns des fleurons des marques possédées par le milliardaire. J’ai pensé encore aux personnes foutues dehors par le fabricant de pneumatiques déjà illustré ailleurs. Ce qui me fait aussi penser que, les jeudis qui viennent, et même si ce n’est pas tellement mon genre, il va bien falloir aller manifester contre cette loi indigne et abjecte qui instaure (entre autres ordureries) que les congés pour perte d’un être cher soient réduits à rien (de cette loi, le journal Fakir se fait le porte-parole ces temps-ci avec ses épisodes de « Merci Myriam » ).

J’ai repensé à ce bernard tout à l’heure en entendant Monique Pinson-Charlot parler à la radio de la réunion qui a eu lieu avant hier dans un des amphithéâtres de la faculté de Dauphine, dans le seize (bizarrement, la « fondation pour l’art contemporain » du milliardaire se trouve dans ce quartier . C’est Paris aussi, ça : le loyer, fixé pour cinquante cinq ans, de cette fondation : cent mille euros par an… Une misère. Ladite fondation a été construite par le même opérateur que celui qui sévit déjà sur l’emprise de l’aéroport inutilement pharaonique de Notre-Dame-des-Landes : il n’y a pourtant là aucun mystère, et les affaires ne sont  que les affaires).

C’est la fatigue qui m’étreint. Et c’est la honte qui me tombe dessus quand j’entends ici que dans ce beau pays, on accueille vingt quatre mille réfugiés et qu’en Allemagne, on en accueille un million. C’est l’horreur que je sens, cette peste brune décomplexée et fière d’elle-même.

Rire, oui, et se battre. On va dans la rue, donc, aujourd’hui, et les jeudis qui suivent.

Ca ne finira jamais

 

 

Ils se réunissaient dans le séjour, regardaient la télé, se chamaillaient parfois, riaient, entendaient avec un léger sourire (mais ils étaient muets) les paroles du prétendu « père »

homeland 2.2 image

et puis il y a eu la deuxième guerre, c’était la troisième, c’était un moment où les tours jumelle avaient été détruites -le « centre du commerce mondial » ainsi dénommait-on ce couple d’immeubles de grande hauteur-, où il fallait que l’occident (comme on a pu haïr l’abject groupuscule qui portait ce sobriquet…) se réveille et montre (nous y avons été) au reste du monde que les choses devenaient intolérables (on a vu, à Abu Grhaïb par exemple, ce qu’il en était de cet occident-là), et qu’il fallait en finir avec Saddam Hussein et sans doute surtout ses deux fils. Abbas Fahdel nous montrait la vie quotidienne qui précédait l’invasion étazunienne, à présent dans ce deuxième volet, on entend comment la guerre est venue disloquer la société, comment tout ou presque a été détruit…

Homeland 2Abbas Fahdel

(ici lors de la présentation du film au Forum des images, l’année dernière). Il a donc fallu plus de dix ans pour qu’ici on envisage que le monde, en Irak comme partout, je le crains, est simplement peuplé de gens qui ne veulent que la paix. Je le crains parce qu’il n’est pas rare qu’on entende, un peu partout, les bruits de la guerre…

homeland 2.1 sa nièce

(la nièce du cinéaste, « nous avions du mal à en croire nos yeux, mais nous étions contents » dit-elle, après que les fils du raïs aient été montrés morts à la télé…).

La vie n’est jamais facile, nulle part, quand même en temps de paix. Jamais. Elle n’est jamais simple non plus. On parcourt Bagdad, on va ici chercher des rations de farine ou d’huile, là conduire les enfants à l’école : plus personne au fond n’est à l’abri, et la guerre intense ou sporadique, la guérilla urbaine, les voyous qui se servent, les repris de justice, meurtriers violeurs laissés en liberté, armés, la loi du plus fort, du plus injuste, du plus cynique ou pervers, voilà telle qu’en elle-même, la vie laissée là comme ailleurs (en Lybie, ailleurs encore…) par cet occident-là…

Tu sais, il lui en fallut du courage, à ce type (dans les divers reportages, on le voit sourire, on le voit parler vivre en français…) pour filmer et dérusher et monter et montrer enfin ces quelques heures.

homeland 2 Haïdir

Du courage et de l’amour pour les enfants : ici, Haïdar, le neveu du cinéaste, cette personne magnifique et convaincue…

l'amour des enfants

Les enfants, ce sourire, cette malice joyeuse, les jeux avec le jet dans la cour, le plaisir du rire, la discussion qui pourrait aussi tourner très mal (une séquence au marché, avec Haïdar qui défend, dans un lieu baassiste

haïdir au marchéla mémoire de ceux qui sont morts sous les coups de Saddam, tendue, et lui magnifiquement sincère…), le temps passe, c’est vrai aussi, mais la culture, détruite, annihilée,

cinémathèque dévastée 1

(les images sont ce qu’elles sont, tant pis)

cinémathèque dévastée 2

archives télévisuelles, filmiques, cinématographiques,

cinémathéque dévastée 3

tout est mort, tout est dévasté, mais quand même est-on là, on regarde ce gâchis, cette guerre et ce sang qui sans cesse abreuvent les haines, la tragique fin du film est là, oui, Haïdar on ne t’oubliera pas, certainement pas, mais c’est parce que c’est là, devant nous

Homeland 2 cinémathèque 2

et si quelqu’un demande pourquoi il y a encore des artistes sur cette terre, et pourquoi le chemin est encore éclairé, on pourra lui répondre qu’il existe encore des gens et des choses, encore des enfants et des rires, et que ça, ça ne finira jamais

 

« Homeland, Irak année zéro », en deux parties, film d’Abbas Fahdel (on a fait les mêmes études, lui et moi, dans le même lieu, avec les mêmes profs-sauf que j’y passais quelques années avant lui : en souvenir de Claude Beylie, pour ma part)

Journal de la maison(s)témoin : du genre dessin animé

 

 

(témoin, certes, mais de quoi ? l’affaire dure, les merveilles du monde ourdissent probablement des actions dans leurs coins respectifs -faut que j’arrête avec probablement et de manière générale, faut que j’arrête avec l’aigreur) (pour ce faire, je dispose de ceci et d’autres ailleurs) (la disparition chère à feu Perec de non seulement les e mais de tous les livres et autres joyeusetés de ma vie antérieure au trente un octobre quinze impose une sorte d’ascèse dont je ne suis pas, je n’étais pas disons, partisan avant cette date) (laquelle a été rendue négligeable -sauf peut-être pour moi, celles et ceux qui m’entourent- du fait de ce treize novembre indicible -même si la gouvernance de cette nation/pays/territoire enfrontiérisé fait mine, à force de mouvement de muscles déprimés et inutiles, d’en avoir la maîtrise) (rien à attendre : foncer)  

Le cinéma m’a fui, ou alors il s’agit d’une fausse sortie (la partie 2 de « Homeland » n’est plus donnée qu’à quelques heures idiotes dans quelques salles éloignées) (Abbas Fadhel, 2015) : la maison(s)témoin, existence dix mois, semble déserte (c’est faux, on y est, certes) et sous le ciel s’organise un printemps bientôt disponible dans toutes les bonnes officines de la planète (enfin, disons hémisphère nord) (personne ne subit les mêmes intempéries) (il fait froid, le soleil va briller, il fait doux, les arbres verdissent) (évidement que c’est une fausse sortie, quelqu’un y a cru seulement ?)

Revenant d’un ailleurs circonstancié à quelques quatre vingt kilomètres et quelques, sud sud ouest (voyage en Hermès, conduite de Désiré..), mobilisant pour le neuf de ce mois, tentant de lever, hors de l’eau, un nez une bouche qui voudraient respirer, des narines obstruées, des muscles tendus, des organes fatigués et oublieux des nuits presque blanches passées à n’essayer que peu de parvenir à une fiction porteuse de sens, m’est parvenue, d’un moment sans doute ensoleillé de ce vendredi consacré à l’entière et définitive prise en compte du travail du mois précédent et sous forme définitivement pervertie de tableaux comptables, m’est parvenue donc la haine et la colère vis à vis des dessins animés produits par l’oncle sam (sans majuscule non) dont Henry Salvador était l’émanation télévisuelle, une sorte de « ami public numéro un » légèrement abscons, certainement entêté d’audience, dont l’avatar le plus écoeurant était bamby

bambysans titre1

suivi de l’abject roi lion (on ne met pas de majuscule, non qu’on cesse de garder une certaine légitimité à l’orthographe et à sa typographie, non, justement)

roi lionsans titre1

(je ne pose ces italiques que parce qu’il s’agit des titres de ces pellicules inutiles et perverses, qui intiment à tout un chacun, et notamment, les plus jeunes d’entre eux, de se conformer à une sorte de vision idyllique et consumériste du monde : seulement, si je peux me permettre, il n’en sera jamais ainsi et nous ne serons jamais, jeunes ou vieux, anciens ou nouveaux, mâles ou femelles, nous ne serons jamais dis-je réduits à de simples réceptacles).

Un billet à thème de films d’animation -comme on dit, car ils le sont tous, persistance rétinienne obligeant sûrement – jamais je n’aurais pensé en produire, faut-il donc que les temps soient indisponibles, et les actes des merveilles inefficaces…

Puisqu’il s’agit de ce type de cinéma, j’arrête.

J’ai plus dans l’idée de me retrouver assis dans le noir, Espace Saint Michel ou  une autre enseigne (comment les nomme-t-on ?) indépendante, à voir dans des conditions précaires inconfortables peut-être une merveille (une vraie celle-là : « Mirages de la vie » ? (Douglas Sirk, 1958))

 

 

(dans la recherche forcenée et exhaustive des genres -mais est-elle entreprise ici ? – , celui qui apparaît aujourd’hui, sans même que je l’aie convoqué, ne laisse pas de m’intriguer -à moins qu’il ne m’inquiète… : voici donc l’avatar complètement inconscient de ce cinéma-là, celui qui intime de penser que le pays où il est produit est celui qui en a fait sa première exportation, vite rejointe par des exploitations de ce qu’il est convenu de nommer parkatème, développé non loin de cette capitale pour l’Europe, ville nouvelle choisie s’il fallait le préciser parce que les conditions sociales de cette installation étaient si tellement réunies et favorables à cette firme qu’elle ne pouvait pas ne pas s’y résoudre : il y avait un petit livre dans la bibliothèque qui parlait de cette installation, de cette façon de baux emphytéotiques proposé pour un demi-dollar et de la propriété pleine et entière d’une surface de je ne sais plus exactement combien de centaines d’hectares dans ces lieux-là, afin de favoriser un emploi déjà récalcitrant et de résorber un chômage qui atteint, ces temps-ci, les mêmes hauteurs vertigineuses, et qui oblige donc les gouvernements en fonction à de pareils cadeaux du type wtfcice sans majuscule non plus)