Coin Monge-Bernardins

 

 

 

C’est une affaire qui fait le coin de la rue Monge (en son bas, avant la place Maubert) et de celle des Bernardins. Bois au détail et outillage, petite quincaillerie (et grosse sans doute probablement s’il le fallait), un commerce de la rive gauche (à six pas, l’ex-emprise de l’école polytechnique, à douze la faculté alors dite de Paris six Pierre et Marie Curie, entre autres, dite aussi Jussieu aujourd’hui UPMC ou (wtf?) Paris Sorbonne) (on ne sait plus on change d’intitulé afin que les classes moyennes, trop nombreuse à présent, s’y perdent). Trivialement, on dirait que le magasin fait partie de la famille (est un personnage à part entière du film : on ne va pas aller par là). Ici, le voici il y a onze ans

C’est là que ça se passe (le film est un documentaire : il se passe disons quatre vingt quinze pour cent du temps à l’intérieur de l’officine) (c’est un procédé qu’on peut apprécier). Seulement, le lieu est habité : il s’agit d’une entreprise (ici le gérant

). On boucle les fins de mois avec difficultés, de plus en plus. On travaille : un peu les mêmes employés depuis quatre vingt deux (au siècle dernier, y’a tonton qui arrive au pouvoir : il se peut qu’on se range – celui qui tient la caméra est né quatre ans plus tôt – 78 – on ne sait s’il a frères et/ou soeurs – on ne sait s’il y a une mère – on ne connaît pas bien la famille – on s’en fiche à peine – elle est remplacée par les employés, du moins dans ce décor-ci) ici le patron avec Zohra

dès le début du film, elle apporte des pâtisseries, des makrouds (ce qui fait que les choses se resserrent : le deuxième prénom de ma mère, les pâtisseries ourdies par sa soeur – on se retrouve, je m’y retrouve) (le sucre, c’est la douceur) le magasin, il y a dix ans de ça

on y vend des clous, des vis, du bois à la coupe et à la demande – le bois, c’est quelque chose, le servant de ce matériel est portugais, se nomme José, le voici ici qui sourit

ils’agit d’une petite entreprise (« un abri, un parfait abri ») (sur le registre, José est le deuxième nom sur 30 employés – le premier c’est monsieur Jean) qui faisait vivre ce petit monde-là, mais le temps passe; tu sais bien, il y a aussi je crois bien qu’il vient de l’océan indien, quelque part (on s’en fout complètement, on travaille, on s’entraide, on fait avancer le truc) pour moi il s’appelle Mangala et il pleure un peu

comme José tout à l’heure, comme Zohra sans doute, et comme pas mal de clients – c’est que la boutique va s’arrêter (là c’est en 2014

) juste en face, Saint Nicolas du Chardonnet (hips!), l’une des églises les plus pieuses de Paris et de tout l’univers –  Dieu merci, on n’en voit personne – par contre, deux petits jeunes juifs viennent fourguer leur propagande tous les vendredi après-midi – on ne les a pas à l’image, peu importe, ici le patron, donc à nouveau

c’est au sous-sol, il se peut que le magasin soit fermé, on discute, alors soixante huit, et les années suivantes, et la gauche prolétarienne, et l’assassinat de Pierre Overney ? – où en étions-nous ? oui,voilà, dans le sous-sol,  et bientôt, il ne sera plus question de vendre quoi que ce soit ici

cette image date de 2015 (dit le robot), c’est à peu près la date où le chantier du film a commencé – le fils de Jean s’est emparé d’une caméra, a commencé de filmer, a montré quelques rushs à une amie productrice, elle lui indique d’aller se former un peu, il fonce à Lussas (école de cinéma, il n’y a pas que la Femis ou Le Fresnoy dans la vie) (ou Vaugirard/Bry-sur-Marne) (ou la fac) tourne, et encore

juillet 2015 – rien ne change, tout se transforme – on tourne, on interroge, les gens passent, les gens tant de gens, les amis

ça n’a rien de tellement triste, c’est juste le mouvement du monde, on arrête, ça va bien, ça suffit – les clients sont malheureux, car ici on pouvait parler, on pouvait rire ou se plaindre – on ferme (là, en 2016)

« dépêchez-vous messieurs on va fermer » chantait Pierre Vassiliu, un temps où l’idéal existait – voulez-vous savoir ce que c’est qu’un type bien ?

José emporte son établi, ses morceaux de bois, Mangala ne sait pas s’il retrouvera une ambiance semblable parce que « le travail peu importe, on peut faire n’importe quoi, comme travail, l’important c’est avec qui on le fait » – compter un peu beaucoup : son premier franc, c’est ici qu’il l’a gagné, il ne l’oubliera pas – céder à un épicier et s’en aller

trente ans d’une vie, s’en aller – liquidation totale, stock bazardé, dernier verre entre amis, un film qui restera pour que ça ne disparaisse pas trop vite – un type bien, un commerce de proximité comme on dit de nos jours, allez on ferme – ça ne fait rien, on s’en va – un peu de la vie, un peu de la joie de vivre – nos quartiers meurent, bientôt  : alors faites en sorte qu’ils revivent, vous autres, jeunesses et passionnés – on s’en va – et les affaires reprennent

 

68, mon père et les clous, un (magnifique) film documentaire de Samuel Bigiaoui.

le tiroir


S. n’habitait la maison[s]témoin que depuis sa construction.
Avait posé la première pierre, avait frotté du plat de la main la première plaque de placo-plâtre.
Avait testé le premier tour de robinet.
S. avait décidé de laisser venir.
Les mots.
Puis de les coller comme ils venaient,
dans l’ordre d’apparition à l’écran de sa vue,
sur des morceaux de cartons étonnement rectangulaires, régulièrement carrés, le plus souvent munis de ces angles qu’on qualifie de droits.
De temps en temps, S. s’arrêtait de tourner dans la maison[s]témoin.
Cessait de regarder par les fenêtres
(les ponts, les travées, les affiches, les barricades, les courbes en hausse à 150 %).
S. lisait alors la récolte de messages ainsi constituée dans le plus heureux des hasards, celui qui s’adressant à S. ne pouvait jamais se tromper.
S. lisait :

« nonchalamment étendus dans la vase du fleuve
au milieu de cette foule de chevaux affolés
PROJETS D’AVENIR
Je m’écriais en moi-même :
cette clef
« ALLONS? JEAN-PIERRE EMBRASSONS-NOUS »
_Vous avez tort de me parler sur ce ton.
_N’y comptez pas !
_Mais si, mais si…
_Je ne vois pas ce que je gagnerai au change !
La porte s’ouvrit silencieusement.
vous imaginez que
_Je vous méprise autant
_Eh bien, mettons que j’en ai assez !
_Si j’étais vous
_Peut-être
_Mardi. _Ce n’est pas mardi. _Est-ce mardi ? _ C’est peut-être mardi.
SE PRÉOCCUPER DES FONDS OBSCURS
_Oui, c’est mardi.
Visser le fond
avec le pointilleur.
RÉVÉLATIONS !
un vrai miracle
directement à votre adresse.
La rivière est barré
et l’eau remonte.
On sent que le pas de l’homme
peut être regardé comme la plus grande
dérivation.
Un très riche et très noble dessein,
nous, à ses pieds,
il nous suffisait de l’apercevoir. »

Une fois ses lectures faites (à voix haute et à voix basse simultanément), S. se repliait en seize morceaux de taille identique et se rangeait dans un tiroir, celui du haut, ou celui du bas, selon la teneur de ses émotions, fugitives, contradictoires, pesantes, enthousiasmantes, incontrôlables, et propres à transformer S. en fumée.
C’est à ce titre que les volutes du S qui lui servait d’initiale lui apparurent comme prémonitoires.

« Vous devez être heureux de votre voyage » lui répondait alors un livre ouvert page 47(une page saturée d’un hasard objectif, millénaire, incompressible et discret).

Un coin de ciel bleu

 

 

Toutes les semaines, c’est compliqué quand même, il suffit de faire un choix douteux dans le film qu’on va aller voir – l’exposition – les images, les photos, les mots des autres – et puis voilà : rien à faire… (image : (c)BC)

J’aime entendre par exemple le maire de Palerme dire que sa ville est ouverte à qui veut y entrer. J’aime à savoir que l’Aquarius bat pavillon français – on a le droit aussi de rêver. Je sais que mes articulations (mon genou), mes muscles (ventricules et oreillettes), mes autres composantes (les poser au masculin aurait quelque chose de louche n’est-ce pas) sont dans un état assez prononcé (c’est-à-dire si tu tiens aux points sur les i : avancé de décrépitude, l’état) . Je vieillis, voilà bientôt deux ans que l’ordure tient le pouvoir (« nier, nier, nier !!! » voilà la  réponse à opposer à celles (surtout) et ceux qui vous accusent de profiter de votre état de mâle blanc pour en abuser et donner libre court à votre libido malsaine – kavanaugh sans majuscule en a profité – l’ordure est dans les murs), il y a dix ans, ici, le type faisait du bruit avec sa montre, divorçait de celle-ci (elle se prénommait je ne sais plus) (Cécilia punaize) pour épouser cette autre, une espèce de chanteuse (sa soeur, magnifique actrice, pourtant – comme quoi) on se disait « non impossible de descendre plus bas dans l’indignité, le manque d’élégance, la perversion » donc et l’ignominie : et bien non on parvient à descendre encore en dessous de ces témoins, ajoutant l’hypocrisie au manque de culture et d’humanité (« pognon de dingue » n’est-ce pas).

Il semble que le garçon à sa bobonne soit en voyage d’affaire (comme le papa d’Emir Kusturica qui ne valait pas tant que ça – ça a quelque chose comme quarante ans quand même) (je ne suis jamais parvenu à trouver quelque qualité à ce cinéma-là mais peu importe) (je veux dire : ce ne sont que mes goûts) en Arménie (là où le bon Charles – charmant garçon tout autant qui avait soutenu la candidature du blingbling quand même

que la paix soit sur son âme) et puis on verra ensuite, après on s’en fout… Un peu : les retraités (la CSG ça va ?), les jeunes (les APL toujours prêtes ?) , les autres, tout le monde paiera sauf les riches (il y a quatre vingt dix neuf pour cent de gens qui nourriront et aideront le un pour cent de riches). Il s’agit d’une équation simple à réduire : le CICE, les APL et ce que l’immonde patronat nomme « charges sociales » ( la sécurité sociale est moribonde, les assurances chômage et vieillesse y arrivent, les pauvres le seront plus, les riches maîtriseront – comme le veut l’abject peroxydé – le climat à l’intérieur de leurs ghettos) (du gotha disaient le Pinçon Charlot) mais oui ils le maîtriseront : leurs résidences cachées, leurs pieds à terre dans les paradis dits fiscaux ou dans d’autres îles – qui peut aller voir ce qui se passe à Moustique ? – des chanteurs de rock’n’ roll, des stars de série bientôt condamnées pour des abus et des dérives bien compréhensibles – ce ne sont que des hommes après tout – des têtes plus ou moins couronnées, des héros du cacacarante comme disait je ne sais plus qui – il y avait un J deux M vous vous souvenez ? des affaires, des dividendes, des intérêts. Quelle merveille, quelle surabondance de « name droping »… Du pipole, des règlements de compte sur l’avenue Georges 5 (Georges Vé disait Brel) ou à Lyon, gangsters ou usurpateurs (on a vu dans les salons de l’hôtel Intercontinental – rue de Castiglione dans le temps, à l’Opéra de nos jours, à Paris – se pavaner un Benalla consultant en sécurité (oublie la majuscule aussi, s’il te plaît) aux côtés d’un Bernard Cazeneuve (on aurait bien aimé lui proposer Beauvau, mais enfin, c’est pratiquement impossible…) (il serait même capable de refuser, l’ingrat) : les affaires le restent)

plus de quarante morts en fin d’été – ça n’a pas de rapport, ne cherche pas – ici une image du cinéma de plein air de la Villette, un soir, couverture rouge

chapeau de paille d’Italie, il fait frais, c’est l’été mais quand même, le soir comme l’humidité tombent… Non, aucun rapport, je cherche le bonheur et la joie de vivre – elles affleurent de temps à autre, j’aime les retrouver sans trop les découvrir

on a encore le droit de rigoler (pour combien de temps ?), j’aurais aimé voir et donner à voir quelque chose d’un peu plus amical (j’essaye tu remarqueras) d’un peu plus humain, d’un peu plus digne, mais non, j’ai comme l’impression que l’ignoble prend place de plus en plus importante, l’hypocrisie du pouvoir qui dit quelque chose et promeut appuie aide et force l’inverse…

Il est tard, il n’y a pas de cinéma aujourd’hui (il y en a , il y en a toujours…) (tel est le cinéma…) il y a quelque chose de l’indignation, de l’horreur, de la perte d’humanité et de générosité (tout, dans le monde qu’on côtoie, tout dit que l’important, c’est l’individu mais pas les autres, l’accueil ou l’hospitalité certainement pas, chacun chez soi et les vaches seront bien gardées…) . Tout cela blesse, meurtrit et les coeurs saignent : qu’y faire ? Regarder autour de soi…

Acheter son Atmosphère en ligne (directe)

Description du projet :
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Les caractéristiques de ce modèle de maison :

Plans adaptés aux terrains en pente d’un lieu haut vers un lieu bas, ce qui fait pour l’âme ce que l’inclinaison fait pour les corps, douce, raide, inévitable, la pente vers soi est le commencement de tout désordre.
2, 3 ou 4 chambres, c’est selon. 4, 3 ou deux chambres quand l’ordre des choix est décroissant.
Porche et hall d’entrée de mise
Cellier (c’est-à-dire que c’est attaché avec l supplémentaire gratuit)
Cave à la cave
Double garage deux fois
Wc séparés à l’amiable
Salle de bains hydrothérapique humidifiable capable de contenir l’eau sous toutes ses formes liquides
Suite parentale de 26 m² (version 3 chambres) avec salle de douche, dressing et espèces de rangement
Modèles de maison de 80 à 110 m² habitables et chaises si besoin.

Construire sur un terrain en pente peut s’avérer complexe, le modèle Atmosphère vous séduira par sa fonctionnalité, son adaptabilité, sa souplesse, sa décontraction, sa malléabilité, sa maniabilité, sa diplomatie, sa subtilité perspicace.

Protégée par un porche proche, la maison vous offre un hall cadeau d’entrée généreux où vous pourrez créer, optimiser, maximiser, bonifier, dégrossir, épurer, sophistiquer vos rangements.

Ce hall comprend également tout ce qu’on lui dit, avec l’entrée dite de « service » (charité bien ordonnée, coopération, dépannage) desservant le double garage fois deux pouvant accueillir deux voitures fois quatre si le temps (éclaircie, période, conjoncture) le souscrit (signature en bas de page), le cellier et la cave vous permettant des possibilités quasi illimitées (démesurées, effrénées, insondables) d’organiser votre intérieur dedans et à l’interne.

Se déclinant en 2, 3 ou 4 chambres, ce modèle de maison est modulable selon vos goûts et ses couleurs, avoir bon.

De 80 à 110 m² (voire rectangulaires) ce modèle de maison familiale sur demi niveaux à demi divisé en moitiés dont le total additionné est égal à un est convivial, chaleureux, sympathique, et sait préserver (abriter, chaperonner) l’intimité (commerce, attachement, agrément) grâce à une partie nuit (nocturne) à l’étage en hauteur avec la salle de bains et les toilettes séparées d’un commun accord, et une partie diurne qui ravira vos journées dès le lever du soleil, voire même de l’aube au crépuscule.

En version a capella 3 chambres, l’espace parental à l’étage avec dressing (dressant, domptant) (costume à paillettes disponible sur simple demande) et salle de bains privative (de bains, d’où les économies d’eau substantielles) vous garantira un espace privé à soi personnel confortable et douillet de plus de 25 m² (version triangulaire optionnelle offerte, case à cocher sur formulaire B912 alinéa 16 à retirer dans toutes nos succursales annexes et dépendances).

Les plans de ce modèle Atmosphère sont modulables et c’est ce qu’on demande d’abord à un modèle (représentation, imitation des formes).

Consultez nos conseillers pour des conseils et des consultations (mises en garde, enseignements, incitations, instructions, traitements thérapeutiques) et ainsi vous découvrirez les multiples possibilités exponentielles (avec variables en exposants) de personnalisation de nos maisons responsables.

N’oubliez pas : les maisons responsables, c’est de leur faute.

Les loups

 

 

 

 

ça répond au mot de dégraissage (en anglais ça fait « lean »), il y a des officines sur les bords de la mer Noire je crois bien qui pour quelques centaines d’euros vous font profiter de leur savoir faire afin de vous ôter ces poignées d’amour ou plus qui affectent votre beauté supérieure – il y avait cette image magnifique d’un président svelte aux rames d’un canoë ou quelque chose, tu te souviens – et d’autres qui parviennent à truquer les photos évidemment, c’est plutôt une attitude qui veut tenir compte de l’apparence, comment est-on en photo?, c’est une question qui se pose ici, dans cette construction, cette maison, qui veut traiter des traces laissées dans l’imaginaire. Ce qui fait qu’on dit « lean management » c’est quand même plus agréable et plus clair. Il y a quelques semaines, avant Noël, un autre de cette classe avait fait parler de lui

il se trouve à droite sur cette image (les cours de bourse dégringolaient), une espèce d’enfant sage tandis que son collaborateur préféré fait le spectacle (on aime la pochette, la montre, les boutons de manchette, le noeud des cravates, l’air satisfait, à l’arrière plan, le cadreur télé). A cette occasion, j’avais pris quelques images sous prétexte de me souvenir de ce moment où celui-là fut foutu dehors

manque de cravate, je suppose, enfin remercié (on ne s’inquiète pas trop non plus pour lui), le sourire c’est quelque chose de magnifique et qui inspire la confiance, un peu comme le rire

la confiance et la joie – c’était le bon temps – ce sont les images qui circulent : ici on applaudit parce qu’on a foutu quelques centaines de paumés dehors, on dégraisse, on applique les recettes et les cours en bourse montent  –

ces gens-là savent s’amuser et sont particulièrement drôles, cet humour magnifique et un peu pince sans rire, tu comprends

oui, entre amis, les marques comme on les aime, l’avenir radieux, la hausse des cours en point de fuite… Et puis ce ne sont que des hommes, après tout (il y a peu de femmes, c’est vrai mais ça se trouve quand même) : un billet qui en traite, quelque chose de dégradant ou d’indigne. Lorsqu’il arrive  la tête de l’Etat, celui-là a aussi de grandes idées pour le patronat (son prédécesseur avait accompli ce merveilleux cadeau de 50 milliards d’euros à cette classe dirigeante dont on aperçoit ici deux des fleurons d’alors que le monde nous envie)

n’est-ce pas qu’on sent bien l’humour, la franche gaieté et la camaraderie sincère (et non pas la veulerie,  ni l’hypocrisie : l’accord dans le ton des tissus est à l’image de celui des idées), il y a ces ordonnances, cette loi travail ni loi ni travail, et on balance des hommes et des femmes dehors, on dégraisse, c’est ce qu’il faut faire. Arrivé en  2015 à la tête d’une enseigne dont le bénéfice bondit (ici à la présentation du bilan

– le type est content, ici en 2016, on le serait à moins : cinq cents personnes dégraissées), il aime foncer (on (enfin votre serviteur…) ne lui connait pas encore – comme certains s’en vantent – de jet privé (c’est certain) ou de yacht (c’est probable) amarré à Miami toute l’année pour quelques jours de balade en mer), et on entend ces cris de loups à présent. Voilà six mois (un peu comme un autre) qu’il a été nommé à la tête d’une enseigne plus importante (pensez, elle est cotée dans les quarante plus grosses), on apprend que ce seront deux mille quatre cents qui seront foutu dehors (non, pardon, remerciés, mis à la retraite anticipée, dans le cadre de départ volontaires, sans doute négociés, avec des conditions avantageuses et tout le barda qui va avec)

non, ça n’a rien à voir avec ces éclats de rire d’autres concurrents laissés en arrière (mais pourtant, quelle joie…!) restons calmes, pondérés et présentables

et heureux, en un mot entre amis…

Quel monde merveilleux…

images (des) US

 

C’était ce dimanche et j’avançais sur les pas de ce type, là, Robert Smithson, qui avait le front de photographier avec un Instamatic, à la fin des années soixante, l’endroit où il vivait ou avait vécu (c’est un lieu de grande banlieue de New-York, non loin de Patherson (Jim Jarmusch, 2016) – cette affaire de cinéma hante toujours un peu, beaucoup, passionnément, cette maison(s) témoin, même si ce n’est qu’une appropriation qui m’embarrasse très souvent – mais comme le disait François Bon, ce dimanche-là, hier soir donc, un bulldozer nous est tombé sur la gueule, et on a appris la disparition de Philippe Rhamy. C’est toujours une affaire de mort, et la photographie fait partie tout autant du déroulement du temps que le reste des arts, ou si on préfère, des agissements de l’humanité qui tendent à la rendre, cette humanité, compréhensible, effective et sensible aux autres, aux semblables. J’avais des velléités : arrêter le cinéma que proposait Pierre Ménard dans son billet de Liminaire intitulé comme la magie le veut « Les ruines à l’envers ». C’est ce que j’ai fait, je m’amuse souvent à cette espèce de jeu – je cherche les endroits qui ont été capt(ur)és par le robot et je les arrange à ma manière, afin d’y tenter de trouver quelque chose de la réalité de mon moment (j’aime, par exemple, quand les images (me) sont belles, ou particulières ou évocatrices). Si on voulait entrer dans le pompeux, on pourrait dire qu’il s’agit de ma contribution à cet hommage anniversaire du site urbain trop urbain à ce photographe qui ne veut pas en être un (le photographe, pas l’hommage).

Je pose celle-ci comme exemple, mais aussi parce qu’elle dispose comme toutes de sa propre illusion, qu’on y voit sans doute quelque chose de visible mais que je n’ai pas vu, et pour la raison de l’apparition d’un animal, une espèce qui vit (vivait, a vécu, survit) sur une image morte (il s’agit du lac (très) salé de Larnaca, au coucher du soleil et quand il s’y trouve de l’eau…). Je l’envoie à Philippe comme je lui dédie ce billet. 

Le film arrêté: ce sont des plans fixes, alors une image d’eux en rend assez bien compte.

L’idée était de prendre en images des lieux particulier de cette petite ville, Passaic qui se  trouve à une cinquantaine de kilomètres, peut-être de New-York.

Dans le film (« A tour of the Monuments of Passaic » B. Colby Jennings, 2014) , il ne se passe pratiquement rien (sinon du temps et du vent qui siffle un peut, et donc qui doit passer, invisible et gratuit) (un peu plus de 6 minutes, pour six plans – ou plutôt sept, en comptant le plan double qui suit). A un moment, deux petites images ensemble :

puis

peu définies. Des lieux sans doute communs :

ce passage à niveau où un train passe une fois (on entend son avertisseur) il passe

(ce n’est d’ailleurs qu’une locomotive), puis une autre fois

dans l’autre sens, mais ici c’est assez impossible à voir (ou croire), puis encore deux fois (un effet d’humour probablement) puis un son à nouveau de l’avertisseur, mais point de train, une église

puis un croisement, un stop et à l’arrêt une voiture dont le clignotant fonctionne

mais elle n’avancera pas (il s’agit de la route 49 semble-t-il). J’ai trouvé les images assez éloquentes, sans être mobiles. Des images assez vides, disons.  J’ai regardé ensuite les liens de l’article Liminaire (j’avais commencé par le lire, images à l’appui comme il sied), et j’y ai découvert le parcours (les parcours, je crois) réalisé(s) par l’opérateur (en l’occurrence l’artiste Robert Smithson) en 1967 (un trente septembre) pour établir les photographies qui sont (si j’ai bien compris) portées et imprimées dans le livre (eh non, c’est un magasine) Artforum (si on suit le lien, on peut y voir les couvertures des divers numéros, un vrai plaisir) (ici la couverture et le sommaire du numéro où Robert Smithson a fait paraître -comme on dit – ses images – et un texte certainement (addenda du 11 10 2017 : le texte traduit par Anthony Poiraudeau, sur son blog si j’ai bien compris, se trouve ici).

 

J’ai suivi, début au nord (fin de B) fin au sud (début de A).

quelques travaux au parc Colombus (comme Christophe Colomb a quelque chose à voir avec ces débuts-là, allons-y gaiement) : au vrai je ne me suis pas documenté, mais je trouve quelque chose qui m’indique que ces Etats-Unis là ont quelque chose à voir avec ceux que moi-même je connais.

Central avenue, point deux, je suppose (la porte ouverte du taxi, le regard caméra flou des jeunes gens, le néon et la jeune femme semble-t-il derrière un écran et une vitrine, l’ouverture vingt quatre vingt quatre (les lois sociales, raciales, la crise de 29, tout le bataclan du travail et du capital)

on s’y croirait

Passaic en couleurs, Union avenue, feu tricolore dans les jaunes, numéros disproportionnés, visibles des autos je suppose, en tout cas il fait beau

un stade de football américain, à l’enseigne d’un indien (Boverini, kézako? je ne cherche point) (American stars and bars, flag), je crois me souvenir que l’homme Smithson se déplaçait en autobus (ou alors j’ai diffusé Patherson) mais ce qui arrive au passage suivant

est un hasard objectif (ici on avait le champ, là je pose le contrechamp – on garde le pont dans son dos, et on capture une image

quelques fleurs, un camion jaune…) : on prendra à gauche sur le pont

la rivière Passaic, le pont il suffit de le passer et on arrivera

le coin d’Union avenue et de Riverside avenue, pour terminer le voyage devant cette maison

De nos jours…

 

 

je trouve ici le texte paru dans Artforum, traduit par Anthony Poiraudeau : qu’il en soit remercié.

Tango

 

 

Mercredi, c’est le jour du cinéma (les exploitants changent leur programme, il faut bien les suivre sans doute) – il fut un temps où c’était celui de merdalécole, mais ça a changé et on s’en fout – il faut tenir la distance (en même temps, il vaut mieux être seul que mal accompagné disait ma grand-mère). Il y a toujours des chansons (il y a peu, on m’a pris pour Charles Dumont, je ne suis pas complètement sûr de m’en être complètement remis) dont l’une fait « depuis le temps que je patiente dans cette chambre noire » (la chambre noire, j’aime ça, c’est un peu comme la photographie, ou la verte (François Truffaut, 1978 – l’un des rares films qui me plaisent réalisés par ce cinéaste); ou la jaune, ou la rouge) et donc je divague un peu, j’erre dans les rues, dans la campagne : cette fois-là, je ne sais plus exactement – encore que ces circonstances soient tout à fait élucidables – c’est à cause du réalisateur, Stéphane Brizé dont je continue à regarder les films, parfois, pour m’en souvenir, et cette fois-ci donc, il s’agissait de l’histoire d’un type dont la profession est huissier de justice (il y a des professions difficiles à tenir, maton flic inspecteur du fisc – des fonctionnaires – détective tueur (à gage ou pas) bourreau et d’autres encore je ne vais me mettre à lister – y’en a plein – qui pourraient, à bon droit, revendiquer le titre de ce film (il date de 2004) (quand je mets une date, je fais un flash-back sur ma propre biographie, et je tente de regarder ce qui se passait alors – voilà plus de dix ans quand même, les choses s’effacent) (je ne l’ai pas vu à sa sortie) (je l’ai emprunté à la médiathèque du village du bourg enfin là-bas cinq kilomètres en auto, quinze euros l’abonnement à l’année, autant de films qu’on veut – peut-être seulement trois d’un coup, je ne sais plus) : « Je ne suis pas là pour être aimé » (2004).

Ce qui est évidemment faux, puisque tous les humains, de quelque genre qu’ils soient, sont là justement pour ça (content de vous l’apprendre si vous l’ignoriez). Au moins. Le type s’appelle Jean-Claude Delsart (c’est Patrick Chesnais qui l’interprète), il a hérité de l’étude (je crois que c’est ainsi que se nomme ce type de bureau ou d’officine) de son père, lequel finit ses jours dans une maison de retraite. Le type va voir son père tous les dimanches, et ensemble, ils disputent une partie de monopoly.

Comme on voit, le père (il n’est pas prénommé, juste Monsieur Delsart) est interprété par Georges Wilson (une certaine délectation à jouer les salauds ou les aigris animait cet homme – je crois comme tous les acteurs : ce sont des choses qu’on ne ferait pas dans la vie et qui sont autorisées, là) (et en même temps, il n’est pas complètement avéré qu’ils ne soient pas dans ce style dans la vie courante : on s’en fout un peu mais on pense -surtout- à Jules Berry, que ce soit dans « Les visiteurs du soir » (Marcel Carné, 1942) ou « Le crime de Monsieur Lange » (Jean Renoir, 1935)). Le fils encaisse (c’est le cas de le dire : pour un huissier, c’est l’encaissement qui compte). Il s’en va : son père le guette par la fenêtre, laisse glisser le rideau quand son fils se retourne (sans doute pour éviter de lui donner ne serait-ce qu’un signe). Des relations difficiles. J’aimerai continuer, mais j’ai peur de lasser.

Le fils voit, de sa fenêtre (un peu comme son père) un cours de tango : il se prend à vouloir danser (un médecin assez antipathique le pousse sur cette voie), il y va et y rencontre cette femme-là

Françoise Rubion, dite « Fanfan » lorsque la mère de ce Jean-Claude la gardait (ou quelque chose : elle le connait, et donc le reconnait; lui, non) (Anne Consigny dans le rôle : très bien). Puis les choses allant comme elles vont (le film est français – on échappe à la scène de lit – on parlera donc d’amour), ils s’entendent elle et lui, et dansent ensemble un tango lent, vraiment très beau on va dire. Elle lui explique les pas, il les comprend, ils s’entendent. C’est que quelque chose passe.

Le reste du monde 1 : elle va se marier, il l’apprend par une sorte d’indiscrétion, il en conçoit une sorte de blessure, ou de traîtrise, il ne veut plus la voir lorsqu’elle vient lui expliquer, dans son bureau, cette espèce de méprise peut-être (sans doute, probablement) cruelle.

Le reste du monde 2 : cette scène se déroule dans son bureau, et qui dit bureau dit secrétaire (une secrétaire préserve des secrets : celle-ci écoute aux portes

elle se prénomme Hélène (Anne Vincent, magique), elle remettra son patron d’aplomb).

Comme on sait (ou pas d’ailleurs), depuis que, lors d’une projection de « Senso » (Luchino Visconti, 1954 – une autre merveille), un (pas si) vieux (que ça) con m’a rabroué parce que je faisais des photos des écrans, je n’en commets plus (c’est ainsi, je suis impressionnable – j’agonis les abrutis aussi, mais je ne veux pas emmerder le monde non plus) (donc), je ne dispose plus que des films-annonces (j’aime ça) et de mes souvenirs de la vision du film. J’aime ce cinéma-là (il est un cinéma par réalisateur, celui de Stéphane Brizé – on a vu « Quelques heures de printemps« , formidable de retenu; « La loi du marché » – on a dû en parler ici – ; plus son premier film, je crois à la cinémathèque, mais je n’en trouve trace nulle part) celui de ce cinéaste-là me convient et me parle.

Il est d’autres péripéties, multiples, dont l’une (qui sera(it) un thème transversale à retenir) s’incarne dans le (futur) mari de Fanfan qui écrit : le tropisme de l’écrivain au cinéma est à traiter avec sérieux (j’aime ça, et je pense à ce magnifique « Providence » (Alain Resnais, 1977) où est suggérée la vie de Howard Philips Lovecraft) (Georges Wilson, et John Gielguld (il est Clive Langhman dans le film) sont de la même trempe) (y’a sans doute un étudiant en ciné qui a pondu une thèse là-dessus). En tout cas, ce cinéma-là s’incarne dans la dernière scène du film (juste une merveille).

dans le bureau

Dans le salon, il y a l’estampe japonaise éthérée. Tout le monde peut se l’approprier et se voir-là, y habiter. S’imaginer s’asseoir dans la banquette design, les pieds sur le pouf design, le doigt sur la télécommande de l’écran 360° [de pureté car un téléviseur *** est léger comme l’air et semble flotter au-dessus de son socle et l’arrière du téléviseur est vierge de toute vis pour qu’il soit aussi beau sous tous les angles allumé ou éteint].

Dans l’entrée, il y a un coquelicot géant avec une grosse tache blanche qui fait relief. On sent qu’avec un peu de pratique on pourrait être capable de se refléter dans un coquelicot géant, facilement.

Dans la cuisine il y a des carottes gigantesques suivies par une courgette de taille irraisonnée. On pourrait aisément s’imaginer déjeuner-là, contemplatif, devant la course des légumes monstres.

Lorsqu’on visite, on a souvent en bandoulière un peu de deuxième degré, sinon, le taux de pureté des écrans nous écrase, et on se sentirait vite mal fait, grossier, sale et pauvre.  On se sent vite un crève la faim dans les cuisines colorées. Beaucoup de gens ne comprennent pas. Mais c’est comme ça quand on n’a pas l’admiration facile, qu’on aime surtout les détails, et surtout l’essentiel (l’essentiel, on ne sait pas où il se cache, parfois dans le deuxième degré, mais ce n’est pas sûr, alors on cherche. Il ya une petite voix minime, minimaliste qui nous dit que c’est comme une résistance de se moquer) (une résistance minuscule).

On oublie qu’il peut y avoir des « résistants de l’intérieur ».  Soit ce sont des mains humaines, des actes, soit ce sont des objets, on ne peut jamais prévoir.

Ainsi, dans le bureau, il y a toute une vie accrochée, et du toit pend une ombre ronde, comme les boules de graines à offrir aux oiseaux, un cœur. Il y a une vision plus que panoramique. Un détail. Nous on aime les détails. On regarde. Le nombre de degrés n’y est pas indiqué. Plus de 360, bien plus. Et moins que deux.

pour-cj-maisonstemoin

Une pièce manquante

 

(où sont les gogues ? ) (enfin, les cabinets ?) (enfin,je veux dire les commodités ?) (les chiottes, le petit coin, les vécés eaux-fermées à la turc ou j’en sais rien ? dans la salle d’eau ?) (c’est pas facile, la vie : voilà près d’un an que cette maison fait son témoin -notamment de cinéma mais aussi de bien d’autres lieux comme la littérature- et on n’y trouve point de toilettes -seraient-elles sèches…) (tout ça est d’un trivial, j’en ai peur) (et en même temps c’est le thème alors) (toujours est-il qu’il fait beau la nuit) (debout)

 

C’est venu à cause des sorties de cette semaine, j’ai regardé et je n’ai rien trouvé (on est dimanche quand même hein).

On dira d’aller voir autre chose, un ancien film comme celui de JC Chandor « Tout est perdu » (2013) (aka « All is lost« ), sans dialogue dit-on, mais avec le RobertR Redford

(il est un peu plus jeune que dans le film, si je ne m’abuse mais ça me va, je l’aime bien dans cette posture qui fait souvenir de « l’Arnaque » (Georges Roy Hill, 1973) et comme il y a dedans Paul Newman

P Newman et R Redford

(là c’est dans un autre film, sans doute dans « Butch Cassidy et Sundance Kid » (Georges Roy Hill, 1969) ça me fait penser à « l’Arnaqueur » (Robert Rossen, 1961) et donc à Martin Scorcese qui lui fait dire « I’m back » dans son « Les Couleurs de l’argent » (1986).

Je brode, donc, et laisse aller les choses parce que les sorties de la semaine me fatiguent, si j’avais été critique de cinéma, j’aurais détesté avoir été tiré au sort pour aller voir quelque chose cette semaine, ou la précédente je ne sais pas. Je déplore de ne pas avoir exercé ce métier (ou si peu). Mais on ne refait pas l’histoire (on fait seulement en sorte de la faire changer, et debout, la nuit).

Comme c’est assez peuplé de fantômes ici, c’est la vérité, on lui doit de dire qu’il y a un « Truth » (James Vanderbilt, 2015) avec le même et l’australienne Blanchett qui vient de sortir quand même et qu’on ira peut-être voir (dans la dimension de « Spotlight » sans doute (Thomas Mc Carthy, 2015) film de genre comme il en existe sans doute quelques centaines, et qui m’entraînerait plutôt vers « Le gouffre aux chimères« (alias « The big carnival » Billy Wilder, 1951) (c’est sa photo en haut, là), une vraie merveille celle-là…)

On en dira plus peut-être. En tout cas, j’ai placé en italique ce qui a donné lieu à ce billet, mais en fin d’icelui, histoire de faire tourner un peu la machine, je dois aussi à la vérité de dire aussi que ces italiques-là avaient pour destinée d’illustrer un autre billet, mais les choses étant ce qu’elles sont, je l’ai repoussé à une diffusion plus tardive disons si jamais elle se réalise