Photos de famille (2)

 

 

 

si ça se trouve je vais encore me faire admonester « non c’est pas bien »
vous n’avez aucun droit sur ces images
dans cette maison[s]témoin en plus qui n’appartient à personne
et donc à tout le monde justement
je suis simplement allé au musée et j’y ai pris quelques clichés

allons, il y a ici bien d’autres images de cette exposition – j’y ai retrouvé quelque chose de mon enfance voilà tout, je vous les livre elles m’ont plu – elles datent de 1958 à 1961 – la guerre (pardon,la pacification) a commencé en novembre 1957…

ici une échoppe d’un marchand ambulant

là un môme (ce pourrait être moi, comme la plupart des  mômes qu’on verra) devant une autre de ces échoppes

je remarque la qualité de la lumière (le soleil qui frappe je le ressens) et les chaussettes du type, là

toute (enfin, quelque peu, un bon peu) une ambiance, mon enfance sans doute (dauphine, 4 chevaux, 403…)

vendeur ou acheteur ? 

barbapapa (le sourire, les sourires…)

hexis vestimentaire

porteur

les deux amis

les sourires oui

je pensais au voleur de bicyclette (Vittorio De Sica, 1948) – la lumière, les bâches aux fenêtres

ce sourire, un peu comme quand on passe à la télé ou à la radio, on se sent quelqu’un d’important, on est dans de « bonnes dispositions » – hexis vestimentaire encore

il devait y avoir certainement des explications plus poussées,plus précises,mais je n’ai pas retenu (des textes il me semble bien)

quelque chose d’haussmannien…

quotidien

ici ce sont beaucoup des hommes – on verra plus loin, un peu plus de femmes

le sourire, le soleil et l’ombre –

à peine, le sourire… difficilement – ici une femme donc

beaucoup d’images (l’Algérie et ses quatre départements français…) : hexis féminines

ma préférée (on le croirait au nino…)

et pour finir, ce cinéma

Marina Vlady (épouse du réalisateur), Odile Versois (sœurs à la ville, ainsi que Olga Poliakoff, assistante à la réalisation) , Robert Hossein (qui réalise…), au Midi-Minuit (sortie outremer : 1959), dans Toi le venin (d’après le roman de Frédéric Dard) – une histoire de famille…

 

29/12/2024   

SPOILER ALERT !!!

Je date toujours ce que j’écris. Comme si. Par réflexe. Par peur. De disparaître. Peut être un peu mais que.

Et puis parfois, ce sont les dates, certains chiffres accompagnés de lettres, qui s’accrochent à moi, notamment.

 

Intro : journal DW, « il » en fait partie, de quoi ? Bonne question.

J’ai étudié un auteur particulier pendant cinq années. Grâce à lui, et un peu à ce directeur de recherches particulier, j’ai obtenu un diplôme de recherches en littérature anglaise, c’était en 2018, je n’ai pas le jour, ni le mois, peut être juin. Son nom était le premier d’une liste manuscrite faite par ce directeur d’inconscience, je ne connaissais rien de lui, mon doigt le pointe sans plus de raison apparente qu’aucun autre nom de la liste.

« Mais vous pouvez prendre un autre nom, les comparer et…

-Non, lui. C’est tout. »

Et c’était parti pour cinq années. J’ai commandé les ouvrages dans un autre pays lointain, par-delà l’océan. Il leur faudra un mois pour arriver. Je ne connaissais rien de lui. Et le directeur de me proposer ses ouvrages pour commencer à le lire. J’acceptais, fébrile, je ne sais pas prendre soin de quoi que ce soit. Je ne lui dis que du corps, je ferai donc ce que je pourrais le temps que.

En attendant, je n’ai pas pu refuser car je voulais absolument, absolument, vérifier une chose. Sans savoir quoi. Je me suis jetée comme un chien errant sur une carcasse de poulet sur son Journals. 1942-1948. Vite ! Où est 1945 ? ah ! et mai ? ah…et le 8… ?

Il n’y a rien. Rien. Pas d’entrées pour le 8 mai 1945.

Je ne sais pas ce que j’espérais, je ne sais toujours pas exactement aujourd’hui ce que je cherchais à ce moment-là. Ce que je sais, c’est que, pour une fois, la déception n’a pas complètement éteint mes envies diffuses. J’ai fini par tourner la page, assez vite, pour découvrir l’entrée du 9 mai 1945.

Il me faudra quatre années et un spécialiste en mammographie citadin de province, comme on dit, passionnée d’Asie à qui je raconte ce passage pour que s’éclaire, un peu, ce moment-là. J’avais déjà mon diplôme en poche, je ne pouvais donc pas me servir de cette dernière Breaking News pour améliorer quelque pénible argument. Et pourtant, toujours pas de déception. Un sourire, large, plus haut que les Zoreilles.

« Il est bien né à Shangai, votre auteur ? Pour eux, la fin de la guerre, c’est le 9… ».

Comment vous décrire, il n’y a pas de mots, vraiment, ou alors pas de ceux qu’on peut contrôler, ce seront des mots inimportants qui résonneront bien loin de ce moment où j’écris avec ce clavier au matin du 29 décembre 2024 à 9h36. Comme j’aimerais, et c’est là ma blessure, mon orgueil, ma vanité, mon arrogance, vous l’écrire. Ma prométhéenne ambition démesurée à ce petit corps là, alors même que j’ai bien conscience de la parfaite inadéquation entre ce que Prométhée veut faire et le résultat de ce qu’il fait.

Alors, revenons, un peu, sur cette entrée. Denton n’a qu’une phrase pour cette guerre mondiale s’achevant : « So, yesterday was victory day. A feeling of uneasiness all the time and wondering what to do, because I had been silly enough not to shut myself up in the morning. There we were sitting in May’s garden. I was doing the Doll’s House. (Did I say that in the kitchen, while I was scraping a piece of wood on the right of the fireplace I came across the initials M.J.D. and the date 1783…”.

La première fois que je l’ai lu, j’ai lâché le livre en lisant la date 1783. Qu’ai-je ressenti exactement ? Un apaisement triste, un sourire de larmes, comme une rencontre qu’on a attendu si longtemps qu’on ne l’attendait plus, qu’on se sait plus, que tout prend la place de rien. Un salut de loin, un clin d’œil, une tape dans le dos. Une solitude que l’on sait illusoire, sans pouvoir le dire, qui s’envole tel un voile sur le cristallin.

J’ai passé les cinq années à tenter de démontrer, à passer en revue tous les calendriers possible pour trouver l’équation ultime, sans pouvoir jamais y arriver. Et je savais, dès le départ, l’entreprise impossible. Mais l’envie, elle, inextinguible. Aujourd’hui, à ce moment-là, à 9h01 de dimanche 29 décembre 2024, elle est toujours là. Fidèle compagnon que je mettrais probablement encore longtemps à ne pas apprendre à domestiquer.

 

Il est probablement vers les 6h30 ce matin du vendredi 20 décembre 2024, je suis dans le métro 11 vers Châtelet. Comme tous les matins vers cette heure-là depuis trois semaines. Je suis en stage Fondamentaux de la Cuisine dans une célèbre école. Je suis vers la station Belleville quand, alors que je ne l’ai pas fait en trois semaines, je regarde mon portable. C’est que j’ai pris de l’assurance, pour une non-parisienne, je peux regarder mon portable au lieu de compter les stations et vérifier mentalement tout l’itinéraire. Ce matin, c’est l’épreuve finale du stage. Je sais que mon pire ennemi, comme toujours, c’est moi-même. J’ai juste besoin de me détendre. Le travail, l’intensité, et surtout l’envie, tout cela, je l’ai, voire un peu trop. Je n’ai pas encore équilibré totalement l’équation. J’essaye donc, en ouvrant ce portable, d’ajouter un élément dans l’équation, sans même pouvoir le nommer, mais je sais qu’il n’est pas loin, je le touche presque. La galerie de photos du téléphone me propose de voir ce que j’ai capturé cinq ans avant ce jour-là. Je n’en ai aucun souvenir. Je voulais faire autre chose en ouvrant le portable, mais je ne sais plus quoi. Alors je clique. Des photos, que je ne reconnais pas. Il m’en faudra trois pour me souvenir. Toutes ces affaires, des pelotes, des vêtements, des tasses à thé. Ce sont elles qui me feront tilter d’ailleurs. Date à date, la mort de la mère de ma mère. Date à date. Quoi faire ? comment réagir ? Je sais comment j’aurais réagi avant, mais maintenant ? D’abord, éteindre le portable. Puis regarder combien il reste de stations. Puis respirer. Puis continuer. Puis ne rien lâcher. Accepter. Y aller avec elle. Y aller avec elles.

Je passe à 8h30. A l’habitude, à mon habitude, je prends un café allongé au café à côté de l’école vers les 7h10. Pour ne pas arriver trop tôt, mais pas que. Aussi pour réviser, parce que je suis plus du matin que du soir. J’étale tout ce que j’ai sur la petite table ronde, le fascicule, les notes, la tablette avec le petit livre pour passer le CAP cuisine auquel je me suis inscrite en candidat libre pour la session de mai 2025, et un petit carnet dans lequel je veux synthétiser les recettes du jour : risotto et choux chantilly avec craquelin sucré. Ca me prend bien vingt minutes. Il est 7h40, le temps que je me présente à l’entrée, c’est acceptable. Je ne veux pas les effrayer par mes arrivées. Il est 8h00, à peu près, je prends donc mon café dans la salle de réunion. Je descend me fumer deux clopes en me demandant de ne plus m’en demander de la matinée. Je remonte. Il est 8h20, juste le temps d’un café, de saluer les autres élèves à peine arrivés, je suis déjà à moitié dedans. Pas le temps de beaucoup plus d’un « bonjour ! ». Il est 8h28, je jette le gobelet vide, et je marche vers la porte de la cuisine. Le chef est là, il est 8h29. Héléna, à côté de Florence, souffle doucement au chef Bastien : « je crois qu’il est l’heure… ». J’essaye de sourire, j’essaye de me détendre, vraiment. Je ne pense plus à rien qu’à « je ne sais pas ». Il y a un grand tableau vide dans mon cerveau, je sais qu’il va se remplir au fur et à mesure de l’épreuve, je n’ai pas peur. « Allez, à toi ! », je fais les quelques pas qui me séparent de la cuisine. Ayant passé la porte, j’essaye de penser les choses dans l’ordre, mais une de mes oreilles traine… :  «  c’est vrai que c’est dur…mort…. », mon esprit arrête mon corps peut être une seconde sur le mot « mort », je me souviens que mon corps se tourne vers l’origine auditive du mot, le chef Bastien. Puis, mon esprit prend le dessus sur Tout le reste. Je me retourne en me marmonnant dans la tête quelque chose comme « pas maintenant. » et je vais me laver les mains, puis me présenter devant mon poste de travail, je prends calmement mon tablier, je prends le temps de l’attacher correctement, le torchon à la taille, la toque. Je me souviens qu’à ce moment-là, Tout va bien, je pense à respirer. Je fais mes pesées pour les choux et le craquelin. J’organise le plan de travail. J’ai largement le temps, mais il faut que les choses soient faites correctement. La matinée se passe, j’étale la pâte à craquelin pour la mettre au froid, qu’elle soit manipulable au bon moment. Chef Bastien vient mettre sous vide quelques choses à côté de moi. Il y a encore une semaine, je n’aurais pas supporter qu’on vienne me perturber à moins d’un mètre. Le pape ou sa sœur, j’aurai lancé des regards assassins. Mais pas aujourd’hui. Je souris même. « Le bruit  ne te dérange pas, Alexia ? Non… » et je retourne à mes craquelins. Tiens, j’ai oublié de prendre un rouleau, heureusement ils sont à côté de ma position. Je comprends que je ne ferai pas tout parfaitement. Je crois que je suis, enfin, en train de faire le deuil de quelque chose, là, devant tout ce que je fais de travers, tout ce que j’oublie, tout ce qui n’est pas parfaitement maîtrisé. Je ne suis pas parfaite, et ce n’est pas grave. Et je sens que mes épaules me font moins mal. Heureusement, parce qu’il y aura une chantilly à monter au fouet un peu plus tard !

J’ai oublié de compter le temps des craquelins pour calculer le moment de commencer le risotto. Je me sens super en avance, mais un truc me chagrine, me gratte derrière la tête, légèrement. Quand le chef demande l’heure pour mettre les choux au four, je vérifie avec les compagnons, toujours en oubliant le temps des craquelins. Je me sens très à l’aise. Puis, à un moment, les craquelins refont surface dans ma mémoire…ah ! ah ben, ça change tout ! Mes choux sont sur plaque, j’en ai fait trop, comme d’habitude, je ne les ai pas assez bien espacés quand l’image des craquelins arrive exactement au fonds des cristallins, même celui censé ne pas fonctionner, le droit. Ok. Tout va bien. Pas de panique, il est temps de faire un petit choix. Cuisinier ou pâtissière ? Les deux mon Capitaine ! Comme d’habitude, je choisis de ne pas choisir. Je vais chercher ma plaque de craquelin, je discute un peu trop longtemps avec moi-même, la pâte à craquelin  a réchauffé et n’est plus manipulable. Combien de fois ne pas faire le choix aujourd’hui ? A chaque instant, je le sens, je l’accepte. Je n’ai plus le temps de remettre au froid. Alors je moule les craquelins dans le creux de ma main. Arnaque. Ou pas. Je mets au four. Je peux enfin me mettre au risotto. Chef Bastien m’avait lancé un « 10h10 pour commencer le risotto Alex. ». Il est 10h05, les pesées, j’y suis. Je ne peux pas dire que je suis « calme », mais je ne suis pas surexcitée. C’est un progrès. Et je commence à en être fière. Simon aura bien besoin de me rappeler qu’il peut entendre tout ce que je dis, et que ce serait bien que je me parle plus bas, mais honnêtement c’est quand même bien mieux qu’il y a tout juste une semaine. Je lance le risotto, 10h10. Même quand Valérie vient me poser des questions, je réponds gentiment, calmement. Le risotto est bien lancé. Je peux prendre quelques secondes pour lancer à Adeline qui vient de reparler d’un mort avec les autres : « …Psst, Adeline…de qui vous parlez ? », « Tu n’as pas vu que K n’était pas là ? il a perdu son père dans la nuit, il a du repartir sur l’Île… ». Noms des dieux, ma tête regarde son poste de travail vide, je n’avais pas vu, K ! Il n’est pas là ! Encore un peu, je dois finir mon risotto. Il est 10h30, je passe à 10h50. Il me reste encore un peu de avant de. Surtout la couleur, je m’étais planté sur la couleur, j’avais démarré les oignons à chaud et j’avais coloré toute la préparation. Je ne veux pas refaire la même erreur. Je me concentre, désolée vite fait K, je dois, je sais que tu comprends, je n’ai même pas à me le demander. J’ai oublié le sel, vite fait, j’en ajoute pas au bon moment, mais j’en ajoute. Je goute, je rectifie. 15 minutes, puis 4 sur marbre en inertie. Il est 10h 40, ou deux. Je suis dans le timing. Monter au beurre, j’oublie le poivre, mais c’est en QS, et je n’aime pas le poivre, c’est ce que je me dirai quand je m’en apercevrai une heure plus tard, en voyant les autres se passer le moulin. Le risotto n’est pas coloré, je le présente à 10h50 pile. Chef Bastien le valide. Ça, c’est fait. Entre temps, j’avais mis la minuterie au four pour mes choux. J’avais lu quarante minutes sur la recette du fascicule, à 175 degrès. J’avais donc enfourné mes choux à 175 degrés pour 40 minutes. J’étais la première, loin devant les autres, j’avais donc mis mes choux tout seuls dans un four et j’attendais que la sonnerie me signale la fin de cuisson. Chef Bastien était passé par là, et avait demandé « à qui sont les choux là ? », j’avais simplement répondu « à moi… », il me demanda « où est ton timer ? », que je n’aime pas ces petits engins, je préfère l’horloge murale ou la minuterie du four. « J’ai mis le temps au minuteur… ». « Combien de temps ? ». Je bredouille, sentant la mauvaise réponse, mais étant sûre de l’avoir pris dans le fascicule : « 40 minutes… ». Chef Bastien baisse légèrement la tête en soufflant, je crois qu’en une semaine il sait tout de moi. Comment je peux tout faire foirer pour une seconde d’inattention, parce que je n’ai jamais le temps de. Pourtant, j’en ai fait des choux à la Détente, je m’en rappelerai plus tard. Je n’ai jamais mis quarante minutes ! au plus vingt, mais jamais quarante ! « Je pense qu’ils sont cuits là, tu peux les sortir… ». Il restait onze ou treize minutes. Je les sors, il était temps.

Il me reste la chantilly à monter. Les pesées. Le sucre, la crème, une pincée de sel. Un cul-de-poule assez grand, un fouet. Je sais faire. J’en ai fait. Plein ! D’ailleurs, je crois que c’est à ce moment-là que je réalise que c’est le fouet mon ustensile préféré en cuisine. C’est celui qui amène au cœur d’une matière l’air brassé par la traction de mon bras. Quelle est l’ustensile qui peut mieux me faire entrer dans la matière ? C’est celui que je préfère, vraiment. C’est celui qui relie moi, ce qui m’entoure et la matière. J’adore le fouet. Mon coude droit en souffre un peu. Mais moi j’adore. Vingt minutes plus tard, je découpe les chapeaux de mes choux, je les garnis de chantilly, deux assiettes de huit choux. Je les présente à 11h30 précises. Chef Bastien et Héléna goûtent. Chef Bastien essaye de me rassurer, il me reste encore un peu de dedans. J’aimerais vous dire que je l’ai bien écouté. Mais je ne suis toujours pas parfaite. C’est avant-hier en cherchant des fiches techniques pour préparer les miennes, aujourd’hui à 10h22 en vous écrivant ces quelques lignes, demain en préparant la fricassée de volaille pour la Détente, que je le réécouterai un peu mieux à chaque fois. On a tous fini, on a tous réussi. Il est 13h13, je suis dehors, je suis sortie pour la dernière fois cette année de l’école, je fume ma clope sur le rebord de l’école, je prends un peu de temps pour aller sur la page du groupe sur un réseau social pour lire ce que K nous a écrit à tous. Je lui réponds dans le soleil d’automne, mon préféré, le ciel est bleu, j’attends Blanche, je pense à lui. Sincèrement. Le temps est absolument parfait, dans toutes ses incohérences, malentendus et autres inaccessibles étoiles.

6 nov 2024 à 10h06

On croit être confronté au pullulement des alternatives, mais en réalité ce que tout ce bordel est en train de mettre en œuvre c’est un étiolement de ce foisonnement, de cette divergence constante de ce entre quoi nous pouvons choisir, autrement dit on se lève le matin et les terres sont de plus en plus sales et privées de vie, et l’homme orange arrive avec logique, ô cowboy dans la plaine si admiré et si puissant, occupé et encouragé à soumettre les femmes, à brûler les campements, nous chantons et préparons l’arrivée de l’homme orange depuis les Cavaliers du destin, un récit de spoliation qui accapare les sols et les gens, depuis nos statues de Christophe Colomb l’éventreur, le sanguinaire, parce que nos mythes nous guident et s’ils nous ressemblent on les veut beaux et grands, et pas forcément justes. Le dollar monte. L’économie est très enthousiaste à l’idée de collaborer, même si, bémol, on appelle ‘économie’ une certaine économie, celle de l’homme, souvent blanc et souvent un homme, qui cherche à posséder, là aussi ‘on croit être confronté au pullulement des alternatives, mais en réalité ce que tout ce bordel est en train de mettre en œuvre’ c’est un canal creusé bien droit et bétonné, sans souci de régulation, de méandres, de pistes fugitives hors zone, hors efficacité, sans souci d’empêcher les inondations qui emportent toutes nos affaires dans le courant, nos lampes, nos cadres, nos photos, nos chaises, nous n’avons plus que nos vêtements sur le dos, ils sont boueux, et nos pieds sont boueux, on peut toujours jeter cette boue aux visages des puissants Cavaliers du destin, ils ne comprennent pas vraiment, soit par naïveté, soit par habitude, soit par goût du contrôle, soit par une soif de se sentir victorieux face au vertige qu’ils refusent d’examiner, genre à quoi ils servent, c’est une question complexe ça, à quoi on sert. Nous sommes affables de courtoisie pendant qu’on saigne et que l’on fait saigner, nous oublions de crier la main sur le cœur quand il faudrait, pour autre chose qu’une abstraite idée qu’on se fait de soi, et nos corps nous rappellent, nous reprennent, disant qu’ils ne veulent ni harponner, ni se faire harponner, ce qui pourrait exister. Nous sommes une palanquée d’êtres sensibles qui regrettons, et pleurons, et rions, et nous démenons comme beaux diables et belles diablesses à essayer de trouver de l’air, de trouer l’air, et la brume du matin nous porte gentiment, c’est son explication à la brume, le voilement et le dévoilement, quand l’homme orange, lui, ne sait que voiler, recouvrir, masquer, avec son masque de clown aux dents larges, jouer de la flûte pour charmer qui le suivent, rendant notre responsabilité écrasante.

 

Tu as volé l’orange!

Par-delà les mots des maux

Par-delà les maux des mots

Qui a volé l’orange du marchand ?

Percer et voir implique d’affronter des paradoxes qui peuvent rendre fous si on a pas eu le temps d’accepter certains dépassements de réalités, quels que soient les noms qu’on leur donne le temps d’accepter qu’un nom est encore illusoire : l’Argent, Dieux, la Célébrité, etc.

Je me souviens de ce moment où j’ai enfin atteint le niveau académique qui me permettait de choisir gravement entre branche molle ou dure de la recherche, comprenez par-là recherche en « Humanités » ou en « Linguistique ». Lasse, je me suis considérée, voire conne-sidérée, un peu vieille pour poursuivre une étoile trop lointaine. La Linguistique, que je poursuivais de mes désespoirs assidus de naissance, me sembla à ce moment-là, inatteignable, voire ina-teigne-able. J’ai bien cru l’avoir enterré ce jour-là. En fait, je n’y ai pas cru du tout, ni cuit d’ailleurs. Je savais bien que ce n’était que parti remise, encore une fois.

 

Je viens de compter, on vient d’enchainer 20 jours non-stop à la Détente. Aujourd’hui, on a décidé, toutes les deux, de se reposer. Pour se donner un peu de force pour la dernière ligne droite. Dont on ne sait même pas trop où est la fin, le 03, le 11, novembre, décembre. Je me souviens que sans vraiment savoir ce que je faisais, j’ai parlé de calendrier sur la moitié d’une des trois parties du fameux mémoire de Master 2. J’avais été très loin dans la recherche, mais je n’avais rien trouvé de ce que je cherchais. Je n’avais pas trouvé Le calendrier que je cherchais. C’était pas faute d’en avoir trouvé, des grégoriens, des lunaires, des anciens, des atomiques…mais rien n’y faisait, aucun ne m’avait satisfait, déjà. Et je crois bien que je n’en avais fait aucune conclusion d’ailleurs, déjà.

Il est 6h53, le mardi 29 octobre 2024, j’ai 14, 567 tâches administratives à peaufiner dans 3,14etc. domaines, et je suis là à écrire sur l’ordi, même pas avec un stylo.

Pause-clope.

Qui a volé l’orange du marchand ?

« Mais mademoiselle, personne ne va rien comprendre si vous mettez le troisième étage de la fusée sans rien avant !!! la fusée ne décollera même pas !!! »

Au moment où j’écris ces lignes j’ai le poignet droit qui saigne un peu à l’intérieur. C’est comme ça que je le ressens, une coupure à l’intérieur, juste en bas de la ligne de vie comme disent les diseuses d’aventures.

Je me souviens de cette fois où, sur un souk marocain, ma mère a cédé à une de mes deux petites sœurs et leur a permis de se faire dire la bonne aventure par une vieille femme assise sur un voile gigantesque dont je me souviens le rouge surtout qui cinglait sur le jaune du reste de l’environnement d’un souk presque vide déjà vu l’heure tardive. Je ne vois même plus qu’elle, la diseuse, assise à terre, et mes deux petites sœurs passant chaque une leur tour, assise devant elle, si petite, si « innocentes », elles. Et leur père qui leur traduisait le dialecte de la diseuse.

Mes yeux se sont affolés quand j’ai vu dans les yeux de l’une d’elle la « croyance ». Elle a bu chaque mot comme un nectar magique. L’effroi sous ma peau, ce n’était pas la première fois que je sentais ce liquide froid et bleu me parcourir sous la peau, mais c’était la première fois que j’essayais de le combattre. De trouver un moyen de prévenir, des yeux, ma mère, leur père, le sable, n’importe qui ou quoi pour que. Mais rien ni personne n’a rien vu.

« Tu rencontreras un beau prince qui te rendra heureuse et te couvriras de richesses ». Depuis je sais. J’ai fait depuis ce que j’ai pu, mais je ne pouvais pas grand-chose. Au moment où j’écris ces lignes à l’ordinateur, je sais. Je sais qu’elle est encore assise devant cette diseuse, hypnotisée par ses mots. Je ne peux rien faire, alors le matin je la mets dans la boucle, tous les matins. C’est tout ce que je peux faire. C’est mieux que rien, surtout pour moi, et je ne m’illusionne plus du reste. C’est tout ce que je peux faire.

Parfois je me demande pourquoi j’entend ce que j’entend et surtout pourquoi je suis la seule à les entendre ? A quoi ça sert ? Si je ne peux rien en faire ? Si je ne peux prévenir personne ? si je ne peux protéger personne ? A quoi ça sert si je ne peux pas protéger ma petite sœur ?

Alors j’ai choisi « Humanités ».

Il me restait encore un peu d’espoir à ce moment-là. Il me restait encore quelques matins à passer.

Plus exactement, j’ai choisi « Littérature », contre toute attente, surtout les miennes. Mais j’ai senti quelque chose. C’était au moment de choisir un directeur de recherches. J’ai choisi en fonction d’un être qui, je le sentais, me permettrait de passer un obstacle. Lui avait des « trésors » qui seraient bien plus utiles, pas dans l’immédiat, mais plus tard, bien plus tard. Tellement tard, que l’heure n’est pas encore venue, je le sais. Mais elle viendra, je le sais. Je le sens. Donc je le sais.

Peut-être que je ne suis moi aussi qu’en train d’attendre mon beau prince, peut être que je me fourvoie à essayer de libérer les « Humanités » de l’humanité, peut-être que tout cela n’est rien, mais au moins j’aurai essayé, même mal, même de travers. Après tout, moi aussi « j’y crois ». Peut être aussi que je n’aurai fait que m’entraîner pour une autre fois, va s’avoir.

Aujourd’hui donc, pas de pains perdus, surtout pas de service. J’ai des fourmis dans les doigts tellement j’ai froid à taper sur le clavier. Pourtant je n’ai pas fini, il m’en reste encore au moins un morceau ce matin. Après je pourrai me reposer un peu.

Je me suis inscrite au CAP cuisine pour mai prochain et à un stage de cuisine pour adulte en décembre. J’avais un programme en tête. Je devais passer le mois d’octobre à m’occuper des légumes. Pour ce faire, j’ai, le jour de mon anniversaire, demandé à Blanche de m’offrir mes premiers couteaux. Je voulais faire les choses « bien », dans l’ordre. Lasse, le magasin dans lequel nous sommes allées, spécialisé, n’avait rien d’enchantant pour un rituel. J’ai quand même fini par choisir quatre couteaux, dont mon préféré, le filet de sole. Je ne sais pas pourquoi, mais je sais que je n’aurai pas de problèmes avec les viandes et les poissons. Par contre les légumes. Et ce couteau éminceur de vingt centimètres. C’est lui qui me fait peur.

Le lendemain de l’achat, j’ai ramené mes nouveaux couteaux à la Détente, pour pouvoir m’y entrainer le moment venu. Lasse, le moment n’est pas encore venu, et nous sommes le 29 octobre. Et ces couteaux me font toujours aussi peur.

Quelques jours plus tard, nous trainions ailleurs, dans un autre magasin aux couleurs apprêtées pour la vente cette fois. J’y trouve très facilement la douille à St Honoré qui me manquait, mais j’oublie encore de prendre les poches qui vont avec. Tant pis, je vais finir d’user celle que j’ai acheté il y a six mois.

Juste avant de partir, et alors que Blanche avait déjà réglé les achats, je tourne autour d’une table dont la pancarte « -50 % » ne m’avait pas encore imprimé le cristallin. Je tourne autour d’un grille-pain gigantesque et rouge totalement inadapté sauf à vouloir impressionner quelques invités matinaux. Sous un autre appareil dont je ne me souviens  même pas, je vois dépasser le manche d’un couteau. Je le reluque quelques secondes avant de me décider à essayer de le prendre en main.

Détail important : j’ai des mains d’enfant. Je veux dire, vraiment. Déjà quand je travaillais aux huîtres, il fallait que je me fasse commander mes gants taille 6 pour être sûre d’en avoir tant j’étais la seule à avoir de si petites mains. Ce qui fait une grosse différence quand il s’agit de choisir des couteaux. Je voulais les plus légers possible, espérant là encore qu’ils me blesseraient le moins possible. C’est pour ça que j’avais choisi les couteaux de la marque espagnole. Ils étaient plus légers. Mais je les avais rangés pour ne jamais les ressortir. Celui qui était sur la table, quand je l’ai pris en main, j’ai tout de suite senti qu’il n’était pas léger. Mais j’ai senti autre chose. Il n’était peut être pas léger, mais tellement équilibré, on aurait dit qu’il était fait à ma main, ou presque. Bien sûr j’ai encore demandé à Blanche de me l’offrir, mais cette fois en rentrant, j’ai chopé le premier légume à couper pour l’essayer. C’était un oignon. Et qu’il était fluide le mouvement, que j’étais à l’aise. Je ne l’ai pas réutilisé depuis cependant. Les deux tendinites au deux bras me font encore un peu peur. Mais je sais que ce n’est pas lui qui me blessera. Il ne reste plus qu’à ce que je ne blesse pas moi-même.

Mal écrit ?

Certes, certes.

Mais écrit tout de même, jusqu’au bout de ce matin. Il est 7h59. Et les épaules me commandent d’arrêter pour aujourd’hui. C’est déjà pas si mal.

AWIAL

 

 

 

une image, des couleurs – trois parcours, disons, de vie – trois femmes, disons, dignes et au travail, dans un hôpital – Bombay, des vues de nuit formidables (on n’en a guère dans les photos retenues pour la presse ou la promotion) – un film franco-italo-luxembourgo-néerlandais (on aurait plus vite fait de dire européen) insiste wiki (pas à vendre, ces temps-ci) (le réseau me fatigue) – heureusement des films de cette eau existent (il paraît qu’il ne serait pas question de le montrer distribuer en Inde – bizarre cette économie soi-disant monde) – le marché, entre 4 et 7 le matin, les rues, les bruits les fruits et les légumes –  ces trois femmes travaillent (le travail rend libre…) l’une à l’accueil (bosser n’interdit pas encore de rêver)

l’autre plutôt infirmière

il me semble comme le centre du film

et puis la troisième (qu’on voit moins au début) à la cuisine – on la découvre ici dans son logement qu’elle quittera au milieu du film parce que sur un terrain en but aux promoteurs (partout, dans le monde, partout)

les trois femmes assidues au travail dignes laborieuses – trois portraits, une intrigue d’amour pour la plus jeune

d’un type musulman

ce qui fait un peu jaser

autant qu’une sexualité assez assumée (on pense à cet autre film – (comment dire? indien ?) Girls will be girls dans lequel la même actrice

Kani Kusruti (ici dans le rôle de Prabha – parfaite, tout autant)

tenait celui de la mère – un peu comme ici)

il me semble qu’elle est le pôle central du film,  elle dont le mari, parti en Allemagne, ne donne plus signe de vie sinon par l’envoi d’un auto-cuiseur

comme preuve d’amour (ou de pensée – ou de présence…)

oui, son mari est là-bas – la jeune colocataire qui vit sa vie (Anu, interprétée par  Divya Prabha) elle achète un voile pour une possible rencontre avec son chéri mais cette rencontre tourne court : scène magnifique que celle où, sur un quai de gare

elle ôte ce voile

et puis la troisième s’en va donc (Parvaty, Chhaya Kadam) : on les voit se révolter

et se venger,d’une pierre lancée

contre

une affiche (un homme, un promoteur ou son image, touchée atteinte crevée)

(l’affiche vante le nouveau complexe dédié à Zeus, bâti sur les ruines des maisons de pauvres, vomissant son slogan « la classe est un privilège réservé aux privilégiés »…) et puis elles s’en vont dans la campagne, le village où vivra désormais Parvaty (j’ai pensé – subjectif,parfaitement subjectif – aux dernières images de A star is born (Vincente Minelli, 1954)

je ne sais pas – le mieux, c’est certain, ce serait de le revoir…

 

 

 

Alla we imagine as light un film magnifique de Payal Kapadia  (dont on avait ici déjà repéré le tout aussi magnifique Toute une nuit sans savoir (2022)) image formidable : Ranabir Das – musique (pareille) : Topshe

 

Les trois actrices et la réalisatrice lors de la remise du Grand prix à Cannes, cette année

 

 

Biographies obscures mais déterminées par jeu de pages aléatoires – travail résolument inutile et risible dans un système économique caractérisé par la propriété privée des moyens de production et la liberté de concurrence –

Sofia Martins (1986-) : née à Lisbonne, elle grandit dans une famille modeste et apprend la guitare en écoutant les anciens disques de fado de sa grand-mère. Elle contribue ensuite à la fondation de plusieurs comptoirs commerciaux le long de la côte pacifique. Localement impliquée dans l’organisation des Jeux olympiques d’hiver, on ne lui connaît pas d’ennemis.

Nayra Coñuecar (VIe siècle, Chili) : vivant dans la région du Biobío en tant que guérisseuse mapuche, car sachant tout des plantes médicinales et des rituels de guérison, elle est connue pour son travail dans le domaine des énergies renouvelables en tant que diplômée de l’École centrale de Lyon avant même que celle-ci soit construite.

Tulluq Nanqaaq (XIVe siècle, Groenland) : chasseuse habile dans l’art de maîtriser un kayak et de chasser le phoque (toujours le même), elle joua un rôle crucial dans la survie de son village durant les périodes de disette, en racontant de fameuses recettes imaginaires. Elle trouva ensuite rapidement sa voie dans l’abstraction, utilisant des couleurs vives et des formes organiques pour explorer les émotions humaines.

Zawadi Wafula (XVIIe siècle, Kenya) : en tant que chef de clan, courageux et visionnaire, il a mené son peuple à travers des conflits tribaux, formant des alliances stratégiques pour protéger son territoire, puis prit la tête de la force opérationnelle formée pour finaliser les négociations en vue des futures relations avec le Royaume-Uni. Son visage apparaît régulièrement dans les grottes du comté de Bigorre.

Carlos Yupanqui (XVIIe siècle) : navigateur et marchand d’origine espagnole ayant émigré au Chili, né par accident à La Tronche (département de l’Isère), il a réalisé plusieurs premières ascensions d’envergure aux côtés des plus grands alpinistes de sa génération, avant de finir secrétaire d’État.

Lucile Renaud (1978-) : artiste peintre française originaire de Montpellier. Après des études en histoire de l’art, elle passe sa vie à documenter la culture traditionnelle inuit à travers la photographie. Elle est rapidement nommé vice-présidente du Comité de réflexion sur le réfléchissement de la glace dans les aiguilles Rouges, et évolue au poste d’attaquant dans l’équipe première de la KHL.

(à suivre)

Le salon de T, Préquel(le, lent, les, lées, lés, ect.).

17/05/2024

Vendredi : apprendre à écouter l’autre en ne le niant pas puis en l’écoutant, dépasser la sensiblerie et la susceptibilité.

Cela fait un peu plus de deux ans je crois que tous les matins j’ouvre le dossier « semainier » de mon ordinateur et je pioche le fichier en lien avec le jour de la semaine. Aujourd’hui, c’est vendredi.

Cela fait un peu plus de deux ans je crois que tous les matins j’ouvre le dossier « semainier » de mon ordinateur et je pioche le fichier en lien avec le jour de la semaine, même les matins où je ne crois à rien. Aujourd’hui, c’est vendredi, et c’est pas mon jour préféré. Le mercredi non plus d’ailleurs, qui en est une variante peu douce à mes yeux d’oreilles.

 

Cela fait un peu plus de deux ans je crois que tous les matins j’ouvre le dossier « semainier » de mon ordinateur et je pioche le fichier en lien avec le jour de la semaine, même les matins où je ne crois à rien. J’écris depuis longtemps, dans tous les sens. Pendant longtemps j’ai plus crié qu’écris d’ailleurs. Aujourd’hui, c’est vendredi, et c’est pas mon jour préféré. Le mercredi non plus d’ailleurs, qui en est une variante peu douce à mes yeux d’oreilles. Les deux parlent d’ « écouter l’autre », cet être étrange qui ne m’a que si rarement écouté moua, mais même moua doit bien avouer qu’un peu des fois quand même, alors j’ai une vague idée de ce que cela signifie.

 

Cela fait un peu plus de deux ans je crois que tous les matins j’ouvre le dossier « semainier » de mon ordinateur et je pioche le fichier en lien avec le jour de la semaine, même les matins où je ne crois à rien. Pourquoi ? je crois qu’avec le temps j’ai appris à m’en foutre un peu, ce qui n’est pas anodin. J’écris depuis longtemps, dans tous les sens. Pendant longtemps j’ai plus crié qu’écrit d’ailleurs. Pendant longtemps j’ai cru qu’écrire pouvait me sauver de la folie de l’intérieur de mon corps. Aujourd’hui, c’est vendredi, et c’est pas mon jour préféré. Le mercredi non plus d’ailleurs, qui en est une variante peu douce à mes yeux d’oreilles. Les deux parlent d’ « écouter l’autre », cet être étrange qui ne m’a que si rarement écouté moua, mais même moua doit bien avouer qu’un peu des fois quand même, alors j’ai une vague idée de ce que cela signifie. « Je » existe au milieu de quelque chose d’autre.

Cela fait un peu plus de deux ans je crois que tous les matins j’ouvre le dossier « semainier » de mon ordinateur et je pioche le fichier en lien avec le jour de la semaine, même les matins où je ne crois à rien. Pourquoi ? je crois qu’avec le temps j’ai appris à m’en foutre un peu, ce qui n’est pas anodin. Il y a quelques années déjà que cette expression me taraude. « Se foutre de ». J’en avais cherché l’origine, je dois bien avoir un fichier ou deux là-dessus quelque part. S’auto-ensemencer. N’avoir besoin de personne pour se créer. J’écris depuis longtemps, dans tous les sens. Pendant longtemps j’ai plus crié qu’écrit d’ailleurs. Pendant longtemps j’ai cru qu’écrire pouvait me sauver de la folie de l’intérieur de mon corps. Puis j’ai cru que j’allais sauver des Jeans ou des Jeannes ou des Jeanes ou des Jeanns, ect. Aujourd’hui, c’est vendredi, et c’est pas mon jour préféré. Le mercredi non plus d’ailleurs, qui en est une variante peu douce à mes yeux d’oreilles. Les deux parlent d’ « écouter l’autre », cet être étrange qui ne m’a que si rarement écouté moua, mais même moua doit bien avouer qu’un peu des fois quand même, alors j’ai une vague idée de ce que cela signifie. « Je » existe au milieu de quelque chose d’autre. Ce quelque chose est vaste, trop souvent insaisissable, trop fluctuent, trop indéterminé, trop trop. C’est pour cela que, bien souvent, je préfère rester dedans. Au chaud de mes ombres, à l’intérieur de ce corps quitte à risquer la folie, la désespérance, ect., certes, mais ce sont les miennes, celles du dedans.

 

Sauf que. Sauf que c’est une illusion. Une belle, cela va sans dire, mais une illusion tout de même. Tout passe, aucune frontière n’est hermétique.

avions

 

 

je les tiens serrées dans un dossier intérieur à celui des actualités celui de l’avion – il comprend neuf images que je pose ici pour ne pas qu’elles se perdent ailleurs que dans cette maison[s]témoin qui m’est propice aux fantômes, aux fantasmes les plus brouillés – elle compte 623 billets-posts-pages (peut-être sont-ce des pièces – ou des murs) (de mon autorat : 363) et j’ai toujours cette velléité de poser quelque chose qui serait un index – comme une espèce de gimmick – j’avais cette sensation que regrouper en une page les étiquettes par exemple : quelque chose qui m’aiderait à exister (j’aime les sens différents de ce mot étiquette) – me repérer – être quelqu’un qui fait une œuvre tu vois : non – qui œuvre à quelque chose de construit : non  plus non – j’avance à l’aveugle (c’est aussi que je suis borgne) – cette douleur, là, qui ne veut pas cesser tu comprends – alors j’écoute quelques chansons j’ajoute un média préconise (mais ce n’est pas en gras), ordonne, intime le site le mécanisme le logiciel le progiciel l’application l’électronisme – je me plie à quelque chose d’automatique

 

Une histoire du monde contemporain et de ses industrieuses inventions : voici pour continuer les turpitudes de ces actions et ses errements – ses erreurs de type humaines…
Les liens précédents sont sur le bateau

On recommence par le début de l’année – quatre boulons qui ne sont pas serrés –

Cette photo fournie par le NTSB le 8 janvier 2024 montre l’enquête impliquant le vol 1282 d’Alaska Airlines sur un Boeing 737-9 MAX à Portland, Oregon. Les autorités américaines de l’aviation ont déclaré le 7 janvier 2024 que le bouchon de porte d’un panneau d’avion qui avait explosé lors d’un vol d’Alaska Airlines avait été retrouvé, une pièce qui pourrait potentiellement aider à l’enquête sur la cause de l’accident. (Photo par Handout/NTSB/AFP)

(NTSB probablement National Transport Security Board) – pouf ! la porte est tombée dans un jardin

PHOTO DE DOSSIER: Les enquêteurs du National Transportation Safety Board (NTSB) examinent la zone du bouchon de fuselage du vol 1282 Boeing 737-9 MAX d’Alaska Airlines, qui a été largué et a forcé l’avion à effectuer un atterrissage d’urgence, dans une propriété où il a été récupéré à Portland, Oregon, États-Unis, 8 janvier 2024. NTSB/Handout via REUTERS. CETTE IMAGE A ÉTÉ FOURNIE PAR UN TIERS/Photo de fichier

(manqué T comme transportation; S comme Safety) il n’y eut pas de blessé, m’a-t-on fait parvenir (à défaut de croire, mais je n’ai pas de raison de ne pas le croire – c’est vrai) – on a flanqué l’avion dans un garage

PORTLAND, OREGON – 9 JANVIER : le N704AL d’Alaska Airlines est vu cloué au sol dans un hangar de l’aéroport international de Portland le 9 janvier 2024 à Portland, Oregon. Les enquêteurs du NTSB poursuivent leur inspection du Boeing 737 MAX 9 N704AL d’Alaska Airlines à la suite d’une explosion de fuselage en vol le vendredi 5 janvier. Aucun des 171 passagers et six membres d’équipage n’a été grièvement blessé. Mathieu Lewis-Rolland/Getty Images/AFP (Photo de Mathieu Lewis-Rolland / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

(je ne sais rien : je ne suis qu’un passeur, je n’ai rien de mes yeux vu sinon ces articles de journal) (rien – rien d’autre) (au même moment la Callas me chante (et m’enchante en chantant) l’air de Norma…) (je me disperse…)

PHOTO DE DOSSIER : Les employés de Boeing assemblent des 787 à l’intérieur de leur bâtiment d’assemblage principal sur leur campus à North Charleston, Caroline du Sud, États-Unis, le 30 mai 2023. Gavin McIntyre/Pool via REUTERS/File Photo

un atelier d’assemblage (une usine: en voit-on jamais ? ) (rappel de l’atelier d’écriture) non mais non – une roue s’est un jour détachée d’un train d’atterrissage (qui en compte une bonne douzaine – j’avais l’image : perdue) ah non la voilà

Dans cette image tirée d’une vidéo fournie par Cali Planes, un Boeing 777 d’United Airlines à destination du Japon perd un pneu alors qu’il décolle de l’aéroport international de San Francisco, le jeudi 7 mars 2024. L’avion a effectué un atterrissage d’urgence en toute sécurité à Los Angeles. (Avions de Cali via AP)

le truc, cependant, c’est que plus il y aura d’aéronefs, plus il y aura d’accidents, c’est (pratiquement) mathématique (l’autre truc c’est aussi que plus il y aura de ce genre de moyen de transport, plus l’humanité courra à sa perte – la planète, elle, n’en a strictement rien à faire) (encore que « sa » perte pour l’humanité indique surtout une certaine classe de cette humanité: et c’est, évidemment, la part la plus pauvre de celle-ci… Évidemment.

11 mai 2022, Hambourg : les avions passagers du constructeur aéronautique Airbus sont stationnés dans les locaux de l’usine Airbus de Finkenwerder. Photo par : Marcus Brandt/picture-alliance/dpa/AP Images

je ne sais pas ce que ça vient faire là – sinon que l’avionneur européen va devenir le premier constructeur du monde (c’est beau comme de l’antique, c’est vrai mais à quoi ça sert vazy ? on se souvient aussi de son trois cent quatre-vingt ça va bien)

Cette photographie prise le 3 janvier 2023 montre un fuselage d’avion en construction dans une usine du constructeur d’avions Airbus, à Montoir-de-Bretagne, dans l’ouest de la France. (Photo de Loïc Venance / AFP)

série noire – série blanche – demain soir j’embarque dans un de ces bidules (ce sera mercredi, demain) – à ma droite passera Venise – non mais non – j’ai oublié –

Un ouvrier travaille sur l’atelier de fabrication de l’aile Airbus A350, lors d’une visite du chancelier de l’Échiquier britannique Jeremy Hunt à l’usine Airbus Broughton, à Chester, dans le nord du pays de Galles, en Grande-Bretagne, le 23 novembre 2023. OLI SCARFF/Pool via REUTERS

j’ai sans doute manqué quelque chose (il y a un type monté sur le fuselage, l’aile, là) pour avoir cette tripotée (tri venant de trois) d’images d’industrie Airbus alors qu’on me parlait de Boeing et du procès dans lequel  des « lanceurs d’alerte » s’ingénient (c’est le cas de le dire : ils sont ingénieurs) à tenter de montrer l’urgence de précautions…

WASHINGTON, DC – 17 AVRIL : Sam Salehpour, ingénieur témoin de Boeing, fait des gestes lors de son témoignage devant un sous-comité sénatorial de la sécurité intérieure et des affaires gouvernementales sur une audience d’enquête intitulée « la culture de sécurité brisée de Boeing, en se concentrant sur des témoignages de première main » au Capitole des États-Unis le 17 avril 2024 à Washington , DC. Dans une interview avec NBC News, Salehpour a déclaré qu’il pensait que tous les 787 avions devraient être immobilisés au sol pour permettre des contrôles de sécurité appropriés de l’avion, qui a été critiqué ces derniers mois à la suite d’une série d’incidents. Kent Nishimura/Getty Images/AFP (Photo de Kent Nishimura / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

je te dis, je ne sais pas – peut-être cette panique qui s’empare de moi quand je m’en vais ? à chacun de mes départs (valise ou cercueil ?) quelque chose de ce genre sans doute – on garde espoir ?

 

 

 

je quitte pour quelques semaines la maison[s]témoin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

entre deux sifflements crépitations

Je vais me tricoter une grande veste.
Je vais me tricoter une grande veste de glycine américaine qui est plus petite que les autres et moins show off
Je vais me surjeter et me point-de-rizer du schisandra pour avoir des clochettes rouges et blanches qui se font passer de loin pour des cerises
J’aurai des poches d’érable deshojo qui veut dire face empourprée en japonais, mais ventrues, en gueules de sabots de vénus
Mon dos sera piqueté de pousses de bégonia qui souffre d’avoir un nom de plante de vieux
Et de pousses d’hosta plus grand dedans, cherchant le dépliement
Les clématites me couvriront les bras avec leurs aiguilles à torsades
Mon col sera bordé de lancettes pourpres de passiflore au printemps car ce sera une veste de printemps
Le jacquard des pattes de kangourous sera difficile à faire à cause des bouches velues d’orchidées qui s’ignorent, mais j’aurais le choix de la couleur, rouge orangée et la multiplicité de jaunes, ou encore le violine qui coule bleu
Je m’assiérai sur la terrasse
Le merle et la merlette atterriront brutalement, comme des sauvages, et leurs pattes sur le sol feront top, top, ratop, ratop, vers la gamelle de croquettes pour chat
Dans mon feuillage d’heuchères, corail, chocolat, caramel, bronze, vert salade, je dirai à la merlette qui n’hésite pas à s’approcher juste à mes pieds comment vas-tu ? parce que j’aurai vu la plume presque blanche un peu défaite sur son aile gauche
J’attendrai que les pois de senteur majestic blue sortent de terre et s’enroulent sur les branches tortueuses du saule tortueux le bien nommé
Le géranium presque noir et dentelé ne m’agressera pas
La feuille d’acanthe blanche sera douce avec moi, et molle sous mes doigts comme du caoutchouc
Le cœur de marie montrera qu’il sait faire une forme en forme de quelque chose que les humains connaissent, par bonhommie
L’abutilon sortira ses lampions à jupettes, mais pas tout de suite, d’abord minuscules lanternes éclairées à l’avance
Je me demanderai quoi faire des pucerons sur les naissances si tendres des feuilles de camélia, je ferai semblant de ne pas voir que je ne les ai pas tous enlevés en y passant mon pouce et, en tant que divinité géantissime je me dirai que certaines vies ont de la chance, et puis je ne saura pas quoi faire du problème d’être cheffe décideuse et dominatrice, tout comme je ne sais pas quoi faire d’autres problèmes de chefs autrement plus nuisibles que les pucerons
Solanum pourpre et morelle laciniée ne sauront pas qu’ils sont de la même espèce, quasiment identique à une teinte près, ils feront le jersey du côté droit et du côté gauche de ma veste asymétrique
Je ne saurai pas faire les diminutions
Je ne saurai pas compter les mailles
Je ne saurai pas que le rosier liane de banks avait soif avant d’avoir vu ses feuilles abattues, désarmées, je me précipiterai mais il sera trop tard
Revivre ça n’existe pas
S’en soucier oui
Je préviendrai qui veut que le sophora twist baby prépare de la musique visuelle
Il lance des gouttes brunes deux par deux sur certaines de ses branches desquamées, grises, et l’écorce en dessous sort couleur d’olive
Chaque goutte va s’amplifier et s’accentuer en masque de médecin de la peste
Éclater jaune
Sentir la vanille
Les gens diront : c’est comme des becs de perroquet, je dirai oui ça y ressemble, les gens diront : il y en a tant ! je dirai oui, mais je ne sais pas ce que veut dire cette musique, est-ce qu’il est très heureux dans son pot, ou est-ce que, parce qu’il se sent mourir, il veut donner tout ce qu’il peut avant la fin ? je dirai oui mais je ne sais pas interpréter ce que je vois
Un jour ma veste sera morte
Ma veste de printemps
Ma veste de vent et de déflagrations qui s’entendent de loin
Le mot déflagration est un petit contenant, trop petit pour contenir les râles d’agonies
Ça vibre au loin, c’est tout près
Les ondes courent dans le sol, sous les cailloux de la terrasse
Les échafaudages ne tiennent pas
Ou alors pas longtemps, pas plus longtemps qu’une fleur de cobée cet été, un clignement de l’œil
Je me résoudrai à coudre pour assembler dos et devants et poches et manches de ma veste de printemps avec du seringat et de l’arbre au faisan, et pour cela j’utiliserai la technique du point invisible, mais rien n’est invisible même si tout disparaît
Est-ce que j’ai encore la place au creux des emmanchures de ma veste de printemps pour la plante des fées ? ses feuilles sont raides, piquantes, pointues, teigneuses, pas faciles à approcher ; ses fleurs sont comme un chapeau, celui du joker dans un jeu de cartes, ou bien celui du fou du roi, mais elle s’en fout des fous, et le fatsia aussi, qui monte un étage de feuilles à la fois méthodiquement
Sous l’apparence du fouillis, ma veste de printemps est méthodique
J’entends la double note des mésanges qui disent attention, ou viens là, ou où es-tu, ou je te connais, ou un message plus compliqué et attentif aux modifications
Ce que j’entends ne m’est assez souvent pas accessible
Le rouge-gorge saute d’un pot à l’autre en sachant où il va
N’est pas gêné par les moineaux, il n’y en a pas
À chaque fois c’est pareil, je me dis qu’ils sont tous morts, ou bien morts de peur et cachés
Et je suis soulagée quand ils reviennent, ternes, discrets

TDEDULP spéciale dédicace Perec #42

 

 

toi qui entres ici (comme dans un moulin) une image par minute et plus pour tenter d’épuiser ce carrefour – pour ne pas oublier, jamais – vive la vie vive l’espoir

installation – commande (un kir à 5e50 quand même) (on ne plaisante guère au Carillon) un carrefour de mémoire terrifiante – c’était le but recherché, ça n’a pas marché : on est là – pourquoi là, parce que – complétée d’une autre raison – on recommence : hommage à G org s P r c – en quelque soixante dix et plus images – Paris, plutôt debout – il est midi

les bâtiments sont ceux de l’hôpital (à genoux) bâches jaunes en accord avec la marquise du petit Cambodge -(les nuées sont des gouttes d’eau de la vitre du bar) –  passe le camion du service d’aide médicale d’urgence – midi 2 (intérieur jour)

midi 3, sous l’œil (ébloui) des caméras

cette dame qui s’arrête, stationne un moment

puis passe

s’en va – midi 6 les livreurs en mobylette

ou en vélo électrique (comme si ça ne polluait pas) – midi 8

on passe-on marche – on va manger – la plaque blanche aux victimes des attentats odieux  (lâches, minables, abjects) du 13 novembre 2015 – droit cadre, l’un des héros du jour – midi 10

midi onze

puis douze

puis treize

treize encore

puis 14 (il est parti)

 on pourra vérifier l’omniprésence des ninos – des gens  – des passants – 18

puis 19 – panoramique à 90 degrés : sur la petite place (sans doute intitulée) un banc, et sur le banc, téléphonant

midi 20, partie et remplacée mais sur l’autre assise

midi 21 attente puis où est-ce déjà ?

plutôt par là (22)

(il s’en va livrer) voyons voir – un bus (23) 75 (et non 29 comme le Roubaud) comme un ange passe

va vers son destin (ainsi que les humains) – calme apparent (26)

(28) (une demi-heure déjà?) on s’en va

pour la livraison

on pense à ce film, Lunchbox (Ritesh Batra, 2013) – vigilant peut-être mais sans le point pour ne pas divulguer (30)

un certaine idée de la défense – midi trente c’est l’heure de manger

on va attendre un moment – la pointe – (32) – j’crois bien que c’est par là


possible,probable, sans doute – allons (33)

un extrait (notes procès moquette) du cahier où sont prises les notes – à un moment, elles seront retranscrites mais pas tout de suite – des images d’abord : nature morte aux trois plaques (34)

juste un petit moment

d’autres gens (35)

intérieur jour, chat noir du Carillon – (36) en attente des plats préparés

et passage d’un être au nino (barbe & baskets – tatouages & vélocipède) – (37)

attends à quoi tu penses? – (38.2)

le bruit les sirènes l’urgence –  (39) « I’m back »

(39.2) pano : en attente

(39.3) et puis avec ça ?

ça avance – respirez soufflez – (40)

(les types fument sur le trottoir, attendent que le temps s’en aille) – (40.2)

passe par ici, reviens par là – (41)

savoir recevoir – la rue Bichat (c’était un chirurgien, je crois bien) a changé de sens de circulation – j’ai oublié de le préciser – c’est de mémoire – j’oublie (42)

c’est fait – quoi d’autre ? (42.2)

à nouveau – encore ( 42.3) respirez – soufflez –

allô ? non mais allô quoi  ? t’es où ?

hein ?  le 75 à nouveau

puis encore, on se demande

attendre repartir revenir – (45)

je viens

je suis par là, oui

(46) le 75 encore

plus le chien, le selfie, le caddy, la capuche le bonnet le soleil

livraison boite aux lettres pantalon rouge et chaussures blanches – (46-7-8)

kestum’veux toi ? je m’en vais clopant – le soleil aussi

attacher son vélo – capuche  boite aux lettres tête de potelet – (voilà qu’il est moins dix)

certes –

on commence à avoir faim –  (51)

ça va venir ou c’est déjà fini – (51.2)

qu’est-ce qu’on serait sans nino ? attends un peu

(ce sont les très gros plans qui me plaisent – image arrêtée déjà fugace et passée)

plus de soleil – clopo – où tu vas ? (52)

bon on s’y retrouve ? Oui, j’y vais

des sourires jusqu’à la nausée – laisse

manger avec des baguettes, repérer le paparazzo, continuer à penser

réunis là le temps d’une image – avancer droit devant soi, la vie – passe passe (53)

le temps de se retourner et puis (55)

où est-ce déjà ? – je ne sais plus (57) intérieur jour

on en reparle dans deux ans (59)

ce bougé…

Puisque passe le temps, passeront les années – j’aurais du me dire « tiens j’en prends 53 » je n’en garde que, je laisse les autres – les gens , disponibles,qui vont et vaquent – bon appétit)