Le sourire

 

Non, rien n’est simple (mais on y revient) (voilà qui a l’air de fonctionner comme il faut) (On remercie toute l’équipe, mmes C.Jeanney et R. Lecomte, mr.G.Vissac pour le boulot de désinfection de la maison(s)témoin) (On y revient) (on a du retard…) (on remet sur le métier la même ouvrage d’il y a quelques semaines) (depuis que le temps est passé, on reprend un dimanche, depuis ce temps-là outre-atlantique – comme on disait du temps où on n’était plus dans l’organisation du traité de l’atlantique nord – un autocrate tente de gouverner la fédération des Etats-unis d’Amérique, mais dans la rue et ailleurs, on voit des milliers et des milliers de personnes, et on tente quand même de faire barrage à l’ordure et l’avilissement).

Il s’agit d’une histoire de mariage et de repas ( les repas, au cinéma – et pas seulement, dans la vie -, c’est quelque chose de signifiant, un peu comme les génériques : transversalement, on compare, par exemple, celui du « Festin de Babeth » (Gabriel Axel, 1987) avec celui de « Festen » (Thomas Vinterberg, 1998)). Ce film-ci est assez librement composé (il s’agit peut-être d’une litote pour dire que la mise en scène est parfois approximative). Deux frères (ici à l’image)

R PV DS 3

cuisinent pour une fête de mariage assez enlevée (ça se passe en Egypte, je ne me souviens plus exactement, je suis désolé j’ai oublié). Durant cette fête de mariage, on apprend qu’un mauvais bougre veut s’emparer de cette entreprise pour y installer quelque chose de neuf, de clinquant, performatif et financièrement avantageux : quelque chose d’exactement contemporain, pour tout dire. On danse cependant

on s’amuse, c’est drôle et vivifiant

ça tournera au drame, mais là n’est sans doute pas l’important : encore que si, certainement, mais comme ça se passe dans le monde musulman, ça vous a quelque chose de tellement libre que le drame – qui est partout, c’est entendu, non seulement au Moyen-Orient (comme on dit) mais aussi ailleurs (aux Etats, au Canada, au Carroussel du Louvre, j’en passe parce que je ne veux pas plomber non plus trop le truc) – le drame passe après l’amour

quel que soit l’âge… On remarque que le père des deux cuisiniers (lui qui a fait la boutique, tant et si bien que la rue où elle se trouve porte son nom, un peu comme Emile Littré, ici, à Paris, a été dépossédé de la sienne par un potentat de l’édition) se trouvera aussi dans l’embarras de l’amour (son grand âge l’oblige à user de substances qu’il ne parviendra pas à dominer), mais la morale, à la fin, triomphera quand même.

Ici, en cette maison(s)témoin, donc, entre « Le ruisseau, le pré vert et le doux visage » (Yousry Nasrallah, 2016), témoignant de la gaieté et de la joie de vivre d’un peuple espiègle et cultivé, aimant manger rire et danser…

Primus en Norvège

(quelle est donc cette façon de faire, de toujours rester accroché à quelque chose, qu’on aime, certes, mais qui n’est qu’une sorte d’habitude, qui ne vit que par soi, qui n’a pas d’autre ambition, d’autre but, d’autre fin ? A quoi est-ce que cela peut bien ressembler ? Impossible de trouver, sinon à de l’addiction, simple, comme celui qui a besoin de sa dose; le surmoi conquérant impose de continuer parce que on a commencé, et qu’on ne s’arrêtera pas; seul : Quichotte, mais Sancho Panza, son âne Rucio et sa Rossinante, Jules Maigret et sa femme à blanquette, ou Sherlock et son fidèle Watson – j’apprends que la réplique « alimentaire mon cher Watson » n’est jamais tombée de la bouche du détective violoniste et cocaïnomane – « élémentaire », non plus, t’inquiète ) (il ne fait aucun doute que ce film-ci, même s’il n’y a pas que le cinéma dans la vie, se trouvera dans la cuisine – et pas seulement du fait de la carte postale de L’aiR Nu) (à paraître) (ne suis-je qu’un héros de fiction et ne suis-je donc que cela ?) 

 

Le héros de ce film (« Bienvenus! » ou « Welcome in Norway« , 2016 ) se nomme Primus par une sorte d’antiphrase (interprété par l’acteur probablement fétiche du réalisateur, Anders Baasmo Christiansen) (le réalisateur se nomme Rune Denstad Langlo – je me documenterai pour savoir s’il s’agit de noms composés ou de deux prénoms, l’un figurant celui d’un père/aiëul/grand oncle par alliance – si quelqu’un passe et sait, qu’il-ou elle-m’informe…) : il n’est maître de rien, n’importe, il possède (venant d’un héritage, semble-t-il) un hôtel qu’il veut faire fructifier (l’hôtel reste à terminer) : l’Etat propose à ses administrés de financer l’accueil de réfugiés à hauteur de cent mille couronnes par tête (soit à peu près onze mille euros) et Primus en accueillera donc cinquante. Ils seront dans son hôtel comme chez eux du moment qu’ils effectuent les travaux, et que l’hôtel se trouve aux normes. Primus est assez raciste, en un sens, et pour lui il s’agit d’une affaire pour s’en tirer. Les hôtes arrivent : ils vient les chercher en bus à la gare…

dans-le-bus-bienvenus

L’histoire rebondit (sa famille, sa femme, sa fille, tout ce joli monde vit dans le froid) (on l’a vue au 104 à Pantin), mais ce qu’on trouve de profondément différent c’est la place qu’occupent les femmes. Elles tiennent les commandes, d’une certaine manière. Ici, la policière et l’assistante sociale

bienvenus-police-services-sociaux

même à l’image, les hommes viennent ensuite (l’assistant social, l’hôtelier) :  un des réfugiés (qui n’a sans doute pas de papier) s’enfuit et tout le monde de le regarder faire (on ne peut pas l’attraper, il a passé une frontière communale…). C’est un film débonnaire, les enjeux sont de faire vivre ensemble une cinquantaine d’individus aux religions différentes (sinon antagonistes) dans un même lieu. Trois histoires se tissent, trois personnages les incarnent : ici Abedi (Olivier Mukuta)

primus-et-le-black-2

là Zoran (Sliman Dazi)

primus-et-larabe

enfin Mona (Elisar Sayegh)

bienvenus-3

(à gauche, devant la femme – Hanni (Henriette Steenstrup) légèrement déprimée de Primus – et sa fille Oda (Ninni Bakke Kristiansen) qui veut mener sa vie et y parviendra sûrement). Trois personnages qu’on  suit dans les détours de l’histoire (un scénario structuré et serré), dont les destinées seront différentes, on s’en doute, mais on accepte de voir leurs façons d’agir tout en les partageant.

C’est burlesque, même si le sujet est grave. On rit, on s’amuse, on s’attend un peu à ce qui se passera, mais le plus important, c’est certainement qu’on dépassera sa peur de l’autre et des autres pour s’entraider : c’est sans complaisance et très sensible.

Ici Primus coupe des tranches de pain pour le buffet (à la scie circulaire…) (voilà pourquoi la cuisine)

couper-du-pain

ailleurs il sera presque violé par la bibliothécaire (Line, alias Renate Reinsve

renate-reinsvequi elle aussi sait ce qu’elle veut), plus loin d’autres déploiements qui ne finissent ni en drame ni en tragédie (bien que la cruauté des diverses histoires affleure) mais donnent aux spectateurs du film un sens doux-amer mais tendre d’une sorte d’humanité où les religions, les couleurs de peau, les genres mêmes et surtout s’équivalent : l’important ne serait que des les unir… Lourde tâche cependant, mais probablement ici réussie.

les-3-bienvenus

En tout cas, sans prétention, sans leçon à donner, assez comique et suffisamment profond pour faire réfléchir sur nos identités européennes (même si la Norvège, comme on sait, ne fait pas partie de l’union : mais, de cela, qui en a quelque chose à faire ? Pas les réfugiés, en tous cas…).

A voir.

 

 

 

Marvin

(foin de trêve confiturière ou point, confite ou autre, je vais à la mine) (de deux fois de suite convoquer le cinéma étazunnien prouve la puissance de l’objet : dans le même mouvement, temps, dans la même italique, on voit bien aussi qu’on en est baigné et qu’il ne sert peut-être à rien de tenter de s’en éloigner) (je pense souvent à ces idées-là, la Syrie ou l’Irak, la Libye ou la Tunisie, ces façons de vivre, mourir, naître ici ou là, les rêves souvent en cauchemar voir la cabine d’un camion, savoir que derrière soi pousse la cargaison de trente six mille kilos et avoir confiance en ses freins lorsque la route descend d’une pente à six degrés) (ces temps-ci, je l’avoue, j’ai la gorge un peu âcre) (je cite)

 

La pure merveille des films de ce DjiDji ce sont les relations qu’il parvient à instaurer dans les couples qu’il dépeint, met en scène, montre, représente. Dans son précédent « Only lovers left alive » (2013), déjà le couple entretenait ce type de proximité magnifique qu’on aimerait tant parvenir à instaurer avec les personnes qu’on aime, c’est vrai, c’est chaud, c’est tellement doux et ensemble, l’impression de ne vouloir, des deux côtés que le bonheur de l’autre  (les grands mots sont lâchés, mais si le cinéma ne les employait pas, c’est qu’il serait devenu inutile) (il faut aussi savoir que l’utilité, en art, n’a rien d’une mesure – mais le cinéma un art, c’est une question qu’on se résoudra à ne pas à poser: ici, on fait en sorte de donner à voir quelque chose d’un film, il est dans le salon -ou le séjour – parce que c’est dans cette pièce-là que le drame se noue).

paterson-sur-le-canape

(quelques photographies sont copyrigth Mary Cybulski, réalisatrice américaine – et donc photographe – il n’y a jamais très loin non plus, comme on voit, de l’image fixe à l’animée). Laura est sans doute plus la maîtresse du chien que ne l’est Paterson (ici à l’image): lui est conducteur d’autobus

paterson

dans cette vile qui s’appelle Paterson comme lui (ou l’inverse). C’est une histoire qui a lieu sur sept jours.

Comme la genèse, hein.

(Je suis allé voir un peu ce Paterson, j’ai trouvé ceci

autobus-depot-paterson-nj

on dira qu’il s’agit du dépôt de bus dans la réalité (quelle est-elle ? je ne sais pas), en regardant un peu j’ai aussi trouvé cela

chutes-paterson

il s’agit des chutes d’eau qu’on trouve dans le parc historique de la ville – évidemment, je me suis renseigné pour savoir où Jim Jarmusch avait vu le jour -imagine-toi qu’il est de la même année que moi – et c’est dans une ville nommée Cuyoaga falls, chutes d’eau comme ici, les voilà

cuyaoga-falls

ce me serait assez égal, mais il se trouve que cette ville (style 50 000 habitants) se trouve dans la banlieue d’une autre, Akron, laquelle est en relation directe avec l’équipementier pneumatiques Goodyear, là où j’ai commencé à travailler à seize piges, ce qui resserre encore l’amitié que j’éprouve pour ce Djidji-là).

Je ferme la parenthèse.

Le type conduit son bus et écrit des poèmes.

paterson

Sa femme, elle, est entichée de noir et blanc (elle est adorable, tout comme lui)

paterson-et-laura

tous les matins on les trouve tous les deux (en plongée – magnifique) allongés dans leur lit -dans les bleus et blancs, dis-moi, tous les jours il va bosser, écrit trois lignes, tous les soirs revient, replace la boîte aux lettres (déplacée par le chien – tant pis, c’est dit) dîne avec Laura, puis

paterson-et-marwin

sort le chien (Marvin, ici son portrait

nellie-alias-marwin

derrière la salière blanche, la poivrière noire, dans cette petite maison que j’ai cherchée sans la trouver mais je suis à peu près certain qu’elle se trouve à Paterson) (en fait il s’agit d’une chienne, Nellie, à qui le film est dédié) (Nellie dans la vraie vie, tu vois ce que je veux dire) , puis croise ici un rappeur

paterson_d12_0170

dans une laverie qui répète, il va boire une bière au bar, croise le patron, quelques connaissances, revient le plus souvent hors champ, en fin de semaine (pendant le week-end, si tu préfères), voilà que Laura vend des gâteaux qu’elle confectionne

paterson-et-laura-2

(même s’ils sont dans sa topique, on ne peut pas nier qu’ils soient magnifiques et c’est pourquoi) : elle les vend tous, gagne un paquet de dollars (286 si j’ai bonne mémoire) et invite son chéri à manger une pizza et au cinéma où ils vont voir une île du Docteur Moreau comme on n’en fait plus (Island of lost souls Ernest B. Shoedsack, 1932, version en noir et blanc évidemment) et ils rentrent à la maison (il m’a vaguement semblé que cette projection mettait en scène la jeune Laura, mais je ne suis pas complètement sûr).

Ca ne finit pas mal, ce ne sont que des mots (je ne dis rien, je ne veux pas dévoiler).  Il part se promener le lendemain

paterson_d09-0100

et sur ce banc rencontre un japonais (tout comme Ozu Yashihiro) qui lui fait un cadeau, devant les chutes de Paterson.

Ce sera tout.

Une merveille.

En dédicace spéciale (Noël, nouvel an, tout ça)  à Pierre Ménard, à Dominique Hasselmann, et à l’Employée aux écritures pour son commentaire (et par suite, à Brigitte Célérier).

 

Dans trois mille ans

 

(publicité, propagande, j’ai beau faire attention à ce genre d’injonctions – si j’en vois une, je ferme… – comme j’aime le cinéma (même celui de chez l’oncle sam) j’en parle un peu avec des scrupules) (ce type d’italiques, en début de billet, ça permet de lancer la machine, mais c’est aussi, j’espère, dissuasif : sans un tout petit peu de sympathie pour Hollywood – une once, presque rien- on peut passer son chemin. Ici, dans la maison(s)témoin, on accueille toutes les sortes de fantômes goules et autres bizarreries, et c’est à peu près normal aussi qu’on y trouve des entités qu’on nomme « extra-terrestres » -bien qu’elles le soient, terrestres, évidemment, puisqu’elles ne sont que l’émanation d’esprits plus ou moins habités par ces histoires imaginaires – je les ai placées dans la chambre d’amis, parce qu’elles ne font que passer, et aussi dans la salle d’eau, parce que c’est sans doute grâce à l’eau qu’on parvient, ici, à les comprendre…).  

Ici, une jeune femme, linguiste (on l’appelle Louise – comme madame Brooks et ses araignées, au hasard – et Banks – comme je ne sais pas exactement quoi) (Amy Adams). Elle se trouve ici devant l’écran, une épaisse plaque de verre transparente sur laquelle, avec elle, correspondent les nouveaux venus (une douzaine de « coques », « vaisseaux » ou quoi que ce soit, habités par des genres de calamars à sept bras réparties sur toute la Terre (il ne s’en trouve point en France, désolé) – au fond de l’image, noire et grumeleuse : la paroi du « vaisseau »)

premier-contact-1

Elle a l’honneur, ou la chance, ou le culot, d’entrer en relation avec des êtres supérieurs (sans doute) qui lui disent venir en ami sur cette planète afin d’aider l’humanité à surmonter ses divisions (entre US et Chine, malgré les efforts de Nixon, ce n’est pas, comme on croit le savoir, l’entente cordiale) (on ne parle pas – trop – de la Russie : la géopolitique du monde est changée depuis que l’union soviétique -ça fait bizarre de parler de ça, pas vrai ? – n’est plus). Plus loin, ces entités (nommée « heptapodes » -z’ont sept « pieds » – discutent par flots d’encres interposés, sont tout puissants, s’en iront à la fin dissous comme nuage de lait dans thé anglais…) veulent nous aider car elles auront, dans trente siècles – une paille – besoin de nous (disent-elles) (car elles connaissent, tout comme Louise, l’avenir). En tous cas, douze trucs arrivent sur Terre : l’armée est sur le pont (ici, l’armée et son chef, incarné par Forest Whitaker – sont moins bornés qu’à l’accoutumée…) (colonel Weber) (on pense à Folamour, et Sterling Hayden (alias Colonel Jack. D. Ripper…) et à ce que cette venue aurait pu provoquer chez eux…)

premier-contact-2-forrest-whitaker

On cherche et on finit par trouver : grâce à la culture scientifique (très scientifique) de ce garçon-là (très très scientifique, physicien en diable) (Ian Donelly, incarné par Jérémy Renner) on parvient à comprendre le langage des extraterrestres, et surtout leur but ultime.

premier-contact-3

Même la CIA (dont on voit, dans l’image ci-dessus l’incarnation qui guette à la jumelle l’avenir) ne peut parvenir à mettre des bâtons dans les roues du (bientôt) couple. Et donc on discute le coup avec eux (les deux entités présentes aux US), et grâce à cette préscience dont est dotée cette mademoiselle Banks, on parvient à ne pas créer de dissension trop forte entre les divers Etats de cette planète afin de l’unir dans un but commun : continuer à vivre. Et à procréer (fatalement, pourrait-on suggérer) (on nous épargne la scène de lit, merci). Las, la progéniture est atteinte d’une maladie incurable… C’est donc en vain, en un sens, que tout ce qui a été entrepris se sera résolu. Mais enfin, nous verrons : dans trois mille ans puisque les fantômes s’en sont allés, et que la planète, elle, continue de tourner…

Le film (budget : 47 millions de dollars quand même) (en a rapporté, pour le moment, plus de trois fois plus…) (le cinéma est une (très) bonne affaire et aussi – bizarrement ? – le premier poste d’exportation du budget étazunnien, stuveux) est assez dramatique, le montage très alambiqué (on croit à des flash-backs, mais c’est l’inverse), l’image parfaite, les effets spéciaux réussis (on pensera à nouveau à Stanley Kubrick pour les changements de gravité entre l’intérieur du « vaisseau », et la Terre) : un beau film de science fiction au cinéma, ce n’est pas si courant…

 

La vraie nature du monde

thumb

 

Il y a là plusieurs histoires qui, toutes, se groupent pour donner un portrait de cette société-là (un groupe, une secte, une association : des hommes, pour la plupart, qui ne reculent devant rien pour asseoir leur pouvoir) – le wiki du film en compte cinq, c’est possible – il y a eu aussi une série télévisée tirée du livre de Roberto Saviano – un contrat doit être sur sa personne, il me semble qu’il doit être protégé par la police où qu’il soit – je ne sais pas grand chose de cette histoire- là je me documente, certes, mais les choses ne sont pas simples, non plus – c’est un lieu du monde qui doit se garder d’éclairages et de mises au jour – le type vit à présent à New-York, ou Hollywood, gardé par des flics dit la gazette – c’est un film qui raconte comment on entre, comment on s’adapte à cet univers, comment il faut montrer pour cela une espèce de courage.

Comment être au monde… enfin dans ce monde-là (le nôtre…?).

Au fond et typiquement un  tropisme masculin. Trahisons, haines, vices et trucages, mensonges et comédies, initiations idiotes et croyances imbéciles. Tisser une toile sur laquelle se peint la vraie nature du monde (on peut espérer que ce n’est pas la seule…) : ici comme ailleurs.

Le drame se joue à Naples, sans doute quelque faubourg (la documentation rapporte que l’auteur du livre dont est tiré ce film est originaire du lieu (Casal di principe, un quartier du nord de Naples) et que du fait qu’il donne les vrais noms des vrais gens, ceux-ci lui en veulent à mort).

gomorra-1

On veille, on guette (le sous-titre qu’on ne voit pas dit « gendarmerie dans la rue…! ») : descente de police

gomorra-3-police

tout le monde fuit – on tire on saigne, on meurt – des jeunes gens, ils n’ont pas vingt ans, ils reprennent ce qu’on faisait dire à Al Pacino (« Scarface », presque remake de celui de Howard Hawks (ah Paul Muni…)(1932) de Brian de Palma, 1983), « boum boum boum !!! » assène Marco à son acolyte Piselli (des jeunes gens, qui meurent, ceux qu’on voit sur l’affiche du film

affiche-gomorra

grand prix du jury à Cannes en 2008 sous la présidence de Sean Penn ), le titre probablement une contraction de Gomorrhe (l’une des deux villes ensevelies sous le feu de Dieu, selon la genèse) et Camorra (la mafia napolitaine), j’ai pris des images du film-annonce, travaillées recadrées, j’ai tenté de faire quelque chose, mais le point n’y est (toujours) pas

gomorra-2-compter-largent

on ne cesse pas de compter les billets de banque, on enfouit des centaines de tonnes de déchets toxiques (800 tonnes ? oui, 800 tonnes… c’est illégal, ah oui)

gomorra-4-800-tonnes

c’est qu’il n’y a aucune loi, sinon celle du plus fort, du plus riche, du moins regardant, on s’en fout, on flingue, on entraîne des jeunes types de quinze ans ou moins

gomorra-5-je-bosse

on tire dans le tas, on s’en fout on veut qu’ils meurent, on veut qu’ils perdent, du sang, de la haine, et pas la moindre (ou si peu) présence de l’Etat – c’est une certaine idée de l’Italie, de la démocratie tout autant – et pendant ce temps-là Berlusconi gouvernait… – trahir, toujours : ici le portrait du « caissier »

gomorra-6-ne-reviens-jamais-ici

qui vient, pour les capi distribuer de l’argent aux familles de ceux du clan qui sont en prison… (il n’y en a jamais assez, d’argent)

ground-zero-nyc

On apprend à la fin du film, avant le générique, que l’argent de cette société s’investit aussi dans la reconstruction du Ground Zero (Sol zéro, ici à l’image gsv 2013) en remplacement du world trade center tours jumelles : il ne fait pas de doute que l’argent n’a pas d’odeur.

Série sorcières #4

 

 

Au début, ils étaient dix neuf (les photos, on les trouvera) puis ils ne furent que dix à être « entendus » par cette commission (les enfants, tu sais comme ils sont adorables et pertinents surtout, appelleraient certainement ça la grosse commission) (les guillemets à « entendus » parce que personne ne risque d’entendre ou d’écouter ce que ces gens ont à dire : le juge John Parnel Thomas fait taire, point). Et les dix, les voici avec deux de leurs avocats

12 Dec 1947, Los Angeles, California, USA --- Cited for Contempt. Los Angeles: Nine of Ten Hollywood writers, directors, and producers cited for contempt of Congress, await fingerprinting in the U.S. Marshall's Office after they surrendered. They are (left to right), Robert Scott, Edward Dmytryk, Samuel Ornitz, Lester Cole, Herbert Biberman, Albert Maltz, Alvah Bessie, John Lawson, and Ring Lardner, Jr. Dalton Trumbo is scheduled to appear shortly. These are the men who refused to state whether or not they are Communists when questioned by the House Un-American Activities Committee in Washington recently. --- Image by © Bettmann/CORBIS
12 Dec 1947, Los Angeles, California, USA — Cited for Contempt. Los Angeles: Nine of Ten Hollywood writers, directors, and producers cited for contempt of Congress, await fingerprinting in the U.S. Marshall’s Office after they surrendered. They are (left to right), Robert Scott, Edward Dmytryk, Samuel Ornitz, Lester Cole, Herbert Biberman, Albert Maltz, Alvah Bessie, John Lawson, and Ring Lardner, Jr. Dalton Trumbo is scheduled to appear shortly. These are the men who refused to state whether or not they are Communists when questioned by the House Un-American Activities Committee in Washington recently. — Image by © Bettmann/CORBIS

(je me demande si c’est joli joli de poser une photo comme ça de chez truc en copyright : si c’est pas beau je la recadre, y’a trop d’air gauche cadre, t’inquiète) en tout cas, on les voit là, ils ont tiré un film de cette aventure (si on peut appeler ça une aventure, une descente aux enfers intitule cet épisode l’auteur du livre en référence) réalisé par John Berry (visible ici), en 1950, dix (la plupart scénaristes) à ne pas vouloir répondre à la question de savoir s’ils sont, ont été, ou seront communistes. Ne pas répondre, c’est une insulte au tribunal : sanction, la prison – une année. Et en sortant, être certain de ne pas retrouver de travail (et donc prête nom, embrouilles et  départs souvent soit vers la côte est soit ailleurs, en Europe – Londres ou ailleurs). Charlot n’en est pas revenu (merci, les états).

On sait qu’ils ont été dénoncés par le FBI (en ouverture de ce billet, l’image bonhomme de son chef : Hoover, 48 ans de maison) lequel avait aussi la possibilité de se renseigner ailleurs, dans une certaine presse, par exemple le Hollywood Reporter, en la personne d’un certain Billy Wilkinson (ici à l’image avec Norma Jean Baker (en spéciale dédicace à Anne Savelli) alias Marylin Monroe (fin des années 50 je suppose) et avec Cary Grant -en 34, date de son  portrait).

1934-billy-wilkerson-directeur-hollywood-reporter-1-liste-de-supposes-communistes

Délation, mensonges, suspicion, un tas d’ordures, deux ans après la fin de la guerre et les bombes atomiques, l’extrême droite au pouvoir, et la haine des communistes en action. On n’a pas à juger, certes. Seulement des centaines de vies ont été, de ce fait et dans les années qui vont venir, gâchées, brisées, foutues en l’air par ces gens. On ne juge pas, mais que reste-t-il aujourd’hui du maccarthysme ? (le sénateur qui mettra tout son zèle au service de cette chasse, et qui finira alcoolique en 58, mort dans sa haine) eh bien, voilà tout. Les états unis, le sud raciste, un mur contre le Mexique qu’on construit à nouveau, encore et toujours, et encore, le peroxydé facho aux commandes (et écrire ces mots blesse, on espère dans un sursaut, quelque chose mais quoi ? l’élection est légitime, même s’ils sont moins nombreux à avoir voté pour lui…)

Ils étaient dix neuf à être convoqués par cette commission qui n’en écoutât que dix. Puis, des centaines de types et de femmes furent interdits de travail dans le cinéma c’est aussi simple, stupide et ignoble que ça. Demain, l’administration de la pourriture sortie des urnes censitaires des US déclarera que la population devra se déclarer musulmane ou non, sous peine d’amende, ou plus encore. Demain, au pilori, jettera-t-on d’autres humains, seront -ils lapidés comme dans les pires dictatures (on pense à « Timbuktu » (Abdherramane Sissako, 2014), on pense à Pierre Fresnay dans « Le corbeau » (Henri-Georges Clouzot, 1943), on pense à Joseph Losey et à tant et tant d’autres…) ?

Episode frappé au coin de l’actualité (aujourd’hui, on nous assomme de « résultats » d’une consultation où l’emporte, dit-on, la plus obtuse et fermée des opinions – anti-avortement, pro-abolition de l’impôt sur la fortune, anti-code du travail, pro-entreprises décomplexées, laquelle vit en château et se goinfre – de rillettes, probablement). Et probablement aussi, dernier épisode de cette série témoin de la bêtise et de l’obscurantisme.

Vive le cinéma.

 

 

 

 

Fuocoammare

 

 

 

C’est par centaines de milliers qu’on recueille les réfugiés, ils viennent d’Afrique noire, sous le Sahara qu’ils ont traversé, passant par la Libye où ne règne plus que le chaos, on les jette en prison, des mois, des années, ils meurent, ils survivent, comment payent-ils ces milliers de dollars aux passeurs, on ne sait, ils meurent elles succombent les enfants, des milliers et des milliers, des réfugiés chassés par les guerres, les religions, les impostures armées, la force et la servitude, les tortures, les exactions les meurtres les viols. Des hommes à d’autres hommes… Des centaines de milliers.

fuccoammare-3

Ils accostent parfois sur l’île de Lampedusa (on ne les voit guère, ils passent la nuit, ou au petit matin, on ne les voit pas, on vit) et les enfants comme les adultes vivent quand même. Ce n’est pas que ce soit une honte, non, mais c’est tellement injuste (qui a dit que la justice existait ici ?).

fuoccoammare-1

Des jeunes garçons, celui de droite se nomme Samuelle, il mangera des pâtes à la sauce tomate et aux encornets préparées par sa grand-mère, laquelle lui expliquera le froid, l’hiver, la mer et les pêcheurs, elle coud des ourlets à ses serviettes ou ses torchons. Ils vivent. Les autres aussi, ils jouent au football, on les voit de temps à autre, nous seuls, pour les habitants, sans doute est-il impossible de se savoir ici, presque bien portants, presque heureux au fond, de la vie qu’on mène. Nous autres, la crème de la terre…

fuoccoammare-4

Un seul homme dans le film nous indique s’en occuper, c’est le médecin, qui bien sûr en fait des cauchemars, bien sûr des morts si fréquentes, des images qu’on ne peut soutenir, des morts, des frères, des soeurs, des vies volées, pourquoi les leurs, pas les nôtres ? On ne sait pas. Ils et elles meurent, femmes violées battues emprisonnées, enfants estropiés, dénutris assoiffés morts de faim  de soif morts, tant et tant de morts, sur cette île

fuocoammare2

entre la Libye et la Sicile, l’Italie qui les recueille « Où êtes-vous ? dit la radio, quelle est votre position ? » et la même  radio qui diffuse cet air « Fuocoammare » (qui veut dire « la mer en feu ») une chanson douce dédiée par Maria à son mari en mer, et cet autre pêcheur qui va, cageot en mer, chercher des oursins, cette mer-là, la même, qui engloutit tant et tant de vies, ces guerres qui déciment tant et tant de belle jeunesse, inflige tant et tant de morts…

 

« Fuocoammare », un film documentaire de Gianfranco Rosi (2016).

 

 

Série sorcières #1

 

 

C’est indéniable : il manque ici un coin où déposer les ordures – en même temps, personne n’y vit, pas de déchets, pas de commodités non plus, on comprend bien mais enfin, tout de même et malgré tout, cette série-là que j’entreprends sans savoir si je vais jamais parvenir à tenir -tous les mercredis – quelque chose sur le bouquin – je crois que ça peut durer huit itérations – cette série-là y aurait une place puisqu’elle retrace une période assez idoine, mais qui m’importe -je suis né là-dedans, dans un département protégé il me semble, loin de la neige et des pluies d’automne, à peu près dans le moment où les choses se gâtaient un peu – en mars de cette année-là (celle où je vis le jour) celui qu’on nommait le « petit père des peuples » cassait sa pipe (plus bas PPP) (peu de regrets stuveux), en juillet à Panmunjeom (le 27, à peine avais-je six semaines) l’armistice était signée en Corée, quelques années plus tard dans notre beau pays, celui qu’on nommera « tonton » début quatre vingt créait les compagnies républicaines de sécurité, les peuples commençaient à vouloir et à pouvoir disposer d’eux-mêmes (on se souvient aussi de la conférence de Bandung de 1955, aussi, quand même).

Comme ce que j’avais entrepris pour les femmes de ce pavé titré « Le Nouvel Hollywood« , je continue mon exploration d’un lieu créateur de cette industrie étazunienne première exportatrice de ce pays.

Commence ici donc la mise en images du « Les sorcières d’Hollywood » de Thomas Wieder (Ramsay poche cinéma, 2006)(de la prouesse selfique ou selfiesque duquel  on se souvient peut-être – on voit qu’il aime le cinéma, hein) –  ici au premier plan alors que là-bas dans le fond – le protocole est respecté – nono et son homologue Barak attendent qu’on en finisse avec ce cirque

tw-a-lelysees

) sous titré « Chasse aux rouges et listes noires » – j’aurai mis une majuscule à « Rouges » mais chacun fait ce qu’il peut. Des sorcières, comme des fantômes, ou des êtres surnaturels. Voilà tout. On remarque que, pour des sorcières, il ne figure guère que des hommes… Les desseins des pulsions de cette part de l’humanité sont parfois parfaitement éclatants. 

La seule ambition de ces billets sera de montrer, si je les trouve, les visages de ces gens-là.

 

Le commencement sera dû (disons, pour faire simple) à un certain Martin Dies (affilié au klan (une ordure de plus), eh oui, démocrate et texan : la complète)

martin-dies

préparateur en chef de la chasse aux communistes dans les états des années trente et quarante (le communisme a assez bon dos : en fait, il s’agit d’abord de chasser du pouvoir Roosevelt et consorts).

Ici une image de Franklin Delano Roosevelt, y’a pas de raison (encadré par Winston « no sport » et le PPP à Yalta) (manque Charly dG sur la photo, il en sera bien marri).

stal-roos-et-church

Viendra ensuite, sur les traces immondes de Dies, Sam Wood, réalisateur (connu aussi au préalable pour ses films mettant en scène les Marx brothers) ici avec Mickey Rooney (à gauche et jeune, c’est déjà une star)

wood-et-mickey-rooney

(Sam Wood connu aussi pour le fait de stipuler dans son testament – la classe, ça ne s’invente pas –  qu’il déshériterait ses enfants s’ils s’inscrivaient au parti communiste). Recommandable ? Je ne sais pas trop, mais ça ne fait que commencer. La « chasse aux sorcières » comme on  l’a appelée : il s’agissait de flanquer tout ce qui n’était pas d’extrême droite en prison (je simplifie à peine). Les années quarante voient donc l’émergence de ces charmants garçons (beaucoup de garçons, très peu de filles, mais elles ne tiennent rien du pouvoir – le mois prochain, je pense que les choses vont s’inverser…).

Fin quarante cinq (son altesse Truman au pouvoir, on se souvient des 5 et 9 août de cette année-là quand même : deux ou trois cents mille morts…), arrive John E. Rankin, sénateur du Mississipi (clapote en 1960) à la présidence de la Commission des activités antiaméricaines

800px-johnerankin

qui débute vraiment cette chasse, poursuivie par ce John Parnell Thomas (il tient des listes noires) : c’est le deuxième en partant de la gauche

parnell

lui aussi sympathisant du ku kux klan (cette pourriture ne nécessite pas de majuscule) cinq joyeux drilles, pas à dire, et qui voit-on là, droite cadre ? Eh oui, Richard Nixon avec ses potes, sans doute le plus jeune.

A la fin des années quarante, cette panoplie d’enchapeautés assez canaille va faire régner la délation, la trahison, la haine et la peur à Hollywood et dans tout le cinéma étazunien d’alors…

 

 

la suite au prochain numéro

 

Jusqu’au bout du monde

 

(ce n’est pas tant que ce film ait besoin qu’on en parle-grand prix du jury à Cannes cette année ça va plutôt bien pour lui – sans compter la pléiade de vedettes -elles sont cinq qui tiendraient seules chacune un film à bout de bras et hors de l’eau-, mais c’est cette façon de parler le français qui fait avancer le truc : le cinéma des US des fois ça va bien) (on ne parle guère du cinéma indien, tu vois, philippin ou je ne sais pas trop ces industries d’autres pays – a-t-on le droit de dire « je ne sais pas trop » j’ai peur que non, il faudrait chercher, j’ai pas le temps je ne sais pas où et les semaines succèdent aux précédentes) (en même temps, c’est aussi une affaire un peu sotte que de parler d’un film qu’on a vu : il faudrait faire l’inverse) (tant pis) 

Ce sont donc cinq rôles, un premier disons

gaspard-ulliel

(Gaspard Ulliel, Louis) et quatre autres (seconds ?). Les voilà tous autour de la table, on ne voit guère Vincent Cassel -il est en bleu – c’est le fils à Jean-Pierre- il jouait dans la haine il y a vingt ans -ici Antoine)

famille-a-table

il s’agit d’une famille (point de père : est-il seulement celui des trois, ou y a-t-il un secret ?), on reconnaît la mère (Nathalie Baye, en brune : Martine) puis sa fille ( Léa Seydoux, en tatouée dite Suzanne) au fond le fils par qui le scandale n’arrivera pas (Gaspard donc), l’aîné des enfants donc Vinz, et un peu de dos la bru (Marion Cotillard, Catherine). Il y aura bien un petit rôle de silhouette dans la scène de lit mais on l’oublie bien qu’il soit au centre du mutisme qui s’emparera de Louis – ou alors celui-ci (son mutisme) était déjà programmé (mais auquel cas il n’y aurait point de film). Louis vient annoncer sa mort prochaine à sa famille qu’il n’a pas vue depuis douze ans. Il ne l’annoncera pas (n’y parviendra pas, probablement), mentira sans doute en disant qu’il reviendra souvent, puis s’en ira. Unité de temps, de lieu, d’action (on passe sur les flash back qui mettent en scène Louis, un peu Antoine, un peu pas mal Pierre -son ami d’enfance, amant, amour, qui vient de mourir).

C’est un film qui reprend la trame d’une pièce de théâtre écrite par Jean-Luc Lagarce (librement adapté, dit-on)

jean-luc-lagarce

mort du sida en 1990. Ressent-on quelque chose de ce théâtre , sans doute (le carton de début dit « quelque part, il y a quelque temps » sans autre forme de précision), une espèce d’huis-clos, quelque chose de la contrainte, de l’autobiographie ? Peut-être, mais en sortant de la salle (où était-ce ? sur le quai de Seine, vu que le film est co-produit par cet exploitant-prod-distrib), je me disais que le pacte qu’on a avec un film était rompu : on sait que Louis va annoncer sa maladie sa mort prochaine qui lui vient d’elle – ou invente-t-on ? je ne sais plus exactement…- , mais puisqu’il vient dans ce but revoir sa famille (comme une dernière fois) tout tient sur cette annonce, une espèce de suspens peut-être; comment va-t-il s’y prendre – on voit bien ses réticences et ses difficultés, il en parle avec son amant-ami-mari au téléphone (est-ce bien un homme au bout du fil, je ne sais pas bien : il faudrait réentendre pour déterminer l’indice qui nous conduit à le savoir, ou le croire) – mais d’annonce, point.

On dira c’est l’incommunicabilité qui est mise en scène. Bof. Mais en français, en tout cas. Ca rappelle un peu ce qu’on disait des personnages du nouveau roman à une époque (qui brisait, parfois, le pacte avec le lectorat). Ca rappelle aussi ces films qui disposent d’une fin qualifiée d’ouverte (c’est au spectateur comme il l’entend de finir). Ca ne me plaît pas. Ca n’a pas d’importance, c’est vrai, mais c’est dommage (les acteurs, même Vinz/Toineau, ont quelque chose qui indique une direction forte et maîtrisée) parce que ça n’aide pas à croire en ce cinéma-là, or le cinéma, c’est l’art de l’illusion par excellence, et donc de la foi…

Générique de fin

 

 

(ça dit parfois « vaut mieux être seul que mal accompagné », et c’est vrai, mais là, c’est la dernière de la saison) (elle reprendra sans doute, on peut l’espérer, dès la fin du mois prochain) (ça dit aussi « y’a pas que le cinéma dans la vie », mais parfois, c’est quand même très bien, comme aujourd’hui) (je n’ai pas pris de photos, j’en ai volé une ou deux, ici, là, voilà)

 

Il y a quelques mois, il y a eu dans un obscur amphithéâtre de la rue de l’école de médecine, une présentation de ces deux cinéastes enlevées à notre affection (notre grande affection, pour les deux) : Solveig Anspach et Chantal Akerman. Il me semble me souvenir (c’était en janvier, ce n’est pas si loin, mais les limbes s’épaississent, et bientôt les vacances, et les restes des objets meurent doucement avant d’être transformés en poussières) qu’il y avait là le scénariste de ce film, magnifique, amusant, drôle, limpide, profond, si original et tellement entraînant sur des voies sensibles et intelligentes.

La scène du début est formidable.

effet aquatique 1

c’est Agathe (Florence Loiret-Caille, toujours aussi attachante) qui envoie paître avec fracas un type qui veut lui offrir (peut-être) un travail et plus probablement son lit.

Une scène de comédie comme on les aime et on pense immédiatement à Ernst Lubitsch mais on se souvient de « Queen of Montreuil » (2013) en effet, et c’en est la suite. Agathe est veuve, elle travaille dans une piscine (Maurice Thorez, à Montreuil), elle représentera les maîtres-nageurs du coin au Colloque Mondial qui se tiendra en Islande. Elle y retrouvera Anna

l'effet aquatique 2

mais suivie par une sorte d’ombre (Samir Guesmi, le grutier raide dingue amoureux de cette nana-là : menteur, puis boum ! il oublie tout…)

l'effet aquatique 5

mais dès le générique de début

l'effet aquatique 4

qui est un film d’animation à lui tout seul, on se sent dans une ambiance tellement douce et drôle, sereine, quelque chose du calme et de la joie…

l'effet aquatique 3

Une merveille que « L’effet aquatique » dernier long métrage de Solveig Anspach qui apparaît encore dans le rôle d’une juge drôlatique… Sous ces traits-là…

l'effet aquatique 6 Solveig

Elle nous manquera, on ne l’oubliera pas.