j’avais gardé à l’intérieur pas mal d’images sans trop de sens (celle d’entrée, le Nil quelque part vers le Caire ou Thèbes ou ailleurs je ne sais plus – je l’ai trouvée il y a peu), il y avait aussi celles qui racontaient les repas, les plats, les préparations qu’on avait faites ce printemps, les unes dans une campagne, les autres en ville, et puis c’est passé – j’ai préféré (sans doute parce que c’est plus joli) (ou que j’imagine un plaisir plus grand) cette série-là – c’est une peu comme une musique qu’on aime, Tchavalo Schmitt ou Antonio Zambujo, l’entendre transporte – ailleurs un autre temps, une autre époque, un autre espace
on pourrait dire qu’on commence intérieur jour – une nappe jaune, un repose-plat, deux tasses et une cuillère format à café – comme on les aime – et un sucrier
– et ensuite ce seront (extérieur jour) des variations
il s’agit (ici côté jardin) du repas de midi, souvent
le soir on n’en boit pas (intérieur)
quelques objets dans différentes dispositions (on aperçoit le beau temps) (on sort, côté cour, côté table à tout faire)
ce sont plans rapprochés, tasses, vides ou non – la terrasse, l’herbe, le motif rouge du sucrier – rien d’autre que de mortes natures
le café c’est un lieu, commun, un moment
il évoque Balzac, le moulin, la machine et la pause – Gainsbourg et sa couleur – la détente mais les nerfs, parfois on fume, on regarde ailleurs, lui fume aussi
on attend qu’il passe, comme le temps, on peut l’offrir, quelquefois en certains endroits on donne de quoi en apporter à un mendiant sans domicile fixe malheureux désargenté – un répit la machine crie quand il est prêt –
ce printemps était beau – on avait ce mal de vivre, c’est vrai, mais il faisait beau, on attentait à nos jours mais les arbres et les fruits n’en avaient que faire
les humains se masquaient – on attendait pour les courses, on l’achetait moulu par livre
c’est un poids qu’on aime aussi au masculin – ici sur une chaise, côté jardin, à l’ombre du cerisier
servi – il y avait beaucoup d’autres choses, un oignon un radis et c’est l’Italie
comme le café, ce pays
un peu de sucre, je me souviens je les voyais, elle et sa mère, dans la Dauphine rouge, au soleil, sur l’avenue qui fait route, elles s’isolaient, un moment de repos
et puis les fruits ont mûri – le soleil donne la même couleur aux gens dit la chanson – elles rougissent (tu te souviens : « il en rougit le traître » ? Cyrano, ah Cyrano ta Roxanne)
nous étions tiraillés – des rituels pour résister, pour ne pas sombrer dans la peur imbécile – regarder le jour et regarder la nuit – jouer, manger boire – vivre et laisser dire – et pour finir et pour vous, quelques fleurs sauvages devant une porte
et il y a presque toujours, fidèle et presque indestructible, la chère cafetière italienne
@brigitte celerier : trop mignonne hein…