derrière le rideau

en exergue une voiture bleu clair de collection

 

 

 

Ces images sont posées dans le garage (d’ailleurs ça rime)

Elles sont produites suivant un mode opératoire explicité dans la suite

Ca ne sert pas à grand chose

sinon à montrer le passage

du temps et des autos

Elles sont postées ici dans la chronologie des prises

à un moment une certaine lassitude

peut-être

fait qu’on change de point de vue

on évolue en légère plongée

il me semble qu’à sa fin touche l’après-midi

des objets vieux de plus de trente ans

j’en ai manqué d’innombrables (il devait y avoir plus d’une centaine de ce qu’on peut s’enhardir à nommer des exposants) on les distingue à peine

la recension n’a rien d’exhaustif (ça n’a pas prétention à vanter ou magnifier valoriser ou sublimer)

la profession parle de modèles et de segments – il y a quelque chose comme un goût passé, ces engins n’ont-ils pas depuis quelques années mauvaise presse ?

mais c’est aussi qu’ici on ne pourrait s’en passer – on les garde,  on les entretient, on les expose, on les montre, on en tire une certaine fierté même s’ils ne sont plus à la mode (celle des trente « glorieuses » et du capitalisme triomphant)

conduites intérieures ou libido technique

faire du bruit, et prouver qu’on existe

un après-midi à la campagne

moteurs odeurs pièces détachées méthodes mécaniques changer remplacer ourdir regarder comparer évaluer

retrouver des amis des camarades aux mêmes passe-temps

mêler le déplacement aux visites des sites remarquables, camper, s’arrêter sous les étoiles

estafettes ou bus – Goa ou Katmandou – ces destinations des modes « paix et amour »

de longtemps oubliées

 

 

Il s’agit de trois plans fixes : trois points de vue très semblables – on se poste devant une fenêtre (ou derrière, selon le sens qu’on veut donner à cette place) qui donne sur la route – et lorsque se fait entendre un bruit d’automobile, on déclenche sans le pressentir plus que le claquement du doigt – l’image donnée se trouve emprisonnée, premier plan un rideau, second une fenêtre et ses verres transparents, troisième la route sur laquelle se fige l’automobile qui est déjà passée s’est éloignée a fui vers un destin inconnu, quatrième un mur une grille bleue une haie surélevée constituée de troènes jaunes (ce quatrième plan n’apparaît pas sur tous les clichés – c’est un dispositif qui peut se prêter à n’importe quelle fin, mais en l’occurrence, l’un des bouts de la rue est occupé, sur la droite, par un pré, une salle des fêtes (inutilisée pour cette occasion) plus un parking d’une bonne centaine de places bordé par des haies de petites taille entretenues par les services municipaux puis la route court au sud (en bordure se trouve une petite chapelle dédiée aux soldats, pour la patrie morts lors de la première guerre mondiale) (elle aussi sans utilité précise – sinon symbolique – pour la manifestation). Car il y a ce dimanche-là manifestation. L’autre côté de la route va filant au nord vers le centre du bourg et la route principale. On connaît peut-être l’appétence du rédacteur-preneur d’images, parfois dévoilée, pour les automobiles, notamment celles qui hantaient certains rêves alors qu’il pensait, pauvre être naïf, que ces choses-là disposaient de quelque chose comme une espèce de caractère, peut-être animale – ou du moins doté de quelque sentiment (eh oui) pour celui (ou celle) qui, d’un volant assuré et de pédales, leviers et autres instruments idoines, boutons poussoirs, manettes pivotantes qu’on attire à soi ou qu’on éloigne, commandés d’une parfaite dextérité (à main gauche aussi), les fait se mouvoir élégamment sur les routes. Il existe même des gens pour en collectionner : cette manière d’occuper son temps (et probablement son argent) est revêtue sinon certifiée d’une certaine utilité par les pouvoirs publics puisqu’ils en autorisent et l’existence et les mouvements par l’attribution d’une plaque minéralogique (fond noir, caractères (et donc numéro) chromés) laquelle plaque permet à l’utilisateur.e, par exemple en capitale, de circuler à certaines heures pâles de la nuit ou des fins de semaine – et même parfois durant de plus larges plages horaires. Il y a donc là vingt-quatre éléments qui se suivent et se ressemblent – je ne suis pas certain de l’utilité de cette publication mais, comme dirait un de mes virtuels amis : ça fait ventre. C’est par ailleurs sans malice qu’on trouve vinqt-quatre images ici, soit une seconde de film de cinéma – un billet qui ne dure que  cet espace, sans doute 

 

dispersion 5 dernière

 

 

ce ne sont que des images (une espèce d’exposition, un musée contemporain, plus ou moins) prises dans un magazine qu’on dit culturel (radio, télévision, cinéma) assez illustré – je ne regarde pas trop les petites vignettes (le musée, comme la maison, est fermé) (on y entre quand même, on fait vivre le truc) – le choix est opéré sans décision préalable, sans classement non plus – pour ne pas laisser s’échapper les images qu’on préfère – les gens même s’ils se situent loin de nous – elles me disent quelque chose que je partage – ainsi le personnel de la maison n’est-il pas complètement inconnu ni complètement inutile – on fait des trucs on se souvient on fait aller la mémoire, les plaisirs et les drames – je ne suis pas du tout sûr de n’avoir pas commis de doublon – mais il faut aussi que je regarde un peu la composition de ces dispersions – il s’agit de compter – soixante sept images (il y a là un peu du chiffre de la bête) (plus un, si ce n’est pas six cent soixante-six) – 40 femmes, 50 hommes (plus ou moins un ou deux) – cinéma 41 (5 réalisateurs; 28 actrices, 26 acteurs – on a droit à plusieurs apparitions par image)) ; chanson 10 (6 femmes, 2 hommes plus compositeurs musique 2 (hommes)) ; littérature 11 (8 hommes, 3 femmes); danse 1 (homme – ou 2, avec une de cinéma – un homme et une femme); photographe 2 (femme); psychanalyse 1 (homme); on pourrait tenter les couleurs de peau mais ça m’entraînerait un peu loin – en double, seulement bébél mais il est de dos sur l’une, ça ne compterait presque pas – je ne le compte pas d’ailleurs, ni Aznav une fois seulement – deux reproductions du Caravage – voilà tout, je cesse. Bonne visite.

 

 

on finit – un panthéon ou une mémoire diffuse, dissonante, importée ? j’en sais rien, viens donne moi la main

une chanteuse aux doigts écartés (Catherine Ringer, des Rita Mitsouko – mais plus tard – Fred Chichin est parti), puis un auteur écrivain poète

il sourit presque, le camaïeu des bleus ? je me souviens du village où il vit – j’en avais une image mais elle a disparu – Charles Juillet – pourquoi, je ne sais, un jour je l’entendais dans le poste, sa voix sensible sans doute – un écrivain vit-il de son art ? – le temps est passé, il ne m’en reste que peu –

un peu légèrement trouble, Angèle et son Brol dont on parlait avec Martine Trollet et un autre camarade belge – les gants, la bataille – je l’aime bien – disque de platine quand même – vingt-six ans peut-être –

et Toni Morrison, et son jazz – les images les dreads le sourire le flou (m’entraine vers Nan(cy) Goldin) – qu’est-ce que tu fais, à quoi tu penses ? je regarde je ne cherche pas/plus

acteur à n’avoir incarné qu’une fois (au cinéma) l’espion au service secret de sa très gracieuse majesté (George Lazenby, (Au service secret de Sa Majesté, (Peter Hunt 1969) trente piges – australien, donc du Commonwealth mais limite hein) (pas le meilleur, évidemment, mais enfin populaire)

légèrement décadrée (c’est pour le suspense, tu comprends bien, oh Janet…) (Janet Leigh,dans Psychose ici (Sir Alfred, 1960) Californie,elle a 33 ans) (dans la Soif du mal formidable tout autant (Orson Welles, 1958), elle n’en a que 31) (merveille) et puis, et puis

Kim Novak son nombril et Kiss me stupid (Billy Wilder, 1964), née à Chicago en 33 – un peu moins guindée que dans le Vertigo d’Alfred (sir) (scénario Boileau Narcejac, vus la dernière fois) (rien ne se perd, non) (la même histoire, les mêmes images, dis moi qu’est-ce que t’en dis ?) (je devrais mettre plus de musique)

tiens voilà l’écossais qui voulut être Roi (scénario adapté de Kipling, jamais lu : ça me manque, tu vois, par exemple) (il y a là aussi (sir, tout autant) Michael Caine (toujours parmi nous, il me semble – il est de 33, à Londres (banlieue certes)) à gauche Saeed Jaffrey, né au Penjab en 29 – ce sourire – et Sean Connery, écossais comme on sait (né en 30) au milieu, qui voulut mais ne put, non, (John Huston, 1975)  – film magnifique –

ah le Dude (on peut enfin rire – les frères Coen, The Big Lebowski, 1998), ici Jeff Bridges (né en 49, Californie) dans le rôle – deuxième troisième quatrième degré de l’humour étazunien –

au premier plan Faye Dunaway (le film Chinatown, Polanski Roman – 1970 (elle a 29 piges, naquit en Floride) dans la décapotable qu’elle conduit, le nez déconfit par un salaud (interprété par Polanski), presque défiguré, Jack Nicholson (trente trois ans, né à Neptune New-Jersey) – le père, incestueux abject immonde, interprété par John Huston (tout ça sent assez mauvais, en effet) (et puis le présent, cinquante ans plus tard – ça ne passe plus très bien…) (tu vois comme le temps passe, je t’avais prévenu) – le cinéma, partout

Marilyn Monroe (elle est de 26, à Los Angelès) et Yves Montand (de 21, en Italie) dans Le Milliardaire (Georges Cukor, 1960) c’est égal, je l’ai sélectionnée – le film n’a rien de spécial sinon un travail de professionnels – la date peut-être – non, c’est égal (une espèce de divertissement) (les acteurs sont vraiment bien pourtant, mais l’argument et le scénario (Arthur Miller, l’époux de Marilyn, y contribue) n’apporte rien de spécial – OSEF en vrai – beaucoup trop de cinéma – mais la vraie vie : un héros, Michel Catalano

dont je me souviens – un vendredi – le mardi soir place de la République – l’horreur – et le dimanche suivant, dans la rue – les 7, 9 et 11 janvier 2015 – cette année-là –  j’ai gardé la légende; vendredi vers 5 heures, les embouteillages monstres dans l’est de Paris – les morts dans le super casher – l’assaut – les morts partout – cette horreur – cette année-là, le 13  novembre suivant – cette horreur – c’est la fin de la dispersion – c’est la fin…

 

dispersion est un feuilleton du salon avec beaucoup d’images dedans

ici l’épisode 1

l’épisode 2

le 3

dispersez-vous (3)

et le 4

début mars (dispersion 4)

 

 

illustration de la différence des genresCyd Charisse (elle est de 22 – au Texas) et Fred Astaire (en pantalon) (il est de 99 – à Omaha, Nebraska) (le siècle précédent) (non, c’est juste pour dire) (« Tous en scène » The Band Wagon (Vincente Minelli, 1953) – elle 31 ans, lui 54 – les rôles, les premiers, les artistes – que de cinéma…

James Baldwin, cette merveille aussi – ce sourire –

les mains de celles-ceux qui chantent – Ella (qui préférer, elle ou Anna ?) (non, les deux) puis un trio

Nicole Kidman au milieu – c’est l’ancienne (elle est étazunienne, de 67) – Charlize Théron (sud-africaine, 1975) – à gauche, Margot Robbie (australienne, à peine trente ans alors : pas vu le « Scandale » (qui est enrobé de #metoo) dont est tirée cette image)  (Jay Roach, 2019 – gros Hollywood industriel je suppose genre série « Austin Powers ») trois blondes, le harcèlement dans le milieu de la télé (Fox news, la firme qui aimait tellement l’abject peroxydé (aka Donald T.) – pas certain de la qualité du film mais enfin – la bonne cause ? peut-être – mais Nicole dans Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick, 1999)  oui – et boum, peut-être soixante ans plus tôt

Pierre Tchernia (réalisateur de cinéma (il a fait Vaugirard) mais aussi plus ou moins monsieur cinéma de la télé) (on l’aimait assez (il était de 28, parisien) quelque chose de loyal) – et puis comme ça coq-à-l’anise pas mal, ce duo

pour finir, la postière et la femme de ménage analphabète (Chabrol, quand tu nous tiens…) à gauche la Bonnaire (Sandrine, magnifique, 1967 française de Gannat (Allier)) et  à droite la Huppert (Isabelle, parisienne, de 53) – dans cette cérémonie (terrifiante…) (1995)

 

dispersion un feuilleton du salon avec beaucoup d’images dedans (restons sages) – ici le premier épisode

le deuxième

le troisième

dispersez-vous (3)

 

 

 

 

c’est un peu à chaque fois la même chose, c’est l’émotion qui submerge, « alors au revoir à la prochaine » oui, c’est quand? « je reviens dans un mois » et les voilà partis – et dans un mois, personne ne sait ce qu’il en sera de nous – naviguer à vue ? peu importe, respirer. Puis souffler. Continuer à sortir, regarder et photographier, ne rien attendre de rien, évaluer la perte pure dans toute action, aucune coordination, aucune stratégie (quelle laideur a envahi ce mot), aucun a priori, continuer quand même et se battre

images des personnages qui peuplent un inconscient – les pages ne sont pas glacées, seulement quelquefois, un peu de couleur ici ou là – des personnages toujours, des visages, entiers, souriants souvent – attitudes jeu comédie – tragiques – cette série se termine (c’est pour ça que je la prolonge)- il est tard et le printemps arrive – souffler le froid et le chaud et les cas s’amoindriront – tout à l’heure le premier ministre va parler (on peut réutiliser cette phrase en cas de besoin, comme il nous plaira)

(elles viendront dans l’ordre où elles sont – je sais la raison de celle-ci – ce n’est pas que j’aime ce film – je ne le déteste pas non plus (réalisé par Sofia Coppola, Lost in translation, 2003) – mais il se trouve être celui qui est cité comme un « bon » film par ailleurs (dans le projet DF qui est accoté à une émission de radio dite « à voix nue » datant d’une bonne dizaine d’années, retrouvée dans le disque dur lors du premier emprisonnement (18 mars 20, 11 mai 20)  (il me semble me souvenir que les deux acteurs sont dans un ascenseur japonais tapissé sans doute de peau de zèbre) (de nos jours, ce genre de décoration serait banni, honni, haï) (ce ne sont que modes, tu sais) (elle, Scarlett Johansson (étazuno-danoise, 1984 Manhattan); lui, Bill Murray (étazunien, 1950 Illinois) – on a à peu près tout ce que recèle le monde en terme d’iniquité (un exemple au hasard : elle n’a pas vingt ans, il en a plus de 50 etc.) – non rien, sinon, le t shirt du type qui fait penser à celui du docteur Spock dans Startrek). Puis un réalisateur de grand renom, Jean-Paul Rappeneau (français Auxerre, 1932)

surtout pour Cyrano (1990) ? peut-être pas (le gros libidineux y est vraiment bien pourtant) (mais il m’insupporte) les Mariés de l’an 2 (1971) (ah Marlène) (et Bébel) ou la Vie de château (1966) (Noiret-Deneuve) et d’autres encore) (le cinéma français, en réalité – et non point « un certain cinéma français ») (je m’aguerris, tu sais, et je finis par (re)connaître quelques uns de mes (dé)goûts)

ici une coureuse automobile, Hellé Nice (était aussi danseuse, conduisait des Bugatti) (française, 1900, Aunay-sous Anneau (27)) la photo la montre en 1930 (admirable – toujours aimé la mécanique – je pense à Latécoère, va comprendre)

puis George Eliott (UK, 1819 Nuneaton) romancière admirée par Virginia Woolf – prénom masculin sans s – drôle d’image – puis voici un jeune

Claude Zidi (parigot 14, 1934) un certain cinéma français, disons, pour lequel le box office tient une place importante – sans doute la première – une idée de l’industrie et du divertissement (et des affaires sans doute – pas certain qu’elle soit partagée par Federico… en tout cas pas la place)

voici Judith (une de mes préférées, par un de mes favoris, Le Caravage (Milan, 1571) (j’aime aussi « l’incrédulité de saint Thomas »en entrée de billet) (beaucoup) (ici l’un de ses « Judith décapitant Holopherne » vers 1605) – où est-ce en vrai exposé, je ne sais –

et pour finir ce petit billet, une image d’Adrienne Monnier, grande libraire devant l’éternel (rue de l’Odéon, au 7) (en 1955, elle se suicide atteinte de la maladie de Ménière, dit wiki) (il s’agit d’un tropisme, mais non loin de là, vers le bas de la rue Monsieur-le-Prince se trouvait une maison close où il me semble bien que DF perdît son pucelage (eh oui) (fort jeune, avant guerre) (peut-être n’est-ce que conjecture libidinale pour celui qui se trouvait fiérot d’être surnommé l’empereur du cul) –  il ne fait pas de doute que c’est cette proximité qui a prévalu au choix de cette image – la cape aussi, certes) (sans compter le petit bibi)

 

dispersion un feuilleton du salon avec beaucoup d’images dedans (restons sages) – ici le premier épisode

ici le deuxième épisode

 

 

Exposition

Parfois quelque fois de temps en temps je laisse mes doigts agir pendant que ma tête digère

dilapidation disruptive

Il y a une sorte d’hystérie en ce moment avec ce qui se passe, je dis ‘en ce moment’ mais ça commence à faire, je dis ‘ce qui se passe’ au sens large, ce n’est pas réservé à une sphère particulière spéciale spécifique etc., vu que ce qui se passe au sens large te dit des choses au sens large qui t’atteignent au réveil chez toi, comment sortir comment ne pas tomber malade, où aller et est-ce que c’est autorisé d’aller acheter les chaussettes pour le petit dernier, bref le mot que je cherche est quotidien, ça touche au quotidien

Je passe sur le fait que la parole n’est pas égale et que, de loin, à vue de nez, à ouïr d’oreille, on a l’impression que ce statut est partagé (rester chez soi en se posant des questions existentielles sur le sens de la vie tout en relisant Proust et en faisant soi-même son pain serait une pratique commune), ce statut serait significatif symbolique, à se demander quels petits corps magiques aux mains magiques et transparentes te donnent ton ticket de caisse

Ce qui se passe en ce moment a une couleur et surtout une rapidité et une texture papier de verre incontestable
La couleur je ne sais pas, si je demande autour de moi elle est plutôt très moche

La rapidité c’est que tout s’enchaîne s’escalade brinquebale breloque palpite en ribambelles de dominos jetés à travers la pièce, si je prends deux minutes pour regarder ça me fascine

Parfois c’est une tragédie grecque ou du Labiche ou un chapitre du Prince de  Machiavel, il y a du mensonge des postures et des sous-entendus des tractations internes des négations intempestives des réactions épidermiques enfantines – de gens qui sont plus vieux que moi parfois, comme quoi

Il y a beaucoup de violence beaucoup beaucoup de violence les rézos les rézosocios c’est sûr mais est-ce que c’est certain, je veux dire est-ce qu’ils ne sont pas le symptôme de la maladie ou comme on dit la pointe de l’iceberg (iceberg, banquise fondue, à ce propos dans ma ville les branches de sapins coupés couvertes d’une mousse blanche chimique polystyrène décorent les rues, c’est une camionnette de la mairie frappée d’un logo écoresponsable qui les décharge)

Je crois qu’il y a beaucoup de violence parce qu’il y a une contradiction géante quelque part qui flotte là-haut

Par exemple donner la parole à de plus en plus de gens mais ce sont toujours les mêmes qu’on entend

Oui je ne dis pas « donner la parole à de plus en plus de gens et en même temps ce sont toujours les mêmes qu’on entend », je ne dis pas en même temps, je dis mais, ça me semble plus factuel

mais primitif

Par exemple ces idées qui parlent d’un mythe superbe la Fronce ce grand pays mais Calais ce qui se passe à Calais (quand ça se passe idem éclairé par la tour Eiffel, l’effroi soudain, la découverte parce que des phares s’allument)
et par exemple les femmes qui accouchent sur la route de la maternité parce qu’elle est loin, qui accouchent sur le bas-côté (c’est un exemple)
et par exemple des bureaux de poste fermés mais tu peux demander au facteur à la factrice de passer pendant sa tournée sonner chez ta grand-mère pour voir si  elle va bien si ça t’inquiète (service payant)

mais irréparable

Aussi le mais de la contradiction, cet homme jeune, bien mis, qui semble tout à fait civilisé, libéral au sens de liberté, mais c’est un vieux monsieur, très vieux, un contemporain de Victor Hugo si tu vois ce que je veux-napoléon-trois-dire

non mais

un vieux monsieur qui donne des ordres pour qu’on rajoute des dorures sur les murs du salon de son versailles mais il y a par exemple des étudiants qui meurent littéralement de faim qui font la queue à la croix rouge je dis pas en même temps tu vois je dis mais parce que ce qui flotte en très grand est un Mais gigantesque
les dorures mais les crève-la-faim

donnes-nous notre mais quotidien

Je crois que ce mais qui clignote et puis qui disparaît et puis réapparaît, arbitrairement, violent, c’est violent, c’est violent de voir la parole inversée et pour le coup la parole inversée touche à cœur à l’essentiel du centre, touche à Proust et aux mains des caissières tout pareil à la même altitude

(des lits d’hôpitaux fermés mais pour soigner, des usines qui fabriquent des raquettes de tennis mais on ne peut pas jouer au tennis, des restaurants qui ouvrent mais pas les universités)

combat entre mais et I prefer not to

L’hystérique du mais qui ne dit pas son nom doit se sentir très seul, il ne parle à personne, écoute des militaires et puis fait au jugé comme ça vient, coup par coup, avec une confiance en ses capacités à rebondir démesurée, il est capable d’affirmer que s’il rebondit à coté c’est un test pour voir si tout le monde suit

ce qui dans les mais indispose

Il fait au coup par coup comme ça vient en s’inventant des personnages j’aimerais bien être solennel se dit-il j’aimerais bien être princier se dit il j’aimerais bien être inventif disruptif se dit-il mais mais mais tous les mais qui ne sont pas des en même temps claquent comme cymbales, il faut dire que son emploi n’étant pas au départ destiné uniquement à l’art dramatique et les caméras étant partout, réellement partout, on peut filmer les cafouillages de l’acte deux scène un, un peu comme ces fans qui débusquent la rallonge électrique sous le corps du noble Boromir ou la montre à quartz au poignet d’un barbare dans Braveheart

extraction de mais avec aiguilles

Il a monté les échelons avec un « en même temps » mais c’est un mais qu’il faut entendre, et comme c’est psychologiquement maladif, c’est contagieux, ça fabrique ces éruptions volcaniques qu’on représente par du coca-cola qu’on a secoué, c’est contagieux parce qu’il organise autour de lui  ceux et celles qu’il embauche selon ce dogme

Par exemple, et de façon simpliste, Premier flic de Fronce mais faveurs sexuelles, ce mais qui ne peut pas être civilisé génère des retombées

Premier ministre de Fronce chantre de ce grand pays à l’histoire admirable grand H mais qui dit « peuh il faudrait s’excuser pour la colonisation et que sais-je encore ? » et hop d’un petit coup de talon gomme le passé

Un homme noir sous les coups répétés appelle à l’aide, il dit Appelez la police ! mais c’est la police qui frappe, ça en fait un grand MAIS, le symptôme ravageur d’une maladie de vieux monsieur

Il y a aussi maintenant j’y pense ces experts convoqués pour s’intéresser / conseiller / améliorer l’éducation (grand é) qui sont dans le civil vendeurs de flamands roses au mieux, au pire membre du GIGN, ce mais là est spectaculaire

Quand l’hystérique tout en haut joue avec ses névroses comme le saltimbanque lance ses quilles, et comme il lui prend l’envie de les enflammer parce qu’il aime les couleurs chatoyantes, ça brûle

Garant de la liberté de la presse mais le dit sur sur facebook, car ne sait pas se servir des symboles, sauf quand il s’agit de jouer l’empereur marchant devant une pyramide (du haut de laquelle des siècles nous contemplent voilà)

On devrait vivre en paix dans un monde civilisé puisqu’on a l’électricité, de quoi nourrir, de quoi loger tout le monde mais mais mais symboliquement a-t-on vu dernièrement un symbole de paix quelque part ?

C’est que les mots sont mélangés, paix égal sécurité égal contrôle égal consignes et châtiments, ça jongle des paillettes nocives

Après comme disent les sages il n’y a pas de hasard, peut-être que sa venue était logique, qu’il est arrivé à point nommé au moment où il le fallait, une longue montétrumpization, d’accord, mais très honnêtement, va falloir qu’il reparte

Je ne sais pas ce que diront les futurs et futures historiennes historiens de cette période que nous vivons dans deux cents ans, quand nous devrons nous endetter pour acheter nos bouteilles d’oxygène portatives (je ne suis pas pessimiste, juste un chouilla, c’est juste que parfois quelquefois de temps en temps mes doigts s’activent et ma tête digère)

le mais statique et la technique du mini-fight

Un passage (#4 résister)

 

 

 

alors ici, comment ça se passe ?

Où est l’agent ?

Il suffirait de poser sur la (fausse) platine (en carton) du salon un disque de Patti Smith (tu te souviens, « Horses » par exemple) et de pousser le volume de l’ampli (pareil) à fond, afin de montrer au monde qu’on existe (ce serait tellement inutile) (et l’utilité l’est tellement elle aussi) (on n’en sortirait pas si on allait ce chemin) (il y a dans le jardin un certain nombre d’arbres fruitiers (ceux-là sont vrai, ou plus ou moins, ou alors c’est moi qui délire (ou si préfères, « Because the night », c’est comme tu aimes) (moi les chansons, tu sais…) ici, c’est un peu comme qui dirait le réseau, on est là, on y vient on s’en va – on y passe quelquefois, il y a à la porte du jardinet de devant quelqu’un qui attend pour visiter – dans le garage, il y a toujours dans un coin éloigné, un cric oublié là par Voumvava Voum – on ne sait jamais (cette chanson faisait « on ne sait jamais comment l’amour vient aux amants/comment il fait comme il s’y prend ») ou alors Matthieu Chédid (sa grand-mère) (et son père aussi bien) enfin la famille – qu’est-ce que c’est qu’une maison ? un lieu pour que vive la famille et la petite voiture dans le garage, à côté de la grosse – l’accès direct à la cuisine, c’est pratique pour entrer les courses – on a mis un congélateur dans le garage ou quoi ? –

Vous la faites aussi de plain pied ?…
Non mais c’est aussi pour les vieux jours, vous comprenez, c’est moins facile avec un étage…

Un jour, il faudrait ranger un peu cette fausse vidéothèque (il y a Burt, nu dans sa baignoire dans la salle de bain et son « mon père, ne faites pas l’idiot… Le peignoir !!! ») des héros un peu partout, des femmes fatales, des destinées communes (pas si sûr qu’il y ait là Louise et Thelma ? Si ? Ah l’oubli…) – il y avait cette éventualité aussi, alors on a construit un lexique, on a élaboré un index – en pure perte – non mais il faut attendre, il faut savoir, il ne faut pas exagérer (« Out on the week-end », l’harmonica, oui)…

Non, l’agent n’est pas là, il ne reviendra pas avant quelques semaines, dans l’état des choses, vous comprendrez quand même qu’il y ait des choses plus essentielles – encore qu’une maison le soit, parfaitement, forcément une famille, la nation et la patrie (non, nous ne faisons pas de politique, non, nous faisons juste le job, comme vous n’êtes pas sans le savoir), la culture (celle des pensées dans les bacs), les loisirs et le barbecue – la joie des enfants et le plaisir de vivre – respirer un air qui le soit, pur – au ciel glisse un aéronef…

Je passe parfois par le lotissement, mais je ne m’y arrête plus, disait l’agent au téléphone (il était au volant de sa petite voiture de société, mauve tirant au taupe, il parlait à la secrétaire) – non je rentre chez moi (il raccrocha) (à bientôt oui) – dans le jardin il y a un parasol et deux chaises façon fauteuil en plastique mauve battant, courant au rouge, la fenêtre de la chambre du haut est fermée de persiennes – on dit stores – automatiques – toujours fermée, close, obturée – je n’ai pas exactement vérifié mais je crois que ça fait quelques années qu’elle a été vendue à ce couple, avec deux enfants 5 et 7, le choix du roi comme on dit, l’aînée était fille cependant – il y a un ordre dans ce monarchique choix ? je ne sais pas, je ne sais pas d’où me vient cette expression toute faite – un proverbe, un lieu commun – d’autres maisons à vendre, il y a d’autres familles solvables, d’autres contrats à signer, d’autres échéances à tenir, aller travailler, faire des courses, à manger et le ménage, s’offrir les services d’une bonne à domicile – les millions de maisons de par le monde – les millions de lotissements pour des millions et des millions de personnes et les millions et les millions de la même espèce qui vivent en bidonville, sans eau, à Lagos, à Rio, aux portes de Paris et aux confins de la Syrie… – non, je t’assure, je ne m’arrête plus

Moins loin, moins longtemps, moins souvent

 

 

ça  a beau être Noël (« rien à foutre de Noël » se lisait sur une banderole, il y a quelques jours, en manif  : c’est un peu ce que dit la ministre de (rien à foutre de) l’écologie – de l’écologie, ici et maintenant , dans ce beau pays, ici – remarque elle était aux transports avant – et puis avant elle était à la régie autonome – enfin, elle a de la bouteille, pas à dire) enfin bon, ça a beau être Noël, on continue quand même (on s’est levé tard) (où est-ce qu’on va bien pouvoir poser cet état des choses, je me le demande) et on pose cela dans gravats et dans le garage…

 

On cherche des illustrations industrielles de ce monde, afin de donner une certaine consistance à ce qu’on pense – une thèse, quelque chose, une idée qu’on tenterait de tirer de ces jolies images qui fleurissent ces temps- ci dans le canard

(bon la légende comporte une faute de frappe, mais il ne faut pas non plus trop en vouloir aux rédacteurs – ils ont pas mal de trucs à faire) et donc ici, la saga des avions de nos jours (on a eu droit, il y a un moment, à celle des autos) et puis, il n’y a pas que le cinéma dans la vie (il y a aussi l’atome, mais laisse aussi tomber : c’est quand même assez anxiogène ces affaires-là – et puis c’est noël aussi… pardon, mes excuses, ça vient comme ça peut)

(je laisse les légendes – j’aime beaucoup ce mot, un peu comme celui de « destin » – pour donner accès au contenu (et aux auteurs) des images reproduites ici (sans aucun consentement, ni demande d’ailleurs) – non, mais il faut bien les parquer, il paraît qu’il y en aurait  (on est obligé de conditionnaliser les verbes, ce sont des secrets) (de polichinelle, peut-être, mais des secrets industriels) quatre cents

selon les journaux, quatre cents  – et il en sortait (je crois que l’administration de ce géant industriel basé à Seattle – EU – a décidé de faire cesser la production) – il n’en sortait plus que 42 par mois, au lieu des 52 normalement – il me semble mais franchement je ne sais plus

il paraît que les carnets de commande regorgeaient de demandes – plusieurs milliers à venir – pour concurrencer la fabrique industrielle chinoise (je crois que la marque se nomme comac – un peut comme kodak lisible dans toutes les langues, tu te souviens : les plis du capitalisme ne se repassent pas, ils sont infroissables)

se dépêcher – à la fin du siècle dernier – de réaliser des avions, aéronefs, les ailes les fuselages les moteurs, vite – se dépêcher de renouveler les flottes pour servir les actionnaires qui veulent du quinze pour cent l’an – c’est à la limite de l’usure, ce genre de taux, mais qu’est-ce qu’on peut bien en avoir à foutre, de l’usure ? –

une espèce de gâchis – le même qui s’exerce partout puisqu’on sait pertinemment que l’empreinte écologique des avions est énorme et que c’est un mode de transports qu’il va falloir abandonner à moyen terme – sinon immédiatement : mais que va-t-on faire de tous ces prolos qui bossent dans ces usines ?

et de ces chefs d’entreprise ?

parce que les stock-options c’est bien joli, mais si l’action tombe comme les deux avions (trois cent quarante six morts : des gens comme vous ou moi) en ce début d’année (on a bien essayé de faire semblant de n’en avoir rien à foutre, des gens qui meurent, eh bien quoi ? n’est-ce pas notre destin, à tous ? (j’aime bien ce mot, franchement)), que vont-ils devenir ?

il paraît que l’entreprise commence à compter – non, en vrai, ça fait un moment qu’elle compte ses pertes – mais ses actionnaires, eux, je ne sais pas –  mais il s’agit pourtant de notre monde aussi – commence à compter, et qu’elle en est à plusieurs dizaines de milliards – alors, ce qu’on va faire, c’est sans doute nationaliser, qu’est-ce t’en penses, Donald ?

il paraît aussi qu’on ne se frotte pas trop les mains, du côté de Toulouse et du concurrent direct mais européen parce que le marché, la commande, les lois du capitalisme tu sais ? la main invisible… On a beau dire, mais il faut y croire (il y a certainement quelque comptable en train de faire des additions pour savoir quel sera le montant des avions qu’on vendra quand l’autre marque sera sur la touche – ça ne fait aucun de doute : c’est ainsi qu’ils conçoivent le monde).

Regarder un peu les prix de ce genre de mastodonte : cent millions de dollars pièce (l’européen est un peu moins cher, ça va aller).

Il y a quelque part, dans un désert californien, je crois bien, une emprise militaire de plusieurs milliers d’hectares

c’est un cimetière d’avions, on trouvera bien une petite place

on ne devrait pas savoir ces choses-là.
Enfin, si.
Mais bonnes fêtes quand même…

 

 

 

 

 

 

À Victor Jara

 

 

c’est une histoire bourrée d’allégories – comme on aime – on aime le réalisateur, on aime sa manière (il est apparu dans un film de Nanni Moretti, « Santiago Italia » qui est aussi une merveille) – c’est toujours la même histoire, je le crains : la faculté de l’humanité à se détruire, se torturer, se piétiner, se battre, se blesser à mort pour enfin se tuer, j’avais à l’esprit Victor Jara

Patricio Guzman revient au Chili, le temps d’un festival, je crois – rencontre quelques amis, passe au dessus de ces montagnes qui isolent son pays du reste du monde – une île dira son ami écrivain

Jorge Baradit – on sait qu’il s’agit du pays où il est né, on sait qu’il l’a quittât par la grâce de l’ambassade d’Italie – il n’y est pas revenu – le pays a sombré sous l’immonde : une constitution réglée en 1980 en fait le laboratoire du « libéralisme » le plus éhonté. On y parle des montagnes : ici un ami sculpteur qui raconte la pierre de ces montagnes et les témoins qu’elles sont de ces horreurs

Francesco Gazitùa (les images viennent d’un dossier de presse distributeur : si on aime, c’est là) – des hommes des femmes aussi qui se battent pour respirer vivre créer – ici un autre sculpteur

Vicente Gazardo – une de ses œuvres et lui, dans le soleil

et tout est là : traduire ce que disent les roches dans un langage qu’on comprendrait

nous montons, les roches nous parlent – nous marchons : sur ces pavés (une petite scène : magnifique)

où en sont fichés d’autres

pour ne pas oublier, tenter de se souvenir, garder quelque chose de ces gens morts dans d’atroces circonstances, dans la rue, comme les pauvres et les chiens

comment veux-tu qu’on oublie ? Aujourd’hui, le pays est en crise profonde (elle dure depuis la chute d’Allende, le 11 septembre 1973

un séisme, l’allégorie du volcan – chute orchestrée par les US et notamment ce Kissinger de si noire mémoire), aujourd’hui les gens sont, depuis trois semaines dans la rue et continuent d’y mourir encore (on annonce vingt deux morts – mais ces annonces viennent du pouvoir lui-même – comment veux-tu qu’on oublie ?). On croisera Javiera Parra (le coup au cœur, la petite fille de Violeta, elle aussi chanteuse – comment veux-tu qu’elle oublie, elle aussi, comme Patrizio, comme tous ces gens – comme nous ?)

Et puis longuement, cet homme

Pablo Salas – et là, on est un peu frustré – : c’est un cinéaste qui filme toutes les manifestations chiliennes depuis les années quatre-vingt (car on se bat, toujours, depuis…) , on voit ses archives incroyables, on se demande pourtant comment il fait pour vivre (la frustration vient de là) et produire – il est vrai que l’entreprise a un air très artisanale – mais les archives ses archives sont là – mêlées aussi au film lui-même – on se souvient, rien n’est oublié :

ainsi que les montagnes, qui bordent la ville en son est

on se souvient

« n’oubliez jamais » chantait Joe Cocker (en hommage à son père, certes) – ni oubli ni pardon – et aussi, peut-être surtout cette image de l’enfance du réalisateur

cette boite d’allumettes, ces montagnes – les Andes, pillées pour le minerai de cuivre  : la nuit passent les trains qui vont au port, emmener le minerai qui vaut de l’or, dépeçant le pays de ses ressources – ici une mine accès interdit

affrétés par d’opulents hommes d’affaire qui se vautrent et se prélassent dans leurs résidences ultra-surveillées, au bord de lacs qu’ils se sont appropriés avec l’argent du cuivre, privatisés et gardés par l’État lui-même et sa constitution.

N’oubliez jamais.

 

La cordillère des songes, un film de Patrizio Guzman (2019)

en maison[s]témoin, sur le Bouton de nacre (autre merveille du même réalisateur)

 

 

d’un voyage à l’autre #5

 

 

 

ça s’est interrompu – et voilà que ça a repris (S. va beaucoup mieux, crois-je possible de croire) – il y a dans le dossier « image » un peu trop de documents, je m’en vais le vider – d’autant que pour l’Air Nu, je commence une nouvelle rubrique intitulée « Ville et cinéma » qui va me prendre un peu du temps qui me reste – dans les moments de presse, il faudra faire attention et preuve de patience – (un entretien à monter pour la petite fabrique du livre aussi, enfin, il y a des choses sur le feu)

commençons par cet arbre abattu, une série en cours qui a pour nom « souche Corentin » que je croise en allant travailler – c’est une image du robot – mais elle ne correspond pas aux voyages d’Olivier Hodasava – je la pose ici à titre de marqueur : le monde va son chemin (à Rouen, à Pantin dans l’école Méhul ce samedi 21septembre, à Washington où on espère que la loi va foutre dehors ce menteur truqueur voleur raciste homophobe et j’en passe à la tête de l’État, à Londres où cet autre du même acabit fait semblant de croire qu’il va tenir ses fausses promesses…)

(on ne la présente pas mais elle fut grugée) – continuons voulez-vous continuons

c’est sûrement l’été mais c’est une station de sports d’hiver – on nage – on se protège du soleil – on nous informe que le niveau des eaux monte, que la civilisation actuelle (kézako ?)  va vers sa perte en 2050 (on aime les comptes ronds) mais les affaires continuent (business as usual comme ils aiment à dire)

lui est mort mais pas elle – en Arabie recueillie sur son lit de millions de dollars : charmante – les images ne mentent que parfois et encore : admirable le partage du pied de poule carrés noirs et blancs etc. hein… –

(ce doit être en Irlande je crois bien – le flou a gagné les roses, c’est une horreur mais peu importe : nous en sommes les auteurs) –  il n’y a pas de quoi s’offusquer

on répare (wabi sabi) partout (ici c’est dans le Dakota) c’est dehors, on garde un oeil, on refixe, mourir pourquoi faire ?

on met des gens et ça vous a tout de suite une autre esthétique pas vrai ? (elle, Megan Rapinoe, équipe de football des US qui refuse d’aller saluer le peroxydé machiste et homophobe, elle, je l’aime bien) – une espèce de journal – je fais défiler les images

tu te souviens, le changement de direction au CNC ? concussion, renvoi d’ascenseur, non les affaires continuent – ils ont changé de locaux, sont boulevard Raspail à présent, un certain Boutonnat préside…- rapport de cause à effet, qu’en savoir ? – et tant qu’elles continuent, pourquoi s’en faire ? préparons plutôt l’échéance prochaine –  je dispose aussi d’images de cinéma, je les range dans un coin à part – le truc est encombré, c’est à ne pas croire- faut que je range, mais je suis malade, il est 5h10 et je ne dort plus depuis une heure – je vais fatiguer, mais je travaille, j’y travaille

j’avance je ne sais vers où – ma fièvre monte, mes bronches s’enferrent, je tousse, un thé, un café, quelque chose ?

ça se passe à Dublin, le pont a été baptisé Samuel « bon qu’à ça » Beckett (j’ajoute évidemment des guillemets – une rue, un pont, un édifice à son nom, quelle reconnaissance…) (que de son vivant il ait crevé de faim n’est pas le sujet) (d’ailleurs,il n’y a pas de sujet)

(en dédicace spéciale à  Elisabeth Legros-Chapuis – la photo est d’elle je pense) (moi je serai plutôt celui qui nage, là, bord cadre en bas à gauche) (j’aime nager)

un type attend (c’est en Angleterre, Manchester quelque chose)

ici (Charleroi, en haut : la Sambre) du linge sèche,voitures indifférentes, trains bientôt dans son fracas

quelques fleurs rouges (de Waterloo, Iowa) pour saluer Sharon Tate (on a vu le film de Tarentino – performance d’acteurs, certes, mais misogynie assez grave j’ai trouvé)

pour finir, Fatoumata Diawara aux Vieilles Charrues avec Mathieu Chédid (parce que le monde recèle des merveilles – quand même)

Message personnel

 

 

 

c’est parce qu’il faut que cette maison(s)témoin existe – pourquoi il faut, c’est une affaire à élucider mais c’est un support – comme un autre, non, mais un support – il y a des lois et une bible – ah bon ? – chacun s’autodétermine – ce mot fait référence (pour moi et ma mémoire) à Patrice Lumumba – les années soixante : c’est que j’y suis un peu plongé par l’atelier – il y a des choses à faire – beaucoup, écrire surtout – je mets de la musique (Angola par le Lavilliers) – et puis le reste suivra – normalement je pose Calypso Rose ou Cesaria que j’aime tant – il y avait ce livre, tu te souviens, la Voix du Cap-vert – je ne sais pas ce qu’il y a avec ce Portugal et ses colonies – je ne sais pas ce qu’il y a – j’ai parfois le sentiment de subir les choses (il y a un truc que je lisais et qui parfois me fait défaut c’est de croire en ce qu’on fait) – j’ai de nombreuses difficultés à trouver ne serait-ce que l’idée de début pour ensuite agrémenter le billet avec quelques condiments et des épices – le cinéma parfois, tu sais : je suis en train de réaliser le lexique des noms évoqués et cités dans les commentaires des poèmes express de Lucien Suel – je me demande parfois, ce genre de travail : un bernard-l’hermite suivre le sillage, un peu comme avec Olivier Hodasava – une espèce de suite, et très souvent, je m’interroge en marchant dans les rues sur les excès de ce genre de pratique – trop de choses, trop de publications, trop de mots trop d’images… Il y avait quand même dans ce film titré « Fourmi » (Julien Rappeneau, 2019) cette chose qui s’appelle la solidarité, quelque chose de l’équipe – tous dans le même sens – l’union fait la force, ce genre de compréhension du monde – quelques temps, quelques semaines, quelques mois quelques années – le journal tout autant – on avance, tous les jours, quelque chose de soi – qui lit ? OSEF un petit peu – je ne regarde plus les statistiques, j’essaye d’avancer – je dois faire le montage de l’entretien – j’ai des trucs mais c’est à pleurer, je ne fais rien – les finances me pèsent, je rédige les quittances de loyer, je fais des virements aux enfants – le temps passe, mon ami photographe sera grand-père cette année, ou seulement l’année prochaine, il exposera ses images en octobre quelque part en pays cathare je crois – un texte pour lui ? mais avec plaisir, tout de suite, oui – l’union, et le livre sur le Portugal – un ami, des amis – les filles aussi évidemment – ce matin, j’ai fait un auto portrait je le pose ici pour illustrer

quand on voit la voiture jaune, on pense à Oui oui hein – c’est exactement moi au volant d’une ptite MG

– mais non dommage… – je regarde dans son/mon portefeuille –

le volant aux barres ajourées pour y poser les doigts, pour perdre du poids, quelque chose dans ce genre – la coupe de cheveux les lunettes de soleil – la reine d’Angleterre pour la marque – MG B telle est son patronyme – les années soixante jte dis – il y avait aussi cette calandre dans le garage de Y. mais je ne suis pas certain que le voyage qu’ils avaient accompli en auto, lui sa femme (qu’il appelait Max) et leur fils ait été fait dans cette auto-là (de l’Angleterre au Pakistan – années cinquante  – de l’usage du monde… – je me souviens de lui qui écoutait la radio dans sa voiture, sous l’auvent de la maison basque à Cambo – c’était une Honda, je crois) dans les années soixante, j’avais cette passion pour les autos que je trouve aujourd’hui dépassée mais que je constate à chaque fois que passe un coupé cabriolet – je me souviens (image : (c) Brigitte Célérier)

ce n’est pas cette image que je voulais montrer mais celle-ci (c) ana nb

la voiture dont disposait mon père dans ces années – celle-ci aussi pourquoi pas

(il faut peut-être signaler ou préciser qu’il travaillait dans un garage, sur l’autre continent) (sur celui-ci dans une usine de pneus – ce qui est sensiblement connexe) j’en ai gardé quelque chose comme de l’amour pour ces objets, tellement puéril, ces engins qui passent

je suis à pied – je marche, elles passent – j’ai souvent des difficultés à travailler, à suivre une idée, un chemin, un choix – je change de trottoir – sans doute cette raison-là qui trouve une espèce de solution dans ces rendez-vous à date fixe – je voulais gagner ma vie comme on dit en travaillant normalement mais non – « à quoi sert une chanson si elle est désarmée » disait Etienne Roda-Gil et oui, à quoi sert-on ? – j’aime aussi les chansons heureusement, le cinéma n’est pas tout – il se peut que ce soit le versant maternel qui s’exécute dans le cinéma vu qu’elle l’aimait aussi pas mal – Alan Ladd et Clark Gabble – on fait un truc dans le garage – Steve Jobs ou quelque chose – devenir milliardaire – mais non, ça ne se fait pas – tellement de choses autre, ailleurs et ailleurs encore – l’état du monde ou les cruautés qui s’y déroulent – les voitures, de nos jours ? quelle heureuse conjoncture…

Non, rien à dire…