Le cinéma, c’est toujours un peu la même chose. Parfois, on aimerait pouvoir croire qu’on n’y est pour rien, mais voilà, non, jamais. C’est un peu comme l’histoire, cette histoire-là, celle de l’humanité aussi bien, cette histoire comme ce présent et cet avenir, en est-on ? L’accès à la maison est l’accès aux témoins : ici, avant qu’on y entrepose cric et horloge comtoise, photos de tableaux ou de graffitis, dessins ou icônes, mots enfin laissés là pour que d’autres s’en emparent, les lisent, les comprennent, ici vient qui veut, s’en va qui ne peut rester, je n’en sais rien, c’est égal, pour ma part, je n’ai rien choisi, et parfois, dans des moments de lucidité peut-être, je me dis que c’est tant mieux.
Il y aura des gens qui nous sont inconnus, d’autres qui seront passés à la postérité
sur le même monde, tu sais bien, debout toujours, des gens qu’on aime, qu’on a aimés, toujours est-ce un mot d’amour, toujours ces images-là, ces histoires-là, elles sont vraies, le cinéma, c’est un peu toujours la même chose, on nous raconte des histoires
Bordeaux, en juin mille neuf cent quarante, le Massilia, on croisera des gens célèbres (ici Antony Eden , au nom si prometteur de jardin, né un dix huit juin…)
au lieu de « gravats » peut-être aurais-je mieux fait de poser ce genre dans quelque « bureau » ? Je ne sais pas, il s’agit d’un documentaire, je fais ce que je peux, je ne sais pas, il dure des heures (faut-il compter ? les nombres, les cinq cents, les dix fois douze ça ne fait que cent vingt, une moue un peu dégoûtée, inconsciente, les additions, je les laisse à ceux – ce ne sont que des hommes, certes- que ça intéresse, moi j’ai des choses à faire) , ici monsieur Grave aux champs (c’est une photo que j’adore)
c’est parce qu’il rit, cette maison et ces champs, ces gens qui visitent, ce monde qui bruit, ces histoires là : madame Solange ici, coiffeuse
dénoncée puis torturée, brisée, que peut-on savoir de cette haine, puis ici, Raphaël Geminiani (un coureur cycliste qu’on a peut-être oublié)
le monde est tel qu’il est, il a son passé (enfouissons-le sous nos gravats si tu veux, mais ça ne sert à rien), il a son histoire racontée par les vainqueurs comme on sait, racontée par les hommes pas par les femmes, racontée par un idiot, voilà tout, c’en est fini du cinéma, la fiction, la volonté de montrer des choses et des sentiments vrais, désordonnés, cruels ou illuminés, doux et tendres, oui, montrer le monde comme il est, tiré d’une histoire vraie
ce ne sont que deux frères, l’un est Alexis, l’autre est Louis, je ne sais pas lequel, j’ai rendez-vous avec le mien il faut que je me dépêche, tu sais on lui demande un moment, dans ce film, c’est une merveille juste une merveille simplement sur la vraie histoire du monde, de la vie et de l’humanité, une histoire comme on nous en raconte de temps à autre, quelque chose qui peut-être pourrait nous endormir puisque c’est dans les rêves que les choses arrivent, Hollywood n’y est pour pas grand chose, les acteurs, les images, les éclairages, la nuit et le silence, quand on lui demande « mais jamais vous n’avez eu envie de vous venger ? » l’image de son regard
son histoire, je me vois bien appuyé sur mon poing au deuxième plan, toi mon ami, mon frère, toi mon amie, allez viens, on oublie et on sort, au grand jour
ici vient qui veut, et qui parfois déposent de petits trésors