l’été

 

 

 

 

dans le c’est pour bientôt d’il y a quelques mois on avait regardé le générique du « joli mai » de Chris Marker (1963) – ici de même celui de Chronique d’un été – ces temps-ci, Edgar vient de taper un siècle – Jeannot est parti (il avait vu ici (posée entre juin 16

(le numéro c’est 14) et août 17

la rue c’est Sarrette-Paris 14) le jour (31 mai 1917, maison natale) (il nous a quitté.es au Niger en février 2004) (fondateur du GREC (groupe de recherches et d’essais cinématographiques – 1970) et des ateliers Varan(1980) quand même aussi) (dans les années 80 il enseignait à la Sorbonne, un de mes profs) (non, mais le documentaire moi, parfois c’est non – ces temps-ci c’est la mode, encore moins donc – je suis une tête de mule, je sais) or donc

(c’est avec cet Anatole-là que Jeannot a crée dix ans plus tard, le GREC – grand producteur de la nouvelle vague, entre autres – on l’aime encore assez bien lui)

passe le monde (en plongée)

début des années soixante (le film a débuté, se déroule)

Marceline qui cherche du travail (et qui en a trouvé) – générique de fin

(on marquait le mot « fin » à la fin des films, tu te souviens?) (à l’ancienne) sur les Champs Elysées, image bougée tu vas voir(travelling avant)

le noir & blanc ou parce que je n’avais pas dix ans – un certain charme ? (remarque le parapluie, la pèlerine…)

(je ne suis pas certain, mais il me semble qu’il s’agit d’Edgar qui les remonte) (il va croiser ,peut-être, vendant son New-York Herald Tribune, la Patricia d’À bout de souffle) (peut-être)

(en 60, Edgar tape les 40 piges, Jeannot (il est de 14) près de 46)

(un ouvrier pour 3 étudiants) un autre dos, noir celui-là

(la classe comme générique, il me semble)

 

il me semble que c’est Jeannot de dos, là (les parapluies,les reflets…)

ces inconnus à qui Marceline demandait  » et vous, êtes-vous heureux ?  » parfaitement sérieuse

techniques, assistances

j’aime le cinéma mais jamais il ne m’a nourri – sinon spirituellement peut-être

par exemple aux techniciens, pour des raisons financières et de droit, on pose les prénoms (c’est ainsi qu’on les rémunère, qu’on les inscrits sur des listes, qu’on en fait des professionnels avec la carte…)

il m’émerveille mais j’agonis ses manières (la secrétaire en plus petit – c’est une femme c’est entendu)

de petits signes à peine perceptibles (lui avant elles)

on s’en fout, il faut y être au générique, c’est tout – mais dans un certain ordre –

kinotechnique, kézako ?

(André Coutant a inventé une espèce de caméra, c’est pour ça)

il pleut, tu as vu

on en termine

les auteurs (il faudrait parler aussi de Pascale Dauman, l’épouse du producteur, de l’un des producteurs (parler de Philippe Lifchitz), du fait d’intituler la firme Argos, de la (co)production, quelques années auparavant, du « Nuit et brouillard » d’Alain Resnais (1956), il faudrait remonter sous la pluie les Champs Elysées, l’été  peut-être…)

 

Chronique d’un été, un film (assez documentaire mais magnifique quand même) d’Edgar Morin et Jean Rouch

c’est pour bientôt (Le joli mai)

 

 

 

On aime la prémonition, comme on aime la fierté – Godard avec sa chinoise (1967) qui prémonitionne le prochain mai, ce genre de choses – « le blog est fièrement propulsé » ce genre d’obscénité de marché – je n’en ai pas regardé beaucoup (une demi-heure je crois – je l’ai vu en 80 et en entier) mais j’en avais apprécié déjà le générique – c’est un peu la moitié d’un film* que son générique, celui de début – en tout cas, s’il est réussi, c’est déjà très bien. On passe trois minutes de plans assez fixes, de ce genre

* : je me souviens que Allain Leprest disait qu' »une chanson, c’est 50% les mains » (c’est sans doute pourquoi Georges Brassens joue de la guitare)

(une silhouette, féminine – on ne sait pas de qui il s’agit (faudrait voir si elle est créditée au générique de fin – s’il y en a un) (je crois qu’il n’y a que le mot « fin » comme on faisait alors) – elle monte sur le faîte d’un toit, (des cloches, des sirènes de pompiers,un chant… (une voix, celle du récitant) elle s’arrête se tourne vers la caméra) on est fondé à croire (disons) qu’elle voit ce qui suit (des paroles de radio)

c’est Paris – on découvre donc une quinzaine de plans fixes, fumées et brouillards, ombres et lumières (« aridité et tendresse »)

on reconnaît assez vite le décor (n’est-ce pas)

enfin ça pourrait être n’importe où – cependant

un peu de Napo  haut de colonne Vendôme – et puis la porte Dorée

les ponts les métros d’alors

j’en oublie quelques uns (ici c’est peut-être la ligne Nation -Étoile (pas encore dédiée à Charly) par Denfert après le quai de la Gare) puis sera cadré le CNIT de la Défense

en ce temps-là, il y avait là-bas des arbres (c’est à soixante ans d’ici) – un panoramique vers le bas cadrera le Trocadéro

puis ce seront des ombreson décèle qu’on se trouve sur la tour Eiffel – (le récitant « c’est eux-seuls (les Parisiennes et les Parisiens) qui peuvent nous dire de quoi est fait Paris au mois de mai ») et débute le générique (accordéon)

(maison de production qui n’existe plus, créée en 1962) puis

le titre du film donc (durée deux heures vingt-trois)

(Pierre Lhomme est  un opérateur, Chris Marker un pseudonyme) les plans sont fixes, et on entend la voix du

(alors en pleine gloire, probablement aidant au financement du film)

(directrice de production, attachée à la maison Sofracima) puis ici

cette fonction qui est plutôt employée dans le vocabulaire de l’opéra ou de l’opérette (ce doit être la scénariste, probablement) (on indique sans doute par là le fait que le film du genre documentaire a quelque chose d’un peu différent de ses homologues) on continue

« tout est vrai » – puis

(c’est à cette fonction que Rouch et Morin avaient engagé Marceline (encore seulement) Loridan (avant de devenir Ivens bientôt) pour leur « Chronique d’un été » – ça donne l’idée de faire pareil pour cet autre) (on en reparlera) (je vais me renseigner sur ces enquêteurs-là)

(le cinéma est un truc de mecs)

ici la production

et là le montage (castratrices alors ?)(ce sont des images animées : passe la DS, une autre entrera)

(le crédit aux marques et aux puissances de production techniques)

le visa d’exploitation obligatoire et la profession de foi

(la guerre d’Algérie et les accords d’Évian (mars 62) c’est du passé) et le film peut, à l’ombre de la tour, commencer…

 

 

(graphique en diable : l’année précédente, c’était « L’année dernière à Marienbad » (Alain Robbe-Grillet, 1961) lion d’or à Venise, encore un auteur (comme Marguerite Duras) qui passe à la réalisation et au cinéma (au vrai pour le détruire – dit-elle) (il faut toujours continuer à se battre…)

On espère en ce prochain joli mai…

 

 

en dédicace à Pierre Grunstein (il habite pas loin – je me souviens de « Tess » – son fils (je me souviens de la pelouse et de la Pléiade) et sa fille, en face)

 

 

 

 

les cigognes de Mikhaïl Kalatozov

 

 

 

 

 

Parler de cinéma (soviétique c’est vrai) – une palme d’or en 1958 à Cannes – plus de soixante ans de ça, président du jury : Marcel Achard – la fin de la guerre date de treize ans – le lyrisme : par exemple ce plan, elle court

elle court encore

elle cherche son amoureux

c’est que la guerre commence (il y part, il y est parti)

l’armée qu’on dit rouge et ses chars (travelling bas haut – à la grue sûrement)

elle court encore

elle est sous le titre du film (au dessus du « d » de quand) (c’est une surimpression d’un film annonce – sans doute à la faveur d’une sortie en dvd, un marketing de maçon – lapalissade – en temps de réclusion inique) cependant le plan : une prouesse de mise en scène et en place – les figurants, les chars, la poussière l’héroïne : une merveille, du cinéma tout bonnement – une histoire d’amour

ils s’aiment (mais ne) et se promettent (pas encore) leur vie (presque : un billet qui n’arrive pas à destination (un peu comme dans Cinéma Paradiso (Guiseppe Tornatore, 1988) et le fil se rompt) (une tragédie – une tragédie que la vie, que la guerre…)

pourtant

il la raccompagne chez elle

elle s’en va

mais elle ne le retrouvera plus – noir et blanc sublime (elle épousera un couard (le cousin du précédent), mais c’est elle le centre du film et de la narration)

la guerre

où la mort rôde, la guerre et l’horreur – puis reviendra la paix

sans lui, sans doute… Une vraie merveille

Elle c’est « Tatiana Samoïlova (qui) sublimée par les trouvailles visuelles de Sergueï Ouroussevski (le chef op, formidable) , crève l’écran » (je cite quelques mots trouvés je ne sais plus où).

Quand passent les cigognes, un film de Mikhaïl Kalatozov (son image en entrée de billet) 1958

à voir du même (avec le même chef op) Soy Cuba (l’arrivée au pouvoir du Lider Maximo, en pays frère…)

dans le même registre (la guerre et ses horreurs, comment tenter d’en rendre compte) au lyrisme sublime aussi (mais en couleurs) « Le temps d’aimer, le temps de mourir », Douglas Sirk 1958 (même année…)

 

 

 

Exposition

Parfois quelque fois de temps en temps je laisse mes doigts agir pendant que ma tête digère

dilapidation disruptive

Il y a une sorte d’hystérie en ce moment avec ce qui se passe, je dis ‘en ce moment’ mais ça commence à faire, je dis ‘ce qui se passe’ au sens large, ce n’est pas réservé à une sphère particulière spéciale spécifique etc., vu que ce qui se passe au sens large te dit des choses au sens large qui t’atteignent au réveil chez toi, comment sortir comment ne pas tomber malade, où aller et est-ce que c’est autorisé d’aller acheter les chaussettes pour le petit dernier, bref le mot que je cherche est quotidien, ça touche au quotidien

Je passe sur le fait que la parole n’est pas égale et que, de loin, à vue de nez, à ouïr d’oreille, on a l’impression que ce statut est partagé (rester chez soi en se posant des questions existentielles sur le sens de la vie tout en relisant Proust et en faisant soi-même son pain serait une pratique commune), ce statut serait significatif symbolique, à se demander quels petits corps magiques aux mains magiques et transparentes te donnent ton ticket de caisse

Ce qui se passe en ce moment a une couleur et surtout une rapidité et une texture papier de verre incontestable
La couleur je ne sais pas, si je demande autour de moi elle est plutôt très moche

La rapidité c’est que tout s’enchaîne s’escalade brinquebale breloque palpite en ribambelles de dominos jetés à travers la pièce, si je prends deux minutes pour regarder ça me fascine

Parfois c’est une tragédie grecque ou du Labiche ou un chapitre du Prince de  Machiavel, il y a du mensonge des postures et des sous-entendus des tractations internes des négations intempestives des réactions épidermiques enfantines – de gens qui sont plus vieux que moi parfois, comme quoi

Il y a beaucoup de violence beaucoup beaucoup de violence les rézos les rézosocios c’est sûr mais est-ce que c’est certain, je veux dire est-ce qu’ils ne sont pas le symptôme de la maladie ou comme on dit la pointe de l’iceberg (iceberg, banquise fondue, à ce propos dans ma ville les branches de sapins coupés couvertes d’une mousse blanche chimique polystyrène décorent les rues, c’est une camionnette de la mairie frappée d’un logo écoresponsable qui les décharge)

Je crois qu’il y a beaucoup de violence parce qu’il y a une contradiction géante quelque part qui flotte là-haut

Par exemple donner la parole à de plus en plus de gens mais ce sont toujours les mêmes qu’on entend

Oui je ne dis pas « donner la parole à de plus en plus de gens et en même temps ce sont toujours les mêmes qu’on entend », je ne dis pas en même temps, je dis mais, ça me semble plus factuel

mais primitif

Par exemple ces idées qui parlent d’un mythe superbe la Fronce ce grand pays mais Calais ce qui se passe à Calais (quand ça se passe idem éclairé par la tour Eiffel, l’effroi soudain, la découverte parce que des phares s’allument)
et par exemple les femmes qui accouchent sur la route de la maternité parce qu’elle est loin, qui accouchent sur le bas-côté (c’est un exemple)
et par exemple des bureaux de poste fermés mais tu peux demander au facteur à la factrice de passer pendant sa tournée sonner chez ta grand-mère pour voir si  elle va bien si ça t’inquiète (service payant)

mais irréparable

Aussi le mais de la contradiction, cet homme jeune, bien mis, qui semble tout à fait civilisé, libéral au sens de liberté, mais c’est un vieux monsieur, très vieux, un contemporain de Victor Hugo si tu vois ce que je veux-napoléon-trois-dire

non mais

un vieux monsieur qui donne des ordres pour qu’on rajoute des dorures sur les murs du salon de son versailles mais il y a par exemple des étudiants qui meurent littéralement de faim qui font la queue à la croix rouge je dis pas en même temps tu vois je dis mais parce que ce qui flotte en très grand est un Mais gigantesque
les dorures mais les crève-la-faim

donnes-nous notre mais quotidien

Je crois que ce mais qui clignote et puis qui disparaît et puis réapparaît, arbitrairement, violent, c’est violent, c’est violent de voir la parole inversée et pour le coup la parole inversée touche à cœur à l’essentiel du centre, touche à Proust et aux mains des caissières tout pareil à la même altitude

(des lits d’hôpitaux fermés mais pour soigner, des usines qui fabriquent des raquettes de tennis mais on ne peut pas jouer au tennis, des restaurants qui ouvrent mais pas les universités)

combat entre mais et I prefer not to

L’hystérique du mais qui ne dit pas son nom doit se sentir très seul, il ne parle à personne, écoute des militaires et puis fait au jugé comme ça vient, coup par coup, avec une confiance en ses capacités à rebondir démesurée, il est capable d’affirmer que s’il rebondit à coté c’est un test pour voir si tout le monde suit

ce qui dans les mais indispose

Il fait au coup par coup comme ça vient en s’inventant des personnages j’aimerais bien être solennel se dit-il j’aimerais bien être princier se dit il j’aimerais bien être inventif disruptif se dit-il mais mais mais tous les mais qui ne sont pas des en même temps claquent comme cymbales, il faut dire que son emploi n’étant pas au départ destiné uniquement à l’art dramatique et les caméras étant partout, réellement partout, on peut filmer les cafouillages de l’acte deux scène un, un peu comme ces fans qui débusquent la rallonge électrique sous le corps du noble Boromir ou la montre à quartz au poignet d’un barbare dans Braveheart

extraction de mais avec aiguilles

Il a monté les échelons avec un « en même temps » mais c’est un mais qu’il faut entendre, et comme c’est psychologiquement maladif, c’est contagieux, ça fabrique ces éruptions volcaniques qu’on représente par du coca-cola qu’on a secoué, c’est contagieux parce qu’il organise autour de lui  ceux et celles qu’il embauche selon ce dogme

Par exemple, et de façon simpliste, Premier flic de Fronce mais faveurs sexuelles, ce mais qui ne peut pas être civilisé génère des retombées

Premier ministre de Fronce chantre de ce grand pays à l’histoire admirable grand H mais qui dit « peuh il faudrait s’excuser pour la colonisation et que sais-je encore ? » et hop d’un petit coup de talon gomme le passé

Un homme noir sous les coups répétés appelle à l’aide, il dit Appelez la police ! mais c’est la police qui frappe, ça en fait un grand MAIS, le symptôme ravageur d’une maladie de vieux monsieur

Il y a aussi maintenant j’y pense ces experts convoqués pour s’intéresser / conseiller / améliorer l’éducation (grand é) qui sont dans le civil vendeurs de flamands roses au mieux, au pire membre du GIGN, ce mais là est spectaculaire

Quand l’hystérique tout en haut joue avec ses névroses comme le saltimbanque lance ses quilles, et comme il lui prend l’envie de les enflammer parce qu’il aime les couleurs chatoyantes, ça brûle

Garant de la liberté de la presse mais le dit sur sur facebook, car ne sait pas se servir des symboles, sauf quand il s’agit de jouer l’empereur marchant devant une pyramide (du haut de laquelle des siècles nous contemplent voilà)

On devrait vivre en paix dans un monde civilisé puisqu’on a l’électricité, de quoi nourrir, de quoi loger tout le monde mais mais mais symboliquement a-t-on vu dernièrement un symbole de paix quelque part ?

C’est que les mots sont mélangés, paix égal sécurité égal contrôle égal consignes et châtiments, ça jongle des paillettes nocives

Après comme disent les sages il n’y a pas de hasard, peut-être que sa venue était logique, qu’il est arrivé à point nommé au moment où il le fallait, une longue montétrumpization, d’accord, mais très honnêtement, va falloir qu’il reparte

Je ne sais pas ce que diront les futurs et futures historiennes historiens de cette période que nous vivons dans deux cents ans, quand nous devrons nous endetter pour acheter nos bouteilles d’oxygène portatives (je ne suis pas pessimiste, juste un chouilla, c’est juste que parfois quelquefois de temps en temps mes doigts s’activent et ma tête digère)

le mais statique et la technique du mini-fight

il pleut, je ne peux pas aller sur la terrasse pour guetter les plantes et voir comment elles se démènent alors je pense

Je n’aime pas les jardins à la française. Je n’aime pas les buis taillés à la française dans les jardins à la française. Je n’aime pas les angles droits, les aplats, les circonvolutions imposées par les labyrinthes rigides et les massifs cubiques des jardins à la française. Je ne les aime pas, et ce n’est pas d’un point de vue esthétique, car au fond c’est plutôt joli cette géométrie vue d’avion. Je ne les aime pas, parce que c’est une question de rapport au monde, de rapport de domination au monde. De malaxer, modeler, couper le monde à sa convenance. D’imposer. Les thuyas en torsades me font mal aux yeux. Les boules de glace de buis vert dans les vasques de pierre me font mal aux yeux. C’est ridicule. Des buis en boules de glace ou entortillés en bolduc, c’est ridicule. C’est ignorer ce qu’est une plante, vraiment. Ce qu’est vraiment une plante. C’est ignorer sa capacité infinie à se débrouiller pour pousser entre deux gangues de béton armé. C’est ignorer sa force vitale et féconde dont l’idée première est de se développer vers la lumière avec le concept du « malgré tout » bien attaché au ventre, aux racines et au tronc. C’est ignorer que les arbres ont un battement de cœur, une pulsation de vie très lente, trop lente pour que nos capteurs limités la remarquent. C’est ignorer la variété des pistils, étamines, les pétales doux, rayés, pelucheux, rugueux, les constructions complexes et flamboyantes des feuilles pointues ou rondes qui tâtonnent pour avancer pianissimo, cherchant l’air et le clair en dépit des obstacles. C’est ignorer la vie. Les jardins à la française ignorent la vie. Taillent la vie. Soumettent la vie. La vie mange, la vie se développe, la vie s’insinue et s’étale, la vie déborde. Les racines percent le bitume, elles, contrairement à nous, nous et nos ongles friables. Et peu importe qu’on recouvre ces racines d’enrobé, qu’on les tailladent, qu’on les cimente, elles recommencent, car c’est têtu la vie, c’est têtu d’une façon vive, d’une façon éclatante, imaginative, d’une façon conjuguée au futur, toujours. D’une façon prolifique, et têtue, si têtue. Les jardins à la française sont têtus eux aussi comme des comptables avec leurs lignes de chiffres cassants. Additionner, soustraire, ça n’est pas une méthode du vivre, ça, c’est une méthode de distributeur – de tickets, distributeur de bons points, distributeur de sodas et d’huile de palme en barres –, c’est une méthode qui range les gens qui ont tout perdu dans des gymnases, une méthode qui contrôle les papiers, leur possession, c’est ridicule de devoir vivre accroché à un bout de papier alors qu’on a été humains chasseurs cueilleurs vivants pendant des milliers d’années sans problème. Les lignes comptables et les distributeurs sont le contraire du fertile. Je n’aime pas le contraire du fertile. On ne peut rien faire du contraire du fertile. Le contraire du fertile produit des étendues désertiques. D’un point de vue esthétique, c’est assez joli les étendues désertiques, on peut y faire de belles photos, parce que c’est proche de la géométrie désertique des jardins à la française. Voilà pourquoi je n’aime pas les jardins à la française : ça prend des teintes vertes et ça tord le vivant pour l’épuiser. Ça assèche. Je ne veux pas vivre dans un monde sec. Et j’ai raison. Le monde le plus sec que je connaisse c’est la mort.

L’affaire du pigeon

Ça n’a pas duré bien longtemps, une heure ou deux à peine.
Quand j’y repense, ce qui m’a le plus étonnée c’est cette façon qu’il avait de frotter son bec contre les dalles de la terrasse, j’ai supposé qu’il tentait d’absorber un peu d’humidité, un reste de pluie coincée entre les rainures, il faisait glisser son bec selon un certain angle puis le même angle inversé façon miroir, un peu comme les patineurs artistiques lorsqu’ils inclinent leurs pieds tout en avançant, une diagonale, puis l’autre, ça avait l’air assez technique et même assez précis, j’ai vraiment cru qu’il allait quelque part, je veux dire que ça lui servait réellement à quelque chose d’utiliser son bec comme un patineur.
J’ai cherché dans un placard une de ces boules de graines sous filets verts qu’on achète à Auchan pour les mésanges. Ici les mésanges ne viennent pas. La terrasse c’est une cour enclavée, un parfait coupe-gorge à oiseaux quand viennent les chats, et ils viennent la nuit puisque je ramasse leurs crottes le matin. Donc ni mésanges ni moineaux. Et de pigeons, pas plus. Il faut dire que plus loin, plus haut, niche un couple de faucons pèlerins qui déjeunent aux pigeons tous les matins pendant que je ramasse ce que je ramasse. Alors même si ça commence à se couvrir de plantes depuis le confinement (il fallait bien que ça sorte ces pulsions de faire un truc de quelque chose pourvu que ça grandisse, que ça pousse que ça charmille ou comme disait Maryse que ça chélidoine, et que le jour d’après ne soit pas comme le jour d’avant parce qu’il y a un bourgeon), donc même si la terrasse commence à être bien verte maintenant, et même accueillante pour quelques butineuses (j’ai vu un jour un sphinx colibri), les oiseaux ne viennent pas, aucun. Mes boules vertes à mésanges pouvaient rassir jusqu’à la Saint-Machin, alors j’en ai écrasé une à la fourchette sur le ventre d’une enveloppe ouverte (je venais d’aller chercher le courrier, c’était la banque), et je suis sortie avec mon casse-croûte sur enveloppe pour pigeon.
D’abord il a reculé en me regardant vaguement. Sans me regarder en fait. De l’air de celui qui est préoccupé, qui n’a pas le temps pour des broutilles, ou qui ne veut pas voir l’homme qui fait la manche assis près de l’Arbre de la Liberté. J’avais trouvé deux grains de maïs dans la boule écrasée, je les ai jetés dans sa direction, pour qu’il comprenne ce que j’avais en tête. Ensuite je suis rentrée pour l’observer discrètement derrière la vitre.
Ça n’allait pas bien fort. Il tournait en rond, parfois plusieurs cercles d’affilée. Il donnait des coups de bec sur les dalles en préférant les endroits vides. De temps en temps il tournait complètement la tête en direction du ciel, dans une posture étrangement impossible, et ça faisait comme un jouet désarticulé, ou comme quand le caméléon désynchronise ses yeux, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a un hic, une malfaçon, que le produit n’est pas conforme aux normes européennes (logique, pour un caméléon), qu’on ne pourra pas être remboursé (réflexe absurde, je n’ai pas acheté ce pigeon, mais le mercantilisme quand tu baignes dedans, et même si tu veux te garder un peu d’esprit critique, ça te rentre par les pores, ça infuse et s’installe dans tes synapses par-devers toi).
C’était un peu inquiétant de le voir s’agiter avec cette attitude irrationnelle. Alors j’ai cherché sur Google « pigeon désorienté ». J’ai trouvé des histoires de pigeons voyageurs bagués (le mien était célibataire), et un topo sur l’emploi des pigeons par l’armée française pendant la guerre de 70. Aussi une liste de maladies de pigeons (« yeux purulents, diarrhées blanches, insuffisance respiratoire », moi qui ne savais même pas s’il respirait).
J’étais donc un peu démunie, honnêtement.
Puis j’ai fait autre chose, car ma vie ne se limite pas à la surveillance de pigeons défectueux (je surveille aussi les limaces qui dévorent mes plantes. Je les délocalise d’un coup de plantoir vers la grille d’égout, sans méchanceté. Je les trouvais infectes et j’avais peu de respect pour elles jusqu’à ce que j’écoute une conférence sur le blob, cette entité énigmatique, ni animale ni végétale, capable de se déplacer dans des labyrinthes, résistante au feu, à la dispersion d’un jet d’eau haute-pression, donc potentiellement immortelle et, comme c’est susceptible de doubler de volume tous les jours, nous devrions, nous, humains, être avalés, engloutis par un blob en quelques semaines, heureusement que les limaces le mangent).
Une heure après, je suis revenue voir le pigeon. Les choses avaient changé. D’abord il donnait des coups de bec dans mon enveloppe, je veux dire dans les graines, et non plus dans le rien. Ensuite il tournait beaucoup moins façon derviche, ce qui lui donnait une allure plus sereine, voire même plus naturelle.
Il est resté immobile un moment sous mon banc. Un peu renfrogné. Il pleuvait. La météo joue sur le moral des colombidés visiblement. Son œil rouge clignotait, ouvert, fermé, comme s’il tentait de redémarrer son système.
La dernière fois que je l’ai aperçu, la toute dernière fois (ensuite jamais plus), il était de l’autre côté de la cour, là où les voitures se garent. Debout et bien d’aplomb au centre d’un cercle.
Pas un cercle, une sorte de hublot (c’est serti dans le bitume et je ne sais pas ce que c’est, une lampe de sol peut-être, encore que je ne sais pas pourquoi il faudrait éclairer le sol ici, beaucoup de choses sur cette planète m’échappent).
C’est quand même merveilleux que le passage à vide d’un pigeon me fasse découvrir un hublot dans le bitume. Ou bien ce n’est pas vraiment un hublot (il n’y aurait pas de Nautilus sous le parking), ce serait une marque, un point de repère, les soucoupes volantes qui passeraient au-dessus s’arrêteraient et aspireraient ce qui s’y trouve. Le sachant, on pourrait s’y installer volontairement – ce serait un peu comme un arrêt de bus spatial – pour s’en aller explorer les trous noirs, les trous de ver, communiquer avec des espèces insolites, s’interroger ensemble autour du concept espace-temps, son élasticité (elles auraient un avis sans doute, à cause de ces travaux pratiques qui les amènent ici, non loin de ma terrasse en location, étudier les pigeons détraqués).
Il y a une terrasse dans la maison[s]témoin. Je voudrais tout à coup en savoir plus sur ses habitants, animaux, végétaux ou autres. Et avouez-le, ça pourrait donner lieu à une suite de questions épatantes, et/ou considérables.

C’est sûrement le paradis

 

 

 

évidemment, on n’a pas tellement le cœur à rire – ni à la comédie – on s’ennuie (on reste poli) dans les autos embouteillées, on patiente attendant l’autobus, les métros ne sont pas là, les gouvernants roulent dans leurs autos privées que la République met à leur disposition : c’est beau – il fait froid et entre l’ordure du vendredi noir et celles des fêtes de Noël, comment faire quand les finances ne sont pas si brillantes, et surtout ne pas gâcher, se gâcher la vie et l’émotion ? Comment faire pour continuer à penser à ceux et celles qu’on aime, à qui bien sûr il est toujours bon d’affirmer cet amour et de le réitérer encore et encore ? Des gens meurent dans la rue – plus de huit cents l’année dernière et l’autre cintré qui disait n’en plus vouloir :  menteur, qu’a-t-il seulement esquissé pour qu’il en soit ainsi ? Une loi travail – ni loi ni travail ? des yeux crevés et des mains arrachées ? Une femme morte chez elle, une autre grièvement blessée, les agents de ces crimes restés impunis ? C’est ce qui nous reste… Une comédie ? Un drame… On reste grave cependant et on soutient. 

Le titre de ce film , « Ce doit être le paradis », annonce vraiment ce qui est recherché – c’est l’histoire d’un type (probablement réalisateur de cinéma – puisque c’est lui qui joue son rôle, plutôt muet)

(là il tente de se débarrasser d’un oiseau qui veut l’empêcher de taper à la machine) (je dis taper à la machine parce que je préfère) (j’aimerai savoir qui se trouve en photo sur la droite de l’image) (ses parents ? lui-même?)

là, il est dans un taxi – le type qui conduit n’en croit pas ses oreilles

trop d’honneurs – notre héros, Palestinien, est à New-York et cherche un financement pour son film – on ne le sait pas trop (je ne le déclare qu’aux antisémites) mais mes parents étant juifs tous les deux, ils me l’ont cédée, cette appellation (je ne sais pas exactement ce que ça peut bien vouloir dire) et je me disais voyant celui-ci

lequel se sert dans le jardin de notre héros : voici des gens en guerre depuis soixante dix ans – voici des gens en guerre depuis des millénaires – et pourquoi ? un citron ? une orange ? – certes, il n’est pas avéré que dans les années trente ou quarante du siècle précédent, il y ait eu une hospitalité caractérisée pour cette peuplade disons au moyen-orient – ou du moins la plupart n’y émigrât point – mais on sait que tout ça peut se reproduire, l’homme (l’animal) est habitué à ce type de disposition – et de dispositif… – une comédie, oui, le réalisateur jouant son propre rôle, muet, va à Paris

– on aime Paris au mois de mai, les jolies filles tout ça tout ça – parfois, le champ pourtant y est vide (ici les jardins du Palais Royal)

là à la pyramide du Louvre

on y trouve parfois un type qui court, et planque sous une auto

un gros bouquet de fleurs – les flics le suivent

en un joli ballet, une femme marche dans le métro

les flics la suivent en un joli ballet – un type est installé sur une terrasse

les flics prennent 

des mesures (en un joli ballet), un type s’enfuie, les flics le coursent en un joli ballet – ça c’est Paris –

en France donc – et pourtant des chars

et des mirages

mais aussi des touristes qui cherchent

quelqu’un

mais non – ça c’est Paris – la France, et puis New-York (où tout le monde se trimballe armé jusqu’aux dents), on traque un ange

– on ne l’attrapera pas

– notre héros reviendra dans son pays, y retrouvera son voisin (le citronnier ou l’oranger aura poussé) – on verra un homme danser, magique et magnifique

et tout finira (comme il se doit) avec des chansons – mais des chansons joyeuses, jeunes et gaies – comme une note d’espoir et de joie.

 

« It must be heaven »

assez merveilleux (2019, mention spéciale du jury au festival de Cannes) (ici devant une librairie-papeterie transformée en salon de coiffure)

allez allez

en fait l’idée c’est de faire ce que l’on fait
avec plus ou moins de bonheur
plus ou moins de chance
plus ou moins de sérénité et de ténacité
plus ou moins de questionnements
sans oublier que nous ne sommes pas des îlots ou des gardiens de phare, faire c’est aussi regarder ce que font les autres avec plus ou moins de hardiesse, plus ou moins de vilenie, plus ou moins d’âpreté, plus ou moins de courage et/ou de cohérence
le faire des autres vient heurter s’engouffrer s’insinuer saupoudrer pénétrer notre faire à nous
et c’est ce qu’on garde de ces poudres de ces poteaux ou ces tenailles qui compte
par exemple j’ai lu cet homme qui dénonce ceux qui sont fiers de leur hideur
j’ai vu ces sit-in
ces armes maniées à la cow-boys
ces pelleteuses que des bras sans force repoussent, bras accablés
ces têtes hautes qui refusent de s’asseoir au fond du bus, qui refusent que les noyés se noient
faire, ce n’est pas difficile
faire, c’est impossible
c’est entre ces deux plateaux de la balance que son propre visage se sculpte en trois dimensions
et dans ce faire il y a aussi l’insu
ce qui survient et n’était pas prévu
parler de cinéma, ce n’est pas parler de cinéma, c’est parler des gens de comment ils vivent de comment ils sont vus de comment ils se voient de ce qui est proposé dans le faire
on peut se placer en vigie
on regarde ou on tourne les yeux
on fait comme ça nous chante
et parce qu’on fait ce qui nous chante ça sonnera toujours assez juste
(l’idée)
parce que les idées, ce ne sont pas des concepts, ce sont des corps
les rêves de piscines vides n’existent pas
ou bien c’est que les boutiquiers ont gagné ?
les boutiquiers à cols blancs dont les suv possèdent un pare-chocs anti rhinocéros en centre-ville ?
non les rêves de piscines vides n’existent pas
hop
inutiles
et déjà envolés
allez allez, ne traîne pas dit la voix, tout va bien

C’est ça l’amour

 

 

On avait aimé Party Girl où Catherine Burger travaillait avec une de ses acolytes femissiens (Marie Amachoukeli) et Samuel Theis (qui tenait un rôle à l’écran aussi). Ici aussi, nous serons à Forbach (ville du nord est de notre beau pays), et nous suivrons une histoire de famille (le cinéma français a ses thèmes ou ses genres : ici, l’un d’eux donc). A l’image, on trouvera Julien Poupard aussi : une espèce de groupe (l’union fait, aussi, la force). Dans l’image, on croisera la directrice de production (elle interprète la mère), la décoratrice (elle est la supérieure hiérarchique du père, lequel bosse en préfecture), la directrice de distribution (dans le rôle d’une camionneuse en short) (je n’aime pas le mot « casting »). L’amour des acteurs (une direction amoureuse, oui) et un scénario comme on aime : l’éveil la recherche la vraie vie un petit peu (je dis ça parce qu’il y a de l’autobiographie dans l’histoire : je me demandai de qui – la plus jeune, Frida ou l’aînée Niki – j’ai pensé Frida… (quelqu’un pour répondre dans la maison ?) il paraît que la maison est celle du père de la réalisatrice, lequel ressemble au sien comme je lui ressemble moi-même – une même histoire, un même amour des enfants, une joie de vivre et de partager)

L’histoire d’un père (Bouli Lanners, adorable)

et de ses deux filles (la blonde Frida (ici doublée), la brune Niki) (Justine Lacroix, vraie; Sarah Henochsberg, en acier – magique sûre et loyale)

dont l’épouse (la mère) (Cécile Rémy-Boutang, vibrante et lumineuse) est partie vivre sa vie (comme disait JLG)

Un éclairage de cette difficile passe

pour les filles

comme pour leurs parents, mais puisque c’est ça, l’amour (sans interrogation)

sans doute parviendront-ils (ensemble) à maîtriser l’incendie

Amours, tendresses, désirs, joie de vivre et confiance aussi – danser chanter et croire en notre humanité.

 

C’est ça l’amour, un film de Claire Burger

Il étouffe, dit quelqu’un.

Elle était très habile, elle a donné son portrait au lieu de le vendre.
Plus que satisfaite.
Tout ce qu’elle suppose est que Rose est une rose.
Que suppose l’acheteur de la maison[s]témoin ?
Veut-il vendre son témoignage ?
Une artiste canadienne confronte les objets : statuette de lapin blanc et bouteille de rhum vide.
Elle accroche des couvertures qu’elle a récupérées et réparées.
Que confronte l’acheteur de la maison[s]témoin ?
Que veut-il récupérer et réparer ?
On a tous besoin d’accumuler, dit quelqu’un.
On a tous besoin que quelqu’un fasse appel à notre intelligence sensible, dit quelqu’un (les plus belles chansons, les plus grands artistes, des archives jamais revues, alors que tous nous avons besoin de danser, danser, danser).
On a tous besoin de retrouvailles, de choisir, de vouloir, de nostalgie.
On a tous une bonne raison, dit quelqu’un, de rester jeune.
L’acheteur de la maison[s]témoin cherche la tranquillité.
Entre voie rapide et buissons, il se gare, il éteint la radio de son SUV compact urbain.
Il va accumuler de l’excellence : des meubles neufs agencés au goût du plus grand nombre, et la possibilité de ne pas être remarquable, au point de devenir remplaçable.
C’est ce qu’il désire : se muer en personnalité fulgurante, interchangeable, proliférante, être tout et tout le monde à la fois, anonymement.
Au premier abord, on se dit qu’il s’agit là d’un extrait d’humanité sans contours.
Qu’il s’agit de créer une œuvre artificielle, dépersonnalisée, détachée, impassible.
Bienvenue dans un monde enchanté, dit-il.
Ce qui n’a pas de prix est rare, fait événement, et pourrait bien apporter la pureté et le bonheur, sans trop d’impact émotionnel.
Si j’ajoute du jaune, de l’orange et du magenta, les gens seront fascinés.
C’est ma façon de montrer, dit-il.
La piscine[s]témoin ouvre.
À l’intérieur, tous les nageurs nous fixent sans expression.
Le cimetière[s]témoin est finalisé.
Quand ses grilles s’écartent, elles produisent un grincement accordé aux teintes des tombe[s]témoins, un gris moussu très élégant.
L’acheteur de la maison[s]témoin fréquente la piscine[s]témoin et se promène dans le cimetière[s]témoin, ce qui aide à sa digestion.
Le soir, sur son canapé[s]témoin, il ouvre la bouche en étirant sa mâchoire de façon phénoménale.
Il la garde ouverte.
Elle se transforme en haut-parleur.
Elle crie.
Rose est une rose.
Le supermarché s’étend sur cinq hectares.
S’il y a quelque chose de brillant et d’original, c’est bien le système nerveux.
Au bout de quelques secondes, tout est comme avant.
Dans des statuts facebook, on confronte les définitions de ce qu’est une œuvre d’art.
Le correcteur orthographique de quelqu’un a corrigé le mot œuvre en pieuvre.
Cette certitude est d’une densité admirable, oscillant entre réflexion et confusion, dit quelqu’un d’autre.
L’acheteur de la maison[s]témoin rend compte de tout, au coup par coup, de façon formelle et informelle, dit-il.
Puis il commente : c’est un vieil épisode qu’on a déjà vu.
La maison[s]témoin est le témoin d’effondrements d’autres maisons.
Celles-ci ne peuvent plus témoigner.
Quelqu’un avait perçu des subventions pour réparer des fondations, mais ensuite il a pris l’avion et a pensé à autre chose.
Le kérosène et les arbres se combattent dans les airs
L’affrontement est non équitable.
Le pouls est trop rapide.
On va le perdre.
Il étouffe, dit quelqu’un.
Les troncs sont découpés, broyés, petit bois et copeaux pour cheminées.
L’acheteur de la maison[s]témoin n’a pas peur des fissures.
L’acheteur de la maison[s]témoin ne craint aucune moisissure.
« Tout a un prix » est l’expression qui reste, après lavage.