C’est une histoire de musique – les protagonistes l’aiment – ils en jouent, et s’en amusent : une sorte de liberté, de raison de vivre – ça se passe à Leningrad, au début des années 80 – ça ne s’appelle plus Saint-Pétersbourg depuis 1917 – on joue de la musique avec des guitare sèches, l’électricité a encore quelques difficultés à s’emparer des instruments – tout est cher, les cigarettes, le cinéma, l’alcool et les aliments – ce sont des jeunes gens, ils n’ont peut-être pas trente ans, ils jouent, ils s’aiment, ils s’amusent, et tentent de vivre – c’est en noir et blanc, ça commence à la mer
ça continue en ville, on joue, de jour comme de nuit – il y a cette espèce de petite famille
lui (Mike, incarné par Roman Bilyk)
elle (Natalia, épouse de Mike, c’est Irina Starshenbaum)
le troisième premier rôle, c’est Viktor (Teo Yoo dit-on)
plus jeune, talentueux, nouveau – il a quelque chose que d’autres n’ont pas, sans doute, comme dit la chanson. La musique, l’amour
ou seulement le désir – les chansons, les mots, les lieux : des chansons dans le métro
parce qu’il faut qu’on vive
et qu’il faut qu’on s’amuse
et qu’on en rie
alors le reste du monde – c’est-à-dire l’attirance
mais surtout la musique, la production et la réalisation des choses et sa propre passion
chanter, et puis laisser vivre et aimer (sans bénédiction, même si la roue pourrait tourner
non, ce ne sont pas des larmes
juste de la pluie) une légèreté, tendresse, une aisance, une liberté : chanter d’abord
chansons engagées comme on disait dans le temps (à cette époque-là…) peu importe : c’est d’aujourd’hui qu’on parle, d’aujourd’hui où l’immonde demeure au pouvoir là-bas, où on enferme et on tue (je me souviens de Anna Politkowvskaïa), on assigne à résidence (comme dans le plus abject des fascismes) : ici le réalisateur Kirill Serebrennikov, qui ne peut plus tourner par ordre du pouvoir
ici les acteurs en couleurs et à Cannes, lors de la présentation du film en compétition en mai dernier
parce qu’il faut que ça se sache – le rock’n’roll, la musique, la vie, l’amour : oui – pour le reste badges au revers
ce qui reste, c’est du cinéma, celui qu’on aime, simple, direct, allégorique : alors de nos jours, ne pas laisser les choses aller comme veulent qu’elles aillent les tenants de l’obscurantisme, les … et autres dictateurs pas si éloignés d’ici – aimer la musique la vie et le cinéma, oui, mais sans jamais oublier qu’ils sont des combats et des batailles à mener gagner et toujours recommencer.
Leto (L’été) un film de Kirill Serebrennikov.
ici une émission de radio qui retrace aussi le parcours de Viktor et Mike : rock russe
s’aimer
bravo pour cette évocation qui reflète si bien l’atmosphère du film…