le fleuve, le pont, un couple

 

 

à O., qui vers début janvier (le 12) mais au siècle dernier, en 16, naquit

 

 

ah si elle avait été encore de ce monde, elle aurait été aux première loges – encore que, depuis quelques années (oui) l’immeuble soit en travaux – ça commence à se terminer (et sans doute travaille-t-on  assez fort pour une ouverture vers juin si tu veux mon avis) – ici un état de l’avancement

puis là le petit métier du bâtiment (cosmétique : fausse pierre de taille – mais faut ce qu’il faut)

(sur l’honneur, je m’engage à renseigner le tarif des chambres dans quelques mois – il parait que certaines de ces officines ont vu iceux-ci multiplié par vingt pour les semaines de fin juillet début août en cette magnifique ville-lumière) (pourquoi se gêner ?) – mais en vrai non, je passais par là et il faisait beau – je passais juste quand je les croisai

en vrai il y aura du monde

mais pour le moment, c’est calme – on a le temps

un regard vers l’est – pour se repérer – peut-être sans vouloir s’imposer

passer le pont du Carrousel

l’hôtel n’est plus à l’image, mais je me retournais, la voyais à sa fenêtre (troisième puis premier étage) lui faisais signe (à la prochaine)

– ces deux-là  bonnets et carte –

voyons voir – au dessus de l’eau

d’autres se prenaient en photo, peu de monde – il n’y avait pas là la gitane qui,parfois, trouve sur le pont une merveilleuse bague en or – elle la trouve là, et veut vous la vendre, cette merveille – mais non – eux se consultent

un regard au bateau-mouche qui passe sûrement – je n’ai pas d’image – je me souviens juste d’elle – je marche je me retourne, je n’y viendrai plus dans cet établissement – je me retourne, l’eau qui passe ici se retrouvera bientôt sous le pont Mirabeau – elle passe –

il y a quelques années (et plus de cinquante lorsqu’elle me prêta sa chambre pour l’examen Louis-Lumière qu’on appelait Rolin – non, mais je l’ai manqué) je me souviens et quand même

non, mais d’elle, oui

 

cette dernière image est une magnifique œuvre due à Christine Jeanney (merci encore…!)

y aller

 

 

 

Image pour se souvenir

 

le mois dernier, le « film du mois » d’une association (Périphérie, pour ne pas la nommer, c’est basé à Montreuil-sous-Bois, c’est plutôt bon esprit mais ça ne répond pas, ni au mail ni au téléphone (attitude déplorable mais tellement contemporaine – tellement cinématographique aussi) donnait à voir un « Au cinéma! » d’une certaine Johanna Vaude (ça ne répond pas non plus – mais c’est tellement artistique et contemporain, cette attitude) (certes, mais ladite Johanna Vaude a répondu – encore merci) était donné à voir et j’ai quand même fait des captures d’écran du générique (comak : sur les 10 minutes que dure le film, deux et demie si ma mémoire est bonne y sont consacrées). Il y a deux cent huit extraits (dont deux ou trois uniquement sonores – en vrai probablement 4) pour composer ce film. Il s’agit d’un film de montage qui explique (certaines de) nos raisons d’aimer le cinéma, vues à travers les yeux et les actes des personnages incarnés par ce médium (des gens comme Fritz Lang, Sam Fuller ou Claude Chabrol qui n’en parlent pas (du cinéma) (dans leurs films) n’y figurent pas donc – à moins que ce ne soit par choix de la réalisation – ou encore par possibilité de se procurer tel ou tel extrait – « se procurer » renvoie immédiatement au tiroir-caisse dont on parlera plus loin)

ici la dernière image de ce générique (au Coliseum, on joue (on donne, on peut voir) « Tequila Sunrise » – je ne sais à quel film réfère cette image : c’est assez difficile).

Là, la première (c’est classé par ordre alphabétique)

Il apparaît en surimpression sur des images (ici »Le Locataire » avec le Roman (qui réalise aussi) et l’Adjani)

J’ai donc décidé et résolu de rapporter ici, en cette maison qui aime le cinéma (celui-ci ne le lui rend pas – au vrai, OSEF pas mal car on sait qu’il n’y a qu’une chose qui intéresse ce médium, c’est le tiroir-caisse (accessoire en passe de disparaître) ou le box-office (c’est en anglais, c’est plus une affaire d’argent) (un peu comme la librairie, si tu veux bien voir) j’ai résolu donc de rapporter ici ce générique. Je poserai bien les 22 images qui le (re)constituent (la deuxième ici 

mais je trouve ça assez pénible quand même ça informe

ou informerait sur la teneur et la qualité des films choisis

Le cinéma adore se regarder le nombril (pulsion scopique dirait je ne sais qui- Sigmund ? Carl Gustav ? Jacques ? qui d’autre?)

presque autant que ses spectateurs (et trices soyons clairs) aiment s’y retrouver (et s’y réfléchir mirer reconnaître, j’en passe et des pires – dans celui où j’ai certaines de mes habitudes, un carton en début de séance,lumières encore allumées, qui suit les annonces et les films-annonces indique « Bonne Projection » ce qui est tout dire).

En vrai, je suis curieux et je me demande : combien de femmes réalisatrices dans ce bazar ? (on détermine évidemment le biais immédiatement par le sujet même du film – une femme cinéaste « parle »-t-elle du cinéma ? dans quelle mesure ? dans quelles conditions (me too quand tu nous tiens) etc…) –

quelle est la nationalité des films choisis (comparer avec la production mondiale sera(it) cruel) (mais un « nationalité » pour un film est-ce bien raisonnable ? celle de la maison de production sera(it) plus pertinente). Etc.

On aura d’autres critères, certainement, mais il serait bon de les identifier avant. C’est ce que je m’emploie à faire.

La suite sera donc au (dans un, plutôt) prochain numéro (comme on aime à dire). En attendant (j’ai passé tout de même mine de rien une dizaine d’images de ce générique…)

je pose cette image-là car je ne connais pas cette actrice (je ne parviens pas (mais ça n’a aucune importance, je sais bien) à l’identifier) : quelqu’un.e aurait une idée ? (des recherches ont déjà été menées, auprès du robot, auprès de l’asso (ou de la production…) On verra.

il s’agit d’Assumpta Serna, une actrice espagnole, qui joue dans le film Matador (1986) mis en scène par Pedro Almodovar (merci, donc, à Johanna Vaude)

Toiles

 

 

Il ne s’agit que d’images et de représentations, glanées ici ou là (souvent posées par mon frère quelque part, ici là ou ailleurs) je les capture grâce au bouton impécr syst  qu’il y a là, je les pose dans un dossier toiles le vic sur le bureau du personnal computer puis les retaille, en cherche les titres, parfois, les dates de conception, elles sont là pour faire beau – j’aime savoir qu’il s’agit de répliques au même sens que celles des plaques tectoniques qui se meuvent sur le manteau

En ouverture : The Souvenir Jean-Honoré Fragonard, 1775-78

il y a des moments où il faut décorer ces murs taupe – quand même, cette maison à vendre ou à louer mérite quelques aménagements (bien qu’elle ne soit guère visitée : la crise (on nous préfère inquiets, comme tu sais), la pandémie (hier soir écoutant radio paris (qui ment comme de juste) on m’a annoncé en titre que les cinquante mille cas de maladie avaient été recensés ce jour – en titre gros comme le bras – et dans le développement, que des vaccins sont disponibles – un épidémiologiste ne pouvait pas parler proprement de « vague » mais enfin) (j’ai fermé le poste, qu’est-ce que tu veux), la guerre immonde mené par le mini-tsar ridicule et grossier – tout ça n’est guère favorable à l’investissement, hein…)
Alors décorons : Marc Chagall, Église de Chambon (1922-1926)

ce sont les petites poules qui me ravissent – puis Edward Hopper La plage de Gloucester 1924

joli – continuons avec cet autre Chagall La famille ukrainienne 1940-1943

si, c’est quand même joli, ce rouge (sang), ces couleurs (vives),  ce feu peut-être et ces animaux aussi – est-ce bien décoratif, je crains que non mais je le garde et l’expose – la date du tableau et ce qu’il transporte aussi, je ne veux pas oublier –

un autre Marc, Rothko celui-là dans ses bleus, (sans titre, 1968) pour la route (et en signe à Jean-Luc Godard, qui comme ce peintre-là, a mis fin à ses jours) – puis un 2VG Arles jardin en fleurs 1888

une pure merveille – une autre pure merveille, sans doute plus troublée (et bien différente de ce qu’elle est aujourd’hui) Maurice Utrillo (un de mes préférés) et son Place du Tertre 1910

d’autres encore – celui-ci Piet Mondrian, Along the Hamstel 1903 (magique)

et puis deux images, l’une d’un sous-bois (sans référence, je ne sais d’où je tiens cette image – elle est là, elle correspond comme on dit d’une lettre qu’on attend (ou le « on devrait correspondre, puisque tu me corresponds » du Cabrel)

et pour finir, cette image du robot (la piazetta et ses deux colonnes, Théodore qui me fait souvenir d’un ami, et le lion ailé qui veille sur les murs préfabriqués de la maison)

C’est mieux, il semble…

chambre 12, hôtel de Suède – enquête et hors-champ

 

 

 

 

ça se passe donc là – la réalité des choses : une des séquences d’un film, À bout de souffle (Jean-Luc Godard, 1959) (on en a parlé pas mal ici si tu veux voir – du moins on en connait les aboutissants)

ici, il s’agit plus d’une exploration (on ne sait trop comment (il n’en dira rien), mais le réalisateur (Claude Ventura) a par devers lui pas mal de pièces à conviction trouvées probablement dans les archives de la production (l’adresse du 4 rue de Cérisolles Paris 8 n’existe plus) – le téléfilm, comme on a dit, est plutôt centré sur les relations Georges de Beauregard (GdB)/JLG – on a cette image par exemple

qui montre, sur fond d’église de Saint-Germain-des-Près (on pourrait voir passer là soit Margot, soit Jipé – premier jour de tournage, paraît-il, soit 17 août 1959) (on est devant le café de Flore – gauche cadre l’autobus à plateforme où se tenait le préposé qui actionnait sa sonnette après avoir vérifié/tamponné ton ticket) (des souvenirs des « Exercices de style » de Queneau aussi) – de gauche à droite JPB (alias Bébel – on va le revoir avec sa montre plus tard) /JLG (en flamand rose) / GdB (on note les cravates?) (ce sont des gens bien) (toute une époque) (prise de vue : voiture

) or donc, il s’agit d’un décor que cette chambre 12 : le type (Xavier Villetard dans son propre rôle – scénariste, co-auteur, acteur téléphoneur intervieweur) cherche à savoir si JLG a foutu sur la gueule à GdB ou si c’est plutôt l’inverse (ceci pour le Mac Guffin du bazar, entendons-nous) – il va chercher à en parler avec JLG par exemple (il se fait envoyer paître, semble-t-il) donc il cherche d’autres informations ou sources, il recoupe il va de ci de là (les notes de musique de la bande originale (comme on dit) (extra) due à Martial Solal l’accompagnent – il n’a pas été chercher le musicien, c’est dommage) – il va en ville, il cherche (rive gauche plutôt) rencontre untel (lui aussi en merco) (j’aime le 96, derrière)

Claude Chabrol qui indique qu’il n’a fait que donner son nom comme garantie (il est crédité au générique comme conseiller artistique) (et comme directeur de production – quand même…)  (de la même manière, François Truffaut est crédité au scénario (or il n’y avait pas de scénario…) : ainsi  le film a-t-il pu se monter (se produire, se financer : on saura qu’un René Pignières veut un (son, c’est la mode et ça rapporte) film « nouvelle vague » : GdB le lui offrira… (le Pignières en question distributeur  fondateur (en 1934), avec les deux Beytout, de la SNC société  nouvelle de cinéma – distribution (entre beaucoup d’autres de La Bandera de Julien Duvivier, avant-guerre par exemple – 1934) (la preuve) des « Gendarmes » avec Louis de Funès dans ces années-là (furieusement nouvelle vague, hein…) (non, mais l’argent n’a que peu d’odeur et sans argent, pas de cinéma : donc on s’en fout, on le prend où il est) – équipe de tournage assez réduite, dit-on , mais de GdB l’équipe : par exemple le chef opérateur, Coutard  (dans l’annuaire, on découvre l’adresse du Raoul (il est mort en 2016 – il était de 24), j’ai trouvé ça

au 5 de la rue Boutarel (sur l’île) (il faut me croire sur parole, là – comme on est enclin, toujours d’ailleurs, à le faire au cinéma…) on ne la voit que trop rapidement, mais j’aime bien sa montre analogique, à la mode en ce temps-là – 1993) (je te la montre)

(clcdld)* hein –

ils sont au Select (boulevard du Montparnasse), le type Xavier V. pose des questions, l’autre répond, blasé, que oui, GdB et JLG en sont venus aux mains, devant « la belle Fero » (un café/restaurant rive droite, rue François-Premier)

(au fond à droite, les arbres sont ceux des Champs-Elysées; à gauche ceux de l’avenue Georges Vé) (pour situer) (à l’à peu près même époque, ce café était aussi un quartier général pour les journalistes et photographes de Paris Match, puis d’Europe 1 puis plus tard de Salut les copains – toute une histoire dont on retrouve les prolégomènes dans le projet DF)  : là où ils se sont foutu sur la gueule et le personnel (attentionné) du café les a séparés… (des bruits de caniveau ? peut-être en tout cas pas confirmés par les autres) – il y en a un paquet dans le (télé)film (des autres veux -je dire) – des types, plutôt, comme ici  – on le voit trente trois ans plus tôt, avec son chapeau ici mais dans la même attitude de lecture

Pierre Rissient – à sa gauche, la scripte-girl (Suzon Faye, on ne l’entend qu’au téléphone) (moi je ne la connais pas, j’aurais plus dit la fille au crayon derrière la camera pour la scripte mais bon) – le type, là, était assistant – sur cette photo-là

la petite robe de prisunic (on en voit la facture ou alors ce n’est que suggéré, en tout cas c’est dit) (le son du film fait comme JLG aime à faire : chevauché, on entend ici quelque chose de l’autre côté autre chose -un peu un gimmick, une sorte de masque) la photo entière (sans doute de Raymond Cauchetier, le photographe de plateau – qu’on n’interrogera pas… : dommage il n’est pas sur la liste) (Rissient coupé, à l’extrême gauche)

on aperçoit aussi Phuong Maittret la maquilleuse (qui n’avait pas grand chose à faire semble-t-il – JLG refusait qu’on maquille les acteurs semble-t-il encore – surtout la petite américaine…) (mais de la maquilleuse, on ne saura rien : elle n’est pas interrogée non plus – on sait qu’elle répond au téléphone par monosyllabes, ce sera tout d’elle) (comme il y a là deux visages asiatiques et féminins, on ne sait pas trop laquelle est qui – probablement la première en partant de la gauche)

puis continuant sa recherche qui se pratique en neuf jours, il ira trouver

un certain François Moreuil (alors époux de la Jean Seberg, elle a 21 ans, il en a alors 25…) (réalisateur de cinéma et télévision, décédé en 2017) puis un José Bénazéraf (1922-2012)

réalisateur lui aussi, mais de films porno(graphique)s (le genre marchait fort à ce moment-là, mais avec internet les choses ne sont plus ce qu’elles étaient) qui partageait ses bureaux avec GdB – vient ensuite Roger Hanin (1925-2015) (marié à Christine Gouze-Renal productrice (le 4 août 1959…), sœur à la Danielle Gouze épouse Mitterand enfin tout ça) (en 1959, il est interprète d’un film de la série des Gorilles, plus ou moins (plutôt plus) navets à base de barbouzes et compagnie gaulliennes – on passe hein) encore qu’il interprète ici le rôle que devait tenir un certain Paul Gégauff (espèce d’éminence grise de la nouvelle vague machisme cynisme vol et autres turpitudes dont on dit qu’elles seraient la base de la personnalité du Poiccard) vient ensuite Richard Balducci

chargé de presse du film (c’est mieux qu’attaché ? peut-être mais c’est le même rôle) qui tient (au débotté) le petit rôle du maître-chanteur (à la fin du film, rue Première Campagne comme dit Patricia) (il est sur la photo plus haut, au dessus de la scripte Suzon Faye) – puis encore, à Joinville (studios de cinéma d’alors) Cécile Decugis, la monteuse (1930-2017) (bonjour le boulot : sans scénario, sans trop de clap, sans son – sans compter les sautes d’humeur du réalisateur…)

(assistante de Marie-Josèphe Yoyotte (1929-2017), LA monteuse du cinéma français d’alors (elle a réalisé le montage de Moi un noir de Jean Rouch (eh oui) et des 400 coups du Truffaut ( avec donc Cécile Decugis qui est aussi LA monteuse de la nouvelle vague avec la plupart des films de Roro (alias Maurice Scherer) aka Éric Rohmer) – ensuite viendra l’actrice Liliane David (1937-2018) (l’amie – de la même eau qu’Anne Colette est celle du JLG – du François Truffaut)

celle à qui Poiccard vole quelques billets dans sa chambre mansardée de bonne – elle parle aussi de Paul Gégauff  dont on tient ici une image d’alors, en compagnie de JLG (découpée) (le Gégauff en question (1922-1983) a fini sa vie sous les coups de couteau de son épouse du moment – c’est pour te dire l’amour et la joie qu’il inspirait…),un peu de Claude Chabrol en off encore, puis viendra Poiccard avec trente trois ans de plus

sa montre – premier grand (premier) rôle pour lui – il est de 33 –  premier film de long métrage pour JLG – non, on ne va pas salir cette magnifique entente

mais non, bien sûr – pour finir, l’enquête se dirige vers Genève, y rencontre un certain Roland Tolmachoff, à présent gérant d’un hypothétique (introuvable) Sunset (JLG y séjourna un moment dans les années 55, 56 – sa mère morte dans un accident de Vespa, à 45 ans (dixit A. de Baecque je crois bien – JLG lui travaillant à un barrage quelque part), ils se réunissaient parfois dans un café avec Berutti  peut être Parvulesco, Combaq d’autres encore, le Parador (introuvable itou) enfin un de ses amis d’alors

mais sinon, à part quelques zones ombreuses, tout, absolument tout, est vrai

Mais non – mais donc, ce Poiccard, cependant trahi par cette Patricia, court mortellement atteint dans le dos par l’inspecteur Vital (Daniel Boulanger) et s’affaisse

vers le croisement du boulevard Raspail (là où se trouve son effigie rénovée)

alors que passe on dirait bien une 4 chevaux (comme celle que conduisait ma mère) il tombe (au milieu des clous hein) et passe

une 403 comme en conduirait mon père

 

Chambre 12, Hôtel de Suède, un (télé)film (magnifique) de Claude Ventura et Xavier Villetard

 

les fleurs en entrée de billet : à destination de Jean Seberg et de toutes les oubliées des génériques

*clcdld: c’est le cas de le dire (on intègre ici l’affiche du film

)

– par rapport au générique de fin de ce film-ci (il me semble qu’il n’y en a pas dans le ABDS) on remarquera que Suzon Fay (seulement en voix off, certes) n’est pas présente : elle intervient pourtant entre Claude Chabrol et Raoul Coutard; Cécile Decugis vient après Jean-Paul Belmondo (on entend seulement l’interprète de Poiccard avant l’intervention à l’image de la monteuse). La maquilleuse Phuong Maittret (qui deviendra, dit-il, la confidente de Jean Seberg) absente ne répond (comme on l’a entendu seulement) que « par monosyllabes au téléphone ».
On a cherché sans y parvenir à identifier le Jim Pallette dont on entend la voix (peut-être est-ce lui qui travestit la voix de JLG au téléphone)

Pour en finir (provisoirement), il existe un livre sur le film écrit par Michel Marie (prof de ciné en Sorbonne) chez Armand Colin, La nouvelle vague et son film manifeste À bout de souffle (2012) (31 euros quand même) – quelques extraits ici)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

chambre 12, Hôtel de Suède – distribution

 

 

 

toute notre gratitude à l’Employée aux écritures pour nous avoir fourni (par la poste) le lien vers le site qui permet le visionnage de ce beau documentaire 

 

Lorsque j’ai entendu dans le film le réalisateur au bout du fil (entre parenthèses, gardons confiance dans la réalisation pour nous affirmer que c’est lui qui est au bout du fil) répondre : « non mais vous rêvez non » sourires puis raccrocher après un « voilà au revoir »

« pourquoi je rêve ? « , demande l’interlocuteur, ici penché en avant, « dites-moi pourquoi je rêve » quand même ce serait Jean-Luc Godard, je me suis dit mais comment veux-tu qu’il réponde ? est-ce qu’on sait jamais pourquoi on rêve ? sinon pour ranger les souvenirs, dormir tranquille et reposer un peu cette pensée toujours en travail… Il y a cette image de « jeunes gens insouciants »

(bof) (on est août 1959) (je regarde ces images et je vois de loin Otto Preminger qui maltraite ses actrices; je vois, de loin encore, le même Jean-Luc Godard qui ne veut pas parler avec Marina Vlady (premier rôle de Deux ou trois choses que je sais d’elle – récemment en poème/express*875) sinon par micro et oreillette interposée) je regarde le générique d’un des films qui fera croire au reste du monde qu’existe une « nouvelle vague » cinématographique en France (une « bossa nova » au Brésil), alors voilà pour dire avant qu’il ne commence, ces jours-ci, ces temps-ci, à quoi ressemble le décor (ici en 2010 – légèrement difforme par la grâce du robot

là avant hier

) alors qu’on nous informe dans le (télé)film que l’hôtel va être détruit dans les huit jours (on s’en fout, je reconnais – ça donne une caractère d’urgence, de fatale destinée à l’enquête) et puisque cette maison reste témoin de ces agissements-là, alors pour la troisième fois ici (deux autres : ici et ) , le générique – il s’agit d’un téléfilm comme on dit

il date de 1993, semble-t-il (bouquinistes, mais pas de Notre-Dame) au son, les cinq notes dues à Martial Solal qui inondent littéralement le (télé)film (on croirait du Georges Delerue, c’est pour te dire…) (magistrales) (ça rime…)

un type arrive au volant d’une merco – l’hôtel s’appelait de Suède, c’est joli (ça me fait penser à Ingrid Bergman, qui envoie une lettre à Roberto Rossellini) c’est le générique de début

rien de spécial (Xavier Villetard joue probablement son propre rôle (ça veut dire quoi, » joue son propre rôle »  dis-moi ?) je crois que Claude Ventura fait la voix off

c’est ainsi que se déroule le (télé)film, une heure vingt de recherche (à voir encore je crois un moment ici) de rencontres, d’entretiens, un documentaire dont le sujet serait les relations qu’entretiennent le producteur et le réalisateur d’un film qui deviendra, sans qu’aucun d’eux en sache quoi que ce soit, une espèce de parangon de cette « nouvelle vague » – j’ai réalisé pas mal de « captures d’écran » comme on dit (capture d’écran ? ça veut dire quoi, capturer un écran… ? nous avons besoin des mots),  je les poserai plus tard ici, et puis voici les cartons du  générique de fin –

on ne dispose pas de celui de « Fin » sur l’écran – il n’y en a pas – Xavier Villetard attend pour traverser, devant le quinze du quai Saint-Michel (je préfère le mot toponyme, juste avant, de Montebello)

et puis c’est en noir et blanc – sonore – avec

tout ce monde interprète son propre rôle (réalisateurs, assistant, opérateur de prises de vue, acteur : pas une femme tu remarqueras) (je ne suis pas certain qu’ils soient cités dans l’ordre d’apparition à l’image)

ici deux femmes, la monteuse et une actrice (à laquelle, dans le film À BOUT DE SOUFFLE le Poicard fauche de l’argent, au début de ses pérégrinations) (Jim Palette ? je ne sais qui…) (seulement sa voix ?)

personnel télévisuel plutôt (on se perd en conjectures : jouent-iels leur propre rôle ?)

en tout cas image arrêtée (ou alors un autre, celui de leur profession?)

(l’accent grave sur le A tu repasseras) et puis

seul sur le quai

une esthétique des années soixante – À bout de souffle se dit Breathless en anglais – sans respirer – la suite au prochain numéro…

 

Chambre 12, Hôtel de Suède, un documentaire (donc) (télévisuel…) de Claude Ventura

 

 

Elles deux

 

 

 

 

 

qu’est-ce qu’on devient ? je me souviens que lors de la séance de cinéma (une séance de cinéma, tu te souviens ?) il y a au début un souvenir – quelqu’un, une amie, qui disparaît – et je me disais ce mail (une espèce de jardin, je crois vers, Mulhouse quelque chose je ne sais plus) (pas un courrier, un genre d’avenue ou de promenade) il faudra que je le retrouve aujourd’hui puis dans les années passées, ou les saisons autres – il n’apparaît pas dans le film annonce, mais l’histoire a quelque résonance avec cette disparition – on nous conte l’histoire de deux amies, l’une (Madeleine, interprétée par Martine Chevallier)

est grand-mère et mère de deux enfants

mais elle n’arrive pas à parler avec eux de la relation d’amour qui l’unit à l’autre (Nina, c’est Barbara Sukova)

laquelle ne comprend pas pourquoi ces atermoiements, il suffit de dire c’est pourtant simple –  Nina n’a pas d’enfant, c’est pour ça – ça a l’air simpliste (et ça l’est) mais c’est aussi vrai que simple – elle se fâche, s’en va

(elles doivent partir toutes les deux, si on ne dit rien aux enfants ça risque de compliquer le bazar, Madeleine ne comprend rien, combien de temps encore va durer la mascarade ?)

et puis et puis

rien d’autre que la vie, finalement, peut-être

une attaque comme on disait dans le temps – des péripéties (des immondes salopards aussi) – ici Nina arrive à l’hôpital

une sorte de drame, peut-être que l’amour seul

et puis revenir quand même (le film donne de l’espoir)

si on en manquait, on en retrouvera

les préjugés des enfants n’importent pas, on danse

et encore et encore

et pour le reste… (dans les couleurs chaudes)

 

Deux, un film de Filippo Meneghetti

 

 

les fenêtres allumées, les alarmes et les courageux protecteurs

 

j’ai mal dormi
sommeil entrecoupé
à chaque fois que je reprenais pied dans le monde semi-réel de la nuit, même pour quelques secondes, je pensais à des choses pragmatiques, des bricoles, le jour, quel jour ? le nom du jour et la lumière de la salle de bain des voisins dont la fenêtre fait face à la fenêtre de notre chambre, allumée, encore allumée ou déjà allumée ? je pensais, je me disais que ce qui se voit (la lumière venant de la fenêtre de la salle de bain des voisins) ne se limite jamais à ce qui se voit, car derrière cette lumière, à cet horaire, il y avait peut-être un sommeil entrecoupé là aussi, ou un réveil difficile, besogneux, une difficulté à s’extraire des draps, car je sais qu’ils travaillent (les voisins) tous les deux au contact, réellement au contact, cas contact, il y a une inquiétude sur ce qui fait contact et qu’on peut contacter, ça se devine aussi entre les fentes des volets la nuit
un autre moment j’ai pensé aux concours pour chiens
ils sont présentés côte à côte, tous de la même race, tous les mêmes poils, la même silhouette et la taille au garrot identique, on compare leur allure, celle au repos et celle au trot, on mesure l’écartement entre leurs yeux, le retombé de leurs oreilles, la tonicité de leur queue, la clarté de leur globe oculaire et on décerne un prix au chien dont les qualités, musculature, vivacité, correspondent à ce qui est inscrit sur la fiche officielle, la fiche de référence avec le tarif officiel qui décrit la norme officiellement admise et j’ai pensé que s’il n’y avait pas de prix pour les feuilles d’automne ou pour les flocons de neige ou pour les astéroïdes c’était sûrement un oubli, car si les feuilles d’automne les flocons de neige et les astéroïdes pouvaient être réunis dans une grande salle des fêtes pour être triés répertoriés mesurés comparés on trouverait très vite le meilleur flocon de neige, le plus beau, le plus méritant, celui qui correspond le mieux au standard officiel avec son décor officiellement admis, et au lieu de penser que c’étaient des divagations de 04h37 du matin ce que je pensais, j’ai pensé que c’étaient des alarmes, des signaux, peut-être des signaux de détresse, enfin j’ai surtout pensé que le jour où il n’y aurait plus de concours pour chiens, même si cette nouvelle peut paraître au premier abord assez périphérique, ou anodine, donc ce jour où, faute de participants, ou faute de volontaires pour les organiser, il n’y aurait plus de concours pour chiens, ce serait peut-être le symptôme, le symbole, la petite preuve cachée entre les fibres du tapis qu’on est passé à autre chose, nous tous, nous tous je veux dire en tant que société, ça voudra dire que nous serons passés à quelque chose de plus vorace, de plus déterminé, de plus monumental du verbe vivre, de plus plus, de plus précieux et infiniment apaisé que ce médiocre, que le médiocre des comptes d’épicier qui tuent
parce que j’y crois, il y a des liens entre les choses, la façon de penser débouche sur des actes débouche sur des décisions débouche sur des organisations et des distributions de paillettes, de rance, de tristesse des encombrements
ce sont des encombrements, ça encombre la tête ces récompenses fardeaux, ces rubans premier prix de vaches charolaises et j’ai même envie de dire, mais c’est cocasse, que dans un monde comme ça nous sommes toutes et tous des vaches charolaises, un peu
lorsqu’on comptabilise, organise, labellise, hiérarchise, lorsqu’on fait du pyramidal, lorsqu’on met en avant dans la vitrine cette norme au lieu d’une autre, on oublie totalement les astéroïdes, ce qui est contre-productif, je veux dire contre-inventif puisque c’est d’eux qu’on vient
et les flocons, il faut juste prendre quelques secondes pour regarder, mais regarder vraiment, réellement, à quoi ressemble un flocon de neige, sérieusement
c’est peut-être ça qui s’est passé cette nuit, je veux dire dans ma nuit, l’arrivée de décors de flocons de neige dans mon rêve et comme ils sont puissants, très puissants, rétifs aux tarifs gélifiés de tonicité d’oreilles tombantes et de musculature, ils restent, s’installent, demeurent, ils flottent en filigrane tout au fond de l’iris
donc quand je dis j’ai mal dormi je me trompe peut-être, peut-être que j’ai bien dormi, amis, amies, astéroïdes et voisins courageux protecteurs du sommeil

Aider

 

 

 

Le rédacteur est parfois pris d’une espèce de doute et le nihilisme le terrassant, plus rien ne sert à rien – et servir pourquoi faire ? – et peut-être surtout pour qui – c’est une affaire entendue, il aime le cinéma (comme si ça pouvait y changer quelque chose) et le commente encore – et encore – mais le rédacteur, parfois, est fatigué. En doute, cette manière de proposer des images tirées des dossiers de presse (ici celui du jour) afin de relater quelque chose de ces images animées – avez-vous donc une âme ? – qui n’existent plus une fois la lumière revenue dans la salle (le rédacteur voit les films en salle, le plus souvent). Et aussi, certainement plus, le choix – pourquoi ça et pas ça? – tempête sous un crâne… Pourquoi pas ce que la vulgate en cours à la mode du moment énonce comme »block buster » – une superproduction – un truc qui vaut des millions, et qu’iront voir (donc) des millions de spectateurs ? C’est produit par Gaumont (« depuis que le cinéma existe » – on ne va cracher dans la soupe, non) et Vincent Cassel, l’un des deux acteurs phare de l’histoire (« inspirée d’une histoire vraie » sans doute).

 

Deux réalisateurs se partagent donc les « moteurs » et autres « silence » à moins qu’ils ne disposent d’assistants pour cette tâche (le clap, et ça tourne) : Eric Toledano et Olivier Nakache (ou l’inverse, je ne sais pas) – il y a au cinéma, assez souvent, des frères qui officient ensemble (Dardenne) ou séparément (Mankiewicz) – chacun son tour (Taviani) ou autrement (Coen) – d’autres encore mais pas vraiment frères (Loach et Laverty) : les deux qui nous occupent ne sont pas frères non plus, mais presque et cassent la baraque depuis « Intouchables » (2011) : ce sont donc des locomotives du cinéma français (il n’est sans doute pas d’auteur mais est-ce qu’on en a vraiment quelque chose à faire ?) (le cinéma (d’auteur) français, ce peut être deux ou trois personnes dans un appartement qui parlent, et parfois, on se lasse aussi). Le film reste de la qualité française, cependant.

En réalité, le cinéma (n’) est (que) ce qu’il est.

Point à la ligne : deux acteurs donc, Vincent Cassel et Reda Kateb (les deux, d’une présence formidable) – l’un interprète un juif (kipa – sous une casquette estampillée NY le plus souvent – plus tsitsit) l’autre un arabe (plutôt banlieue, en connaissant les codes). Ce sont ces deux hommes qui tiennent le film, deux amis loyaux et sincères, dotés d’une patience d’ange. Tous deux dirigent des associations d’aide aux personnes handicapées (ici, des autistes, adultes ou non).

Ils sont épaulés par deux bandes de jeunes gens, les plus ou moins autistes et leurs aidants (plutôt plus parfois moins – ils les aident à entrer dans la vie disons courante). Une vraiment très belle histoire, enlevée drôle et triste parfois – des coups de cinéma, des téléphones portables, des courses poursuites – beaucoup de plans de ville sont situés dans le dix neuf, on reconnaît les bords du canal, la Philharmonie…

L’essentiel du film est le secours porté à ces jeunes gens et l’abnégation que leurs aidants donnent à voir – les aidants : parfois des jeunes gens, noirs ou pas, arabes ou non, qui s’occupent chacun d’une de ces personnes. On augmente du fait que l’une des associations a la visite d’inspecteurs de la sécurité sociale (disons pour faire vite) et que les subsides vont lui être coupés. Les deux directeurs se tiennent les coudes, c’est réjouissant – les personnes qui les soutiennent, à l’hôpital (Catherine Mouchet, tenace) ou les parents de ces enfants aux handicaps parfois très lourds, eux aussi assez formidables (Hélène Vincent, magnifique) : c’est réjouissant tout autant.

J’ai pensé parfois à ce film, « d’ici là » chroniqué ici qui est d’une autre ampleur (documentaire, sans doute, conditions sociales de production différentes – ici 5 pour cent des profits seront reversés à des associations du genre) – mais les deux heures passent un peu comme un rêve (le monde n’est pas si pire – la tâche, admirable, de ces gens doit être montrée et soutenue (mais l’État, dans tout ça ? est-il occupé à mater les résistances et procurer aux actionnaires les quinze pour cent annuels qu’il leur promet ?) : un moment de beauté.

Parfois, c’est difficile de parler des films (le cinéma, c’est aussi un passe-temps, un  loisir, un moment d’égarement ou de dégrisement), parfois il se peut qu’ils n’en aient nullement besoin (il faut faire preuve de discernement – les temps du cinéma sont durs ces jours-ci…). Pour une fois (mais c’est aussi souvent le cas), les bons sentiments triomphent et on n’en conçoit pas d’aigreur (c’est plus rare…). On pourra bouder ce plaisir mais il y a de la joie, de l’entraide et de la vérité, pour croire un peu en ce que l’humanité peut avoir de meilleur. Ensuite, dehors, en sortant, on retrouve les lumières allumées, et les autos qui foncent sur les boulevards (le 5 décembre, on y pense quand même).

 

« Hors Normes », un film d’Olivier Nakache et Vincent Toledano (ou l’inverse, je ne sais pas).

allez allez

en fait l’idée c’est de faire ce que l’on fait
avec plus ou moins de bonheur
plus ou moins de chance
plus ou moins de sérénité et de ténacité
plus ou moins de questionnements
sans oublier que nous ne sommes pas des îlots ou des gardiens de phare, faire c’est aussi regarder ce que font les autres avec plus ou moins de hardiesse, plus ou moins de vilenie, plus ou moins d’âpreté, plus ou moins de courage et/ou de cohérence
le faire des autres vient heurter s’engouffrer s’insinuer saupoudrer pénétrer notre faire à nous
et c’est ce qu’on garde de ces poudres de ces poteaux ou ces tenailles qui compte
par exemple j’ai lu cet homme qui dénonce ceux qui sont fiers de leur hideur
j’ai vu ces sit-in
ces armes maniées à la cow-boys
ces pelleteuses que des bras sans force repoussent, bras accablés
ces têtes hautes qui refusent de s’asseoir au fond du bus, qui refusent que les noyés se noient
faire, ce n’est pas difficile
faire, c’est impossible
c’est entre ces deux plateaux de la balance que son propre visage se sculpte en trois dimensions
et dans ce faire il y a aussi l’insu
ce qui survient et n’était pas prévu
parler de cinéma, ce n’est pas parler de cinéma, c’est parler des gens de comment ils vivent de comment ils sont vus de comment ils se voient de ce qui est proposé dans le faire
on peut se placer en vigie
on regarde ou on tourne les yeux
on fait comme ça nous chante
et parce qu’on fait ce qui nous chante ça sonnera toujours assez juste
(l’idée)
parce que les idées, ce ne sont pas des concepts, ce sont des corps
les rêves de piscines vides n’existent pas
ou bien c’est que les boutiquiers ont gagné ?
les boutiquiers à cols blancs dont les suv possèdent un pare-chocs anti rhinocéros en centre-ville ?
non les rêves de piscines vides n’existent pas
hop
inutiles
et déjà envolés
allez allez, ne traîne pas dit la voix, tout va bien

Cléo

 

 

Repasser en une ce billet sur Cléo (cette merveille) (entendu dans le poste madame Varda indiquer que le film s’appelle « de 5 à 7 » alors qu’il ne dure qu’une heure et demie « peut-être pour donner un côté coquin » au titre. Peut-être). En tout cas, vendredi dernier, je crois bien vers 11 heures, on apprit la mort, le décès, le départ vers d’autres cieux cinémas histoires de la réalisatrice qui tapait les quatre-vingt-dix printemps quand même. On avait vu Visages, villages il y a peu . Sans doute faut-il que les choses se passent – je ne sais plus, je crois que j’ai vu pour la première fois un film d’elle au début des années soixante dix, « La pointe courte » c’est certain, la date il me semble – je me trompe sans doute, peu importe. En une espèce d’hommage, et aussi à cause d’Anne Savelli qui  a écrit le magnifique Décor Daguerre (éditions de l’attente, 2016)  dont on parlait aussi ici et ailleurs, enfin disons que les choses passent, et se passent; les films et les livres resteront, sans doute – qui peut dire cette certitude..?

Par ailleurs, ou dans un même mouvement, lecture à la librairie La Petite Lumière, vers 19h le 10 avril (c’est mercredi prochain et 14 rue Boulard, Paris 14 métro Denfert-Rochereau) de quelques parties de ce Décor Daguerre.

Sur l’image d’entrée, madame Varda entourée de JR et M (à Cannes, il y a bientôt 2 ans je crois bien)

 

 

 

 

Les paroles de la chanson sont de madame Varda, la musique de Michel Legrand (si on osait, on poserait une note de bas de page avec : il faudrait comparer les paroles de cette chanson-là avec celle-ci des Parapluies de Cherbourg (Jacques Demy, 1964) – souviens-toi « non, jamais je ne pourrais vivre sans toi… » etc….) (depuis longtemps Jacques Demy y pense): ici Florence dite Cléo (ainsi qu’Arlette était dite Agnès) (Corinne Marchand, magique)

(j’aime assez « les Moulins de mon coeur » du même musicien) (c’est autre chose, mais c’est important – par ailleurs) (par ailleurs d’ailleurs, ce billet devrait prendre place sur l’Air Nu, pour ouvrir la rubrique « la ville au cinéma » que je tenterais de nourrir durant les années qui viennent 19/20/21 etc) (c’est ainsi qu’on aime envisager les choses – on posera les liens, à mesure et au fur que les choses se dérouleront)

Le film date de 1961, Agnès Varda a trente trois ans, Michel Legrand n’en a pas trente. Illustrant les paroles, des images du film, ci-dessus Corinne Marchand de profil, qui chante lors d’un Discorama (je suis content de réunir tout ce monde dans un billet) de madame Denise Glaser (une autre image en couleur, montrera aussi le domicile de Cléopatre – dite Cléo – 6 rue Huygens, Paris 6). L’un des plus beaux films du monde, quand même il serait français (ou parce que) (quoi que madame Varda naquit à Ixelles, banlieue de Bruxelles, j’aime beaucoup savoir ça), je n’avais pas dix ans (je l’ai vu plus tard, t’inquiète) (plusieurs fois, certes : il m’avait semblé, à la première vision, que la maladie était plus bénigne – une autre fois, qu’elle attendait de savoir si elle était enceinte : les souvenirs, ah Cléo – Florence Victoire, quelle merveille – ils s’évaporent, changent, se muent, et nous restons avec eux, semblables, différents, nos rides et nos yeux et nos sentiments qui parfois nous mentent) (encore à nouveau, le rôle tenu par Antoine était, dans mon esprit, tenu par le prince rouge de Peau d’Âne (Jacques Demy, 1970) le jeune Jacques Perrin – il avait alors vingt ans, et se nomme/ait Simonet – comme le temps change – il a adopté le pseudonyme de sa mère – non, donc, ce n’était pas lui…). On notera aussi que le film se déroule de 5 à 7 mais qu’il ne dure que quatre vingt dix minutes (une demi-heure – comme le condamné à mort – s’est échappée).

Tout commence vers 5 heures, par la visite à la voyante Madame Irma (Loye Payen dit wiki) (j’adore) (elle reçoit rue de Rivoli)et son mari (ne dit rien, non crédité) – on annonce que la mort rôde… –puisles chapeaux, et vient le voyage en taxi (une Déesse conduite par une femme : Lucienne Marchand, peut-être est-ce la soeur de Corinne, je ne sais), l’épisode des étudiants aux Beaux-Arts, et l’arrivée à destination. Ce sont les rues de Paris. Ici, le 6 rue Huygens.Un peu de pathos, certes, mais aussi une mue de cette charmante blonde, elle dit suite à ce plan« je vais m’allonger maintenant que je me suis allongée » (sa peut-être secrétaire gouvernante Angèle (Dominique Davray) à l’arrière plan  qui rit) , elle va recevoir son amant José (José Luis de Villalonga), puis chanter cette chanson lorsque Bob(Michel Legrand donc, à droite le Plumitif Maurice (Serge Korber)) lui indiquera de commencer. C’est après cette chanson qu’elle entamera sa mue (ôter sa perruque, se changer de blanc en noir, j’illustre ensuite, vous verrez)

Ainsi les paroles :

« toutes portes ouvertes /en plein courant d’air/je suis une maison vide/

Sans toi sans toi

comme une île déserte/ Que recouvre la mer/ Mes plages se dévident/

Sans toi sans toi 

Belle en pure perte/ Nue au coeur de l’hiver/ Je suis un corps à vide/ 

Sans toi sans toi

Rongée par le cafard/ Morte au cercueil de verre/ Je me couvre de rides/

Sans toi sans toi

Et si tu viens trop tard/ On m’aura mise en terre/ Seule laide et livide/

Sans toi sans toi

Sans toi » 

« Non, dit-elle, seule, laide livide, non !! »

Elle se change (elle sort)et la rue,  et les hommes sur le pas de la porte qui la suivent des yeuxsuivre la rue, effrayerles pigeonsça c’est Paris (et puis aller, marcher) (boulevard Edgar Quinet, l’avaleur de grenouilles, le type qui se perce le bras de son aiguille (un poignard javanais dit le scénario), les gens les cafés les gens les gens…) retrouver son amie Dorothée (Dorothée Blanck) qui pose nue dans un atelier de sculpture, s’en aller(la décapotable (on pense à la voiture amphibie des Rendez-vous de Juillet, évidemment ( Jacques Becker, 1948), les bobines de film…)le cinéma où officie le projectionniste , l’ami l’amant Raoul (Raymond Cauchetier, aussi crédité au générique comme photographe de plateau – on se souvient, à cette occasion, des débuts d’Agnès Varda en photographe de plateau des scènes de Jean Vilar, quelques années auparavant), on y donne « Elmer Gantry le Charlatan » (Richard Brooks, 1960) (et aussi en avant-programme sans doute, « Les fiancés du pont Macdonald » tourné à la Villette) le cinéma de la rue Delambre (Oh Burt…!), non loin de cette gare Montparnasse (lien vers le Montparnasse Monde) (et tout, souvent, illustré de ces gens)puis viendra l’épisode la scène la séquence du parc Montsouris (non loin de là, mais il n’y faut voir que des souvenirs réorganisés, mais quand même, malgré tout, là vivrait – quelques années plus tard – Coluche, non loin juste au dessus et de la prison de la Santé et de l’hôpital Sainte Anne juste là, le réservoir)Cléo seule (sans personne, livide…) et puis voici qu’apparaît Antoine (Antoine Bourseiller – à la ville, le père de la fille de madame Varda, Rosalie)le filigrane indique la guerre d’Algérie (début des années 60, Edith Piaf qui manque sons suicide, la guerre d’Algérie qui revient comme aux Parapluies…), on parle on se raconte, la maladie, l’engagement, la vie et la mort, quelque chose dans le regard de Cléo qui indique une espèce de chemindescendre ensemble le boulevard de l’Hôpital, à deux plus rien n’existerait ? – il me semble me souvenir qu’il s’agit du 67 – et dès lors la ligne – comme la 29 de Jacques Roubaud – garde sur elle – ou la 91 de l’Employée aux écritures – toute la profondeur des rues de Paris – on arrive, on croise le médecin (on lui donnerait bien quelques gifles – finalement non, la mort s’éloigne vite)il faudra se soigner, sans doute, mais il est déjà 7 heures, raccompagner Antoine par le pont d’Austerlitz (on se souvient aussi de « L’Homme de Rio » (Philippe de Broca, 1964) parce que, aussi, Françoise Dorléac…) (mais on se souvient aussi de Charonne, et de ces moments de guerre) qui s’en va à la guerre, pacifier… Il reviendra, Cléo…

 

Cléo de 5 à 7, un film d’Agnès Varda.