je ne peux pas écrire sur mon site ce matin (maintenance de l’hébergeur en cours) et c’est frustrant. Je suis habituée à écrire sur mon site quand bon me semble, mon site est un stylo à encre illimitée, mon site est un carnet infini qui ne manque jamais de papier, mais jusqu’à un certain point. Marcello Vitali-Rosati dans son Éloge du bug conseille de s’arrêter deux secondes sur ce qui coince, le bug, pourquoi ça coince, en quoi ça coince, et est-ce que ce ne serait pas une chance de débusquer quelque chose qui était jusque-là masqué. La maintenance de mon site n’a duré que quelques minutes, carnet réouvert, clavier en fonction. Dans un article ce matin quelqu’un parlait d’une poétesse qui faisait jaillir les mots sur le papier. C’est bizarre cet imaginaire qui dure. Moi aussi je métaphore mon site en carnet, papier, stylo, comme si j’avais raté la disparition des diligences. Je me sens très vieille devant la technique. Si je n’ai plus accès pour x raisons à mon site, je crois que j’en ouvrirais un autre, en repartant de zéro. Ou bien j’irais investir les commentaires des sites amis, je pourrais écrire dans les marges, les endroits qui ne sont pas prévus pour ça, les lieux hors site. Je pourrais raconter ma vie ou inventer une fable que je posterais comme avis sur un produit amazon, je crois que c’est une pratique qui existe déjà. Je suis trop vieille alors j’ai un peu peur de ce hold up continu et grandissant des grands groupes sur nos pratiques gratuites. Wikipedia trop woke changé en grok et des comptes supprimés parce que jugé païens. Et ça semble un peu inévitable, et pour le résumer terrifiant. Quand j’ai vraiment trop peur, je me dis qu’on devrait s’échanger nos adresses postales et à nouveau, comme avec des plumes d’oie, refaire « jaillir les mots sur du papier » pour du vrai, puisque c’est encore imaginairement valable. Ici aussi sur la maison[s]témoin il y a des injonctions, failles de sécurité, malware, extensions, mises à jour, problèmes décelés, je suis trop vieille. On ne peut pas faire comme si on n’écrivait pas à l’intérieur d’un organisme, une société, une structure, faire semblant qu’elle n’a pas d’influence. J’ai de la haine pour les livres de sylvain tesson par exemple, parce qu’il fait croire qu’il écrit depuis des lieux et des présents, il prétend être inscrit dans aujourd’hui et proposer un autre regard (élevé, de grantécrivain). Par exemple, il écrit « Nous sommes seuls responsables de la morosité de nos existences. Le monde est gris de nos fadeurs. La vie est pâle ? Changez de vie, gagnez les cabanes. » Qui peut gagner les cabanes comme il le dit, sans un petit pécule, un matelas financier ? Vous êtes pauvres ? Arrêtez de l’être. Vous faites face à du harcèlement au travail, vous êtes en dépression ? Bougez-vous, prenez l’air. Le salaire ? l’argent ? quel besoin ? vous êtes bien trop matérialistes, vous méritez vos vies grises, bandes de faibles. Les livres de tesson s’accordent ton sur ton en jolis camaïeux avec du poutine torse nu sur son cheval, du trump à dorures avalanches, et je présuppose qu’il ne sera jamais en manque de papier, carnet, ou de n’importe quelle affiche, distributeur, radio, hébergeur où écrire. Pour l’instant je n’ai pas trouvé de réponse au « quoi faire contre les dangers de la domination », à part broder des plantes, ou broder Qu’est-ce qu’on fait ?
c’est-à-dire que le grantécrivain est celui qui vend beaucoup de livres (qui fait vendre, d’ailleurs – quoi qu’il puisse se faire que le type (ou la typesse) aille dans une librairie pour autographier son nouvel opus (on dit comme ça) – c’est la même chose (à peu près) pour la grandécrivaine – quoiqu’il faille se méfier des femmes qui écrivent car elles lisent aussi, comme on sait) le primat de l’économie, du fric disons-le – demain goncourt tu vois aujourd’hui femina – (un prix « fait vendre » comme on ait aussi) – ce sont ces mœurs-là et la littérataire fait semblant d’y trouver son compte – car il est question de faire des comptes – toujours, l’affaire est un des dispositifs de comptable – les libraires sont content.es les éditions aussi les vendeur.es de papier et d’encre et de colle et du reste font marcher les affaires – c’est important – c’est nécessaire – c’est obligatoire – il n’y a pas d’alternative.
Hum – terrifiant, oui…
durant la première rétention (des mois de mars avril mai vingt), j’écrivais sur l’écran, le logiciel (libre) de traitement de texte, puis je copiais collais dabs le site de L’aiR Nu parce que la connexion était merdique (elle l’est toujours, c’est vrai aussi) – ça donnait une apparence une approche un peu différente aussi – ça fait que e mets des commentaires longs comme le bras – dans les marges, ailleurs ici et maintenant – ça m’est important que ce soit, en un sens, gratuit – et je ne crois pas que à ça cessera sauf faute de machine… Merci à toi en tout cas
j’ai écouté une vidéo écologistopolitique hier, à un moment l’intervenant a parlé du confinement, et il a dit que c’était une « distanciation physique » et pas « sociale » comme on l’a qualifiée alors, la preuve c’est qu’il y a eu des techniques pour se retrouver malgré l’éloignement physique (tout ça pour dire que les techniques sont pas toujours clivantes, mais qu’est-ce que ça fait peur en ce moment) (merci Piero+++)