Extérieur nuit (3)

 

 

 

 

Un dernier développement ici sur le film de Marco Bellochio Esterno Notte (2022) : ce billet pour tenter de poser quelques suites fictionnelles empruntées par le réalisateur et ses scénaristes. Les recherches entreprises ont permis d’explorer par exemple un article des cahiers du cinéma (nouvelle formule) écrit par un des psychiatres amis du réalisateur (ici) .  Beaucoup de choses, bien sûr, restent dans une ombre propice à toutes les interprétations.Voilà quarante cinq ans, à six jours d’ici, on mettait à mort ce type d’une soixantaine d’années, pieux, aimé et aimant (notamment son petit fils, Luca) au prétexte qu’il représentait une société et un système honni.es, haï.es qui se débarrassèrent de lui parce qu’il était gênant pour leur vues politiques. Dans cette occurrence, les partis politiques ont été et restent  lourdement coupables tout comme le Vatican de trahison envers un de leurs plus fidèles serviteurs. La morale n’est certes pas sauve, et ces manquements aux règles les plus basiques de l’humanité ont probablement permis à d’autres encore de poser des bombes (notamment dans la gare de Bologne, le 2 août 1980 : 85 morts, plus de deux cents blessés) aveuglément. Rien de nouveau sous le soleil ? L’humanité en fut gravement blessée,mais il semble malheureusement qu’elle n’en ait tiré aucune leçon.

 

 

Plusieurs incises mettent au jour ou en scène des événements un peu étrangers aux faits qu’on connaît pour être réels. Par exemple la discussion d’un émissaire pontifical (à gauche de l’image)

avec un des avocats des brigades rouges au procès de Turin qui se déroulait dans le même temps que l’enlèvement, la séquestration, la prise d’otage (il y a sans doute plus de raisons qui motivent l’enlèvement dans la mise en place ou scène de ce procès que dans l’avènement inachevé du « compromis historique »). De grosses sommes d’argent sont en jeu : « la merde du diable » comme dit un des intervenants (ou les déjections diaboliques) pour effacer l’enlèvement, construire une négociation, et éviter le pire… D’ailleurs le pape en informe Eléonora, l’épouse (tout aussi pieuse que lui) d’Aldo : une scène les montre devant un tas de liasses de billets de banque

elle vient supplier ici son excellence de l’aider – l’aide est sonnante, trébuchante, inutile –

Le gouvernement (Andreotti) en est aussi informé

tractations, négociations, discussions – inutilement… Le pape trahira son ami sous l’emprise de la politique – il était âgé, certes, et malade, sans doute : est-ce suffisant pour expliquer cette trahison ? probablement (ou pas).

Un autre développement, plus fictionnel encore peut-être, est réalisé à l’occasion des fêtes pascales – on y voit le petit Luca briser l’œuf en chocolat – plus loin, mais dans le même espace-temps, (en flash-back) Aldo raconte à sa famille qu’il a réservé pour elle un caveau qu’il fait creuser – l’endroit où il sera d’ailleurs enterré, dans la plus stricte intimité,  après qu’il aura été exécuté.

La scène de la visite du caveau en travaux, parfaitement fictionnelle raconte quelque chose (la vie après la mort probablement) : étrange et mystérieux – que se passe-t-il après la mort ? que croit-on? en quoi croit-on ? Une autre scène montre l’arrivée d’un prêtre dans la prison du peuple où est retenu Aldo depuis une cinquantaine de jours à présent.  Il semble que, dans les faits réels, cette venue ait été demandée par le futur martyre (du vocabulaire religieux, oui)

où place-t-il la lumière, ce Bellochio? – en amorce,droite cadre, le jeune prêtre

Ailleurs encore, une fausse piste, comme celle du cinéma : le clap indique

« le séquestré »/

réalisation Zapparoli   : ici une explicitation  de la réalisation

en revanche, l’opérateur est bien Francesco Di Giacomo (à ce qu’il semble) : on assassinera le double (en vrai, le triple, le faux, la doublure) dans un simulacre

la réalité est évidemment autre ( fantaisies disait Freud (1) – puis fantasmes…) (on sait en effet que c’est dans le coffre de la 4L rouge, recouvert d’une couverture, qu’Aldo sera mis (tellement inutilement) à mort, vers 6h30, le 9 mai (dans le garage)

D’autres développements, à nouveau, avec souci de réel peut-être, la séquence de nuit où Éléonora va vérifier la fermeture des boutons de la gazinière : en vérité, elle les ouvre, puis les referme

Appropriation du réel (puisque Aldo faisait la même chose – mais dans la narration ici donnée…) – un peu du même ordre que le rêve d’Adriana

On dispose aussi dans la narration qui relate le point de vue d’Éléonora de l’appel téléphonique qu’elle donne à la veuve de l’un des hommes d’escorte de Moro, tué le 16 mars : ici la chambre à coucher du mort, au lit matrimonial, au téléphone blanc – lafemmemédusée stupéfiée sidérée…

Et Éléonora, elle aussi, qui ne sait pourquoi – encore une fiction ?

En tout cas, pour échapper aux embrassades du président de la République Giovanni Leone

Défiance. Les dernières volontés d’Aldo Moro : la plus stricte intimité, personne de la démocratie chrétienne,personne d’autre que sa famille. Car tous l’ont lâché : le pape (ici regardant à la télévision la famille d’Aldo)

comme ses « amis » de la Démocratie Chrétienne

(du parti communiste, il n’est même pas question – cependant, l’un des plus obstinés à ne pas négocier pour sauver la vie du président)

Des six épisodes qu’on nous donne, on retiendra aussi cette image pratiquement subliminale

on y voit trois serviettes cartables attaché-case – les lunettes probablement d’Aldo, des gouttes de sang sur un exemplaire du journal Il Popolo lequel titre

Oggi Il Governo presenta il programma alle camere (aujourd’hui le gouvernement présente le programme aux chambres) – l’énigme des serviettes/cartables reste pendable il me semble (on n’en a retrouve que 4 – il semble qu’il y en ait eu 6…) – le journal reste une preuve – on peut remarquer aussi droite cadre de la dernière image le téléphone de voiture (dernier cri à ce moment-là) : toutes choses qui accroissent la notion de vérité produite dans le film…

 

Un générique complet et détaillé du film peut être consulté ici.
Le recensement des divers articles publiés dans le journal de référence paraissant l’après midi est consultable ici (mise en place à mesure)

les épisodes précédents de cette exploration :
le 1;

le 2; 

 

 

 

 

 

 

 

dispersion 19

 

 

(redite) cette série à l’existence mitigée, se place dans des conditions sociales de production que l’agent ne maîtrise pas – elle vient, passe, s’arrête et recommence comme une espèce de chanson lente, saudade morna blues ce que tu veux – un moment passe, les choses à faire attendent, les financières comme les autres, la santé comme la cuisine, vaguement quelque chose d’une certaine terreur vis à vis de ce monde-là, qu’elle essaye (en pure perte) de comprendre, discerner, distinguer – la mémoire, les sentiments – alliant la dispersion vis à vis du travail à mener à l’existence et la vie de cette maison  

 

il y avait Brigitte Fontaine qui chantait les zazous, non ? je ne sais plus exactement – l’un des batteurs les plus prolifiques de nos années

bonjour la pose (que la paix garde son âme) – étude de cas : ici la main baguée je crois bien

et celui-ci (dit l’gros nanar)

et le bijou

non, rien de plus. Une façon de se tenir

tu reconnais le pont Neuf en bas de l’image droite cadre ? – non loin du quai de Conti où vivait Modiano père, mère et fils –

pratiquement la même époque – la Floride – toujours Paris tu vois –

déjà posée ici, mais on ne s’en lasse pas – le rire oui et la dérision –

passent les vies – pourtant, ses idées ses amis ses pensées

deux fois de suite bizarrement (ici dans La Bandera (Julien Duvivier, 1935))

abject – tant pis, suivi d’une merveille caractérielle aussi mais qu’est-ce que ça peut faire ? le piano et elle, pour toujours pour elleplus contemporain? peut-être – et puis beaucoup de mal à lire ses écrits, notamment L’aveuglement mais j’aime son diminutif, Zé qu’on ne lui accolait peut-être pas – les mains aux hanches, j’adore

et enfin ce couple tellement  rangé calme doux – on ne dirait pas…

 

la série dispersion s’écrit et s’illustre ici 

 

 

Extérieur nuit (2)

 

 

Dans ce deuxième billet, on explicite un peuplus les tenants/aboutissants ainsi que d’autres développements (plutôt en liens vers d’autres textes – plus copieux, sans doute, moins illustrés aussi) de cette histoire qui date de quarante cinq ans. Le billet se base sur quelques images capturées lors de la diffusion du feuilleton/série/film Esterno Notte sur arte  réalisation de Marco Bellochio, (qu’on peut toujours voir ici) présentée à Cannes l’année dernière (est-ce du cinéma, est-ce de la télévision, est-ce quelque chose de plateforme ? je crains que ce ne soit pas (ou plus) le débat, mais celui-ci existe réellement – et pour ma part, je préfère voir les films en salle…) Une deuxième élaboration donc. En ouverture de billet, une image de la représentation d’Aldo Moro, lequel, à une tribune du parti de la Démocratie Chrétienne dont il est, à l’image, encore le président, convainc l’assemblée du bien fondé de son travail avec le parti communiste afin de réaliser ce que la presse intitula le »compromis historique » – lequel compromis était fortement combattu et depuis de nombreuses années, par les États-Unis, notamment en la personne de Henry Kissinger (personnalité détestée par le président Moro) mais qui,alors, n’est plus aux affaires (comme on dit) – Kissinger (républicain) était conseiller spécial et ministre des affaires étrangères du précédent président étazunien  (Gérald Ford)

 

 

les divers plans de coupe dans lesquels se meut cette narration – assez chronologique cependant – m’ont particulièrement fait penser à ce que Marco Bellochio instille dans son film, cette façon de se rendre intérieur aux protagonistes – ou complètement extérieur.
Ici

rien à voir avec le reste de la vie – mais c’est là et j’adore

J’adore aussi ceux-ci

c’est la nuit – il en a passé cinquante cinq dans son réduit – et c’est le jour

une ville qu’on aime –  une espèce de creuset –

cette ville qui, vingt ans plus tôt accueillait Fellini (le cinéma, c’est important) (la fontaine de Trévi, la via Veneto reconstituée sur le plateau 5 de Cinecitta) – ici ça se déroulait sur la rive droite du Tibre, trastevere – on parlait on négociait, il ne faudrait pas croire que tout le monde était d’accord – des milliers et des milliers de contrôle

en pure perte – il faut montrer qu’on fait quelque chose (mais qu’on laisse pourrir, non) (on fait même appel aux esprits, c’est pour te dire) – le gouvernement démocrate chrétien, épaulé de ses alliés (le parti communiste ne veut pas négocier ce serait reconnaître être doublé à gauche…) (le parti socialiste veut négocier, quant à lui : ce n’est pas un allié…) – longtemps Moretti (ici à l’image, au centre – à gauche Valerio Morucci, à droite Adriana)

assez leader, disons, de l’équipe qui a mis au point l’enlèvement, la séquestration, le procès et la suite promise au président Moro, longtemps il a tenu bon : non, on ne négocie pas, non, on ne l’épargnera pas (jusqu’au 6 ou 7 mai, en discussion, dans un bar de Rome) longtemps

on ne fera rien pour que ces valets du capitalisme s’en sortent la tête haute – il s’agit d’orgueil, il s’agit de ne pas perdre la face – tandis que la police ratisse largement (ici une image d’Adriana qu’elle voit, elle-même, sur une planche de bord de voiture de police)

elle qui rêve – c’est important, les rêves, ce sont des humains qui vivent, et dorment – celui d’Adriana (il est dit qu’elle le raconte dans le livre qu’elle a écrit – non traduit en français) (quand on raconte un rêve et qu’on l’écrit, il devient une réalité quand on le cite) ce rêve

déambulation au fil de l’eau

des morts passent

ils sont là, il y Aldo et d’autres morts – sous les balles, ce sang ordinaire, obligatoire et nécessaire – cette boucherie

elle se réveille – en sueur – un mauvais rêve dans la vraie vie – le rêve du pape (tu vois, ce n’est qu’un humain comme les autres – et la nuit il rêve ou quand il dort)

martyre, Aldo ? On le laissera mourir, et on espérera que sa mise à mort sera exécutée par ceux qu’on combat : ainsi seront-ils (et elles aussi) vaincu.es…

 

 

le billet précédent Extérieur Nuit (1)

 

 

 

 

À propos de So-hee

 

 

July Jung

 

 

on en est (comme souvent c’est le cas) à se demander si les réalisations (sont-ce–t-elles bien des réalisations ?) valent vraiment la peine qu’on se donne à les imaginer, puis en chercher les supports visuels, puis en agrémenter les billevesées, puis encore à la poser ici pour en faire la promotion là, tout ça pour quoi faire sinon nourrir des bases de données dont on nous réclamera le loyer suivant un protocole à base de consentement secret et tu… (à ce propos – je veux dire le loyer – : merci à CJ) – une tribune ? une influence (cette puanteur contemporaine) ? une publicité (pub dans le vieux monde qui n’est aucunement différent de celui-ci) ? Après il y a le cinéma (mais justement, celui-ci n’est qu’une usine à profit, à boite de bureau (box office) (caisse enregistreuse : combien de divisions ? combien de milliards ? et les mœurs du milieu (voir le gros russe, ces temps-ci; on voyait les frères W., on en sait la maxime « il n’y a que ceux qui travaillent qui travaillent », on en connaît les émoluments, les privilèges, les prébendes et les débordements festifs) – tout ça exhale une forte odeur de pourriture mais c’est le cinéma – cent cinquante millions de places vendues l’année dernière dans ce pays…) (il y en avait plus de 400 millions de vendues au siècle dernier, remarque aussi – ça devait rapporter moins aussi, remarque bien) un divertissement pour bourgeois ? on se demande… ça n’empêche pas d’y aller quand même, et lorsque le spectacle (disons) permet d’y voir (un peu) plus clair, autant le dire. Ici, en cette maison (depuis bientôt huit ans, je me retourne) trois cent vingt fois sur le métier (il y faudrait un index) remettre son ouvroir de cinéma potentiel…

 

On parle travail – conditions de travail : ça se passe à l’autre bout du monde, alors les mœurs sont différentes : ce sont de jeunes gens on aime à rire on aime à boire, on aime à danser – la vie est tellement belle et c’est tellement tant mieux… Dans les documents dont je dispose, il n’y a pas d’images de danse mais elle est pourtant là d’abord car le film débute par une séquence magnifique : une jeune fille (son prénom dans le titre du film, So-hee – interprétée formidablement par Kim Si-eun)  c’est elle qui fait signe, là

répète ses pas de danse, une fois dix fois – il y a  là un miroir, la jeune fille en survêtement de sport gris danse encore n’y arrive pas, remet ses cheveux en ordre, essaye encore… Et puis, et puis..
elle est en classe, c’est une lycéenne, son professeur ou quelqu’un de ce genre lui trouve un stage en entreprise : elle est ravie… Elle va pouvoir gagner sa vie, y entrer tout au moins, le monde du travail n’est-il pas celui dans lequel nous passons un bon tiers de notre vie éveillée ? N’est-ce pas le lieu de la dignité d’être humain, de vivre par soi-même, celui de la subordination aussi certes, mais celui du contrat, normalement loyal et sincère ? – on le signe conjointement, on obéit oui mais contre salaire et respect des droits.

Conquis, ces droits comme on sait : combien de morts pour ces idéaux ?

Au vrai j’ai une image d’elle, qui, à un moment, entre dans la salle de danse

Un lieu de vie. Un plaisir et un bonheur de danser avec celui qui pourrait devenir (ou qui l’est, on ne sait pas bien) son amoureux. Et puis les choses changent. Le travail et ses conditions.

les humiliations de la hiérarchie

un pays différent, des repas et des mets dissemblables, peut-être mais une même  humanité blessée, rompue, piétinée – une jeunesse surtout rendue esclave, et le contrat bafoué, inutile, sans effet – comme ici ? eh bien… oui, souvent oui – elle se battra, n’en pourra plus

un concours de circonstances, un téléphone qui ne répond pas, une mémoire effacée, un reniement peut-être : des blessures qu’elle ne parvient pas à soigner (celles infligées à l’âme même…)
Une deuxième époque : la venue de l’inspectrice de police (il y a enquête) (Bae Doo-na, magnifique – elle jouait déjà dans le premier long métrage de July Jung, A gril at my door (2014) vraiment bien aussi)

On cherche à comprendre

On trouvera

mais c’est sans espoir

Le film se clôt par une vidéo, le seul document qui reste dans le téléphone portable de So-hee : elle danse, elle danse dans son survêtement gris, elle danse et danse encore et parvient à réaliser sa figure, et son sourire alors, si radieux

 

About Kim Sohee  un film magnifique, coréen, magnifique de July Jung.

 

 

 

Rois du monde

 

 

 

ce sont presque encore des enfants – le plus âgé prénommé Ra

sans doute le héros, hérite d’une terre appartenant à ses grands-parents – volée par les paramilitaires colombiens, puis aujourd’hui restituée

c’est une chance, pense-t-il, et décide de s’en aller avec ses amis – ils seront cinq et tout sera dans le voyage

ils partent clandestins sur un camion

tractés aussi par lui

puis libres

Ils foncent, rencontrent un vieil homme seul avec ses quelques chiens, il les héberge

et Ra s’explique un peu

mais seront-ils jamais tranquilles ? c’est assez douteux

Ils seront maltraités, s’en iront encore – en courant à travers champ – s’en iront

libres, sauvages

peu de temps – le rêve de liberté

conquise offerte désirée

mais introuvable – vaincue, toujours, par la violence, toujours

 

 

Los Reyes del Mondo, un film magnifique de cinéma et de Laura Mora

ici le dossier de presse augmenté du film-annonce, dont sont tirées les images posées ici, et d’une interview de la réalisatrice

 

méthodologie : 
Quel que soit le film, le mode opératoire semble sensiblement le même : voir le film, en apprécier le thème, la teneur, le genre, en rechercher les scories et les présenter das un ordre disons subjectif (je n’aime pas « subjectif » parce que  ça n’existe pas (cependant, je n’ai pas souvenir de la musique de ce film sauf quand il s’agit, pour les héros, de danser – image d’entrée de billet); je n’aime pas « scories » (bien que le mot me soit assez joli) parce qu’il réfère un peu aux ordures déchets et autres souillures qui infèrent un champ lexical disons en relation, certes, avec un certain marketing,  mais éloigné cependant des intentions créatrices, disons encore); je ne cesse guère de m’interroger sur ma pratique, ici, ailleurs, encore ailleurs mais le cinéma est un lieu de la culture (dans le sens  où cette dernière dispose d’un ministère – comme on en connaît de certain culte) qui me rapproche de ce monde-là, contemporain, j’y vis et je remercie (vraiment) de me trouver en cette ville magnifique aux plusieurs milliers de salles (même si je n’en fréquente en réalité que six ou sept). Pour dire ici, donc, que le matériel dont je me sers ne m’est pas spécialement convenable mais que j’en use parce que ce m’est le seul disponible (pour parvenir à exprimer quelque chose de relativement proche de mon appréhension des films, il faudrait les voir, les revoir prendre des images et les exploiter – à la table de montage pratiquement). Peu importe en réalité, ce n’est que ma vision des choses mais justement, avec mes excuses, ce ne sont que mes mots, mes images mais qui ne sont que « des » images, sans doute sorties de leur contexte (lequel est le plus puissant) et sélectionnées par une espèce de hasard qui tient sa validité de ce qu’en ont extrait des professionnels de la profession comme disait le sage mais sectaire solitaire de Rolle. Avec mes respects, mes hommages et mes remerciements d’avoir été jusque là. 

Extérieur nuit (1)

 

 

 

je commence ici une exploration du film (fleuve : 337 minutes, 6 époques) de Marco Bellochio (qui a été programmé sur arte depuis le 8 mars – et je crois en deux épisodes depuis hier –  enfin depuis quelques jours) Esterno Notte – je les regarde, prends des images – ici un peu du générique où le »R » de Rosse peut-être est employé pour le titre 

je les repose ici – afin que cette maison témoigne de l’évidence de ces moments-là (j’avais 25 ans, la vie bifurquait, mon monde et mon univers changeaient eux aussi – je ne m’en rendais pas compte) –  il s’agit d’une vieille histoire, racontée (par un idiot, sans doute) des milliers de fois en Italie , qui a marqué ce monde-là – cinq morts ici, puis un sixième dans cinquante-cinq jours (pleine de cris de bruits, de fureurs et de sang) – les 6 époques évoquées sont centrées chacune sur les protagonistes de la narration, ce ne sont pas exactement des personnages mais ils sont cependant incarnés : la première met en scène Aldo Moro professeur et pieux elle se termine par son enlèvement (on pourra lire ici une espèce de compte rebours écrit par votre serviteur pour la revue DIRE, à paraître,dont le thème était ROUGE) ; la seconde plus centrée le gouvernement de l’époque (notamment Francesco Cossiga ministre de l’intérieur); la troisième  le pape et les allées du pouvoir; la quatrième l’autre côté du miroir (côté brigades rouges) soit le couple formé par Adriana Farranda (du livre de laquelle (non traduit en français) le scénario s’inspire, pour partie donc) et Valerio Morucci; la cinquième centrée sur Eleonora Moro et sa famille; la sixième enfin comme épilogue de la tragédie. Ce découpage est une illusion : partout sourd l’enlèvement, les suites, les tractations, les mesures prises (ou plutôt abandonnées) pour retrouver et sauver Aldo Moro : on sait ce qu’il en a été… 

 

Ce sont donc images prises dans le cours de l’exposition

plans de coupe (l’Italie, ses trois couleurs et le vent)

(zoom arrière)

la « machine à écrire » monument romain érigé en l’honneur de Victor Emmanuel le deux (roi (très moustachu – mais c’était à l’époque (1860 et quelques) la mode)  d’Italie qui en permit la réunification), dit Il Vittoriano (en 1871, Rome en est devenue capitale) – musée de la réunification et tombeau du soldat inconnu…

Peut-être me faut-il présenter les divers protagonistes de cette histoire trouble. Du policier en charge de l’enquête

qui accompagne ici Eleonora Moro, la femme du président (il vient d’être enlevé et bientôt jugé par le tribunal du peuple)

Elle ira voir le pape (Paul six)

afin qu’il intervienne (elle est, comme son mari, pieuse et croyante). À ce pape donc qu’a connu Aldo quand il avait vingt ans et qu’il fréquentait les jeunesses catholiques de la ville où il étudia (Bari) – un ami presque d’enfance que ce Giovanni Battista Montini (il a vingt ans de plus qu’Aldo, c’est comme un père pour lui) : les voici tous les deux à l’image quelques semaines avant l’enlèvement

mais quelque chose ne va pas : Aldo veut, pour gouverner ce monde incontrôlable, faire alliance avec le diable en personne – lui-même – le communisme – « ce n’est que façade » essaye de plaider Aldo – Paul sixième (numéro 262 de la série qui aujourd’hui n’en compte que 266) ne l’entend pas et n’y croit que peu et voilà qu’on tue en pleine rue

l’escorte d’Aldo (cinq hommes,militaires ou policiers aguerris mais peu protégés eux-mêmes) et qu’on enlève Aldo – sans doute le pape alors se punit-il d’avoir tant demandé à son dieu et probablement même plus : ici une image du cilice qu’il s’inflige le saint père, sa sainteté ou comme on voudra le nommer

le ventre du souverain pontife, ensanglanté – punition antérieure à sa position dans les semaines qui vont suivre – trahir un ami (quand même cette action serait fréquente dans le monde réel) ne va jamais sans regret – pourtant le pape s’adressera au peuple (et aux brigades rouges quand même)

contrechamp à la cour vide

c’est que l’église catholique apostolique romaine donc tient une grande place dans l’imaginaire italien – français aussi, puisque ce pays en est la fille aînée – c’est un lieu, une disposition, un symbolisme, un univers auquel on croit dur comme fer – une institution riche financièrement aussi, tout autant que religieusement ou historiquement – Paul six porte la foi jusqu’à (faire) réunir une somme formidable en échange du séquestré de Rome (car Aldo est emprisonné à Rome : de cela on ne sait encore rien) : rien n’y fera, comme on sait…
Il est plus simple de voir les choses avec discernement quand on s’en éloigne, bien sûr et surtout, dans le temps. Aujourd’hui, les agissements des autres pays du monde sont plus connus : on sait que le ministre de l’intérieur Francesco Cossiga

dépeint ici plus comme sujet de quelque obsession

a été conseillé, pour ne pas dire influencé par un envoyé du président Carter (US, Central Intelligence Agency) qu’on voit, ressemblant à ce qu’il était alors (Steve Pieczenik, lequel a assuré (dans un livre non traduit en français) de son rôle et de son influence, disons)

Cossiga le reçoit fréquemment (on ne parle que peu du cabinet plus ou moins noir que le ministre de l’intérieur mit en place mais ça n’a pas d’importance) – dans le courant du mois d’avril Aldo fait passer à ceux qu’il croit être (encore) ses alliés des lettres leur enjoignant de pactiser, de négocier, d’échanger ne serait-ce qu’un des brigadistes emprisonnés contre lui : de cela le parti communiste ne veut à aucun prix. Ici celui qui incarne Enrico Berlinguer (secrétaire général du PC italien d’alors, cheville avec Aldo du « compromis historique » pourtant)

On parle beaucoup mais  on n’agit que peu… Cette négociation demandée par Aldo Moro n’aura jamais lieu : la demande aura beau être envoyée aux journaux, on tentera de faire passer le prisonnier pour fou (ici, le film donne la thèse de l’influence de la CIA sur cette façon de procéder – l’envoyé de la CIA a, comme on l’a dit, abondé).
À ce point de la tragédie, Aldo se sait presque perdu : la Démocratie Chrétienne le lâche, le parti communiste le lâche et bientôt le pape le lâchera – il ne reste rien de la puissance symbolique acquis par des dizaines d’années de pouvoir. Aldo Moro promis à la présidence de la République n’est plus qu’un encombrant otage…

 

 

 

 

 

Nommer

 

 

 

je ne sais si on s’en fout complètement (OSEFC) ou s’il faut le souligner mais au générique du film dont il est ici question manquent les noms de trois ou quatre personnes et je trouve ça dommage. Ici une voisine

là, un voisin

là il s’agit sans doute peut-être d’un assistant (mais lequel ?) (clap de fin)

là probablement le preneur de son?

Sans doute.
La réalisatrice de ce court métrage qu’on aime par ailleurs (Solveig Anspach, que son âme reste en paix) avait peut-être ses raisons (comme disait ma mère, à Morgins, voyant passer son frère au volant de sa décapotable blanche sellerie de cuir rouge accompagné de celle qui n’était pas encore sa femme légitime nous lui demandions pourquoi il ne fallait pas faire des signes à notre oncle (donc) et elle « j’ai mes raisons » – tu comprends ? non, rien…) . J’ai ressenti quelque peine lorsque, cherchant à légender ce billet, j’ai découvert ces manques.
Pourtant, on nomme ceci

comme ceux-là

celles-là

ceux-là

ou celles-ci

et bien d’autres choses encore… celle-ci par exemple


Un peu de peine pour le cinéma, disons. Sans doute quelque chose de sa cruauté. Intitulé Anne et les tremblements  il est interprété par Anne Morin, premier rôle, dans le sien apparemment

(c’est une espèce d’histoire vraie, j’en sais rien – jusqu’à un certain point, certainement).

Après, elle vit au sixième, un appartement qu’elle a acheté, à une amie (Isabelle, imagine-toi), et qu’elle a prêté à des amis

mais bon, il y en a que ça ne gêne pas comme son amoureux

(« adorable » dit-elle) (tout comme elle, d’ailleurs) ou une de ses amies (Sabine, oui) qui veut acheter l’appart

mais ça ne se fera pas – alors Anne tentera de le vendre (ici l’annonce

) et puis finalement

non. Mais elle épousera son amoureux.

Clap de fin.

Toute une histoire qu’on pourra voir jusqu’au 31 de ce mois (c’est mars, c’est celui où le printemps déboule – normalement) comme « film du mois » ici

 

Anne et les tremblements, un film (court) de Solveig Anspach (2010)

 

 

 

 

 

dispersion 18

 

 

 

cette série à l’existence mitigée, se place dans des conditions sociales de production que l’agent ne maîtrise pas – elle vient, passe, s’arrête et recommence comme une espèce de chanson lente, saudade morna blues ce que tu veux – un moment passe, les choses à faire attendent, les financières comme les autres, la santé comme la cuisine, vaguement quelque chose d’une certaine terreur vis à vis de ce monde-là, qu’elle essaye (en pure perte) de comprendre, discerner, distinguer – la mémoire, les sentiments  

 

 

en gros, me disais-je montant la rue, tout toujours a déjà été fait  – j’avais à l’idée quelque chose qui se serait tenu entre une originalité exceptionnelle et une habitude dérisoire (ou l’inverse, je ne sais plus) – mais il y a là un dossier (machin avec un dos je suppose ?) dans lequel sont conservés (jusque quand ?) des documents (une information augmentée d’un support) au nombre de 60

dont je ne garde que quelques unes mais cette première d’abord

que je comprends comme une suite d’atelier (ma main serre celle de ma tante, ma montre,  son petit léopard en peluche) – je crois qu’elle était de février – seize du siècle précédent – un dessin de Delphine

magnifique – comme ce souvenir de résidence seinémarnaise

quelque nombrilisme peut-être – c’est le blanc du ciel gris qui m’impressionne – (l’image est de Mathilde Roux, qu’on salue) – je ne voulais pas construire quoi que ce soit – une originalité illusoire – cette maison abrite des fantômes : celui-ci

(les gens absents) ou celui-là

plus personnel, celui-là

on ne la présente plus – le noir et blanc, et la relation qu’entretient la photographie avec le reste du monde (hors de la réalité)

Tunisian President Habib Bourguiba, his wife Wassila Ben Ammar and their adoptive daughter Hager, pose for the photographer in 1962 in Carthago presidential palace. Bourguiba ruled Tunisia from 1957 until being destituted in 1987 by his Prime minister General Ben Ali after leading the country to independence from France in 1956.
© TAP/AFP

le type au prénom signifiant « heureux » – en son petit pays, le prix du pain – l’avenue, le cinéma, la cathédrale – et puis en continuant  magnifiquement

(collage de Christine Jeanney) explorer et se souvenir (l’image suivante de Denis Pasquier)

c’est égal, marchons si tu veux bien – avançons et pour le reste, nous verrons (ou pas) –

ici Daniela Carrasco (blessée mutilée violée tuée étranglée exposée – sommes-nous vraiment une espèce ? ) (notre cruauté – nos guerres et notre planète)

merveilleuse

sensible tu disais

on avance, oui, on avance – que ces jours vous soient beaux

 

 

les billets de la maison[s]témoin de la série dispersion.

 

 

les jardins de Carthage

Le réalisteur, Youssef Chebbi.

 

Le film dont on parle ici était projeté dans une salle l’Espace Saint-Michel dont le directeur-gérant-exploitant vient de disparaître : Claude Gérard, à qui ce billet sera dédié, parce que c’est un homme qui a travaillé pour que le cinéma vive,dans toute sa diversité et notamment sa qualité politique. Qu’il en soit ici remercié.  

 

 

c’est ainsi qu’à l’habitude – les documents disponibles sont mis à contribution et profit – ils dépeignent ce que la distribution veut montrer du film –  pour ma part, comme c’est un endroit qui m’est assez cher, je suis plutôt content d’en parler – il ne fait aucun doute que le décor (Tunis, un de ses quartiers neufs – ses habitants son parler ses couleurs tout autant) est l’un des personnages principaux et participe de beaucoup à mon statut de spectateur. Nul doute non plus que ce qui est dépeint ici fait partie de toute l’Afrique du Nord, et sans doute du continent entier, et de l’emprise qui y règne de la religion sur les hommes et les femmes qui y vivent. Le titre du film Ashkal elliptique certainement peut se traduire par « formes ». 

 

 

Il ne s’agit pas d’une production exceptionnelle (quoique le pays soit assez petit et qu’il y règne pourtant une activité cinématographique assez importante ) mais d’un film noir comme on en connaît des centaines (c’est un genre que l’on aime) – un couple de policiers

une femme, Fatma et un homme, Batal

qui  enquêtent sur des faits

qui ne cessent de se reproduire : des gens s’immolent – le décor important est situé dans la banlieue de la capitale

Tunis, sur les bords de la lagune, nommé les Jardins de Carthage, un nouveau quartier voulu par la dictature précédente (incarnée par Ben Ali foutu dehors en 2011, je crois bien qu’il est mort en Arabie Saoudite) pour y loger ses ouailles – las, tout fut arrêté – ce ne sont pas ruines mais chantiers

parfaitement graphiques – les hommes s’immolent et le pouvoir fait semblant de ne rien voir – le pouvoir masculin : l’enquête se clive

Fatma veut comprendre, Batal se protège – et protège par là l’état des choses – il faut aussi dire que le père de Fatma revêt l’aspect du pestiféré : il œuvre dans une organisation »Vérité et Réhabilitation », inspirée de celle de la réalité du pays, « Vérité et Dignité » (laquelle s’est embourbée et n’a pas réussi à restaurer la confiance qu’on pouvait avoir en la volonté de faire du pays une vraie démocratie)  – de ce fait, la policière Fatma, qui travaille dans et pour un état (policier mais qu’elle voudrait de droit), est une renégate et le pouvoir l’agonit – il faut noter ce parti-pris dans le film de poser une certaine normalité : il n’est cependant pas douteux que les femmes sont très minoritaires dans les forces de police tunisiennes. Pendant que Batal souscrit à la tradition et à sa religion, à sa famille tout autant, Fatma elle travaille à élucider le mystère

Les gens brûlent.

Allégorie d’une religion qui se nourrit de ceux (et celles, mais on les voit moins) qui y croient, cette narration nerveuse se termine en un hapax apocalyptique… Une réussite sans espoir cependant

 

 

Ashkal un film (tunisien) réalisé par Youssef Chebbi

 

 

les Voiles écarlates

(le réalisateur tient la camera)

 

 

l’agent avait l’intention de décrire ce film par ailleurs tout à fait recommandable mais il s’aperçoit que dans le pack destiné (par la distribution) à la presse (et donc, par là, à la promotion sur les lieux de vente – plv dit-on dans  certains environnements écosystèmes univers, comme il vous plaira) de l’omniprésence  de la figure du (peut-être) premier rôle – voilà qui m’indispose – OSEFU2P* certes des états d’âme de l’agent mais tout de même, ça m’ennuie grââââve.

De là à m’abstenir de parler de ces Voiles écarlates, il y a un pas (d’autant plus grand que je n’en parle pas mais en glose).

Bah, le film est réussi mais son matériel merdique – ici quelques qualificatifs pour puristes

On est bien avancé – mais voilà de nombreux mois que je me pose la question de ces images produites pour « faire parler » (craché-je dans une soupe indigeste ?certes) (au début des années quatre-vingts du siècle dernier, j’avais eu l’ambition de décrire ces films-annonce – j’ai jeté les habits de la thèse avec ou par ou grâce à la nécessité de gagner ma vie) – il s’agit de raconter les quelque vingt (peut-être) premières années de la vie d’une jeune fille – elle perd sa mère qui meurt d’un viol apprendra-t-on – son père revient de la guerre (il s’agit de la première mondiale) (est-ce son père ? c’est son père)

– trouve à s’employer (il dispose de mains d’or) comme menuisier, puis se fait jeter comme un malpropre, on ne l’aime pas au village mais il continue à vivre cependant – sa fille grandit et embellit – le film est une merveille – les images n’en rendent que peu compte (mais n’est-ce pas le jeu ?) (est-ce jeu ?) qu’importe ici la jeune fille(Juliette Jouan, charmante certes)

elle chante est heureuse (mais on ne voit pas son éducation,son avancement en âge comme le film le décrit si joliment) ici son père (Raphaël Thiéry, parfait)

on commandera au menuisier une figure de proue, qu’il réalisera en prenant pour modèle sa femme, morte – cette figure ornera un voilier

on l’aperçoit ici – magnifique – ces voiles-là sont écarlates, certes,mais d’autres viendront du ciel – on en voit d’autres ici (le petit jouet bord cadre à gauche,dans les mains de la jeune fille à douze ans peut-être)

car oui, il y a dans le rôle un peu de magicienne Yolande Moreau (magnifique) , dans le rôle de la mère adoptive disons, Noémie Lvovski (vivante et forte)

et puis la robe écarlate elle aussi

l’amour (dans le rôle de l’amoureux, Louis Garrel sérieux et attachant)

la brouille

le film est magnifiquement écrit, magnifiquement réalisé (le réalisateur est au cadre) et magnifiquement dirigé (on avait vu de lui La bocca del lupo avec une image brouillée et un scénario empli de turpitudes; Bella et perduta raté ais avec quelques images formidables; mais un Martin Eden qu’on avait manqué).
Et une musique formidable, elle aussi (Gabriel Yared, au meilleur).

Pour le reste…

 

L’envol  un film de Pietro Marcello (inspiré (librement dit-on) d’un conte d’Aleksandr Grin (ou Green, ou Grine) titré Les voiles écarlates) (titré Scarlett  (Écarlate) pour l’export)

 

 

  • OSEFU2P : on s’en fout un petit peu