Collision

 

 

 

c’est une esthétique moderne qui ouvre le film

un autobus dans la nuit – c’est le matin, ramassage scolaire (tout à l’heure Mérou rejoint le héros, ils vont au lycée) – drone et en haut de l’image les deux petits faisceaux qui n’ont rien à voir, ils se suivent et éclairent seulement la nuit – le plan dure un moment, on domine et on plane – il s’agit d’une histoire assez simple, l’amour et l’amitié – c’est toujours un peu la même histoire aussi – ça se passe à la frontière entre la Suisse et la France – le collisionneur, l’accélérateur, l’immense machine construite sous terre est là qui calcule

LHC : large hadron collider (soir grand collisionneur de hadrons – GCH ça va aussi…) (quelques schémas, reproduire le big bang, identifier les produits de la collisions, vitesse de la lumière – ce n’est pas que ce soit simple, mais c’est un peu comme ce qui attire deux êtres, on ne sait pas bien en déterminer la cause – les hadrons sont des particules complexes)

CERN : conseil européen pour la recherche nucléaire – centre de recherche sur la physique des particules

Elle calcule, elle observe – il s’agit d’une machine infernale (on se fatiguerait à énumérer les milliers d’électro-aimants, de kilomètres de fil de cuivre, de tonnes d’hélium nécessaires au refroidissement etc. j’en passe : c’est une machine incroyable) (infernale, je ne sais pas – je ne suis pas suffisamment croyant, sans doute) – on la visite dans le film (ce sont des élèves de terminale S comme science) – ici notre héros porte un pantalon rouge

(tu te souviens comme on aime à déconner dans ces temps-là ? oui, on est tellement aussi tiraillé par le désir – on se marre entre deux haies de thuyas buis troènes bien propres et taillées comme il faut – on fume  on boit on danse on bosse on fume on danse) – la machine, sous terre

continue son manège – un truc que j’aime c’est qu’on fait de la musique : ils sont quatre amis, donc, un groupe de garage, mais notre héros joue aussi dans une harmonie, il porte comme tout le monde une veste jaune

(on en rit) : ce que j’aime c’est que ce soit une harmonie (un orchestre ? non, une harmonie – ça ne dispose pas de corde – ça n’a pas de théorie non plus), mais je n’ai que des mots pour éclairer cette histoire (et des images, certes)

oui, c’est lui, là – sans doute est-ce l’amour qui l’éclaire (je pensais à la fin de « Kiss me deadly » tu sais… (Robert Aldrich, 1955) (une première au garage)) – il y a de l’allégorie, de la poésie,  de la musique, de la neige – c’est une assez jolie histoire, prenante mais à peine, sensible, distinguée

élégante et simple

ici un des amis disparaît (il se nomme dans le film Mérou, un des meilleurs amis du héros) dans un scintillement (son ombre, son âme, son aura qui apparaît sur une image de google street view: formidable !)

et puis l’amour sans qu’on le sache incidemment, comme un hasard majestueux

la photo de classe et la rencontre tout un peu dans un même mouvement

dans les bleus

une espèce de merveille quand même… À suivre, sûrement.

 

Les Particules, un film de Blaise Harrison

 

des palmes

 

 

 

de temps à autre, un peu d’histoire ne nuit pas – par exemple en 1955, il n’y avait pas encore de palme à Cannes sur la croisette au palais etc. (on parle de cinéma – pour les palmiers, je ne sais pas – il y en avait sûrement) mais on distinguait quand même certains films (grand prix comme en formule un, tu vois le topo ?) et cette année-là fut couronné « Marty » de Delbert Mann (étazunien, tu les connais ? ben non…) – il paraît que Ernest Borgnine et Betsy Blair (les deux premier rôles – l’homme d’abord, évidemment) ont obtenu des oscars pour leurs prestations – on a oublié mais s’il passe un jour on ira (il faudrait s’en souvenir…) – tout ça pour dire que parfois, les palmes vont mieux aux canards (on a dû la faire une centaine de fois celle-là) ou aux académiciens (on en reparle) (elle n’est pourtant pas si drôle) attends que je regarde le jury : président : Marcel Pagnol… (voilà) (attends que je regarde : il y avait quand même une femme au jury, Isa Miranda – Scipion l’Africain (Carmine Gallone, 1937) et La Ronde (Max Ophüls, 1950)… –  (prix d’interprétation féminine Cannes 49 – dans Au-delà des grilles (René Clément, 1948) avec la réplique pour Jean Gabin

 – on n’en finirait pas mais ce qu’il est bien, le Montcorget, sur la photo (back from Hollywood, traversée du désert etc etc. : le métier d’acteur…) – jte parle même pas d’elle tellement elle est mignonne) (un univers est constitué d’un certain nombre de personnages : c’est toute la structure de cet univers qui se dévoile quand on commence à les connaître – par exemple il n’est pas douteux que les directeurs (et trices) des autorités administratives indépendantes soient des personnages connus de ceux qui les nomment (soit le gouvernement etc.) – je lisais (mais je m’égare) une somme sur les avocats d’affaire et les diverses concussions qu’ils peuvent réaliser avec d’autres hauts personnages (ils sont huit mille en France quand même – ils tournent, se trouvent ici ou là puis repartent ailleurs – cotisent pour leur retraite – disposent de salaires afférents comme de voitures de fonction appartements etc.) (je m’égare, mais j’aime les institutions) (c’est la même chose dans le cinéma : il faut connaître les gens) il y avait au jury cette année-là Marcel Achard (académicien) aussi (président du jury 58 et 59) – on n’en finirait pas – tout ça pour dire que les films comme les personnages passent – cette année (on parle de ça sans digresser) par exemple on a décerné l’or en palme à un film intitulé « Parasite » (président Alejandro Gonzales Inaritu (je ne dispose pas des diverses tildes et autres accents inversés, mes excuses), quatre femmes au jury – elles sont aussi sous le lien – on pourrait les nommer, mais je m’égare à nouveau – de femme présidente du jury, il en fut dix – Olivia de Havilland, Sophia Loren, Michèle Morgan, Françoise Sagan, Jeanne Moreau (par deux fois), Isabelle Adjani, Isabelle Huppert, Jane Campion et Cate Blanchett – pour mémoire, nous sommes à la soixante douzième édition de cette aimable réunion – une fois sur sept : enlève au cinéma les rôles féminins (il ne s’agit pas de parité) et tu pleures de rage…) à Parasite donc : du gros qui tache – mais un billet pour ce film je ne voudrais pas en commettre – bien que les diverses lacunes du scénario, sa perversion peut-être même, en disent long sur le monde dans lequel nous tentons de survivre – il y avait eu aussi ce Square du même tonneau (Ruben Östlund, 2017) (président Pedro Almodovar) m’a-t-il semblé (le tonneau intitulé du gros qui tache) – lourd, indigeste (ça ne se mange pas), frelaté, malsain : en un mot ça se veut réaliste sur ce qui nous occupe – et d’ailleurs qu’est-ce qui nous occupe ? le texte, les images, la littérature et le cinéma, la poésie ? Je n’en dit de ce film, en effet, rien, je mets une photo quand même, allez ne soyons pas chien (on joue à l’eau…

il y a deux familles et deux maisons – ces dernières sont les personnages principaux du film – pas à dire, c’est bien fait mais à qui donner le prix d’interprétation ? – les deux familles sont composées de la même manière, maman papa deux mômes fille et garçon – les uns plus âgés et plus riches que les autres) mais cependant, dans les grandes largeurs, on nous intime de ne pas divulguer quelque chose de la fin du film (on dit « spoiler » de nos jours, quelque chose d’extrêmement contemporain – à réfléchir – mais à gerber – et comme des abrutis, les journaleux ou autres animateurs socio-culturels se sont jetés sur « divulgacher » ignoble saleté reconnue dans le dico – passons), le réalisateur lui-même s’y met (ce qui montre qu’il s’agit d’une espèce de produit – laisse, c’est du cinéma) : dans le dossier de presse il nous enjoint à ne pas commettre l’irréparable – si nous ne le faisons pas, il considérera cet acte qui n’en est pas un comme une offrande – de là à penser que la culture sépare les individus (je veux dire moi et lui) comme elle les relie, il n’y a qu’un pas (le film est raconté en long large travers lourd simple ou léger dans la notice wiki – ah ces encyclopédistes n’ont aucune retenue) (je me garde cependant, pour conserver mon offrande, de poser un lien sous ce wiki plus ou moins maudit, donc).

Je (ne) sais (pas) bien ce qui m’occupe à présent (je ne veux pas parler des films que je n’aime pas, je ne veux pas argumenter, je ne veux pas convaincre – je préfère estimer ceux que j’aime), je n’ai pas les idées claires – je voulais illustrer quelque chose comme cette monotonie de l’ignoble, probablement (par exemple en Italie le maire de cette ville, Domenico Lucano, qui accueillait des malheureux dans son village de Calabre (Riace)

Domenico «Mimmo» Lucano à la sortie du Tribunal de Locri, mardi.

déchu de ses droits et mandats et peut-être emprisonné, ou la capitaine du bateau Pia Klemp laquelle sauve des malheureux naufragés en Méditerranée  

capture-piaklemp

– je retiens ce matin de lundi, les pêcheurs de Lampedusa qui s’honorent à recueillir des malheureux malgré les injonctions ignobles de l’État et son immonde représentant en la personne de son ministre de l’intérieur Salvini, qui s’honorent donc – ici les yeux et les mains arrachées (rien de plus normal pour notre représentant de l’État Nunes (il lui manque un tilde aussi à lui), du même acabit que l’autre de l’abjecte ligue du Nord), ce qui nous occupe ? comme la peur de perdre son travail, celle de ne pas parvenir à en trouver, celle de sortir de chez soi, de perdre son chez-soi – la peur ? cette peur… – le prix de la vie, de la profession, c’est ainsi : un prix, une décoration, une reconnaissance, des projets, des réalisations, des rencontres et des détestations. 

 

Toiles

 

 

 

Parfois, cette injonction à laquelle en moi-même je pense : tu pourrais faire simple… Mais non.

Il y avait cette chanson qui faisait « écran noir / nuit blanche » – et Claude Nougaro n’était pas bien grand – je me souviens de lui sur la scène du théâtre de la Ville, à Paris milieu des années soixante dix, dix huit heures trente la place à tarif réduit (je ne sais plus, six francs peut-être), une heure de concert (on avait vu Lavilliers et ses biceps sous son gilet de cuir noir sans encore la boucle d’oreille, on avait vu Pauline Julien merveilleuse et d’autres encore) – je me souviens mais ce n’est pas de musique qu’on devrait revêtir les murs de la maison (on devrait mais je n’en parle pas – on parle ou on écrit, c’est pareil) – c’est la toile (on se fait une toile dit la vulgate – c’est vieillot on ne dit plus ça – on va au ciné ? – on ne dit plus ça non plus, on regarde sur un écran de six centimètres carrés une série idiote à base de mauvaise libido ou de perversion avérée – et qui donc est ce « on » ?) – c’est la toile, le cadre, les couleurs et les lumières – c’est pour décorer et faire joli – il y aura quelques objets (des sculptures qu’on posera ici ou là) et des images sur les murs (tout cela est tiré d’une exposition sur la lune, satellite qui ressemble à ce que serait pour la Terre cette côte tirée du corps d’un dieu, du dieu des dieux, pour la Terre muée en Jupiter, satellite qui, d’un peu moins de trois centimètres chaque année s’éloigne de son astre (notre planète pour la lune est pour nous notre soleil qui pour le reste de la galaxie n’est qu’une étoile parmi des milliards laquelle galaxie n’est qu’une infime partie de l’univers lui-même n’étant qu’une expansion qu’on n’en finira(it) pas de décrire et ainsi de suite) une espèce de tourbillon observé, répertorié comme on peut – ces images d’autres images, tourbillons elles-aussi, on les place ici pour donner à cette maison, et à ses murs, un semblant d’humanité (personne ne l’habite, elle compte 380 portes (j’en ai posé cent cinquante sept), elle fut ouverte le treize mai deux mille quinze et depuis je me sens un peu comme une espèce de vieux jardinier, je nettoie un peu, j’aime laisser les herbes pousser (« braves gens braves gens c’est pas moi qu’on rumine et c’est pas moi qu’on met en gerbe » dit le poète) je visite ceci pour en porter là le contenu – surtout le cinéma, surtout : la chanson, la littérature ou la poésie, un peu j’illustre – mais si peu de théâtre – je n’y vais pas, et une de mes filles s’y voue, pourtant – mais de la musique s’il te plaît celle qu’on aime, oui

 

Il fallait préparer les images et suivre un ordre défini – dans une exposition, on suit, on va avec les autres, il y a un sens, il y a des étages, on les parcourt comme le veux le concepteur, si ce sens défaille il se peut qu’on perde quelque chose comme une compréhension – celle qu’on a voulu nous inculquer : sauf qu’elle nous influence et que de l’influence à l’injonction, le pas se franchit facilement, et cela s’appelle (ce pas) la communication – je m’en défie comme de la gale, et comme de la peste aussi je me défie de la publicité – chacun ira dans son sens, et chacune aussi (celle qu’on appelle inclusive me fait braire) (tous ces points que nous mettons à présent dans les phrases et aux adjectifs, cette nouvelle façon de créer pour la catégorie du genre un troisième ou un quatrième item active tellement le ridicule du nombril…) – je les place dans le mien

le champ de bataille de Waterloo (morne plaine) (mes excuses, je n’ai pas gardé le nom de l’auteur de cette toile-là) tous ces morts qui me font penser à cette image (elle n’est pas dans cette exposition) d’un autre âge (ou du même que celui du tableau qu’on voit ici dans les flous, la gardienne mains au dos passe, la visiteuse consulte le cartel)

(le rêve je crois que s’intitule ce champ de bataille, mais avant qu’elle ne soit déclenchée) (ici la bataille sera perdue, il me semble) (le savoir est difficile à acquérir – c’est le petit matin, en tout cas) et on avance, la joie du regard et des couleurs de Marc Chagall

cette petite statue, image de l’oudjat (l’oeil de faucon d’Horus, qui protégera cette maison) (le souvenir de « mon coeur vole comme un faucon » du vieil homme – le grand-père de coeur, justement, du héros – de « Little Big Man » (Arthur Penn, 1970) ( il faut bien que le cinéma revienne ici ou là)

une merveille – et cette petite représentation, qui tient aussi ce petit oeil dans ses mains

une espèce de singe sans doute (sans comprendre, juste pour voir) et cette lune et ces étoiles incas

des images juste pour se souvenir – et comme j’ai tant aimé cette ville (aujourd’hui, elle ploie sous les immondices d’un chef de guerre qui ne veut que dominer, et emprisonne et tue et blesse et humilie, aujourd’hui) Istanbul en son Bosphore

et pour finir (il faut savoir finir) cette évocation de l’une des colonnes qui marque l’entrée de la place, celle surmontée du lion ailé (cette ville aussi bien, exploitée, pillée, détruite et sapée, dans cette Italie d’aujourd’hui, menée de même manière que la Turquie, par cette honte pour l’humanité toute entière, renfermée sur elle-même, ne voyant que ses pauvres petits intérêts ridicules et rancis) au fond San Giorgio Maggiore et la lagune

d’un voyage à l’autre #4

 

 

 

 

(cette espèce de point d’honneur à toujours disposer en bas de l’image comme la signature de ce grand frère castrateur peut-être, violent, brutal, désobligeant, ses milliards et milliards de dollars US alors que d’autres se tordent de faim, de maladie, ou de blessures me donne pas mal envie de gerber – mais c’est ainsi que les choses se passent) (en entrée de billet, Cologne mais sans son eau)

 

Hier il fallait bien recommencer, la saisie, le travail, les ennuis, les problèmes à résoudre et les solutions à trouver, ça ne va pas bien – à ce niveau, ça va même très mal – mais c’est égal, ça va aller – les impôts, les comptes, la liquidation – j’en passe – il fait beau on crève de chaud – bientôt les vacances – fin août on en reparlera – d’ici là on fera des travaux dans la maison – ici, le monde change, je me demande dans quel lotissement se trouve cette maison, auprès de quelle ville, à quelle destination sont promises ces chambres, ce salon – les images sont assez fréquemment dehors, allons voir

c’est à Cincinnati aux US (les exactions du peroxydé – demain six juin, il vient fêter ça sur les plages du débarquement où la mer était rouge des membres têtes torses abdomens viscères yeux humains et mâles flottant dans le bruit infernal de la guerre – ici c’est en Russie (ça change, hein)

(Madagan, quelque part au Caucase – au fond, la mer est gelée) – il y aura des photos de plage – on aime à se sortir de la ville – des campagnes, des rues – c’est un voyage étrange, en semaine quotidien – je suis (de suivre d’abord – et d’être ensuite), c’est une assez bizarre affaire mais laissons la réflexivité et parlons d’autre chose

la cathédrale de Coventry, peu de monde mais le cadrage y fait – on abandonne les lieux de culte – pas tout à fait

c’est à Grozny (Tchétchénie) (je ne sais pas, la guerre, les attentats, les morts, et la brillance surréelle de ces coupoles) ici celles d’Istra (c’est vers Moscou)

(je ne sais toujours pas les tatouages ni les armes ni la force brutale), je préférerais oublier, tu sais – passons – on ne passe pas – ça ne passe pas – les images, c’est pour oublier – j’aime ici cet homme en Thaïlande ou quelque chose  (il n’en faudrait mettre que des belles, mais comment faire?)

il regarde l’eau qui fond en vagues – j’en ai un paquet : de loin (peut-être déjà posée)

de plus près ensuite

puis encore

à nouveau

puis ectoplasme en forme de simple tête en piscine

la force de la technique – des vagues, roulez roulez

l’océan, la mer, l’eau seraient-elles semblables partout sur cette planète (fut-elle bleue) ? je n’avais alors que peu d’années – je me souviens

si loin dans l’espace et le temps

et puis les gens – beaucoup – on attend (vers Astrakhan, l’autobus)

on regarde (Géorgie)

on pose (Russie, je ne sais plus mais ce sont des héros)

on se dépêche (porte d’Orléans)

ou on attend encore (à Montevideo)

ou ici (faubourg de Londres)

passent les jours et passent les semaines disait le poète (quelque part, en Corée)

le fil de l’histoire – en Italie, les amazones (turpitudes…) faubourg de Rome

ou de Milan (ou d’ailleurs)

c’était le soleil (et ses ombres portées), voici la neige

la Sibérie orientale l’hiver, puis l’été

encore une de loin (Mâcon, aux USA)

ce sont de telles énormités – décroissance consommation surpopulation famines guerres des images des images – il en est encore ici des citrouilles

mais c’en est assez, terminons-en des voyages, il est temps de rester à l’endroit, calmement tranquillement sereinement – image de cette ville, avant le quinze du mois d’avril – ce que cache la forêt…

Versailles

 

 

 

il n’est pas question de laisser aller les choses sans en tenir une chronique un peu circonstanciée : parfois, le rédacteur se prend les pieds dans le tapis, cherche son chemin,  se demande les raisons de sa présence ici, là ou ailleurs – on ne va quad même pas aller jusqu’à la métempsychose, mais on pourrait – les grands de ce monde se la pètent grâve, il faut s’en inquiéter. Il y a une espèce de chronique dans cette maison, celle de cette sorte de mégalomanie qui s’est emparée d’eux (et d’elles) dont on a rendu compte (malhabilement, parfois) par deux fois, afin de peupler de goules, de spectres et de fantômes, de striges et de fausses images ces pièces si souvent vides et de sens et d’humanité. Continuons (je souffre d’un tropisme, je le reconnais assez bien, il est formé de garage, de voitures, d’argent et de pouvoir, de politiques et de connaissances, d’entregent et de communications, le voyeurisme de ce monde auquel j’appartiens favorise (s’il n’en est pas la fonction) ce travers).

 

Ailleurs, les turpitudes du tycoon sont données à voir : depuis le dix neuf novembre dernier, l’homme est traqué, chassé, reclus; il maigrit, s’aigrit, perd de sa superbe (s’il en eut jamais, c’est vrai). A l’heure où la Fiat d’une grande famille (Agnelli – ici à droite, un de ses représentants, cette chevelure blanche

en compagnie d’un dirigeant du parti socialiste italien d’alors) (la porte de l’automobile en dit un peu) (les sourires sont magnifiques) va unir sa destinée avec la marque au losange – dite Renault du nom de son fondateur (on laisse de côté les turpitudes qui, comme disons chez Bayer, ont marqué la mémoire des années quarante du siècle dernier de ces pedigrees) (ça n’a rien à voir, je sais, je mélange tout), marque reprise en main par un directoire enfin sûr (assuré, droit fiable loyal responsable – enfin tout ce que l’ironie permet comme qualificatif pour ces agissements), mais il y a plus de cinq ans de cela

l’ami Carlos fêtait au château un anniversaire, serait-il de mariage, ou alors le sien, ou encore celui de sa tendre et douce compagne ou enfin quelque chose de digne : dans une espèce de maison[s]témoin construite par le quatorzième du prénom de Louis dans une famille aussi impressionnante : c’est de cela qu’il s’agit.

On a un précédent en magasin (formidable image des grands de ce monde, STGME2 plus tonton (ce qu’il peut être amusant, ce garçon), l’immonde dirigeant de la démocratie chrétienne italienne dans des petits souliers mains au dos en haut à gauche, une vraie brochette

de si charmants camarades…)

Ici, ce sera moins achalandé en têtes couronnées, mais enfin on sera quand même fiers d’être là

Rien de moins.

Malheureusement, je n’ai pris que quelques clichés des prototypes invités – captures d’écran d’un film retrouvé opportunément (je crois bien) par la marque au losange qui veut se refaire une espèce de virginité – elle n’y est (et surtout les machines qu’elle vend) elle n’y est pour rien (la main sur le coeur, les yeux dans les yeux) : on a abusé d’elle.

On a donc invité, en ce 9 mars 2014 (c’était un dimanche – on a donc droit au film du dimanche soir) cent vingt personnes à dîner; on a acheté la présence de nombreuses silhouettes, figurants et autres musiciens (cachets payés à la Sacem et autres turpitudes sociales inventoriées par la production) dans les grands on a mis les petits plats, du vin du champagne des liqueurs dans des verres de cristal et on a fait un film de cette inoubliable soirée parce que c’est plus joli de garder quelques souvenirs

(le luxe a beau ruisseler par tous les pores de l’organisme, on n’en reste pas moins contemporain : une image au portable pour immortaliser la scène, on pose, on se regarde, on contemplera l’affaire quand on reviendra à la maison – un peu comme nous tous, hein).

J’en termine parce que ce n’est pas ma place que de se mouvoir dans ce monde d’or et de pouvoir (les gens, il faudrait ne les connaître que disponibles : on les invite, ils se vêtissent et viennent, la politesse des rois est la ponctualité des princes…). J’adore celle-ci qui vous a quelque chose de vraiment sublime

Une dernière tout de même de l’hôte en ces lieux, son altesse elle-même, souriante presque et heureuse, glacée peut-être (j’ai vaguement le sentiment, dans cette poignée de mains, de reconnaître quelque chose comme de l’amitié – dans ce sourire de la femme, quelque chose comme une approbation généreuse du partage –

des gens comme tout le monde, dans un décor à peine frelaté.

Juste au dessous, dans le recueil d’images que j’ai composé pour ce billet, s’est glissé sans que je le sache vraiment cette dernière (Shirley Eaton qui tient le rôle de Jill Masterson)

Ah comme ce monde est brillant…

Décors de murs

 

 

 

On va en mettre un peu partout, histoire de convaincre les futurs acheteurs ou locataires, qui peut bien savoir ?, de cette maison (serait-elle témoin)  du bien fondé de la décoration contemporaine. Elle indique, en effet, un état des moeurs et des actes de ce pouvoir (comme on vote en fin de semaine – pendant le week-end, évidemment – voilà qui donne quelques pistes pour accomplir un devoir civique de plus en plus inepte (enfin, il me semble). Commençons par les fondamentaux (comme ils disent au foot)

c’est un bon début – viennent ensuite les tentatives d’éveil –

le point d’interrogation serait à proscrire – un remède à nos agacements

pour les plus jeunes, cette exhortation

un peu de rire pour nous détendre

le tout pourrait nous détendre, en effet, un tel pathétique provoque un sourire, mais le tragique, le drame l’horreur n’est jamais loin : c’est que la réalité nous rattrape

et ce sont les blessures (on n’a pas encore touché à la sacralité de la mort, mais on n’oublie pas Rémy Fraisse sur les lieux du barrage de Sivens, dont la construction inique a été abandonnée, ni Zineb Romdhane de Marseille, quatre vingts ans – et c’est bien une honte pour ce pays, non plus que l’ignoble saccage des cabanes de Notre-Dame-des-Landes)

et tant et tant de blessés, meurtris, handicapés aux vies déchirées, estropiés mutilés, pourquoi ?

pour rien, pour ne pas entendre, pour ne pas écouter et satisfaire des intérêts immondes – ne rien partager, ne rien donner –

garder la tête hors de l’eau, rire de l’enflure d’alors renouvelée aujourd’hui

continuer quand même à écouter de la musique, aller au cinéma ou au théâtre ou ailleurs, renouveler les émois et garder sa dignité

rire encore et malgré tout – image suivante : (c)Dominique Hasselmann)

et vivre, ce n’est qu’unis que nous gagnerons

que le printemps soit avec nous…

 

en entrée de billet, la lagune de Faro, au sud du Portugal – juste pour le plaisir

Coin Monge-Bernardins

 

 

 

C’est une affaire qui fait le coin de la rue Monge (en son bas, avant la place Maubert) et de celle des Bernardins. Bois au détail et outillage, petite quincaillerie (et grosse sans doute probablement s’il le fallait), un commerce de la rive gauche (à six pas, l’ex-emprise de l’école polytechnique, à douze la faculté alors dite de Paris six Pierre et Marie Curie, entre autres, dite aussi Jussieu aujourd’hui UPMC ou (wtf?) Paris Sorbonne) (on ne sait plus on change d’intitulé afin que les classes moyennes, trop nombreuse à présent, s’y perdent). Trivialement, on dirait que le magasin fait partie de la famille (est un personnage à part entière du film : on ne va pas aller par là). Ici, le voici il y a onze ans

C’est là que ça se passe (le film est un documentaire : il se passe disons quatre vingt quinze pour cent du temps à l’intérieur de l’officine) (c’est un procédé qu’on peut apprécier). Seulement, le lieu est habité : il s’agit d’une entreprise (ici le gérant

). On boucle les fins de mois avec difficultés, de plus en plus. On travaille : un peu les mêmes employés depuis quatre vingt deux (au siècle dernier, y’a tonton qui arrive au pouvoir : il se peut qu’on se range – celui qui tient la caméra est né quatre ans plus tôt – 78 – on ne sait s’il a frères et/ou soeurs – on ne sait s’il y a une mère – on ne connaît pas bien la famille – on s’en fiche à peine – elle est remplacée par les employés, du moins dans ce décor-ci) ici le patron avec Zohra

dès le début du film, elle apporte des pâtisseries, des makrouds (ce qui fait que les choses se resserrent : le deuxième prénom de ma mère, les pâtisseries ourdies par sa soeur – on se retrouve, je m’y retrouve) (le sucre, c’est la douceur) le magasin, il y a dix ans de ça

on y vend des clous, des vis, du bois à la coupe et à la demande – le bois, c’est quelque chose, le servant de ce matériel est portugais, se nomme José, le voici ici qui sourit

ils’agit d’une petite entreprise (« un abri, un parfait abri ») (sur le registre, José est le deuxième nom sur 30 employés – le premier c’est monsieur Jean) qui faisait vivre ce petit monde-là, mais le temps passe; tu sais bien, il y a aussi je crois bien qu’il vient de l’océan indien, quelque part (on s’en fout complètement, on travaille, on s’entraide, on fait avancer le truc) pour moi il s’appelle Mangala et il pleure un peu

comme José tout à l’heure, comme Zohra sans doute, et comme pas mal de clients – c’est que la boutique va s’arrêter (là c’est en 2014

) juste en face, Saint Nicolas du Chardonnet (hips!), l’une des églises les plus pieuses de Paris et de tout l’univers –  Dieu merci, on n’en voit personne – par contre, deux petits jeunes juifs viennent fourguer leur propagande tous les vendredi après-midi – on ne les a pas à l’image, peu importe, ici le patron, donc à nouveau

c’est au sous-sol, il se peut que le magasin soit fermé, on discute, alors soixante huit, et les années suivantes, et la gauche prolétarienne, et l’assassinat de Pierre Overney ? – où en étions-nous ? oui,voilà, dans le sous-sol,  et bientôt, il ne sera plus question de vendre quoi que ce soit ici

cette image date de 2015 (dit le robot), c’est à peu près la date où le chantier du film a commencé – le fils de Jean s’est emparé d’une caméra, a commencé de filmer, a montré quelques rushs à une amie productrice, elle lui indique d’aller se former un peu, il fonce à Lussas (école de cinéma, il n’y a pas que la Femis ou Le Fresnoy dans la vie) (ou Vaugirard/Bry-sur-Marne) (ou la fac) tourne, et encore

juillet 2015 – rien ne change, tout se transforme – on tourne, on interroge, les gens passent, les gens tant de gens, les amis

ça n’a rien de tellement triste, c’est juste le mouvement du monde, on arrête, ça va bien, ça suffit – les clients sont malheureux, car ici on pouvait parler, on pouvait rire ou se plaindre – on ferme (là, en 2016)

« dépêchez-vous messieurs on va fermer » chantait Pierre Vassiliu, un temps où l’idéal existait – voulez-vous savoir ce que c’est qu’un type bien ?

José emporte son établi, ses morceaux de bois, Mangala ne sait pas s’il retrouvera une ambiance semblable parce que « le travail peu importe, on peut faire n’importe quoi, comme travail, l’important c’est avec qui on le fait » – compter un peu beaucoup : son premier franc, c’est ici qu’il l’a gagné, il ne l’oubliera pas – céder à un épicier et s’en aller

trente ans d’une vie, s’en aller – liquidation totale, stock bazardé, dernier verre entre amis, un film qui restera pour que ça ne disparaisse pas trop vite – un type bien, un commerce de proximité comme on dit de nos jours, allez on ferme – ça ne fait rien, on s’en va – un peu de la vie, un peu de la joie de vivre – nos quartiers meurent, bientôt  : alors faites en sorte qu’ils revivent, vous autres, jeunesses et passionnés – on s’en va – et les affaires reprennent

 

68, mon père et les clous, un (magnifique) film documentaire de Samuel Bigiaoui.

L’Arche

 

on commence comment ? je vais peut-être aller chercher une image de l’auteure – c’est Laurence Cossé, en entrée de billet, interrogée chez Mollat – ou alors je ne sais pas – c’est qu’on est dans une situation difficile – vingt cinquième/sixième samedi, malgré les blessures, les morts même, les gens estropiés, énucléés, meurtris par une police qui semble autonome et livrée à elle-même – elle fait ce qu’elle veut, ainsi que d’autres durant la dernière guerre, les policiers sont sans aucun doute drogués, le pouvoir ment tant et plus – c’est difficile – je me dis souviens-toi pinochet, le bouton de nacre et les rails qu’ils accrochaient aux morts pour les faire disparaître dans le Pacifique – non, je lis, je travaille, j’ai peur et je tente de me terrer… Parfois c’est la honte qui me prend, c’est que je tiens à ma vie – tant que ça ? la liberté ou la mort, disaient-ils il y a deux cent trente ans – il faut bien écrire et lire, il (me) le faut bien – cette histoire-là, comme on dit, c’est une histoire vraie (il n’y a pas que du cinéma dans la maison) . L’homme dont il est question est mort de maladie, quelque chose d’assez fulgurant semble-t-il – mais comment saurait-on la date du départ de sa maladie ? 

Il s’agit d’un architecte danois nommé JOS – Johan Otto von Spreckelsen (1927-1987) – on l’appelle Spreck si on veut – il a gagné le concours international d’architecture (lancé par Mitterrand qui voulait faire de grands gestes – 424 réponses, un seul gagnant) pour construire ce qui ne s’appelait pas encore « La Grande Arche de la Défense » – comme de nos jours. C’est une affaire terrible, mais je préfère ne poser que des images de ce qui s’est passé, des gens, peut-être – et de la fin de l’histoire – trente ans plus tard… Beaucoup sont morts, on n’y voit pas beaucoup de femmes, c’est l’architecture qui veut sans doute ça.

Par exemple, voyons ici Jean-Claude Subileau (né en 1943 – 43 ans sur l’image à peu près) (urbaniste, il bosse toujours (sans doute moins) semble-t-il, dans son agence)

(image tirée d’un film de l’ina, du temps où l’arche se construisait – 86 ou 87) (on reconnaît les lunettes à grands carreaux, ainsi que ceux de Chirac qui a pris la place du Fabius à Matignon) (SEM société d’économie mixte – soit privée et publique  alias PPP – partenariat public privé – organisme chargé de finir de mettre au point et de construire l’arche). Un autre exemple, Paul Andreu (1938-2018), le bras droit français de Spreck (c’est grâce à lui si l’arche se terminera)

c’est cette idée-là, de montrer des portraits qui fait son chemin – en faire des témoins – il y a eu aussi Robert Lion (qui dirigeait la banque laquelle finançait quand même, au début avec l’appui de l’Etat, ensuite sans…)

c’est cette idée-là, je ne vais pas raconter le livre (qu’il faudrait lire) (peut-être) (c’est difficile ces histoires de billets, un peu pour faire vivre cette maison, serait-elle témoin – un peu pour dire ce qui se passe dans l’intérieur de ma mémoire – ici la faute à une émission de radio) (il faudrait aussi l’écouter) on met des images, on a mal au ventre des cynismes dont a fait preuve le pouvoir – on ne va pas mettre d’image de tonton (1916-1996) (peut-être celle-là quand même

où on le voit à peine mais sa chemise porte ses initiales (est-ce d’un autre temps ? d’autres moeurs ? on voyait il y a peu l’autre minuscule avec ses boutons de manchettes qu’il commence à cacher – on voyait il y a un peu plus de deux ans le champion d’un autre groupe confondu par ses costumes) (on en parlait ici – images à l’appui) (il faut cesser de se poser des questions parfois peut-être).
C’est une erreur : on en mettra une autre du monarque socialiste (comme il disait). Dans le même film on découvre ces travaux-là

d’un peu loin, approchons

on en finira dans les temps (Spreck aura été emporté par un cancer, après avoir jeté son contrat aux orties – enfin une partie seulement – en 1986 – sa femme, ses trois enfants – déjà âgés alors – laissés à la solitude du royaume du Danemark) de nos jours, vue de Nanterre

rendre compte, mais de quoi ? de l’inanité de la parole humaine, peut-être – je ne sais pas bien, il est à peu près certain cependant que l’architecte

qui sourit ici est mort de chagrin – ou de dépit, emporté par ses idées franches et loyales, tombées dans cette cohabitation à la française comme on dit – à trente ans d’ici, inauguration en grandes pompes en juillet 1989 – tonton de retour – deux cents ans plus tard, tu sais bien – cet immense bâtiment

vu d’ici, c’est magnifique, il semble – le truc en forme de voile, peut-être pas tant que ça

il faut que j’en termine, des idées de lutte et de volonté de nuire – qu’en a-t-il de plus aujourd’hui, cet homme, après deux mandatures à la tête de l’État ? – ces turpitudes immondes – sur les images il fait beau, et les gens sourient, souvent –

(ici, les travaux de rénovation sur le pan nord) celui qui restait droit dans ses bottes, cette époque-là des attentas de la rue de Rennes, et autres – un peu plus de trente ans – ça avait l’air d’une espèce de rigolade, cette cohabitation – peut-être simplement ne la voyait-on que de notre fenêtre –

cet axe dit historique – cette défense (à cette place se tenait une statue un peu du genre de celle qu’on voit place de Clichy, de nos jours) – zoom arrière

on omet de parler du repris de justice qui faisait pluie, beau temps grêle et gel alors sur ce parvis – mettons une image quand même, ne le citons pas (on s’en voudrait de manquer un aussi beau cliché d’un aussi beau couple dans une aussi belle position)

(hein, qu’est-ce t’en penses ?) – que de célébrités – on s’est encore écharpé pour les travaux de rénovation (le marbre qui venait de Carrare n’était pas de la meilleure qualité, ou non traité ou sans égard enfin, des millions de types en costumes cravates passent repassent vont vaquent viennent dans ces parages – cette espèce de zone industrieuse à l’ouest (qui n’a, de ce fait, que ce qu’il mérite) de cette capitale – ville lumière, my foot – banlieue, métro – grand Paris de nos jours, milliards d’euros et crocs qui rayent les planchers…

Terrible…

Au fond,tout au fond – une pensée pour Spreck, allez

Une dernière (qu’on a piquée à la radio) où on voit la différence magnifiquement captée des attitudes de l’illustre tonton sphinx (ce qu’on peut lui en vouloir à celui-là), l’architecte heureux, le sinistre de la culture de l’époque qui pense à sa bastille sans doute – terrible…

 

 

La Grande Arche, un livre de Laurence Cossé

 

 

Radio cinéma

 

 

 

(il me semble bien que je l’ai déjà fait, ce plan avec Blow up) (c’est une émission que je regarde parfois sur youtube) (c’est que j’ai pas la télé) (c’est quand même dans le salon que ça se pose ce genre de truc – quoi que la radio, c’est plutôt un peu n’importe où) (partout en réalité) ( et surtout ça laisse un peu les mains et l’esprit libre) (on peut faire autre chose avec les yeux je veux dire) (ça n’engage à rien) (c’est la radio) (bon ça va comme ça) cette émission parle de la radio au cinéma – j’ai pris quelques unes des images (y’en a 9, mais ça ne fait que 8 films) (il s’agit d’une émission de montage un peu comme ce que fait le Président Pierre Ménard Liminaire tous les quinze jours, si j’ai bien compris) parce que j’aime les films qu’elles me remémorent – on fait ce qu’on peut – et que j’aime bien parler de cinéma – c’est ce que je fais ici, de temps à autre, le mercredi, ça nous change un peu – peu importe, c’est le printemps – ce n’est pas que je sois désespéré tu comprends bien, mais enfin quand je vois et j’entends que les plus grosses fortunes du monde donnent un peu de monnaie pour reconstruire un bâtiment brûlé, je trouve ça merveilleux, certes, mais fiscalement très avantageux pour elles – ce qui fait que j’étais déjà assez malheureux comme ça, mais que ça continue et que j’en ai ma claque de cette façon de faire des grandes fortunes sur le dos de qui, je te/me le demande) laisse, et commence (l’image d’entrée : Sacrifice Andreï Tarkovski, 1986)  ici c’est un film de Costa Gavras, « L’aveu » (1970) (il y a Yves Montand aussi) (les guillemets pour les titres des films, c’est une habitude ou une obligation, me demandé-je fréquemment)

c’est Simone Signoret (nostalgie mais je me suis trompé, en réalité, je me disais c’est « l’Armée des Ombres » (Jean-Pierre Melville, 1969) – mais non, je ne crois pas – c’est difficile à dire – là une image de ce film merveilleux (je le croyais en noir et blanc, mais non) (sans compter les majuscules aux titres, alors là)

L’ARMÉE DES OMBRES

ça ne fait rien, je continue mon exploration (exploitation) de cette émission, et je tombe sur ce DJ aveugle nommé Super Soul qui guide Kowalski tout au long du film – Kowalski, ex-pilote de course, qui doit convoyer une voiture traverse du nord au sud les Etats Unis (« Vanishing Point », Point limite zéro en français, Richard C. Sarafian, 1971) (un de mes films favoris quand j’avais 20 ans) (après ça s’est tassé) (mais je ne l’ai pas revu depuis – ça veut dire « Point de fuite » si tu traduis le titre d’anglais en français)

je me souviens (j’aime me souvenir) de Robin Williams (il s’est tiré, lui) (Simone et Yves aussi, tu me diras) (pour Clivon Little qui joue le DJ, on me dit aussi) Robin Williams donc qui crie « Gooooood Mooooornig Vietnam !!! » ce que j’ai adoré cette façon de dire merde à l’uniforme, l’armée, l’imbécilité, tu te souviens ?

avec ce sourire, cette joie de vivre – et la guerre… – ce sont des films qui restent, ils sont là, un peu comme les images dont on rêve, moi j’ai cette impression, un peu aussi comme certaines musiques, certaines chansons tout autant, des choses qui sont là, qu’on entend, qu’on écoute et qu’on regarde (là, c’est Shock corridor  Samuel Fuller, 1963) c’est pas dans l’émission, mais tant pis

) c’est là, un pli une lettre une enveloppe, c’est à l’intérieur de nous – ça nous accompagne, ça nous rassure et ça nous aide parce que le monde réel est si présent aussi, on veut s’en détacher un peu – je me souviens de cette image de Michel Piccoli dans « Habemus papam » (Nanni Moretti, 2011)

ou celle-ci

ce pape qui refuse l’uniforme – se battre, peut-être – à nos âges ? – j’aime ces histoires-là – ici j’ai pris cette image

pour me souvenir que Georges Perec faisait du cinéma, ça me réconforte – je me souviens aussi de Robert Bober, et de son film (Récits d’Ellis Island, 1979) et aussi de son « En remontant la Villin » (1992) dix ans après la mort du Georges – adaptation et dialogue

« Série noire » (Alain Corneau, 1979) non pas que l’artiste (je ne sais pas les comédiens, les acteurs sont-ils des artistes ? je ne sais pas) Patrick Dewaere me soit quelque chose pourtant, mais dans ce film-ci, oui, c’était l’année du début des études de cinéma – oublier, reconnaître, le monde tourne – sans doute quelques regrets – mais ils ne me sont de rien – ici un vieil homme

« Umberto D » (Vittorio de Sica, 1952) déchirant (Carlo Battisti…), je ne sais plus ce que fait ici cette image, peut-être vient-elle d’ailleurs, mais c’est l’Italie qui revient de tellement loin – l’Italie, oui – ces temps-ci elle semble retourner vers ces démons – je préfère aller au cinéma, c’est vrai –

cette image-là, où Charlie Chaplin se rend compte que la dictature et la démocratie empruntent les mêmes voies (les mêmes voix : celles de la radio) et ce désespoir qui se lit sur ses rides (Le Dictateur, Charlie Chaplin, 1939) – la conscience ne suffit pas, il nous faut l’action aussi : alors faire, et encore et continuer…

Pour finir comme il faut, cette image de Christopher Walken (un des acteurs fétiches du chroniqueur) qui danse dans ce clip d’un DJ (clip réalisé par Spike Jonze – ici à regarder – réalisé en 2000)

il dort, puis se réveille en rêve puis danse et se rendort… Et il se réveille parce que bien sûr et d’abord, sans doute peut-être, je ne sais pas bien, mais la radio diffuse de la musique  (première à éclairer la nuit…)…

 

C’est ça l’amour

 

 

On avait aimé Party Girl où Catherine Burger travaillait avec une de ses acolytes femissiens (Marie Amachoukeli) et Samuel Theis (qui tenait un rôle à l’écran aussi). Ici aussi, nous serons à Forbach (ville du nord est de notre beau pays), et nous suivrons une histoire de famille (le cinéma français a ses thèmes ou ses genres : ici, l’un d’eux donc). A l’image, on trouvera Julien Poupard aussi : une espèce de groupe (l’union fait, aussi, la force). Dans l’image, on croisera la directrice de production (elle interprète la mère), la décoratrice (elle est la supérieure hiérarchique du père, lequel bosse en préfecture), la directrice de distribution (dans le rôle d’une camionneuse en short) (je n’aime pas le mot « casting »). L’amour des acteurs (une direction amoureuse, oui) et un scénario comme on aime : l’éveil la recherche la vraie vie un petit peu (je dis ça parce qu’il y a de l’autobiographie dans l’histoire : je me demandai de qui – la plus jeune, Frida ou l’aînée Niki – j’ai pensé Frida… (quelqu’un pour répondre dans la maison ?) il paraît que la maison est celle du père de la réalisatrice, lequel ressemble au sien comme je lui ressemble moi-même – une même histoire, un même amour des enfants, une joie de vivre et de partager)

L’histoire d’un père (Bouli Lanners, adorable)

et de ses deux filles (la blonde Frida (ici doublée), la brune Niki) (Justine Lacroix, vraie; Sarah Henochsberg, en acier – magique sûre et loyale)

dont l’épouse (la mère) (Cécile Rémy-Boutang, vibrante et lumineuse) est partie vivre sa vie (comme disait JLG)

Un éclairage de cette difficile passe

pour les filles

comme pour leurs parents, mais puisque c’est ça, l’amour (sans interrogation)

sans doute parviendront-ils (ensemble) à maîtriser l’incendie

Amours, tendresses, désirs, joie de vivre et confiance aussi – danser chanter et croire en notre humanité.

 

C’est ça l’amour, un film de Claire Burger