dispersez-vous (3)

 

 

 

 

c’est un peu à chaque fois la même chose, c’est l’émotion qui submerge, « alors au revoir à la prochaine » oui, c’est quand? « je reviens dans un mois » et les voilà partis – et dans un mois, personne ne sait ce qu’il en sera de nous – naviguer à vue ? peu importe, respirer. Puis souffler. Continuer à sortir, regarder et photographier, ne rien attendre de rien, évaluer la perte pure dans toute action, aucune coordination, aucune stratégie (quelle laideur a envahi ce mot), aucun a priori, continuer quand même et se battre

images des personnages qui peuplent un inconscient – les pages ne sont pas glacées, seulement quelquefois, un peu de couleur ici ou là – des personnages toujours, des visages, entiers, souriants souvent – attitudes jeu comédie – tragiques – cette série se termine (c’est pour ça que je la prolonge)- il est tard et le printemps arrive – souffler le froid et le chaud et les cas s’amoindriront – tout à l’heure le premier ministre va parler (on peut réutiliser cette phrase en cas de besoin, comme il nous plaira)

(elles viendront dans l’ordre où elles sont – je sais la raison de celle-ci – ce n’est pas que j’aime ce film – je ne le déteste pas non plus (réalisé par Sofia Coppola, Lost in translation, 2003) – mais il se trouve être celui qui est cité comme un « bon » film par ailleurs (dans le projet DF qui est accoté à une émission de radio dite « à voix nue » datant d’une bonne dizaine d’années, retrouvée dans le disque dur lors du premier emprisonnement (18 mars 20, 11 mai 20)  (il me semble me souvenir que les deux acteurs sont dans un ascenseur japonais tapissé sans doute de peau de zèbre) (de nos jours, ce genre de décoration serait banni, honni, haï) (ce ne sont que modes, tu sais) (elle, Scarlett Johansson (étazuno-danoise, 1984 Manhattan); lui, Bill Murray (étazunien, 1950 Illinois) – on a à peu près tout ce que recèle le monde en terme d’iniquité (un exemple au hasard : elle n’a pas vingt ans, il en a plus de 50 etc.) – non rien, sinon, le t shirt du type qui fait penser à celui du docteur Spock dans Startrek). Puis un réalisateur de grand renom, Jean-Paul Rappeneau (français Auxerre, 1932)

surtout pour Cyrano (1990) ? peut-être pas (le gros libidineux y est vraiment bien pourtant) (mais il m’insupporte) les Mariés de l’an 2 (1971) (ah Marlène) (et Bébel) ou la Vie de château (1966) (Noiret-Deneuve) et d’autres encore) (le cinéma français, en réalité – et non point « un certain cinéma français ») (je m’aguerris, tu sais, et je finis par (re)connaître quelques uns de mes (dé)goûts)

ici une coureuse automobile, Hellé Nice (était aussi danseuse, conduisait des Bugatti) (française, 1900, Aunay-sous Anneau (27)) la photo la montre en 1930 (admirable – toujours aimé la mécanique – je pense à Latécoère, va comprendre)

puis George Eliott (UK, 1819 Nuneaton) romancière admirée par Virginia Woolf – prénom masculin sans s – drôle d’image – puis voici un jeune

Claude Zidi (parigot 14, 1934) un certain cinéma français, disons, pour lequel le box office tient une place importante – sans doute la première – une idée de l’industrie et du divertissement (et des affaires sans doute – pas certain qu’elle soit partagée par Federico… en tout cas pas la place)

voici Judith (une de mes préférées, par un de mes favoris, Le Caravage (Milan, 1571) (j’aime aussi « l’incrédulité de saint Thomas »en entrée de billet) (beaucoup) (ici l’un de ses « Judith décapitant Holopherne » vers 1605) – où est-ce en vrai exposé, je ne sais –

et pour finir ce petit billet, une image d’Adrienne Monnier, grande libraire devant l’éternel (rue de l’Odéon, au 7) (en 1955, elle se suicide atteinte de la maladie de Ménière, dit wiki) (il s’agit d’un tropisme, mais non loin de là, vers le bas de la rue Monsieur-le-Prince se trouvait une maison close où il me semble bien que DF perdît son pucelage (eh oui) (fort jeune, avant guerre) (peut-être n’est-ce que conjecture libidinale pour celui qui se trouvait fiérot d’être surnommé l’empereur du cul) –  il ne fait pas de doute que c’est cette proximité qui a prévalu au choix de cette image – la cape aussi, certes) (sans compter le petit bibi)

 

dispersion un feuilleton du salon avec beaucoup d’images dedans (restons sages) – ici le premier épisode

ici le deuxième épisode

 

 

Attendre filmer voir

 

(je n’aime pas n’avoir pas le temps de faire ce dont j’ai envie, c’est le cas, je n’ai plus de lieu, je n’ai plus de machines, je n’ai plus de livres : je devrais laisser tomber un peu le cinéma -impossible – la lecture -encore moins : je lis une sorte de biographie de Nina Simone par Gilles Leroy, lequel n’accorde point le pluriel d’amour avec le féminin, ce qui me le rend antipathique – marcher dans les rues, oui, mais travailler, surtout, voilà l’ennemi(de la musique, de la musique, oui)

(j’ai des questions sur cette maison, du genre il faut bien l’habiter, mais avec qui ? ou encore : il faut que tout le monde vive, mais est-ce que c’est bien sûr ?)

Il y a un film de Wim Wenders qui traite de Pina Bausch qui attend sa chronique, mais je n’ai pas le temps : le manuscrit de mon frère est là -j’en suis à la page 200, il m’en reste un peu plus, il est, en italique (s’il garde ça), empli de ces souvenirs communs, que je revois en lisant

(je dois travailler tu comprends, les vacances de février, je dois assurer – hier, le plombier me disait qu’il avait le même âge que moi, j’ai eu comme chaud au coeur de voir qu’il faut travailler quand même, l’âge, les fantômes, les décisions, les obligations) (on a taillé le noisetier du jardin en tous cas)

J’ai bien préparé une sorte de générique pour tous ces êtres/personnages/actrices-acteurs/humains qui hantent ces lieux, mais je n’ai pas le temps de le renseigner : je fais le récapitulatif de ce qui me reste à faire et la maison(s)témoin pour en faire un billet (on fait ce qu’on veut/peut, on  essaye de survivre, on lève la tête et hors de l’eau et on respire : depuis que le monde l’est pour moi, j’ai des difficultés à y respirer, depuis ce voyage qui part d’Afrique et finit à Orly, et puis avancer en âge, ressentir la présence de Burt Lancaster en Guépard dans sa baignoire

salle de bain 1

: c’est que je préférerais que vive cette maison, mais comment faire ? Tant à faire, tant à écrire, les mouvements des gens à enregistrer, monter, élucider peut-être, les non-réponses de toutes parts (pas vraiment mais c’est une sorte de stimmung -j’ai adoré entendre quelqu’un dire ça à la radio hier soir, comme si de rien n’était – employer des mots -habitus- que seule comprend -stéréotype- une catégorie de la population, c’est un snobisme qui me donne envie de cogner) (d’ailleurs j’ai été voir »Les premiers les derniers » (Bouli Lanners, 2015 dont on avait assez aimé « Les géants » il y a quelques années) où A. Dupontel (première apparition sur mon écran personnel) flanque une bonne correction à un abruti (sous le lien, il y a lui et il y a le metteur en scène deuxième rôle), il y a aussi une assez longue apparition de Max von Sydow (l’exorciste du film de Friedkin-1973) un vrai acteur comme on les aime) (il tape quand même quatre vingt six) (ça ramène à ces histoires de travail qu’on exerce et qu’il nous faut bien exercer)

Le problème à résoudre, c’est que cette maison-ci n’est pas une résidence, et que, pour cette dernière, il me faut produire et concrétiser ce qui ne veut pas venir (les gens ne répondent pas : le mari de la bibliothécaire, le bibliothécaire de la catho, d’autres encore : cette façon qui oblige, dans ce monde, à arracher aux autres ce qu’on voudrait parce que, simplement, on y est attaché et que notre besoin a sur nous cet empire, cette obligation de se battre pour quelque chose qui, après tout, n’a pas tant d’implication que ça, pas plus, ça a quelque chose du gâchis, le temps presse et je n’ai aucune envie d’attendre encore qu’on veuille bien se donner la peine -ce n’en est pas une- de répondre).

Je fatigue, en effet.

Un billet sans humeur, le mois de février entamé, rien du côté du relogement, le livre de Virginia Woolf (que j’adore) (et le livre, et elle) « Une chambre à soi » de plus en plus d’actualité, j’écris la nuit, dans le salon, la maison dort, je vais me coucher, parfois je suis tellement fatigué, je regarde le vent souffler, au loin en arrivant dans cette petite ville normande s’étalait, sur le flanc d’un coteau, le cimetière, ce n’est pas que le cinéma n’apporte pas son content de plaisirs, non plus que la littérature ou les autres choses (la musique, les chansons, la musique me manque tellement, la vraie, celle jouée au fond du couloir…) qui aident à vivre et à savoir que la vie est belle, non, ce n’est pas ça, c’est juste que, quelquefois, il m’est plus ardu de me lever et de parcourir les rues à présent éloignées de celles que j’aime.

Je vais attendre.

Je vais stationner sur le quai, filmer l’arrivée, et boire un café. Après, le jour se lèvera (Jean Gabin, du haut de son sixième où il vient de flinguer Jules Berry (mon préféré français) en lui criant « tu vas la taire ta gueule ? Tu vas la taire  oui ?!!! (« Le jour se lève » Marcel Carné, 1939)

JG et JB

)

et acheter du mimosa, peut-être