Sourire pour l’image

 

 

Non mais c’est rien, juste quelque chose d’assez personnel (et je ne vois pas en quoi ça devrait en être pour autant discrédité – j’ai depuis longtemps laissé tomber la distinction entre l’objectif et le subjectif) sur la date de réalisation de ce film, 1974, et la conjonction qu’il y avait alors entre la mort de Pompide (Georges Pompidou, dont le gouvernement dirigé par un Chaban-Delmas (il me semble, il montait les marches du perron de Matignon deux par deux et disait « il faut sortir de table en ayant encore faim » : un battant, enfin) puis par un Messmer enfin qui comptait pour diriger sa phynance depuis le Louvre le crâne d’œuf libidinal) et ces vacances de cinéaste qui donnent leur titre au film.
Il y a aussi le séminaire, et le film objet de Kiki de Bayeux.
Un type comme un autre, avec son épouse et leurs enfants au soleil du sud.

Pour les vacances

(ce moment où on se/nous replonge dans la scolarité et son emploi du temps).

Le type est néerlandais mais a fait ses études de cinéma à Paris (de 56 à 58), à l’institut des hautes études cinématographiques (il faudrait regarder ce titre et en comparer l’histoire avec celui de ces mêmes études mais commerciales – il y avait une espèce de snobisme à intituler ce dernier H É C pour en distinguer la valeur). Il y a là un vieux couple

il me semble ou un père et sa fille, le père est diminué, Parkinson ou quelque chose, sa fille ou sa femme se promène avec lui. Il me faudrait revoir le film.
Il y a au début ces deux reliques, sur l’une :

La seule idée de la gloire : garder le pouvoir
Mon premier projet : vous le rendre
François Mitterrand

ah oui quand même…
sur l’autre des déchirures (tu te souviens,Arlette…)

– il y a de nombreux souvenirs de ce temps-là – et il y a ce musicien de jazz

Ben Webster

ami du cinéaste je suppose – il me faudrait le revoir

– un film de famille comme on dit (je me souviens des camemberts de diapositives pour les soirées chez un de mes amis plus ou moins oncle Y. parfois, retour de vacances, film de voyages, cartes postales…) – une espèce de documentaire – l’irruption du réel

en gros plan

(le « après Lisbonne Athènes… » : tu vois, c’est cet espoir qu’il y avait alors)
ou le facteur

on parle, il s’en va

un film qui en dit aussi certainement très long sur l’amour qu’il peut y avoir dans une famille (une famille, c’est aussi le lieu légitime où on le fait, pour avoir des enfants) (mais c’est cette loi-là qui n’en est pas non plus une, mais dont s’empare l’État pour la fiscaliser, cette famille-là) – ce sont des moments vacants, le soleil donne (comme dit la chanson)

et il n’y a qu’une seule chose à faire : rêver

et puis sourire pour l’image d’une espèce de bonheur

 

Les vacances du cinéastes un film (documentaire, 39 minutes) de Johann van der Keuken juste et magnifique

 

 

 

 

 

paparazzo

 

 

 

 

il y a cette image que j’ai prise au musée

elle représente deux célébrités, l’une est un mannequin (de mode) debout et célèbre (mais pas connu (de qui, c’est toute la question) de moi, et je n’ai pas pris son nom, dommage – mais c’est quand même aussi un fait révélateur et systémique : je n’y ai pas fait attention – ça ne m’intéresse pas) (après si je cherche je trouve)

l’autre (2F) assise et regarde l’objectif de l’appareil photo d’un photographe célèbre (Frank Horvat, il l’était à peine moins à l’époque), semble s’éventer avec une photo – on voit sur cette photo qui sert d’éventail un visage de femme qui sourit – brune – il y a de nombreux visages de femmes en photo sur le mur derrière eux – il y a aussi deux hommes je crois bien, soyons précis (pourquoi faire ?).
L’image date de 1962, a été prise à Rome dit-on pour le magazine de mode Harper’s Bazar (sans doute en faut-il). Il y a cette espèce de connivence avec le preneur d’image (on prend les images, comme les photos, c’est ainsi qu’on dit : on les prend – les anglo-saxons, toujours avec une longueur d’avance, indiquent pour une prise de vue shooting comme s’ils étaient à la chasse – to shoot veut dire tirer (un penalty, un coup (de fusil, le plus souvent)).

Ici d’autres images – volées dit-on – 3 – téléobjectifs ? même pas mais quelque chose (on arrive directement au 31 août 1997, le Ritz le sous-terrain de l’Alma la merco à deux cents à l’heure) (ces images ne sont pas libres de droit comme on dit vulgairement – faut payer pour les afficher je suppose – je les vole aussi – elles représentent des célébrités qui veulent contrôler leur image) (semble-t-il) (comme si c’était possible)

bon après je me dis : je mets des légendes ou on s’en fout ? (ce sont deux légendes, alors pourquoi faire ?) Cependant ce genre d’images représente toujours des légendes (il y avait un livre « table du salon » qui reprenait une exposition (un catalogue si tu préfères) sur ce thème – le catalogue d’exposition est un genre, au même titre que « développement personnel » ou « guide pratique » : c’est ce qui fait vivre (au sens où ça leur apporte de la trésorerie) les maisons d’édition (45 euros quand même – en anglais, sur le site du wtf éditeur de l’ex-rue Sébastien Bottin) qui était passé sur les tables du séminaire

peut-être que, sans nommer les personnages qui illustrent ces images (les personnages illustres) (il y a quelque chose du lustre dans ces positions – c’est un type qui porte un verre d’alcool probablement et un chapeau et deux femmes qui se parlent fixées là) (si on connaît les visages on les reconnaît – pour le type, il faut une légende) sans les nommer, donc, on ne paye pas de droit de reproduction ? (droit de reproduction est une affaire qui porte un versant, un aspect, un signe et un sens libidinal ou je délire?).
La dernière pour indiquer la grande élégance de ce qu’on appelle le rock’n’roll : ici l’un de ses thuriféraires les plus parfaits (on peut se souvenir que le personnage qui propose ou administre ce geste sublime à la photographie et, par là (si on ose dire) à son public, a été anobli par le fils, alors prince seulement, de STGME2 (il tape 80 – god save the King, C3, lequel tape les 75) ce qui prouve la pertinence de ces honneurs).

quel humour, au vrai

 

Un peu de « technique » : les images ici reproduites (pas la première) proviennent de captures d’écran de documents trouvé sur le wtf részosocio (dont le nom ne se traduit que par lui-même : c’est une marque – mais to »face » veut dire affronter dans le dialecte) qui n’autorise pas cette pratique ni, donc, cet usage – il faut se munir d’un logiciel de lecture de document audiovisuels (en l’occurrence VLC) pour ouvrir le document; s’affiche alors une espèce de film – un plan fixe d’une durée de dix secondes – estampillé de la légende qui indique les noms des personnes sans majuscules, suivi d’un « fry-Gallela [un numéro] »; laquelle disparaît au bout de 5 secondes – on peut déclencher la capture d’écran (si on ne veut pas de ces écritures) – lorsqu’on recherche où aboutit cette espèce de lien, un article d’un organe étazunien apparaît  – ce devait être la « suggestion » du rézosocio en question (il « suggère » moyennant finances, voilà qui va sans dire) – j’en ai gardé trois – je n’ai pas lu l’article
Et puis les étiquettes,pour s’en souvenir ? pour intégrer dans le flot et les données toujours plus nombreuses ? Non. Alors je fais sobre (ainsi que l’image d’entrée de billet le suggère) et je raconte rien.  

 

la moisson

 

 

 

 

plus d’un mois sans maison[s]témoin c’est que j’ai un journal et un carnet à tenir
des choses à écrire
et des choses à faire
des courses des leçons à apprendre
des repas à cuisiner des ménages des lessives
comme tout le monde
fait beau je marche
fait beau je bois
au séminaire j’apprends des trucs et aux leçons d’arabe je me souviens des mots que j’entendais les matarchemch’ – les schnouwa ? – les rkaka kbira
l’arabe pour un juif tu avoueras
je ne suis qu’arabe pour les sémites et juif pour les antisémites
je me souviens de Maurice Halbwachs et Jorge Semprun
j’ai soixante dix ans en fin de semaine
depuis pas si longtemps je suis devenu grand-père ainsi que ma fille est devenue mère tandis que ma nièce le sera bientôt
sur la platine j’ai mis une musique que j’aimais assez au début des années soixante dix – elle tournait sur le petit magnétophone qu’on avait emmené avec nous dans la deux chevaux – une belle musique pour écrire – une de ces chansons, Alabama raconte le racisme étazunien

il y eut une étape dans l’image (la plage de Sousse)

je n’ai plus envie d’écrire pour le cinéma – ce n’est pas seulement parce que j’ai trouvé abject le fait d’ouvrir  » le plus grand festival de cinéma du monde » avec un film hors compétition mettant en scène un type convaincu d’avoir battu et humilié sa femme – quand même il aurait mis en scène par une femme (laquelle se complaît dans l’immonde)  – pas seulement
j’ai beaucoup aimé pourtant le discours de la nouvellement honorée d’une palme d’or, Justine Triet
j’ai lu les deux lettres, l’une d’Adèle (Haenel) (il n’y a pas un mois de ça) l’autre de Virginie (Despentes) (en 2020) – pas seulement – je pourrais aussi bien les reproduire ici, je pourrais aussi retrouver ce qu’a dit Azéma Sabine dimanche dernier, non seulement sociale traître mais en plus complètement imbécile ou alors seulement sénile – je pourrais mais non, je n’écris plus pour le cinéma – je suis allé voir L’île rouge hier (Robin Campillo, 2023) (au Louxor) et je me suis souvenu d’un de mes héros qui après avoir sévi à Madgascar était parti servir son pays en Algérie – afin de pacifier un peu – un type normal dans un monde normal – je me souviens mais cette histoire-là je ne l’ai pas finie, le manuscrit a brûlé – j’ai tout perdu – je ne sais plus
c’est peut-être ce syndrome, ne pas finir mais entamer oui
alors je remets sur l’ouvroir et je regarde Norma
je relis je me confonds en excuses je ne sais plus
keep me searchnig for a heart of gold/and I’mgetting old dit la chanson – le type cherche un cœur d’or voilà tout
sur mon bureau il doit y avoir une quinzaine de livres, ceux d’histoire, ceux de cinéma, le Rivière de Lucien, le GeNova de Benoit la soppra-eleveta qu’ils ont intitulée Aldo Moro – comme si on donnait le nom de Sadi Carnot au périphérique – pourquoi pas ? – il est mort poignardé par un anarchiste, son père l’avait appelé Geronimo, en visite et en pleine rue, à Lyon fin dix neuvième – j’ai regardé passer dehors les grosses voitures sportives et utilitaires des tonnes de ferraille et d’électronique mais non plus, pas plus que le cinéma, je n’aime plus les voitures
plus le temps de lire autre chose que les livres nécessaires à rien – un état d’hébétude mais tant pis, je marche j’avance je continue – je ne publie pas en vrai je ne publie qu’en virtuel – j’avance à pas comptés parfois j’attends un mail qui n’arrive pas
je suis là le disque tourne (c’est une façon de parler – ça n’existe plus, c’est à l’ancienne hein – on aime à savoir que les choses anciennes sont percluses et forcloses, c’est ainsi que le temps aussi s’écoule) je suis là et la musique chante
la dernière chanson est titrée Words

 

en dormant

ce que je remarque c’est que si je m’échine à modeler contrôler

pour aller dans une direction

je peux jeter la feuille à la poubelle il ne s’y passe rien

et toutes les fois où je jette un dernier geste sans réfléchir

avant d’arrêter tout

pour ne pas gâcher la matière qui me reste

un réflexe de pauvre en quelque sorte

il se passe quelque chose de curieux

au sens de quelque chose qui active ma curiosité

quelque chose qui m’est à la fois proche familier et étrange étranger

c’est ce que je garde

non pas parce que je trouverais ça particulièrement beau ou réussi

mais parce je n’ai au fond plus la main

plus le droit de décider quoi en faire

je laisse je pose je regarde

cet extérieur

qui est comme ces mouvements qu’on a durant le sommeil 

 

Boris

 

 

 

toi qui passe par cette maison[s]témoin, abandonne tout espoir si ta sensibilité est trop exacerbée – le sujet du billet te serait trop douloureux – si cette chaleur en dôme qu’on nous annonce à coups de trompe répétés, si cette pandémie interminable, si ces guerres sanglantes et tellement inutiles ont déjà eu raison de ta foi en l’espèce, tu ne peux entrer ici pour y puiser un bon bol de rire (ce n’est pas drôle) – car enfin ce type est à la tête (était, certes) d’un des états les plus riches du monde – ce monde là, cette planète bleue qu’on s’ingénie à nous rendre invivable – et cette brochette où il figure en plein centre, débraillé, probablement aviné et si heureux de l’être

représente les neuf individus membres de ce qui se nomme G7 (c’est vrai iels sont 9 et c’est déjà prouver la fausseté de leur intitulé) (iels ont préférés se séparer du dixième (le tsarulet kremliniotte assassin) ça aurait fait un peu désordre) – les reconnais-tu ? entre ici, si le courage t’en dit, si le cœur t’y aide car l’épreuve risque d’être  difficile à surmonter – une quinzaine de fois la même physionomie, un être menteur, truqueur, faiseur et malfaisant (mais oui, il s’entendait comme un larron avec cet autre du même acabit (lui est de 64, l’autre de 46, 22 ans d’écart et la même ignoble idéologie – on se souvient de ses manières, notamment en ce qui concerne les femmes)

– un îlien, peut-être mais enfin blanc – patriarcat hypocrisie abjection – ça n’en fait pas ce qu’il est devenu et ce qu’il est parvenu à montrer de sa personne. Il est vrai aussi que ces gens-là (je te les pose, à toutes fins utiles en une image qui te les montre tels qu’en eux-même) sont alliés (l’un part l’autre reste …)

(mains coupées) . L’ordre n’est pas si aléatoire : voici cette façade noire, adresse 10 Downing Street (voie en impasse) celle du domicile du premier ministre du royaume –

dans les jardins, des fêtes très arrosées organisées par les tenants du pouvoir et du cabinet – pendant la pandémie, bien sûr, lorsque mourut le prince consort aussi : en vérité rien à foutre on a le pouvoir et on s’amuse – voilà tout (un peu comme ici) – ce contentement de soi-même

un profil intéressé

sa marque de fabrique

commence à s’inquiéter

qui peut savoir ?

s’accroche au pouvoir, bec et ongles – n’est-ce pas là homme décidé ?

alors comment faire ? se distraire et distraire le monde (ce cynisme éhonté – le même qu’ici, qui vend des armes ici, là, ailleurs (en Inde par exemple) alors la guerre

les promesses

un  homme si sympathique (on ne le voit guère accompagné de sa femme, je crois qu’il la bat c’est pour ça) (mais oui)

gaffe quand même (ça sent le roussi gravement)il pose encore

mais pas à dire c’est préoccupant

faudra voir à voir –

enfin c’en est fini – stop terminus

s’en va bon débarras

il en a fait des dégâts

itinéraire ordinaire d’un fantoche chef d’état…

Ce monde

ici en démonstration de son aptitude à maîtriser les vaccins durant la pandémie de covid 19…

 

Mes billets en maison[s]témoin s’interrompent quelques semaines – jusque début ou mi-août – les vacances enfin…)

 

dans la bibliothèque de la maison[s]témoin, La Nuit de Gigi de Dominique Dussidour

.

.

Gigi n’est pas le personnage principal. D’ailleurs on ne la suit pas tout de suite. C’est parce qu’elle se trouve à une intersection, un nœud, comme ceux que font les plantes-lianes à l’endroit où ça se resserre et où ça repart en tiges et en vrilles, poussé par la faim de trouver la lumière, ici et là. Dominique Dussidour emmène, au sens propre. Elle dit Viens, regarde ici cette rue qui mène à ce pont, elle dit allons voir plus loin, littéralement, un peu comme l’accompagnatrice au chapeau choisi pour être reconnaissable, c’est plus facile pour rallier les touristes autour d’elle, qu’ils ne se perdent pas, elle porte un classeur ouvert contre sa poitrine avec tous les détails importants, elle guide, elle dit Ici… et lève le bras pour montrer une petite maison posée sur la pierre d’un clocher, à des centaines de mètres au-dessus des têtes, elle raconte qu’un soldat dans cette petite maison coincée là-haut, il y a des années et des années, faisait le guet.

Elle, Dominique Dussidour, ne fait pas le guet, parce qu’elle n’a pas envie de rester sur place et immobile, il lui faut au contraire garder la liberté d’aller un peu partout, elle est très libre, et le parcours qu’elle suit est comme elle, gourmand, le passé, le présent, ce qui se voit de l’extérieur et même les endroits inconnus qu’on sait déceler, mais qu’on ne sait pas toujours nommer. Elle observe les fils enchevêtrés pour nous, avec nous, sans autoritarisme, avec le même genre de curiosité qu’a une Agnès Varda, une volonté de voir comment les choses se déplacent, s’articulent, se chevauchent, disparaissent tout en se créant.

Il y a un groupe d’amis et d’amies, il y a des conditions atmosphériques, un été là, de la pluie plus loin, une rivière où se baigner, un appartement à l’étage, un vieil homme qui a fait le tour de sa vie, et la vie capturée dans des dessins d’enfants.

La nuit est un moment spécial où toutes les choses se rejoignent, c’est l’endroit préféré des plantes-lianes, car ce qui semble être dû au hasard, ces petits détails accumulés, ces vestiges du jour trouvent de quoi s’agglomérer ensemble pour former un tout. Un vrai tout, c’est-à-dire un tout en expansion, non limité à ses bordures. Un tout poreux, comme les pierres blanches que l’on ramasse sur les plages, mangées de trous.

Il y a Lola, il y a Gabrielle, il y a Honoré, il y a une exposition de films et de photos, des adolescents en révolte ou simplement en recherche de quelque chose, de quoi on ne sait pas, mais cela flotte constamment, ce désir de trouver ce « quoi » que l’on cherche et qui ne finit pas avec l’âge. C’est la vie. Et comme la vue de Dominique Dussidour est panoramique, elle n’oublie pas, dans la vie qu’elle raconte, de placer les creux, les absences, les impossibilités, les empêchements, ces petits trous dans la pierre.

Ce n’est pas une vue mélancolique, nostalgique du temps qui, en passant, malaxe les vies de Jacques, de Léo et des autres.

Il y a une grande sérénité. Les choses graves sont acceptées, telles que. À la même échelle que les petites merveilles dessinées au crayon de couleur par les petites mains de Gabrielle enfant. Tout est grave, tout compte, tout est léger, ne pèse pas plus qu’une plume, et tout est lourd, marqué à jamais en creux.

Les poissons exotiques Gnatho, un disque de PJ Harvey, une chanson de Josquin des Prés, les œufs de cochenilles qui colorent de rouge les bâtons d’aquarelle, la géomancie, tout compte, tout est lourd et léger. Ou plutôt, tout pèse son poids, son poids interne, ou sensible, la hiérarchie de la vie étant bizarre, bizarrement dérégulée, de minuscules choses aussi fines qu’un conte d’Andersen étant aussi massives, ou plus, qu’un chapiteau de foire.

Au cœur de La Nuit de Gigi il y a un creux immense. Une disparition. Comme si une bombe était tombée. Gigi au milieu des gravats, rassemble, et rassemble les morceaux éparpillés. Je ne sais pas comment fait Dominique Dussidour pour braver la tristesse, la retourner, envers sur endroit. La Nuit de Gigi, avec sa tragédie centrale, n’est pas triste. Elle dit que oui, nous le savons, la vie est une tragédie, mais Viens, avançons au milieu des poissons. Oui, on peut penser que tout semble gratuit ou dérisoire, comme si rien n’avait de sens, mais si on regarde mieux c’est faux, tout est utile, toutes les vies servent, même celles qui se sont arrêtées, car en regardant mieux on voit bien que celles-là, les finies, continuent, comme les plantes-lianes s’arrêtent contre un obstacle, tâtonnent et le dépassent, la mort est un obstacle comme un autre, elle fait partie des cloisons et des contorsions que la vie charrie, naturellement.

Et puis il y a le degré de perception de Dominique Dussidour. C’est très fin. Ça claque et fuse. Très délicat. Et simple. Ouvert. Traversé par. Vivant. C’est paisible et terrible. Sans chercher l’exhaustivité ou le contraste décoratif (non, ça n’est pas décoratif).

Il y a aussi la question de la filiation. Ce qui est donné et transmis,  inconnu, incomplet, ce qu’on connaît bien mal de l’enfant qu’on a porté pourtant, ce qu’on connaît bien mal du parent dont on vient pourtant, comme cette guerre qui restera non-dite.

Si La Nuit de Gigi était un tableau, ce serait La Tempête de Giorgione. Une vue de la réalité, avec sa part d’énigmatique, gentillesses et douceurs, grandes inquiétudes incluses. Ou bien ce pourrait être certains tableaux de Zao Wou-Ki, par exemple Water Music.

Un peu de Perec aussi, dans la tentative d’épuisement de lieux qu’on n’épuisera jamais.

Le regard flotte pour extraire des indices. Et comme les choses ne sont pas délimitées, c’est une broderie de fils, tous distincts, différents, qui se rejoignent.

.

J’aurais bien voulu pouvoir dire tout cela à Dominique Dussidour de vive voix, mais ça n’est pas possible, alors je vous le dis à vous.

.

.

Une heure un coin (spéciale dédicace #perec40 paraît-il)

 

 

 

 

 

Mettons qu’il se fut agi d’une initiative dans un cadre particulier (expliquée ici) j’y suis arrivé à pieds (écoute (si tu as 2 minutes et seize secondes) le piano tu verras ce que c’est qu’un accompagnement) (c’est Bob Castella devant les 88 noires et blanches – ebony and ivory) je ne suis pas certain d’avoir choisi et surtout fais le bon choix –  j’y ai réfléchi pourtant un moment mais non – c’est là

à l’heure dite (12:30) je me suis installé (un peu avant au vrai) sous le parasol blanc du haut – une commande plus tard

à ma gauche, un

bedonnant tatoué d’approximativement mon âge buvait de l’eau pétillante – le monde ainsi que le temps passait – à l’heure dite (12:30:32)

il faisait gris mais doux – on en était aux derniers stigmates pandémiesques -on téléphone (12:32:23)

essentiellement suivant deux axes ici est-ouest, là nord nord-sud

comme on sait, chacun voit midi à sa porte – l’épuisement n’aurait lieu que sur ce coin de rue – en Ukraine on tue

on attend on se retrouve (sa fille est arrivée) (la première) –

des humains – un coin de rue (dans le vingtième) – la rencontre de chaussettes rouges et de radiographies

le jeudi c’est plutôt calme (les mardis et vendredis c’est un autre cocktail)(en arrière plan, des pralines ?) – des gens

heureux ou malheureux – on se retrouve

seul – camions livraisons taxis – autobus vélos -corbillard  ?

livreurs badauds passante (sa deuxième fille)

on se retrouve, on s’embrasse, on s’en va –

(toutes ces images sont tatouées de l’heure de prise de vue à la seconde près)

il est toujours midi à l’horloge du carrefour mais un quart d’heure est passé – un gilet jaune

on va déjeuner ? probablement pas (la dame au bonnet gris chapeau attend, il va arriver mais je ne le capterai point) – la dame à la fourrure va à son chagrin-

la place voisine n’est pas restée vide longtemps (le livre rouge est de Gaston Bachelard – elle en cachera le titre)

on appelle, on répond on téléphone – quelle est cette distinction de montrer les visages des mobiles et non ceux des assis ?

passent les téléphones les masques et les vélos – au deuxième plan, lunettes noires capuche grise va venir s’installer devant l’opérateur-paparazzo

la mode doudoune/jean/nino – il prendra une bière – masques débridés pratiquement – casques aussi bien

que de béquilles… –

couleurs charmes génération i grec ? – quelle affaire – on est un peu loin pour l’affirmer ouvertement mais il semble que de la part de blouson rouge s’exerce un regard caméra – casque quand même – l’opérateur ne se cache pas et sera bientôt découvert –

tandis qu’au deuxième plan passe un homme que la vie a frappé fatigué touché – arrive le rendez-vous

content de te voir – installe toi – autobus –

troisième plan, bientôt découverte du photographe

l’homme est outré –

sauvé ? (la jeune femme voisine annote son carnet) changer d’axe

regarder ailleurs

droite cadre sac gris et nino

compliqué hein – et puis le revoilà : où donc en étions nous?

je ne sais plus

passez circulez avancer – le président comme une antienne –

ce monde et ce passage – et à nouveau

c’est par là-bas (13:00:08) – rouges

bleu

à côté sans doute s’étaient-ils donné rendez-vous à une heure qui peut savoir ?

en tout cas il est là – avec son nino comme un passe-muraille/droit/sanitaire – au loin passe un bulgare jaune

récupération de nos gâchis sans fond sans fard sans honte – ici sans le savoir, un (ou une peut-être) qui se cache

oui, une plutôt – d’autres qui se pressent – ça urge (estampillée K)

d’autres encore

grands passages – maxées ou pas – souvent, très souvent en basketts – question d’âge et de génération sans doute

aussi, un peu

pas si sûr – un peu – ici une classe de gilets verts fluos (bientôt jaunes) la prof, amusée

par les cris des mômes – vivants – tandis que lunettes noires/capuche grise se tire (en fait non, il se replace) – passage au verre d’eau

vélo à contresens de la flèche

un regard doublé feu rouge

(j’aime beaucoup les fez comme en portait (dans mon sentiment et ma mémoire reconstituée diffuse et probablement trompeuse ou trompée) l’un de mes grands-pères – il était rouge (le fez, pas le grand-père) le truc en feutre vert –

marcher aller sac rouge

des oliviers sûrement – des tresses bicolores –

au menu couscous – mais non, je n’ai pas mangé, j’ai noté quelques trucs –

ah revoici la respectueuse (on en pourrait déduire la durée du dispositif)

ouais, on s’en fout -un peu de sport (13:14:48)

à côté ça discute ferme de quelque chose qui a à voir avec quelque chose d’autre – on s’en fout oui – on attend

(téléphone sac baskett) on passe

et on attend encore

autobus – passage – klaxons – douceur de l’air

pensées réminiscences on attend encore un peu

qui ou quoi ? personne ne peut savoir – sur l’image seulement un cadrage postérieur indique le chemin – le caban noir sur la robe grise – la main au front – les marques –

pieds à terre – troisième plan costard croisé cravate doudoune –

sans le point dommage – je la laisse hein –

oui aussi –

 

regard caméra – déterminé – et pour finir, fermant les yeux, attendant encore –

 

La transcription de la tentative épuisante du coin d’une heure, en mots autres mais sans image, se trouve à l’adresse 2092 pendant le week-end

épisode 10, la première de ce côté-ci de la mer

 

 

 

Il s’agissait certainement d’une maison de rapport conçue par un architecte de style (c’est le cas de le dire) rapport qualité-prix, elle comportait deux étages et ces deux étages étaient dédiés chacun à un appartement indépendant – l’histoire ne m’a pas dit la raison de la réunion en un seul lot, mais peut expliquer le doublon de garages ainsi que celui des cabinets (une chose trouble cependant (on aime assez le  » trouble » ces temps-ci, dans le monde, tu as remarqué ? je crois qu’il fait une part à « l’inquiétude » aussi – il est des impondérables que les plus subtils des technocrates que porte la planète ne peuvent parvenir à maîtriser expliquer ou comprendre)  : si tel était le cas, où pouvait bien se trouver la salle de bain du premier étage ?)

 

 

il y a quelques images qui traînent depuis un moment (on aurait pu les mettre en camemberts comme on faisait à cette époque-là, dans un certain monde) (des diapositives, comme chez Y.) – un peu comme les différentes séries mises en place, photographiées collectées rangées taillées archivées – si tu veux je peux aussi déployer par exemple reconnues cadrées éclairées jour ou nuit plein de trucs qui font que l’image fait son petit – ou son gros d’ailleurs, tout aussi bien – effet mais là elles ne sont pas d’un opérateur humain, industrielles probablement les qualifient mieux, une image

je la cadre différemment : ici pour pour poser un peu de couleur – j’aime les couleurs (il n’y a que de la lumière, mais j’aime la lumière tout autant) – à ce moment-là de l’histoire, il y a ce mur de briques contre lequel rebondissent mes balles blanches donnay ou quelque chose (une marque quelconque de ce genre d’objet – raquettes chaussettes basketts) (souvent en y repensant – j’avais dans les treize ou quatorze j’imagine, je faisais comme les gars du coin*, du tennis à quelques rues de là – attends je te montre où

encore qu’il y manque les chaises d’arbitre – mais je m’égare) – non, mais en y repensant, le tennis, pour un type comme moi ? je veux dire asthmatique – parce que pour le reste, classe sociale par exemple, ou paiement des cotisations, bien qu’ils ne roulassent pas sur l’or, mes parents y pourvoyaient et donc y appartenaient (ou voulaient, par là, le signifier) – si ma mère ne travaillait pas comme le voulait alors cette domination, mon père avançait en promotion hiérarchique dans le bazar (il devint cad-sup fin des années soixante, en dix ans le brave homme partant de celui d’employé-gratte-papier début soixante (poste qu’occupât l’aîné de ses fils durant un mois de juillet, une année) – une histoire à raconter), et donc il vivait (tout comme sa famille du reste) dans cette maison-là (c’est-à-dire avec sa femme et leurs quatre enfants)

(j’aime le format carré) (j’aime moins le blanc de ce ciel, qui peut virer au gris pour toute la journée semaine quinzaine…) (la similitude des tons est faite du pilonnage de la brique pour en faire cette terre battue des cours de tennis) trois étages plus un sous-sol dit complet (j’en sais rien) de l’autre bord elle avait à peu près cette allure

les quatre fenêtres rectangulaires qui encadrent la gouttière et marquent le coin indiquent la cage d’escalier; plus loin vers l’arrière, les deux petites du premier et du deuxième étage éclairent deux cabinets de toilette (aka d’aisance, ou chiottards, ou chiottes enfin relatifs à certains besoins nécessaires et triviaux comme on dit); au premier étage, la première porte fenêtre donne sur le salon dit vert (petit, on ne fait qu’y passer, on y installera plus tard le téléphone – noir à cadran), la seconde sur la cuisine; au second, la petite fenêtre qui jouxte celle du cabinet donne dans la salle de bain (tu suis, hein) et la fenêtre à peu prés normale, dans ma chambre (dite elle aussi verte au début : sans doute de la couleur du papier peint); au troisième le chien assis de grand empattement dans l’une des chambres des filles – mes sœurs, certes) – on recommence de l’autre côté ?

deux garages, au dessus les trois fenêtres ouvrent dans le salon et salle-à-manger – laquelle communique avec la cuisine (le salon avec le petit salon vert – double porte) – au dessus les deux premières, la chambre de mon frère qui fait angle (on la partageait lui et moi au début puis on a cessé) – la fenêtre du fond, la chambre des parents – au dessus l’autre chien assis chambre de mon autre sœur – (de petites lucarnes donnaient dans des greniers qui ont sans doute été aménagés depuis ) (la maison ne reposait pas sur cet orange assez minable) – les petits carreaux (trois rangées  de huit, plus la petite bouche grillagée d’aération, marquaient un piécette de rangement quelconque (on s’en servait au tout début comme d’une espèce de garde-manger dans lequel ma mère avait l’ambition de conserver quelques bouteilles de coca (immédiatement vidées) ou fanta (même punition/motif) d’autres choses rapidement consommées) (il y eut à un moment une velléité de faire livrer des trucs mais elle a arrêté assez vite)

sans souvenir de cette armoire devant la bouche (mais au dessus, sur le mur dans la fin des années soixante un graph marqué « crapule bourgeoise » sur les briques indiquait une présence des fachos d’ordre nouveau dans le sillage de certains agissements plutôt anarchistes de ce côté-ci de l’histoire)

–  nous n’avions accès qu’au seul premier garage (l’autre est indépendant), lequel débouchait dans la cave où était entreposé le charbon qui venait par sacs et boulets qui arrivaient, fin soixante et peut-être un an ou deux encore, sur une charrette tirée par un cheval boulonnais magnifique – il y faisait en hiver un froid de terreur – puis on installa dans le salon un poêle à gaz – puis la chaudière fut changée en une qui marchait au fuel (fin des années soixante) – aucun souvenir de cette bouche de boite aux lettres (elle était en bas de la porte d’entrée, en effet

) – une image où elle n’est pas encore à cette place

fausse puisque les cinq vantaux formant les portes (articulées, on les tirait vers la gauche pour ouvrir le garage) sont de même dimension…

 

* : parfois le sentiment de ne pas savoir ce qui s’écrit – il y a tellement longtemps tu sais – un demi-siècle – comme si c’était hier – quelque chose de l’empreinte, ou de l’emprise, qui resterait là, têtu comme une bourrique – suivre pas à pas – le premier vélo, puis le demi-course puis la mobylette (bleu et banc) dont le désir dispose d’une date : mai 68 – d’autres choses, moins importantes, se déroulaient au monde – il y aurait aussi à mentionner les lieux où vivaient les amis (les gars du coin, donc), la maison où on m’a volé la montre que je tenais de mon père (que je regrette encore de l’avoir laissée sans surveillance, ou oubliée (lors d’une de mes premières nuits découchées – on disait ça « découché » pour ne pas avoir dormi dans son (petit) lit (blanc) sans en prévenir les parents – mais c’était plus tard et les contraintes et les disciplines étaient plus lâches) – celles des amoureuses d’alors, ou d’autres encore – ne pas savoir ce qui s’écrit et oublier d’y penser

 

 

une version un peu différente de celle-ci, qui sera dite de la maison[s]témoin est consultable en atelier d’écriture – cette première version a été titrée « faire la cuisine » et se rapproche d’une autre qui prend un peu place (de loin en loin, les choses changent) dans le projet « vivre » non encore publié ni ici, ni là.

 

 

épisode 8, l’enfance

 

 

 

(j’avais retrouvé la photo, je l’ai reperdue, je l’ai reprise (tu la verras, elle est à la fin)

ils l’avaient appelée du prénom de l’épousée – le terrain, le foncier, le dur le capital avait été apporté là par son père à elle, quelque chose comme une dot; ils avaient fait construire; ils y avaient mis un 2 pour distinguer, je suppose; un sous-sol total, un garage sous des arcades, une buanderie mais sans souvenir de machine encore – sans doute pas mais je me souviens d’elle, ici (sur ce continent), qui marchait sur les draps dans la baignoire pour les laver – ; en haut des marches de l’escalier découvert, une petite terrasse, un garde-fou de métal peint de bleu; une photo les montre, elle et lui, tenant dans leurs bras les deux petites filles aux grands yeux, elle rit et le regarde, il sourit porte des lunettes d’écaille, à cinq ans de là il était à la guerre –  elle était dans les blancs et les bleus comme ils savent faire là-bas

là-bas est un axiome qui renvoie aux origines

l’étendue d’eau entourée de terre, la « notre mer » des Romains – ils y étaient, et elle, cette ville, devait être détruite – la villa se situe sur l’avenue de la Reine Didon, en descendant vers la plage (il n’y a plus de plage)

on traversait la route (il n’y a plus d’avenue non plus, elle est barrée, fermée, bétonnée – il faut faire attention, le palais du nouveau monarque est juste à quelques mètres – mais oui, le monarque a un palais gardé fardé de barbouzes

de policier(s)

juste comme ici ou tout comme celui de la Sublime Porte s’en est fait construire un, à mille trois cents chambres disent les gazettes, pour quatre cents millions d’euros – elles ne disent pas l’équivalent en livres turques) elle descendait vers le bleu et l’écume parfois

sur la droite, en bas, était la villa d’un grand-oncle (lequel employait dans son garage, en bas de l’avenue dans la capitale, au delà de la lagune, un certain nombre de types, dont lui, mon père) : lorsqu’il arrivait en auto, ce garagiste, ce grand-oncle, R., il klaxonnait afin qu’on vînt lui ouvrir le portail (il ne pouvait pas sortir de sa caisse, non) et puis il y avait la mer – au fond de l’image la montagne

à droite encore, c’était Neptune puis Salammbô (« c’était à Megara… » certes) et au loin, à gauche derrière la colline la falaise de Sidi Bou Saïd, Gammarth – on n’avait pas connaissance du Kram, on se baignait parce qu’elle nous y enjoignait, nous y obligeait presque, le midi après l’école, « venez les enfants » disait-elle, et nous la suivions – à notre gauche les termes d’Antonin – on marchait, tous les jours de juin soixante, on descendait sur le sable brûlant, on se baignait sans jamais dépasser une petite barrière de rocher (elle n’existe plus non plus) – au loin, de l’autre côté de la baie et puis ces noms, Hamilcar Hannibal la Marsa, ces arrêts du petit train, stations comme d’un métro ciel ouvert et bleu – et partout ces fleurs ces lauriers

bougainvilliers

couleurs odeurs sensation sentiments

un étage, des chambres, une grande cuisine, je ne me souviens plus – je ne sais plus les sacs à main de ses amies abandonnés sur un lit et nous qui y cherchions quoi ? je ne sais pas – je ne sais plus non plus le prénom du mari de l’une d’elles (ils étaient tous les deux photographes) lequel jurait comme un charretier, grossièretés qui faisaient tellement rire – je ne sais plus exactement mais ça ne fait rien, dans les bleus, dans les blancs – elle est là

il n’y avait pas d’arbres ni de rosiers, il n’y avait pratiquement rien, au dessus des murs qui la ceignent on avait fiché des tessons de bouteilles – sur la porte de fer forgé dans les bleus, une image me montre avec mon frère – dehors stationnent des voitures, une quatre chevaux, une Vauxhall il me semble – je ne sais plus mais je n’ai rien oublié

 

Album (dispersion,… ) (7)

 

 

 

 

sait-on jamais ce qu’on est en train de faire ? je regardais ces images, un jour, j’ai continué (j’ai dû découvrir – si ça se trouve – une pile de magazines dans un coin (se fut-il agi de « Lui » ou autre joyeuseté plus libidinale, y aurais-je attaché (tant d’) importance ?) (je veux dire 7 billets, ça commence à faire) (je vais te créer un lien, t’en fais pas) (les visiteurs, les futurs acquéreurs, les passants, les oisifs (qu’ils – ou elles – soient femelles ou mâles) (on s’y perd, hein) les intéressés, les habitués et autres ectoplasmes planant dans les parages du lotissement ne m’en voudront pas, j’espère : je ne garde que ceux (et celles) que j’aime) (quoique parfois, je cède à l’actualité mienne) il y avait le goût du décor (comme au cinéma : longtemps ici, je parlerai encore de cinéma – notamment « Mon cher enfant », sans doute la semaine prochaine – on posera le billet quelque part entre la cuisine (où la famille s’alimente) et la chambre – dans le salon, le père consulte internet et facebook – mais nous verrons) – je récapitule, sur les oreilles je porte casque diffusant une musique que j’aime (rien ne peut, jamais, se passer sans musique) (je veux dire au cinéma – le film sans musique, c’est presque une honte – par exemple les frères Dardenne (qui produisent pour partie ce « cher enfant ») n’en posent guère dans leurs réalisations) – « Shine on you, crazy diamond » chante le groupe – et c’est ainsi que je commence

 

la légende est inutile (quoi que je ne sache pas qu’on reconnaisse ici le garçon) (je pose une étoile (*) laquelle renvoie à l’énoncé du nom de l’artiste – je ne vois pas qu’on le reconnaisse sur l’image)

je n’ai lu que peu de choses sur cet Anthony-là (je l’ai adoré, pratiquement, dans la Strada (Federico Fellini, 1954) ( la verve et la grâce de Zorba le grec (Michael Cacoyannis 1964))

les images viennent dans un ordre que je connais pas (il n’y en a pas) – ici, je reconnais que l’affaire est tremblée (ils sont sept et mercenaires (John Sturges, 1960) toute ma jeunesse sans doute (je l’ai vu au Pax) (la musique magique) – en numéro 2, Steve McQueen, avant dernier en noir Robert Vaughn – en premier le chauve Yul Brynner (et les autres, Charles Bronson, James Coburn (sans doute le dernier, là), Brad Dexter et Horst Buchholz) (c’était à A., rue des Otages, l’immeuble a été détruit, remplacé par un commissariat de police (partout et justice nulle part) (je dis ça pour aujourd’hui, 19 mai où ça défile dans la rue, envie de gerber) ici un chanteur

le premier (*) chanteur (ils font le même métier) était Julien Clerc – ici on a droit à Gérard Manset – (son Manteau Rouge) ah bah

Jacques Audiard (on vient de voir Dheepan, palme d’or à Cannes en 2015 – c’est pour ça – mais cette conjonction qui me fait frémir : le carnage de Charlie hebdo, de l’Allée verte Nicolas Appert en janvier : où en était-il, en montage ?) (entendu parler avec Michel Ciment) (et non, je ne l’aime guère – tant pis) un autre chanteur, Rachid Taha

(on aura remarqué que : 1. la nappe de la table de la salle à manger de la maison[s]témoin est jaune (il s’agit d’une toile cirée); 2. il n’y a encore que des représentations mâles)

hasard objectif, voici Simon Abkarian (qu’on avait aimé dans Djam) (Tony Gatlif, 2017) (un film gréco-turc…)  (un de mes héros que je croisais au tabac qui fait le coin de la petite rue (en impasse donc) où on trouverait un musée de la poupée – vers Rambuteau (impasse Berthaud) – s’il venait à l’idée saugrenue d’en rechercher un) un type extra – et voici, extra aussi, une réalisatrice, dessinatrice

on l’aime beaucoup, Marjane Satrapi (Persepolis, entre autres – prix du jury, Cannes 2007)

Léo et sa musique – je croyais que c’était à Monte-Carlo (où il naquit) mais non – c’est à Montreux – de la même manière je confonds : pour Marjane je pensait qu’elle était l’auteure (elle en aurait été tout à fait capable)  des Hirondelles de Kaboul (mais c’est Yasminha Khadra) (réalisé ciné d’animation par Zabou Breitman)

ah la la Maria Casarès… (après ça va être difficile, hein Mélanie…pfff)


ici dans le rôle de Marguerite (alors Antelme) Duras dans « la Douleur » (faut que je le lise, ça fait partie des  obligations) porté à l’écran (comme on dit) par Emmanuel Finkiel, (2017) mais je ne l’ai point vu – dommage ? je ne sais…

un chanteur, Christophe, « les mots bleus » et les autos de sport – salut l’artiste

et puis Blaise Cendras (cette image, ce visage qu’on ne connait que peu) (si tu veux que je te dise, c’est surtout pour ça, ces images, pour les reconnaître si par hasard on les croise) (dans la rue, ou au cinéma) (juste pour savoir que ce sont elles et eux)

quelque chose de la Révolution incarnée (on l’aime assez, encore, Adèle croisée aussi au bar-tabac de Jourdain, un jour – qu’est-ce que ça peut faire ?)

c’est Ingmar Bergman photographié par Irving Penn (merveilleuse image hein) (fait penser à ce matin où j’écoutai, avec le café, une photographe qui disait que « les stars n’aiment pas la photo » – elle les traque – comment aimer un prédateur ? comment vivre sans image de soi, aussi, quand on est actrice (ou teur) chanteur (ou teuse) – il faut fermer le poste avant sept heures moins cinq en vrai) – et puis

Marceline (Loridan Ivens) qu’on a déjà vue ici (ça ne fait rien) – et pour finir, l’une de mes héroïnes (il en est d’autres, mais elle, Anna Magnani…) (dans la Voix humaine, texte de Cocteau pour le théâtre – mise en scène Roberto Rosselini, 1948, première partie de L’amore)

magique

 

la photo d’entrée de billet est de Denis Pasquier.

 

Les divers billets (au nombre de six) qui constituent cette dispersion se trouvent ici.