l’avenir est pour bientôt

 

 

 

 

dans ces moments-là, on est pris par quelque chose qu’on ne connaît que mal, déjà croisé déjà ressenti mais déjà disparu tout autant et c’est tant mieux, semble-t-il, tant mieux que ça ne réponde plus, tant mieux qu’on oublie, tant mieux que le calme revienne – il est plus doux que ces ruades, cris, terreurs aussi parfois des drames, non, oublier oui – revenir au film qui n’est rien (on n’en dévoilera que peu, presque rien)  (on est sortis de la salle et que reste-t-il, une image ou deux, un  what the fuck un rire, un sourire qui plisse vaguement les yeux – ici on travaillera à Rome – c’est une ville qu’on aime encore assez) comme on y a travaillé ailleurs (on aurait aussi bien pu en faire un passage numéro deux – cependant cette maison[s] ne cessera pas de tenter de comprendre et aimer et faire partager et continuer à rechercher et encore) ici encore, mais l’affaire est plus centrée sur un cinéaste (Nanni soi-même, je ne sais s’il agit pour son propre rôle) (il se prénomme Guiseppe au générique) et sa compagne /épouse peut-être productrice (Marguerita Buy alias Paola) . Alors commençons par le générique

des acteurs et des actrices

(ce n’est pas très clair, mes excuses)

ça me fait penser à cet humoriste

(j’ai oublié son nom, mais c’était un pseudo) qui poussant la porte d’un opticien

lançait un »salut les bigleux !! » retentissant

Jean-Yves La fesse voilà oui – comédie burlesque – c’est le genre d’ici, en moins burlesque parfois –  je repose les noms du générique en fin – ce cinéaste a toujours eut ses films produits par son épouse – sauf celui-ci – mais elle va avec lui chercher des appuis financiers (des sous en clair) par exemple l’appui des plateformes de nos jours,comme on fait maintenant (type Net-truc) :  et ils se heurtent à une espèce de nouvelle esthétiqueévidemment c’est un peu difficile à accepter et on condescend à tenter d’expliquer 

ça reste difficile – ils s’en vont sidérés

ils feront autrement –

avec des chansons par exemple

et de la dansec’est vrai il y a bien d’autres choses (un autre film, un autre contemporain,une autre disposition), les enfants aussi bien, notamment leur fille qui se marrie

avec un homme plus âgé – cette conjonction entre son film

son état de père

ses relations avec son épouse

ses rêves

et pour finir

évidemment l’amour…

 

Vers un avenir radieux un film (radieux) de Nanni Moretti

 

 

 

À Victor Jara

 

 

c’est une histoire bourrée d’allégories – comme on aime – on aime le réalisateur, on aime sa manière (il est apparu dans un film de Nanni Moretti, « Santiago Italia » qui est aussi une merveille) – c’est toujours la même histoire, je le crains : la faculté de l’humanité à se détruire, se torturer, se piétiner, se battre, se blesser à mort pour enfin se tuer, j’avais à l’esprit Victor Jara

Patricio Guzman revient au Chili, le temps d’un festival, je crois – rencontre quelques amis, passe au dessus de ces montagnes qui isolent son pays du reste du monde – une île dira son ami écrivain

Jorge Baradit – on sait qu’il s’agit du pays où il est né, on sait qu’il l’a quittât par la grâce de l’ambassade d’Italie – il n’y est pas revenu – le pays a sombré sous l’immonde : une constitution réglée en 1980 en fait le laboratoire du « libéralisme » le plus éhonté. On y parle des montagnes : ici un ami sculpteur qui raconte la pierre de ces montagnes et les témoins qu’elles sont de ces horreurs

Francesco Gazitùa (les images viennent d’un dossier de presse distributeur : si on aime, c’est là) – des hommes des femmes aussi qui se battent pour respirer vivre créer – ici un autre sculpteur

Vicente Gazardo – une de ses œuvres et lui, dans le soleil

et tout est là : traduire ce que disent les roches dans un langage qu’on comprendrait

nous montons, les roches nous parlent – nous marchons : sur ces pavés (une petite scène : magnifique)

où en sont fichés d’autres

pour ne pas oublier, tenter de se souvenir, garder quelque chose de ces gens morts dans d’atroces circonstances, dans la rue, comme les pauvres et les chiens

comment veux-tu qu’on oublie ? Aujourd’hui, le pays est en crise profonde (elle dure depuis la chute d’Allende, le 11 septembre 1973

un séisme, l’allégorie du volcan – chute orchestrée par les US et notamment ce Kissinger de si noire mémoire), aujourd’hui les gens sont, depuis trois semaines dans la rue et continuent d’y mourir encore (on annonce vingt deux morts – mais ces annonces viennent du pouvoir lui-même – comment veux-tu qu’on oublie ?). On croisera Javiera Parra (le coup au cœur, la petite fille de Violeta, elle aussi chanteuse – comment veux-tu qu’elle oublie, elle aussi, comme Patrizio, comme tous ces gens – comme nous ?)

Et puis longuement, cet homme

Pablo Salas – et là, on est un peu frustré – : c’est un cinéaste qui filme toutes les manifestations chiliennes depuis les années quatre-vingt (car on se bat, toujours, depuis…) , on voit ses archives incroyables, on se demande pourtant comment il fait pour vivre (la frustration vient de là) et produire – il est vrai que l’entreprise a un air très artisanale – mais les archives ses archives sont là – mêlées aussi au film lui-même – on se souvient, rien n’est oublié :

ainsi que les montagnes, qui bordent la ville en son est

on se souvient

« n’oubliez jamais » chantait Joe Cocker (en hommage à son père, certes) – ni oubli ni pardon – et aussi, peut-être surtout cette image de l’enfance du réalisateur

cette boite d’allumettes, ces montagnes – les Andes, pillées pour le minerai de cuivre  : la nuit passent les trains qui vont au port, emmener le minerai qui vaut de l’or, dépeçant le pays de ses ressources – ici une mine accès interdit

affrétés par d’opulents hommes d’affaire qui se vautrent et se prélassent dans leurs résidences ultra-surveillées, au bord de lacs qu’ils se sont appropriés avec l’argent du cuivre, privatisés et gardés par l’État lui-même et sa constitution.

N’oubliez jamais.

 

La cordillère des songes, un film de Patrizio Guzman (2019)

en maison[s]témoin, sur le Bouton de nacre (autre merveille du même réalisateur)

 

 

Radio cinéma

 

 

 

(il me semble bien que je l’ai déjà fait, ce plan avec Blow up) (c’est une émission que je regarde parfois sur youtube) (c’est que j’ai pas la télé) (c’est quand même dans le salon que ça se pose ce genre de truc – quoi que la radio, c’est plutôt un peu n’importe où) (partout en réalité) ( et surtout ça laisse un peu les mains et l’esprit libre) (on peut faire autre chose avec les yeux je veux dire) (ça n’engage à rien) (c’est la radio) (bon ça va comme ça) cette émission parle de la radio au cinéma – j’ai pris quelques unes des images (y’en a 9, mais ça ne fait que 8 films) (il s’agit d’une émission de montage un peu comme ce que fait le Président Pierre Ménard Liminaire tous les quinze jours, si j’ai bien compris) parce que j’aime les films qu’elles me remémorent – on fait ce qu’on peut – et que j’aime bien parler de cinéma – c’est ce que je fais ici, de temps à autre, le mercredi, ça nous change un peu – peu importe, c’est le printemps – ce n’est pas que je sois désespéré tu comprends bien, mais enfin quand je vois et j’entends que les plus grosses fortunes du monde donnent un peu de monnaie pour reconstruire un bâtiment brûlé, je trouve ça merveilleux, certes, mais fiscalement très avantageux pour elles – ce qui fait que j’étais déjà assez malheureux comme ça, mais que ça continue et que j’en ai ma claque de cette façon de faire des grandes fortunes sur le dos de qui, je te/me le demande) laisse, et commence (l’image d’entrée : Sacrifice Andreï Tarkovski, 1986)  ici c’est un film de Costa Gavras, « L’aveu » (1970) (il y a Yves Montand aussi) (les guillemets pour les titres des films, c’est une habitude ou une obligation, me demandé-je fréquemment)

c’est Simone Signoret (nostalgie mais je me suis trompé, en réalité, je me disais c’est « l’Armée des Ombres » (Jean-Pierre Melville, 1969) – mais non, je ne crois pas – c’est difficile à dire – là une image de ce film merveilleux (je le croyais en noir et blanc, mais non) (sans compter les majuscules aux titres, alors là)

L’ARMÉE DES OMBRES

ça ne fait rien, je continue mon exploration (exploitation) de cette émission, et je tombe sur ce DJ aveugle nommé Super Soul qui guide Kowalski tout au long du film – Kowalski, ex-pilote de course, qui doit convoyer une voiture traverse du nord au sud les Etats Unis (« Vanishing Point », Point limite zéro en français, Richard C. Sarafian, 1971) (un de mes films favoris quand j’avais 20 ans) (après ça s’est tassé) (mais je ne l’ai pas revu depuis – ça veut dire « Point de fuite » si tu traduis le titre d’anglais en français)

je me souviens (j’aime me souvenir) de Robin Williams (il s’est tiré, lui) (Simone et Yves aussi, tu me diras) (pour Clivon Little qui joue le DJ, on me dit aussi) Robin Williams donc qui crie « Gooooood Mooooornig Vietnam !!! » ce que j’ai adoré cette façon de dire merde à l’uniforme, l’armée, l’imbécilité, tu te souviens ?

avec ce sourire, cette joie de vivre – et la guerre… – ce sont des films qui restent, ils sont là, un peu comme les images dont on rêve, moi j’ai cette impression, un peu aussi comme certaines musiques, certaines chansons tout autant, des choses qui sont là, qu’on entend, qu’on écoute et qu’on regarde (là, c’est Shock corridor  Samuel Fuller, 1963) c’est pas dans l’émission, mais tant pis

) c’est là, un pli une lettre une enveloppe, c’est à l’intérieur de nous – ça nous accompagne, ça nous rassure et ça nous aide parce que le monde réel est si présent aussi, on veut s’en détacher un peu – je me souviens de cette image de Michel Piccoli dans « Habemus papam » (Nanni Moretti, 2011)

ou celle-ci

ce pape qui refuse l’uniforme – se battre, peut-être – à nos âges ? – j’aime ces histoires-là – ici j’ai pris cette image

pour me souvenir que Georges Perec faisait du cinéma, ça me réconforte – je me souviens aussi de Robert Bober, et de son film (Récits d’Ellis Island, 1979) et aussi de son « En remontant la Villin » (1992) dix ans après la mort du Georges – adaptation et dialogue

« Série noire » (Alain Corneau, 1979) non pas que l’artiste (je ne sais pas les comédiens, les acteurs sont-ils des artistes ? je ne sais pas) Patrick Dewaere me soit quelque chose pourtant, mais dans ce film-ci, oui, c’était l’année du début des études de cinéma – oublier, reconnaître, le monde tourne – sans doute quelques regrets – mais ils ne me sont de rien – ici un vieil homme

« Umberto D » (Vittorio de Sica, 1952) déchirant (Carlo Battisti…), je ne sais plus ce que fait ici cette image, peut-être vient-elle d’ailleurs, mais c’est l’Italie qui revient de tellement loin – l’Italie, oui – ces temps-ci elle semble retourner vers ces démons – je préfère aller au cinéma, c’est vrai –

cette image-là, où Charlie Chaplin se rend compte que la dictature et la démocratie empruntent les mêmes voies (les mêmes voix : celles de la radio) et ce désespoir qui se lit sur ses rides (Le Dictateur, Charlie Chaplin, 1939) – la conscience ne suffit pas, il nous faut l’action aussi : alors faire, et encore et continuer…

Pour finir comme il faut, cette image de Christopher Walken (un des acteurs fétiches du chroniqueur) qui danse dans ce clip d’un DJ (clip réalisé par Spike Jonze – ici à regarder – réalisé en 2000)

il dort, puis se réveille en rêve puis danse et se rendort… Et il se réveille parce que bien sûr et d’abord, sans doute peut-être, je ne sais pas bien, mais la radio diffuse de la musique  (première à éclairer la nuit…)…