dispersion #23

 

 

 

il y a toujours ce sentiment qui s’impose, celui de ne rien faire de tenu – celui de toujours aller ailleurs, ne pas s’attacher à élaborer un VRAI travail d’écriture – et la multiplication des livres (à quoi bon en ajouter un autre) – (et la pourriture des produits dérivés (comme cette chemise odieuse où on a fait broder une citation, reprise dans le cahier par un écrivain, obscène, décomplexé, indigne) la rue où siège cette entreprise (corporate) intitulée du patronyme de la famille : c’est pire encore que le reste, cette connivence institutionnelle et municipale) – à quoi bon des images encore ? Je voulais dans cette maison poser une image  de Michel Ciment qui vient de disparaître

qui parlait, parlait – drôle de mec – j’étais hier dans une librairie de cinéma, du côté du Panthéon, cherchant son livre (il n’y était pas – autobio plus ou moins –  la libraire avait autre chose à faire – j’ai bien demandé mais non, ça ne répondait pas : ça m’a fait penser à ces affaires cahiers/positif je n’ai pas insisté) – je m’en suis (un peu) amusé

parce qu’il faut les associer – lui et Stanley – parler, lire, voir, écrire – je me suis souvenu de cette fois, il n’y a pas si longtemps, où il descendait de l’ascenseur de la tour Montparnasse, j’y entrai, je l’ai croisé, tendu la main « bonjour monsieur Ciment » m’a regardé sans me connaître, l’a prise « bonjour »  le regard questionnant, « j’étais un de vos élèves en anglais en fac… » « ah bon ? comment allez-vous ? » oui, plus de quarante ans de ça, certes – je suis monté, j’allai rejoindre mon amie qui décernait un prix – il venait d’aller la voir – cette image de lui – le cinéma, oui 

alors cette merveille (Martine Carol, dans Lola Montès – magique merveille) ou encore

Meryl Streep telle qu’en elle-même – merveille magique – des gens, des acteurs

(Gene Wilder dans le Frankenstein Junior mis en scène par Mel Brooks) le rire aussi – celui un peu plus discret (et peut-être plus amer, aussi) de Billy Wilder

(j’aime bien le chapeau, comme le suivant)

Gary Cooper (je crois dans L’extravagant Mister Deeds (Frank Capra, 1936)) tellement drôle aussi, charmant, dupé trahi mais s’en sortant par sa morale et son éthique (c’est tout moi, ça) – le cinéma, mais aussi la musique

oh Tina (Turner)… et Glenn (Gould) aussi (avec le réalisateur Bruno Monsaingeon, qui a été aussi le traducteur des écrits du pianiste)

et Jean-Louis (Murat)

ah oui, l’écriture… Ici Deborah (Levy) – est-ce qu’on perçoit comme elle aime rire ?

et pour finir, celui-là, seul au désert (enfin presque seul – il faut bien que l’image soit prise…) Théodore (Monod) on le dirait en train d’écrire sur son nino – mais non. Non. (on ne peut pas mieux finir)

 

dispersion, un feuilleton dans la maison[s]