SdB

Apparemment, la salle de bains (SdB) est occupée, il faut dire que les locataires sont de plus en plus nombreux. On aurait peut-être dû chercher un loft, il y a tant d’usines qui ferment et dont on peut acheter les locaux pour une bouchée de pain.

Je ne peux m’empêcher de penser, quand j’écris SdB, à cette photo que « Le Nouvel Observateur » publia en « une » de couverture le 3 janvier 2008 et où Simone de Beauvoir apparaissait dans le plus simple appareil (un Leica, en l’occurrence).

Hier, lors d’un espace de temps libre, je suis entré dans la salle de bains, elle possédait bien sa petite armoire à pharmacie avec la glace centrale et les deux latérales.

Je me suis donc regardé de profil : à gauche, j’avais le nez droit (normal), à droite, j’avais le nez courbe. Ma première réaction fut de penser que j’avais un problème de vision ou que le verre était vraiment mal nettoyé. Mais je renouvelais l’expérience : le résultat était le même, j’avais beau changer les angles de vision, les glaces me renvoyaient deux images différentes de moi-même.

C’est bizarre, car j’aime les nez courbes chez les femmes (je repense à celui de la chanteuse Barbara, une découpe d’aigle noir), mais jamais je n’aurais pensé pouvoir disposer ainsi de deux profils radicalement opposés.

Il restait une autre réponse possible : quelqu’un avait usurpé mon identité – ici on croise beaucoup de monde, parfois des inconnus – et se jouait ainsi de ma présence. Quand on me croyait à la salle de bains, j’étais dans le salon, quand on m’attendait pour déjeuner dans le séjour, je graissais la chaîne de ma moto dans le garage.

Je finis par penser que je traiterais cette énigme une autre fois : j’ai beau posséder un H au début de mon nom, je ne suis pas, me semble-t-il, un cousin germain de Sherlock Holmes.

SdB 2.6.15_DH(photo : cliquer pour agrandir.)