Mais c’est qui ?

 

 

Lorsque je repris l’atelier, j’ai cessé avec la prise de tête de la consigne (j’écoute, je lis, je prends des mesures, j’exécute, certes, mais j’ai quelque chose comme besoin de me tenir sur certaines aises) – j’ai lu quelques contributions (j’adore voir et comprendre comment ces ami.es (éphémères, certes) sortent vainqueur.es du bourbier) et j’ai lu et vu la contribution de Françoise Renaud (quelques années de connaissance entre nous) et elle y posa quelques images de ce bourg – j’aime me promener – j’ai l’habitude de croiser le monde – parfois, je le suis – je n’étais pas bien sûr de la façon dont ce petit bourg cévenol était arrivé à la maison mais c’est parce que, aussi, une de mes meilleures amies vit du côté d’un autre, dans le coin, nommé Saint-Ambroix (enfin le coin je ne sais pas bien, non loin par là (vers l’est) dans un certain sud de la France) (un jour on y fut, il y avait en haut de la colline des mimosas, une maison abandonnée – elle est en réfection me dit-elle) oui, c’est pour ça : une sorte d’envie de voyage, un épisode de quelques heures jours ou semaines – mois qui sait mais l’hiver me pèse, tu sais – ces temps-ci où rallongent les jours sans qu’on parvienne à y prendre goût – et passant par là, donc, je me disais « il n’y a donc personne » car les rues furent vides un moment – puis à y regarder de plus près, moins – donc ces gens, ces gens-là, mais qui est-ce donc ? 

 

En vrai, le village, le bourg, l’endroit ou la commune débute sur la rive opposée de la Vis  (par là elle va grossir l’Hérault)

rive gauche donc – il y a là une cascade (contrechamp)

y regardant de plus près, trois ou quatre humains

difficile à dire – si on veut aller voir c’est par là

mais non, on avance et, pour tourner à droite, on laisse la départementale (cent-dix je crois bien)

et on croise cette maison :

derrière les arbres sous la véranda

est-ce un signe à l’auto enregistreuse

il semble – on passe – on avance rues étroites personne, pratiquement – puis un homme qui promène son chien (peut-être vaque-t-il, est-il sorti fumer, qui peut savoir) (il est loin, est inscrit quelque chose sur son vêtement)

on prend à gauche, une petite rue qui tourne – monte – fait bon on dirait pas vrai (surtout à l’ombre, oui)

un type qui monte dans sa camionnette (décoration peintures quelque chose) (on ne le verra plus) à la fenêtre du premier étage

(regard caméra) (soleil irisé) rue étroite

elle et il s’écartent – lui

elle

si je pensais qu’il était quelque chose comme onze heures et demie c’est qu’il y a, au bout de la rue ce bar du jardin, cette espèce d’ardoise, ce menu (11,90e ça va encore – les clichés datent de 2016 (ou 14) il me semble – cinq ans au moins)

plus loin, cette petite affichette qui indique

que c’est ouvert, à droite par là – en effet

il s’agit de l’Escope du jardin (kézako l’escope? j’ignore), il y a là quelqu’un, il regarde – je pars, c’en est presque fini – ici le foyer

si on me demande, je dis que c’est un maire ce Jean (un ex-maire) – ou Jacques – ou Jérôme – ou quoi – enfin Rouquette oui –  ces images, presque les dernières, suivantes, bordent le cimetière (je me sentirai plus en fin d’après-midi – j’aurai mangé, on aurait mangé, on se serait un peu assoupis sous les platanes, l’ombre de la place aurait rappelé celle de l’Île-Rousse)

elle aussi promènerait son chien – on passerait doucement, en se retournant

elle nous aurait probablement déjà oubliés – on s’en va, il y encore lui – parait décidé

au revoir

on part

 

L’envol

 

 

 

c’est un film réalisé par une femme, Nora Martirosyan – on peut croire dans la relève – qui se passe en Asie centrale (le Haut Karabagh, « république autoproclamée de Transcaucasie », n’est pas une enclave de l’Arménie dans l’Azerbaïdjan – non plus que l’inverse (je ne veux heurter personne, j’ai vaguement l’impression que ce qui intime la guerre aux Azéris comme au Arméniens est du même ordre que ce qui unit les juifs et les arabes – une proximité féconde et une bêtise crasse – laisse ça ne sert à rien) il y a là un auditeur (un type : il est là pour écouter) interprété avec grâce par Grégoire Colin (je crois bien qu’il jouait dans le Barbara de Mathieu Amalric, (2017) oui, il y incarnait l’impresario Charley Marouani – on ne disait pas encore « agent » tsais) là il arrive

il y a des images , comme celle-ci, qui ont quelque chose (certainement un écho de la jeunesse – pays inconnu, vide, bizarre étrange)

pour y parvenir, la route est longue

(je te l’éclaircis mais c’est quand même assez fort le début du jour

) on passe la frontière (oui, voilà, mais laquelle, dis-moi laquelle ?)

la limitation de vitesse est parfaite

il arrive en taxi donc, il est français, il se prénomme Alain, il vient pour faire son boulot, travail turbin chagrin taff normalisé des choses à auditer (c’est comme ça qu’on dit) un rapport à rédiger des constats à établir des déclarations à vérifier : la norme internationale s’incarne en lui (on se demande un peu par qui il est payé, mais on imagine une institution loin dans certains limbes ou arcanes inaccessibles au profane) – il vient, on le reçoit

avoue que, comme accueil d’un client, c’est quand même mieux que ces mains tendues, guindées, présentations conformes etc. – ça le surprend d’ailleurs, sans particulièrement l’étonner pourtant – comme s’il s’y attendait –  une bizarrerie de plus sûrement – le film a quelque chose de bizarre, hors des normes des frontières des lignes – quelque chose de différent – le directeur qui l’avait pris dans ses bras a convoqué la presse, il s’agit de cette femme

mais Alain fait son travail : il n’a rien à dire parce qu’il n’en a pas le droit – rien – il doit vérifier si cet aéroport est bien conforme –

la presse s’en va –

– là-bas un gamin porte des bidons d’eau

on le voit ici à peine, tout petit en bas de l’image un peu à gauche (le halo blanc, c’es la surimpression sur l’image du titre du film qui va apparaître : « Si le vent se lève ») – c’est le site de l’aéroport, il est fréquenté par ce petit bonhomme prénommé Edgar

qui s’enfuit

il vend de l’eau (ces incises sont merveilleuses) ici à une enfant comme lui

là à un travailleur dans une mine de calcaire blanc

un peu partout où il trouve des clients (sont-ils (ou elles) assez crédules pour imaginer des vertus soignantes apaisantes magiques à ce liquide ? peut-être…) des vieilles personnes, des moins âgées – un petit être débrouillard (cette eau singulière, cabalistique peut-être, fabuleuse certainement, il la prend au robinet de l’aéroport, puis s’en va

la fait payer – se constitue un pécule – sans doute a-t-il ses raisons –

ici il a un ami – une connaissance, un voisin, un berger

un fou, un indigène, un autochtone qui cache des armes dans sa bergerie-

je voyais cette image et j’imaginais les ronds dans l’eau qu’ils étaient en train de regarder, tous les deux, là (il y avait cette chanson,là, paroles Pierre Barouh et René le Sénéchal)

assis là, dans cette lumière rose – deux êtres au monde – un drôle de monde – le notre, pourtant, tout à fait – on a donné à Alain un chauffeur pour faire ce travail

du cru, lui aussi – sa femme vient de donner naissance à un fils – scène de nuit, le chauffeur qui parle à sa femme qui, sur le balcon de la maternité, éclaire le visage du môme avec la lampe de son portable – on fêtera cette naissance

et on boira à l’honneur du futur soldat – oui, voilà c’est là, la frontière – il sera soldat ou il sera autre chose – il vivra en tout cas, espérons – mais pendant ce temps-là des enfants s’amusent, trouvent les armes du berger, foutent le feu à la prairie, s’amusent –

des bêtises, comme la guerre – Alain a fait son travail, on l’appelle

mais oui, tout est conforme – le directeur de l’aéroport lui explique la situation : à l’ouverture de l’aéroport correspond la réalité et la légitimité de l’état du Haut Karabagh (ça fait sans doute beaucoup) (peut-être trop)

un appel téléphonique qui vient du siège de l’agence d’audit – ça ne passe pas – ces affaires ne se traitent pas dans ces sphères – mais cette frontière est là, pourtant – et les photos qu’on peut trouver attestent aussi de l’existence ou de la réalité du lieu

– pourtant

– cependant (l’adorable forme des drapeaux, et l’ordre d’iceux-ci)

un seul avion a jamais atterri ici – probablement dans l’ère soviétique – mais depuis, aucun- bien sûr s’ils venaient jamais ils pourraient se poser – tout est prêt, tout est agencé, les consignes de sécurité, les éclairages, les cris enregistrés pour effrayer les volatiles, tout est là – il y a même l’eau courante – mais les seuls avions qu’on peut voir ne sont que mimés

– une nuit, l’auditeur demande à voir cette fameuse frontière qui n’existe pas

il aurait pu y perdre la vie

non ce n’est pas une guerre d’opérette… Une dernière séquence magnifique, un dernier plan enchanté miraculeux inspiré – et peut-être (doit-on l’espérer ?) prophétique

 

Si le vent tombe un film de Nora Martirosyan

 

Je dépose ici le générique qui clôt le dossier de presse du film, parce que hors Edgar et l’auditeur Alain quelque chose, je ne connais pas les prénoms des personnages qui interprètent ici les rôles – ce sont, dit Nora Martirosyan, des personnes fort bien connues dans le pays.

Ah si : (propos de Nora Martirosyan)

Les quatre acteurs qui interprètent le directeur de l’aéroport (Davit Hakobyan), la journaliste (Narine Grigoryan), le chauffeur (Arman Navasardyan) et l’ermite fou (Vartan Petrosyan) viennent majoritairement du théâtre.

 

 

 

 

Ode simple

 

 

 

il y avait une chanson, c’était du temps de la maison bleue, qui racontait « c’est le début de mon histoire/bien avant ma première guitare/quatre ans après Hiroshima » (elle porte, à peu près,  le même titre) ce n’est pas simplement la raison pour laquelle ce film a quelque chose cependant, mais peut-être – au moins pour moi disons – mais aussi encore parce que ce titre pourrait ne correspondre qu’à une des trois époques qu’il raconte. Trois mois, peut-être, de la vie d’un homme. Commencer par le jeune âge, avec le grand-père, berger (on est berger de père en fils dans la famille, dira-t-il plus tard)

dix ans à peine, les mystères des sous-bois ou des soleils

une histoire simple, presque rien : une vie

des paysages somptueux – mais ça n’a pas d’importance, c’est le cadre simple de la vie – il se mariera

scène de lit, nuit de noce, puis le lendemain, s’en ira à l’armée – longtemps – (trois ans) on ne verra plus sa femme

mais il parlera aux goélands – test de Bechdel : zéro pointé : je ne sais pas : est-ce sans importance ? poser la question, est-ce y répondre ? – en tout cas, des marins, un monde d’homme, on lui propose de rester, de devenir officier, il fait celui qui ne comprend pas (ou il ne comprend pas, simplement) (un homme simple)  et puis, dernière époque

un berger, ses bêtes, son bâton – son travail – il a un fils, sans doute, mais on ne le voit pas – il parle au téléphone avec sa sœur, on ne  la voit pas non plus (on comprend que sa femme est partie, avec son enfant (peut-être) ou qu’elle reste au village tandis que lui reste en alpage – on ne sait pas bien) – pauvre sans doute, mais il mange, il vit, il se lève, s’ébroue – et puis sa sœur se meurt, il ira la voir

une carriole, une âne, la neige – une étape, il dort dans la neige – il se réveille, va voir sa sœur morte – revient et vit dans son champ

c’est tout.

Magique (musique et image parfaites).

 

Février, un film (Bulgarie) de Kamen Kalev (Fémis, promotion 2002)

Festival

 

 

 

 

non, il y avait cette émission de radio que je menais fin des années soixante dix qui parlait de cinéma, qui faisait gagner des places tu sais comment c’est une question, le premier arrivé (ou la première ne soyons pas chien) a gagné (je me souvenais alors de Campus, je n’aimais pas trop le hit-parade je n’avais pas de  préférence quant aux chansons mais j’aimais déjà Léo, Jean-Roger, Georges et d’autres encore – Pauline Julien et Mercedes Sosa – toujours aimé la musique et les chansons – et le cinéma : mais il n’y a pas que ça dans la vie – comme d’habitude je suis tombé là-dessus, et voilà que je pose ça ici, cette maison sera donc le témoin de ces agissements-là, d’alors – ce n’étaient que les débuts, réellement, de la vie rêvée du paix et amour – j’ai aimé cette situation sans la comprendre – c’était en soixante-sept – j’avais un ami plus âgé que moi qui roulait en Triumph Spitfire (ses parents étaient professeurs je crois, il était fils unique, habitait au 49 alors que ma famille vivait au 41 – c’était une amitié à la mode d’aujourd’hui, ses liens étaient lâches comme aujourd’hui les gens qu’on croisent ici ou là) – je n’avais pas spécialement de vie amoureuse, lui oui, sans doute dix-huit ans – un ami d’école de mon frère je crois – j’ai oublié – cette époque-là – mais il y avait à la maison le Highway 61 de Bob (lui était à l’hôpital après son accident de moto) et peut-être (à peine plus tard) A saucerfull of secrets (du Pink Floyd) – assez rapidement, sans doute lisait-il Rock et Folk (nous collectionnions alors les publicités pour automobiles sur papier glacé qu’on volait quand on ne voulait pas nous les donner) et il y a cette image-là surtout (Jimi Hendrix…) foutre le feu à sa guitare, un peu comme Miles Davis jouera dos au public –

c’était aussi l’époque des motos, on aimait la mécanique – on avait envie de vivre à en mourir sans doute – les Beatles avaient cessé de se produire sur scène (ça suffisait comme ça) (la jeunesse étazunienne mourait pour sauver Saïgon – bientôt on verrait Da-Nang, l’offensive du Têt le disputait déjà au napalm – ça mourrait, et moins d’un an plus tard on serait dans les rues – la péninsule ibérique était aux mains des ordures – en avril, cette année-là, les colonels prennent le pouvoir en Grèce, aussi – mais en ces trois jours de juin 1967, il y avait cette chanteuse magnifique, à peine connue (son nom ne figure pas sur l’affiche)- ah Janis Joplin …

la joie de vivre pourtant et l’amour de la musique, quelque chose de ce genre (le film de Pennebaker – un jour, il faudrait le voir quand même… – en porte encore la trace, le bonheur et la liberté – et puis le Buffalo Springfield et puis les Who qui détruisaient aussi leurs instruments de musique – mais tous les participants payés au même tarif ( rien) pour un concert gratuit (sauf Ravi Shankar dit la chronique) – quelque chose de l’été – Otis Redding n’avait pas pris ce maudit avion

qui le tuerait, en décembre de cette même année – des fleurs

des chansons de la musique et de l’amour – que rêver de mieux ? (il n’y avait pas non plus les Rolling Stones, on jouait gratuitement faut comprendre – mais j’ai l’impression que Brian Jones était là, comme Mac Cartney – on en a une image

quelque chose de la liberté et de la joie de vivre) – lui mourra dans une piscine dans deux ans, noyé – on sait qui ne l’a pas aidé à s’en sortir – toute une vie, toute une époque, une ambiance – Monterey Pop festival, les 16, 17, 18 juin 1967, voilà bientôt onze lustres, sur le champ de foire qui n’avait pas exactement sans doute le même aspect que celui-là

 

les images des chanteurs sont tirées d’un article trouvé dans un hebdomadaire vantant le coffret de 3 DVD du film de Donn Alan Pennebaker(chez Centurion), article dû à François Gorin.

 

Album (dispersion continue) (6)

 

 

 

 

 

non, la colère, non – même si ça servait à quelque chose, c’est impossible, c’est sûrement trop tard – mais on reste en prison – on regarde quand même les choses qui passent (les images sont des choses) – elles me rappellent ce que je suis, de quoi je suis fait – il y a eu cet entretien que j’ai écouté, avec Allain Leprest

c’est un chanteur, un poète aussi bien qui disait « une chanson, c’est cinquante pour cent les mains » – c’est plus que d’avoir quelque chose avec les chansons (ou avec la chanson) – je regardais aussi cet entretien de Jacques Higelin (gaffe : lien vers facebook) (merci à Laurent Peyronnet) au sujet de Léo Ferré – mais oui, l’âme – j’aime assez les chansons comme j’aime les images –

(des tonnes : requiem pour un fou) les stars et les espions –

là elle joue dans « madame la juge » (une ex-avocate qui devient juge – série de 4 ou 6 je ne sais plus épisodes télé fin du siècle dernier années soixante-dix – elle nous a quitté en 85; au Père Lachaise avec son Montand à côté d’elle)

je lis un truc sur Marguerite (un truc, c’est petit de dire ça) sa biographie par Laure Adler (un folio (3417) acheté 3 euros chez momox) – le Jouvet avec cette actrice Asie du sud-est, Foun Sen (l’épouse de Léo Joannon (dont on tait les frasques avec la Continental – on ne les oublie pas cependant ) que j’ai croisé(e) dans le « Oncle Dan » dont je rapporte l’index, la semaine prochaine ici même) (elle tient de le rôle de l’assistante du télépathe Winckler (ainsi que l’un des personnages de « La vie mode d’emploi » (Georges Perec, Paris Hachette, 1978) et pseudonyme vivant)

incarné par Erich von Stroheim – puis avec Jany Holt (laquelle est, si je ne m’abuse, l’une des grand-mères de l’auteur, Jean-Marie Périer) (ça se passe dans « L’Alibi » (Pierre Chenal, 1937) – ce ne sont que des images et tous ces gens sont morts (ça ne change rien, ils sont là) – une image du Joli Mai

de Chris Marker (1962-3) (lion d’or vénitien, on peut le regarder comme le « Chronique d’un été » (Jean Rouch et Edgar Morin, 1961) des images de ces années-là) – j’avance tu sais mais pour quoi en faire et vers où, je ne sais pas bien – je repose celles-ci (je les aime tant) : attendre l’autobus sur les hauts de Lisbonne (il en est des tas, des hauts de cette ville)

discuter avec un voisin 

on ne le voit que mal, mais il est là – ici avec probablement sa femme

dans « Le tramway de la ligne 28 » (Denis Pasquier, chez l’auteur, 2020) – cette vie-là, dehors et riante – bien d’autres choses sans doute mais que j’oublie – il faudrait garder ces choses, les inscrire dans un album pour tenter de se rassurer sur son existence – et la leur –

on a presque oublié qu’on allait lire le journal en terrasse, café verre d’eau – ici le trottoir de la droite de la rue de Verneuil – et puis encore trois images

de ces nuages

plutôt merveilleux (du côté de l’Alaska)

sans doute reviens-je de (ou vais-je) loin pour ne pas regarder ce qui se passe ici et maintenant – cette honte et ce décharnement de l’hôpital pour aboutir à celui de la sécurité sociale, les avancées dues à l’issue de deux guerres mondiales – la résistance, et son conseil national – poubelle de l’histoire capitaliste – se battre et mourir – la publicité et le marketing – l’ordure – j’en finis avec cette image rézosocio – on s’y rappelle souvent à votre bon souvenir (des images pour vous y aider, quelque chose de tellement beau (le souvenir) utilisé pour quelque chose d’abject – (on peut remarquer le genre des photographes saisi par cette image) cette charmante Varda, M veste rouge fils (de Louis) et petit fils (d’Andrée) et l’artiste de rue JR (Cannes hors compétition, présentation de « Visages, villages » voilà non pas 2 mais 4 ans) (quoi qu’il puisse arriver, la publicité comme le marketing et leurs avatars (dont le rézosocio est le parangon immonde) (mais une immondice d’un organisme immonde devient-elle autre chose ?), quoi qu’il puisse en être de ces forces, rien n’attentera jamais à l’amour qu’on a pour ces gens)

les cigognes de Mikhaïl Kalatozov

 

 

 

 

 

Parler de cinéma (soviétique c’est vrai) – une palme d’or en 1958 à Cannes – plus de soixante ans de ça, président du jury : Marcel Achard – la fin de la guerre date de treize ans – le lyrisme : par exemple ce plan, elle court

elle court encore

elle cherche son amoureux

c’est que la guerre commence (il y part, il y est parti)

l’armée qu’on dit rouge et ses chars (travelling bas haut – à la grue sûrement)

elle court encore

elle est sous le titre du film (au dessus du « d » de quand) (c’est une surimpression d’un film annonce – sans doute à la faveur d’une sortie en dvd, un marketing de maçon – lapalissade – en temps de réclusion inique) cependant le plan : une prouesse de mise en scène et en place – les figurants, les chars, la poussière l’héroïne : une merveille, du cinéma tout bonnement – une histoire d’amour

ils s’aiment (mais ne) et se promettent (pas encore) leur vie (presque : un billet qui n’arrive pas à destination (un peu comme dans Cinéma Paradiso (Guiseppe Tornatore, 1988) et le fil se rompt) (une tragédie – une tragédie que la vie, que la guerre…)

pourtant

il la raccompagne chez elle

elle s’en va

mais elle ne le retrouvera plus – noir et blanc sublime (elle épousera un couard (le cousin du précédent), mais c’est elle le centre du film et de la narration)

la guerre

où la mort rôde, la guerre et l’horreur – puis reviendra la paix

sans lui, sans doute… Une vraie merveille

Elle c’est « Tatiana Samoïlova (qui) sublimée par les trouvailles visuelles de Sergueï Ouroussevski (le chef op, formidable) , crève l’écran » (je cite quelques mots trouvés je ne sais plus où).

Quand passent les cigognes, un film de Mikhaïl Kalatozov (son image en entrée de billet) 1958

à voir du même (avec le même chef op) Soy Cuba (l’arrivée au pouvoir du Lider Maximo, en pays frère…)

dans le même registre (la guerre et ses horreurs, comment tenter d’en rendre compte) au lyrisme sublime aussi (mais en couleurs) « Le temps d’aimer, le temps de mourir », Douglas Sirk 1958 (même année…)

 

 

 

d’un voyage à l’autre #8

 

 

c’est un genre de tribune, images et texte, tous les mercredis ou les vendredis – ça pourrait aussi bien faire une carte postale de réclusion – on en est encore à la réclusion (pourquoi cinq mille et pas huit ou trois ?) (cinémas bars théâtres musées expos restaurants dance floor et autres music hall sont fermés pour combien de temps encore ? pour combien de temps encore ?) (noël sera dissemblable : tous les ans, on essaye d’y échapper – pourquoi ne pas prendre le pli ? – pourquoi aller faire des courses, des achats, des cadeaux dis moi, pourquoi ? pour qu’on nous aime ? )

quelques éléments de mobilier urbain en entrée de billet (quelque part à La Salle, Québec)

les images qui sont ici posées sont déjà médiatisées (la plupart d’entre elles apparaissent sur un rézosocio, en commentaires de signalements sur le tour du monde virtuel – tour je ne sais pas, virtuel donc deux fois plus – au carré dirait un matheux idiot – ce n’est pas qu’une lapalissade) (des images induites par d’autres qui existent donc ailleurs) dans les enceintes, Georges Harisson et son « isn’t it a pity  » – il y a sur le bureau un dossier marqué « dreamland + » lequel contient deux cent quatre vingt quatre éléments (un par jour peut-être, 5 jours par semaine, un ou deux ans de suite – marque de fabrique – ici huit occurrences) (maison[s]témoin des élucubrations – des images  n’en plus finir)

 

aux états, marques de pneumatiques dont l’une licencie à tour de bras ici (près de neuf cents – japonaise – les Conti les Goodyear les autres : les équipementiers automobiles – la crise ?)

quelque part au royaume uni (plus pour longtemps) (l’unité, je veux dire, de ce royaume – parfois je me dis que la disparition de la souveraine aux quatre vingt quatorze balais (sa mère mourut à cent un) (on ne le lui souhaite certes pas) marquera un pas dans cette désunion – que nous apportait ce royaume ? qu’a-t-il fait de ses esclaves  et de ses livres sterling ?

à nouveau aux états, un petit môme sur un banc bleu (l’image précédente le voyait choir de ce banc – un petit enfant noir) –

ici on travaille la couleur (étude en vert), encore aux états – un tropisme sans doute du réalisateur – les jeunes gens qui courent en ville (parfois ils se déplacent en meute – à d’autres moments ils glissent sur des patins à roulettes investissent les rues à la nuit tombée – les jeunes gens à qui appartient l’avenir comme à nous) et de l’autre voyage, quelques images retrouvées dans le dossier « récents » créé sans que j’en sache rien (six cent quatre-vingt documents)

ici c’est à Tandil, cinquante kilomètres au sud est de Buenos Aires (Argentine) (en cette ville se réfugia après guerre et trois années de prison, je crois, Robert le Vigan (acteur de cinéma français, pro-nazi) (il y mourut, à soixante-douze ans : la vie n’est pas chienne) (je regardais et cherchais ici la gare, et une maison bleue)

du côté de Vera-Cruz, un chien qui cherche de l’ombre – et le rose et le bleu – et le regard –

puis une plage à Dunkerque ( les couleurs qui reviennent, la voile blanche comme la peau du type- le nord) – la mer loin, la bâche –

je crois que c’est en Inde, à l’occasion de la recherche inaboutie que j’avais entreprise après relecture – durant les cent cinquante jours de l’inter-réclusion – de Nocturne indien (Antonio Tabucchi, 1984 et 87 en français traduit par Lise Chapuis, Christian Bourgois 10_18 1976)

probablement le contrechamp – c’est à Goa – le royaume était uni alors et le  Commonwealth (le même élan commun, quelque chose dans ce genre, la couronne, le kricket le golf et le polo) – nous disposons aussi de ce genre de folklore (Un barrage contre le pacifique tu te souviens ? ah Marguerite…) – alors les images

ici c’est en  France la construction de l’Iter (réacteur thermonucléaire expérimental et international) à Cadarache – le monde comme il tourne : budget initial : 5 milliards d’euros, le truc n’est pas fini mais le budget a été multiplié par 4 : sur Terre meurent de faim quelques centaines de millions de pauvres… –

deux mômes sur une mobylette à Hanoï (encore que pour les âges, je ne saurais pas te dire) – il faut illustrer, faire en sorte que quelques images de cette maison permettent aux passants de s’enhardir à poser quelques questions, à s’intéresser à ce lotissement – les temps sont durs pour tous – l’atout, c’est qu’elle se situe en banlieue , un jardin, une étendue libre, un air plutôt pur –

elles sont toutes vraies, mais celle-ci plus que les autres sans doute – « comme un petit coquelicot mon âme » quelque chose de ce genre –

ah quel terrible cinq heures du soir

 

 

il se trouve que la connexion internet dont bénéficie (il l’achète, certes) l’agent ces temps-ci foire – on en manque, on doit travailler l’employeur ne va pas commencer à payer non ? – cette honte – passons – de ce fait on publie comme on peut – on aime à publier le matin, va comprendre pourquoi – peu importe on arrive – on a des commentaires en retard, on demande des excuses

 

Au début on ne la voit que peu

ce n’est pas le trouble des temps – on a tellement tôt fait de trouver son époque extraordinaire historique jamais vécue ni vue – non, ça ne nous est jamais arrivé : mais c’est tous les jours la même chose, ça ne nous est jamais (non plus) arrivé – presque rien, tellement peu

on a vu un type barbu orbaniste immonde de Hongrie, je crois, donner sa démission pour des frasques sexuelles (Anne Sylvestre a tiré sa révérence) (on l’aimait assez mais elle avait quelque chose d’acide – une compositrice chanteuse interprète – il n’y a que le dernier qualificatif qui soit épicène) (sans genre) – c’est un peu comme pour les étoiles : pour les voir, il ne faut pas les regarder

pourtant quoi de plus exceptionnel que notre propre identité ? – tout nous est exceptionnel

– on marche dans la campagne, c’est une journée comme une autre (historique) (ce n’est pas pour se vanter, mais ici, jamais aucune a deux d : dans les débuts, il y avait cet entrain pour le légitimisme qui me faisait la remplir – j’ai cessé – il y a les bruits et les chiffres (moins qu’en septembre, plus qu’en mai, moins qu’en octobre mais plus qu’en février – on ne comptait pas alors) quelque chose du dégoût – je ne compte pas le reste, les coups, les blessures, les insultes, les mensonges (rien avec les militaires ?

le cintré et sa « guerre », son engouement pour l’héroïsme ? le locataire (à vie) du Kremlin (pas Bicêtre : Raoul de Godewa(e)rsvelde peut-être bien – les bêtises de Cambrai et les bourgeois de Calais) serait-il un exemple ? c’est sûr qu’il est préférable d’en rire (vu la prise qu’on peut avoir sur les événements, c’est sans doute – me dis-je – l’une des façons de tenir et de se déprendre de l’immonde qui flotte un peu partout)

il est cinq heures du soir, il ne fait pas si froid quand on marche, on avance, le monde bouge, tournent les astres et les étoiles – souvent le matin, Sirius – ou est-ce Vénus ? au dessus du toit (j’avais toujours cru – tu sais l’orthographe… – que d’un toit on posait sur le i qui serait son faîte on y posait le circonflexe au lieu du point qui le représentait : mais non) –

on marche on avait droit à une heure c’est trois un kilomètre c’est vingt un passage en caisse une demande de subvention, on commande ? Jamais. On entend dans le poste des insanités (je ne veux même pas répéter les mots de la ministre de la culture et de la communication, des loisirs et du tourisme, des vacances et des transports, celle du travail ou l’immonde des cultes, celui de la justice, qu’il garde donc ses sceaux- il a retiré sa plainte, tu sais comment c’est on est aux affaires on achète de nouveaux costumes neufs) j’ai fermé le poste – je ne lis le journal que peu (le papier, c’est d’un ringard) je lis les livres arrivés par la poste, je continue mon office – un chemin un peu hésitant sans internet – je me souviens que mon oncle (par alliance) me disait (nous parlions ensemble de son travail, c’était un homme avec lequel j’ai toujours aimé à rire) que dans les négociations « non ce n’est pas une réponse » –

nous marchions dans la campagne (la veille ma fille m’avait envoyé une image du fleuve qui traverse la ville, on y voyait déjà ce satellite – il se couche vers l’ouest en milieu de matinée ces jours-ci –

la route les champs les arbres et les fleurs – la maison au loin – je lui disais « oui je l’ai manquée aujourd’hui mais demain…» – nous vivons dans le même pays (j’ai entendu Ariane Ascaride tout à l’heure : « pas une seule fois le mot culture » dans le discours du cintré…) – c’est l’hiver qui s’approche : je me demandais, en est-ce une ou en on aura-t-on treize fois le sketch ?

Au loin, on ne l’apercevait pas au début, puis elle devient rose et puis lumineuse – on avance ?

On marche et on tient (par la beauté) (la joie, les rires – le poète (Francis Cabrel) raconte à un moment « quand t’as allumé ton sourire » oui, c’est ça, c’est exactement ça – et par le sourire de ceux qu’on aime

d’un voyage à l’autre #7

 

 

ne pas perdre les bonnes habitudes – j’aurais du faire illustrateur comme je l’entends c’est à dire sans doute plus iconographe – mais c’est égal, j’illustre – la plupart du temps ce sont des commentaires (longtemps j’ai suivi la route du petit journal) – c’est de concert qu’on voyage – ici quelques images posées en commentaires des textes d’ateliers d’écriture (François Bon, Pierre Ménard, L’aiR Nu) (ce dernier n’est pas vraiment un atelier (j’aime beaucoup la photo de la préfecture

j’aime mieux encore son contrechamp

surtout ce sac jaune, en bas) mais peu importe la structure si on peut dire l’important reste (et gît) ailleurs (dans ce quartier, mais rive gauche, la rue Gît-le-Cœur depuis toujours à Paris que j’aime aussi même si elle évoque à présent M. qui se jeta un jour du pont et en mourut) (rien n’est jamais tout noir non plus,comme on sait) et donc ici des images gardées prises posées données plus ou moins pour marquer qu’on est passé (les histoires de commentaires forment un peu ma présence, mon existence, mon absence – enfin un peu tout de ces écrits laissés ici ou là – dans cette maison qui en est le témoin) (un long article foisonnant ou pléthorique, c’est selon, existe encore ici) (parfois je me dis c’est juste un jeu) (et en effet)

récapituler : (jamais été à Los Angelès, désolé) prendre le San Vincente Boulevard direction la plage de Santa Monica, tourner à droite dans Santa Catelina avenue, et à droite  la cinquième impasse du lotissement (il y en a dix huit des impasses dites « drive » d’Helena) (là où s’est éteinte Norma Jean Baker – une chanson de Serge Gainsbourg – dans la nuit, vers quatre heures, du cinq août soixante-deux) (la 19 mienne)

la septième avenue à New York au 177, le club de jazz où Mingus (je ne sais plus) (à un moment chez Pierre Ménard) (en tout cas avec ces instances, on est assez tétanisés, non ?) (non, ça n’a rien à voir mais les voyages et les déplacements…)

c’est l’oiseau sur cette espèce de petit pylône – on se demande (pas réussi à le déterminer) s’il est vrai (il se trouve devant une sorte de soucoupe volante (c’est un cinglé qui tente d’accueillir les extra-terrestres) plus loin, un monument aux morts

mais le drapeau étazunien ainsi que celui posé sur la Lune – des images posées pour Dreamland de l’ami Olivier – j’illustre en commentaire du rezosocio – enfin de l’un d’eux –

on est en Italie,un lieu sacré, des hommes discutent – à nouveau l’Italie,mais Milan

au fond c’est le Dôme, une petite rue piétonne, au 4 se trouve une agence plus ou moins immobilière –  elle fait partie de la fiction qui s’est emparée de mes textes d’atelier d’écriture

à nouveau, le 4, la rue Ugo Foscolo (un poète je crois bien) et encore

tourner autour – j’ai suivi aussi cette image pour un épisode des îles numériques (une nouvelle rubrique, disons, du collectif l’aiR Nu (qui veut y participe en suivant ce lien) ici Jussieu la tour soixante-six qu’on ne voit pas, derrière un arbre

des souvenirs – et continuer à tenter de survivre surtout – des difficultés – il se peut que cette suite d’images ne signifie que peu – ici un quai d’embarquement de ferry au nord de la Norvège

où se déroulent des histoires racontées par un des participants (Laurent Peyronnet) (on peut y aller voir et il y a à lire…) un autre quai, sans doute l’arrivée

souvent les animaux et les gens guident le cadre (la même décadrée)

et on oublie, on voyage, à peine, mais voilà qui nous change un peu

de notre condition, de nos habitudes et de nos décors familiers

je récapitule, j’essaye de survivre – ici sur le bac reliant je ne sais plus où aux îles Lofoten je crois bien – j’avance ?

ici un des mouchoirs trois tas dans l’armoire chez Géraldine Queyrel (sculpture au point de Bayeux due à Christine Jeanney (lire ici) (ou ailleurs) –

du cinéma (chez madame Caroline Diaz) (Jean Desailly en plus ou moins fourbe, Françoise Dorléac en moins ou plus hôtesse de l’air – et cette peau douce…) – le cinéma, oui (illustrations aussi chez Lucien Suel pour ses poèmes express sublimes – forcément) (par exemple Barbara Loden dans son propre »Wanda »  (1972))

d’autres choses encore : ce rapprochement opéré par le Notulographe pour son invent’hairon  voit mal mais l’image de gauche est due à Maryse Hache (9 juillet 2011) dans son Orsay si paisible –  une image  de  Dario  Fo prise ici ou là : ça se suit,  ce n’est  sans doute pas sans raison

le rire, les clowns – des images aimées

Ah Mano Solo… il chante cette chanson magnifique « Les Gitans » cette merveille… et puis c’est une histoire qui finit mal -et celle de son père pire encore – mais on n’oublie pas pourtant le grand Duduche –

et Valentina Cortese, merveilleuse milanaise, actrice rappelle-toi « La nuit américaine » (re Truffaut comme quoi…) (elle s’en allait à l’été 19 -elle était de 23 quand même stuveux – à un moment ça va bien aussi) (elle aurait bien fait Norma j’ai l’impression) j’oublie, j’en termine avec cette plage du côté de la Floride (on espère que le fumier s’en ira des US – viré – salaud)

beaucoup d’images automatiques (ça ne change pas grand chose)  quelques merveilles du monde – et tenir et se battre. Pour finir cette image de Gênes, 2001.

Tenir. Et courage

 

 

 

 

des outils

 

 

 

c’est difficile à dire (pense, en lui-même l’agent) (enfin je crois : je le vois, bras croisés, devant la baie qui domine le petit jardin, lequel descend, en douce, vers le rond-point qui ne sert à rien au fond du lotissement – mais je m’égare) mais le monde est tel qu’il est (comme on voit l’agent divague) (je ne sais pourquoi il faut lui donner la parole – il arrive que certaines corporations soient formées d’abrutis notoires) (je ne vais pas citer le sabre, le goupillon, la matraque ou la gégène hein) (non je ne vais pas) regardez le monde tel qu’il est : vers vingt et une heure locale, plus personne dans les rues, je ne veux voir qu’une tête (il y aura bien un esclave à vélo uber pour porter à manger aux malheureux; aux malheureuses) – hier je rentrais de la campagne, le train a mis sept heures au lieu des deux et demie annoncée pour faire son parcours – on nous  a fait changer de machine parce que celle où on était assis devait repartir dans l’autre sens, tu comprends bien, pour être là-bas demain matin, bien sûr, cette blague, afin de faire le même chemin en partant de là-bas le matin, tu as compris ?  et donc par la vitre les rues de la banlieue vide c’en était à pleurer de rage ou de dépit – c’est sans image – je vais en poser quand même parce que, dans la maison, on fait des travaux (petits, des bricoles) (nature morte au briquet (1) rouge)

ce ne sont pas clichés intentionnels (enfin ils le sont toujours, mais ils n’étaient pas destinés à illustrer ici ce billet d’humeur) ce sont des outils – on s’en sert pour des usages particuliers – j’ai été tellement outré par ces annonces, celles du 16 mars sans doute, celle de ce « couvre-feu »- ces « nous sommes en guerre » et celle, de guerre, que mène donc ce gouvernement à sa jeunesse – et à ses gilets jaunes – à sa jeunesse qu’on veut déposséder de sa culture et de son éducation (tu vois cette loi programmation recherche, cette honte ?) – tu sais à quoi me fait penser ce cintré bleu dont les beaux-enfants ouvrent des écoles (privées hein) ou se placent dans quelques officines consultantes ? (nature morte au briquet (2) vert)

on la prive de sa joie de vivre pourquoi pas après tout ? on fait quoi, quand on a vingt ans, à neuf du soir ? on regarde netwhatthefuckflix ? Tu te rappelles, il y a quelques années les gueules cassées, les estropiés, peut-être moins que les planqués (c’est possible, tout est possible sur ce monde) disaient d’eux « ce qu’il leur faudrait c’est une bonne guerre » est-ce que tu te rappelles de ce genre de saloperie très troisième république blouse grise et écoles des filles et des garçons séparées on ne veut voir qu’une tête – est-ce que tu t’en souviens… ?

Moi oui.

Ah cette maison[serait-elle][s]témoin… Non, on ne fait pas de visite le soir, vers neuf heures, non ou alors très rarement… J’ai regardé au loin, à un moment de la promenade – bien sûr j’ai des enfants si on peut parler comme ça, bien sûr le temps passe (on oubliera peut-être), mais  vraiment, pour protéger des soignants qu’on a laissé choir ces six derniers mois ? pour ne pas « investir » comme ils disent ? – j’ai regardé au loin

c’est vrai, ça ne fait rien – il fait beau; le jour se lèvera sûrement demain. Ça ne fait rien, et le soir, vers neuf heures, il n’y a plus personne dans les rues
ce sont des choses qui sont difficiles à dire