dispersion #26

 

 

 

 

il y a une chanson qui fait
je mettrai mon cœur dans du papier d’argent
et puisque aujourd’hui est mercredi, que bientôt les habits de vacances seront placés dans les valises et celles-ci dans le coffre, l’agent pense à fermer les volets (il existe une option pour rendre cette manœuvre plus simple : appuyer sur un bouton, et l’électricité se met en marche) ne sont pas à fermeture automatique – couper l’eau et le gaz – s’en aller
Quelques semaines peut-être – là-bas attend le bricolage l’enduit la peinture – ici se perpétue le sport et son efficace concurrence (que le meilleur gagne est une antienne abjecte – masculine, dominante, impériale j’en passe) – ici donc quelques images de ces jours-ci glanées là ici et ailleurs – j’ai laissé les clés sous le pot de fleurs (rouges – d’ailleurs, elle périclitent – les fleurs, pas les clés – il faudra qu’on s’en occupe) (j’y penserai, sans doute, au retour, si cette éventualité m’est accordée)

voilà qui commence mal : pour les sous on repassera donc – il s’agit je crois bien, d’une vengeance –  il faut juste que je me dépêche – au parc (il a été réintitulé « des nations » comme si c’était là une qualité) une allégorie de la culture du sport en cette image de la boite à livres 

la transparence est totale.
C’est aussi une des raisons de ma démission capitale : je pars et je pose
 
mon numéro d’appel aux abonnés absents
un dégoût profond pour la profusion de matériel, la convocation des télévisions et des grandes marques, la pléthore d’affiches, d’images, de couleurs criardes – une espèce d’obscénité alors que flambe le monde – que des milliards d’entre nous meurent de faim de soif de manques de médicaments – une horreur

Passons

marchons, avançons, laissons – nous n’y pouvons rien – la messe sera dite, espérons qu’elle ne provoquera pas trop de terreurs – une chose est certaine, cependant, c’est que la police est partout – un

au parc comme au Louvre – deux – 

nous voilà rassurés, nous sommes sous bonne garde – trois 

la belle vie – grâce à nos impôts, certes – et ça ne fait que commencer (même pas…)
passons, laisse

mes chansons d’amour resterons là dans mon piano
ici Léo et Pépé

(sale histoire – passons encore – on ne fait que passer…)
une disparition (Shelley Duvall, magnifiquement, dans
Shining (Stanley Kubrick, 1980))

et puis ici la réalisatrice Santhya Suri (son film, Santosh, magnifique – à voir)

et puis cette porte écrite (un immeuble de la rue Tesson (Paris 10°) qui a brûlé, un jour où un camion-poubelle s’est enflammé devant cette porte il y a quelques années)

j’aurai jeté la clé du piano dans l’eau
quelques images actuelles, et celle-ci retrouvée dans les milliers entreposées

douceur chaleur calme luxe volupté – et enfin, pour finir, le bac qui relie l’île (Erétria) au continent (Oropos) un soir à l’heure de l’ouzo – la voiture du vendeur de chaises de plastique – la lumière de la nuit

la chanson de Michel Jonasz Je voulais te dire que je t’attends
Bonnes vacances…

 

dispersion une série de cette maison

 

dispersion #23

 

 

 

il y a toujours ce sentiment qui s’impose, celui de ne rien faire de tenu – celui de toujours aller ailleurs, ne pas s’attacher à élaborer un VRAI travail d’écriture – et la multiplication des livres (à quoi bon en ajouter un autre) – (et la pourriture des produits dérivés (comme cette chemise odieuse où on a fait broder une citation, reprise dans le cahier par un écrivain, obscène, décomplexé, indigne) la rue où siège cette entreprise (corporate) intitulée du patronyme de la famille : c’est pire encore que le reste, cette connivence institutionnelle et municipale) – à quoi bon des images encore ? Je voulais dans cette maison poser une image  de Michel Ciment qui vient de disparaître

qui parlait, parlait – drôle de mec – j’étais hier dans une librairie de cinéma, du côté du Panthéon, cherchant son livre (il n’y était pas – autobio plus ou moins –  la libraire avait autre chose à faire – j’ai bien demandé mais non, ça ne répondait pas : ça m’a fait penser à ces affaires cahiers/positif je n’ai pas insisté) – je m’en suis (un peu) amusé

parce qu’il faut les associer – lui et Stanley – parler, lire, voir, écrire – je me suis souvenu de cette fois, il n’y a pas si longtemps, où il descendait de l’ascenseur de la tour Montparnasse, j’y entrai, je l’ai croisé, tendu la main « bonjour monsieur Ciment » m’a regardé sans me connaître, l’a prise « bonjour »  le regard questionnant, « j’étais un de vos élèves en anglais en fac… » « ah bon ? comment allez-vous ? » oui, plus de quarante ans de ça, certes – je suis monté, j’allai rejoindre mon amie qui décernait un prix – il venait d’aller la voir – cette image de lui – le cinéma, oui 

alors cette merveille (Martine Carol, dans Lola Montès – magique merveille) ou encore

Meryl Streep telle qu’en elle-même – merveille magique – des gens, des acteurs

(Gene Wilder dans le Frankenstein Junior mis en scène par Mel Brooks) le rire aussi – celui un peu plus discret (et peut-être plus amer, aussi) de Billy Wilder

(j’aime bien le chapeau, comme le suivant)

Gary Cooper (je crois dans L’extravagant Mister Deeds (Frank Capra, 1936)) tellement drôle aussi, charmant, dupé trahi mais s’en sortant par sa morale et son éthique (c’est tout moi, ça) – le cinéma, mais aussi la musique

oh Tina (Turner)… et Glenn (Gould) aussi (avec le réalisateur Bruno Monsaingeon, qui a été aussi le traducteur des écrits du pianiste)

et Jean-Louis (Murat)

ah oui, l’écriture… Ici Deborah (Levy) – est-ce qu’on perçoit comme elle aime rire ?

et pour finir, celui-là, seul au désert (enfin presque seul – il faut bien que l’image soit prise…) Théodore (Monod) on le dirait en train d’écrire sur son nino – mais non. Non. (on ne peut pas mieux finir)

 

dispersion, un feuilleton dans la maison[s]