Dans la buanderie

Il pleut, ça n’en finit pas, comme cet après-midi qui se traîne.

Le terrain, la rue, sont torrent et flaques, et même ici, où me suis réfugiée, pour m’éloigner de la contemplation morne des vitres battues d’eau, la pluie, son bruit un peu atténué, ne me quitte pas et je ne peux m’empêcher de lever la tête vers le petit fenestron (cette manie que j’ai de chercher les mots qui adoucissent !) rayé par l’averse.

Il pleut, personne ne viendra, et pourtant j’aimerais tant – oh ce n’est pas pour la boite, même si, parait-il, les ventes viennent au compte-gouttes (et le pensant, je sens que je ris, un peu, mécaniquement.. pas si mal, même si c’est ricanement) – mais tout plutôt que de ruminer, parce que non je ne pense pas, je ne veux pas, dès que les idées, l’idée plutôt, se dessine, je bifurque… alors ne reste que la pluie, mais elle est trop éternelle pour me distraire.

Faire attention à ce qui m’entoure, oui…

comme le sol, le ciment qu’est bien dur sous mes fesses et le manteau bien tiré pour éviter de le froisser.. et puis comme le contact de la machine, le cercle qui saille et me rentre dans le dos, je bouge un peu, je joue avec la sensation des aspérités…

Et puis mes chaussures devant moi, et leur usure qui se voit vraiment trop.

J’ai puisé dans mon sac le livre qui y traîne pour m’isoler dans le métro, l’ai ouvert, l’ai fermé.. le Banquet c’est trop ou pas assez pour ma peine (pas ce mot, tu vas lâcher prise) pour que mon état d’esprit s’y accroche..

Comme j’ai risqué un mot interdit, comme je sens que je deviens humide, molle, le réflexe, je chantonne… faux bien sûr… au risque de faire pleuvoir et j’en souris.

Il me semble que la lumière faiblit.

Je regarde ma montre.. plus très longtemps… je prends un bonbon.

2 réflexions au sujet de « Dans la buanderie »

  1. Un petit fenestron rayé par l’averse et une peine que l’on noie dans un banquet de bonbons …
    J’aime cette maison et ses coins pleins de surprises !

  2. ( elle va quitter la maison témoin, mais sans la quitter vraiment) (il faudra qu’elle revienne demain, c’est que les temps sont durs pour trouver des acheteurs (et durs pour les vendeurs aussi))

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