La prochaine fois que quelqu’un occupe la chambre d’amis pendant que Papa est chez nous (il tourne entre ses quatre filles, c’est ce qu’il voulait, ne pas s’encroûter) il faudra qu’on pense à enlever l’urne. Parce qu’avec la correspondante d’Océane on a frôlé le drame : « I don’t want to sleep with your dead grand-father in my room – even reduced into ashes». Elle avait beau débarquer du Wisconsin, les yeux pas trop en face des trous, la potiche chinoise sur la commode, elle l’a trouvée bizarre. Et posé des questions. Océane l’a mal pris : elle aimait beaucoup son grand-père (mais l’urne rend moins bien sur les étagères de sa chambre que sur la commode de la chambre d’amis). Je le retiens, le vendeur, obséquieux comme pas deux, « je vous assure, chère Madame, le plus discret des modèles, idéal pour se fondre dans votre intérieur, 100% de satisfaction : voyez les avis sur Funer’Adviser ». La chambre d’amis est vide les trois-quarts du temps mais c’est toujours quand Papa fait ses trois mois à la maison qu’on a quelqu’un à y loger. C’est pas de veine. Mais je ne vois pas de meilleur endroit où l’entreposer : une chambre d’amis c’est fait pour les gens de passage.