on se disperse

 

 

 

allons donc, voilà qu’on a retrouvé quelques journaux (des hebdomadaires) dans la cave ou le garage (je ne sais pas bien – il n’y a pas de cave tiens – ah si) (ce sera là, donc) (il y a même un cellier si tu veux voir – on s’emmerde pas dans cette maison finalement – enfin si mais personne pour visiter qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ?) (on regarde, on trie, on jette ou on garde)

(j’en ai 22, y’a des doublons, c’est égal je continue la marche en avant) – il y a une éternité de ça (c’était en 78 je crois que je le sais) j’ai décidé d’un seul et commun accord avec moi-même de mettre à écrire –

une belle (elles le sont fréquemment) chanson de cette dame-là s’intitule Pierre (Barbara, alias Muriel Cerf) (non, Monique pardon, Muriel, c’est Delphine Seyrig) – dans le film de Resnais Alain – elles ne sont pas classées, elles viennent comme elles sont venues

(Jeremy Irons, ici dans Margin Call (J. C Chandlor, 2011) avec un Kevin Spacey non encore effacé) c’est que cet acteur jouait dans « Travail au noir » (Jeremy, pas Kevin) qu’on avait été voir un jour que le montage nous faisait braire (la monteuse avait une fille prénommée Isis il me semble) (il y avait alors beaucoup de cinéma)

il y en a toujours, comme on voit (là c’est à cause du type derrière, qui a écrit un texte pendant la première réclusion) (aujourd’hui on couvre le feu à six heures du soir jusque six heures du matin et on ne trouve rien à y redire) (chacun pour soi ?) (saloperie de prison qui arrange bien ce pouvoir jésuite de maçon)

quarante ans plus tôt

les cours de théâtre, les « pierre ta chanson », les « Amsterdam » ou « Jm’voyais déjà » – y croyais-je alors ?

non, elle (Florence Loiret-Caille) c’est pour ses rôles chez Solveig Anspach (je crois qu’elle a fait la FEMIS alors que j’y faisais l’assistant)

(je ne dis rien, Gloria, William, Erich et Nancy) au crépuscule sur le boulevard – la fin au début dans la piscine – le cinéma qui parle de lui – comme dans Dansons sous la pluie (Stanley et Gene, 1952) –

(celle-ci est du même, c’est Gloria – elle joue le rôle de Norma Desmond, magique – et bien plus que la Marilyn, Norma elle aussi)

Georges Gerschwin à son piano – sa rhapsodie en bleue… – mais voici JLB et MR, tandis que dans le fauteuil type Emmanuelle (hein) : Paul Claudel (on ne peut s’empêcher de penser à cette chanson (assez) gaillarde qui fait « à la fornication/ (…) /elle déclame du Claudel, du Claudel j’ai bien dit ») (« Misogynie à part »)

(je me souviens au Paris de la rue des Trois Cailloux sur la scène de ce cinéma, le Georges, j’avais seize ans et portais le manteau de mon père pour faire chic…) puis une photographe, Vivian Maier, autoportrait

inconnue (peut-être, mais de qui ?) de toute sa vie – comme moi ? – j’adore ces parallèles – et une autre photographe

Jane Evelyn Atwood (magnifique) (l’étude au parc – 92 ?)

as-tu pris garde à ta pochette, mon Momo (Echenoz, quand tu nous tiens) ? (qu’est-ce qu’il tient en main , de quelle manière, pourquoi faire ?) (l’élégance de ces moments, le boléro aussi) on le verrait bien partir en vacances sur la côte basque, non ? des images, justes

bizarre, à cause de son cercle et de craie et caucasien – une photo où il tape 18 (donc 1916 ou 17) – puis ce seront les frères

Phoenix (ici Joaquim), là River

la vie ne tient qu’à un fil, souvent – on est insubmersible, on tient bon, on avance on continue – ne pas abuser, tenter de garder sa liberté vivre –

le mieux, ce sont ses pantalons bermuda – assortis au foulard hermès – kestenpenses ? – on le vit en cours, il avait une attitude un peu infatuée, sans doute par une espèce de timidité – on l’aime cependant pour ses Chroniques (d’un été, 1961), Marceline (uniquement encore) Loridan (elle deviendra Ivens deux ans plus tard) (« êtes-vous heureux ? ») et son pote toujours parmi nous, Edgar Morin (et celui-ci pas tant par sa sociologie – chacun sa vie – mais pour son père qui vendait des chaussettes de Troyes dans un parapluie, pour le billet gagnant de loterie, on l’aime aussi, ce Vidal) –

ces deux-là pour la relation qu’ils incarnent (Un monde parfait, C. Eastwood, 93) (le môme, T.J. Lowther, magnifique d’amour; Kevin Kostner, loyal) – parfois la couleur aussi – ici Freddy sans moustache

il chantait et incarnait la Reine, la dérision et la vanité de toutes choses – la chanson, aussi oui, celle des champions, par exemple – allez salut l’artiste

on dit que le cinéma et la psychanalyse, ensemble, sur ce monde… (la République avait cent soixante ans, en était à sa quatrième mouture, on avait essuyé deux royautés plus deux empires plus un troisième, colonial ce dernier, augmentés de  deux guerres mondiales et puis…)

 

dispersion un feuilleton qui se trouve dans le salon avec beaucoup d’images (ici les autres épisodes)

une autre chanson

 

 

 

il y a probablement le fait qu’on en parlait à la radio – Monique Cerf mangeuse d’hommes (ou croqueuse, c’est selon) (mais c’est plus le goût de l’art, il me semble) – il y avait aussi celle, minimaliste, qui porte en titre mon prénom officiel (lequel n’est guère employé – on me l’avait donné pour son caractère minéral et (comme on dit aujourd’hui) durable, pérenne, non obsolète : toutes ces conneries) mais non, c’est celle-ci qui est venue.

Elle est jolie.

Il est nécessaire de faire jouer un peu la musique dans ce décor inhabité, peut-être pas si inhumain (on se fait des images des lieux qu’on ne connaît pas,parfois) en tout cas factice – c’est juste pour donner une idée : entrez, voyez, les livres sont des répliques, la vue sur le mur du fond de la salle pour vous conforter dans l’idée d’une vacance de tous les jours – entrez, si vous le désirez, les murs seront taupe avec une nuance de mauve, c’est à votre convenance.

Entrez.

Dites-le moi du bout des lèvres

Dites-le-moi du bout des lèvres
Je l’entendrai du bout du cœur
Moins fort calmez donc cette fièvre
Oui j’écoute

Oh, dites-le-moi doucement
Murmurez-le-moi simplement
Je vous écouterai bien mieux
Sans doute

Si vous parlez du bout des lèvres
J’entends très bien du bout du cœur
Et je peux continuer mon rêve
Mon rêve

Que l’amour soit à mon oreille
Doux comme le chant des abeilles
En été, un jour, au soleil
Au soleil

Regardez, dans le soir qui penche
Là-bas, ce voilier qui balance
Qu’elle est jolie sa voile blanche
Qui danse

Je vous le dis du bout des lèvres
Vous m’agacez du bout du cœur
Vos cris me dérangent, je rêve
Je rêve

Venez donc me parler d’amour
À voix basse, dans ce contre-jour
Et faites-moi, je vous en prie
Silence

Prenons plutôt au soir qui penche
Là-bas, ce voilier qui balance
Qu’elle est jolie, sa voile blanche
Qui danse
Je vous dirai du bout des lèvres
« Je vous aime du bout du cœur »
Et nous pourrons vivre mon rêve
Mon rêve

une chanson


 

 

comme souvent poser ceci ici ou là je ne sais pas bien mais il y a quelque chose à faire, il fait séparer les supports, il faut faire attention aux commentaires – j’aime toujours cette maison (quelque chose du populaire, de la dignité, et de l’erreur de croire en quelque chose de vrai, ou de tenace, de fort combattant le temps – une poignée de cerises – une de ces maisons qui ont fait la fortune de l’ordure dont le nom renaît des cendres…) 

Il n’y a pas (malheureusement ?) que le cinéma dans la vie : j’ai cherché un moment où passait un film turc (Les Sœurs) mais impossible à trouver – j’ai dû me tromper: le film n’est programmé nulle part…  Dans le temps on lisait « l’officiel des spectacles » (mais pas pariscope – inutilement trop cher – pauvreté n’est pas vice – ce canard appartenait à filippachi) tout ça a dû disparaître (il faut 1que je pense à mes affaires – Aldo et Daniel sont dans les écritures, mais n’avancent guère – 2le travail m’a pris – 3mais j’ai mis au point une espèce de fiction pour l’atelier d’été, lequel atelier regroupe un certain nombre de scripteurs (comment nous nommer ?) et puisque c’est à distance – on dit en distanciel aujourd’hui – fuck off – serions-nous réduit à la fonction de téléscripteur ?) (ou trice donc ?) dont quatre sur cinq sont des femmes – elles sont aussi majoritaires dans le groupe des personnes humaines qui lisent des livres : ceci doit expliquer (?) cela – encore que des chiffres, des « majoritaires » (soit plus de la moitié (lequel mot indique parfois le nom de l’épouse) (le mariage, cette joliesse, les fleurs, les grains de riz, le blanc) (hein) on sache se défier) (et il le faut) – en tout cas, l’une des participantes (la ci-devant madame la trésorière de l’Air Nu) poursuivant son exercice m’a fait penser à cette si jolie chanson dont je retranscris ici les paroles (elle est bien aussi quand on l’entend) (ici) (492 421) pour donner à cette maison (je l’ai toujours située dans ce coin-là du pays)

(on voit ? le panneau indicateur (de quoi ?) flanqué dans le massif herbeux (la connerie humaine est toujours présente et agissante malgré ces images prises à la machine) l’image de 2008 est plus parlante

(j’ai repéré aussi l’adresse sur ce wtf gsv – on ne mord pas la main qui nous nourrit, c’est vrai mais ces entreprises nommées gafam quelle saloperie – aussi) une musique, un air, un emblème, une adresse.
Par chance, ou communication interstellaire ou cosmique, l’ami Dominique Hasselmann parle aujourd’hui des loups de Freud et de son homme – j’aime ces conjonctions (c’est la paranoïa, à l’œuvre je suppose)

 

 

 

il pleut sur Nantes
Donne moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin

Un matin comme celui-là
Il y a juste un an déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare

Nantes m’était alors inconnue
Je n’y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse le voyage
Madame soyez au rendez-vous 
Vingt-cinq rue de la Grange-aux-Loups
Faites vite il y a peu d’espoir
Il a demandé à vous voir

À l’heure de sa dernière heure
Après bien des années d’errance
Il me revenait en plein cœur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu’il s’en était allé
Longtemps je l’avais espéré
Ce vagabond ce disparu
Voilà qu’il m’était revenu

Vingt-cinq rue de la Grange-aux-Loups
Je m’en souviens du rendez-vous
Et j’ai gravé dans ma mémoire
Cette chambre au fond d’un couloir

Assis près d’une cheminée
J’ai vu quatre hommes se lever
La lumière était froide et blanche
Ils portaient l’habit du dimanche
Je n’ai pas posé de question
À ces étranges compagnons
J’ai rien dit mais à leurs regards
J’ai compris qu’il était trop tard

Pourtant j’étais au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-aux-Loups
mais il ne m’a jamais revue
Il avait déjà disparu

Voilà tu la connais l’histoire
Il était revenu un soir
Et ce fut son dernier voyage
Et ce fut son dernier rivage
Il voulait avant de mourir
Se réchauffer à mon sourire
Mais il mourut à la nuit même
Sans un adieu sans un je t’aime

Au chemin qui longe la mer
Couché dans le jardin de pierres
Je veux que tranquille il repose
Je l’ai couché dessous les roses
Mon père mon père

Il pleut sur Nantes
Et je me souviens
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin

 

 

 

 

 

SdB

Apparemment, la salle de bains (SdB) est occupée, il faut dire que les locataires sont de plus en plus nombreux. On aurait peut-être dû chercher un loft, il y a tant d’usines qui ferment et dont on peut acheter les locaux pour une bouchée de pain.

Je ne peux m’empêcher de penser, quand j’écris SdB, à cette photo que « Le Nouvel Observateur » publia en « une » de couverture le 3 janvier 2008 et où Simone de Beauvoir apparaissait dans le plus simple appareil (un Leica, en l’occurrence).

Hier, lors d’un espace de temps libre, je suis entré dans la salle de bains, elle possédait bien sa petite armoire à pharmacie avec la glace centrale et les deux latérales.

Je me suis donc regardé de profil : à gauche, j’avais le nez droit (normal), à droite, j’avais le nez courbe. Ma première réaction fut de penser que j’avais un problème de vision ou que le verre était vraiment mal nettoyé. Mais je renouvelais l’expérience : le résultat était le même, j’avais beau changer les angles de vision, les glaces me renvoyaient deux images différentes de moi-même.

C’est bizarre, car j’aime les nez courbes chez les femmes (je repense à celui de la chanteuse Barbara, une découpe d’aigle noir), mais jamais je n’aurais pensé pouvoir disposer ainsi de deux profils radicalement opposés.

Il restait une autre réponse possible : quelqu’un avait usurpé mon identité – ici on croise beaucoup de monde, parfois des inconnus – et se jouait ainsi de ma présence. Quand on me croyait à la salle de bains, j’étais dans le salon, quand on m’attendait pour déjeuner dans le séjour, je graissais la chaîne de ma moto dans le garage.

Je finis par penser que je traiterais cette énigme une autre fois : j’ai beau posséder un H au début de mon nom, je ne suis pas, me semble-t-il, un cousin germain de Sherlock Holmes.

SdB 2.6.15_DH(photo : cliquer pour agrandir.)