dans la série « on sait s’amuser » les automobiles (et leurs chauffeur.es) (encore que, question genre, je ne suis pas certain de la nécessité de l’inclusive – il faut, cependant s’y faire) les automobiles donc tiennent une place de choix – on peut les collectionner, on peut les faire rugir comme des fauves, rouges vertes bleues jaunes on peut les mettre en concurrence, elles peuvent être performantes et efficaces (pas trop flexibles, c’est vrai) rapides souples véloces que sais-je mais ce sont des choses, des objets inanimés peut-être mais mobiles et sonores. Ce sont sans doute des qualités aux yeux de ceux qui les servent. Moins à ceux qui les voient passer devant leur jardin.
On n’a pas opté pour le dispositif précédent
– foin des voiles, voilages et autres tulles – ici les images seront nettes – je les pose dans l’ordre où elles me sont apparues (ou presque)
ici un capot – réalisée sans intention, mais automatiquement par l’appareil lui-même – la suite est plutôt due à un opérateur –
la nuit précédente j’avais fait ce rêve étrange et pénétrant d’une femme inconnue et que j’aime et qui m’aime et qui n’est chaque fois ni tout à fait la même ni tout à fait une autre et m’aime et me comprend – en vrai ce n’était pas celui-là
souvent on s’imagine que les choses sont simples
mais en réalité non, elles ne le sont pas : j’avais rêvé que je gagnais vingt mille euros au loto
le truc c’est que je n’y joue pas – c’est toujours autant de gagné, c’est vrai aussi –
tout le monde peut se tromper et a droit à l’erreur
c’est sans intention – juste marquer le fait que les autos roulent, comme les tracteurs qui voient leur carburant moins taxés c’est vrai aussi mais qui p(oll)uent tout autant
je me suis dit, donc, je vais prendre ces numéros
et les jouer
car c’est bien ainsi que procède le loto
patatras
celui-ci est manqué et celui-là inutile
suivi de son serviteur qui balle les ballots ronds
il m’est venu à l’esprit que je ne savais pas jusqu’où allaient ces chiffres
est-ce que ça a de l’importance ? on voit cependant (je ne crois pas en cette importance, non) on voit qu’il y manquait le soleil
non celle-ci ne compte pas non plus – les autos sur leur parcours de liaison se doivent de ne rouler qu’à moins de cinquante à l’heure (certains se privent de cette joie)
(et se trouvent s’ils se font prendre, sanctionnés dit-on) à l’intérieur des villages – la veille au soir la « spéciale » se déroulait à quelques kilomètres de là en empuantissait tout l’espace – puis cessa enfin ce bruit infernal –
je crains que l’affaire du jeu ne soit mal partie – je ne tente rien – je garde le rêve
il y a de cela plus d’un demi-siècle les voitures paradaient en bas des côtes, faisaient des courses aussi, sortaient de la route, fauchaient parfois un badaud ou tuaient leurs serviteurs – ça se nomme les sports mécaniques – la mécanique était une discipline que je voulais embrasser vers treize ou quatorze ans – j’écoutais les bruits d’échappement, reconnaissant ici une carburation mal réglée là un bricolage pour une plus grade efficacité – le matin, je m’étais mis à nettoyer la grille qu’on aperçoit (la barrière) sur les bords des cadres pour, en quelque manière, obtenir un bénéfice secondaire de la vision de ces petits bolides (car ce sont, pour la plupart, à ce que j’en ai vu, des petites cylindrées) et ne pas déchoir à mes propres yeux (à mon âge tout de même, regarder passer des voitures a quelque chose qui ressemblerait au regard flou du bovidé au passage d’un train) – cette espèce de ballet peu réglé s’est poursuivi tout l’après-midi – le bruit, l’enfer, les klaxons et la course qui se terminait au soir sur la place centrale de la petite ville – une fête, un gagnant, du champagne, une animation – ailleurs sur terre on meurt de faim ou de guerre, les incendies consument les forêts, ici en fin de semaine, on s’amuse – on sait s’amuser