AWIAL

 

 

 

une image, des couleurs – trois parcours, disons, de vie – trois femmes, disons, dignes et au travail, dans un hôpital – Bombay, des vues de nuit formidables (on n’en a guère dans les photos retenues pour la presse ou la promotion) – un film franco-italo-luxembourgo-néerlandais (on aurait plus vite fait de dire européen) insiste wiki (pas à vendre, ces temps-ci) (le réseau me fatigue) – heureusement des films de cette eau existent (il paraît qu’il ne serait pas question de le montrer distribuer en Inde – bizarre cette économie soi-disant monde) – le marché, entre 4 et 7 le matin, les rues, les bruits les fruits et les légumes –  ces trois femmes travaillent (le travail rend libre…) l’une à l’accueil (bosser n’interdit pas encore de rêver)

l’autre plutôt infirmière

il me semble comme le centre du film

et puis la troisième (qu’on voit moins au début) à la cuisine – on la découvre ici dans son logement qu’elle quittera au milieu du film parce que sur un terrain en but aux promoteurs (partout, dans le monde, partout)

les trois femmes assidues au travail dignes laborieuses – trois portraits, une intrigue d’amour pour la plus jeune

d’un type musulman

ce qui fait un peu jaser

autant qu’une sexualité assez assumée (on pense à cet autre film – (comment dire? indien ?) Girls will be girls dans lequel la même actrice

Kani Kusruti (ici dans le rôle de Prabha – parfaite, tout autant)

tenait celui de la mère – un peu comme ici)

il me semble qu’elle est le pôle central du film,  elle dont le mari, parti en Allemagne, ne donne plus signe de vie sinon par l’envoi d’un auto-cuiseur

comme preuve d’amour (ou de pensée – ou de présence…)

oui, son mari est là-bas – la jeune colocataire qui vit sa vie (Anu, interprétée par  Divya Prabha) elle achète un voile pour une possible rencontre avec son chéri mais cette rencontre tourne court : scène magnifique que celle où, sur un quai de gare

elle ôte ce voile

et puis la troisième s’en va donc (Parvaty, Chhaya Kadam) : on les voit se révolter

et se venger,d’une pierre lancée

contre

une affiche (un homme, un promoteur ou son image, touchée atteinte crevée)

(l’affiche vante le nouveau complexe dédié à Zeus, bâti sur les ruines des maisons de pauvres, vomissant son slogan « la classe est un privilège réservé aux privilégiés »…) et puis elles s’en vont dans la campagne, le village où vivra désormais Parvaty (j’ai pensé – subjectif,parfaitement subjectif – aux dernières images de A star is born (Vincente Minelli, 1954)

je ne sais pas – le mieux, c’est certain, ce serait de le revoir…

 

 

 

Alla we imagine as light un film magnifique de Payal Kapadia  (dont on avait ici déjà repéré le tout aussi magnifique Toute une nuit sans savoir (2022)) image formidable : Ranabir Das – musique (pareille) : Topshe

 

Les trois actrices et la réalisatrice lors de la remise du Grand prix à Cannes, cette année

 

 

Biographies obscures mais déterminées par jeu de pages aléatoires – travail résolument inutile et risible dans un système économique caractérisé par la propriété privée des moyens de production et la liberté de concurrence –

Sofia Martins (1986-) : née à Lisbonne, elle grandit dans une famille modeste et apprend la guitare en écoutant les anciens disques de fado de sa grand-mère. Elle contribue ensuite à la fondation de plusieurs comptoirs commerciaux le long de la côte pacifique. Localement impliquée dans l’organisation des Jeux olympiques d’hiver, on ne lui connaît pas d’ennemis.

Nayra Coñuecar (VIe siècle, Chili) : vivant dans la région du Biobío en tant que guérisseuse mapuche, car sachant tout des plantes médicinales et des rituels de guérison, elle est connue pour son travail dans le domaine des énergies renouvelables en tant que diplômée de l’École centrale de Lyon avant même que celle-ci soit construite.

Tulluq Nanqaaq (XIVe siècle, Groenland) : chasseuse habile dans l’art de maîtriser un kayak et de chasser le phoque (toujours le même), elle joua un rôle crucial dans la survie de son village durant les périodes de disette, en racontant de fameuses recettes imaginaires. Elle trouva ensuite rapidement sa voie dans l’abstraction, utilisant des couleurs vives et des formes organiques pour explorer les émotions humaines.

Zawadi Wafula (XVIIe siècle, Kenya) : en tant que chef de clan, courageux et visionnaire, il a mené son peuple à travers des conflits tribaux, formant des alliances stratégiques pour protéger son territoire, puis prit la tête de la force opérationnelle formée pour finaliser les négociations en vue des futures relations avec le Royaume-Uni. Son visage apparaît régulièrement dans les grottes du comté de Bigorre.

Carlos Yupanqui (XVIIe siècle) : navigateur et marchand d’origine espagnole ayant émigré au Chili, né par accident à La Tronche (département de l’Isère), il a réalisé plusieurs premières ascensions d’envergure aux côtés des plus grands alpinistes de sa génération, avant de finir secrétaire d’État.

Lucile Renaud (1978-) : artiste peintre française originaire de Montpellier. Après des études en histoire de l’art, elle passe sa vie à documenter la culture traditionnelle inuit à travers la photographie. Elle est rapidement nommé vice-présidente du Comité de réflexion sur le réfléchissement de la glace dans les aiguilles Rouges, et évolue au poste d’attaquant dans l’équipe première de la KHL.

(à suivre)

Le salon de T, Préquel(le, lent, les, lées, lés, ect.).

17/05/2024

Vendredi : apprendre à écouter l’autre en ne le niant pas puis en l’écoutant, dépasser la sensiblerie et la susceptibilité.

Cela fait un peu plus de deux ans je crois que tous les matins j’ouvre le dossier « semainier » de mon ordinateur et je pioche le fichier en lien avec le jour de la semaine. Aujourd’hui, c’est vendredi.

Cela fait un peu plus de deux ans je crois que tous les matins j’ouvre le dossier « semainier » de mon ordinateur et je pioche le fichier en lien avec le jour de la semaine, même les matins où je ne crois à rien. Aujourd’hui, c’est vendredi, et c’est pas mon jour préféré. Le mercredi non plus d’ailleurs, qui en est une variante peu douce à mes yeux d’oreilles.

 

Cela fait un peu plus de deux ans je crois que tous les matins j’ouvre le dossier « semainier » de mon ordinateur et je pioche le fichier en lien avec le jour de la semaine, même les matins où je ne crois à rien. J’écris depuis longtemps, dans tous les sens. Pendant longtemps j’ai plus crié qu’écris d’ailleurs. Aujourd’hui, c’est vendredi, et c’est pas mon jour préféré. Le mercredi non plus d’ailleurs, qui en est une variante peu douce à mes yeux d’oreilles. Les deux parlent d’ « écouter l’autre », cet être étrange qui ne m’a que si rarement écouté moua, mais même moua doit bien avouer qu’un peu des fois quand même, alors j’ai une vague idée de ce que cela signifie.

 

Cela fait un peu plus de deux ans je crois que tous les matins j’ouvre le dossier « semainier » de mon ordinateur et je pioche le fichier en lien avec le jour de la semaine, même les matins où je ne crois à rien. Pourquoi ? je crois qu’avec le temps j’ai appris à m’en foutre un peu, ce qui n’est pas anodin. J’écris depuis longtemps, dans tous les sens. Pendant longtemps j’ai plus crié qu’écrit d’ailleurs. Pendant longtemps j’ai cru qu’écrire pouvait me sauver de la folie de l’intérieur de mon corps. Aujourd’hui, c’est vendredi, et c’est pas mon jour préféré. Le mercredi non plus d’ailleurs, qui en est une variante peu douce à mes yeux d’oreilles. Les deux parlent d’ « écouter l’autre », cet être étrange qui ne m’a que si rarement écouté moua, mais même moua doit bien avouer qu’un peu des fois quand même, alors j’ai une vague idée de ce que cela signifie. « Je » existe au milieu de quelque chose d’autre.

Cela fait un peu plus de deux ans je crois que tous les matins j’ouvre le dossier « semainier » de mon ordinateur et je pioche le fichier en lien avec le jour de la semaine, même les matins où je ne crois à rien. Pourquoi ? je crois qu’avec le temps j’ai appris à m’en foutre un peu, ce qui n’est pas anodin. Il y a quelques années déjà que cette expression me taraude. « Se foutre de ». J’en avais cherché l’origine, je dois bien avoir un fichier ou deux là-dessus quelque part. S’auto-ensemencer. N’avoir besoin de personne pour se créer. J’écris depuis longtemps, dans tous les sens. Pendant longtemps j’ai plus crié qu’écrit d’ailleurs. Pendant longtemps j’ai cru qu’écrire pouvait me sauver de la folie de l’intérieur de mon corps. Puis j’ai cru que j’allais sauver des Jeans ou des Jeannes ou des Jeanes ou des Jeanns, ect. Aujourd’hui, c’est vendredi, et c’est pas mon jour préféré. Le mercredi non plus d’ailleurs, qui en est une variante peu douce à mes yeux d’oreilles. Les deux parlent d’ « écouter l’autre », cet être étrange qui ne m’a que si rarement écouté moua, mais même moua doit bien avouer qu’un peu des fois quand même, alors j’ai une vague idée de ce que cela signifie. « Je » existe au milieu de quelque chose d’autre. Ce quelque chose est vaste, trop souvent insaisissable, trop fluctuent, trop indéterminé, trop trop. C’est pour cela que, bien souvent, je préfère rester dedans. Au chaud de mes ombres, à l’intérieur de ce corps quitte à risquer la folie, la désespérance, ect., certes, mais ce sont les miennes, celles du dedans.

 

Sauf que. Sauf que c’est une illusion. Une belle, cela va sans dire, mais une illusion tout de même. Tout passe, aucune frontière n’est hermétique.

avions

 

 

je tiens serrées dans un dossier intérieur à celui des actualités celui de l’avion – il comprend neuf images que je pose ici pour ne pas qu’elles se perdent ailleurs que dans cette maison[s]témoin qui m’est propice aux fantômes, aux fantasmes les plus brouillés – elle compte 623 billets-posts-pages (peut-être sont-ce des pièces – ou des murs) (de mon autorat : 363) et j’ai toujours cette velléité de poser quelque chose qui serait un index – comme une espèce de gimmick – j’avais cette sensation que regrouper en une page les étiquettes par exemple : quelque chose qui m’aiderait à exister (j’aime les sens différents de ce mot étiquette) – me repérer – être quelqu’un qui fait une œuvre tu vois : non – qui œuvre à quelque chose de construit : non  plus non – j’avance à l’aveugle (c’est aussi que je suis borgne) – cette douleur, là, qui ne veut pas cesser tu comprends – alors j’écoute quelques chansons j’ajoute un média préconise (mais ce n’est pas en gras), ordonne, intime le site le mécanisme le logiciel le progiciel l’application l’électronisme – je me plie à quelque chose d’automatique

 

Une histoire du monde contemporain et de ses industrieuses inventions : voici pour continuer les turpitudes de ces actions et ses errements – ses erreurs de type humaines…
Les liens précédents sont sur le bateau

On recommence par le début de l’année – quatre boulons qui ne sont pas serrés –

Cette photo fournie par le NTSB le 8 janvier 2024 montre l’enquête impliquant le vol 1282 d’Alaska Airlines sur un Boeing 737-9 MAX à Portland, Oregon. Les autorités américaines de l’aviation ont déclaré le 7 janvier 2024 que le bouchon de porte d’un panneau d’avion qui avait explosé lors d’un vol d’Alaska Airlines avait été retrouvé, une pièce qui pourrait potentiellement aider à l’enquête sur la cause de l’accident. (Photo par Handout/NTSB/AFP)

(NTSB probablement National Transport Security Board) – pouf ! la porte est tombée dans un jardin

PHOTO DE DOSSIER: Les enquêteurs du National Transportation Safety Board (NTSB) examinent la zone du bouchon de fuselage du vol 1282 Boeing 737-9 MAX d’Alaska Airlines, qui a été largué et a forcé l’avion à effectuer un atterrissage d’urgence, dans une propriété où il a été récupéré à Portland, Oregon, États-Unis, 8 janvier 2024. NTSB/Handout via REUTERS. CETTE IMAGE A ÉTÉ FOURNIE PAR UN TIERS/Photo de fichier

(manqué T comme transportation; S comme Safety) il n’y eut pas de blessé, m’a-t-on fait parvenir (à défaut de croire, mais je n’ai pas de raison de ne pas le croire – c’est vrai) – on a flanqué l’avion dans un garage

PORTLAND, OREGON – 9 JANVIER : le N704AL d’Alaska Airlines est vu cloué au sol dans un hangar de l’aéroport international de Portland le 9 janvier 2024 à Portland, Oregon. Les enquêteurs du NTSB poursuivent leur inspection du Boeing 737 MAX 9 N704AL d’Alaska Airlines à la suite d’une explosion de fuselage en vol le vendredi 5 janvier. Aucun des 171 passagers et six membres d’équipage n’a été grièvement blessé. Mathieu Lewis-Rolland/Getty Images/AFP (Photo de Mathieu Lewis-Rolland / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

(je ne sais rien : je ne suis qu’un passeur, je n’ai rien de mes yeux vu sinon ces articles de journal) (rien – rien d’autre) (au même moment la Callas me chante (et m’enchante en chantant) l’air de Norma…) (je me disperse…)

PHOTO DE DOSSIER : Les employés de Boeing assemblent des 787 à l’intérieur de leur bâtiment d’assemblage principal sur leur campus à North Charleston, Caroline du Sud, États-Unis, le 30 mai 2023. Gavin McIntyre/Pool via REUTERS/File Photo

un atelier d’assemblage (une usine: en voit-on jamais ? ) (rappel de l’atelier d’écriture) non mais non – une roue s’est un jour détachée d’un train d’atterrissage (qui en compte une bonne douzaine – j’avais l’image : perdue) ah non la voilà

Dans cette image tirée d’une vidéo fournie par Cali Planes, un Boeing 777 d’United Airlines à destination du Japon perd un pneu alors qu’il décolle de l’aéroport international de San Francisco, le jeudi 7 mars 2024. L’avion a effectué un atterrissage d’urgence en toute sécurité à Los Angeles. (Avions de Cali via AP)

le truc, cependant, c’est que plus il y aura d’aéronefs, plus il y aura d’accidents, c’est (pratiquement) mathématique (l’autre truc c’est aussi que plus il y aura de ce genre de moyen de transport, plus l’humanité courra à sa perte – la planète, elle, n’en a strictement rien à faire) (encore que « sa » perte pour l’humanité indique surtout une certaine classe de cette humanité: et c’est, évidemment, la part la plus pauvre de celle-ci… Évidemment.

11 mai 2022, Hambourg : les avions passagers du constructeur aéronautique Airbus sont stationnés dans les locaux de l’usine Airbus de Finkenwerder. Photo par : Marcus Brandt/picture-alliance/dpa/AP Images

je ne sais pas ce que ça vient faire là – sinon que l’avionneur européen va devenir le premier constructeur du monde (c’est beau comme de l’antique, c’est vrai mais à quoi ça sert vazy ? on se souvient aussi de son trois cent quatre-vingt ça va bien)

Cette photographie prise le 3 janvier 2023 montre un fuselage d’avion en construction dans une usine du constructeur d’avions Airbus, à Montoir-de-Bretagne, dans l’ouest de la France. (Photo de Loïc Venance / AFP)

série noire – série blanche – demain soir j’embarque dans un de ces bidules (ce sera mercredi, demain) – à ma droite passera Venise – non mais non – j’ai oublié –

Un ouvrier travaille sur l’atelier de fabrication de l’aile Airbus A350, lors d’une visite du chancelier de l’Échiquier britannique Jeremy Hunt à l’usine Airbus Broughton, à Chester, dans le nord du pays de Galles, en Grande-Bretagne, le 23 novembre 2023. OLI SCARFF/Pool via REUTERS

j’ai sans doute manqué quelque chose (il y a un type monté sur le fuselage, l’aile, là) pour avoir cette tripotée (tri venant de trois) d’images d’industrie Airbus alors qu’on me parlait de Boeing et du procès dans lequel  des « lanceurs d’alerte » s’ingénient (c’est le cas de le dire : ils sont ingénieurs) à tenter de montrer l’urgence de précautions…

WASHINGTON, DC – 17 AVRIL : Sam Salehpour, ingénieur témoin de Boeing, fait des gestes lors de son témoignage devant un sous-comité sénatorial de la sécurité intérieure et des affaires gouvernementales sur une audience d’enquête intitulée « la culture de sécurité brisée de Boeing, en se concentrant sur des témoignages de première main » au Capitole des États-Unis le 17 avril 2024 à Washington , DC. Dans une interview avec NBC News, Salehpour a déclaré qu’il pensait que tous les 787 avions devraient être immobilisés au sol pour permettre des contrôles de sécurité appropriés de l’avion, qui a été critiqué ces derniers mois à la suite d’une série d’incidents. Kent Nishimura/Getty Images/AFP (Photo de Kent Nishimura / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

je te dis, je ne sais pas – peut-être cette panique qui s’empare de moi quand je m’en vais ? à chacun de mes départs (valise ou cercueil ?) quelque chose de ce genre sans doute – on garde espoir ?

 

 

 

je quitte pour quelques semaines la maison[s]témoin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

entre deux sifflements crépitations

Je vais me tricoter une grande veste.
Je vais me tricoter une grande veste de glycine américaine qui est plus petite que les autres et moins show off
Je vais me surjeter et me point-de-rizer du schisandra pour avoir des clochettes rouges et blanches qui se font passer de loin pour des cerises
J’aurai des poches d’érable deshojo qui veut dire face empourprée en japonais, mais ventrues, en gueules de sabots de vénus
Mon dos sera piqueté de pousses de bégonia qui souffre d’avoir un nom de plante de vieux
Et de pousses d’hosta plus grand dedans, cherchant le dépliement
Les clématites me couvriront les bras avec leurs aiguilles à torsades
Mon col sera bordé de lancettes pourpres de passiflore au printemps car ce sera une veste de printemps
Le jacquard des pattes de kangourous sera difficile à faire à cause des bouches velues d’orchidées qui s’ignorent, mais j’aurais le choix de la couleur, rouge orangée et la multiplicité de jaunes, ou encore le violine qui coule bleu
Je m’assiérai sur la terrasse
Le merle et la merlette atterriront brutalement, comme des sauvages, et leurs pattes sur le sol feront top, top, ratop, ratop, vers la gamelle de croquettes pour chat
Dans mon feuillage d’heuchères, corail, chocolat, caramel, bronze, vert salade, je dirai à la merlette qui n’hésite pas à s’approcher juste à mes pieds comment vas-tu ? parce que j’aurai vu la plume presque blanche un peu défaite sur son aile gauche
J’attendrai que les pois de senteur majestic blue sortent de terre et s’enroulent sur les branches tortueuses du saule tortueux le bien nommé
Le géranium presque noir et dentelé ne m’agressera pas
La feuille d’acanthe blanche sera douce avec moi, et molle sous mes doigts comme du caoutchouc
Le cœur de marie montrera qu’il sait faire une forme en forme de quelque chose que les humains connaissent, par bonhommie
L’abutilon sortira ses lampions à jupettes, mais pas tout de suite, d’abord minuscules lanternes éclairées à l’avance
Je me demanderai quoi faire des pucerons sur les naissances si tendres des feuilles de camélia, je ferai semblant de ne pas voir que je ne les ai pas tous enlevés en y passant mon pouce et, en tant que divinité géantissime je me dirai que certaines vies ont de la chance, et puis je ne saura pas quoi faire du problème d’être cheffe décideuse et dominatrice, tout comme je ne sais pas quoi faire d’autres problèmes de chefs autrement plus nuisibles que les pucerons
Solanum pourpre et morelle laciniée ne sauront pas qu’ils sont de la même espèce, quasiment identique à une teinte près, ils feront le jersey du côté droit et du côté gauche de ma veste asymétrique
Je ne saurai pas faire les diminutions
Je ne saurai pas compter les mailles
Je ne saurai pas que le rosier liane de banks avait soif avant d’avoir vu ses feuilles abattues, désarmées, je me précipiterai mais il sera trop tard
Revivre ça n’existe pas
S’en soucier oui
Je préviendrai qui veut que le sophora twist baby prépare de la musique visuelle
Il lance des gouttes brunes deux par deux sur certaines de ses branches desquamées, grises, et l’écorce en dessous sort couleur d’olive
Chaque goutte va s’amplifier et s’accentuer en masque de médecin de la peste
Éclater jaune
Sentir la vanille
Les gens diront : c’est comme des becs de perroquet, je dirai oui ça y ressemble, les gens diront : il y en a tant ! je dirai oui, mais je ne sais pas ce que veut dire cette musique, est-ce qu’il est très heureux dans son pot, ou est-ce que, parce qu’il se sent mourir, il veut donner tout ce qu’il peut avant la fin ? je dirai oui mais je ne sais pas interpréter ce que je vois
Un jour ma veste sera morte
Ma veste de printemps
Ma veste de vent et de déflagrations qui s’entendent de loin
Le mot déflagration est un petit contenant, trop petit pour contenir les râles d’agonies
Ça vibre au loin, c’est tout près
Les ondes courent dans le sol, sous les cailloux de la terrasse
Les échafaudages ne tiennent pas
Ou alors pas longtemps, pas plus longtemps qu’une fleur de cobée cet été, un clignement de l’œil
Je me résoudrai à coudre pour assembler dos et devants et poches et manches de ma veste de printemps avec du seringat et de l’arbre au faisan, et pour cela j’utiliserai la technique du point invisible, mais rien n’est invisible même si tout disparaît
Est-ce que j’ai encore la place au creux des emmanchures de ma veste de printemps pour la plante des fées ? ses feuilles sont raides, piquantes, pointues, teigneuses, pas faciles à approcher ; ses fleurs sont comme un chapeau, celui du joker dans un jeu de cartes, ou bien celui du fou du roi, mais elle s’en fout des fous, et le fatsia aussi, qui monte un étage de feuilles à la fois méthodiquement
Sous l’apparence du fouillis, ma veste de printemps est méthodique
J’entends la double note des mésanges qui disent attention, ou viens là, ou où es-tu, ou je te connais, ou un message plus compliqué et attentif aux modifications
Ce que j’entends ne m’est assez souvent pas accessible
Le rouge-gorge saute d’un pot à l’autre en sachant où il va
N’est pas gêné par les moineaux, il n’y en a pas
À chaque fois c’est pareil, je me dis qu’ils sont tous morts, ou bien morts de peur et cachés
Et je suis soulagée quand ils reviennent, ternes, discrets

TDEDULP spéciale dédicace Perec #42

 

 

toi qui entres ici (comme dans un moulin) une image par minute et plus pour tenter d’épuiser ce carrefour – pour ne pas oublier, jamais – vive la vie vive l’espoir

installation – commande (un kir à 5e50 quand même) (on ne plaisante guère au Carillon) un carrefour de mémoire terrifiante – c’était le but recherché, ça n’a pas marché : on est là – pourquoi là, parce que – complétée d’une autre raison – on recommence : hommage à G org s P r c – en quelque soixante dix et plus images – Paris, plutôt debout – il est midi

les bâtiments sont ceux de l’hôpital (à genoux) bâches jaunes en accord avec la marquise du petit Cambodge -(les nuées sont des gouttes d’eau de la vitre du bar) –  passe le camion du service d’aide médicale d’urgence – midi 2 (intérieur jour)

midi 3, sous l’œil (ébloui) des caméras

cette dame qui s’arrête, stationne un moment

puis passe

s’en va – midi 6 les livreurs en mobylette

ou en vélo électrique (comme si ça ne polluait pas) – midi 8

on passe-on marche – on va manger – la plaque blanche aux victimes des attentats odieux  (lâches, minables, abjects) du 13 novembre 2015 – droit cadre, l’un des héros du jour – midi 10

midi onze

puis douze

puis treize

treize encore

puis 14 (il est parti)

 on pourra vérifier l’omniprésence des ninos – des gens  – des passants – 18

puis 19 – panoramique à 90 degrés : sur la petite place (sans doute intitulée) un banc, et sur le banc, téléphonant

midi 20, partie et remplacée mais sur l’autre assise

midi 21 attente puis où est-ce déjà ?

plutôt par là (22)

(il s’en va livrer) voyons voir – un bus (23) 75 (et non 29 comme le Roubaud) comme un ange passe

va vers son destin (ainsi que les humains) – calme apparent (26)

(28) (une demi-heure déjà?) on s’en va

pour la livraison

on pense à ce film, Lunchbox (Ritesh Batra, 2013) – vigilant peut-être mais sans le point pour ne pas divulguer (30)

un certaine idée de la défense – midi trente c’est l’heure de manger

on va attendre un moment – la pointe – (32) – j’crois bien que c’est par là


possible,probable, sans doute – allons (33)

un extrait (notes procès moquette) du cahier où sont prises les notes – à un moment, elles seront retranscrites mais pas tout de suite – des images d’abord : nature morte aux trois plaques (34)

juste un petit moment

d’autres gens (35)

intérieur jour, chat noir du Carillon – (36) en attente des plats préparés

et passage d’un être au nino (barbe & baskets – tatouages & vélocipède) – (37)

attends à quoi tu penses? – (38.2)

le bruit les sirènes l’urgence –  (39) « I’m back »

(39.2) pano : en attente

(39.3) et puis avec ça ?

ça avance – respirez soufflez – (40)

(les types fument sur le trottoir, attendent que le temps s’en aille) – (40.2)

passe par ici, reviens par là – (41)

savoir recevoir – la rue Bichat (c’était un chirurgien, je crois bien) a changé de sens de circulation – j’ai oublié de le préciser – c’est de mémoire – j’oublie (42)

c’est fait – quoi d’autre ? (42.2)

à nouveau – encore ( 42.3) respirez – soufflez –

allô ? non mais allô quoi  ? t’es où ?

hein ?  le 75 à nouveau

puis encore, on se demande

attendre repartir revenir – (45)

je viens

je suis par là, oui

(46) le 75 encore

plus le chien, le selfie, le caddy, la capuche le bonnet le soleil

livraison boite aux lettres pantalon rouge et chaussures blanches – (46-7-8)

kestum’veux toi ? je m’en vais clopant – le soleil aussi

attacher son vélo – capuche  boite aux lettres tête de potelet – (voilà qu’il est moins dix)

certes –

on commence à avoir faim –  (51)

ça va venir ou c’est déjà fini – (51.2)

qu’est-ce qu’on serait sans nino ? attends un peu

(ce sont les très gros plans qui me plaisent – image arrêtée déjà fugace et passée)

plus de soleil – clopo – où tu vas ? (52)

bon on s’y retrouve ? Oui, j’y vais

des sourires jusqu’à la nausée – laisse

manger avec des baguettes, repérer le paparazzo, continuer à penser

réunis là le temps d’une image – avancer droit devant soi, la vie – passe passe (53)

le temps de se retourner et puis (55)

où est-ce déjà ? – je ne sais plus (57) intérieur jour

on en reparle dans deux ans (59)

ce bougé…

Puisque passe le temps, passeront les années – j’aurais du me dire « tiens j’en prends 53 » je n’en garde que, je laisse les autres – les gens , disponibles,qui vont et vaquent – bon appétit)

 

Alexeï 2

 

 

la suite des outrages à la mémoire (avant ça, le culte orthodoxe, le nationalisme, la grande russie, tout le bataclan) (dans le même temps et sur le même monde ou est-ce ailleurs ? que font les autres pour leurs frères  et sœurs ? – les Tchétchènes ou les Ouïgours –  ces flots de sang et de pleurs – dans huit jours d’ici…) c’était hier et je ne trouve aucune excuse au dictateur

 

(je ne sais l’obédience de cette organisation « Russie-libertés ») – l’image date du 22 février (hommage à Paris)

(DOSSIERS) Un manifestant tient des bougies et une photo du défunt leader de l’opposition Alexei Navalny, lors d’une manifestation organisée par l’association « Russie-Libertes » sur l’esplanade du Trocadéro à Paris, le 22 février 2024. Funérailles du leader de l’opposition russe Alexei Navalny le service aura lieu dans une église du sud de Moscou le 1er mars 2024, ont indiqué les alliés du politicien. « Les funérailles d’Alexei auront lieu dans une église… à Maryino le 1er mars à 14h00 (11h00 GMT). Venez à l’avance », a déclaré son équipe dans un message sur les réseaux sociaux le 28 février 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)

(il y avait aussi une proposition photographique intitulée « essai floral » dans le carnet qui tentait de repérer les images de fleurs quelles qu’elles soient – en relation avec celles que je portais à TNPPI) (on en a plusieurs illustrations ici)

 

– le premier Mars 2024

Parents et amis rendent un dernier hommage au cercueil du chef de l’opposition russe Alexeï Navalny dans l’église de l’Icône de la Mère de Dieu Apaise mes douleurs, à Moscou, le 1er mars 2024.

 

Des gens attendent devant l’église de l’Icône de la Mère de Dieu Apaise mes douleurs pour rendre un dernier hommage au chef de l’opposition russe Alexeï Navalny, à Moscou, le 1er mars 2024.

 

Des policiers anti-émeutes gardent la zone près de l’église de l’icône de la Mère de Dieu apaisent mes chagrins, à Moscou, en Russie, le vendredi 1er mars 2024. Les proches et les partisans d’Alexei Navalny font leurs adieux au chef de l’opposition lors de funérailles à dans le sud-est de Moscou, à la suite d’une bataille avec les autorités pour obtenir la libération de son corps après sa mort encore inexpliquée dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique. (Photo AP)

 

La police anti-émeute ferme le passage à des milliers de personnes venues faire leurs adieux au chef de l’opposition russe Alexeï Navalny après que le cortège funéraire avec son corps ait quitté l’église pour le cimetière, à Moscou, le 1er mars 2024.

 

Les partisans de l’opposant russe Alexeï Navalny attendent à l’extérieur du cimetière dans l’espoir de lui rendre un dernier hommage après que peu de personnes ont été autorisées à assister à la cérémonie religieuse, à Moscou, le 1er mars 2024.

 

Les partisans de l’opposant russe Alexeï Navalny marchent de l’église au cimetière dans l’espoir de lui rendre un dernier hommage après que peu de personnes aient été autorisées à assister à la cérémonie religieuse, à Moscou, le 1er mars 2024

Des gens font la queue devant l’église de l’Icône de la Mère de Dieu Apaise mes chagrins pour rendre un dernier hommage au chef de l’opposition russe Alexeï Navalny, à Moscou, le 1er mars 2024.

 

 

puis comme une suite, d’autres images pour garder quelque chose comme de l’espoir (image 2015)

PHOTO DE DOSSIER : Le chef de l’opposition russe Alexei Navalny et son épouse Yulia assistent à une audience devant le tribunal du district de Lubliinsky à Moscou, en Russie, le 23 avril 2015. REUTERS/Tatyana Makeyeva/File Photo

 

La leader de l’opposition biélorusse Sviatlana Tsikhanouskaya réconforte Ioulia Navalnaya, épouse du défunt leader de l’opposition russe Alexei Navalny, lors d’une réunion, le jour de l’annonce de la mort d’Alexei Navalny, par le service pénitentiaire de la région de Yamalo-Nenets où il purgeait sa peine. peine, à Munich, Allemagne, le 16 février 2024. Sviatlana Tsikhanouskaya/Handout via REUTERS CETTE IMAGE A ÉTÉ FOURNIE PAR UN TIERS. CRÉDIT OBLIGATOIRE. AUCUNE REVENTE. PAS D’ARCHIVES.

 

continûment le 2 mars 2024

Les gens réagissent alors qu’ils se rassemblent pour déposer des fleurs sur la tombe d’Alexei Navalny après ses funérailles vendredi au cimetière Borisovskoye, à Moscou, en Russie, le samedi 2 mars 2024. Navalny, qui était l’ennemi le plus féroce du président Vladimir Poutine, a été enterré après un des funérailles qui ont attiré des milliers de personnes en deuil sous une forte présence policière. (Photo AP)

 

Des gens se rassemblent pour déposer des fleurs sur la tombe d’Alexei Navalny le lendemain de ses funérailles au cimetière Borisovskoye, à Moscou, en Russie, le samedi 2 mars 2024. Navalny, qui était l’ennemi le plus féroce du président Vladimir Poutine, a été enterré après des funérailles qui a attiré des milliers de personnes en deuil au milieu d’une forte présence policière. (Photo AP)

 

et le 3 mars

TOPSHOT – Les personnes en deuil font la queue pour visiter la tombe du chef de l’opposition russe Alexei Navalny au cimetière Borisovo à Moscou le 3 mars 2024. (Photo d’Olga MALTSEVA / AFP)
Les personnes en deuil visitent la tombe du chef de l’opposition russe Alexei Navalny au cimetière Borisovo à Moscou le 3 mars 2024. (Photo d’Olga MALTSEVA / AFP)

 

 

Groupement National de Surveillance des Arbres

 

 

 

Ce sont tout de même gens immobiles que les arbres – ce n’est pas que ce me soit égal (j’en plante) mais ce sont des individus contemporains et à ce titre, ils m’échappent un peu – il y a par exemple à ce sujet une pratique qui consiste à en prendre un dans ses bras afin de communiquer avec cette espèce de nature –  pourquoi pas ? mon époque, cependant, gravement, m’agace – m’exaspère même si tu veux voir – le pouvoir de l’argent au nom d’un « désenclavement » a tendance à m’écœurer (à la tête de l’État, magistrature suprême et chef des armées démocratiquement élu se trouve, ici comme ailleurs, un fantoche placé là par la banque) – j’ai commencé avec Alexeï, je continue avec le Groupement national de surveillance des arbres. Je poursuis le même protocole et j’illustre un fait social total : la mise en place parfaitement inutile mais ordonnée par un potentat local d’une voie routière.

Le Français Thomas Brail (à droite), fondateur du GNSA (Groupement national de surveillance des arbres), et d’autres militants écologistes ont installé un campement dans un arbre face au ministère français de l’Ecologie le 18 septembre 2023 à Paris pour protester contre la Projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)

Thomas Brail a entamé une grève de la faim – la réponse de l’État a été, comme à Sainte-Soline ou sur le site du barrage de Sivens – on fait donner la troupe et s’il y a des morts, c’est qu’ils l’auront cherché.
saloperie de thiers pas morte

Les grevistes de la faim, dont Thomas Brail, en lutte contre l’autoroute A69, Castres-Toulouse. Hunger strikers, including Thomas Brail, fighting the A69 motorway, Castres-Toulouse//BELLAVIACHRISTIAN_1.062/Credit:Christian Bellavia/SIPA/2310051115

Les manifestations durent et s’amplifient, l’État passe en force.

30 septembre 2023 Bram OCCITANIE
La présidente de la région Occitanie Carole Delga organise les « Rencontres de la gauche » à Bram (Aude), les 30 septembre et 1er octobre 2023. A la sortie Bram de l’autoroute des inscriptions anti A69

Les images parlent d’elles-mêmes – avec les légendes, certes .

Des manifestants du Black bloc affrontent des policiers français lors d’une manifestation d’activités environnementales contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 21 octobre 2023. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AF
Une photographie montre un véhicule en feu après qu’un incendie a frappé une cimenterie, provoqué par des manifestants lors d’une manifestation d’activités environnementales contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 21 octobre 2023. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Sale ambiance (jte parle pas de la casse : de l’université, de l’hôpital, du droit du travail, des comités hygiène et sécurité, de la sécurité sociale, de la retraite et de la justice, des affaires étrangères et maintenant de l’école publique et du logement) (je ne te parle même pas du conseil national de la résistance)

Un pompier travaille après qu’un incendie a frappé une cimenterie, provoqué par des manifestants lors d’une manifestation d’activités environnementales contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 21 octobre 2023. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

 

Des militants environnementaux assis sur un tracteur brandissant des pancartes participent à une manifestation contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 21 octobre 2023. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

je ne te parle pas non plus du pedigree de celui qui tient la place Beauvau (il fait bizarrement la une de cet organe que les milliardaires s’arrachent à présent, incroyable)

Des manifestants affrontent des gendarmes français dans un nuage de gaz lacrymogènes, dans un champ près du camp de la « Zone à défendre » (ZAD) de CremArbre, lors d’une manifestation contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 10 février 2024. Les gendarmes français ont mené une intervention le 9 février pour dégager une zone proche de l’autoroute prévue après que des militants eurent installé des toilettes et des panneaux de signalisation sur un terrain privé où ils prévoyaient de créer une soi-disant « zone à défendre ». (ZAD) baptisé « CremArbre ». La police a déblayé les palettes et les chariots utilisés pour bloquer une petite route longeant le champ, proche du tracé du projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à la ville de Castres. (Photo de Lionel BONAVENTURE / AFP)

je me souviens de Superphénix, je me souviens de Vital Michalon – il y a 47 ans, je me souviens de Rémy Fraisse il n’y en a pas dix –

Des manifestants affrontent des gendarmes français dans un nuage de gaz lacrymogènes, sur une voie ferrée, près du camp CremArbre « Zone à défendre » (ZAD) lors d’une manifestation contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 10 février 2024. Les gendarmes français ont mené une intervention le 9 février pour dégager une zone proche de l’autoroute prévue après que des militants eurent installé des toilettes et des panneaux de signalisation sur un terrain privé où ils prévoyaient de créer une soi-disant « zone à défendre ». (ZAD) baptisé « CremArbre ». La police a déblayé les palettes et les chariots utilisés pour bloquer une petite route longeant le champ, proche du tracé du projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à la ville de Castres. (Photo par AFP)

« la vie d’un homme c’est peu de chose » chantait Maxime

Des manifestants crient aux autres occupants des arbres lors d’une opération d’évacuation des personnes qui occupent des arbres près du camp CremArbre « Zone à défendre » (ZAD) contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 19 février. 2024. (Photo par Ed JONES / AFP)

révoltant – les bras ne se baissent pas et ne se baisseront pas

TOPSHOT – la militante écologiste suédoise Greta Thunberg et des manifestants participent à une manifestation contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 10 février 2024. Les gendarmes français ont mené une intervention le 9 février pour dégager une zone proche le projet d’autoroute après que des militants eurent installé des toilettes et des panneaux de signalisation sur un terrain privé où ils prévoyaient de créer un camp dit de « zone à défendre » (ZAD), baptisé « CremArbre ». La police a déblayé les palettes et les chariots utilisés pour bloquer une petite route longeant le champ, proche du tracé du projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à la ville de Castres. (Photo de Lionel BONAVENTURE / AFP)

force reste à la loi : abus de pouvoir, abus du pouvoir

Cette photographie prise le 19 février 2024 montre une cabane de fortune dans un arbre lors d’une opération d’évacuation de personnes occupant des arbres à proximité du camp CremArbre « Zone à défendre » (ZAD) contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix. , sud-ouest de la France. (Photo par Ed JONES / AFP)

mais rien – rien –

Des policiers éliminent un manifestant occupant un arbre contre le projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à la ville de Castres, alors que les policiers mènent une opération pour les expulser, au camp de protestation de Crem’Arbre « zone à défendre » (ZAD) à Saix , sud-ouest de la France, le 22 février 2024. (Photo d’Ed JONES / AFP)

un tel gâchis, un tel dégoût

Cette photo aérienne prise le 20 février 2024 près de Puylaurens montre une vue du chantier de construction de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, dans le sud de la France. Les écologistes ont manifesté à plusieurs reprises ces derniers mois le long du tracé prévu de l’A69 alors que le gouvernement est déterminé à achever le projet qui réduira de 20 minutes le temps de trajet entre Toulouse et Castres et devrait ouvrir en 2025. (Photo d’Ed JONES / AFP)

 

feues

 

 

ce collage de bleus (dû à Christine Jeanney, qu’on remercie) dédié à cette femme magnifique qui disparut hier, 28 décembre 2023

le trouble c’est qu’elle n’en fait jamais, cette garce, de trêve – je ne la nomme même pas – il y a quelque chose avec elle qui fait qu’elle est tellement usitée, utilisée, usée par des hommes que ce devrait en devenir un mot masculin (ils ont pour elle quelque chose de l’adoration) – ça doit exister en certains dialectes (outre-Rhin, je crois bien) – ça ne veut rien dire non plus, mais un petit peu quand même – ôtée à notre affection par la grâce du temps qui passe ou par quelque imbécile trop imbu de lui-même (un type crie dans la rue, sort un schlasse ou un surin c’est comme il veut, comme il peut, un marteau, des cris des gestes – elle, elle est là et lui est fou – cinglé tordu endolori mais toujours en vie – il regarde passer le monde, il est déclaré fou, il n’est pas responsable) : je m’égare, je ne voulais parler que de la disparition des êtres chers – ce n’est pas que je l’aie tellement connue, d’ailleurs, deux fois vue, deux fois simplement – tu sais ça n’a pas d’importance, les gens sont un peu comme les choses, ils s’en vont (il n’y a pas de féminin à gens – non plus que de singulier) (un jour, je n’ai pas osé, je n’ose guère ces choses-là – un jour avec l’Employée aux écritures nous étions au pub Gay-Lussac, le café normal, il n’y a pas deux ans, et elle, Catherine, elle elle était là avec quelques autres, un critique de cinéma je me souviens, et non, je n’ai pas osé aller la saluer) (que lui aurais-je dit ? « vous vous souvenez de mélico ? »…) (non, je n’ai pas osé) –  je garde au souvenir son rire formidable, un peu comme celui de Marceline (que j’ai manquée, d’ailleurs, lors de sa venue pour la présentation des films de son mari – je l’ai manquée – pourquoi, dirait Bashung, tu la visais ?) – il s’agit de deux êtres que j’aime toujours car, comme disait (et dit toujours) le poète, le temps ne fait rien à l’affaire (la suite de cette chanson est dédiée au prince de la pertinence qui, dans son infinie prescience, a décidé de la disparition du support grâce auquel (justice en est ici rendue : merci pour tout) l’occasion m’a été donnée (ainsi qu’à mon amie, Hélène Clémente) de rencontrer ces personnes qui sont gens du livre).

Une quinzaine (il en manque dans l’image), quelques années de travail quand même – je me souviens de ce qu’on disait (le « on » restera indéfini) : « ça va rester dans un tiroir » – croupir ? je ne sais pas – on dit ça aussi des études « elles vont rester sous une armoire » – les conditions sociales de production de ces entretiens (dont je garde toujours les sons, quelles qu’elles soient) font qu’on ne peut guère les diffuser – je suppose, je n’ai pas de juriste sous la main, non plus que de contrat ou quoi que ce soit d’autre de ce genre – je ne dispose que de ma mémoire

et du disque dur qui a réchappé de l’incendie d’il y a huit ans – tu vois, ça se passait en avril 2008 – montage son/retranscription – quinze ans – mise en place, rendez-vous, comment tu fais ? – je me souviens d’avoir manqué ce rendez-vous coin esplanade des Invalides/boulevard Latour-Mauboug – je ne me souviens plus du train, mais de la librairie, oui – la salle du haut, celle du sous-sol – c’est égal, les temps (eussent-ils été « modernes ») sont passés (mais ils sont toujours modernes), et aux orties ces paroles, ces mots, ces idées qui devaient (qui doivent et devront) durer – blessante était la manière d’affirmer que ces travaux ne méritaient pas d’être poursuivis; idiot était le ressort de ces actes; ça n’a rien changé au bonheur de faire exister ces paroles – la rencontre, si audacieuse – lire oui – une librairie est un comptoir, mais ce n’est pas simplement un tiroir-caisse – feue mélico – alors pour encore, et malgré tout garder au cœur la réalité des choses et des êtres, salut à vous

Catherine Martin-Zay

quatre jours

Quatre jours autres, loin des Vagues, loin des ami-es et des échos amis des ami-es, mais tout ce qui se passe en quatre jours peut me nourrir longtemps, surtout à cause des photos qui réapparaissent, elles étaient en fond de cour, fond de vie, fond de boîtes, et des doigts leur redonnent du présent.

C’est là que je vois que rien ne se perd et que rien ne s’arrête, par exemple nous avons parlé de cette balle en mousse, qu’est-ce que c’est une balle en mousse, rien ou pas grand-chose, ça ne coûte rien, ça n’est pas sur un socle blanc dans un musée, c’est quelques francs payés dans une quelconque grande surface il y a si longtemps, un temps qui n’est pas si long mais si long en même temps.

On était assis dans la chambre (le jardin collectif, les portants à roulettes dans le couloir avec le quatre heures pour les résidents, et au bout du couloir les jeux de dominos ou les têtes sur les tables, ou les têtes en arrière et les fauteuils roulants), donc nous étions assis avec elle, elle qui dit J’ai toute ma tête, puis Je ne me souviens plus, et sur le mur la photo d’elle avant, quelques années plus tôt, avec son petit-fils et son arrière-petit-fils qui au moment de cette photo vient juste d’apprendre à marcher, et nous parlons, nous parlons de cette balle en mousse.

Celui qui n’est plus là et dont elle ne sait plus où sont les cendres est au milieu de chaque morceau de conversation. La balle en mousse est à lui. Il l’a manipulée des heures et des heures pour retrouver la dextérité de ses doigts (opération de chirurgie précise, la scie circulaire, le chirurgien qui dit Quel dommage, de si belles mains, des mains de pianiste, et qui fait de son mieux mais pense que jamais ces mains ne retrouveront leur dextérité première, et lui – le lui qui est partout ici – qui refuse et qui malaxe la boule en mousse des heures durant pour lui donner tort). Ensuite la boule en mousse est rangée dans un bac près de la machine à coudre dans le placard près des toilettes. Le petit-fils, lorsqu’il est petit, la prend pour la lancer dans l’escalier, la rattraper et la lancer dans l’escalier, la rattraper. Et lorsqu’il vient avec son fils à lui, donc l’arrière-petit-fils, il lui montre ce jeu, la balle en mousse, l’escalier, la lancer, la rattraper.

Et nous voilà, elle qui ne se souvient plus, le petit-fils et moi à se raconter cette histoire, cette histoire de la balle en mousse, près du couloir où sont distribués les quatre heures pour les résidents. Elle demande Où est-elle ? (la balle) (sûrement jetée, avec la maison vidée, avec le dernier déménagement qui l’a amenée là, nous ne pouvons rien dire de plus). Elle dit J’aurais bien voulu la garder. Et nous aussi nous aurions bien voulu, moi sa fille et lui son petit-fils. Tous les trois nous sommes autour du rien, de cette boule de rien qui n’est plus là, et qui n’avait à la fois pas et tant d’importance, une sorte de petit symbole rond et rebondissant qui a sûrement été broyé ou délité depuis.

Et nous allons partir (fauteuil roulant, ouvrir la porte et retrouver, pour elle les dominos, pour moi et pour le petit-fils la vie dehors en traversant le parking). Une dernière fois avant de s’en aller, le petit-fils prend le cadre sur le mur pour le voir mieux, le cadre avec sa photo à elle il y a quelques années, avec lui, le petit-fils, et l’arrière-petit-fils si poupon. Cette photo est là, sans mystère depuis des mois maintenant. Elle qui regarde l’objectif. Le petit-fils qui tient l’arrière-petit-fils entre elle et lui et qui regarde l’objectif, et l’arrière-petit-fils si petit, une main levée vers nous et le poing rond. Et c’est seulement à ce moment-là qu’on a vu la balle en mousse serrée dans le poing rond. C’est quand même fou comme tout se tient caché et apparent.

C’est comme la photo chiffonnée. Elle n’était pas cachée au fond de la boîte en carton, simplement elle était recouverte. Lui au travail. Lui jeune et fier. Qui a pris cette photo ? Nous sommes dans des filets, cordages, ficelles, fil, fils et petits-fils et arrière-petits-fils et on ne sait pas ce qui reste visible et pourquoi. C’est comme tôt le matin, comme ce matin, un grand nuage dans la nuit, je ne savais pas.