Feuilles de route (2)

 

 

j’emprunte à monsieur Beinstingel le titre de son blog (que je plurialise), j’espère qu’il ne m’en tiendra pas trop rigueur (j’avais déjà commis la même chose, il y a quelque temps – un demi-lustre), j’institue par là une espèce de série plus ou moins permanente – oxymore j’adore – qui fait pendant à celle des « d’un voyage à l’autre » que je pose ici – y’en a six – c’est juste du cinéma, mais ça ne fait rien – ça a quelque chose aussi d’une espèce de journal éphémère – les gens qu’on aime, qu’on a plaisir à retrouver, ou revoir – quelque chose qui se déroulerait sur la durée (ça ressemble foutrement à une affaire que j’avais entreprise en atelier d’ailleurs – il y a des images qui en reviennent – c’était l’été, voilà l’hiver) – c’est qu’il y a quelque chose avec cette maison et qu’on a  des choses à faire pour se souvenir (j’essaye d’éviter les redites mais il existe des plis dans la mémoire et je ne tiens pas non plus à les repasser comme on dit du linge) (ou des plats) (quoi que le sens en soit différent dans l’un et l’autre cas – je vais avoir du mal à m’en sortir mais ce que j’aime aussi, ce sont les voyages – ici, là, ailleurs – et donc cette image-là (je crois que c’était au petit palais, une exposition sur la lune, il me semble bien)

 

 

Il y a sur le bureau un endroit pratique où je dépose les images de cinéma que j’aime bien (il y a du fétichisme, il y a de la domination sur les ans qui passent, il y a de l’illusion sur ce qu’on peut faire avec des images) – celle-ci par exemple (à vrai dire, je ne sais pas encore laquelle je vais poser – ça pourrait tout aussi bien en être une autre – mais c’est là tout le sel probablement de l’histoire : on ne sait pas exactement où elle va aller – je pourrais arbitrairement me saisir de la huit par et pour l’exemple)

c’est celle-ci : la Varda enchapeautée debout sur le dos d’un machiniste – elle doit tourner « La pointe courte » (1956) – elle est complétée de celle-ci

l’affichiste (c’était pour le festival de Cannes, cette année je crois bien) avait gommé l’assistante-scripte en short – c’est l’été, on comprend bien (on doit savoir qui est cette personne, tout cela est assez documenté) – il y avait quelque chose d’un peu contradictoire ou de paradoxale à laisser là la petite main dans cette tenue alors que ce à quoi il fallait que le regard s’intéressât était évidemment la posture de la réalisatrice – je m’égare –

(ici Cary Grant – de dos, Priscilla Lane – dans Arsenic et vieilles dentelles
(Frank Capra 1944)

– il ne fallait pas que ça aille par là, j’étais sur le point de parler des gens que j’aime parce que ces jours-ci (demain, c’est jour de manifestation, ce midi un grand commis de l’État a démissionné parce qu’il avait menti pas mal et comme ce commis commissionnait la retraite et son passage au privé (les gueux le resteront, les gros et les riches s’enrichiront vivront plus longtemps et jouiront de leurs avantages) ça crée comme une affaire d’État, je ne pense pas qu’il faille se priver de le noter – un peu comme celle de Benalla qu’on a étouffée tu te rappelles (sauf que, peut-être, la coupe est remplie à ras bord) (peut-être) alors, je m’étais dit je vais aller dans la maison[s]témoin y déposer quelques images des gens qui ont fait en sorte de me donner une idée plus charmante de ce monde idiot – enchantée peut-être – 

les deux mêmes dans la même scène

c’est juste pour donner une idée de ce que peut être la comédie (ça ne la donne pas vraiment : quand on voit le film, on est mort de rire mais là, on s’en fout un peu) (attends je recommence)

Kirk Douglas dans le rôle de Spartacus (Stanley Kubrick, 1960)

ça ne rigole pas du tout, mais tant pis; Kirki a tapé les cent trois le 9 décembre – il est à peu près certain qu’on s’en fiche pas mal, mais quand même, on est sur cette même planète depuis un moment – l’image a près de soixante ans, si tu veux – c’est difficile à réussir, dire des choses en donnant à voir d’autres choses afin que l’ensemble parvienne à créer quelque chose comme de la joie – j’essaye encore

Cary Grant (à nouveau) et Sir Alfred (en silhouette caméo) dans
La main au collet, 1955 (To catch a thief – attraper un voleur)
(à gauche une silhouette mais inconnue)

c’est plus amusant, un peu une comédie, un peu un drame, la vieillesse qui pointe, les difficultés, le travail – la cage à oiseaux, mais c’est huit ans avant le film de terreur « Les oiseaux » avec Tippi Hedren (ici dans « Marnie » avec Sean Connery – Sir Alfred, 1964)

il faudrait que ça vous évoque quelque chose aussi, ce (ne) sont (que) des acteurs, des actrices, américains (comme on dit) étazuniens, anglais) ou français (depuis toujours, elle)

ici avec Charlton (pour son oscar, 1960), là avec son Montand

(elle était magnifique aussi en madame Rosa (adapté par Moshé Mizrahi, 1978) – « le prix Goncourt 1975 a été attribué à « La vie devant soi » de monsieur Émile Ajar », tu te souviens), quelque chose avec l’éthique – par exemple j’ai beaucoup aimé, ces temps-ci, ce que disait cette femme

Jeanne Balibar dans « Barbara » (Mathieu Amalric, 2017)

qui joue le rôle d’une capitaine de gendarmerie dans « Les Misérables » (Ladj Ly, 2019) qui parlait du petit cintré hypocrite et démago – on en était un peu là, on espère qu’il n’en a plus pour longtemps en son palais du faubourg Saint-Honoré (on l’espère avec quelque chose de si froid dans le cœur, jte jure) – il y avait eu aussi ce saltimbanque-là

qui faisait un éditorial pour un journal le 2 décembre dernier – on ne va pas perdre espoir, non certainement pas – mais parfois, on est quand même fatigués…
Finissons – la difficulté de communiquer

Monica Vitti dans l’Avventura (Michelangelo Antonioni, 1960)

il faudrait peut-être s’interroger sur ces multiples années soixante auxquels réfèrent ces images – non ? peut-être pas  – ou alors commencer à oublier (non plus, non – pendant ce temps-là, Paolo Conte chante « un gelato al limon » – (« une glace au citron ») – il a bien raison, c’est l’hiver sans doute mais juste ensuite, dès mars…
Avec mon bon souvenir. 

 

sur l’écran

Sur l’écran la pianiste s’agite, mais le son est coupé.
C’est une allégorie. Elle s’agite en silence pour dire toutes les femmes effacées, inconnues, oubliées.
« J’ai un mauvais pressentiment mais qu’importe » dit le héros sur une autre chaîne.
« Fais ce que tu as à faire quoi qu’il advienne », lui conseille-t-on.
_ Je ne te promets rien. » répond-t-il.
Moi non plus j’ajoute à voix basse (et donc pour moi-même). Le héros frappe à une porte. Il est question de sorcières, comme d’habitude. Les femmes effacées, inconnues, oubliées, nocives, ça fait très longtemps que ça dure, que ça se propage dans les esprits, les fictions et les réalités en rendent compte chacune nourrissant l’autre et l’inverse.
« Crache le morceau! » dit le héros.
Très bien.
Ma question est – que cette maison[s]témoin soit le témoin de ce questionnement – en a-t-il toujours été ainsi ? Pendant les deux cent-cinquante mille ans où nous étions chasseurs-cueilleurs (deux cent-cinquante millénaires, c’est-à-dire peu ou prou une durée d’environ cent vingt-cinq civilisations cul à cul), pendant ce temps où nous étions tapis autour des foyers, réunis, effrayés par les prédateurs, effrayants pour nos proies, en a-t-il toujours été ainsi ? Et les vénus callipyges ? Quelles mémoires racontent-elles silencieusement ?
Il y a plusieurs niveaux de connaissance, plusieurs niveaux au sens propre : dans la cave d’une maison témoin, les fossiles et les questionnements ; au rez-de-chaussée salon salle à manger cuisine, le théâtre, l’agent immobilier qui organise la visite (c’est un homme, ou bien c’est une femme avec le lexique et les automatismes d’un homme) pour les clients, un couple (sans doute qu’elle demande où pourra se brancher la machine à laver) ; à l’étage, la salle de bain aux miroirs kaléidoscopiques qui nous traquent, nous définissent ou que nous nous évertuons à tromper, rigoureusement peints à la main quand nous en avons l’énergie et/ou l’occasion, et puis les chambres où s’agitent des rêves. Et passent des allégories de pianistes travaillant leur instrument en robe de soirée sans que personne n’entende.

rêve américain

 

 

C’est un peu l’histoire du rêve américain – c’est à dire que c’est rêvé par des américains (étazuniens, surtout) il y a à voir avec cet autre film  : en réalité, le scénario se compose de la même manière – le van est un des personnages mais loin d’être le principal – une camionnette qui transporte des personnes handicapées

d’un endroit à un autre d’une ville de province – on ne sait pas bien ce que ça peut être, la province des États-Unis mais c’est qu’il y a trop de capitales sans doute – je suppose – alors disons qu’on recommencerait comme « c’est l’histoire d’un type qui conduit une camionnette »

et ce serait suffisant (le type Vic, interprété par  Chris Galust). On appartient à l’histoire, et on la suit.  Il y a son grand-père gentil mais un peu fou, il y a la soeur de Vic aussi

il y a leur mère musicienne, qui donne (ce sera le soir) un concert dans son appartement, il y a les gens de l’établissement où vit le grand-père (l’une d’entre celles et ceux-ci est décédée, Lilya, il faut aller à son enterrement)

il y a les gens qu’il faut convoyer – une jeune femme assez obèse qui va chanter dans un concours « ‘Rock around the clock », une autre jeune fille handicapée

noire

qui doit aller quelque part, qui est évidemment comme tout le monde, en retard et puis d’autres encore – je ne sais plus exactement – mais arrive le neveu de la Lilya

qui est morte, qu’on va enterrer qui vient assister à l’enterrement – et tout ce beau monde est embarqué à cent à l’heure…

C’est un  peu le rêve américain – on aime cette nation, on vient d’ailleurs pour la plupart de Russie (les gens qui vivent dans le même immeuble que le grand-père) et on dispose d’une âme slave (je me souviens de cette chanson, je me souviens de Jacques Higelin qui la chantait, je me souviens) et donc on chante – on s’est trompé de tombe

tant pis on change et on chante, on chante et c’est l’hiver, il a neigé, il fait un froid de gueux, elle est enterrée, Lilya.  Le rêve américain, c’est aussi pas mal les Noirs – la famille de cette jeune fille (Tracy  dans le film, interprétée par Lauren »Lolo »Spencer)

qui a apporté à son boyfriend (son ami de coeur) un carton qu’il ne prendra pas et un cadeau d’anniversaire – un sabre japonais dans son étui – qu’il ne prendra pas non plus, cette jeune fille dont le frère fait partie d’un groupe de rap – ils chanteront un morceau a capella – il y a des gens qui travaillent et qui chantent

la jeune fille participe à son concours, on chante – des gens rient, des gens dansent…

C’est un peu comme on aimerait que soit le rêve américain : les choses s’arrangent toujours – un peu de bric ici, un peu de broc là – on déménagera pour le concert un canapé, à pied, loin, on s’assiéra dedans fumer une cigarette au bord de la route, il neige c’est bientôt la fin de l’après midi, on a été chercher les clés de l’appartement de Lilya, puisqu’elle est morte, il faut qu’on boive qu’on mange et qu’on chante – on ne peut pas, non impossible d’avoir les clés, non : son neveu charme la gardienne agent de sécurité, il lui parle gentiment, elle l’écoute finit par sourire – on va aller boire, tous ensemble – on va rire aussi

c’est vraiment le bazar

on partira ensuite, on s’en ira écouter le concert, on reviendra ici, là ailleurs – ce sera la nuit : chez la jeune fille noire, le groupe de jeunes gens rappeurs se sont fait prendre, ils sont au commissariat, il faut aller délivrer le frère, mille dollars, on les emprunte ici, on les trouvera là (la mère les a planqué dans le canapé,le canapé n’est plus là…)  et puis et puis une séquence endiablée

(en noir et blanc)

on se bat

on se bat – terrible séquence… L’Amérique (les États, plutôt)si elle était comme elle nous est montrée là, comme elle est et devrait être, c’est ainsi qu’on l’aimerait…

Je ne raconte pas tout, évidemment, les images sont fixes, le texte est ce qu’il est – mais dans tous les sens, partout, tout le temps, cet amour immodéré pour les gens,ce qu’ils sont simplement (il y a surtout – ça ouvre et ferme le film – ce dialogue où Vic ne dit rien, mais c’est un dialogue, avec un de ses amis – cigarette simples mots : for-mi-da-ble.

C’est la nuit

c’est l’hiver

il fait un froid de gueux, ce sont les rues d’une ville de province, parcourues à tombeau ouvert par une camionnette qui sert au transport des handicapés – un peu comme dans ce film, là, qui était tellement bien… Ici aussi, tellement bien, c’est la nuit, il fait froid, c’est un peu un rêve américain

 

Give me Liberty, un film (extra) de Kyrill Mikhanovski.

 

allez allez

en fait l’idée c’est de faire ce que l’on fait
avec plus ou moins de bonheur
plus ou moins de chance
plus ou moins de sérénité et de ténacité
plus ou moins de questionnements
sans oublier que nous ne sommes pas des îlots ou des gardiens de phare, faire c’est aussi regarder ce que font les autres avec plus ou moins de hardiesse, plus ou moins de vilenie, plus ou moins d’âpreté, plus ou moins de courage et/ou de cohérence
le faire des autres vient heurter s’engouffrer s’insinuer saupoudrer pénétrer notre faire à nous
et c’est ce qu’on garde de ces poudres de ces poteaux ou ces tenailles qui compte
par exemple j’ai lu cet homme qui dénonce ceux qui sont fiers de leur hideur
j’ai vu ces sit-in
ces armes maniées à la cow-boys
ces pelleteuses que des bras sans force repoussent, bras accablés
ces têtes hautes qui refusent de s’asseoir au fond du bus, qui refusent que les noyés se noient
faire, ce n’est pas difficile
faire, c’est impossible
c’est entre ces deux plateaux de la balance que son propre visage se sculpte en trois dimensions
et dans ce faire il y a aussi l’insu
ce qui survient et n’était pas prévu
parler de cinéma, ce n’est pas parler de cinéma, c’est parler des gens de comment ils vivent de comment ils sont vus de comment ils se voient de ce qui est proposé dans le faire
on peut se placer en vigie
on regarde ou on tourne les yeux
on fait comme ça nous chante
et parce qu’on fait ce qui nous chante ça sonnera toujours assez juste
(l’idée)
parce que les idées, ce ne sont pas des concepts, ce sont des corps
les rêves de piscines vides n’existent pas
ou bien c’est que les boutiquiers ont gagné ?
les boutiquiers à cols blancs dont les suv possèdent un pare-chocs anti rhinocéros en centre-ville ?
non les rêves de piscines vides n’existent pas
hop
inutiles
et déjà envolés
allez allez, ne traîne pas dit la voix, tout va bien

Toiles

 

 

 

Parfois, cette injonction à laquelle en moi-même je pense : tu pourrais faire simple… Mais non.

Il y avait cette chanson qui faisait « écran noir / nuit blanche » – et Claude Nougaro n’était pas bien grand – je me souviens de lui sur la scène du théâtre de la Ville, à Paris milieu des années soixante dix, dix huit heures trente la place à tarif réduit (je ne sais plus, six francs peut-être), une heure de concert (on avait vu Lavilliers et ses biceps sous son gilet de cuir noir sans encore la boucle d’oreille, on avait vu Pauline Julien merveilleuse et d’autres encore) – je me souviens mais ce n’est pas de musique qu’on devrait revêtir les murs de la maison (on devrait mais je n’en parle pas – on parle ou on écrit, c’est pareil) – c’est la toile (on se fait une toile dit la vulgate – c’est vieillot on ne dit plus ça – on va au ciné ? – on ne dit plus ça non plus, on regarde sur un écran de six centimètres carrés une série idiote à base de mauvaise libido ou de perversion avérée – et qui donc est ce « on » ?) – c’est la toile, le cadre, les couleurs et les lumières – c’est pour décorer et faire joli – il y aura quelques objets (des sculptures qu’on posera ici ou là) et des images sur les murs (tout cela est tiré d’une exposition sur la lune, satellite qui ressemble à ce que serait pour la Terre cette côte tirée du corps d’un dieu, du dieu des dieux, pour la Terre muée en Jupiter, satellite qui, d’un peu moins de trois centimètres chaque année s’éloigne de son astre (notre planète pour la lune est pour nous notre soleil qui pour le reste de la galaxie n’est qu’une étoile parmi des milliards laquelle galaxie n’est qu’une infime partie de l’univers lui-même n’étant qu’une expansion qu’on n’en finira(it) pas de décrire et ainsi de suite) une espèce de tourbillon observé, répertorié comme on peut – ces images d’autres images, tourbillons elles-aussi, on les place ici pour donner à cette maison, et à ses murs, un semblant d’humanité (personne ne l’habite, elle compte 380 portes (j’en ai posé cent cinquante sept), elle fut ouverte le treize mai deux mille quinze et depuis je me sens un peu comme une espèce de vieux jardinier, je nettoie un peu, j’aime laisser les herbes pousser (« braves gens braves gens c’est pas moi qu’on rumine et c’est pas moi qu’on met en gerbe » dit le poète) je visite ceci pour en porter là le contenu – surtout le cinéma, surtout : la chanson, la littérature ou la poésie, un peu j’illustre – mais si peu de théâtre – je n’y vais pas, et une de mes filles s’y voue, pourtant – mais de la musique s’il te plaît celle qu’on aime, oui

 

Il fallait préparer les images et suivre un ordre défini – dans une exposition, on suit, on va avec les autres, il y a un sens, il y a des étages, on les parcourt comme le veux le concepteur, si ce sens défaille il se peut qu’on perde quelque chose comme une compréhension – celle qu’on a voulu nous inculquer : sauf qu’elle nous influence et que de l’influence à l’injonction, le pas se franchit facilement, et cela s’appelle (ce pas) la communication – je m’en défie comme de la gale, et comme de la peste aussi je me défie de la publicité – chacun ira dans son sens, et chacune aussi (celle qu’on appelle inclusive me fait braire) (tous ces points que nous mettons à présent dans les phrases et aux adjectifs, cette nouvelle façon de créer pour la catégorie du genre un troisième ou un quatrième item active tellement le ridicule du nombril…) – je les place dans le mien

le champ de bataille de Waterloo (morne plaine) (mes excuses, je n’ai pas gardé le nom de l’auteur de cette toile-là) tous ces morts qui me font penser à cette image (elle n’est pas dans cette exposition) d’un autre âge (ou du même que celui du tableau qu’on voit ici dans les flous, la gardienne mains au dos passe, la visiteuse consulte le cartel)

(le rêve je crois que s’intitule ce champ de bataille, mais avant qu’elle ne soit déclenchée) (ici la bataille sera perdue, il me semble) (le savoir est difficile à acquérir – c’est le petit matin, en tout cas) et on avance, la joie du regard et des couleurs de Marc Chagall

cette petite statue, image de l’oudjat (l’oeil de faucon d’Horus, qui protégera cette maison) (le souvenir de « mon coeur vole comme un faucon » du vieil homme – le grand-père de coeur, justement, du héros – de « Little Big Man » (Arthur Penn, 1970) ( il faut bien que le cinéma revienne ici ou là)

une merveille – et cette petite représentation, qui tient aussi ce petit oeil dans ses mains

une espèce de singe sans doute (sans comprendre, juste pour voir) et cette lune et ces étoiles incas

des images juste pour se souvenir – et comme j’ai tant aimé cette ville (aujourd’hui, elle ploie sous les immondices d’un chef de guerre qui ne veut que dominer, et emprisonne et tue et blesse et humilie, aujourd’hui) Istanbul en son Bosphore

et pour finir (il faut savoir finir) cette évocation de l’une des colonnes qui marque l’entrée de la place, celle surmontée du lion ailé (cette ville aussi bien, exploitée, pillée, détruite et sapée, dans cette Italie d’aujourd’hui, menée de même manière que la Turquie, par cette honte pour l’humanité toute entière, renfermée sur elle-même, ne voyant que ses pauvres petits intérêts ridicules et rancis) au fond San Giorgio Maggiore et la lagune

Versailles

 

 

 

il n’est pas question de laisser aller les choses sans en tenir une chronique un peu circonstanciée : parfois, le rédacteur se prend les pieds dans le tapis, cherche son chemin,  se demande les raisons de sa présence ici, là ou ailleurs – on ne va quad même pas aller jusqu’à la métempsychose, mais on pourrait – les grands de ce monde se la pètent grâve, il faut s’en inquiéter. Il y a une espèce de chronique dans cette maison, celle de cette sorte de mégalomanie qui s’est emparée d’eux (et d’elles) dont on a rendu compte (malhabilement, parfois) par deux fois, afin de peupler de goules, de spectres et de fantômes, de striges et de fausses images ces pièces si souvent vides et de sens et d’humanité. Continuons (je souffre d’un tropisme, je le reconnais assez bien, il est formé de garage, de voitures, d’argent et de pouvoir, de politiques et de connaissances, d’entregent et de communications, le voyeurisme de ce monde auquel j’appartiens favorise (s’il n’en est pas la fonction) ce travers).

 

Ailleurs, les turpitudes du tycoon sont données à voir : depuis le dix neuf novembre dernier, l’homme est traqué, chassé, reclus; il maigrit, s’aigrit, perd de sa superbe (s’il en eut jamais, c’est vrai). A l’heure où la Fiat d’une grande famille (Agnelli – ici à droite, un de ses représentants, cette chevelure blanche

en compagnie d’un dirigeant du parti socialiste italien d’alors) (la porte de l’automobile en dit un peu) (les sourires sont magnifiques) va unir sa destinée avec la marque au losange – dite Renault du nom de son fondateur (on laisse de côté les turpitudes qui, comme disons chez Bayer, ont marqué la mémoire des années quarante du siècle dernier de ces pedigrees) (ça n’a rien à voir, je sais, je mélange tout), marque reprise en main par un directoire enfin sûr (assuré, droit fiable loyal responsable – enfin tout ce que l’ironie permet comme qualificatif pour ces agissements), mais il y a plus de cinq ans de cela

l’ami Carlos fêtait au château un anniversaire, serait-il de mariage, ou alors le sien, ou encore celui de sa tendre et douce compagne ou enfin quelque chose de digne : dans une espèce de maison[s]témoin construite par le quatorzième du prénom de Louis dans une famille aussi impressionnante : c’est de cela qu’il s’agit.

On a un précédent en magasin (formidable image des grands de ce monde, STGME2 plus tonton (ce qu’il peut être amusant, ce garçon), l’immonde dirigeant de la démocratie chrétienne italienne dans des petits souliers mains au dos en haut à gauche, une vraie brochette

de si charmants camarades…)

Ici, ce sera moins achalandé en têtes couronnées, mais enfin on sera quand même fiers d’être là

Rien de moins.

Malheureusement, je n’ai pris que quelques clichés des prototypes invités – captures d’écran d’un film retrouvé opportunément (je crois bien) par la marque au losange qui veut se refaire une espèce de virginité – elle n’y est (et surtout les machines qu’elle vend) elle n’y est pour rien (la main sur le coeur, les yeux dans les yeux) : on a abusé d’elle.

On a donc invité, en ce 9 mars 2014 (c’était un dimanche – on a donc droit au film du dimanche soir) cent vingt personnes à dîner; on a acheté la présence de nombreuses silhouettes, figurants et autres musiciens (cachets payés à la Sacem et autres turpitudes sociales inventoriées par la production) dans les grands on a mis les petits plats, du vin du champagne des liqueurs dans des verres de cristal et on a fait un film de cette inoubliable soirée parce que c’est plus joli de garder quelques souvenirs

(le luxe a beau ruisseler par tous les pores de l’organisme, on n’en reste pas moins contemporain : une image au portable pour immortaliser la scène, on pose, on se regarde, on contemplera l’affaire quand on reviendra à la maison – un peu comme nous tous, hein).

J’en termine parce que ce n’est pas ma place que de se mouvoir dans ce monde d’or et de pouvoir (les gens, il faudrait ne les connaître que disponibles : on les invite, ils se vêtissent et viennent, la politesse des rois est la ponctualité des princes…). J’adore celle-ci qui vous a quelque chose de vraiment sublime

Une dernière tout de même de l’hôte en ces lieux, son altesse elle-même, souriante presque et heureuse, glacée peut-être (j’ai vaguement le sentiment, dans cette poignée de mains, de reconnaître quelque chose comme de l’amitié – dans ce sourire de la femme, quelque chose comme une approbation généreuse du partage –

des gens comme tout le monde, dans un décor à peine frelaté.

Juste au dessous, dans le recueil d’images que j’ai composé pour ce billet, s’est glissé sans que je le sache vraiment cette dernière (Shirley Eaton qui tient le rôle de Jill Masterson)

Ah comme ce monde est brillant…

Radio cinéma

 

 

 

(il me semble bien que je l’ai déjà fait, ce plan avec Blow up) (c’est une émission que je regarde parfois sur youtube) (c’est que j’ai pas la télé) (c’est quand même dans le salon que ça se pose ce genre de truc – quoi que la radio, c’est plutôt un peu n’importe où) (partout en réalité) ( et surtout ça laisse un peu les mains et l’esprit libre) (on peut faire autre chose avec les yeux je veux dire) (ça n’engage à rien) (c’est la radio) (bon ça va comme ça) cette émission parle de la radio au cinéma – j’ai pris quelques unes des images (y’en a 9, mais ça ne fait que 8 films) (il s’agit d’une émission de montage un peu comme ce que fait le Président Pierre Ménard Liminaire tous les quinze jours, si j’ai bien compris) parce que j’aime les films qu’elles me remémorent – on fait ce qu’on peut – et que j’aime bien parler de cinéma – c’est ce que je fais ici, de temps à autre, le mercredi, ça nous change un peu – peu importe, c’est le printemps – ce n’est pas que je sois désespéré tu comprends bien, mais enfin quand je vois et j’entends que les plus grosses fortunes du monde donnent un peu de monnaie pour reconstruire un bâtiment brûlé, je trouve ça merveilleux, certes, mais fiscalement très avantageux pour elles – ce qui fait que j’étais déjà assez malheureux comme ça, mais que ça continue et que j’en ai ma claque de cette façon de faire des grandes fortunes sur le dos de qui, je te/me le demande) laisse, et commence (l’image d’entrée : Sacrifice Andreï Tarkovski, 1986)  ici c’est un film de Costa Gavras, « L’aveu » (1970) (il y a Yves Montand aussi) (les guillemets pour les titres des films, c’est une habitude ou une obligation, me demandé-je fréquemment)

c’est Simone Signoret (nostalgie mais je me suis trompé, en réalité, je me disais c’est « l’Armée des Ombres » (Jean-Pierre Melville, 1969) – mais non, je ne crois pas – c’est difficile à dire – là une image de ce film merveilleux (je le croyais en noir et blanc, mais non) (sans compter les majuscules aux titres, alors là)

L’ARMÉE DES OMBRES

ça ne fait rien, je continue mon exploration (exploitation) de cette émission, et je tombe sur ce DJ aveugle nommé Super Soul qui guide Kowalski tout au long du film – Kowalski, ex-pilote de course, qui doit convoyer une voiture traverse du nord au sud les Etats Unis (« Vanishing Point », Point limite zéro en français, Richard C. Sarafian, 1971) (un de mes films favoris quand j’avais 20 ans) (après ça s’est tassé) (mais je ne l’ai pas revu depuis – ça veut dire « Point de fuite » si tu traduis le titre d’anglais en français)

je me souviens (j’aime me souvenir) de Robin Williams (il s’est tiré, lui) (Simone et Yves aussi, tu me diras) (pour Clivon Little qui joue le DJ, on me dit aussi) Robin Williams donc qui crie « Gooooood Mooooornig Vietnam !!! » ce que j’ai adoré cette façon de dire merde à l’uniforme, l’armée, l’imbécilité, tu te souviens ?

avec ce sourire, cette joie de vivre – et la guerre… – ce sont des films qui restent, ils sont là, un peu comme les images dont on rêve, moi j’ai cette impression, un peu aussi comme certaines musiques, certaines chansons tout autant, des choses qui sont là, qu’on entend, qu’on écoute et qu’on regarde (là, c’est Shock corridor  Samuel Fuller, 1963) c’est pas dans l’émission, mais tant pis

) c’est là, un pli une lettre une enveloppe, c’est à l’intérieur de nous – ça nous accompagne, ça nous rassure et ça nous aide parce que le monde réel est si présent aussi, on veut s’en détacher un peu – je me souviens de cette image de Michel Piccoli dans « Habemus papam » (Nanni Moretti, 2011)

ou celle-ci

ce pape qui refuse l’uniforme – se battre, peut-être – à nos âges ? – j’aime ces histoires-là – ici j’ai pris cette image

pour me souvenir que Georges Perec faisait du cinéma, ça me réconforte – je me souviens aussi de Robert Bober, et de son film (Récits d’Ellis Island, 1979) et aussi de son « En remontant la Villin » (1992) dix ans après la mort du Georges – adaptation et dialogue

« Série noire » (Alain Corneau, 1979) non pas que l’artiste (je ne sais pas les comédiens, les acteurs sont-ils des artistes ? je ne sais pas) Patrick Dewaere me soit quelque chose pourtant, mais dans ce film-ci, oui, c’était l’année du début des études de cinéma – oublier, reconnaître, le monde tourne – sans doute quelques regrets – mais ils ne me sont de rien – ici un vieil homme

« Umberto D » (Vittorio de Sica, 1952) déchirant (Carlo Battisti…), je ne sais plus ce que fait ici cette image, peut-être vient-elle d’ailleurs, mais c’est l’Italie qui revient de tellement loin – l’Italie, oui – ces temps-ci elle semble retourner vers ces démons – je préfère aller au cinéma, c’est vrai –

cette image-là, où Charlie Chaplin se rend compte que la dictature et la démocratie empruntent les mêmes voies (les mêmes voix : celles de la radio) et ce désespoir qui se lit sur ses rides (Le Dictateur, Charlie Chaplin, 1939) – la conscience ne suffit pas, il nous faut l’action aussi : alors faire, et encore et continuer…

Pour finir comme il faut, cette image de Christopher Walken (un des acteurs fétiches du chroniqueur) qui danse dans ce clip d’un DJ (clip réalisé par Spike Jonze – ici à regarder – réalisé en 2000)

il dort, puis se réveille en rêve puis danse et se rendort… Et il se réveille parce que bien sûr et d’abord, sans doute peut-être, je ne sais pas bien, mais la radio diffuse de la musique  (première à éclairer la nuit…)…

 

C’est ça l’amour

 

 

On avait aimé Party Girl où Catherine Burger travaillait avec une de ses acolytes femissiens (Marie Amachoukeli) et Samuel Theis (qui tenait un rôle à l’écran aussi). Ici aussi, nous serons à Forbach (ville du nord est de notre beau pays), et nous suivrons une histoire de famille (le cinéma français a ses thèmes ou ses genres : ici, l’un d’eux donc). A l’image, on trouvera Julien Poupard aussi : une espèce de groupe (l’union fait, aussi, la force). Dans l’image, on croisera la directrice de production (elle interprète la mère), la décoratrice (elle est la supérieure hiérarchique du père, lequel bosse en préfecture), la directrice de distribution (dans le rôle d’une camionneuse en short) (je n’aime pas le mot « casting »). L’amour des acteurs (une direction amoureuse, oui) et un scénario comme on aime : l’éveil la recherche la vraie vie un petit peu (je dis ça parce qu’il y a de l’autobiographie dans l’histoire : je me demandai de qui – la plus jeune, Frida ou l’aînée Niki – j’ai pensé Frida… (quelqu’un pour répondre dans la maison ?) il paraît que la maison est celle du père de la réalisatrice, lequel ressemble au sien comme je lui ressemble moi-même – une même histoire, un même amour des enfants, une joie de vivre et de partager)

L’histoire d’un père (Bouli Lanners, adorable)

et de ses deux filles (la blonde Frida (ici doublée), la brune Niki) (Justine Lacroix, vraie; Sarah Henochsberg, en acier – magique sûre et loyale)

dont l’épouse (la mère) (Cécile Rémy-Boutang, vibrante et lumineuse) est partie vivre sa vie (comme disait JLG)

Un éclairage de cette difficile passe

pour les filles

comme pour leurs parents, mais puisque c’est ça, l’amour (sans interrogation)

sans doute parviendront-ils (ensemble) à maîtriser l’incendie

Amours, tendresses, désirs, joie de vivre et confiance aussi – danser chanter et croire en notre humanité.

 

C’est ça l’amour, un film de Claire Burger

3 films français

 

 

 

Trois fois sur le métier – trois films français – et pourtant, la nation… – enfin surtout lorsqu’elle est représentée par celui qui nous promet « le pire » – je suis tellement dégoûté de cette tournure – « lorsqu’on va dans des manifestations, on est complice du pire » a-t-il le front d’affirmer – mais n’importe on n’est pas là pour parler de cet ectoplasme en manche de chemise – cependant, il n’est pas douteux que le pire est à venir…

Brisons là, parlons d’autre chose.

Ce sera dans la pièce à vivre, ce sera facile comme une comédie, il n’y aura pas trop de tristesse, pas trop de drame, et la vie, comme un rêve…

Une première avec « les Estivants » (Valéria Bruni-Tedesci dans le premier rôle, une famille riche, des serviteurs, lutte des classes et faux semblants – quelque chose qui nous met mal à l’aise, mais le propos est de comédie, quand même – une fin dans le brouillard, somptueuse – de toutes les manières, VBT on l’aime (elle peut avoir le beauf qu’elle veut – et celui qu’elle a l’est particulièrement) – ça se passe dans sa villa du cap Nègre, sa mère, sa fille et sa tante sont au générique aussi- quelque chose avec les acteurs, formidable)

Une deuxième avec « Tout ce qu’il me reste de la révolution » (Judith Davis, extra) – il s’agit d’un collectif, on se réunit dans une salle de classe mise à disposition par un directeur d’école (l’amoureux qui vient) et on parle de choses qui nous émeuvent : par exemple, on énonce une chose dont on est sûr et certain (quelque chose de magique – vers la fin son beauf gifle sa meilleure amie (photo d’entrée de billet : Claire Dumas, extra aussi)  parce qu’il se laisse entraîner à jouer le rôle qu’il joue dans sa vie professionnelle) (beaucoup de tendresse de nervosité de vérités)

Et trois avec « Deux fils » (ici, Yvan, le cadet – incarné par un Mathieu Capella dont il semble qu’il s’agisse d’un premier rôle)

– à la réalisation Félix Moati, un acteur aussi qu’on avait aimé dans « Gaspard va au mariage » (Antony Cordier, 2017), qui joue aussi dans « Le grand bain » (Gilles Lelouche, 2018) – avec une merveille lorsque la protale du lycée de cet Yvan annonce à son père (Benoît Poolvoerde, en écrivain qui a jeté aux orties son cabinet de médecin) « Yvan traverse un épisode compliqué de sa vie… avec votre cancer » et lui « Je n’ai pas de cancer…  » (il sourit)

– un peu Quatre cents coups (le « ma mère est morte ! » de Doisnel, tu te souviens sûrement), un peu comédie américaine (dialogues ping pong, et drôles et des sous-titres sous l’eau sans qu’on entendent les deux amoureux se parler puisqu’ils ne se parlent pas… – l’aîné (Vincent Lacoste) et Anaïs Demoustier) quelque chose du cinéma, de la comédie, de la légèreté et du rire – quelque chose aussi de la maladie du monde, d’ici, cette France… : on en a un peu besoin quand même (en tout cas plus que de ce « grand » débat enfumant le reste des vérités (on y retourne samedi ?) (euh oui… mais au cinéma)

Leto

 

 

 

C’est une histoire de musique – les protagonistes l’aiment – ils en jouent, et s’en amusent : une sorte de liberté, de raison de vivre – ça se passe à Leningrad, au début des années 80 – ça ne s’appelle plus Saint-Pétersbourg depuis 1917 – on joue de la musique avec des guitare sèches, l’électricité a encore quelques difficultés à s’emparer des instruments – tout est cher, les cigarettes, le cinéma, l’alcool et les aliments – ce sont des  jeunes gens, ils n’ont peut-être pas trente ans, ils jouent, ils s’aiment, ils s’amusent, et tentent de vivre – c’est en noir et blanc, ça commence à la mer

ça continue en ville, on  joue, de jour comme de nuit – il y a cette espèce de petite famille

lui (Mike, incarné par Roman Bilyk)

elle (Natalia, épouse de Mike, c’est Irina Starshenbaum)

le troisième premier rôle, c’est Viktor (Teo Yoo dit-on)

plus jeune, talentueux, nouveau – il a quelque chose que d’autres n’ont pas, sans doute, comme dit la chanson. La musique, l’amour

ou seulement le désir – les chansons, les mots, les lieux : des chansons dans le métro

parce qu’il faut qu’on vive

et qu’il faut qu’on s’amuse

et qu’on en rie

alors le reste du monde – c’est-à-dire l’attirance

mais surtout la musique, la production et la réalisation des choses et sa propre passion

chanter, et puis laisser vivre et aimer (sans bénédiction, même si la roue pourrait tourner

non, ce ne sont pas des larmes

juste de la pluie) une légèreté, tendresse, une aisance, une liberté : chanter d’abord

chansons engagées comme on disait dans le temps (à cette époque-là…) peu importe : c’est d’aujourd’hui qu’on parle, d’aujourd’hui où l’immonde demeure au pouvoir là-bas, où on enferme et on tue (je me souviens de Anna Politkowvskaïa), on assigne à résidence (comme dans le plus abject des fascismes) : ici le réalisateur Kirill Serebrennikov, qui ne peut plus tourner par ordre du pouvoir

ici les acteurs en couleurs et à Cannes, lors de la présentation du film en compétition en mai dernier

parce qu’il faut que ça se sache – le rock’n’roll, la musique, la vie, l’amour : oui – pour le reste badges au revers

ce qui reste, c’est du cinéma, celui qu’on aime, simple, direct, allégorique : alors de nos jours, ne pas laisser les choses aller comme veulent qu’elles aillent les tenants de l’obscurantisme, les … et autres dictateurs pas si éloignés d’ici – aimer la musique la vie et le cinéma, oui, mais sans jamais oublier qu’ils sont des combats et des batailles à mener gagner et toujours recommencer.

 

Leto (L’été) un film de Kirill Serebrennikov.

 

ici une émission de radio qui retrace aussi le parcours de Viktor et Mike : rock russe