d’un rivage à l’autre – épisode 18

 

ce texte, écrit suivant une consigne de l’atelier d’écriture hiver 22 de François Bon, tente d’élucider la réalité d’une des maisons de l’enfance (au vrai de deux, sauf que quand je connus la seconde, je n’en étais plus un, d’enfant) – c’est en cela qu’elle constitue un épisode du raku élaboré ici et auquel on contribue – elle se tenait au bout d’une allée de platanes centenaires, longue dans le souvenir, ombrée droite on apercevait au loin quelque bâtiment – il y avait là un chien, berger allemand, tenu par une chaîne – cette maison, celle d’un de mes oncles marié à une de mes tantes (fatalement : mais c’est un oncle par alliance, cette tante étant sœur aînée de ma mère) – il y avait dans la grande cour d’entrée où aboutissait l’allée de nombreux bâtiments, dont certains chaulés eux aussi avaient un toit arrondi, des chais ou des caves, où étaient entreposés les restes des moûts des raisins après les vendanges (je me souviens de cette odeur) qu’on nous dépeignait comme des endroits  maléfiques et sacrés (des sables mouvants qui engloutissaient quiconque avait le front d’y entrer –  le moût s’obtenait alors par foulage mais je n’y ai jamais assisté) – les cépages des raisins étaient le syrah et le cabernet sauvignon (noir), donnant des fruits mauve foncé – plus tard, vers la fin des années cinquante (ou le début des années soixante, je ne sais pas) après expropriation (avec dédommagement, je crois bien), cet oncle acheta une autre propriété du même ordre, (même cépage en tout cas crois-je me souvenir) située à une centaine de kilomètres au sud de Rome. Il ne fait pas de doute que les souvenirs mêlent les deux maisons en une seule et même pourtant différente et semblable aussi pourtant – blanche grande claire grandes fenêtres et voilages – je me souviens assez bien de celle d’Italie, j’y suis allé à l’été soixante treize, lors du voyage que nous avions entrepris, un de mes amis et moi, dans sa deux chevaux 

 

 

il y a une ombre, un fantôme, une goule, quelque chose qu’on cache – même si on cherche à (se) la cacher, elle réapparaît – c’est là et ça ne partira jamais – il y avait dans le milieu de l’escalier qui allait à l’étage, dans la courbe, un pallier où donnait une petite porte qui elle-même donnait dans un espèce de grenier – probablement une remise – un endroit où se trouvaient les objets au rebut mais à cette époque-là, on gardait les objets, c’était juste après guerre, on ne faisait pas encore dans le jetable le gâchis les déchets – on gardait peut-être bien tout et lorsque les gens étaient riches, ils gardaient ce qu’ils avaient acquis
“après-guerre” qu’est-ce que ça veut dire, laquelle ? plus on s’en éloigne et plus elle paraît illusoire, finie, défendue – elle n’a jamais voulu écrire, ni lire d’ailleurs : elle a vécu ces moments-là (elle est de 26) et plus tard les autres qui seront retracés plus loin

– partout des images – partout des portraits des gens (ou des lieux) qu’on aime sans les connaître –
des lieux, ici l’un d’eux
c’est une vue de Hammam Lif (une ville de banlieue par laquelle on devait passer pour rejoindre la propriété de F. (à Créteville – aujourd’hui c’est une prison)) (olives et vignobles) (devant chaque rang, un rosier) – c’est certainement là et ça hante (Hammam parce qu’il y avait là des sources d’eaux chaudes, thermes sans doute – Lif , ça veut dire la vie en arabe – ajoute un “e” et c’est la même chose en anglais) : de l’autre côté du mont Boukornine, là

 

cette maison-là était celle où vivait sa sœur – son étage où se trouvaient les chambres, les salles de bain et au milieu de l’escalier, dans son coude, ce petit pallier et cette petite porte (foncée de bois arrondie en son haut) – y retourner aujourd’hui et voir les deux canapés de cuir blanc qui se faisaient face, de part et d’autre de la table basse (verre sur fer forgé) sur laquelle elle posait un ou deux livres de photographies ou d’autre chose, devant une cheminée tellement inutile – sur l’avaloir vaguement oblique il avait installé un grand miroir vénitien qui mimait un soleil dont les rayons de bois dorés s’étalaient sur la presque totalité du muret

aucune idée de la façon dont ils emménagèrent – il a bien fallu qu’ils emménagent – il paraît que F. lui a fait une cour incessante assidue envoyant fleurs bouquets bijoux cartes et d’autres choses encore – on aime à romancer – il venait la chercher le soir vers sept heures chez ses parents dans sa décapotable beige sellerie de cuir fauve – il y a eu cette chanson bien plus tard, au sujet d’une femme, un homme qui lui disait

tu ne me trompes pas va |
avec ton cinéma hum hum |
ta robe et tes chaussures |
de la couleur de ta voiture |”

ils allaient dîner, au Kram ou à la Goulette, un restaurant de poissons juste au bord de l’eau
dans le grenier, la remise à laquelle on accède par une petite porte arrondie, au milieu de l‘escalier, au dessus d’une armoire il semble qu’on ait trouvé là des lettres, des photos et un cahier – la couleur de la couverture n’est pas précisée – dans un carton, on les a déménagés et on a remis à l’intérieur, sur la planche du bas, le carton dans l’armoire quand elle a été remontée en Italie

il y a eu les événements et il a bien fallu qu’ils déménagent – aucune idée de la façon dont ça a pu se dérouler – F. avait les cheveux gominés, noirs, peut-être peignés une raie sur le côté il sentait le vétiver et aimait les vêtements de cachemire et les foulards de soie – dans le souvenir il est impeccable, veste de lin doux chemise de couleur tendre sourire agressif sûrement – jamais réussi à savoir sa nationalité, Italie Libye Tunisie ailleurs encore, jamais su

la maison de Frosinone elle aussi était chaulée, on accédait à l’étage par un escalier extérieur : le premier étage était indépendant – vignes et oliviers, un rosier devant chaque rang de ceps – au loin, là-bas, la mer auprès de laquelle on mangeait des granites après le bain et la douche – citron ou fraise –

F. avait aussi la réputation d’être violent – avec sa femme – avec ses employés – certes c’était une autre époque – d’où viennent ces bruits ? comment se crée une réputation ? qui peut savoir ?  – longtemps peut-être durant une vingtaine d’années c’est là qu’ils vécurent sans enfant – il y avait dans la buanderie du rez-de-chaussée à laquelle on accédait par la cuisine, remisée cette vieille armoire, à l’intérieur des vieilleries – là le carton, il a bien fallu qu’ils déménagent les meubles – sa femme le traita ainsi qu’il l’avait mérité lorsqu’il s’éteignit (crabe au colon) (marrant comme les mots prennent un double sens) (il avait cet esprit plus ou moins colonial – ses employés l’aimaient bien, paraît-il – dans le souvenir, mais le seul vraiment présent (et probablement faux mais on s’en fout) il pelait sa pêche avec un couteau et une fourchette)

il a bien fallu qu’elle entrepose les meubles quelque part lorsqu’elle revendit la propriété à l’un des contremaîtres – elle ne pouvait plus supporter de vivre là elle n’avait jamais aimé ni la campagne ni la terre ni ces satanés vignobles – et encore moins ces oliviers tordus par les ans – et puis c’était trop loin de Rome – c’était vers la fin du siècle précédent je ne sais plus qui y alla pour déménager quelques choses ici ou là, reprendre le miroir, les objets auxquels il tenait, non, je n’ai rien pris de particulier* mais le carton est toujours quelque part, dans un grenier, une grange, le fond d’un garage – l’armoire a été remontée dans un appartement via di Ripetta au 22 je crois – elle a disparu, ce siècle avait cinq ans

il y a une ombre, un fantôme, une goule, quelque chose qu’on cache – même si on cherche à (se) la cacher, elle réapparaît – c’est là et ça ne partira jamais – partout des images – partout des portraits des gens (ou des lieux) qu’on aime sans les connaître (ici l’un d’eux)

 

* : mais si, sa montre, une Piaget automatique calibre 51 (le fond blanc en était cassé) (réparée, des chiffres romains y indiquent les heures, le 4 est s’écrit IIII)

l’été

 

 

 

 

dans le c’est pour bientôt d’il y a quelques mois on avait regardé le générique du « joli mai » de Chris Marker (1963) – ici de même celui de Chronique d’un été – ces temps-ci, Edgar vient de taper un siècle – Jeannot est parti (il avait vu ici (posée entre juin 16

(le numéro c’est 14) et août 17

la rue c’est Sarrette-Paris 14) le jour (31 mai 1917, maison natale) (il nous a quitté.es au Niger en février 2004) (fondateur du GREC (groupe de recherches et d’essais cinématographiques – 1970) et des ateliers Varan(1980) quand même aussi) (dans les années 80 il enseignait à la Sorbonne, un de mes profs) (non, mais le documentaire moi, parfois c’est non – ces temps-ci c’est la mode, encore moins donc – je suis une tête de mule, je sais) or donc

(c’est avec cet Anatole-là que Jeannot a crée dix ans plus tard, le GREC – grand producteur de la nouvelle vague, entre autres – on l’aime encore assez bien lui)

passe le monde (en plongée)

début des années soixante (le film a débuté, se déroule)

Marceline qui cherche du travail (et qui en a trouvé) – générique de fin

(on marquait le mot « fin » à la fin des films, tu te souviens?) (à l’ancienne) sur les Champs Elysées, image bougée tu vas voir(travelling avant)

le noir & blanc ou parce que je n’avais pas dix ans – un certain charme ? (remarque le parapluie, la pèlerine…)

(je ne suis pas certain, mais il me semble qu’il s’agit d’Edgar qui les remonte) (il va croiser ,peut-être, vendant son New-York Herald Tribune, la Patricia d’À bout de souffle) (peut-être)

(en 60, Edgar tape les 40 piges, Jeannot (il est de 14) près de 46)

(un ouvrier pour 3 étudiants) un autre dos, noir celui-là

(la classe comme générique, il me semble)

 

il me semble que c’est Jeannot de dos, là (les parapluies,les reflets…)

ces inconnus à qui Marceline demandait  » et vous, êtes-vous heureux ?  » parfaitement sérieuse

techniques, assistances

j’aime le cinéma mais jamais il ne m’a nourri – sinon spirituellement peut-être

par exemple aux techniciens, pour des raisons financières et de droit, on pose les prénoms (c’est ainsi qu’on les rémunère, qu’on les inscrits sur des listes, qu’on en fait des professionnels avec la carte…)

il m’émerveille mais j’agonis ses manières (la secrétaire en plus petit – c’est une femme c’est entendu)

de petits signes à peine perceptibles (lui avant elles)

on s’en fout, il faut y être au générique, c’est tout – mais dans un certain ordre –

kinotechnique, kézako ?

(André Coutant a inventé une espèce de caméra, c’est pour ça)

il pleut, tu as vu

on en termine

les auteurs (il faudrait parler aussi de Pascale Dauman, l’épouse du producteur, de l’un des producteurs (parler de Philippe Lifchitz), du fait d’intituler la firme Argos, de la (co)production, quelques années auparavant, du « Nuit et brouillard » d’Alain Resnais (1956), il faudrait remonter sous la pluie les Champs Elysées, l’été  peut-être…)

 

Chronique d’un été, un film (assez documentaire mais magnifique quand même) d’Edgar Morin et Jean Rouch

Ode simple

 

 

 

il y avait une chanson, c’était du temps de la maison bleue, qui racontait « c’est le début de mon histoire/bien avant ma première guitare/quatre ans après Hiroshima » (elle porte, à peu près,  le même titre) ce n’est pas simplement la raison pour laquelle ce film a quelque chose cependant, mais peut-être – au moins pour moi disons – mais aussi encore parce que ce titre pourrait ne correspondre qu’à une des trois époques qu’il raconte. Trois mois, peut-être, de la vie d’un homme. Commencer par le jeune âge, avec le grand-père, berger (on est berger de père en fils dans la famille, dira-t-il plus tard)

dix ans à peine, les mystères des sous-bois ou des soleils

une histoire simple, presque rien : une vie

des paysages somptueux – mais ça n’a pas d’importance, c’est le cadre simple de la vie – il se mariera

scène de lit, nuit de noce, puis le lendemain, s’en ira à l’armée – longtemps – (trois ans) on ne verra plus sa femme

mais il parlera aux goélands – test de Bechdel : zéro pointé : je ne sais pas : est-ce sans importance ? poser la question, est-ce y répondre ? – en tout cas, des marins, un monde d’homme, on lui propose de rester, de devenir officier, il fait celui qui ne comprend pas (ou il ne comprend pas, simplement) (un homme simple)  et puis, dernière époque

un berger, ses bêtes, son bâton – son travail – il a un fils, sans doute, mais on ne le voit pas – il parle au téléphone avec sa sœur, on ne  la voit pas non plus (on comprend que sa femme est partie, avec son enfant (peut-être) ou qu’elle reste au village tandis que lui reste en alpage – on ne sait pas bien) – pauvre sans doute, mais il mange, il vit, il se lève, s’ébroue – et puis sa sœur se meurt, il ira la voir

une carriole, une âne, la neige – une étape, il dort dans la neige – il se réveille, va voir sa sœur morte – revient et vit dans son champ

c’est tout.

Magique (musique et image parfaites).

 

Février, un film (Bulgarie) de Kamen Kalev (Fémis, promotion 2002)

Festival

 

 

 

 

non, il y avait cette émission de radio que je menais fin des années soixante dix qui parlait de cinéma, qui faisait gagner des places tu sais comment c’est une question, le premier arrivé (ou la première ne soyons pas chien) a gagné (je me souvenais alors de Campus, je n’aimais pas trop le hit-parade je n’avais pas de  préférence quant aux chansons mais j’aimais déjà Léo, Jean-Roger, Georges et d’autres encore – Pauline Julien et Mercedes Sosa – toujours aimé la musique et les chansons – et le cinéma : mais il n’y a pas que ça dans la vie – comme d’habitude je suis tombé là-dessus, et voilà que je pose ça ici, cette maison sera donc le témoin de ces agissements-là, d’alors – ce n’étaient que les débuts, réellement, de la vie rêvée du paix et amour – j’ai aimé cette situation sans la comprendre – c’était en soixante-sept – j’avais un ami plus âgé que moi qui roulait en Triumph Spitfire (ses parents étaient professeurs je crois, il était fils unique, habitait au 49 alors que ma famille vivait au 41 – c’était une amitié à la mode d’aujourd’hui, ses liens étaient lâches comme aujourd’hui les gens qu’on croisent ici ou là) – je n’avais pas spécialement de vie amoureuse, lui oui, sans doute dix-huit ans – un ami d’école de mon frère je crois – j’ai oublié – cette époque-là – mais il y avait à la maison le Highway 61 de Bob (lui était à l’hôpital après son accident de moto) et peut-être (à peine plus tard) A saucerfull of secrets (du Pink Floyd) – assez rapidement, sans doute lisait-il Rock et Folk (nous collectionnions alors les publicités pour automobiles sur papier glacé qu’on volait quand on ne voulait pas nous les donner) et il y a cette image-là surtout (Jimi Hendrix…) foutre le feu à sa guitare, un peu comme Miles Davis jouera dos au public –

c’était aussi l’époque des motos, on aimait la mécanique – on avait envie de vivre à en mourir sans doute – les Beatles avaient cessé de se produire sur scène (ça suffisait comme ça) (la jeunesse étazunienne mourait pour sauver Saïgon – bientôt on verrait Da-Nang, l’offensive du Têt le disputait déjà au napalm – ça mourrait, et moins d’un an plus tard on serait dans les rues – la péninsule ibérique était aux mains des ordures – en avril, cette année-là, les colonels prennent le pouvoir en Grèce, aussi – mais en ces trois jours de juin 1967, il y avait cette chanteuse magnifique, à peine connue (son nom ne figure pas sur l’affiche)- ah Janis Joplin …

la joie de vivre pourtant et l’amour de la musique, quelque chose de ce genre (le film de Pennebaker – un jour, il faudrait le voir quand même… – en porte encore la trace, le bonheur et la liberté – et puis le Buffalo Springfield et puis les Who qui détruisaient aussi leurs instruments de musique – mais tous les participants payés au même tarif ( rien) pour un concert gratuit (sauf Ravi Shankar dit la chronique) – quelque chose de l’été – Otis Redding n’avait pas pris ce maudit avion

qui le tuerait, en décembre de cette même année – des fleurs

des chansons de la musique et de l’amour – que rêver de mieux ? (il n’y avait pas non plus les Rolling Stones, on jouait gratuitement faut comprendre – mais j’ai l’impression que Brian Jones était là, comme Mac Cartney – on en a une image

quelque chose de la liberté et de la joie de vivre) – lui mourra dans une piscine dans deux ans, noyé – on sait qui ne l’a pas aidé à s’en sortir – toute une vie, toute une époque, une ambiance – Monterey Pop festival, les 16, 17, 18 juin 1967, voilà bientôt onze lustres, sur le champ de foire qui n’avait pas exactement sans doute le même aspect que celui-là

 

les images des chanteurs sont tirées d’un article trouvé dans un hebdomadaire vantant le coffret de 3 DVD du film de Donn Alan Pennebaker(chez Centurion), article dû à François Gorin.

 

Album (dispersion,… ) (7)

 

 

 

 

sait-on jamais ce qu’on est en train de faire ? je regardais ces images, un jour, j’ai continué (j’ai dû découvrir – si ça se trouve – une pile de magazines dans un coin (se fut-il agi de « Lui » ou autre joyeuseté plus libidinale, y aurais-je attaché (tant d’) importance ?) (je veux dire 7 billets, ça commence à faire) (je vais te créer un lien, t’en fais pas) (les visiteurs, les futurs acquéreurs, les passants, les oisifs (qu’ils – ou elles – soient femelles ou mâles) (on s’y perd, hein) les intéressés, les habitués et autres ectoplasmes planant dans les parages du lotissement ne m’en voudront pas, j’espère : je ne garde que ceux (et celles) que j’aime) (quoique parfois, je cède à l’actualité mienne) il y avait le goût du décor (comme au cinéma : longtemps ici, je parlerai encore de cinéma – notamment « Mon cher enfant », sans doute la semaine prochaine – on posera le billet quelque part entre la cuisine (où la famille s’alimente) et la chambre – dans le salon, le père consulte internet et facebook – mais nous verrons) – je récapitule, sur les oreilles je porte casque diffusant une musique que j’aime (rien ne peut, jamais, se passer sans musique) (je veux dire au cinéma – le film sans musique, c’est presque une honte – par exemple les frères Dardenne (qui produisent pour partie ce « cher enfant ») n’en posent guère dans leurs réalisations) – « Shine on you, crazy diamond » chante le groupe – et c’est ainsi que je commence

 

la légende est inutile (quoi que je ne sache pas qu’on reconnaisse ici le garçon) (je pose une étoile (*) laquelle renvoie à l’énoncé du nom de l’artiste – je ne vois pas qu’on le reconnaisse sur l’image)

je n’ai lu que peu de choses sur cet Anthony-là (je l’ai adoré, pratiquement, dans la Strada (Federico Fellini, 1954) ( la verve et la grâce de Zorba le grec (Michael Cacoyannis 1964))

les images viennent dans un ordre que je connais pas (il n’y en a pas) – ici, je reconnais que l’affaire est tremblée (ils sont sept et mercenaires (John Sturges, 1960) toute ma jeunesse sans doute (je l’ai vu au Pax) (la musique magique) – en numéro 2, Steve McQueen, avant dernier en noir Robert Vaughn – en premier le chauve Yul Brynner (et les autres, Charles Bronson, James Coburn (sans doute le dernier, là), Brad Dexter et Horst Buchholz) (c’était à A., rue des Otages, l’immeuble a été détruit, remplacé par un commissariat de police (partout et justice nulle part) (je dis ça pour aujourd’hui, 19 mai où ça défile dans la rue, envie de gerber) ici un chanteur

le premier (*) chanteur (ils font le même métier) était Julien Clerc – ici on a droit à Gérard Manset – (son Manteau Rouge) ah bah

Jacques Audiard (on vient de voir Dheepan, palme d’or à Cannes en 2015 – c’est pour ça – mais cette conjonction qui me fait frémir : le carnage de Charlie hebdo, de l’Allée verte Nicolas Appert en janvier : où en était-il, en montage ?) (entendu parler avec Michel Ciment) (et non, je ne l’aime guère – tant pis) un autre chanteur, Rachid Taha

(on aura remarqué que : 1. la nappe de la table de la salle à manger de la maison[s]témoin est jaune (il s’agit d’une toile cirée); 2. il n’y a encore que des représentations mâles)

hasard objectif, voici Simon Abkarian (qu’on avait aimé dans Djam) (Tony Gatlif, 2017) (un film gréco-turc…)  (un de mes héros que je croisais au tabac qui fait le coin de la petite rue (en impasse donc) où on trouverait un musée de la poupée – vers Rambuteau (impasse Berthaud) – s’il venait à l’idée saugrenue d’en rechercher un) un type extra – et voici, extra aussi, une réalisatrice, dessinatrice

on l’aime beaucoup, Marjane Satrapi (Persepolis, entre autres – prix du jury, Cannes 2007)

Léo et sa musique – je croyais que c’était à Monte-Carlo (où il naquit) mais non – c’est à Montreux – de la même manière je confonds : pour Marjane je pensait qu’elle était l’auteure (elle en aurait été tout à fait capable)  des Hirondelles de Kaboul (mais c’est Yasminha Khadra) (réalisé ciné d’animation par Zabou Breitman)

ah la la Maria Casarès… (après ça va être difficile, hein Mélanie…pfff)


ici dans le rôle de Marguerite (alors Antelme) Duras dans « la Douleur » (faut que je le lise, ça fait partie des  obligations) porté à l’écran (comme on dit) par Emmanuel Finkiel, (2017) mais je ne l’ai point vu – dommage ? je ne sais…

un chanteur, Christophe, « les mots bleus » et les autos de sport – salut l’artiste

et puis Blaise Cendras (cette image, ce visage qu’on ne connait que peu) (si tu veux que je te dise, c’est surtout pour ça, ces images, pour les reconnaître si par hasard on les croise) (dans la rue, ou au cinéma) (juste pour savoir que ce sont elles et eux)

quelque chose de la Révolution incarnée (on l’aime assez, encore, Adèle croisée aussi au bar-tabac de Jourdain, un jour – qu’est-ce que ça peut faire ?)

c’est Ingmar Bergman photographié par Irving Penn (merveilleuse image hein) (fait penser à ce matin où j’écoutai, avec le café, une photographe qui disait que « les stars n’aiment pas la photo » – elle les traque – comment aimer un prédateur ? comment vivre sans image de soi, aussi, quand on est actrice (ou teur) chanteur (ou teuse) – il faut fermer le poste avant sept heures moins cinq en vrai) – et puis

Marceline (Loridan Ivens) qu’on a déjà vue ici (ça ne fait rien) – et pour finir, l’une de mes héroïnes (il en est d’autres, mais elle, Anna Magnani…) (dans la Voix humaine, texte de Cocteau pour le théâtre – mise en scène Roberto Rosselini, 1948, première partie de L’amore)

magique

 

la photo d’entrée de billet est de Denis Pasquier.

 

Les divers billets (au nombre de six) qui constituent cette dispersion se trouvent ici.

 

Couleurs

(de face, c’est tout moi)

 

 

Je me souviens que lorsque je lisais la biographie de Nicolas de Staël

(ici Agrigente) j’avais été m’entretenir avec Marie-Claude Char pour melico (un site créé pour exercer et faire vivre la mémoire de librairie contemporaine, assassiné par un prince du discernement) – je me souviens parfois de choses diverses (il y avait aussi la bio de son René dans le même genre – par le même biographe, Laurent Greilsamer) ici des fleurs rouges

il y était question de la maison d’édition qu’elle avait créée (avec son amie Michèle Gazier) nommée des Busclats – je n’ai rien oublié  je sais que c’était au café du coin Bonaparte la place – ce n’était déjà plus le divan en face – depuis bien longtemps Marguerite ne vivait plus dans le même pâté de maisons – ici une fenêtre de Pierre Bonnard (et Jipé ne vivait plus au dessus non plus, depuis bien longtemps)

je me souviens qu’alors j’avais autant qu’aujourd’hui dans certains états mis mon âme – je ne parvenais pas plus qu’aujourd’hui à écrire – j’avais dans le tiroir des post-it – je voudrais parvenir à oublier, tu sais, mais non c’est là – c’est là, le chêne ou le taxus bagata qu’il avait planté pour les filles, et la fin abjecte assénée par son épouse (souvent j’ai désespéré de trouver quelque chose à écrire à ce sujet-là) – une autre fenêtre, de Guiseppe Abatti

alors bien sûr je vaque d’ici à là, parfois à tenter de retrouver Norma, de reprendre l’histoire du parc, tenter de retrouver le fil de la maison

je dispose des images, il m’arrive de les tailler un peu, j’en prends ici ou là, j’en vole j’en taxe – ici ce magnifique reflet dû à Nathalie Holt

je rapporte ici les images que je trouve dans les divers voyages que j’effectue sur les pas par exemple d’Olivier Hodasava – j’en prends parfois d’autres, je voudrais raconter des histoires en un sens – le bois

(ça se passe en Russie, du côté d’un bled nommé Briansk) (il pourrait s’agir d’un voyageur qui raconte quelque chose à un autre, lequel en fait part à un troisième) – ou les drapeaux (« c’est la voix des nations et c’est la voix du sang » disait Brel)

(Las Végas, les étoiles il y avait dans les soutes de Walt Disney un Diego de la Véga – Diego de l’Étoile, le Zorro du jeudi après-midi dans le poste) (nous n’avions pas conscience de cette guerre froide alors; nous ne ressentions pas cette peur qu’on explique parfois, encore aujourd’hui, de la bombe et de la troisième guerre mondiale : ce spectre s’est évaporé, nos parents y croyaient-ils ?) – ici ailleurs encore

(ce minuscule trait noir, bord cadre en bas à droite, cette marque, ce trait blanc : le premier (ou le second ?) manifeste du surréalisme indique en première page « la pensée ce trait blanc sur fond noir » (pourquoi pas bleu, pourquoi pas un aéronef, pourquoi pas celui qui nous amenait sur ce continent ?) des images d’étoiles

et de fleurs, bouquets joliesses et couleurs – une espèce en vie – un autre bouquet

je croise mes fantômes souvent, ici Violetta Para

et son « Merci à la vie » sans cesse chanté, fredonné dans un matin de soleil (ça ne fait rien, Victor Jara et ses quarante quatre balles dans le corps, ça ne fait rien « Le bouton de nacre« ),  il y a dans le cinéma cette foi et cette tentative de se souvenir et puis la lumière s’allume, on sort – pluie soleil nuit ou brouillard, le monde est là et du film il ne nous reste rien que ces quelques sensations sentimentales –

héroïne des temps modernes (au deuxième plan, le type badgé garde l’attitude de son genre, une femme porte à sa bouche souriante sa main fermée surprise, une autre – elle porte une statuette en main, un de ces césars qu’on attribue ce soir-là – semble sociale-traître – tu te souviens, social-traître ?) Adèle oui, merveilleuse héroïne tout autant – d’ordinaire (cet ordinaire-là qu’on cherche) mai commence vers le dix par Cannes (les accréditations de Béatrice, le studio de Claude Beylie, le jury où les élèves de la Fémis (et Renée Blanchard) ont une voix) et se termine par Roland Garros (il s’agit d’un aviateur qui le premier traverse la Méditerranée sur un monoplan, je crois que c’était avant-guerre) – oui voilà, c’était ça aussi, ce billet : la guerre (froide ou non) cette affaire d’hommes, n’est-ce pas ? Entend-on encore parfois un « ce qu’il leur faudrait, c’est une bonne guerre ? » – alors elle pouvait être bonne, et elle le redevient, la patrie la nation, il y avait cette tendance qui présidait pour poser ici des couleurs – ici c’est à Honfleur

certains vont jusqu’à se supprimer – faire partie d’un grand tout –  et puis les images et les écrits, alors j’ai gardé pour la fin, une fin bien éphémère, cette trahison et cette image qui fait monter la rage

(le sociologue Edgar Morin et Dominique Voynet pour compléter la légende) c’est cette semaine que ça a eu lieu – ici, dans ce si beau pays – et tu crois qu’on va oublier ? on sort de la salle (le film était bien), il fait doux, son bras au notre, on marche, il fait doux – on avance, alors – on avance sans trop rêver, sans trop se leurrer – il est tard pourtant – se hâter, oui, pour raconter et faire revivre ces moments joyeux – vive le cinéma ? – allez une dernière

 

la plupart des images des tableaux de Nicolas de Staël taxées chez le frangin

add. de dix heures du matin :
en même temps – ou du coup – ou en fait – ou voilà – ou genre _ ou en mode – ou jveux dire – ou j’allais dire – ou on va pas se mentir – ou bien d’autres choses encore, sur la photo d’entrée de billet que je repose ici

(les pieds des danseurs y sont coupés c’est pour ça) ils sont trois de face – on a juste à choisir (un indice : je ne porte de marcel qu’avec manchettes) (sauf à Rome, bien sûr)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

c’est pour bientôt (Le joli mai)

 

 

 

On aime la prémonition, comme on aime la fierté – Godard avec sa chinoise (1967) qui prémonitionne le prochain mai, ce genre de choses – « le blog est fièrement propulsé » ce genre d’obscénité de marché – je n’en ai pas regardé beaucoup (une demi-heure je crois – je l’ai vu en 80 et en entier) mais j’en avais apprécié déjà le générique – c’est un peu la moitié d’un film* que son générique, celui de début – en tout cas, s’il est réussi, c’est déjà très bien. On passe trois minutes de plans assez fixes, de ce genre

* : je me souviens que Allain Leprest disait qu' »une chanson, c’est 50% les mains » (c’est sans doute pourquoi Georges Brassens joue de la guitare)

(une silhouette, féminine – on ne sait pas de qui il s’agit (faudrait voir si elle est créditée au générique de fin – s’il y en a un) (je crois qu’il n’y a que le mot « fin » comme on faisait alors) – elle monte sur le faîte d’un toit, (des cloches, des sirènes de pompiers,un chant… (une voix, celle du récitant) elle s’arrête se tourne vers la caméra) on est fondé à croire (disons) qu’elle voit ce qui suit (des paroles de radio)

c’est Paris – on découvre donc une quinzaine de plans fixes, fumées et brouillards, ombres et lumières (« aridité et tendresse »)

on reconnaît assez vite le décor (n’est-ce pas)

enfin ça pourrait être n’importe où – cependant

un peu de Napo  haut de colonne Vendôme – et puis la porte Dorée

les ponts les métros d’alors

j’en oublie quelques uns (ici c’est peut-être la ligne Nation -Étoile (pas encore dédiée à Charly) par Denfert après le quai de la Gare) puis sera cadré le CNIT de la Défense

en ce temps-là, il y avait là-bas des arbres (c’est à soixante ans d’ici) – un panoramique vers le bas cadrera le Trocadéro

puis ce seront des ombreson décèle qu’on se trouve sur la tour Eiffel – (le récitant « c’est eux-seuls (les Parisiennes et les Parisiens) qui peuvent nous dire de quoi est fait Paris au mois de mai ») et débute le générique (accordéon)

(maison de production qui n’existe plus, créée en 1962) puis

le titre du film donc (durée deux heures vingt-trois)

(Pierre Lhomme est  un opérateur, Chris Marker un pseudonyme) les plans sont fixes, et on entend la voix du

(alors en pleine gloire, probablement aidant au financement du film)

(directrice de production, attachée à la maison Sofracima) puis ici

cette fonction qui est plutôt employée dans le vocabulaire de l’opéra ou de l’opérette (ce doit être la scénariste, probablement) (on indique sans doute par là le fait que le film du genre documentaire a quelque chose d’un peu différent de ses homologues) on continue

« tout est vrai » – puis

(c’est à cette fonction que Rouch et Morin avaient engagé Marceline (encore seulement) Loridan (avant de devenir Ivens bientôt) pour leur « Chronique d’un été » – ça donne l’idée de faire pareil pour cet autre) (on en reparlera) (je vais me renseigner sur ces enquêteurs-là)

(le cinéma est un truc de mecs)

ici la production

et là le montage (castratrices alors ?)(ce sont des images animées : passe la DS, une autre entrera)

(le crédit aux marques et aux puissances de production techniques)

le visa d’exploitation obligatoire et la profession de foi

(la guerre d’Algérie et les accords d’Évian (mars 62) c’est du passé) et le film peut, à l’ombre de la tour, commencer…

 

 

(graphique en diable : l’année précédente, c’était « L’année dernière à Marienbad » (Alain Robbe-Grillet, 1961) lion d’or à Venise, encore un auteur (comme Marguerite Duras) qui passe à la réalisation et au cinéma (au vrai pour le détruire – dit-elle) (il faut toujours continuer à se battre…)

On espère en ce prochain joli mai…

 

 

en dédicace à Pierre Grunstein (il habite pas loin – je me souviens de « Tess » – son fils (je me souviens de la pelouse et de la Pléiade) et sa fille, en face)

 

 

 

 

(pas de) silence radio

 

il existe des pays de par le vaste monde (il est vaste, tu sais) où les choses vont très mal – ne pas trop regarder de l’autre côté du mur (on a bon espoir, même si on reste cloîtré chez soi) (je suis à la campagne – mais dans la maison[s]témoin quand même – faudrait pas croire qu’il n’y a personne : tout le monde est là, comme on sait) (j’avais l’intention de sortir mais apparemment c’est fermé…) reste le cinéma donc – ça se passe au Mexique (t’en souvient-il de ces quarante-trois étudiants enlevés puis tués sans qu’on en sache grand chose ? eh bien c’est en cette contrée-là que les choses se passent) – ces affaires sont horribles – il y avait un journaliste qui enquêtait, ils l’ont tout simplement tué

on reconnaît son chapeau : Javier Valdez Cárdenas

quelques coups de feu

ces choses-là révulsent. Une journaliste de radio, Carmen Aristegui, est l’une de celles pour qui cet assassinat montre la réalité du pouvoir mexicain. Le film raconte comment après avoir été chassée de son travail (journaliste à la radio), elle reconquiert une place pour parler de ce qui se passe dans ce pays-là. Grâce à internet. Ici lorsque à l’antenne elle apprend la mort de son ami

je ne dispose guère d’images que du film-annonce mais je les pose ici – les gens se battent, c’est pourquoi on les aime

mais aussi parce qu’ils (elle en l’occurrence) nous donnent le courage pour affronter les temps aussi minables qu’ils soient. On attend quand j’écris, là, de savoir ce qui se passera dans « la plus grande démocratie du monde » quant à son président : espérons qu’il soit capable de donner à son pays les moyens de comprendre les autres. Le précédent président de ce Mexique est en but à toutes les exactions mafieuses, il apparaît ici entouré de toute une cohorte de sourires – cette image…

c’est cette histoire-là, faite de pots-de-vin et d’intimidation, de meurtres et de tortures, cette histoire qui est dévoilée – le film documentaire intitulé « Silence radio » est scandé d’images d’une route

il établit la réalité de la vie de Carmen : comment elle reprend pied, comment aidée de quelques ami.e.s (et ses millions d’auditeurs) elle recommence et reprend la possibilité de faire son travail (journaliste de télévision alors)

on la voit marcher, avancer convaincre, revenir – une force et des alliances. J’ai adoré lorsque le rédacteur en chef de son émission dit

« personne ne mérite de mourir pour son travail » – personne en effet – garder espoir – le vote des gens de peu fit tomber le bellâtre

des gens de peu : ici un qui vend des choses au milieu des embouteillages de Mexico, la route les lumières le monde moderne

ne pas perdre espoir et continuer – comme disait Léo « à l’école de la poésie, on n’apprend pas… on se bat ! »

un documentaire comme on les aime

 

Silence radio un film de Juliana Fanjul

 

 

 

 

les fenêtres allumées, les alarmes et les courageux protecteurs

 

j’ai mal dormi
sommeil entrecoupé
à chaque fois que je reprenais pied dans le monde semi-réel de la nuit, même pour quelques secondes, je pensais à des choses pragmatiques, des bricoles, le jour, quel jour ? le nom du jour et la lumière de la salle de bain des voisins dont la fenêtre fait face à la fenêtre de notre chambre, allumée, encore allumée ou déjà allumée ? je pensais, je me disais que ce qui se voit (la lumière venant de la fenêtre de la salle de bain des voisins) ne se limite jamais à ce qui se voit, car derrière cette lumière, à cet horaire, il y avait peut-être un sommeil entrecoupé là aussi, ou un réveil difficile, besogneux, une difficulté à s’extraire des draps, car je sais qu’ils travaillent (les voisins) tous les deux au contact, réellement au contact, cas contact, il y a une inquiétude sur ce qui fait contact et qu’on peut contacter, ça se devine aussi entre les fentes des volets la nuit
un autre moment j’ai pensé aux concours pour chiens
ils sont présentés côte à côte, tous de la même race, tous les mêmes poils, la même silhouette et la taille au garrot identique, on compare leur allure, celle au repos et celle au trot, on mesure l’écartement entre leurs yeux, le retombé de leurs oreilles, la tonicité de leur queue, la clarté de leur globe oculaire et on décerne un prix au chien dont les qualités, musculature, vivacité, correspondent à ce qui est inscrit sur la fiche officielle, la fiche de référence avec le tarif officiel qui décrit la norme officiellement admise et j’ai pensé que s’il n’y avait pas de prix pour les feuilles d’automne ou pour les flocons de neige ou pour les astéroïdes c’était sûrement un oubli, car si les feuilles d’automne les flocons de neige et les astéroïdes pouvaient être réunis dans une grande salle des fêtes pour être triés répertoriés mesurés comparés on trouverait très vite le meilleur flocon de neige, le plus beau, le plus méritant, celui qui correspond le mieux au standard officiel avec son décor officiellement admis, et au lieu de penser que c’étaient des divagations de 04h37 du matin ce que je pensais, j’ai pensé que c’étaient des alarmes, des signaux, peut-être des signaux de détresse, enfin j’ai surtout pensé que le jour où il n’y aurait plus de concours pour chiens, même si cette nouvelle peut paraître au premier abord assez périphérique, ou anodine, donc ce jour où, faute de participants, ou faute de volontaires pour les organiser, il n’y aurait plus de concours pour chiens, ce serait peut-être le symptôme, le symbole, la petite preuve cachée entre les fibres du tapis qu’on est passé à autre chose, nous tous, nous tous je veux dire en tant que société, ça voudra dire que nous serons passés à quelque chose de plus vorace, de plus déterminé, de plus monumental du verbe vivre, de plus plus, de plus précieux et infiniment apaisé que ce médiocre, que le médiocre des comptes d’épicier qui tuent
parce que j’y crois, il y a des liens entre les choses, la façon de penser débouche sur des actes débouche sur des décisions débouche sur des organisations et des distributions de paillettes, de rance, de tristesse des encombrements
ce sont des encombrements, ça encombre la tête ces récompenses fardeaux, ces rubans premier prix de vaches charolaises et j’ai même envie de dire, mais c’est cocasse, que dans un monde comme ça nous sommes toutes et tous des vaches charolaises, un peu
lorsqu’on comptabilise, organise, labellise, hiérarchise, lorsqu’on fait du pyramidal, lorsqu’on met en avant dans la vitrine cette norme au lieu d’une autre, on oublie totalement les astéroïdes, ce qui est contre-productif, je veux dire contre-inventif puisque c’est d’eux qu’on vient
et les flocons, il faut juste prendre quelques secondes pour regarder, mais regarder vraiment, réellement, à quoi ressemble un flocon de neige, sérieusement
c’est peut-être ça qui s’est passé cette nuit, je veux dire dans ma nuit, l’arrivée de décors de flocons de neige dans mon rêve et comme ils sont puissants, très puissants, rétifs aux tarifs gélifiés de tonicité d’oreilles tombantes et de musculature, ils restent, s’installent, demeurent, ils flottent en filigrane tout au fond de l’iris
donc quand je dis j’ai mal dormi je me trompe peut-être, peut-être que j’ai bien dormi, amis, amies, astéroïdes et voisins courageux protecteurs du sommeil

d’un voyage à l’autre #7

 

 

ne pas perdre les bonnes habitudes – j’aurais du faire illustrateur comme je l’entends c’est à dire sans doute plus iconographe – mais c’est égal, j’illustre – la plupart du temps ce sont des commentaires (longtemps j’ai suivi la route du petit journal) – c’est de concert qu’on voyage – ici quelques images posées en commentaires des textes d’ateliers d’écriture (François Bon, Pierre Ménard, L’aiR Nu) (ce dernier n’est pas vraiment un atelier (j’aime beaucoup la photo de la préfecture

j’aime mieux encore son contrechamp

surtout ce sac jaune, en bas) mais peu importe la structure si on peut dire l’important reste (et gît) ailleurs (dans ce quartier, mais rive gauche, la rue Gît-le-Cœur depuis toujours à Paris que j’aime aussi même si elle évoque à présent M. qui se jeta un jour du pont et en mourut) (rien n’est jamais tout noir non plus,comme on sait) et donc ici des images gardées prises posées données plus ou moins pour marquer qu’on est passé (les histoires de commentaires forment un peu ma présence, mon existence, mon absence – enfin un peu tout de ces écrits laissés ici ou là – dans cette maison qui en est le témoin) (un long article foisonnant ou pléthorique, c’est selon, existe encore ici) (parfois je me dis c’est juste un jeu) (et en effet)

récapituler : (jamais été à Los Angelès, désolé) prendre le San Vincente Boulevard direction la plage de Santa Monica, tourner à droite dans Santa Catelina avenue, et à droite  la cinquième impasse du lotissement (il y en a dix huit des impasses dites « drive » d’Helena) (là où s’est éteinte Norma Jean Baker – une chanson de Serge Gainsbourg – dans la nuit, vers quatre heures, du cinq août soixante-deux) (la 19 mienne)

la septième avenue à New York au 177, le club de jazz où Mingus (je ne sais plus) (à un moment chez Pierre Ménard) (en tout cas avec ces instances, on est assez tétanisés, non ?) (non, ça n’a rien à voir mais les voyages et les déplacements…)

c’est l’oiseau sur cette espèce de petit pylône – on se demande (pas réussi à le déterminer) s’il est vrai (il se trouve devant une sorte de soucoupe volante (c’est un cinglé qui tente d’accueillir les extra-terrestres) plus loin, un monument aux morts

mais le drapeau étazunien ainsi que celui posé sur la Lune – des images posées pour Dreamland de l’ami Olivier – j’illustre en commentaire du rezosocio – enfin de l’un d’eux –

on est en Italie,un lieu sacré, des hommes discutent – à nouveau l’Italie,mais Milan

au fond c’est le Dôme, une petite rue piétonne, au 4 se trouve une agence plus ou moins immobilière –  elle fait partie de la fiction qui s’est emparée de mes textes d’atelier d’écriture

à nouveau, le 4, la rue Ugo Foscolo (un poète je crois bien) et encore

tourner autour – j’ai suivi aussi cette image pour un épisode des îles numériques (une nouvelle rubrique, disons, du collectif l’aiR Nu (qui veut y participe en suivant ce lien) ici Jussieu la tour soixante-six qu’on ne voit pas, derrière un arbre

des souvenirs – et continuer à tenter de survivre surtout – des difficultés – il se peut que cette suite d’images ne signifie que peu – ici un quai d’embarquement de ferry au nord de la Norvège

où se déroulent des histoires racontées par un des participants (Laurent Peyronnet) (on peut y aller voir et il y a à lire…) un autre quai, sans doute l’arrivée

souvent les animaux et les gens guident le cadre (la même décadrée)

et on oublie, on voyage, à peine, mais voilà qui nous change un peu

de notre condition, de nos habitudes et de nos décors familiers

je récapitule, j’essaye de survivre – ici sur le bac reliant je ne sais plus où aux îles Lofoten je crois bien – j’avance ?

ici un des mouchoirs trois tas dans l’armoire chez Géraldine Queyrel (sculpture au point de Bayeux due à Christine Jeanney (lire ici) (ou ailleurs) –

du cinéma (chez madame Caroline Diaz) (Jean Desailly en plus ou moins fourbe, Françoise Dorléac en moins ou plus hôtesse de l’air – et cette peau douce…) – le cinéma, oui (illustrations aussi chez Lucien Suel pour ses poèmes express sublimes – forcément) (par exemple Barbara Loden dans son propre »Wanda »  (1972))

d’autres choses encore : ce rapprochement opéré par le Notulographe pour son invent’hairon  voit mal mais l’image de gauche est due à Maryse Hache (9 juillet 2011) dans son Orsay si paisible –  une image  de  Dario  Fo prise ici ou là : ça se suit,  ce n’est  sans doute pas sans raison

le rire, les clowns – des images aimées

Ah Mano Solo… il chante cette chanson magnifique « Les Gitans » cette merveille… et puis c’est une histoire qui finit mal -et celle de son père pire encore – mais on n’oublie pas pourtant le grand Duduche –

et Valentina Cortese, merveilleuse milanaise, actrice rappelle-toi « La nuit américaine » (re Truffaut comme quoi…) (elle s’en allait à l’été 19 -elle était de 23 quand même stuveux – à un moment ça va bien aussi) (elle aurait bien fait Norma j’ai l’impression) j’oublie, j’en termine avec cette plage du côté de la Floride (on espère que le fumier s’en ira des US – viré – salaud)

beaucoup d’images automatiques (ça ne change pas grand chose)  quelques merveilles du monde – et tenir et se battre. Pour finir cette image de Gênes, 2001.

Tenir. Et courage