derrière le rideau

en exergue une voiture bleu clair de collection

 

 

 

Ces images sont posées dans le garage (d’ailleurs ça rime)

Elles sont produites suivant un mode opératoire explicité dans la suite

Ca ne sert pas à grand chose

sinon à montrer le passage

du temps et des autos

Elles sont postées ici dans la chronologie des prises

à un moment une certaine lassitude

peut-être

fait qu’on change de point de vue

on évolue en légère plongée

il me semble qu’à sa fin touche l’après-midi

des objets vieux de plus de trente ans

j’en ai manqué d’innombrables (il devait y avoir plus d’une centaine de ce qu’on peut s’enhardir à nommer des exposants) on les distingue à peine

la recension n’a rien d’exhaustif (ça n’a pas prétention à vanter ou magnifier valoriser ou sublimer)

la profession parle de modèles et de segments – il y a quelque chose comme un goût passé, ces engins n’ont-ils pas depuis quelques années mauvaise presse ?

mais c’est aussi qu’ici on ne pourrait s’en passer – on les garde,  on les entretient, on les expose, on les montre, on en tire une certaine fierté même s’ils ne sont plus à la mode (celle des trente « glorieuses » et du capitalisme triomphant)

conduites intérieures ou libido technique

faire du bruit, et prouver qu’on existe

un après-midi à la campagne

moteurs odeurs pièces détachées méthodes mécaniques changer remplacer ourdir regarder comparer évaluer

retrouver des amis des camarades aux mêmes passe-temps

mêler le déplacement aux visites des sites remarquables, camper, s’arrêter sous les étoiles

estafettes ou bus – Goa ou Katmandou – ces destinations des modes « paix et amour »

de longtemps oubliées

 

 

Il s’agit de trois plans fixes : trois points de vue très semblables – on se poste devant une fenêtre (ou derrière, selon le sens qu’on veut donner à cette place) qui donne sur la route – et lorsque se fait entendre un bruit d’automobile, on déclenche sans le pressentir plus que le claquement du doigt – l’image donnée se trouve emprisonnée, premier plan un rideau, second une fenêtre et ses verres transparents, troisième la route sur laquelle se fige l’automobile qui est déjà passée s’est éloignée a fui vers un destin inconnu, quatrième un mur une grille bleue une haie surélevée constituée de troènes jaunes (ce quatrième plan n’apparaît pas sur tous les clichés – c’est un dispositif qui peut se prêter à n’importe quelle fin, mais en l’occurrence, l’un des bouts de la rue est occupé, sur la droite, par un pré, une salle des fêtes (inutilisée pour cette occasion) plus un parking d’une bonne centaine de places bordé par des haies de petites taille entretenues par les services municipaux puis la route court au sud (en bordure se trouve une petite chapelle dédiée aux soldats, pour la patrie morts lors de la première guerre mondiale) (elle aussi sans utilité précise – sinon symbolique – pour la manifestation). Car il y a ce dimanche-là manifestation. L’autre côté de la route va filant au nord vers le centre du bourg et la route principale. On connaît peut-être l’appétence du rédacteur-preneur d’images, parfois dévoilée, pour les automobiles, notamment celles qui hantaient certains rêves alors qu’il pensait, pauvre être naïf, que ces choses-là disposaient de quelque chose comme une espèce de caractère, peut-être animale – ou du moins doté de quelque sentiment (eh oui) pour celui (ou celle) qui, d’un volant assuré et de pédales, leviers et autres instruments idoines, boutons poussoirs, manettes pivotantes qu’on attire à soi ou qu’on éloigne, commandés d’une parfaite dextérité (à main gauche aussi), les fait se mouvoir élégamment sur les routes. Il existe même des gens pour en collectionner : cette manière d’occuper son temps (et probablement son argent) est revêtue sinon certifiée d’une certaine utilité par les pouvoirs publics puisqu’ils en autorisent et l’existence et les mouvements par l’attribution d’une plaque minéralogique (fond noir, caractères (et donc numéro) chromés) laquelle plaque permet à l’utilisateur.e, par exemple en capitale, de circuler à certaines heures pâles de la nuit ou des fins de semaine – et même parfois durant de plus larges plages horaires. Il y a donc là vingt-quatre éléments qui se suivent et se ressemblent – je ne suis pas certain de l’utilité de cette publication mais, comme dirait un de mes virtuels amis : ça fait ventre. C’est par ailleurs sans malice qu’on trouve vinqt-quatre images ici, soit une seconde de film de cinéma – un billet qui ne dure que  cet espace, sans doute 

 

2 réflexions au sujet de « derrière le rideau »

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