Dispersion 8

 

 

 

lieu à goules et autres fantômes fantasques, la maison[s]témoin n’a même pas l’heur d’être citée dans les hommages : c’est égal, elle ne travaille que pour elle-même (elle cherche des futurs propriétaires) (le type qui avait des dreads jusqu’au bas des reins – le type travaille dans la restructuration des maisons anciennes (porteur,le créneau,très porteur) – racontait que le marché était très tendu) (ce genre de dialogue m’étreint – je ne discute pas) (j’ai juste envie de gerber) je reprends : ici fantômes et ectoplasmes  – en plans cependant

je ne fais pas attention aux dates (mais ce doit être en vingt vingt – c’est un tort, mais je suis aussi fatigué) (tu remarqueras le regard vers l’arrière, le passé, le sourire) (nul doute que s’il y avait une image (il n’y en a pas) de l’autre de la « familia grande » (obscène) il regarderait vers le sol) (dans l’imagerie on aime le premier degré) (on choisit celles et ceux qui plaisent, c’est pour ça)

pas que : ici c’est plus le vêtement (manteau Arnys (ça n’existe plus je crois) de mon père) (espèce de tweed) (drôle de mec que ce hussard-là)

lui aussi remarque (je ne vois pas pourquoi, le sourire peut-être)

cette posture certainement, cambré – beaucoup d’hommes quand même – mais c’est un monde d’hommes, qui tiennent le pouvoir – la force – et en usent, abusent et mésusent tout autant –

dans les Infiltrés, deux stars – un des Scorcese que je n’ai pas vus : à un moment, j’en ai eu marre de toute cette marmelade au ketchup sanguinolente (les Affranchise) et j’ai cessé (j’y vois une espèce d’incarnation mauvaise – et les apparitions en pub, en plateforme, en vente au plus offrant sans doute – et peut-être aussi l’outrance de Roberto Benigni)

sans le point, mais le poing fermé – deux jours avant l’attaque des tours jumelle – commandant Massoud auquel je préfère (et de très loin) le sous-commandant Marcos (mais de lui ne possède pas d’image)

ah Ida – je me souvenais d’elle comme ayant joué dans « Le trésor de la sierra Madre » (John Huston, 1948) mais non, c’est dans « High Sierra »  (Raoul Walsh, 1941) – et réalisatrice formidable –

formidable Janis (morte à 27 ans, cette pitié)

et Meryl Streep (dans une série je crois bien) (je ne regarde pas les séries) (je ne les goûte pas – un peu comme l’héroic fantaisy ou les films de zombies : c’est niet – point barre)

et enfin la Huppert comme on dit (on dit le Gabin ?) (ou le Bogart ?) dont on se demande quand elle passera derrière la caméra (un peu à la manière de la Moreau) (mais sans doute non, jamais)

 

La suite au prochain numéro

dispersion est un feuilleton du salon (dispersé dans les couloirs, au cours des visites)  avec beaucoup d’images dedans

ici l’épisode 1

l’épisode 2

le 3

dispersez-vous (3)

le 4

le 5

le 6

le 7

 

Festival

 

 

 

 

non, il y avait cette émission de radio que je menais fin des années soixante dix qui parlait de cinéma, qui faisait gagner des places tu sais comment c’est une question, le premier arrivé (ou la première ne soyons pas chien) a gagné (je me souvenais alors de Campus, je n’aimais pas trop le hit-parade je n’avais pas de  préférence quant aux chansons mais j’aimais déjà Léo, Jean-Roger, Georges et d’autres encore – Pauline Julien et Mercedes Sosa – toujours aimé la musique et les chansons – et le cinéma : mais il n’y a pas que ça dans la vie – comme d’habitude je suis tombé là-dessus, et voilà que je pose ça ici, cette maison sera donc le témoin de ces agissements-là, d’alors – ce n’étaient que les débuts, réellement, de la vie rêvée du paix et amour – j’ai aimé cette situation sans la comprendre – c’était en soixante-sept – j’avais un ami plus âgé que moi qui roulait en Triumph Spitfire (ses parents étaient professeurs je crois, il était fils unique, habitait au 49 alors que ma famille vivait au 41 – c’était une amitié à la mode d’aujourd’hui, ses liens étaient lâches comme aujourd’hui les gens qu’on croisent ici ou là) – je n’avais pas spécialement de vie amoureuse, lui oui, sans doute dix-huit ans – un ami d’école de mon frère je crois – j’ai oublié – cette époque-là – mais il y avait à la maison le Highway 61 de Bob (lui était à l’hôpital après son accident de moto) et peut-être (à peine plus tard) A saucerfull of secrets (du Pink Floyd) – assez rapidement, sans doute lisait-il Rock et Folk (nous collectionnions alors les publicités pour automobiles sur papier glacé qu’on volait quand on ne voulait pas nous les donner) et il y a cette image-là surtout (Jimi Hendrix…) foutre le feu à sa guitare, un peu comme Miles Davis jouera dos au public –

c’était aussi l’époque des motos, on aimait la mécanique – on avait envie de vivre à en mourir sans doute – les Beatles avaient cessé de se produire sur scène (ça suffisait comme ça) (la jeunesse étazunienne mourait pour sauver Saïgon – bientôt on verrait Da-Nang, l’offensive du Têt le disputait déjà au napalm – ça mourrait, et moins d’un an plus tard on serait dans les rues – la péninsule ibérique était aux mains des ordures – en avril, cette année-là, les colonels prennent le pouvoir en Grèce, aussi – mais en ces trois jours de juin 1967, il y avait cette chanteuse magnifique, à peine connue (son nom ne figure pas sur l’affiche)- ah Janis Joplin …

la joie de vivre pourtant et l’amour de la musique, quelque chose de ce genre (le film de Pennebaker – un jour, il faudrait le voir quand même… – en porte encore la trace, le bonheur et la liberté – et puis le Buffalo Springfield et puis les Who qui détruisaient aussi leurs instruments de musique – mais tous les participants payés au même tarif ( rien) pour un concert gratuit (sauf Ravi Shankar dit la chronique) – quelque chose de l’été – Otis Redding n’avait pas pris ce maudit avion

qui le tuerait, en décembre de cette même année – des fleurs

des chansons de la musique et de l’amour – que rêver de mieux ? (il n’y avait pas non plus les Rolling Stones, on jouait gratuitement faut comprendre – mais j’ai l’impression que Brian Jones était là, comme Mac Cartney – on en a une image

quelque chose de la liberté et de la joie de vivre) – lui mourra dans une piscine dans deux ans, noyé – on sait qui ne l’a pas aidé à s’en sortir – toute une vie, toute une époque, une ambiance – Monterey Pop festival, les 16, 17, 18 juin 1967, voilà bientôt onze lustres, sur le champ de foire qui n’avait pas exactement sans doute le même aspect que celui-là

 

les images des chanteurs sont tirées d’un article trouvé dans un hebdomadaire vantant le coffret de 3 DVD du film de Donn Alan Pennebaker(chez Centurion), article dû à François Gorin.