C’est à peu près certain : il n’y a pas que le cinéma dans la vie (même si on y va, si on l’aime et qu’il ne cessera pas d’être présent dans cette maison – elle le vaut bien).
Il y a aussi la chanson et cette femme-là ne ressemble à personne. La force, l’intelligence et la grâce de l’amour et du plaisir de vivre, voilà ce qu’elle illustre. Le florilège, ou les linéaments que je pratique régulièrement (sans doute parce que j’aime aimer les choses et les êtres aimables) indiquent pourtant une filiation, (une sororité, pédanterai-je peut-être), un témoin entre -par exemple, j’en aurais bien d’autres à donner- disons madame (Nina) Simone, madame (Simone) Signoret (bien qu’elle ne chantait point) et Cesaria Evora (et, donc Ava Gardner, cette Comtesse aux pieds Nus (Joseph Mankiewicz, 1954) fatalement…) (la prochaine fois, je le fais pour les types).
Je lis ce livre, une biographie, dont je pose ici un extrait, et dans les diverses pièces de cette maison on entendra la morna, on entendra peut-être une autre fois d’autres merveilles…
Femme libre, fille-mère, chanteuse, whisky cognac et plus rien du jour au lendemain, clope au bec et toujours fidèle à son île, sa maison, son fauteuil de skaï, toujours généreuse, riche de sa voix magnifique et de ses amitiés qui durent une vie…
Les bijoux qu’elle porte et les chaussures qu’elle délaisse, moi, j’adore… Elle, en entier, moi, je l’adore.
Tu sais quoi ? je suis né au bord de la mer, pas de l’océan, et ça change tout : cette musique-là, comme celle qu’on entend à Lisbonne, cette musique qui, comme le vent, les vagues, le ciel et le soleil est inépuisable, cette musique-là, ces chansons, pour les gens de peu, qui rient, qui dansent, qui boivent pour oublier, ou pour se souvenir c’est selon, il faut bien qu’elle nous attendrisse. Ou à Rio…
Les lignes qui suivent, je les partage même si je ne suis qu’un homme. Mais je chante…
« A ceux qui pensent qu’une femme qui boit est une fille perdue, une honte pour la ville, mais s’en servent le moment voulu, qu’une mère célibataire est une femme de mauvaise vie, et que la pauvreté est l’état naturel des abrutis, il faut toujours prouver quelque chose. Il faut porter ses plaies comme des étendards. Ses pieds comme des symboles. » (in Cesaria Evora, la voix du Cap-Vert, Véronique Mortaigne, Babel 2014, p 57)
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