la petite Jaffna

 

 

 

pour fixer les idées (mais ça ne sert pas à grand chose, elles sont toujours assez mobiles et oniriques) ça se trouve là (sud de l’Inde)

zoum arrière ?

je garde une espèce de curiosité pour les endroits éloignés et pour moi inaccessibles, incapable que je suis de m’en aller ailleurs – je déteste partir mais j’aime assez revenir – comment est-ce, en images, Jaffna (ex-Ceylan, Sri-Lanka)  ?

des commerces

un peu comme on en trouve en Afrique ou à Barbès

comme partout sans doute

juste à quelques milliers de kilomètres – le métro marque un terminus à Louis-Blanc – d’ici trois ou quatre stations – (non loin de chez les époux Diaz) on marche un peu le long de la rue (il y a là  la boutique des 4 frères Bedri – grecs, turcs, maghrébins quelle importance ?

plus loin, on croisera

cette exposition de B2TS (répertoriée, certes) (3 épisodes quand même…)

puis encore plus loin, on se retrouvera dans Little Jaffna (entre ici et la station de métro la Chapelle

c’est un territoire vaguement dévolu aux Tamouls et autres Sri-lankais) – le quartier formé de quatre rues (Cail, Perdonnet, Louis-Blanc, Philippe de Girard)

augmentées du faubourg à l’ouest – petit quadrilatère, presque carré, restaurants délicieux – et autres commerces, ici le bien nommé (supposé-je)

là autre chose (bien français ?)

et puis d’autres encore

celui-ci que j’aime bien

ces autres encore

ou (souvenir de musiques)

et puis (on n’en finirait jamais) (pommes de terre/oignons)

et enfin l’officine dévolue aux achats à emporter (revenant de Louxor)

tout ça pour présenter et tenter de chroniquer en ville & cinéma le Little Jaffna premier film (2024, policier, semble-t-il, assez sanguinolent) d’un certain Lawrence Valin

 

 

 

 

 

Orly 2

 

 

 

on pourrait en faire une espèce de mémorial – c’est moche, mais ça aide au souvenir semble-t-il –  pour ce type-là (né et mort un vingt neuf juillet – 92 années séparent ces deux faits) – ça ne lui aurait sans doute pas plu – pas trop – pas beaucoup – peu – c’est parce que depuis que le fils de l’ordure a créé celui de Venise et Jean Zay, pour le contrer, celui de Cannes, le cinéma s’étale au mois de mai (il me semble qu’il avait lieu en fin d’année à ses débuts) sur la croisette (c’est un joli mot qu’on pourrait traduire par la passegiatta) il y fait beau, les filles se dénudent (ça ne se fait plus non – tant que j’en ai oublié comment on les intitulait*) tout ça pour dire que, par une sorte d’oxymore (mais cependant j’y vais deux ou trois fois par semaine) (au cinéma pas à Cannes) (sans compter les films que je vois (assez partiellement, je reconnais, souvent) dans l’étrange lucarne), par la grâce d’un autre film, celui-ci sera l’objet du billet (numéro d’ordre : 400) (la maison[s]témoin continue son chemin).
Les images ici posées ont été prises au déroulement du très réussi Le 5° plan de La Jetée.

Sans oublier que

Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores

qui est d’une belle facture (vers énoncé par Florence Delay, dû à Guillaume Apollinaire qui de la grippe alors espagnole mourut dans un immeuble du boulevard Saint-Germain antécédamment faubourg et voilà Marcel qui déboule)

je décris réécris traduis (je marque mon pas sur le pas de Marker) :

un couple, deux acteurs innommés, une femme et un homme (et Claude Lelouch qui lui aussi déboulera, quatre ans plus tard, sur la croisette… – l’image d’entrée de billet…)

Davos et Hélène aux Tuileries, je crois bien – un peu trop intello je suppose dans mon souvenir

il y avait cette faille alors (un peu comme pour le Perec et son Homme qui dort – le temps des facultés, des universités du quartier latin – celui où on s’endormirait aux films de la Duras) – mais ici, le type voyage

les avions, les Caravelles et les Super-Constellations (j’ai débarqué là, fin juillet soixante, deux ans plus tôt – j’en avais sept)

un endroit que j’aime encore assez – lui c’est dans le temps

il porte des œillères ou des lunettes d’aviateur

assez perdu et en un certain sens toujours en fuite

l’un des plus beaux films de cinéma du monde est fait de banc-titres – images fixes – seul le temps semble avoir quelque mouvement

est-ce le matin tôt (« good morning ladies and gentlemen this is the captain speaking... » ) ou n’est-ce que la fin

la femme est là

mais aussi l’assassin

car il n’est pas question qu’il s’échappe, ce Davos-là

il court il court et puis c’est l’instant

un moment 

terminal

un film de cinéma, de science-fiction peut-être – vingt-huit minutes – 1962

 

La Jetée  un film de Chris Marker

 

Le film « Le Cinquième Plan de La Jetée » réalisé par Dominique Cabrera

(merci à elle)

a été chroniqué en ville & cinéma

 

* : ce type d’olibrius, ou d’ectoplasme, ou d’objet fantômes ou sorcières bikinis vagues sables soleil (sea sex and sun disait l’autre à l’oreille en feuille de chou) était intitulé starlette – ça ne se fait plus et c’est tant mieux

 

 

Le Caire

 

 

 

quelque chose avec les épiceries ça ne fait aucun doute – savoir quoi est une autre affaire – il en est une dans la rue – voilà bien des années qu’elle m’est connue – on en a quelques idées avec les images : le robot passe en 2008

c’est encore une boucherie mais déjà une épicerie (sous contrôle – je ne suis pas certain qu’on discerne, jte rapproche

) sur le côté droit de la boutique, le bail commercial sera à prendre par la librairie du genre urbain (à ce moment-là, elle est au coin de la rue de Pali-Kao – puis elle ira plus bas dans la rue (2010)

aussi un truc avec les librairies – en fait probablement un truc avec le commerce je suppose) deux ans  plus tard

apparaît l’intitulé « Le Caire » (si on va par là,quelque chose aussi avec l’Afrique du nord) – puis la boucherie disparaîtra

l’épicerie est devenue « Le Caire à Paris » – intitulé mag(nif)ique – ubiquité (garder en mémoire, s’il vous plaît, le rideau de fer du voisin de gauche) et voici un peu plus tard : on découvre en vitrine ces multiples bouteilles d’épices 

ce sont des produits du monde – encore un peu loin : zoom avant

or, hier voici ce que je découvre (et je prends ici donc à témoin cette maison)

une vitrine complètement changée – comme on voit assez mal (enfin moi) je rapproche pour vérifier l’étendue des produits proposés – formidable assortiment, à gauche

puis à droite

un seul titre : ça c’est Paris…

 

et le rideau de fer du deuxième voisin ces temps-ci (m’enfin…)

 

Noura

 

 

cette promenade (je me promène, c’est pour ne pas travailler) m’a mené vers le vingtième arrondissement parisien vers Gambetta, place fontainée (assez moche, c’est vrai) avec mairie (bon après ça peut dépendre

– théâtre librairie cinéma – très achalandé – je marchai j’aime par exemple la rue Villiers-de-l’Isle-Adam qui va jusque la Sorbier où vivait le cardiologue qui suivait les émois de mon petit battant (l’homme a disparu sans laisser trace adresse ou quoi que ce soit pour ses patient.es) mais je dévie, je m’égare et me retrouve au coin Orfila/Chine et là que se déroule l’épisode (est-ce vraiment un épisode ?) du jour. Ici s’est trouvé un restaurant breton

qui se mua en franchouillarde enseigne

puis en une autre, plus exotique

qui changea de devanture tout en restant de même obédience (ivoirien)

puis enfin celui-ci

(probablement typiquement berbère) (je suppose) – il y avait là cette image que je me permis de prendre

(pas bien vu mais le sentiment qu’à chacune des tables on a droit à une image du même type) pourquoi celle-ci ? mystère…

Je retranscris ce qui est noté sur l’image (en précisant que Noura, qui signifie lumière en arabe, était le prénom que portait ma prof à l’Inalco lorsque j’y prenais quelques cours)

Nora

Née à Sidi Amar anciennement dénommé Zurich, au pied du mont Chenoua, elle répond invariablement : « Mon Zurich de Cherchell est plus beau que le Zurich suisse » 1.
Dans les années 1950 elle débute à la radio d’Alger où elle anime une émission enfantine. Selon la chercheuse Naïma Huber-Yahi « elle se fait remarquer en interprétant despièces de théâtre et des opérettes. Elle s’impose très vite comme l’une des plus grandes chanteuses algériennes de l’époque » 2.

La chanteuse Noura est très populaire car c’est une des rares chanteuses à cette époque non kabyles (région de Kabylie) qui chantait à la fois en arabe, en tamazight et en français. Parmi ses succès populaires on peut citer Ya Rabbi Sidi, Maniche Mena, Aïn El Karma, Imawlan Ugin et AdrarN’Jarjar. 3.

Elle enregistre aussi un album en français où elle interprète « Une Vie » de Michel Berger. Elle obtient un disque d’or en 1970 pour un million d’albums vendus 4.

Elle est l’épouse de Kamel Hamidi, auteur-compositeur-interprète, avec qui elle forme un couple mythique.

Elle meurt à Paris le 1er juin 2014 des suites d’une longue maladie.

Trouvé cette image du « couple mythique »

et finalement ce drapeau berbère

Pour faire valoir ce que de droit.

 

 

 

Centrale et générale

 

Un peu plus d’une trentaine d’images qui réfèrent à la construction du premier EPR (initialement European pressurized reactor, renommé Evolutionary power reactor) (le changement de nom en gardant l’acronyme, le fait de  l’intituler en anglais, le commerce mondial, la pointe avancée de la technique : toutes choses qui me semblent courir vers un mur qu’on percutera – peut-être de notre vivant, peut-être pas – toutes choses qui seraient à expliciter et déconstruire comme dirait l’autre). Elles sont organisées en deux thèmes : le paysage; l’humanité.
Dans cette seconde partie, si on remarque qu’il ne se trouve que la partie mâle de l’espèce, on se souvient cependant que cette branche de l’industrie avait, un temps, à sa tête une femme (Anne Lauvergeon). Tout est évidemment politique, mais je ne cherche ni ne trouve dans ce champ un intérêt ou un but ou encore une explication.
Je remarque juste que cette entreprise avait deux (disons) échéances :
– un achèvement cinq ans après  sa mise en chantier (on en compterait quatre fois plus pour une mise en service progressive, qui nous dit-on devrait trouver sa pleine efficacité en juillet de cette année)
– un prix deconstruction évalué alors à trois milliards d’euros (on en est à dix-neuf et demi)

Bah.

Ce sont des images qui viennent en ordre, de la plus proche de nous aux différentes autres évoquées, dans le temps comme on pourra le lire dans les légendes .

(comme illustration des dérapages… je passe) (que des types, en attendant et pareillement ici


(on ne sait pas – mais il y eut de nombreux bruits – c’est un secret industriel probablement – combien de morts a suscité cette construction – non plus que leurs nationalités – non plus que les doses reçues par eux – le chantier est, par essence, dangereux c’est vrai aussi)

(on allait au bord de la mer chantait Jonasz…) nécessairement refroidir le processus – des images : ici la « vraie » construction (ça se passe en France Cotentin)

là la « fausse » (image d’artiste) ça se passe en Grande-Bretagne

rond ou carré ? comme on aime – on s’y promène, tranquillement, le dimanche ou pas, il n’y a aucune raison d’angoisser – on y accompagne même un enfant en rouge, c’est pour vous dire (Three Miles Island, Tchernobyl, Fukushima ? no comment) – dans le même ordre d’idée

l’agriculture ne craint rien – on bosse, on nourrit, on engrange…

(on dispose de ces vues, d’autres auraient pu venir ici en Finlande, ou en Chine – mais en fait non)

encore quelqu’un qui bouge et vit (image d’artiste électronique) (ça promène son chien, c’est sans danger, inoffensif et il fait même beau c’est pour te dire) – avant c’était comme ça

mais ici comme ça

ou encore comme ça

hein oui ? une histoire d’hommes

ça n’a rien de simplet tu comprends bien – et si tu y tiens, une alternative aux grandes étendues…

impressionnant – c’est comme ça la vie – l’énergie – l’électricité – on va même jusqu’à décorer, une sculpture d’art moderne qui en anoblit une autre

paysages contemporains

 

oui enfin assez particulier- intérieur 1

intérieur 2

intérieur 3

ah déjà vue – bah – intérieur 4 ?

et intérieur 5

on continue on finira bien par achever – on l’espère furieusement (Super Phoenix ?) – ici sans personne

là animée

un peu de logo

pour en arriver aux directeurs

propres sur eux (enfin…)

conscients sérieux

responsables

on va se gêner tiens – et puis à propos de drapeaux,  voilà la Chine et son représentant – reçu au Royaume-Uni certes

édifiant ? on l’espère – de dos à nouveau et pour finir

 

 

 

Il s’agit d’un travail (inutile cependant, autre, différent, sans objet) mené dans le cours de cette actualité qui ne cesse d’envahir nos âmes peut-être bien – en tout cas la mienne bien que je n’en rêve pas explicitement (l’âme a-t-elle quelque chose à voir avec les rêves ? toujours la même histoire…). Un des compartiments du jeu contient l’analyse des images – notamment en suivant des séminaires de culture visuelle. C’est dans ce cadre que s’inscrit ce billet (ainsi que les autres qui traitent de la dispersion) – il s’agit peut-être d’une tentative d’exprimer une quelconque théorie (le terme recouvre un sens d’infini ou de pléthore, tout au moins, qui est ici illustré).
En tout état de cause, l’affaire est exploratoire, empirique, sans prétention aucune à quelque exhaustivité ou calcul moral ou conclusions péremptoires que ce soit.
Une première « étude » des divers territoires ou sites ou situations des centrales nucléaires de ce si beau pays a été entreprise ailleurs. 
Cet article prend place et développe ce que j’entends par alimentation générale (« concept » qui est représenté en images par cette entrée dans le blog pendant le week-end) (ça vous a quelque chose d’assez prétentieux, mais j’ai des difficultés à prendre les choses « à la légère » alors que je les prends « au sérieux ») – il y a évidemment un jeu de mots, mais pas seulement : par exemple, on sait (on nous l’a dit, on peut le mettre en doute, mais les agissements de nos compatriotes (et les nôtres tout autant) durant les premiers jours du « confinement » portaient les signes de cette conclusion) que les villes disposent, au mieux, de trois jours de produits pour subvenir aux besoins des populations – nous vivons dans l’ère du flux tendu; sans livraisons et assortiments des diverses enseignes, quasi quotidiens, l’heure sera grave. Dans le même ordre d’idée, et pour ici (l’Internet) il s’agit d’un élément essentiel et tout autant vital, l’électricité est une ressource inhumaine peut-être mais sans laquelle « il n’y a plus rien » comme disait Léo.
Le dispositif mis en place est le suivant : on suit les liens des divers articles auxquels renvoie l’organe à partir des images (et de leurs légendes) publiées dans le journal de référence (quelle référence ?) paraissant (l’édition dite « papier ») l’après-midi (tout cela a beaucoup changé – mais c’est de peu d’importance, tout comme  (d’un autre point de vue) ce billet-ci (au vrai j’aurais aimé laisser le billet précédent en haut des présentations de cette maison[s]témoin afin qu’elle montre quelque chose de l’importance accordée par moi aux autres, notamment).

Boucle

 

add. du 18 avril : j’ai suivi de tels ateliers (différents, semblables, mêmes dispositions disons) dans le cadre de mélico – j’en ai rendu compte, notamment (mais plus tard) dans ce billet qui évoque l’un des participants, Pierre Baldini ainsi que Maryse Hache, tous deux participants aussi de ces ateliers-là. Les choses vont comme elles vont : je leur dédie ce billet-ci. À toi Maryse, et à toi Pierre

 

 

Samedi dernier était organisé par une bibliothèque du dixième arrondissement un atelier d’écriture. François Villon, pour tout dire. La base en était une promenade dans les rues proches du quartier. On partit, puis on revint. On se mit à écrire.
Ici mes remerciements à l’institution et à Philippe Diaz qui organisait l’événement.

 

 

 

Le type stationnait devant l’entrée, il était en mauve, un gilet et une chemise dans les roses. Il fumait, il ne semblait pas attendre, il fumait, il pensait un peu et les gens devant lui passaient sur le boulevard . Un autre vendait là des livres, Sophia Loren et Simone Signoret, la pluie commençait à peine, les gens se pressaient vers le métro, la bouche, les travaux, les tuyaux, les tas de sable et les barrières. Sur la place, le kiosque vantait une brochure, une femme dans un chemisier rouge se penchait vers le monde, souriait un peu. À peine. Une autre Simone, de Beauvoir celle-là, elle regardait au loin. En arrivant sur la place une heure avant, devant le siège qui fait penser à Brasilia et de là à l’Homme de Rio, un tournage, des types en costumes un lien rouge autour du cou, des femmes en tailleurs avec au cou le même lien rouge les mêmes badges les mêmes photos. Ça discutait, ça portait une flûte de champagne à ses lèvres, ça riait. Plus haut le garage était ouvert, une image d’une voiture qui se voulait ancienne , le contrepoint de celles à vendre, énormes, qui stationnaient là, tous feux éteints rouges ou noires derrière des vitres épaisses. On descendait de la butte, on avait croisé en haut des marches un graffiti mauve qui assurait d’un gros chiffre 1984 sur un mur gris. La rue était en pente, un type en bermuda mendiait devant la palissade, un terrain vague, une maison fermée. La promenade était passée par une petite place, une espèce de rond-point où aboutissaient deux ou trois autres rues calmes, tranquilles, aucun commerce, rien sinon des touristes qui s’exprimaient un peu en allemand peut-être, qui prenaient quelques photos, des maisons, petites, différentes les unes des autres, des genres de villas cossues, sur une porte un grand MERCI en jaune sale glissait en s’effaçant. Une femme dans les oranges garait là son scooter, des lunettes de soleil un casque des baskets un pantalon et des cheveux du même ton, une dizaine de personnes semblait former là une espèce de groupe, ça venait de monter les volées de marches qui aboutissaient, vingt ou trente mètres plus bas à l’avenue. Là se trouvaient les commerces, de bouche des pizzas sensationnelles à deux pour le prix d’une seule, une boulangerie, une charcuterie-triperie, un plombier-serrurier, un restaurant marocain ou quelque chose et deux tailleurs, c’était frappant, deux tailleurs, l’un pour hommes – des vestes de couleurs vives, sans doute pour des occasions spéciales, particulières, uniques mariages, baptêmes, anniversaires – l’autre pour femmes, dans les mêmes dispositions, des robes chatoyantes brillantes chamarrées. De l’autre côté de l’avenue, des écoles, des arbres, une épicerie. Un passage conduisait à d’autres marches en bas desquelles les prunus perdaient leurs pétales. C’était une rue intérieure qui sur elle-même tournait, une cité bordée d’immeubles hauts et blancs revêtus de céramiques blanches et au dessus le ciel, encore bleu un vague vent doux calme tiède tranquille. La rue passait sous un de ces immeubles et c’est là que se réunissaient trois ou quatre types qui fumaient, qui discutaient, une musique empêchait qu’on perçut leurs paroles, eux vous ignoraient, vous n’existiez pas, vous n’apparaissiez même pas, tout à leur monde qu’ils étaient. Vingt ans à peine, tout en noir, casquettes barbes lunettes de soleil, et juste à côté un bar où d’autres jeunes gens riaient, un kebab tournait plus loin comme l’enseigne bleu-banc-rouge du barbier. Des pigeons, des arbres en fleurs, des voitures de police hurlant pour pouvoir passer, des vélos encore et encore, des odeurs de pollens de cuisine de fritures et au loin, là-bas sur la gauche, ce type tout en mauve qui attend, devant l’entrée, et fume une cigarette, c’est à peine s’il pense une moue sur le visage et sa chemise, dans les roses

 

En passant, on a constitué un album dont je ne me souviens pas vraiment m’être servi pendant la rédaction – j’ai regardé quelques images, je les ai taillées à la mesure des personnages et je les présente dans l’ordre de la narration

add. du mardi (le 15) suivant (qui ne sourit pas qu' »à peine », d’ailleurs) :

 

Coin de rue (vers la Marne)

 

 

 

parfois je me demande – la chanson qui fait Don’t explain – une chanson d’amour qui fait aussi I’m so completly yours – non mais tu sais tout oublier, on s’en fout, l’important c’est d’être en vie – ce genre de romantisme qui me plaît – des images dont on ne comprend pas le sens immédiatement –  celle-ci par exemple

immédiatement antérieure à

quelque chose interroge – l’opel (il faut le savoir certes) déjà – puis le Monza aussi – la plaque noire réfère à la collection  – on s’en fout hein, le truc qui consiste à suivre et à dans les pas de précédent mettre les siens – le lien va à un billet magnifique (toute modestie mise à part : ce n’est que moi – peut-être y manque-t-il les actrices que j’aime – peu importe) – alors on cherche (et on trouve) (ou l’inverse) ici en 2008

d’un peu plus loin (le robot ne fait pas dans la dentelle tsais – il ne considère rien : il prend – c’est sans doute pourquoi  tout en l’adulant (pour les traces qu’il laisse) on le hait – tout autant) – il passe, il vole, il mémorise (2014)

plus d’auto à ce moment-là – la maison vit est habitée (on y entre, on en sort comme d’un moulin)

il me semble reconnaître l’auto (2016) – plus loin

un angle, un croisement, deux rues – une ville de banlieue – des voitures garées devant le porche –  de loin j’ai le sentiment qu’il s’agit de la Monza (mais ici elle est blanche – il en est peut-être deux – plus tard encore (2018)

la chose a changé (on discerne peut-être une petite fiat : approchons, voulez-vous

ça se peut) (qu’est-ce derrière ? je ne sais pas) (en tout cas, tout ceci est assez vivant) – puis plus personne

(2021: la Monza est là) (tandis que le confinement s’est de nos vies éclipsé) – 2022 : plaque d’immatriculation jaune…

stase semble-t-il – ici 2023

semblable à l’image prise par Caroline – juste en passant (plus tard aussi, en passant) – je ne cherche pas tellement plus – je trouverai sinon – j’aime ce soleil et les taches qu’il laisse sur l’entrée – je repose ici ma danse (je suis de face en marcel, mon ami le sanaryote est de dos, devant moi, on a bu et on rit – il est cinq heures et demie – il y a une chanson qui passe –

on danse
il fait doux
le reste on s’en fout
à vous…

 

et notamment en spéciale dédicace à l’amie Caro
(c’est-à-dire aussi qu’il n’est pas question de laisser abandonnée cette maison-là – quand même le cinéma la déserterait – ce ne sera pas le cas – on y travaille – on est là)

 

 

Il ne reviendra pas

 

 

 

Il y a pas mal de portraits dans les temps qui sont miens – ces temps-ci, j’ai la furieuse conviction (mais si ferme, cependant) que ces temps-là sont comptés – depuis cet été et cet accident, AIT dit-on, la neurologue était assez pour, pas complètement, peut-être bien oui, depuis le dry qui dure sans durer – des portraits donc, tout à l’heure le nino s’est mis en mode selfie/moi-même/automatique – ça m’a déprimé vaguement – je reviens trouver ces quelques images, en portraits – un portrait magnifiquement interprété par Fernanda Torres – celui d’Eunice – un film brésilien, on y parle portugais – la dimension intersectionnelle apparaît en filigrane – on s’en fout, peut-être un peu, mais cependant le film est critiqué par l’ordure alors au pouvoir (en 1971) (ce qui lui donne sans doute une dimension supplémentaire –  car s’il déplaît aux immondes c’est qu’il est doté de certaines qualités) – il y a pas mal de photos c’est le début des années soixante-dix au Brésil – de l’autre côté des Andes Salvador Allende a pris le pouvoir – une famille heureuse, Copacabana Rio de Janeiro toute la vie, toute la vie…

il y a des bruits de bottes, il y a des exécutions sommaires, on pense au bouton de nacre évidemment, il y a de la pourriture partout (ça vous a un air furieusement contemporain) – mais ces deux-là s’aiment (Eunice, et son mari Rubens – Mello Selton – et il en est de même de leurs enfants – résistance à l’oppression – et puis

il ne reviendra jamais 

le sait-on ? On le sent – la voiture rouge le sourire le soleil – adieu – tu sais ce genre d’histoire (je pense à Attila, à César, à Staline) ce genre d’histoire me blesse – laisse oublie : non – la plage 5 heures du soir

ce sourire – peu de choses mais complètement tout s’enfuit tu sais, plus personne attendre, non – rien

elle seule avec ses enfants (ils et elles l’aident) – avancer en âge – ne rien laisser aux meurtriers tu sais – ne rien publier, se battre  continuer – être là -formidablement : une image , un portrait de cette famille, sans père : pourquoi

le pourquoi fait suite à « ne pas sourire » – ne pas sourire – le monde veut que nous soyons tristes, il nous veut blessés, il veut  que l’horreur nous submerge

nous sourirons, nous aurons la joie de notre côté,  quand même ils nous auront (ils, tu sais bien, ils) battus humiliés meurtris – nous (leur) sourirons

sourires magistraux – non,rien – rien ne leur sera laissé – nous nous battrons –  nous aimerons la musique nous aimerons la danse, nous aimerons être égaux – car nous le sommes – des années de lutte

faire survivre la mémoire de Ruben, survivre malgré les tortures, les meurtres, les déchirures, malgré la loi du plus fort – continuer tu sais – jamais le fascisme ne gagnera jamais, ni là-bas ni ici – jamais

jamais…
Et que vive le cinéma

 

Je suis toujours là, un film (magnifique) réalisé par Walter Salles

Pont du 18.2

 

 

 

 

En deux épisodes (ici le un) – pour quoi faire – pour ne pas oublier sans doute – sur le pont, côté dix-huit : à la fin, je reposerai la glose municipale où le mot couleur est singulier (probablement pour indiquer que celles-ci sont un procédé qui est ici exposé – OSEFU2P*) et donc continuons (pourquoi à la fin ? par pure superstition – sinon je n’avais que treize clichés – mais je ne sais pas, en cette occurrence,  compter…)

un chat sur un garde-corps – un drap qui cache (ou protège) l’intérieur – les images sont sous verre, vous avez alors des reflets (vaguement le sentiment qu’on a déjà inventé les verres anti-ça mais est-ce que ça donne vraiment satisfaction ? je ne crois pas) – ici il faudra aller voir  à l’adresse

( « madame si tu voulais on irait à l’hôtel » chantait en ces temps-là Léo) – c’est là

la ville évolue – j’irai de visu chercher le cliché (en ce temps-là, TNPPI travaillait dans ce magasin-là qui appartenait à une de ses amies – décoration d’intérieur (nous vivions rue de Lille dans une pièce à deux cents francs par mois, en liquide car il n’y a pas de petit profit, donnés à la concierge, mère du propriétaire de l’immeuble trente-deux : c’est TNPPI qui nous l’avait trouvée) (elle vivait d’ailleurs à l’hôtel, à cette époque là et au Montalembert – les années suivantes verront son train de vie se réduire, elle ira s’installer sur celui du quai) – un quai, deux marins

Gare de Lyon indique-t-on – je pense aux parapluies de Cherbourg plutôt – va comprendre… Alors  des inscriptions

est indiqué Rue Hyppolyte Maindron Paris 14 – 1967 – cordonnerie dans cette rue ? pourquoi pas – elle croise celle de la Sablière pour laquelle le rédacteur a une tendresse toute particulière, il aime assez pour tout dire ce quartier-

(le Gobelins trente quatre-vingt-dix_neuf qu’on dédie à Modiano) quartier qui, d’ailleurs, a depuis été complètement désossé – remis à neuf – reconstruit – le bâtiment qui va – comme la ville et la vie – toujours

il y avait du travail, c’est vrai, il y avait à faire – Paris 1967 –

Une quarre chevaux… – suivant

motard fumant – c’est plutôt un coursier je suppose – reflet trop puissant

l’appareil y fait le point (d’ailleurs, on me l’a volé) (pas le point, l’appareil) ce qui fait que je ne lis point la légende pour la retransmettre ici – sans doute y repasserai-je – ici il n’indique rien

(sinon Paris 1967) là non  plus

sinon Paris 1988 – je verrai bien le treizième – je me trompe sans doute – la pluie aussi, l’orange de la deux-pattes, les deux Peugeot – le »Châlets Jacques Pernet Immobilier Bernard Michel » –

le cadre dans le cadre dans le cadre – en date de 2019 – et la dernière

les couleurs des fleurs du jardin du Luxembourg , en 2019 tout autant – qui vous a un vague air d’année dernière  à Marienbad (et un salut à Delphine Seyrig, pour la peine) – ainsi donc

se clôt

la visite – sur le pont, où le vent semble une brute raffolant de nuire à tout le monde.
Mais en vrai, seulement aux fâcheux.

J’adore le vent.

Ces deux épisodes évidemment dédiés au photographe et à sa compagne.

 

*RAF : rien à fiche, foutre, faire
* OSEFU2P : on s’en fiche/fout un petit peu

 

 

Pont du 18

 

 

dans les faits, le pont se trouve entre le 10 et le 18 – l’exposition ici présentée est installée côté 18

il y a un truc qui me dit « tu t’éparpilles » et c’est vrai (façon grenade à fragmentation dirait un acteur interprétant des dialogues d’audiard michel – lequel collabora au je suis partout de la première moitié des quarantièmes années du siècle dernier – de l’histoire ancienne incongrue oubliée – et se battre pour d’autres que les siens est-ce bien légitime ?) (l’opportunisme règne – je continue : un mois pratiquement sans maison, quelle horreur…! ) – il y a une exposition d’images photographiques sur le pont qui passe au dessus des voies de la gare du Nord Babylone – elles ont été réalisées dans les années soixante du siècle précédent alors je les pose ici, ce seront réminiscences remémorances mémoires ou simplement des images qui ne montrent, comme toutes, qu’une partie, infime partielle et partiale, d’une espèce de réalité d’alors (j’avais dix douze ans)

On la présente en deux épisodes

Ça commence par des explications lesquelles se retrouvent en bout de course – ça fait qu’il n’y a pas de début – et donc c’est sans fin – je n’aime pas la dénomination de ce pont qui m’apparaît un peu comme le changement pour le golfe par ces salopards de gougueule (usurper le nom d’un pont sur le Tibre est une attitude obscène, typiquement contemporaine, j’entends bien) – on en déduit logiquement qu’il s’agit d’une exposition sans queue ni tête – il s’agit de cette municipalité (on ne va pas cracher dans le cadre mais enfin…)

RAF* de la glose (on remarque, cependant, que de couleur, au titre, il n’en est qu’une…)

je la pose quand même par acquis de conscience disons – il y en a deux ou trois de loupées, je les reposerai peut-être – il y en quelques unes où on discerne l’opérateur en casquette arrosant l’arrosoir et l’arroseur tant pis – dans l’ensemble elles donnent un ton – c’est de la couleur, sauf peut-être celle du parc Montsouris – mais comme c’est la neige…

on commence – l’oiseau, le vélo, le pont suspendu : c’est juste là

prise du haut d’une des tours cathédraliques – je suppose – gauche cadre la librairie Shakespeare et compagnie ( on ne fait que l’imaginer)

(une image dédiée à Modiano je suppose)

la garde républicaine passe – la légende à peine visible dit « Saint Michel, Paris 5° » : très bof ça me semble plus le débouché de la rue de Bièvre (non, des Bernardins) – mais je n’aime pas qu’on ne prenne pas garde aux détails – dans ce genre-là (par l’automate)

le pont est celui de l’Archevêché il me semble .
Continuons sur la voie : Troka sur la rive droite

ou alors

70 ans plus tard – non mais ce ne sont pas comparaisons –

presque un autoportrait (je ne lis pas la légende- j’y retournerai je la referai je la reposerai) – j’ai vaguement le sentiment de distinguer la choucroute (le campanile surtout il me semble) à l’ignoble thiers – un profil

il est indiqué Paris au téléobjectif – ah – les toits en tout cas – voici celle en noir & blanc il me semble bien

je me rends compte qu’on ne lit pas les titres (assez truistiques d’ailleurs) – il est écrit  BERNARD PLOSSU | Parc Montsouris, Paris 14°, 1967 – 

 

Rue de Nevers Paris 6° laquelle indique un peu l’appartement des Modiano après guerre – ou à peu près

suivre poser ses pas dans les pas avancer et transmettre

Gare de Lyon, Paris 12° 1967 | Paris 1967  – le reflet, ce type de voiture (roue de secours – il y a là aussi une 4 chevaux je crois

Paris 1967 – pension occasion bois & charbons – 

On continuera.
On trouverait des images du photographe et de ses amitiés amours et autres de familles ici.