en paix*


Sur la table basse du coin salon-séjour-salle-à-manger-coin-détente-repas-relaxation-apéritif-dînatoire de la maison[s]témoin, il y a des magazines remplis de chansons douces & berceuses, parce qu’il fait froid dehors, froid dans la mer, et la montagne brûle, et le désert ronge et digère. On se repose le corps & l’esprit.


Dossier douillet et coussi / Qu’il repose en paix au paradis
d’assise moelleux, accueil / des Vanessa Paradis s’est marié
ouaté, fonction d’inclinai / e avec PHOTOS Charlotte Casirag
son pour suivre le moindre / hi officialise sa seconde gross
de vos gestes vous êtes as / son fils Tom futur acteur ? ell
assuré d’un maintien parfa / met le holà Découvrez sa magnif
de la nuque et des lombair / fique Charles Consigny s’expliq
quelle que soit votre posi / Elle coupe les ponts avec son p
, sans aucune manipulation / très cruel avec un secrétaire i
de votre part et en silenc / l balance tout ! un fan réalise
Vous profitez, avec d’un c / un surprenant portrait Les coif
fort inégalé, réitéré à ch / fures à adopter pour l’été Une
assise… L’essayer, c’est n / célèbre émission l’a recrutée !
plus vous en passer ! Choi / Vacances très sexy de Flora Coq


Peut-être que ce n’est pas si simple, et que l’on peut se reposer qu’un temps, un temps seulement, et s’affoler ensuite, et s’indigner ensuite, et se crever le cœur ensuite, peut-être – rien n’est exclu – que le tourbillon de repos ne pourra reposer de rien.

à telle *enseigne


comment les articles sont-ils classés ? qualité, originalité, contenu_les dernières soldes_5 choses à savoir sur les soldes_date des soldes ?_c’est la dernière fois qu’elles commencent_Ƣ annonce_Ƣ perd son sang froid_séquence émotion_drôles de secrets_Ƣ montre_Ƣ violente_Ƣ est soupçonné_Ƣ vise_Ƣ s’enferme_Ƣs sont piégés_Ƣ valide_Ƣ limoge_Ƣ s’impose_Ƣ considère_ Ƣ écartèle_ Ƣ interpelle_le palmarès le mouvement le graphique_ Ƣ fait craindre le pire_vont-elles baisser ?_ Ƣ met au point, Ƣ lance_ Ƣ affiche, Ƣ succède, Ƣ réalise_ Ƣ a tout vécu_ Ƣ fait son auto-critique_ Ƣ est radié pour ses propos, en garde-à-vue, candidat à sa propre succession_ Ƣ est atteint de troubles précoces_afficher plus ?

Acheter son Atmosphère en ligne (directe)

Description du projet :
TÉLÉCHARGER LA PLAQUETTE< PRÉCÉDENTSUIVANT >
Les caractéristiques de ce modèle de maison :

Plans adaptés aux terrains en pente d’un lieu haut vers un lieu bas, ce qui fait pour l’âme ce que l’inclinaison fait pour les corps, douce, raide, inévitable, la pente vers soi est le commencement de tout désordre.
2, 3 ou 4 chambres, c’est selon. 4, 3 ou deux chambres quand l’ordre des choix est décroissant.
Porche et hall d’entrée de mise
Cellier (c’est-à-dire que c’est attaché avec l supplémentaire gratuit)
Cave à la cave
Double garage deux fois
Wc séparés à l’amiable
Salle de bains hydrothérapique humidifiable capable de contenir l’eau sous toutes ses formes liquides
Suite parentale de 26 m² (version 3 chambres) avec salle de douche, dressing et espèces de rangement
Modèles de maison de 80 à 110 m² habitables et chaises si besoin.

Construire sur un terrain en pente peut s’avérer complexe, le modèle Atmosphère vous séduira par sa fonctionnalité, son adaptabilité, sa souplesse, sa décontraction, sa malléabilité, sa maniabilité, sa diplomatie, sa subtilité perspicace.

Protégée par un porche proche, la maison vous offre un hall cadeau d’entrée généreux où vous pourrez créer, optimiser, maximiser, bonifier, dégrossir, épurer, sophistiquer vos rangements.

Ce hall comprend également tout ce qu’on lui dit, avec l’entrée dite de « service » (charité bien ordonnée, coopération, dépannage) desservant le double garage fois deux pouvant accueillir deux voitures fois quatre si le temps (éclaircie, période, conjoncture) le souscrit (signature en bas de page), le cellier et la cave vous permettant des possibilités quasi illimitées (démesurées, effrénées, insondables) d’organiser votre intérieur dedans et à l’interne.

Se déclinant en 2, 3 ou 4 chambres, ce modèle de maison est modulable selon vos goûts et ses couleurs, avoir bon.

De 80 à 110 m² (voire rectangulaires) ce modèle de maison familiale sur demi niveaux à demi divisé en moitiés dont le total additionné est égal à un est convivial, chaleureux, sympathique, et sait préserver (abriter, chaperonner) l’intimité (commerce, attachement, agrément) grâce à une partie nuit (nocturne) à l’étage en hauteur avec la salle de bains et les toilettes séparées d’un commun accord, et une partie diurne qui ravira vos journées dès le lever du soleil, voire même de l’aube au crépuscule.

En version a capella 3 chambres, l’espace parental à l’étage avec dressing (dressant, domptant) (costume à paillettes disponible sur simple demande) et salle de bains privative (de bains, d’où les économies d’eau substantielles) vous garantira un espace privé à soi personnel confortable et douillet de plus de 25 m² (version triangulaire optionnelle offerte, case à cocher sur formulaire B912 alinéa 16 à retirer dans toutes nos succursales annexes et dépendances).

Les plans de ce modèle Atmosphère sont modulables et c’est ce qu’on demande d’abord à un modèle (représentation, imitation des formes).

Consultez nos conseillers pour des conseils et des consultations (mises en garde, enseignements, incitations, instructions, traitements thérapeutiques) et ainsi vous découvrirez les multiples possibilités exponentielles (avec variables en exposants) de personnalisation de nos maisons responsables.

N’oubliez pas : les maisons responsables, c’est de leur faute.

nouvelles du o4 o4 18 – PoèmActu trouvé dans la boîte aux lettres

(cut’up de lambeaux de titres de googleactu du jour)

Polémique et annonces
en nombre.
Journée noire en direct.
Journée compliquée,
très perturbée.
Se grippent tous les rouages
et les regrets
terribles.
Le combat est long.
Des chercheurs créent
(don’t worry).
Au siège,
alerte maximale :
problème réglé – horloges à l’heure.
Le plus détesté
veut calmer la colère du droit, et
sous tension,
demande des comptes,
quand vient en aide cette incroyable histoire :

Acheter-Come-Back-Privatiser.

Erreur de promesses ?
La décharge virtuelle
(ici en photos)
obstrue l’avenir local.
L’adieu à la nouvelle vie,
voilà qui terrasse l’identité !
Le deuxième échec de la mesure du risque influence la souffrance.

(you bet ?)

(qu’en pensez-vous ?)

Oui, qui vient ici et pourquoi, on ne sait pas.
Mais est-ce une raison pour ne pas y aller ?

Quelquefois, il faudrait mettre un disque bleu sur le pare-brise de la maison[s]témoin.
Dire je me gare là quelques minutes. En profiter. Profiter de la vue.
Des femmes qui s’activent et tracent des arabesques.
Du temps qui passe.
Ou il faudrait mettre une pancarte « les locataires sont occupés » lorsqu’ils-elles le sont, ce qui peut toujours arriver.
Ou il faudrait qu’une sonnerie douce signale que la place est libre, qu’on peut l’investir (un bruit gentil mais insistant, comme l’alarme de recul pour les camions)(non, plus jolie).
Qui vient et pourquoi, on ne sait pas, qui ne vient pas et pourquoi pas non plus.
Sur le fronton de la maison[s]témoin on pourrait accrocher de grandes majuscules, en copiant HOLLYWOOD.
Sauf qu’on ne mettrait pas Hollywood, ce serait redondant sinon.
Mais on pourrait écrire INCERTITUDES.

Ce serait bien.
Ce serait le lieu où ce serait clairement indiqué.
Contrairement à d’autres lieux qui n’en font pas mention et qui pourtant obéissent aux mêmes troubles (de qui de non qui de pourquoi et de on ne sait pas).

En attendant, il pleut. Un pigeon sur un toit, personne ne dit ses belles pattes rouges.
Personne ne lui demande d’éviter d’approcher du panneau électrique (incertitude de sa survie).
Des cris de faucon pèlerin là-haut. Personne n’ajoute, à destination des pigeons, de surveiller leurs abattis, ni aux faucons qu’ils auront faim peut-être ce soir (si l’autre sait se camoufler) et pas de repas (l’incertitude de tous côtés tenaille).

Les voitures se garent dans la cour. Les portières claquent, les enfants rient. Les promeneurs ouvrent leurs parapluies. Tout va bien, finalement.

En attendant, je cherche… pas une abeille.
Nulle part
. Est-ce que c’est grave ?

« QU’EN PENSEZ-VOUS? AJOUTEZ UN COMMENTAIRE » demande le site.
(c’est vrai que notre avis compte pour beaucoup dans ces cas-là)

Le pigeon me regarde. Je suis sûre qu’il mesure la gravité de la situation, mais il ne commente pas. Quelle lâcheté. Ces volatiles n’ont pas d’âme.
(heureusement, leur gorge irisée, c’est beau. Cette couleur les sauve)

Ici, on est à l’abri. Même si rien n’empêche de ne pas s’approcher des fils électriques, ou au contraire d’en approcher.
Rien n’empêche d’observer.
« QU’EN PENSEZ-VOUS? AJOUTEZ UN COMMENTAIRE »

Qui, moi ? Oh, je n’ai rien à dire de spécial. Je vais donner mon temps de pensées et de commentaire à Nkanga Otobong, plutôt.

blanc vide rien

Et toi, qu’est-ce que tu mettrais sur les murs sur le sol de la maison témoin ? Autour des fenêtres, des portes, sur les vitres ? Quelles couleurs, formes, textures, qu’est-ce que tu oui hein toi tu toi mettrais ? Qu’est-ce qui resurgirait ?
On va dire que tu as le droit. On va dire que tu as tous les droits.
Non mais, tous.
Je veux dire même le droit du rien, le droit du blanc, le droit de la pureté blanche. Ho, je constate que les mots ont un sens, et que derrière ceuxlà, des anodins qui ne mangent pas de pain, qui ne font la guerre à personne, on pourrait dire on pourrait croire à un message, à un autre message en direction du rien, ou du blanc. Tu me comprends.

Donc oui, tu as le droit de ne rien mettre sur les murs de la maison témoin qui est témoin et qui reste témoin de ce droit que tu as de ne pas l’investir brutalement, énergiquement, passionnément. Mais tu comprends aussi que le rien que le blanc ne disent pas tout, ne proposent pas tout, s’effacent, et la place vide, tu comprends bien qu’elle va automatiquement se remplir. Et tu n’y pourras rien, ça viendra de tous les côtés. Ça submergera le rien, le blanc. Je crois même que ça le salira. Et comme ce sera incompressible et chaotique, toutes les couleurs venues de tous côtés, même des côtés obscurs, imprévisibles, dictatoriaux, se mélangeront, ça donnera du brun, de la gadoue, tu ne crois pas ?
Moi je ne sais pas et je ne veux pas parler à ta place, la mienne est déjà assez croche, donc je ne sais pas, mais de mon côté le rien le blanc c’est bien gentil mais comment dire, je trouve ça mou.
J’aime attraper, accrocher, agripper et tous les synonymes que tu voudras derrière, jouons. Et dès que tu installes le jeu, le jeu du synonyme ou autre, le je, tu es dans le faire et tu n’es pas dans le rien. Tu ne parles pas dans le blanc. D’une voix blanche. La voix des grandes sidérations.
Alors voilà, on est tombés d’accord je crois, qu’est-ce que t’en penses ?
Alors ? Qu’est-ce que tu mettrais, agripperais, accrocherais, agraferais scarifierais dans la maison témoin sur les murs sur le sol ?
Tout dépend du matos tu vas me dire.
Allez, on va dire tu es libre, mais j’ai peu de moyens, toi aussi non ?
On va dire qu’on n’a que notre peau pour nous.
Notre peau, c’est déjà bien, déjà pas mal, on va pas chochoter.
Nos peaux nos bras, c’est déjà bien déjà pas mal, allez, en route. Ho, j’arrête les métaphores là, parce que trop tu vois, je l’ai pas vue venir mais maintenant ça devient massif ou carrément téléphoné.

Alors qu’est-ce qu’on a comme matériel, notre peau et nos bras, ça peut servir.

Hier j’ai vu un homme, sa peau ses bras, et il empilait, il empilait, il empilait des morceaux de bois usagés, des détritus de bois, des planches jetées, il les empilait vraiment haut, et ça tenait un peu à l’arrache, avec des serres-joints et des tubes de métal pour coincer, et des sangles pour retenir, et tu me croiras si tu veux ça tenait. On s’est tous mis autour pour soulever ça, ces planches de n’importe quoi et ça s’est levé, et ça tenait, crois-moi si tu veux, juste la vérité. Et une femme, hier j’ai vu une femme s’enrouler dans des draps de papier, des feuilles immenses qu’elle dépliait comme en dansant, et elle les plaquait contre le mur, le blanc du mur, et les pigments volaient dans l’air. Du rouge surtout du rouge. Du jaune, son pantalon était marbré et ses mains toutes tachées de craies rouges et jaunes et noires. Et sur le mur ses empreintes digitales, parce qu’elle retenait comme elle pouvait les grands draps de feuilles de papier coloré. À la toute fin elle chiffonné rageusement les grands draps, elle les a laissés là sur le sol. Avec leurs ombres et leurs pliures. Leur monde complexe de zones complexes d’ombres et de pliures, où on pourrait se mettre je crois. Être cachés. En embuscade.

C’est ça qu’il faudrait non ? sur les murs de la maison témoin son sol, des embuscades.

De mon côté, comme j’attendais, enfin j’attendais sans attendre, je faisais aussi en attendant, j’ai fait une petite embuscade de bois. C’est un bout d’étagère qui ne servait pas, oui, mes moyens à part la peau les bras ça vole pas loin, c’est pas peinturalhuilegrandarmada mon truc. J’ai pris un tournevis en embuscade. J’ai creusé, j’ai griffé. J’ai recouvert de gouaches. J’ai pressé. J’ai posé deux gros dictionnaires dessus. Je suis montée debout sur les gros dictionnaires, un sous chaque pied. J’étais bien là-haut, les mots qui me portaient, ou m’empêchaient de tomber, c’est selon. J’ai enlevé les gros dico, mis de l’encre de chine, nettoyé, frotté, caressé gentiment mon embuscade. Et de la colle pour la vernir. Comme ça on peut la mettre dehors elle dégoulinera pas. Elle fanera pas au soleil, elle deviendra pas blanche ni rien, elle sera pas grand-chose mais pas blanche ni rien, à ça qu’elle sert. Je la pose là.

Et toi ?

Parce qu’on va pas se laisser faire non plus. Je veux dire, la peau, les bras, on va aussi respirer.

C’est l’idée de respirer, cette histoire. Des bouts de bois debout, des draps rouges, ça respire.

Trop de souffles perdus. Trop. Dans la gadoue, oui, tu me comprends, trop de souffles vitaux perdus dans la souillure, on est d’accord.

on


Alors on ne sait pas si c’est le haut le bas de cette maison
Par exemple est-ce que c’est la cave par exemple
Par exemple le grenier par exemple un mauvais exemple qui suppose le surplomb
Tu m’étonnes le surplomb y’en a pas
Dégoûtés devant l’aéroport, nombreux, plus de mille à dire non
Pas à la cave ou il faudrait un soupirail périscope incliné vers le haut
>>> Pas regarder en bas
>>> En bas y’a la lagune de venise, l’homme qui se noie
Des fois cette maison s’assoie sur une chaise
Et la bande passante des passants autour
Mais elle assise immobile
Comme les trucages au cinéma, la foule galope et au milieu un-une ne bouge pas
Pas bouger
C’est peut-être une bonne idée par exemple
C’est peut-être pas une bonne idée par exemple
L’homme se noie on ne bouge pas
Au cinéma les trucages font voler voldemort d’un mur à l’autre
son visage sans visage
Dans la cave de la maison on voit bien les fictions et les visages sans nez voler d’un mur à l’autre le soupirail tinte
Ding fait le soupirail
Après ton coeur explose par exemple
Bouger pas bouger bouger dire non
Tu cherches le poème qui finit par
« nous creusâmes ensemble nos fosses pour la nuit »
Parce que dans ta cave de souvenirs ou ton grenier de tête c’est un poème qui dit prends-moi dans tes bras et qui dit nous sommes tristes si tristes si désespérés prends-moi dans tes bras qui disent non
Un grand oui ferait aussi bien l’affaire mais tu noteras que le son iiii qui finit oui se perd dans les ricanements voldemort
Et le bruit iiiiii des grilles ouvertes pour être refermées
Le oui, c’est si beau un oui, mais s’il est pris dans les grilles des lagunes, pris dans les cris des oubliées, c’est oublié
Et parapher des documents recouvre les oui aussi
Le non le son on de non peut durer plus longtemps comme un bourdon
Une basse
Sourde
Longue
Sans reprendre son souffle
Non
Tu dis non dans la fosse tu dis non dans la nuit
Ensuite tu jettes tout, par exemple tu exploses et tu cries prends-moi dans tes bras
Peut-être que ça fait impact
Peut-être que ça fait réverbération
Peut-être que pop’ pop’ des tas de petites fosses se creusent
Les gens se prennent dans les bras, dedans
Même sans virgule
Les gens se prennent dans les bras dedans
on non on le bourdon
Ensuite la maison récupère des visages d’hommes
Des visages de femmes
À tous les étages
>>> Et ils-elles disent
>>> Ou elles-ils disent
>>> Parce que le sujet commun à l’être humain peut pas être il – il masculin
>>> Ou alors on ? On dit on ? Alors on ?
Et plusieurs on dit non ce qui fait un son on allongé allongé allongé
Comme le poème du hareng saur facile à retrouver
La maison le retrouve
La maison l’accroche sur son mur
Il pend au bout du ficelle
on on on
Prends-moi dans tes bras le on
Retourne la lagune
<<< On entends « 20 000 euros une somme dérisoire »

on entend qu’il a détourné « 20 000 euros une somme dérisoire » et la vieille dame rue laitière marche avec ses espadrilles à semelles de corde tout l’hiver et le mot dérisoire la fouette pendant qu’elle marche les lanières du mot dérisoire fouette ses jambes >>>
Retourne le fouet des langues les fouets détournés des langues
Retourne ta langue de lagune morte ta langue de lagune noyée
Retourne ton ventre de paraphe au bas d’un document de ricanements
Retourne-le
Et dessine sur le blanc du mur maison un fil qui bouge immobile
Achève
Un fil’achève
Par exemple Lié à un grenier sans surplomb
Par exemple à une cave au soupirail qui résonne métal bref
Et si tu cherches la fin y’en a pas on en n’a pas on ne finit pas on ne finit rien on bourdon basse continue de on
Moteur de mobylette de on
Rage aussi longtemps que possible de on
On raconte que on
On implore que on
Chercher la bête
Avec de grands yeux noirs
Quand on l’aura trouvée on saura ce qu’il convient d’en faire et si à la cave par exemple on doit rester

dans le bureau

Dans le salon, il y a l’estampe japonaise éthérée. Tout le monde peut se l’approprier et se voir-là, y habiter. S’imaginer s’asseoir dans la banquette design, les pieds sur le pouf design, le doigt sur la télécommande de l’écran 360° [de pureté car un téléviseur *** est léger comme l’air et semble flotter au-dessus de son socle et l’arrière du téléviseur est vierge de toute vis pour qu’il soit aussi beau sous tous les angles allumé ou éteint].

Dans l’entrée, il y a un coquelicot géant avec une grosse tache blanche qui fait relief. On sent qu’avec un peu de pratique on pourrait être capable de se refléter dans un coquelicot géant, facilement.

Dans la cuisine il y a des carottes gigantesques suivies par une courgette de taille irraisonnée. On pourrait aisément s’imaginer déjeuner-là, contemplatif, devant la course des légumes monstres.

Lorsqu’on visite, on a souvent en bandoulière un peu de deuxième degré, sinon, le taux de pureté des écrans nous écrase, et on se sentirait vite mal fait, grossier, sale et pauvre.  On se sent vite un crève la faim dans les cuisines colorées. Beaucoup de gens ne comprennent pas. Mais c’est comme ça quand on n’a pas l’admiration facile, qu’on aime surtout les détails, et surtout l’essentiel (l’essentiel, on ne sait pas où il se cache, parfois dans le deuxième degré, mais ce n’est pas sûr, alors on cherche. Il ya une petite voix minime, minimaliste qui nous dit que c’est comme une résistance de se moquer) (une résistance minuscule).

On oublie qu’il peut y avoir des « résistants de l’intérieur ».  Soit ce sont des mains humaines, des actes, soit ce sont des objets, on ne peut jamais prévoir.

Ainsi, dans le bureau, il y a toute une vie accrochée, et du toit pend une ombre ronde, comme les boules de graines à offrir aux oiseaux, un cœur. Il y a une vision plus que panoramique. Un détail. Nous on aime les détails. On regarde. Le nombre de degrés n’y est pas indiqué. Plus de 360, bien plus. Et moins que deux.

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visite virtuelle #5 accord chromatique

— Les murs gris, ou écaille d’œuf, ou taupe.
— Et quelle couleur pour les rideaux ?
— Gris, ou écaille d’œuf ou taupe.
— Les meubles de cuisine ?
— Gris. Ou écaille d’œuf. Ou taupe.
— Les canapés ?
— Gris, ou écaille d’œuf. Ou taupe.
— Les tables basses ?
— Gris. Ou écaille d’œuf, ou taupe.
— Les bibelots ?
— Gris ou écaille d’œuf, ou taupe.
— Excusez, ma question va sans doute vous paraître bien naïve, mais il y a une raison ?
— Une raison ?
— De choisir le gris, l’écaille d’œuf ou le taupe, constamment ?
— Mais oui. Les couleurs ont une histoire. Ce ne sont pas des organismes innés, ou atones (haha). Il ne faut pas croire que les couleurs soient des données valables à prendre au pied de la lettre. À envisager sans considération pour la masse de ce qu’elles véhiculent. Bien sûr c’est d’une complexité de l’ordre du non-dit, du non-déterminé ou de l’approximativement inconcevable. Mais, malgré tout, nous devons rester vigilants.
— Euh, oui… Pouvez-vous approfondir ?
— Par exemple, l’alliance, au demeurant fort réussie, entre noir, blanc et rouge. Ne croyez pas qu’il est possible de passer outre. De prendre ça à la légère.
— Ça quoi ?
— L’alliance entre le rouge, le blanc et le noir. C’est très joli bien sûr. Ça pète, comme on dit. Mais historiquement, ce sont les couleurs du nazisme. Lorsqu’on a le choix, je veux dire vraiment le choix, est-ce qu’on peut, est-ce qu’on va s’autoriser ces couleurs-là, les trois ensemble ?
— Oui, non. Alors donc, ce choix délibéré du gris, ou du taupe, ou de l’écaille d’œuf, ce serait sous l’impulsion d’un mouvement antinazi en quelque sorte ?
— Ce que je veux dire, c’est que rouge, blanc et noir, sont des couleurs dangereuses. À manipuler délicatement. Un peu comme ces substances chimiques aux propriétés explosives. De même que la question du bleu est compliquée. Pendant longtemps, dans l’histoire de l’humanité, on n’a pas eu de mot pour désigner le bleu. C’est une couleur très primaire, primitive même, au sens où elle fait appel à des forces qui nous sont inconnues, de grands mouvements de fond qui bouleversent, des entités qui nous échappent, une extravagance d’espace. Une ouverture vers l’incommensurable… Le jaune, c’est la traîtrise, le péril. Le vert l’inaction. On ne badine pas avec les couleurs.
— Ah. On se demande comment il y a eu des artistes.
— Des fous. La seule explication.
— Et donc, ces trois couleurs, précisément ?
— Le gris est passe-partout. L’écaille d’œuf est sans intention. Le taupe indistinct. Tout le monde peut se les approprier.
— Ah oui.
— Par « tout le monde », j’entends tous les clients potentiels d’une acquisition immobilière avec combles aménagés spécial investisseurs. N’importe quel passant lambda est en mesure d’aimer le gris, l’écaille d’œuf et le taupe, parce que c’est élégant, élégamment impersonnel, une élégance qui ne s’abaisse pas à faire remarquer qu’elle est impersonnelle, indistincte, sans intention et passe-partout.
— Et le rouge ?
— Là, c’est sanguin. C’est moderne, c’est violent, c’est conflictuel, c’est chaleureux. C’est fatigant au fond. Et les gens viennent aussi acheter ici pour se reposer… Allons dehors. Quand vous faites visiter le jardin, n’hésitez pas à insister sur la qualité de l’espace sonore.
— Et visuel !
— Et visuel, certainement.

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visite virtuelle #3 Le Garage

— Entrez dans le garage. Oui, c’est pratique cette double porte. Électrique. Surface correcte, béton lissé. Très facile d’entretien. Spacieux ! Ça pourrait être chez vous, non ?
— Je ne suis pas bricoleur, mais de la place on en manque toujours.
— Un petit coin atelier. C’est bien pensé. Un étau, et toutes les clés rangées par ordre de taille, à portée de main.
— Le dessin du contour sur le support, pour aider à remettre en place, comme les jeux pour petits, les puzzles, la ferme, la poule et l’oie, le détail de leur silhouette qui permet de ne pas les confondre. Les boîtes à outils, plusieurs. Les compartiments pour les vis, écrous, boulons, crochets. C’est très propre. Un peu comme ces garages de Formule 1 où même les bidons d’huile rutilent. Ça ne me ressemble pas beaucoup.
— Ah ? Serrures sécurisées.
— Chez moi une seule boîte à outil, en fer, avec les tiroirs qui apparaissent quand on l’ouvre, un peu comme les vieilles boîtes à couture en bois. La poignée amovible qui coince la peau des doigts. De la poussière et des clous rouillés coincés dans les recoins. J’entasse sans trier ce qui pourrait servir, au petit bonheur. Et ça ne sert jamais, à part à masquer ce qu’on cherche, qui pourrait être utile, mais qui n’y est pas.
— De la place on en manque toujours.
— On entasse beaucoup. On cherche ce qui manque, qu’on n’a pas. La vis la moins longue ou la plus large. La cheville adaptée, c’est toujours celle qui n’y est pas, qui n’y est plus, elle y était pourtant, mais comme on utilise toujours les mêmes trucs, qu’on a toujours les mêmes problèmes à accrocher, elle a été utilisée. Au fond de la boîte des copeaux, je ne sais pas ce qu’ils font là, je ne me souviens pas. De la poussière agglomérée, où j’habitais avant on appelle ça du schni, je ne sais pas comment ça s’écrit, ça veut dire un tas de minuscules choses sans nom à ramasser.
— Deux voitures peuvent entrer, facilement. Très belle surface.
— Au fond de la boîte des clés, mais je ne sais plus de quelles portes qui ouvraient quelles maisons.
— Être propriétaire ça change tout.
— Au fond de la boîte le mode d’emploi d’un aspirateur emmené à la déchetterie depuis longtemps.
— Très facile d’entretien, madame va être contente.
— Au fond de la boîte une carte postale. Quelqu’un m’avait écrit de là-bas, des vacances. Des îles grecques ? Ah non.
— Être chez soi, vraiment, c’est incomparable.
— Quelqu’un au bord d’un fleuve. Je ne sais pas pourquoi je l’ai mise là, cette carte. Il me parlait de Copenhague. Il disait qu’il voulait aller là-bas, pourquoi, je ne sais pas, mais le nom je m’en souviens, Copenhague, ça semble une grande ville compliquée vue d’ici, de ce garage.
— Qui communique avec la cuisine ! Pour décharger les courses c’est très pratique.
— Il parlait aussi d’Italie, juste au creux de la botte, sous le pied, les falaises qui tombent dans la mer, et parfois on aperçoit en contrebas une carcasse de machine à laver qui a été jetée, par quelqu’un qui ne serait pas bricoleur, comme moi, ou qui n’aurait pas de déchetterie à proximité. Alors on rage. On trouve ça sale. Mais ce n’est pas plus sale que d’autres choses. Il y a des choses beaucoup plus sales. Des façons de faire aussi. Des gens comme des crachats. Cette carte, ça me travaille. Pourquoi je l’ai rangée là, dans ma boîte à outils. À cause du ciel violet. On n’en voit pas de ciels dans les garages.
— Il y a toujours l’option Velux.
— Violet. Saumon, une couleur comme une pommade sucrée. Au moment d’écrire sur cette carte, il a hésité un peu, c’est toujours difficile de dire en quelques mots ce qui est là et ce qui manque. Deux choses énormes. Ce qui est là est impossible à dire. Cette liste. Sans fin. À regarder le ciel. Ce qui manque, impossible à expliquer. Trop compliqué, ce qui manque. Des villes comme Copenhague. Alors il a mis des mots simples, « Bons baisers d’ici ». Il savait que je comprendrais plus. Avec l’arbre. Avec le ciel rose. Il savait que je verrais la ligne du fleuve qui disparaît doucement, et elle lèche l’horizon, comme si tout pouvait durer éternellement, ce n’est pas vrai bien sûr, mais l’espace d’une minute on le croit. L’humilité. Quand on regarde le soleil qui chauffe l’envers des branches, ce feu. Impossible à dire. Il savait que je verrais l’humilité.
— Vous avez fait le tour ? Je vous propose de continuer. Par ici.
— Cette carte, je l’ai mise dans la boîte pour
— Je vous précède, attention à la petite marche. Et en passant, là, regardez, l’emplacement pour la chaudière, tout est prévu.
— Je l’ai mise dans la boîte, je ne sais pas pourquoi, avec le schni, les choses qu’on garde, qui restent, impossibles à dire. Ce qui n’est pas jeté, même ramassé. Le schni, ça se reconstitue toujours. C’est un peu spontané comme apparition. Comme les villes, spontanément elles grossissent, et aussi dans les rêves, on rêve de villes grosses et de leurs noms étranges. Parfois c’est impossible à prononcer. Ou alors il faut être très fort. Ça m’impressionne. Quelqu’un l’autre jour a dit « La littérature est en retard sur le monde, sinon on en lirait plus ».
— Je ne peux pas vous renseigner. Je crois aux choses spacieuses et propres, aux surfaces rutilantes, aux formes pré-dessinées.
— Il y a deux trous d’aération dans le chambranle de la fenêtre de ma cuisine. Ils sont noirs, encore plus noirs du fait que la fenêtre est blanche, et plus noirs encore quand l’obscurité tombe le soir. Dans l’un des deux, le soir, quand je rabats les volets depuis l’extérieur – au fait, je n’ai pas de garage, chez nous il n’y en a pas, mais bref – le soir quand je sors pour rabatte les volets, les trous sont à la hauteur de mes yeux et je vois de petites griffes dépasser, appuyées contre le bord rond. Une araignée. Je ne vois pas son corps. À dire vrai, je ne vois même pas que c’est une araignée, je la suppose. Le lendemain matin quand j’ouvre elle est toujours là, quatre pattes dépassent, comme quatre doigts d’une main avec le pouce qui se maintiendrait dedans. C’est pour ça que je l’ai gardée, la carte postale, dans ma boîte à outils, comme un pouce.

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