Le style ou le registre de la rédaction est passé par l’absurde, l’obscène ou/et le vulgaire – c’est exprès sans que je sache vraiment si c’est parce que je trouve les personnages masculins particulièrement abjects – pratiquement tous, je le crains – ou parce que le film dépeint des actes qui me sont odieux – on disait dans mon jeune temps et le milieu social ou la classe ou la société ou le groupe : enfin la famille « on ne frappe pas une fille, même avec une fleur » – ça n’empêchait pas qu’on se chamaille (deux sœurs un frère et moi) (le plus petit-le petit dernier – le préféré disaient-il et elles) – je n’ai jamais vu mon père frapper ma mère – d’ailleurs ils ne frappaient guère leurs enfants – il doit y avoir une relation… Ici, on ne frappe pas les enfants, semble-t-il, mais c’est la femme qu’on dérouille…Une torture
ça se passe dans l’immédiat après-guerre (fin mai-début juin, 46) et ça se passe à Rome (il reste des traces du régime précédent, tsais), une histoire de famille
il y a une chose (un truc – une ellipse peut-être – quelque chose) qui n’est pas passée sous silence exactement mais qui ne se résout pas – c’est cette façon de cogner sur les femmes : dès le premier plan, elle (interprétée par Paola Cortellesi, aussi réalisatrice) prend une torgniole comme si de rien n’était : elle c’est Délia, et on ne sait pas, ce coup cette gifle : une insomnie, un mauvais rêve ? un refus de passer à la casserole ? (cette dernière éventualité (imagée pour rester dans le ton de l’époque et du lieu) est très peu probable : Délia ne se refuse pas – une épouse parfaite…) (on ne sait si elle envisage cet acte comme une preuve d’amour – elle regarde la table de nuit, quelque chose , une poussière, l’émeut et son mari besogne (hors champ, certes) – Délia a trois enfants dont une grande fille laquelle devrait prendre un parti assez impressionnant – c’était ily a quatre vingts ans en Italie, ça (le mariage) a toujours été la seule porte de sortie, comme en Inde où, de nos jours encore, les promises se suicident… –
un mariage d’amour et de raison –
cependant, le type en question est plus ou moins héritier non seulement de finances appétissantes (d’où vient cette fortune, c’est une autre affaire) mais surtout d’une façon de faire ou d’être, c’est difficile à dire – ça s’appelle cependant le patriarcat, la soumission de la femme à l’homme – point barre – sinon on cogne, c’est compris ? Faut-il faire un dessin ?
Alors Délia est là, qui bosse comme une damnée, du matin au soir – ménage repas de midi des enfants et du mari soins à domicile prolo mal payée dans une fabrique de parapluie
couturière courses (la deuxième en partant de la droite, c’est elle, elle attend, droite)
repas du soir pour le mari et les enfants vaisselle soins – il est tard le soir – et Délia va dormir
Mais elle vit et marche – et vit, a des amies
un ancien amour
(c’est fini, tsais) – elle vit, croise un militaire
ne comprend pas son langage – Délia va marier sa fille, c’est formidable, un parti tellement enviable – qu’on lui envie dans la cour – Délia vit au sous-sol, elle s’occupe aussi du père de son mari – elle n’a pas une minute, elle parle un peu – et son mari cogne – Délia ne dit rien, ses enfants comptent avant tout – Délia ne se taira pas.
Le jour des fiançailles, comme un acte manqué
tu veux que je te dise, c’est plus fort qu’elle et c’est parce que c’est elle, et elle femme. Ell ne laissera pas faire.
C’é ancora domani (Il reste encore demain) (Paola Cortellesi, 2023) un (premier) film courageux, en noir et blanc certes.