Groupement National de Surveillance des Arbres

 

 

 

Ce sont tout de même gens immobiles que les arbres – ce n’est pas que ce me soit égal (j’en plante) mais ce sont des individus contemporains et à ce titre, ils m’échappent un peu – il y a par exemple à ce sujet une pratique qui consiste à en prendre un dans ses bras afin de communiquer avec cette espèce de nature –  pourquoi pas ? mon époque, cependant, gravement, m’agace – m’exaspère même si tu veux voir – le pouvoir de l’argent au nom d’un « désenclavement » a tendance à m’écœurer (à la tête de l’État, magistrature suprême et chef des armées démocratiquement élu se trouve, ici comme ailleurs, un fantoche placé là par la banque) – j’ai commencé avec Alexeï, je continue avec le Groupement national de surveillance des arbres. Je poursuis le même protocole et j’illustre un fait social total : la mise en place parfaitement inutile mais ordonnée par un potentat local d’une voie routière.

Le Français Thomas Brail (à droite), fondateur du GNSA (Groupement national de surveillance des arbres), et d’autres militants écologistes ont installé un campement dans un arbre face au ministère français de l’Ecologie le 18 septembre 2023 à Paris pour protester contre la Projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)

Thomas Brail a entamé une grève de la faim – la réponse de l’État a été, comme à Sainte-Soline ou sur le site du barrage de Sivens – on fait donner la troupe et s’il y a des morts, c’est qu’ils l’auront cherché.
saloperie de thiers pas morte

Les grevistes de la faim, dont Thomas Brail, en lutte contre l’autoroute A69, Castres-Toulouse. Hunger strikers, including Thomas Brail, fighting the A69 motorway, Castres-Toulouse//BELLAVIACHRISTIAN_1.062/Credit:Christian Bellavia/SIPA/2310051115

Les manifestations durent et s’amplifient, l’État passe en force.

30 septembre 2023 Bram OCCITANIE
La présidente de la région Occitanie Carole Delga organise les « Rencontres de la gauche » à Bram (Aude), les 30 septembre et 1er octobre 2023. A la sortie Bram de l’autoroute des inscriptions anti A69

Les images parlent d’elles-mêmes – avec les légendes, certes .

Des manifestants du Black bloc affrontent des policiers français lors d’une manifestation d’activités environnementales contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 21 octobre 2023. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AF
Une photographie montre un véhicule en feu après qu’un incendie a frappé une cimenterie, provoqué par des manifestants lors d’une manifestation d’activités environnementales contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 21 octobre 2023. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Sale ambiance (jte parle pas de la casse : de l’université, de l’hôpital, du droit du travail, des comités hygiène et sécurité, de la sécurité sociale, de la retraite et de la justice, des affaires étrangères et maintenant de l’école publique et du logement) (je ne te parle même pas du conseil national de la résistance)

Un pompier travaille après qu’un incendie a frappé une cimenterie, provoqué par des manifestants lors d’une manifestation d’activités environnementales contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 21 octobre 2023. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

 

Des militants environnementaux assis sur un tracteur brandissant des pancartes participent à une manifestation contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 21 octobre 2023. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

je ne te parle pas non plus du pedigree de celui qui tient la place Beauvau (il fait bizarrement la une de cet organe que les milliardaires s’arrachent à présent, incroyable)

Des manifestants affrontent des gendarmes français dans un nuage de gaz lacrymogènes, dans un champ près du camp de la « Zone à défendre » (ZAD) de CremArbre, lors d’une manifestation contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 10 février 2024. Les gendarmes français ont mené une intervention le 9 février pour dégager une zone proche de l’autoroute prévue après que des militants eurent installé des toilettes et des panneaux de signalisation sur un terrain privé où ils prévoyaient de créer une soi-disant « zone à défendre ». (ZAD) baptisé « CremArbre ». La police a déblayé les palettes et les chariots utilisés pour bloquer une petite route longeant le champ, proche du tracé du projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à la ville de Castres. (Photo de Lionel BONAVENTURE / AFP)

je me souviens de Superphénix, je me souviens de Vital Michalon – il y a 47 ans, je me souviens de Rémy Fraisse il n’y en a pas dix –

Des manifestants affrontent des gendarmes français dans un nuage de gaz lacrymogènes, sur une voie ferrée, près du camp CremArbre « Zone à défendre » (ZAD) lors d’une manifestation contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 10 février 2024. Les gendarmes français ont mené une intervention le 9 février pour dégager une zone proche de l’autoroute prévue après que des militants eurent installé des toilettes et des panneaux de signalisation sur un terrain privé où ils prévoyaient de créer une soi-disant « zone à défendre ». (ZAD) baptisé « CremArbre ». La police a déblayé les palettes et les chariots utilisés pour bloquer une petite route longeant le champ, proche du tracé du projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à la ville de Castres. (Photo par AFP)

« la vie d’un homme c’est peu de chose » chantait Maxime

Des manifestants crient aux autres occupants des arbres lors d’une opération d’évacuation des personnes qui occupent des arbres près du camp CremArbre « Zone à défendre » (ZAD) contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 19 février. 2024. (Photo par Ed JONES / AFP)

révoltant – les bras ne se baissent pas et ne se baisseront pas

TOPSHOT – la militante écologiste suédoise Greta Thunberg et des manifestants participent à une manifestation contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix, dans le sud-ouest de la France, le 10 février 2024. Les gendarmes français ont mené une intervention le 9 février pour dégager une zone proche le projet d’autoroute après que des militants eurent installé des toilettes et des panneaux de signalisation sur un terrain privé où ils prévoyaient de créer un camp dit de « zone à défendre » (ZAD), baptisé « CremArbre ». La police a déblayé les palettes et les chariots utilisés pour bloquer une petite route longeant le champ, proche du tracé du projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à la ville de Castres. (Photo de Lionel BONAVENTURE / AFP)

force reste à la loi : abus de pouvoir, abus du pouvoir

Cette photographie prise le 19 février 2024 montre une cabane de fortune dans un arbre lors d’une opération d’évacuation de personnes occupant des arbres à proximité du camp CremArbre « Zone à défendre » (ZAD) contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, à Saix. , sud-ouest de la France. (Photo par Ed JONES / AFP)

mais rien – rien –

Des policiers éliminent un manifestant occupant un arbre contre le projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à la ville de Castres, alors que les policiers mènent une opération pour les expulser, au camp de protestation de Crem’Arbre « zone à défendre » (ZAD) à Saix , sud-ouest de la France, le 22 février 2024. (Photo d’Ed JONES / AFP)

un tel gâchis, un tel dégoût

Cette photo aérienne prise le 20 février 2024 près de Puylaurens montre une vue du chantier de construction de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, dans le sud de la France. Les écologistes ont manifesté à plusieurs reprises ces derniers mois le long du tracé prévu de l’A69 alors que le gouvernement est déterminé à achever le projet qui réduira de 20 minutes le temps de trajet entre Toulouse et Castres et devrait ouvrir en 2025. (Photo d’Ed JONES / AFP)

 

Nous appelons ça la nuit

 

 

 

 

 

parfois le chemin est tellement escarpé qu’il est bon de regarder un peu ailleurs – au téléphone un de mes amis hospitalisé – un autre disparu dans la nuit du 4 août -encore un fauché par le crabe voilà près d’un an – parfois les choses ne vont pas comme elles devraient mais c’est ce que nous voulons croire – en fait elles vont leur chemin propre et nous tentons encore d’espérer – or donc continuant mon pillage des illustrations données par le canard de référence paraissant l’après-midi voilà que je tombe sur un quarteron de photos – des représentations – on se dit que vraiment ces choses-là existent… Ne pas y arriver, ne pas parvenir – trop d’explications, trop de détours – alors simplement des images, ce sont des images vraies de choses qui n’existent pas – vingt cinq millions d’années lumières, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? – je remarque que toutes adoptent le fond noir : nous autres, ici, ne le voyons, ce ciel, ainsi que de nuit – nous appelons ça la nuit – franchement, je préfère le bleu…

Pour cette première image, on ne dispose que de cette légende : 

Les astronomes estiment que 50 000 sources de lumière sont représentées sur cette image du télescope spatial James-Webb.

je pensais qu’il y était adjoint une autre légende mais non – pour les autres, je les récupère et les pose : il en est de beaucoup plus fouillées (que je reproduis, pour mémoire et pour celles et ceux que ça intéresserait, traduites, en fin de billet) auxquelles j’ai beaucoup de mal à accorder quelque compréhension (elles sont très mal traduites, certes) – tu sais je suis fatigué : je me dis, mélangeant toujours tout, qu’avec cinq milliards de dollars, on éradiquerait la faim sur terre (selon quelque source); le tournis me prend lorsque je tente de ne serait-ce qu’imaginer le coût des  deux guerres auxquelles nous assistons ces temps-ci; je me dis « assister à ces guerres comme on le ferait à des spectacles » mais qu’est-ce donc que ces mots ? Des jeux du cirque ?  Souvent, tu sais, souvent je désespère…
Je me dis  que cette humanité se construit une drôle d’histoire – je ne fais que passer – je n’y suis pour personne quand je suis dans vos bras disait une si jolie chanson – oui, sans doute, l’amour des autres…    

 

ça ne raconte pas d’histoire – il n’y a pas de narration – ce sont des données transmises depuis l’espace – des zéros et des uns –  par un dispositif complexe pourvu d’un miroir de six mètres et demi de diamètre, lequel capte les émissions de lumière des objets stellaires éloignés. On avait eu droit au téléscope Hubble  lequel nous renseignait déjà sur les piliers de la création (il porte le nom d’un astronome étazunien) (c’est tout sauf innocent) – nous sommes passés au téléscope James-Webb (coût : dix milliards…) (il porte lui aussi le nom d’un astronome étazunien). L’entreprise est mondiale.

ici donc ces images qui renseigne sur quoi ?
Dans quelle littérature ?
Avec quels mots décrire ces représentations ? De ce côté-ci du monde, sans doute…

Le cœur de M74, également connu sous le nom de Galaxie Fantôme, vue par le télescope spatial James-Webb.

2.

Le Quintette de Stephan, un groupe de cinq galaxies, vu par le télescope James-Webb.

3.

Les bras gracieux et sinueux de la grande galaxie spirale M51 s’étendent sur cette image prise par le télescope spatial James-Webb.

 

et dans l’ordre, les légendes des agences, traduites par le grand frère GouGueule :

 

  1. Cette image du télescope spatial James Webb NASA/ESA/CSA montre le cœur de M74, également connu sous le nom de galaxie fantôme. La vision nette de Webb a révélé de délicats filaments de gaz et de poussière dans les grandioses bras en spirale qui s’enroulent vers l’extérieur à partir du centre de cette image. Le manque de gaz dans la région nucléaire offre également une vue dégagée sur l’amas d’étoiles nucléaires au centre de la galaxie. M74 est une classe particulière de galaxie spirale connue sous le nom de « spirale de grand dessein », ce qui signifie que ses bras spiraux sont proéminents et bien définis, contrairement à la structure inégale et irrégulière observée dans certaines galaxies spirales. La galaxie fantôme se trouve à environ 32 millions d’années-lumière de la Terre, dans la constellation des Poissons, et se trouve presque face à la Terre. Ceci, associé à ses bras spiraux bien définis, en fait une cible privilégiée pour les astronomes étudiant l’origine et la structure des spirales galactiques. Webb a observé M74 avec son instrument Mid-InfraRed (MIRI) afin d’en apprendre davantage sur les premières phases de formation d’étoiles dans l’Univers local. Ces observations font partie d’un effort plus vaste visant à cartographier 19 galaxies proches formant des étoiles dans l’infrarouge par la collaboration internationale PHANGS. Ces galaxies ont déjà été observées à l’aide du télescope spatial Hubble NASA/ESA et d’observatoires au sol. L’ajout d’observations Webb d’une clarté cristalline à des longueurs d’onde plus longues permettra aux astronomes d’identifier les régions de formation d’étoiles dans les galaxies, de mesurer avec précision les masses et les âges des amas d’étoiles et d’avoir un aperçu de la nature des petits grains de poussière dérivant dans l’espace interstellaire. Les observations de M74 par Hubble ont révélé des zones de formation d’étoiles particulièrement brillantes appelées régions HII. La vision nette de Hubble dans les longueurs d’onde ultraviolettes et visibles complète la sensibilité inégalée de Webb dans les longueurs d’onde infrarouges, tout comme les observations de radiotélescopes au sol tels que le Large Millimeter/submillimeter Array d’Atacama, ALMA. En combinant les données des télescopes opérant à travers
  2. L’instrument MIRI (Mid-InfraRed Instrument) de Webb montre des détails inédits du Quintette de Stephan, un groupement visuel de cinq galaxies, dans cette image. MIRI a percé des régions enveloppées de poussière pour révéler d’énormes ondes de choc et queues de marée, du gaz et des étoiles arrachés des régions extérieures des galaxies par les interactions. Il a également dévoilé des zones cachées de formation d’étoiles. Les nouvelles informations de MIRI fournissent des informations inestimables sur la manière dont les interactions galactiques ont pu conduire l’évolution des galaxies au début de l’univers. Cette image a été publiée dans le cadre de la première série d’images du télescope spatial James Webb NASA/ESA/CSA le 12 juillet 2022 (pour une gamme complète des premières images et spectres de Webb, y compris les fichiers téléchargeables, veuillez visiter cette page). Cette image contient un filtre MIRI de plus que celui utilisé dans l’image composite NIRCam-MIRI. Les spécialistes du traitement d’images du Space Telescope Science Institute de Baltimore ont choisi d’utiliser les trois filtres MIRI et les couleurs rouge, vert et bleu pour différencier le plus clairement possible les caractéristiques des galaxies les unes des autres et les ondes de choc entre les galaxies. Sur cette image, le rouge désigne les régions poussiéreuses de formation d’étoiles, ainsi que les premières galaxies extrêmement lointaines et les galaxies enveloppées d’une épaisse poussière. Les sources à points bleus montrent des étoiles ou des amas d’étoiles sans poussière. Les zones bleues diffuses indiquent une poussière contenant une quantité importante de grosses molécules d’hydrocarbures. Pour les petites galaxies d’arrière-plan dispersées dans l’image, les couleurs vertes et jaunes représentent des galaxies plus lointaines et plus anciennes, également riches en ces hydrocarbures. La galaxie la plus haute de Stephan’s Quintet – NGC 7319 – abrite un trou noir supermassif 24 millions de fois la masse du Soleil. Il accumule activement de la matière et émet une énergie lumineuse équivalente à 40 milliards de soleils. MIRI voit à travers la poussière entourant ce trou noir pour dévoiler le noyau galactique actif étonnamment brillant. En prime, la sensibilité profonde de l’infrarouge moyen de MIRI a révélé une mer d’objets auparavant inconnus.
  3. Les bras gracieux et sinueux de la grande galaxie spirale M51 s’étendent sur cette image prise par le télescope spatial James Webb de la NASA/ESA/CSA. Contrairement à la ménagerie de galaxies spirales étranges et merveilleuses avec des bras spiraux déchiquetés ou perturbés, les galaxies spirales de grande conception possèdent des bras spiraux proéminents et bien développés comme ceux présentés sur cette image. Ce portrait galactique a été capturé par l’instrument MIRI (Mid-InfraRed Instrument) de Webb. Dans cette image, la lumière stellaire retraitée par les grains de poussière et les molécules au milieu de la galaxie illumine un milieu filamenteux spectaculaire. Cavités vides et filaments brillants alternent et donnent l’impression d’ondulations se propageant à partir des bras spiraux. Les régions jaunes compactes indiquent les amas d’étoiles nouvellement formés dans la galaxie. M51 – également connue sous le nom de NGC 5194 – se trouve à environ 27 millions d’années-lumière de la Terre dans la constellation de Canes Venatici et est piégée dans une relation tumultueuse avec sa voisine proche, la galaxie naine NGC 5195. L’interaction entre ces deux galaxies a rendu ces voisins galactiques constituent l’une des paires de galaxies les mieux étudiées dans le ciel nocturne. On pense que l’influence gravitationnelle du plus petit compagnon de M51 est en partie responsable de la nature majestueuse des bras spiraux proéminents et distincts de la galaxie. Si vous souhaitez en savoir plus sur ces deux voisins galactiques qui se chamaillent, vous pouvez explorer les observations antérieures de M51 par le télescope spatial Hubble de la NASA/ESA ici. Cette observation Webb de M51 fait partie d’une série d’observations intitulées collectivement Feedback in Emerging extrAgalactic Star amasTers, ou FEAST. Les observations FEAST ont été conçues pour mettre en lumière l’interaction entre la rétroaction stellaire et la formation d’étoiles dans des environnements extérieurs à notre propre galaxie, la Voie Lactée. La rétroaction stellaire est le terme utilisé pour décrire l’effusion d’énergie des étoiles vers les environnements qui les forment, et constitue un processus crucial pour déterminer la vitesse à laquelle les étoiles se forment.

 

RENCONTRE

D’abord il faut que je vous dise qu’il n’y avait pas de livres chez moi, j’exagère, qu’il y avait très peu de livres chez moi lorsque j’étais petite, mes parents ne lisaient pas de livres, ils lisaient TéléMagazine ou le catalogue des 3Suisses, ou des notices de montage de maquette de bateau téléguidé. Seul mon frère avait des livres dans sa chambre, et il me semblait qu’il y en avait beaucoup, deux étagères avec une douzaine de livres chacune, derrière deux portes vitrées et coulissantes. Comme mon frère était bien plus vieux que moi (onze ans de plus), il partait la semaine à l’université, et je pouvais m’introduire dans sa chambre, avec beaucoup de précautions car le moindre changement dans la pièce serait considéré comme une faute grave, et je me souviens de monter sur sa chaise de bureau non stable, de pousser en silence une des vitrines pour dérober un Sherlock Holmes, ou un Arsène Lupin, ou un Gaston Leroux (Le Parfum de la dame en noir), avant de revenir à pas de loup le lire dans mon lit en cachant la couverture sous le drap.

De mon côté, je possédais des albums de bande dessinée, quatre ou cinq, et deux ou trois livres-disques (quand vous entendrez la clochette, tournez la page petits amis !), et aussi des volumes de la bibliothèque verte, Alice et la statue qui parle, Les Sœurs Parker et les ravisseurs. En tout, sans doute quinze livres, ce qui me semblait phénoménal. J’étais passée un jour, avec une fille de ma classe, chez ses grands-parents, sur la route de l’école, et j’avais vu chez eux la collection entière des albums de Tintin, une longue file de dos alignés, colorés, près de la cheminée, que j’avais considérée respectueusement, l’équivalent pour moi de la BNF.

En grandissant, je n’ai pu lire que des extraits de livres, uniquement grâce aux manuels scolaires. C’est dans leurs pages que j’ai lu La Conscience de Victor Hugo (en sixième, en cinquième peut-être) et que j’ai demandé à mes parents qu’ils m’offrent à Noël La Légende des Siècles, en deux tomes, format poche, un vert, l’autre violet, la plus merveilleuse des choses (je les ai encore), j’en lisais des passages à voix haute en mettant l’intonation, les pages se décollaient, et sans le vouloir je connaissais par cœur certains vers, et encore maintenant, si par hasard j’entends ou je lis « alors, levant la tête » mon cerveau enchaîne avec « se dressant tout debout sur ses grands étriers ». Ou si j’entends « elle est toute petite », je continue avec « une duègne la garde, elle tient à la main quelque chose, et regarde ».

Même avec peu d’argent, mes parents essayaient de me donner de quoi lire. Un jour ma mère m’avait ramené Poèmes à dire de Daniel Gélin (une valeur sûre, cet homme-là passait à la télévision), et pour ce livre aussi les pages se sont bientôt décollées. C’est à cette période que j’ai lu, relu, avalé un poème de Jules Supervielle.

Il y en avait d’autres, comme celui de Tristan Tzara, je le pose ici :

les fruits ruinés
les murs déchiquetés
la neige morte
les heures souillées
les pas verrouillés
ont rompu les rues
la honte de vivre
inonde mes yeux

les foyers éteints
le rire édenté
les places écrasées
la vieillesse harcelée
profilée dans l’âtre
toute la misère
pour marcher dessus
les chevaux éventrés
dans l’arène des têtes
les volets volés
les maisons ouvertes
les enfants dehors
les paroles de paille
pour seule vérité
vide matelas
pour ne pas dormir
ni rire ni rêver
le froid aux entrailles
le fer dans la neige
brûlant dans la gorge

qu’avez-vous fait qu’avez-vous fait
des mains chaudes de tendresse
avez-vous perdu le ciel
dans la tête par le monde
dans la pierre dans le vent
l’amitié et le sourire
comme les chiens à l’abandon
comme des chiens.

(Tristan Tzara, La Bonne Heure)

Mais le poème de Supervielle, c’est lui dont je voulais vous parler. Il était assez court. Me semblait magnifique. Ce n’était pas La Mer secrète. Mais je me souviens qu’il finissait par « Nous creusâmes ensemble nos fosses pour la nuit ».

J’ai grandi et j’ai eu accès aux livres autrement. J’ai pu m’acheter tous les Sherlock Holmes avec mon argent de poche sans plus les voler à mon frère, et d’autres livres aussi, souvent ceux qui me tombaient sous la main, sans direction, au hasard. Et puis j’ai travaillé. J’ai moins lu, et même arrêté de lire totalement, sauf des textes pédagogiques et des recueils de comptines. Je n’ai pas fait d’études de lettres, ce qui me donne des complexes. Ce n’est pas qu’on m’en ait empêchée, c’est qu’il fallait avoir un travail, car mon frère avait été à l’université jusqu’à ne plus pouvoir, ce qui était une charge pour mes parents. Je ne voulais pas leur peser financièrement.

Mais, lire était là, quelque chose de précieux, et écrire aussi. Petite, j’écrivais. Bref, je passe les détails.

Le poème de Supervielle, un jour, j’ai voulu le retrouver. Impossible. J’ai même racheté il y a une dizaine d’années un exemplaire de Poèmes à dire de Daniel Gelin. Il y avait bien Tzara et Claude Roy, « Jamais, jamais je ne pourrais dormir tranquille aussi longtemps que d’autres n’auront pas le sommeil et l’abri », mais pas lui. Donc, je l’avais lu ailleurs. Mais si c’était dans un manuel scolaire, comment le retrouver. Avec internet j’ai fait des recherches en ligne. Entre guillemets « Nous creusâmes ensemble nos fosses pour la nuit ». Pas de résultat. J’ai modifié mes recherches, peut-être que je me trompais, qu’il n’y avait pas « creusâmes », mais pour ce qui était des fosses j’étais sûre.

J’ai demandé parfois, quand j’y repensais, à des gens plus éduqués que moi. En résidence à l’IMEC j’ai cherché dans la bibliothèque, si grande, si magnifique, les recueils de Supervielle. Je suis montée dans les étages, tout en haut, sous la voûte de l’abbaye, là où toutes les revues sont rangées par ordre alphabétique, je ne l’ai pas trouvé.

Il y a quelques mois, ça m’est revenu ce poème, l’existence, quelque part, de ce poème. J’ai cherché et cherché encore. Je me suis demandé si je n’avais pas rêvé, réinventé un souvenir.

Enfin, ça fait longtemps que ça dure pour moi cette histoire là, plus d’un demi-siècle maintenant. Je ne sais pas pourquoi ça résonne tellement. «  Nous creusâmes ensemble nos fosses pour la nuit. » Le symbole de la solitude. La finitude. L’être humain si fragile, si animal. Je n’ai pas les capacités intellectuelles de dire pourquoi ça m’avait transpercée, et ça continue.

Ce matin (levée à 5h20, comme souvent), comme j’y repensais, j’ai cherché et cherché encore. Un seul résultat (entre temps, google me demandait si je ne voulais pas chercher fesses au lieu de fosses ?). Un seul résultat vers un pdf qui a mis longtemps à s’ouvrir sur mon ipad, au moins cinq ou six minutes (mon ipad est vieux, sa mémoire doit saturer). J’allais abandonner car ce pdf était celui d’une revue d’Amérique du sud, ALFAR, 1932, dans une langue que je ne maîtrise pas. J’ai survolé les pages, des publicités (Cada tarro de café El Chana, contiene 1.000 gramos neo de café, y un finisimo vaso como obsequio). J’ai fermé le pdf. Tant pis. Et puis je l’ai rouvert quand même. Et là je l’ai trouvé. Ensuite j’ai lu la mention La direcciòn de esta revista no devuelve los originales ni sostiene correspondencia acerca de éllos, publicando solamente trabajos rigurosamente inéditos.

Je ne peux toujours pas dire comment j’ai eu accès à ce poème au commencement. Mais il est là maintenant. Je comprends qu’il ne soit pas considéré comme un poème fondateur, comme « Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ». Mais il l’est pour moi d’une certaine façon.

Il y a une énigme, une double énigme, une triple énigme. Où ai-je lu ce poème, sur quel support ? Pourquoi est-ce qu’il est resté ancré en moi comme quelque chose inaccessible et en même temps possible ? Quel est ce poisson et la voix qui parle dedans ?

Je le pose ici, dans la maison[s]témoin. Peut-être que maintenant, en faisant une recherche internet, on le trouvera plus facilement. C’est quoi vos textes à vous, qui existent et qu’on ne retrouve pas, ou peu, ou mal ? Vos énigmes ?

RENCONTRE

Entourés de chandelles
Dont la flamme est fidèle
À notre chuchotis,
Nous allons aux nouvelles
Au milieu de la nuit.
Tous les couloirs sont vides
Et les dortoirs aussi
Et seules les étoiles
Collent à nos fenêtres
Comme de vieux espoirs
Toujours prêts à renaître
Et qui de leurs yeux fous
Ne peuvent rien pour nous.
Mais une voix s’élance,
Fruit mûr d’un long silence :
« Je te passe une étoile,
Éteins cette chandelle,
Donne-moi ce hibou
Contre cette hirondelle
Qui fait lever le jour.
Je change tes yeux gris
Dans une autre lumière
Pour qu’il te soit permis
De voir la terre entière
Et de mieux la juger.
Je te donne un poisson
Qui n’a pas besoin d’eau,
Toujours il ressuscite
Si on l’aime assez vite
Pour qu’il se donne entier,
Prends ce vivant objet
Et pour mieux t’en servir
Protège-toi les mains
De ces gants acérés
Qui forcent le destin. »
Alors la voix se tut,
Tout redevint l’impasse
Où plus rien ne se passe
Qui ne soit attendu.
Et dans nos froides chambres,
Soufflant sur nos bougies,
Nous creusâmes ensemble
Nos fosses pour la nuit.

 

pdf de la revue Alfar 

Fondamental

 

 

 

On peut sans trop se tromper (et bien que ce type d’échelle de valeurs ait quelque chose d’obscène) dire de ce film qu’il s’agit d’un des et même du meilleur dans son genre et de tous les temps – c’est excessif : comme de genre il s’agit de la science-fiction, on peut aller jusqu’à tout l’univers. Les avis peuvent varier mais on s’en fout : passons sur cet aspect si vous voulez bien. Le mieux pour l’appréhender s’il se peut (oui, c’est quand même possible) est d’en donner la structure : procédons par ordre (qu’est-ce que l’ordre ? « le désordre, c’est l’ordre moins le pouvoir » disait Léo tu te souviens ?). Ce qui constitue ce film (durée : deux heures et demie), ce sont quatre parties et un entr’acte. Durant chacune de ces parties sont exposées diverses facettes de l’histoire de l’humanité (rien que ça, mais ça quand même) mais jamais notre contemporain (on respire). Dans ces quatre parties, on trouvera l’émergence d’un objet, une entité (on en a glosé : le film sort en avril 68, il y a cinq ans, on a fait tout un pataquès médiatique de cet anniversaire 50 ans… (on a changé l’affiche, on a remasterisé l’affaire, on l’a représentée  – les auteurs sont morts, mais le marché s’en fout – on peut aussi regarder que la maison de production (la Metro Goldwyn Mayer) (Sam et Louis sont eux aussi morts depuis bien longtemps – Autant en emporte le vent et Ben Hur entre autres) (le lion ne rugit plus et l’art ne remercie plus les artistes) n’existe plus (faillite, rachat du catalogue, la loi du marché) – quelque chose (un fait social total dirait Mauss) : dieu peut-être…? en tout cas il s’appelle monolithe et il est noir – il apparaît vers la fin des parties, c’est une espèce d’énigme bienveillante (la bienveillance a quelque chose de pourri, comme on sait) – c’est ambiguë et on ne comprend pas bien. Alors voyons, tout en sachant que le film (budget estimation avant tournage : 6 millions de dollars, coût total après post-production : dix millions et demi – pour une idée de ce coût aujourd’hui, on multiplie communément par 9) a rapporté six fois ce qu’il a coûté (un peu moins de 4 millions d’entrées) à titre de comparaison, un film comme Avatar disposait d’un budget de 365 millions de dollars (en 2009) et en a rapporté (15 millions d’entrées) 3 milliards…) (pourtant,combien de fois plus merdique, vazy…).

Je ne voudrais rien expliquer, juste montrer : je crois bien qu’il s’agissait de mon douzième lustre et on (encore merci, mille fois)  m’offrit l’intégralité de la filmographie de Stanley Kubrick – un coffret, édité chez Taschen – treize longs métrages – treize disques laser dvd – plus un gros livre d’images et tout un appareil critique, dont l’entretien fleuve que Stanley Kubrick donnait au magazine Playboy d’octobre 1968 – j’en ai sélectionné quelques unes – je les pose en allant dans la chronologie du film – elles m’ont inspiré – peut-être dois-je dire aussi que, de ce film, les étudiant.es de maîtrise de cinéma et moi d’alors (1980 je crois bien) avons été invité.es par le prof (s’appelait Goimard, Jacques de son prénom, portait des costumes et des cravates de couleurs vives – les cravates, pas les costumes) à nous emparer toute une année durant – j’avais en charge de m’occuper des moyens de transports; pour d’autres, ce furent la religion, les repas, les moyens de communications, et les rôles, les effets spéciaux, le scénario, la musique, les dialogues, etc etc on en passe (ce qui inférait de voir le film un certain nombre de fois – mais j’ai arrêté de compter après dix) – je l’ai revu il y a quelques mois, avec le dvd sur un petit moniteur : ça ne vaut pas…

 

la première partie sera sans dialogue (comme les dernières) – avant notre ère – nous ne sommes pas encore redressés, l’un d’entre eux (ou elles, à ce point, pas encore d’études de genre) découvre l’arme, s’en sert et domine (ça veut dire qu’il tue) – dans sa joie de vainqueur il lance son arme au ciel comme s’il voulait le défier –

l’image passe de l’os (l’arme…) à la navette spatiale (Orion III) – qui va s’accorder (au son de la valse de Strauss – un si beau Danube bleu et un regard (pour moi) vers Claudio Magris) s’accorder disais-je à la station orbitale – c’était l’affiche première du film – on suivra un type quelconque qui souhaitera bon anniversaire à sa fille (interprétée par la fille du réalisateur) : l’intérieur de la station orbitale

ce n’est qu’une étape avant d’aller sur la Lune (les premiers pas de l’homme sur la Lune datent du 20 juillet 1969…) : un signal y a été détecté, l’homme est enquêteur (j’aime à le croire) – on a creusé pour chercher d’où vient ce signal, ici en bas, le creusement, la fosse, la mine

la découverte du (ou d’un ?) monolithe – image du haut : on (l’humanité) touche le monolithe

image du bas, le son explose, assourdit – cut – un an et demi plus tard

à bord du vaisseau Discovery – avec l’ordinateur (super-ordinateur -méga-ordinateur, tout ce que tu veux) HAL l’oeil rouge…

lui gouverne, les hommes suivent – mais il dévie (HAL tel est son petit nom), il se trompe – il débranche les cryogénéisés, (et les tue…) par mégarde peut-être (probablement pas : il veut prendre le pouvoir) – restent les humains : que se passe-t-il ? ils s’isolent dans une capsule de survie (ils ne veulent pas que HAL les entendent – on le croyait infaillible –

ils parlent HAL ne les entend pas mais les voit et lit sur leurs lèvres – on lui en veut

ENTRACTE

HAL profitant d’une sortie qu’il ordonne

tuera l’un des astronautes (ou cosmonautes – un humain en tout cas) – il en reste un cependant (Bowman se nomme-t-il) qui parvient à rentrer à nouveau dans le vaisseau

ce sera donc lui ou HAL – c’en est fini – magnifiquement rouge…

HAL chantera une comptine puis périra – carton

ici prend place une séquence, toute de couleurs de vitesses de cris de bruits de musique, psychédélique en diable – un parcours – sans dialogue – un chemin vers l’infini sans doute – mais où est-ce ? – loin – à travers les galaxies – loin de tout –  jusqu’à cette chambre – on retrouve Bowman – seul – brise un verre – seul : il regarde (image du haut)

dans le lit, c’est lui – en amorce droite cadre c’est lui – il se voit – il va mourir – il se voit  (et se voit voir) : le (ou un?) monolithe, là devant lui allongé, mourant – cette lumière

puis le foetus astral dans la* placenta qui regarde la Terre bleue, toute la vie, oh Suzy…

je le remets : ici tel est sa place

juste une merveille –

 

je me souviens de la première fois que je le vis, au cinéma Contrescarpe (ça n’existe plus) l’écran n’était pas grand, la salle comble et les gâteaux que nous avions mangé étaient à l’huile afghane – je me souviens, une merveille… (il y a cinquante ans d’ici)

 

Ce billet en spéciale-dédicace à l’hôte de cette maison (Kiki de Bayeuze) pour ses douze lustres – le féminin* de la placenta, pour Catherine Serre et sa Maison des Mues

sons de maison

Hier quelqu’une est sortie que je ne connaissais pas — je connais maintenant tous ceux et celles qui sortent entre deux clinquements de casseroles, la fenêtre du restaurant donne sur ma cour, et je suis souvent dans ma cour, je fais les cent pas, je réfléchis, je fume ma cigarette électronique parfumée à la pastèque, je suis abasourdie par la fleur du bégonia géant, toute blanche, que je n’ai pas vue se former, je suis curieuse des appendices en formation de mon pied de houblon qui est un pied femelle (« c’est une fille ! »), — Son nom Humulus lupulus vient du latin « humus » qui signifie « terre » et « lupulus » qui veut dire « petit loup » — ce sont de futurs cônes qui sont particulièrement beaux, qui seront bientôt  particulièrement beaux

mais n’en sont à présent qu’à l’étape de commencement, je suis aussi curieuse de la silène à fleurs doubles et des grappes qu’offre l’arbre aux faisans, mais peu importe, ce serait trop long de décrire un par un tout ce que j’ai mis en pots ici, l’idée est que je connais toutes celles et ceux qui sortent dans la cour qui longe ma cour, la dame à l’accent ukrainien qui me salue toujours avec intensité, le jeune homme assis sur une palette pour fumer, la jeune fille à lunettes très discrète, mais hier cette femme que je ne connaissais pas. Elle est sortie. Elle voulait prendre la lumière, ça se voyait. Elle s’est avancée au milieu de la cour qui fait aussi office de parking, avancée à un endroit où personne parmi celles et ceux que je connais ne s’avance. Elle a regardé les toits, le ciel. Elle avait l’air surpris de cette bataille dans le ciel, les mouettes qui par moment deviennent acariâtres, et bavardes et inarrêtables. C’était comme une découverte pour elle. Elle ressemblait à une femme qui n’aurait jamais vu de mouettes. J’ai eu envie d’être cette femme qui n’aurait jamais vu de mouettes et qui découvre.  Ensuite on a entendu des pleurs d’enfants. Cette année les touristes sont très nombreux. Il y a beaucoup de familles. Il y a beaucoup d’enfants. Il y a beaucoup d’enfants qui pleurent. Pas tout le temps, mais régulièrement, ça arrive, les pleurs. Comme une idée qui se rappelle à soi. Quelque chose qu’on aurait oublié. Et j’aime cette femme, parce qu’elle ne découvre pas les pleurs d’enfants, elle les connait. Elle quitte le clinquement des casseroles et les ordres donnés qui s’étendent plus loin que la fenêtre, et elle essaye d’attraper les cris, de voir d’où viennent les cris, ça m’a toujours ému les gens qui essayent de voir. On se tord le cou. On n’est plus tout à fait soi. On désire être transformé par les ondes extérieures. Les enfants pleurent aussi à cause de ça, de l’obligation d’être là sans bouger, d’être obligé de subir l’instant sans bouger, coincés dans une poussette ou collés à une main. Les parents viennent ici parce que c’est un endroit célèbre. Les enfants n’aiment pas la célébrité. Ils trouvent ça légèrement barbant. Aussi, je suis d’accord avec eux. Et les mouettes crient sur la célébrité des lieux et elles les recouvrent de fientes blanches, laiteuses. Elles n’en ont rien à faire de nos sarcasmes et de notre façon de nous habiller, à nous, humains, surtout le dimanche matin quand les cloches sonnent. Ici, quand les cloches sonnent, il y a beaucoup de jupes plissées bleu marine, beaucoup de gens qui sentent le savon et lancent un regard assuré,  déterminé, sans rien qui marque la surprise. Je crois qu’il y a deux camps ici, et je suis du côté des mouettes et des pleurs d’enfants, à côté de mon latin qui dit petit loup, petit loup, comme un surnom gentil qu’on donne.

Beau comme le monde

 

image d’entrée de billet : le port refuge de l’épave

 

les prises de vue sont réalisées à partir d’un téléphone portable – il s’agit d’un dispositif créé pour l’occasion d’un atelier d’écriture – « créé » est un peu trop dire – en tout cas à la faveur d’un abonnement offert au claviste/rédacteur au canard de référence (ça ne se dit plus) paraissant l’après-midi (ça non plus, il ne s’agit que de la version papier dudit organe – ça n’existe plus guère, c’est « à l’ancienne ») – ou de captures d’écran via le site de journal – l’organe de presse – dépêchons – sont donc sélectionnées une ou deux images du jour afin d’en illustrer un carnet (si on aime, on peut retrouver ledit carnet (numéro VII) ici) . À cette faveur (dont on remercie encore ici la généreuse bienfaitrice), fin juillet un article au sujet d’une espèce de fait divers – ceux dont notre monde est fait (pour partie, sans doute) – raccourci sur l’économie et l’état de décrépitude (disons) de ce monde de (sur)consommables/livrables/périssables : la vie (c’est trop dire) des pauvres objets manufacturés (on appelle ça la société de consommation – ça épuise la planète : ces jours-ci, nous avons consommé plus que la planète ne peut nous offrir et il nous reste cinq mois à vivre…) (sur les huit milliards peut-être d’êtres humains que compte ce monde, deux ou trois ne mangent pas à leur faim ni ne boivent à leur soif) (est-ce vivre ?) – ces prises de vue enregistrées sur internet sont accompagnées d’une légende rédigée en anglais (qu’on peut, au besoin dissocier de l’image, mais je la laisse) : comme c’est un dialecte terrestre que ne maîtrise pas complètement la rédaction, elle se fait aider du grand frère G : apparaît donc suite à l’image la légende et sa traduction (dans une autre police, qui n’est pas du fait de ladite rédaction) traduite (sans retouche). Les images datent donc des derniers jours de juillet, recueillies ici ou là.  

 

 

 

Le bateau se nomme Fremantle Highway (nous nommons les bateaux, nous leur donnons des numéros de coque, nous les assurons et les faisons naviguer joyeusement) (nom qu’on peut traduire par « autoroute de Fremantle« ); c’est sous pavillon panaméen (au Panama, comme au Libéria, l’impôt sur les sociétés équivalent à zéro) qu’il a le droit de circuler sur les mers et les océans de ce monde; l’armateur doit être quelque chose comme néerlandais, ou chinois ou japonais (c’est au Japon qu’il fut manufacturé, en 2013 – la nationalité n’a pas tellement d’importance; les droits de passage sont acquittés en dollars); il partit de Brême (Bremerhaven, à l’embouchure de la Weser), un jour de juillet 2023, il me semble (le 25 Juillet, vers quatorze heures – heure locale), et devait rallier Port-Saïd (le 2 août, mais non), au bout du canal de Suez (souviens -toi, il y a deux ans : le plantage d’un navire de 400 mètres de long – mars 2021 – retracé ici ) avant d’appareiller pour Singapour (du côté de Ceylan – Sri-Lanka, l’incendie du X-Press Pearl

– singapourien

il va couler, t’inquiète

voilà – 20 mai 2021 (186 mètres de long…) qui a brûlé pendant quatorze jours, à onze kilomètres des côtes – pollutions de terreur, à l’avenant) .
Ici il s’agit d’un cargo de 200 mètres de long, large de trente-deux, mu par un huit cylindres développant seize mille chevaux, quarante kilomètres heure (vingt-neuf nœuds), qui transporte des automobiles (jusqu’à plus de six mille quand même) : ce jour-là, elles étaient neuves et il en emportait près de quatre mille, dont quelque cinq cents à propulsion électrique (la mode de nos jours est d’équiper les autos de batteries au lithium qui aiment à s’enflammer quand on les a chargées à fond – d’un coup les voilà qui brûlent – une mode assez dangereuse, mais qui ne fait rien n’a rien non plus) (une incidence et on n’en parle plus : dans le massif central de ce joli pays, on dispose de gisements, semble-t-il, de lithium : on va réexploiter ça, hein – ça s’appelle la start-up naichionne, et ça vient en droite ligne du progrès, lequel comme on sait le mène, ce monde, en droite ligne aussi et directement dans le mur – c’est la seule solution qui nous reste : le mur, allons-y bon train s’il vous plaît – ou pas) (une autre incidence et on n’en parle plus : c’est pourquoi la plupart des dictatures construisent autour de leurs frontières ce genre de dispositif – l’abject quarante-cinquième président des États Unis d’Amérique avait aussi ce tropisme) (bienvenue sur Terre).

Assommés de chiffres – assommés d’images. Ici le garage des autos neuves, vu du satellite du grand frère G

l’espèce de gigantisme de nos jours (qui a la plus grosse?), là celui des containers (conteneurs si tu préfères) équivalent vingt pieds (contenu : un peu plus de 40 mètres cubes)

(il existe (semble-t-il) sur Terre à peu près 230 millions de ce type de caisses).
Or donc,  le vaisseau Fremantle Highway se met à brûler ce jour là, vers vingt-deux heures (temps moyen, méridien de Greenwich) (GMT) – les 23 membres de l’équipage sont hélitreuillés, l’un de ces marins meurt – les voitures brûlent – ici quelques images

TOPSHOT – This aerial photograph shows emergency boats extinguishing a fire aboard the Panamanian-registered car carrier cargo ship Fremantle Highway, off the coast of the northern Dutch island of Ameland. One sailor died and several others were injured after a fire broke out on a car carrier ship off the Netherlands on Wednesday, the Dutch coastguard said. Rescue personnel received a call shortly after midnight (2200 GMT Tuesday) saying a fire had started on the Fremantle Highway, a Panamanian-registered ship with 3,000 vehicles on board, about 14.5 nautical miles (27 kilometres) off the northern Dutch island of Ameland. – Netherlands OUT
(Photo by Flying Focus / ANP / AFP)
TOPSHOT - Cette photographie aérienne montre des bateaux d'urgence éteignant un incendie à bord du cargo cargo Fremantle Highway immatriculé au Panama, au large de l'île d'Ameland, au nord des Pays-Bas. Un marin est mort et plusieurs autres ont été blessés après qu'un incendie s'est déclaré mercredi sur un navire transporteur de voitures au large des Pays-Bas, ont indiqué les garde-côtes néerlandais. Le personnel de secours a reçu un appel peu après minuit (22h00 GMT mardi) indiquant qu'un incendie s'était déclaré sur la Fremantle Highway, un navire immatriculé au Panama avec 3000 véhicules à bord, à environ 14,5 milles marins (27 kilomètres) au large de l'île d'Ameland, dans le nord des Pays-Bas. - Pays-Bas OUT
(Photo par Flying Focus / ANP / AFP)

On ne peut guère remorquer le navire en feu non plus que le surcharger d’eau (sinon, il coule) pour éteindre l’incendie – on attend (oncommence par annoncer trois ou quatre véhicules électriques, puis le nombre monte à près de cinq cents)

This handout photograph taken on July 28, 2023 from the Coast Guard plane and released on July 29, 2023 by the Dutch coastguards, shows a fire aboard the Panamanian-registered car carrier ship Fremantle Highway, after a fire broke out on the Fremantle Highway late on July 25, 2023, killing one crew member, and prompting a massive effort to extinguish the flames. Towing of the cargo ship on fire off the coast of the Netherlands, with thousands of cars on board, is expected to begin on July 29, 2023, even though the fire has diminished in intensity, according to the authorities, who have been trying for several days to prevent an environmental disaster. An electric car is suspected of sparking the deadly blaze and officials said on July 28, 2023 that nearly 500 of the vil y a sans doute une façon d’envisager les choses vis à vis des incendies et des voitures qui gouverne ce type de billet –  ehicles were aboard, far more than initially reported. – RESTRICTED TO EDITORIAL USE – MANDATORY CREDIT « AFP PHOTO / NETHERLANDS COASTGUARDS » – NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS – DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS
(Photo by Handout / NETHERLANDS COASTGUARDS / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE – MANDATORY CREDIT « AFP PHOTO / NETHERLANDS COASTGUARDS » – NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS – DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS
Cette photographie prise le 28 juillet 2023 depuis l'avion de la Garde côtière et publiée le 29 juillet 2023 par les garde-côtes néerlandais, montre un incendie à bord du navire porte-voitures immatriculé au Panama Fremantle Highway, après qu'un incendie s'est déclaré tard sur la Fremantle Highway le 25 juillet 2023, tuant un membre d'équipage et déclenchant un effort massif pour éteindre les flammes. Le remorquage du cargo en feu au large des Pays-Bas, avec des milliers de voitures à bord, devrait débuter le 29 juillet 2023, même si l'incendie a diminué d'intensité, selon les autorités, qui tentent depuis plusieurs jours pour éviter une catastrophe environnementale. Une voiture électrique est soupçonnée d'avoir déclenché l'incendie meurtrier et les responsables ont déclaré le 28 juillet 2023 que près de 500 des véhicules étaient à bord, bien plus que ce qui avait été initialement annoncé. - RÉSERVÉ À UN USAGE ÉDITORIAL - CRÉDIT OBLIGATOIRE "AFP PHOTO / GARDE-CÔTES NÉERLANDAIS" - PAS DE MARKETING PAS DE CAMPAGNES PUBLICITAIRES - DISTRIBUÉ EN TANT QUE SERVICE AUX CLIENTS
(Photo by Handout / GARDE-CÔTES NÉERLANDAIS / AFP) / RÉSERVÉ À UN USAGE ÉDITORIAL - CRÉDIT OBLIGATOIRE "AFP PHOTO / GARDE-CÔTES NÉERLANDAIS" - PAS DE MARKETING PAS DE CAMPAGNES PUBLICITAIRES - DISTRIBUÉ EN TANT QUE SERVICE AUX CLIENTS
A thermal camera shows the cargo ship Fremantle Highway, on fire at sea on July 26, 2023. Coastguard Netherlands/Handout via REUTERS THIS IMAGE HAS BEEN SUPPLIED BY A THIRD PARTY. MANDATORY CREDIT. NO RESALES. NO ARCHIVES.
Une caméra thermique montre le cargo Fremantle Highway, en feu en mer le 26 juillet 2023. Coastguard Netherlands/Handout via REUTERS CETTE IMAGE A ÉTÉ FOURNIE PAR UN TIERS. CRÉDIT OBLIGATOIRE. AUCUNE REVENTE. PAS D'ARCHIVES.

ici une carte simplifiée qui montre l’emplacement où se trouvait le navire quand il se mit à brûler (ce sont des îles  situées au nord de la Hollande

fin de l’histoire : le bateau brûle toujours un peu mais on a la possibilité de le remorquer, on l’entrepose dans le port d’Eemshaven (Hollande) – c’est par là (pointillés rouges)un peu de géographie (zoom arrière) (le port d’attache, désormais, du navire est signifié du point rouge)

où il restera, dit-on,jusque’à la fin de l’année – (on attend que cesse l’incendie)

 

il y a sans doute une façon d’envisager les choses vis à vis des incendies et des voitures qui gouverne ce type de billet – les bateaux, les avions,les façons de parcourir le monde,celles de faire des affaires et du commerce – quelque chose de la vie humaine -non loin de la guerre cependant – contre le feu, le sel, les éléments – personnelle, cette façon, oui

Rois du monde

 

 

 

ce sont presque encore des enfants – le plus âgé prénommé Ra

sans doute le héros, hérite d’une terre appartenant à ses grands-parents – volée par les paramilitaires colombiens, puis aujourd’hui restituée

c’est une chance, pense-t-il, et décide de s’en aller avec ses amis – ils seront cinq et tout sera dans le voyage

ils partent clandestins sur un camion

tractés aussi par lui

puis libres

Ils foncent, rencontrent un vieil homme seul avec ses quelques chiens, il les héberge

et Ra s’explique un peu

mais seront-ils jamais tranquilles ? c’est assez douteux

Ils seront maltraités, s’en iront encore – en courant à travers champ – s’en iront

libres, sauvages

peu de temps – le rêve de liberté

conquise offerte désirée

mais introuvable – vaincue, toujours, par la violence, toujours

 

 

Los Reyes del Mondo, un film magnifique de cinéma et de Laura Mora

ici le dossier de presse augmenté du film-annonce, dont sont tirées les images posées ici, et d’une interview de la réalisatrice

 

méthodologie : 
Quel que soit le film, le mode opératoire semble sensiblement le même : voir le film, en apprécier le thème, la teneur, le genre, en rechercher les scories et les présenter das un ordre disons subjectif (je n’aime pas « subjectif » parce que  ça n’existe pas (cependant, je n’ai pas souvenir de la musique de ce film sauf quand il s’agit, pour les héros, de danser – image d’entrée de billet); je n’aime pas « scories » (bien que le mot me soit assez joli) parce qu’il réfère un peu aux ordures déchets et autres souillures qui infèrent un champ lexical disons en relation, certes, avec un certain marketing,  mais éloigné cependant des intentions créatrices, disons encore); je ne cesse guère de m’interroger sur ma pratique, ici, ailleurs, encore ailleurs mais le cinéma est un lieu de la culture (dans le sens  où cette dernière dispose d’un ministère – comme on en connaît de certain culte) qui me rapproche de ce monde-là, contemporain, j’y vis et je remercie (vraiment) de me trouver en cette ville magnifique aux plusieurs milliers de salles (même si je n’en fréquente en réalité que six ou sept). Pour dire ici, donc, que le matériel dont je me sers ne m’est pas spécialement convenable mais que j’en use parce que ce m’est le seul disponible (pour parvenir à exprimer quelque chose de relativement proche de mon appréhension des films, il faudrait les voir, les revoir prendre des images et les exploiter – à la table de montage pratiquement). Peu importe en réalité, ce n’est que ma vision des choses mais justement, avec mes excuses, ce ne sont que mes mots, mes images mais qui ne sont que « des » images, sans doute sorties de leur contexte (lequel est le plus puissant) et sélectionnées par une espèce de hasard qui tient sa validité de ce qu’en ont extrait des professionnels de la profession comme disait le sage mais sectaire solitaire de Rolle. Avec mes respects, mes hommages et mes remerciements d’avoir été jusque là. 

Alice

 

 

 

je me fais du souci – tout ça a quelque chose de très virtuel mais quand même – il va falloir organiser la captation pour Maryse – en vrai donc – imprimer les textes, voir de quoi il retourne, répéter ? peut-être – tout prend une ampleur indécise – le mot du jour (on s’en fout viens on avance), c’est justement A. qui a parlé de l’expo, et en a rapporté (je crois) le catalogue – même pas passés à la librairie – pas le début de la moitié d’un euro ETLC – je m’éloigne – ça ne fait rien, c’est mieux

 

quelque chose de spécial, une façon de montrer à la manière de la photographie (il y a beaucoup de portraits) – des idées simples et justes – radicales ? pas spécialement – la photo n’est pas qu’adossée au portrait, mais je mets cette image de Nadar et sa famille

et celle-ci de son frèreen Pierrot fatalement – quelque chose de moi – et donc peu d’images de ses œuvres à elle (mais elles sont dans le gros carnet images du gros moteur g) mais un air de famille

il y a eu cet événement dans la vie d’Andy Warhol

une exposition que j’ai beaucoup aimée

une femme lui tire dessus, six ou huit balles – terrible mais il en réchappe

disons qu’il s’agit d’un montage alterné si tu veux bien

(mais comment veux-tu avec ces manières-là que le féminisme comme on dit surnage ?)

trois
à la suite
j’aime cette maison – beaubourg (mais la témoin autant)

il y a cinquante cinq ans de ça – le 3 juin 1968, la fille a écopé de trois ans de prison, Warhol n’a pas porté plainte – mais lui a porté son corset le reste de sa vie (il est parti de ce monde le 22 février 1987) il y a cette toile

donc qui le représente – et par les baies

un bout d’Ircam, dédiée à A.

passaient le monde et la lumière

en vrai deux fois

un samedi de novembre – il faisait si beau il faisait si doux comme disait Jean-Roger Caussimon (non loin, son Sebasto sous le soleil, oui)

cette ville merveilleuse (on aperçoit un de ses nus) – deux images d’elle quand même aussi, ici avec son ami Sam Brody

yeux fermés encore

c’est à beaubourg (ça n’a certes pas besoin de billets de ce genre) jusque mi-janvier mais elle,

quelque chose d’une héroïne de Frank Capra

à l’entrée, à gauche, trois images format photomaton – pour elle oui – on peut croire, aujourd’hui, qu’avec me too (mais avec les meurtres de femmes d’Iran, et les rebellions qui s’ensuivent) espérer au moins un peu en l’humanité…

 

 

Rêver

L’agent fait un rêve. Il marche dans le hall d’un grand bâtiment, comme un immeuble de bureaux. D’ailleurs il a des collègues ici, qu’il va sans doute rejoindre. Seulement, il ne sait pas par où passer. Il y a les tourniquets qui demandent une carte magnétique, mais il n’en a pas. Il pose sa main dessus, et le tourniquet bascule. Il passe avec la honte d’avoir resquillé. Resquiller le travail, ça n’a pas vraiment de sens, mais c’est ce qu’il ressent. Il a peur de prendre l’ascenseur, non il n’a pas peur, il voit que l’ascenseur ne s’ouvre pas. C’est une porte avec une poignée, comme une porte de bureau. Quelle drôle d’idée pour un ascenseur. Et puis il est déjà dans l’escalier, dans les étages, c’est très difficile à gravir. Dans les escaliers il y a des gens sur des chaises de bureaux, en fait il y a des bureaux à même les marches. Tout est très confus, paroles dans tous les sens, on se bouscule. Un bref instant, il est dans le métro. Il y a des bureaux et des gens partout. Il arrive à un étage où il n’y a personne et il y va. C’est un supermarché dont les rayons sont quasiment vides comme suite à un souci d’approvisionnement massif sur tout un pays. Le plafond est délabré. Il voit l’immeuble de loin, depuis une colline, c’est l’immeuble où il est, et lui est sur la colline herbeuse et sèche, en plein soleil, et regarde l’immeuble. Il y a un risque d’attaque missile à tout instant, d’ailleurs le ciel est pluvieux maintenant, au-dessus. Mais en bas, face au supermarché, non, à l’immeuble, il y a un grand parking surchauffé de lumière. C’est étrange cet immeuble isolé eu milieu des steppes et collines, mais sans plus. À nouveau à l’intérieur, il sort de l’étage et rentre dans le restaurant du musée. Il y a des statues à vendre. Il a chaud. Quelque chose d’érotique couve. Il descend dans le cinéma qui est au sous-sol. Mais le film ne démarre pas. Il se cache avec une femme entre les immenses fauteuils et l’entend tout près de lui, sa respiration contre son oreille et son cou. Quelque chose va se passer. Il regarde sa jupe, la peau de ses jambes, mais le film ne commence pas, l’agent immobilier se dit que ce n’est pas éthique d’avoir un rapport sexuel avec une acheteuse dans un cinéma. Son érection est si forte qu’il a du mal à franchir les rangées de fauteuil pour partir d’ici. Il a une maison à vendre et doit retrouver l’étage où ça se passe. Il sait que s’il baise il va se réveiller. La jouissance est un lever de soleil. Pourtant, il sait que c’est un rêve, et qu’il aurait pu baiser, après tout. Il descend ou monte les étages mais trop de monde, trop de bureaux. Il cherche un interrupteur sur les murs recouverts de moquette. Dans la colline, l’immeuble reflète le soleil, ça l’éblouit. Il se réveille.

Le jour s’est levé, il fait clair dans la chambre de l’agent immobilier. Il se demande un instant où il est. Il n’est pas dans sa chambre mais dans le faux canapé Månstad, il a transpiré. Un rendez-vous va arriver, il entend une voiture se garer. Il va dans la cuisine, ouvre la fenêtre et sort. Il se faufile jusqu’aux piscines puis gagne une haie d’épineux, qui arrachent un peu son costume. Encore quelques minutes et il atteint un terrain vague qui longe la quatre voies. Il va dans l’autre direction, et s’enfonce dans les champs et les forêts.

Partir

 

 

 

un jour je m’interrogerai sur le matériel dont je me sers pour illustrer ces billets (qui est celui dont on dispose auprès des distributeurs, et donc destiné à être exporté auprès des publics potentiels putatifs conditionnels ou hypothétiques ou j’en sais rien) (il s’agit de science du marketing – le cinéma en est friand au point d’y consacrer (il faudrait que quelqu’un compte quand même) mais certainement au minimum le tiers du budget d’un film (quand même ce n’en serait pas la moitié) (il y a certainement ce genre de statistique dans les wtf écoles de commerce (à trente ou quarante mille l’année quand même) qui donnent envie de gerber) (je cesse ici mais n’en pense pas moins) – pas aujourd’hui 

 

ici une chanson qui n’a que peu à voir avec le film (pas certain qu’on l’entende d’ailleurs – c’est sans importance) (je pose Ray quand même en photo d’entrée de billet)

il s’agit d’une route, prise par l’aîné des deux fils d’un couple, il s’en va et jamais ne reviendra… N’en pas trop dire pour ne pas effrayer le petit (ils l’accompagnent tous – la famille (comment se passent les départs, définitifs ? Par la force ? la contrainte ?) ils l’accompagnent donc – c’est l’aîné

qui conduit la voiture, au début (une voiture de sport utilitaire – dont on tait la marque – prêtée par un ami). Il y a dans l’auto un chien (Terry, il me semble (au fond de l’image, dans le coffre)

qu’on a trouvé quelque part) – à l’avant la mère (formidable  Panthea Panahiha), à l’arrière le père (Hassan Madjouhni) et le petit frère (une espèce de star de série télévisuelle dans son pays, Rayan Sarlak) ici à l’image (reprise sur l’affiche du film)

(assez cabot mais semble-t-il vrai dans l’illusion – vrai semblant) le voyage

qui  s’effectue sous nos yeux ne conduit nulle part

– on parlera un peu ensemble (l’aîné avec le père)

ils partagent ici une pomme – sur la route qui conduit à l’exil permanent des enfants

– une terreur une seule voie de sortie – la famille qui a tout vendu

pour acquitter le prix de ce voyage – mais c’est pour vivre qu’il est parti

ou pour ne pas mourir

de l’espoir dans ce voyage

ces paysages magnifiques

et puis

politique absconse d’un état débilitant – mais c’est le leur – des films iraniens qui se font malgré tout – le moyen Orient à feu et à sang, pour son pétrole ? le monde actuel – aujourd’hui – un film réalisé par un homme (il est de 84) dont le père est interdit de tourner (Jafar qu’on aime aussi) – un humour et une douceur magnifiques

merveille sensible et tendre – des cagoules

comme le Kukluxklan, de l’argent, des tractations – et tout à coup, l’aîné aura disparu…

 

Hit the road un film de Panah Panahi

ici le générique

et la suite