Ma mère est ma maison.
Ma mère est faite de texte.
De textes.
C’est de plus en plus visible. C’est ce qui arrive avec les paysages en grands dangers, brossés par le vent, réduits à l’essentiel. Il ne reste plus que la ligne d’horizon et l’armature d’un tronc, un peu d’herbe, le bleu de la mer, c’est tout. Ce qui faisait foisonnement, la végétation dense, les ruelles, les fontaines de Trévise, les habitants et leurs déambulations, les points de vue panoramiques avec la rose des vents gravée sur une table d’orientation, les fêtes folkloriques, les processions de la fête de Saint Bernard, tout ce qui perdait le regard, les cigales la nuit, les nappes sur les tables dehors, froissées, éclairées par les lampadaires, les craintes d’orage et d’inondations, tout s’est enfui, recroquevillé, a disparu.
Il ne reste que quelques histoires droites, réduites au plus simple déclencheur. Ce sont toujours les mêmes. Il ne reste à ma mère que du texte. Elle écrit de moins en moins, et puis plus du tout. Des cartes de vœux, et je ne sais plus la dernière fois qu’elle a rempli un chèque. Ses lettres sont de plus en plus tremblantes, maintenant ce sont des chiffres qu’elle trace, elle fait ses comptes qui sont des contes, car elle ne s’appuie pas sur des données mathématiques. Je veille bien à ce qu’elle ait toujours des stylos à portée de main. Je lui ai acheté un cahier, c’est elle qui me l’a demandé, elle devrait y poser des additions, en tout cas c’est ce qu’elle désire, c’est l’outil de repérage auquel elle se raccroche.
J’ai longtemps cru que rien n’était plus éloigné de ma mère que le texte. Je disais :
elle parle pour ne rien dire
ce qu’elle dit n’a pas de sens
elle dit une chose et son contraire
elle parle pour parler
elle fait de l’air avec sa bouche et ses cordes vocales, c’est ce que j’ai longtemps cru.
En fait, elle est au-delà du texte, ce qu’on peut qualifier de prouesse.
Ou elle se trouve bien au-dessus du texte. Tout en haut. C’est lui qui la porte. Ce sont ses fictions qui la tiennent, soutiennent. Dans le paysage réduit à l’essentiel qu’elle est devenue, sa ligne d’horizon et son tronc sont ses fictions.
Elle me les répète sans arrêt.
On pourrait penser à un problème cognitif, à une maladie dégénérative, à une baisse des capacités logiques, à une perte de raisonnement, oui, beaucoup pourraient le penser, mais elle s’en fout. Elle répète. Elle ne se sent pas malade. Je vais bien, elle dit, et puis j’ai toute ma tête.
C’est le plus important.
Tu ne crois pas ?
Heureusement que j’ai toute ma tête.
C’est bien, je suis contente.
J’ai vendu la maison, je me suis bien débrouillée. J’ai été futée, heureusement.
(la maison a été vendue par obligation, ce n’est pas elle qui l’a voulu ou s’en est occupée, elle me montre le papier du notaire et m’explique qu’il vient d’arriver au courrier, c’est moi qui lui ai donné il y a six mois, nos histoires se chevauchent, parallèles qui ne se rencontreront pas, mais je veille bien à ce qu’elle ait toujours des stylos à sa disposition)
Plus son paysage se minimalise, plus j’augmente le mien, factice. J’ajoute et j’ajoute des pots sur la terrasse de cailloux cernée de murs.
Chaque matin je vais voir si le pied de houblon trouve une nouvelle direction avec sa tête de serpent. J’ai soif de lianes. Les clématites, les chèvrefeuilles et les tiges de cobée s’enroulent ensemble, selon la même chorégraphie indistincte. Les feuilles des capucines de Canaries s’élèvent, larges près du sol, réduites dans l’ascension. Le schisandra croule de fleurs discrètes qui se confondent avec des cerises, et son feuillage de soie cache un peu le géranium menthe dressé, debout. L’akébia n’en finit pas de faire de nouvelles volutes dans sa course avec les haricots géants d’Espagne. En Espagne, lorsque ma mère était enceinte de moi, elle a assisté aux processions, capuchons sombres, deux trous noirs pour les yeux, torches levées dans l’obscur, chants funèbres, et elle a eu peur. Ma mère est ma maison.
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Extérieur nuit (2)
Dans ce deuxième billet, on explicite un peuplus les tenants/aboutissants ainsi que d’autres développements (plutôt en liens vers d’autres textes – plus copieux, sans doute, moins illustrés aussi) de cette histoire qui date de quarante cinq ans. Le billet se base sur quelques images capturées lors de la diffusion du feuilleton/série/film Esterno Notte sur arte réalisation de Marco Bellochio, (qu’on peut toujours voir ici) présentée à Cannes l’année dernière (est-ce du cinéma, est-ce de la télévision, est-ce quelque chose de plateforme ? je crains que ce ne soit pas (ou plus) le débat, mais celui-ci existe réellement – et pour ma part, je préfère voir les films en salle…) Une deuxième élaboration donc. En ouverture de billet, une image de la représentation d’Aldo Moro, lequel, à une tribune du parti de la Démocratie Chrétienne dont il est, à l’image, encore le président, convainc l’assemblée du bien fondé de son travail avec le parti communiste afin de réaliser ce que la presse intitula le »compromis historique » – lequel compromis était fortement combattu et depuis de nombreuses années, par les États-Unis, notamment en la personne de Henry Kissinger (personnalité détestée par le président Moro) mais qui,alors, n’est plus aux affaires (comme on dit) – Kissinger (républicain) était conseiller spécial et ministre des affaires étrangères du précédent président étazunien (Gérald Ford)
les divers plans de coupe dans lesquels se meut cette narration – assez chronologique cependant – m’ont particulièrement fait penser à ce que Marco Bellochio instille dans son film, cette façon de se rendre intérieur aux protagonistes – ou complètement extérieur.
Ici
rien à voir avec le reste de la vie – mais c’est là et j’adore
J’adore aussi ceux-ci
c’est la nuit – il en a passé cinquante cinq dans son réduit – et c’est le jour
une ville qu’on aime – une espèce de creuset –
cette ville qui, vingt ans plus tôt accueillait Fellini (le cinéma, c’est important) (la fontaine de Trévi, la via Veneto reconstituée sur le plateau 5 de Cinecitta) – ici ça se déroulait sur la rive droite du Tibre, trastevere – on parlait on négociait, il ne faudrait pas croire que tout le monde était d’accord – des milliers et des milliers de contrôle
en pure perte – il faut montrer qu’on fait quelque chose (mais qu’on laisse pourrir, non) (on fait même appel aux esprits, c’est pour te dire) – le gouvernement démocrate chrétien, épaulé de ses alliés (le parti communiste ne veut pas négocier ce serait reconnaître être doublé à gauche…) (le parti socialiste veut négocier, quant à lui : ce n’est pas un allié…) – longtemps Moretti (ici à l’image, au centre – à gauche Valerio Morucci, à droite Adriana)
assez leader, disons, de l’équipe qui a mis au point l’enlèvement, la séquestration, le procès et la suite promise au président Moro, longtemps il a tenu bon : non, on ne négocie pas, non, on ne l’épargnera pas (jusqu’au 6 ou 7 mai, en discussion, dans un bar de Rome) longtemps
on ne fera rien pour que ces valets du capitalisme s’en sortent la tête haute – il s’agit d’orgueil, il s’agit de ne pas perdre la face – tandis que la police ratisse largement (ici une image d’Adriana qu’elle voit, elle-même, sur une planche de bord de voiture de police)
elle qui rêve – c’est important, les rêves, ce sont des humains qui vivent, et dorment – celui d’Adriana (il est dit qu’elle le raconte dans le livre qu’elle a écrit – non traduit en français) (quand on raconte un rêve et qu’on l’écrit, il devient une réalité quand on le cite) ce rêve
déambulation au fil de l’eau
des morts passent
ils sont là, il y Aldo et d’autres morts – sous les balles, ce sang ordinaire, obligatoire et nécessaire – cette boucherie
elle se réveille – en sueur – un mauvais rêve dans la vraie vie – le rêve du pape (tu vois, ce n’est qu’un humain comme les autres – et la nuit il rêve ou quand il dort)
martyre, Aldo ? On le laissera mourir, et on espérera que sa mise à mort sera exécutée par ceux qu’on combat : ainsi seront-ils (et elles aussi) vaincu.es…
le billet précédent Extérieur Nuit (1)
les jardins de Carthage
Le réalisteur, Youssef Chebbi.
Le film dont on parle ici était projeté dans une salle l’Espace Saint-Michel dont le directeur-gérant-exploitant vient de disparaître : Claude Gérard, à qui ce billet sera dédié, parce que c’est un homme qui a travaillé pour que le cinéma vive,dans toute sa diversité et notamment sa qualité politique. Qu’il en soit ici remercié.
c’est ainsi qu’à l’habitude – les documents disponibles sont mis à contribution et profit – ils dépeignent ce que la distribution veut montrer du film – pour ma part, comme c’est un endroit qui m’est assez cher, je suis plutôt content d’en parler – il ne fait aucun doute que le décor (Tunis, un de ses quartiers neufs – ses habitants son parler ses couleurs tout autant) est l’un des personnages principaux et participe de beaucoup à mon statut de spectateur. Nul doute non plus que ce qui est dépeint ici fait partie de toute l’Afrique du Nord, et sans doute du continent entier, et de l’emprise qui y règne de la religion sur les hommes et les femmes qui y vivent. Le titre du film Ashkal elliptique certainement peut se traduire par « formes ».
Il ne s’agit pas d’une production exceptionnelle (quoique le pays soit assez petit et qu’il y règne pourtant une activité cinématographique assez importante ) mais d’un film noir comme on en connaît des centaines (c’est un genre que l’on aime) – un couple de policiers
une femme, Fatma et un homme, Batal
qui enquêtent sur des faits
qui ne cessent de se reproduire : des gens s’immolent – le décor important est situé dans la banlieue de la capitale
Tunis, sur les bords de la lagune, nommé les Jardins de Carthage, un nouveau quartier voulu par la dictature précédente (incarnée par Ben Ali foutu dehors en 2011, je crois bien qu’il est mort en Arabie Saoudite) pour y loger ses ouailles – las, tout fut arrêté – ce ne sont pas ruines mais chantiers
parfaitement graphiques – les hommes s’immolent et le pouvoir fait semblant de ne rien voir – le pouvoir masculin : l’enquête se clive
Fatma veut comprendre, Batal se protège – et protège par là l’état des choses – il faut aussi dire que le père de Fatma revêt l’aspect du pestiféré : il œuvre dans une organisation »Vérité et Réhabilitation », inspirée de celle de la réalité du pays, « Vérité et Dignité » (laquelle s’est embourbée et n’a pas réussi à restaurer la confiance qu’on pouvait avoir en la volonté de faire du pays une vraie démocratie) – de ce fait, la policière Fatma, qui travaille dans et pour un état (policier mais qu’elle voudrait de droit), est une renégate et le pouvoir l’agonit – il faut noter ce parti-pris dans le film de poser une certaine normalité : il n’est cependant pas douteux que les femmes sont très minoritaires dans les forces de police tunisiennes. Pendant que Batal souscrit à la tradition et à sa religion, à sa famille tout autant, Fatma elle travaille à élucider le mystère
Les gens brûlent.
Allégorie d’une religion qui se nourrit de ceux (et celles, mais on les voit moins) qui y croient, cette narration nerveuse se termine en un hapax apocalyptique… Une réussite sans espoir cependant
Ashkal un film (tunisien) réalisé par Youssef Chebbi
Ici Match
Dans la série amusons-nous en bricolant,
la maison[s]témoin vous offre
un numéro gratuit de la revue
Ici Match, qui traîne actuellement
sur la table du salon
(de la maison)([s]témoin).
Ce do it yourself vous parviendra
à la suite de tout téléchargement
gratuit d’icelui.
COMMENT FAIRE ?
Procédons pas-à-pas, grâce à ce MODE D’EMPLOI complet et rébarbatif :
1- télécharger
2-imprimer
3-découper selon le pointillé
4-plier comme indiqué sur les photos n°4406, 4407 et 4408 :
FAQ
Vous avez téléchargé la version 112/1 et elle est en noir & blanc ?
– C’est normal. À vous d’y déposer couleurs et inventions impératives.
Vous avez téléchargé la version 112/2 et elle est en couleur ?
– Oui, au cas où le matériel tinctorial vous ferait défaut, la maison[s]témoin s’est agitée de façon pigmentaire en amont.
Vous n’avez téléchargé aucune des deux versions ?
– Reportez-vous à l’alinéa 616 de votre contrat initial. Zoum zoum.
******
Quelques illustrations additionnelles et supplétives en plus ci-dessous :
C’est à vous, allez-y !
c’est une affaire d’adolescents, au début ils ont dans les quinze ans, à la fin près de vingt – ils parlent assez librement semble-t-il de la vie, de l’amour, des suites et du reste – comment c’est une vie ? comment ça se commence ? qu’est-ce qu’on y voit, quand elle est ouverte (on commence à se connaître par corps, on se défie, on s’adore) ? – il y a quelques couples qui se forment, ou se défont (hommes, femmes, ou alors pas encore) – la musique surtout : c’est un film magique (bon, on s’en fout de la magie mais ça donne une envie de vivre et de se battre et d’être : tout ce qu’il semble que les ans érodent mais non – vazy ont-ils coutume de dire n’importe où n’importe quand hein, c’est ça)
le dossier fait parler le réalisateur (Jonàs Trueba – je ne suis pas sûr d’en avoir parlé ici, un autre de ses films – assez magnifique aussi (le dvd m’en a été offert par A. ) (encore merci) Eva en août – j’en ferais chronique dans Madrid Ville&Cinéma dès que possible – si je peux, j’ai pas mal de pain sur la planche ces temps-ci – notamment le 40 de François Bon) – ici présentés donc huit des personnages qui peuplent ce film formidable – on trouve ces vignettes sur le site du distributeur, elles sont ici détaillées dans l’ordre de mes préférences
un des participants, assez solitaire, sensible, frêle peut-être, extra – un de la classe, un de ceux qui voyageront plus tard, le plus attachant qui tombe en amour de celle-ci
adorable de spontanéité – en vrai tous les acteurs (et les actrices) sont bien – en vrai aussi, si elles (et ils) jouent un rôle, la distinction du film fait en sorte de nous faire sentir qu’il se pourrait que ce ne soit pas exactement le leur – c’est une vraie merveille – ici le rôle principal peut-être
puis son chéri qu’elle rencontre durant le temps du film
sont-ce des acteur.es ou des personnes vivantes ? La limite est toujours, et où que ce soit dans quelque film que ce soit, dans quelque réalité qu’on traverse, cette limite est trouble – ici tout autant –
sensible, adorable aussi et les questions qu’ils elles se/nous posent, celles que nous posons encore ? Que nous posions alors? Est-ce que tu crois qu’on peut oublier franchement ?
beaux et belles comme des dieux – on se cherche, on se trouve (on se prend,on se déprend)
c’est de cet humour-là dont il s’agit – on adore ça parce que c’est vrai, c’est juste, c’est clair et franc – formidable
mais oui, changer le monde, rien de moins – cette ambition saine et splendide – une vraie merveille…
Qui, à part nous ? (Quien lo impide ? en espagnol : qui nous en empêche ? Mais non, personne, allez-y, foncez !!!) Un film (formidable) de Jonas Trueba ( le film passe comme un rêve ; il dure trois heures quarante, il y a deux entractes, on s’en fout, on reste, on revient, on va fumer (ou autre) on fait ce qu’on veut, nous sommes dans un pays libre semble-t-il), on sort cinq minutes, on reprend sa place, s’il y avait le bruit de la croix de Malte qui entraîne la pellicule on n’en serait qu’à moitié étonné – cette vie, cette vie magnifique…)
Artisteries 5
faut-il croire que le syndrome contemporain des « séries » m’ait à mon tour contaminé ? (contaminé est un mot « à la mode » comme disait le lombardidier) (on ne sort pas les fusils, non, mais enfin…) (j’agonis pourtant les séries : elles nous racontent des histoires et les histoires, comme on sait peut-être, ne font pas avancer la vérité) (elles ne nous disent rien) (encore que celle-ci (la vérité) ne soit pas non plus un but existentiel) (chacun.e fait ce qu’il peut : j’essaye de ne pas (me) mentir) (je suis sur d’ardents charbons : j’en termine et je n’ai rien écrit encore…) peu importe ces scrupules de puceau (ce genre de métaphore me ravit) (ou de pucelle, soyons justes) (je suis plutôt adepte de la sincérité) : ici le cinquième volet d’une espèce de recherche dont je ne saisis pas parfaitement la problématique, on verra, mais qui constitue cependant la trame, le tissu, le fond ou le décor d’un film The Artist dont je tente, par ces billets, d’analyser la teneur. Dans cette maison, qui plus est, j’ai déjà donné pas mal de génériques : je continue…
Le cadre est celui des images, et notamment, de leur révolution expressive : il s’agit de comprendre comment, ou en quoi, le son apporte quelque chose d’autre au cinéma (aux images de cinéma) – et quoi si possible. Le dessin est en creux : j’ai opté pour recenser les diverses options qui dans le film-même indiquent des sons mais ne passent pas par le bruit, ou l’ouïe : dans ce sens-là (aux deux sens) (on ne va pas tarder à s’y perdre : mais non) on analyse ici les génériques qui opèrent dans le film. Il en est un au début, plusieurs intérieurs (traités ailleurs), et un à la fin. De celui du début et de celui de la fin, il n’y a guère à dire : ce sont des nécessités pour tout film (nécessités juridiques, notamment : on crédite ainsi telle personne d’une participation à telle profession, et de ce fait, cette personne exerce cette profession et devient ce qu’elle prétend être). Ces indications pour parler des génériques intérieurs à la narration proprement dite du film. Ailleurs, les génériques qui investissent Peppy Miller dans son rôle de premier plan.
On trouvera ici le générique (long comme le bras, in extenso) du film.
- Générique de début.
Je ne pose que deux des cartons qui le composent : mettons le titre
on le voit : la police de caractère (probablement quelque chose de vieillot), une esthétique à la « Harcourt » qui réfère directement au temps de la diégèse (la lumière qui vient d’en haut à gauche, un spot qui produit une espèce d’ellipse) et puis les postes et les noms
(on remarque cependant aussi que les prénoms figurent ici à chacune des lignes, ce qui n’était pas le cas dans les génériques que singe celui-ci) (il y a beaucoup d’emprunt de tous ordres dans le film, des citations ou des plagiats, la mesure est difficile à trouver mais on s’en fout) (à peu près). Le carton directement suivant expliquera
Pourtant j’évite par là de parler de la musique qui elle aussi entame une narration : comme une ouverture de grande production (il faudrait analyser les musiques du film qui soulignent – surlignent, grasseyent, abondent – tous les effets). Cette musique est présente tout au long du film, sauf dans la séquence (sonorisée) du rêve de George (les images de ce rêve ici).
2. Générique de fin.
La liste des artistes donc (les comédiennes et les comédiens : sans le dire, mais en l’explicitant quand même, les places respectives) réalisateur, producteur puis les artistes:
qu’on va tous citer (pour finir par le chien – l’ordre est sauf)
il continue par nombre de prestataires techniques (j’abrège quand même) pour en arriver aux mentions obligatoires des œuvres dont on s’est servis pour la réalisation du film, et notamment les musiques (Edward est le prénom à l’état civil de Duke)
(la musique additionnelle si on peut dire est due à Ludovic Bource : le musicien de pratiquement tous les films du réalisateur)
Plus loin :
on voit l’emprunt d’un des films, « The mark of Zorro » (Fred Niblo, 1920) avec Douglas Fairbanks dans le rôle (formidable) dont on voit quelques images lors de la scène où, plus tard, George détruit les films dans lesquels il a joué sans doute, y met le feu et manque de mourir (on pourrait gloser sur le fait que les copies qu’il détient sont flamme (on est 1932, semble-t-il) et qu’elles devraient prendre feu sans doute en explosant, le tuant sur le coup, mais on est et on reste au cinéma).
Viennent ensuite les dédicaces :
(Paul Rassam est l’oncle (producteur de cinéma à Hollywood : ça aide) de Thomas Langmann, Gilbert Marouani (agent de talent dit wiki – décédé en 2016) d’autres connaissances sans doute dont, pour le réalisateur, le footballeur à la main d’or…)
Enfin, à la fin de la fin, une autre dédicace à un musicien (collaborateur sur les OSS 117 du réalisateur) qui vient de décéder au moment de l’exploitation du film.
Présenté à Cannes en 2011, « The Artist » y fait assez bonne figure, puisque Jean Dujardin y obtient le prix d’interprétation masculine (rappelant en cela celui de Jean Yanne en 1972 pour son interprétation dans « Nous ne vieillirons pas ensemble » (Maurice Pialat, 1972) (montage Arlette Langmann, l’épouse de Maurice Pialat, production Jean-Pierre Rassam, l’oncle de Thomas Langmann)) – (une espèce de bonus de nationalité j’ai l’impression) (président du jury: Robert De Niro) . Il semble que ce soit à Cannes, cette année-là, que le film ait été acheté par la maison des frères Weinstein (de si #metoo sinistre mémoire). Poussé par elle (assez (probablement la plus, alors) puissante) dans le monde étazunien (et donc international) du cinéma, il y obtint les oscars du meilleur film, réalisateur, premier rôle et un nombre impressionnant de prix ailleurs dans le monde. D’un budget de 12 millions d’euros, le film en a rapporté 130 au box-office mondial.
ici les divers éléments des artisteries qui composent cette recherche :
artisteries 1
artisteries 2
artisteries 3
artisteries 4
les termites
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(« Les territoires d’Afrique » de François Azambourg, maquette)
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La maison du termite, une fois inoccupée, désaffectée, peut être moulée et transformée en objet de design (un trône ou autre chose). C’est le présupposé (un trône ou autre chose). Et c’est décoratif (un trône ou autre chose). Tout du moins esthétique.
Une rencontre entre art et design.
Le travail animal s’utilise entre art et design (coupe à fruits dont la structure est faite d’alvéoles de ruche, table au plateau de bois décoré de travées creusées par des insectes, vase moulé sur la trace laissée par un chien dans la neige, patère murale en argile façonnée par un serpent, etc.).
C’est très intéressant, cet œil posé sur le travail d’un cerveau autre que le cerveau humain.
Une récupération.
Dans tous les sens du terme.
Avec les signes négatifs qui vont avec.
Une sorte de greenwashing (« voyez, je m’intéresse aux animaux, ils ont tant à nous apprendre, non, vous ne pouvez pas payer en plusieurs fois, oui, ça s’adresse à des porte-monnaie dodus, à une certaine classe sociale, mais bon une classe sociale avec des pensées sociétales, pas des gros lourds qui ne pensent qu’à afficher leurs signes extérieurs de réussite, enfin si, mais enfin pas seulement »).
Une sorte de recyclage.
Le travail du termite est admirable, admiré, moulé, refaçonné en coulures d’argent précieux.
Pour créer un objet.
(un trône ou autre chose)
Qu’est-ce que ça dit, ce trône ? (car ce n’est pas autre chose, c’est un trône)
Est-ce qu’on s’assoie dessus pour démontrer notre puissance ?
(l’être humain tout en haut, l’animal riquiqui en bas comme il se doit)
Est-ce que cela dénonce cette puissance ?
(tu peux toujours t’asseoir sur les termites, ils sont plus fins que toi, plus futés que toi, ils ont des millions d’années à leur actif, alors que toi, après trois cent mille ans tu n’as toujours pas remarqué qu’avec une coiffe à plumes ou un pantalon à paillettes ton espèce reste la tienne, ton espèce c’est toi)
C’est le problème, ça se vendra, ça se monnaye, dans tous les sens du terme, trône vendu, trône acheté en tant que signe de puissance ou signe d’humilité, c’est réversible.
(sans doute ce qui fait que je ne l’aime pas)
Et si dans cent millions d’années on coulait de l’argent dans les vestiges de nos maisons désaffectées, l’objet ainsi sculpté serait-il viable commercialement ?
Et pourquoi ça me fait penser au cinéma ouvert sur le désastre ?
On écrit, on est aux aguets, voilà.
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Shawn Triplett pour @Reuters, depuis l’intérieur du cinéma de Mayfield, après la tornade
quinze (dans les rouges)
je déplie – j’ai formé l’index, on verra, tout ça est assez dispersé – je crois que c’est le dernier (j’ai des trucs à faire ici qui attendent depuis un moment)
ici Mona Chokri dans le premier rôle de « La femme de mon frère » (2019) qu’elle réalise elle-même – me fait penser à ce film d’Ewan McGregor (American pastoral (2016) pas si mal) (non mais pour un film d’acteur… ) – ça n’a rien à voir, un acteur qui prend la place du réalisateur et se retrouve devant et derrière la caméra, sinon une structure particulière – le film est impliqué dans un des poèmes express (#877), chez Lucien Suel par ailleurs c’est pour ça aussi) un autre si tu veux
Charles Laughton acteur formidable, passé derrière la caméra pour produire et réaliser
cette splendeur de (c’est vrai qu’il n’y joue pas mais et alors ?) Nuit du Chasseur (1955) (j’avais deux ans) – sans compter Shelley Winters (dont on se souvient aussi du rôle de la mère dans Lolita (1962, oh Stanley…)
avoue quand même… c’est du cinéma – j’adore même si les décors sont un peu trop carton (un peu comme dans « To kill a Mockingbird » (du silence et des ombres, Robert Mulligan, 1962) le Gregory Peck de mon enfance (surtout,plus évidemment, Achab à la recherche de sa baleine blanche – jambe de bois etc…) (John Huston, 1955) enfin toute une histoire du cinéma qui défile (hollywoodien plutôt disons) et lui
en empereur de la dérision (Lost in translation, Sofia Coppola 2003) Bill Murray – non, mais c’est assez tenu comme générique (le lien du générique à la famille et à l’expression d’une certaine parentalité, quelque chose de l’engendrement – le cinéma, mon frère et mes/ses amis, ma mère), je tiens aussi celui-ci, drôle et sérieux terrible
James Baldwin formidable écrivain et acteur de la vraie vie – j’aime savoir qu’il était ami d’Yves Montand, de Marguerite Yourcenar autant (tout autant que j’aime savoir que ma mère et mon père pensaient trouver quelque habitation à Saint-Paul-de-Vence ou à Vence – ces souvenirs tu sais… cette période des débuts soixante)
et puis les voilà tous les deux – tu sais quelque chose avec Julos Beaucarne (il est de 36) – elle, elle est de 33; lui était de 40) – un type passe, et tue – quelque chose de l’absurde, de l’idiot, de l’insensé et du fou – qu’est-ce que c’est, la folie ? je me souviens aussi du héros de la classe prolétaire; j’imagine; hier aujourd’hui demain – laisse va
un voisin – un dimanche midi, avec sa fille qui n’avait pas six ans au sortir de l’expo – ça devait être en 95 ou 96 – je chantais à ma fille pour l’endormir cette balade – non loin
le piano, et sa mère – sans doute non loin –
dispersion une série pour décorer les murs de la maison[s]témoin
(parfaitement en phase avec le raku qui suit des lignes comme un cartomancien, ces images, notamment Yoko Ono & les 3 du film de Laughton : il y a des hasards qui n’ont pas besoin d’explication) (mais j’en suis content – spéciale dédicace à C. Jeanney donc) (il n’y manque que la Lotus seven…)
Treize
non la superstition, non c’est non – je finis la « Cérémonie des adieux » (du moins la première partie – la suite concerne des entretiens que Simone de Beauvoir a mené avec son Sartre (c’est son Sartre, ça ne se discute même pas) déchirant – pas un mot sur Aldo Moro en 78, bizarre – un peu sur la bande à Baader et la visite de Jipé à la prison où ils étaient enfermés, privés de tout (une honte comme à l’accoutumée sur l’État qui a sa force et en abuse évidemment) – la rentrée sous le soleil s’effectue s’il y a eu une sortie (en toute logique, mais la logique n’a rien à voir avec ce que nous vivons) et je pérégrine encore à nouveau, probablement pour m’exclure de quelque obligation (je n’aime pas tellement septembre, c’est égal mais le raccourcissement des jours, le froid et la pluie qui vont venir, ça ne me plaît pas) ici donc à nouveau quelques images trouvées dans de vieux hebdomadaires qu’on a conservés ailleurs
lorsque A. jouait du violon, au fond du couloir (je me souviens de ce violoniste qui cherchait la grande halle et qui m’avait dit « pleurer à décoller le vernis » lorsqu’il jouait pour parvenir à la note juste) et qui reprenait encore et encore – on avait rencontré Didier Lockwood, charmant, gentil, encourageant – une merveille que son école – et puis le temps passe, le violon a été remisé – lui est parti, qu’il soit en paix – on l’aime toujours –
ici Ray Charles – ainsi que lui mais ce ne sont que des images, que sait-on d’eux finalement ? furent-ils d’ignobles salopards, de si agréables amants ? fidèles amis ? profiteurs opportunistes ? – on ne sait pas n’en parlons pas – on pose des images, elles évoqueront ce qu’elles évoqueront – prises vite
évidemment on pense ce qu’on veut de la pose – on a vu cette actrice récemment dans « Rouge » (Farid Betoumi, 2020) (écologie quand tu nous tiens : développement sur le scandale des boues rouges de l’usine de Gardanne appartenant alors au groupe Pechinney ou vendue survendue et revendue – quelle importance ? –
puis Pierre Bergounioux dans un bois (sans doute vers Gif) et un pull qui ont fait sa renommée (pour une part évidemment) »venez on va prendre une photo… » – on pense, on lit on écoute (j’espère que le lectorat aura relevé le zeugme) – continuons
magnifiques sourires de ces deux amants (elle, Susan Travers, chauffeur du général Koenig – à lire son livre que je n’arrive pas à acheter – 3.10e chez momox attends…) (romanesque sa vie,sans doute, mais j’y chercherai quelque trace de l’ami Gérard Théodore) – sourires guerres déserts… – la légionnaire (la seule dit-on) – on verra encore –
Robert Redford un peu stressé dans les 3 jours du Condor (Sydney Pollack, 1975) (bah)
puis trois fois Agnès Varda, sur une plage semble-t-il, c’est le moins qu’on puisse faire – je continue mais tu sais, parfois, la mélancolie m’attrape –
ici c’est Judith un peu dégoûté parce qu’elle vient de trancher le cou d’Holopherne – c’est assez salissant – je crois que c’est à nouveau le Caravage – je l’aime beaucoup – ainsi que cette image-ci du Vésuve au loin
c’est Corot (Jean-Baptiste Camille – merveille – paysage – on se raffermit dans la beauté – avoue quand même… vue d’Ischia – non mais l’Italie… (il paraît que le Jipé à son Castor adorait Capri) (la prochaine fois, juré craché, j’y vais…)
dispersion, une série des couloirs et des gravats de la maison[s]témoin
onze
il m’en reste mais on ferme pour les vacances (ici William Holden)
dans Network (Sidney Lumet, 1976) rattrapé par sa libido (et Faye Dunaway) (on le préfère dans Sunset Boulevard (on préfère tout le film (Billy Wilder, 1950) (là Solveig Anspach – la grue, Montreuil, la piscine et Florence Loiret-Caille)
ici ces images, un peu un cimetière – salut l’artiste disons) (là BB King
et son instrument qui fait peur aux racistes – on n’avance guère en ces matières – on fait des trucs sinon (le TOA en index commence) mais ce sont les vacances, on n’a plus trop de temps)
ici une devinette (*) en format carré – on verra bien – au même format, le présente-t-on, mais en couleurs
agent de sécurité sympathique (ça doit bien exister…) dans La loi du marché (Stépahne Brizé, 2015) formidable Vincent Lindon (on se souvient de ses mots durant le confinement – on n’oublie pas – le feu tue aux alentours de la Méditerranée, on se préoccupe de sa petite santé, machin est avec sa wtf piscine à Brégançon son passanitère répugnant en main, sûrement – (non, j’arrête) la carte d’identité de Pierre Brossolette
lequel s’est jeté par la fenêtre de la gestapo parisienne pour ne pas donner d’autre nom que le sien – on résiste – ici Danielle Casanavo et Lucie Auber
ces souvenirs, ces héroïnes – on n’oublie rien –
Geneviève De Gaulle et Germaine Tillon – un passé qui ne passera pas – et un présent préoccupant : ici le sourire de Florence Thune qui mène le Sidaction
tandis que disparaissait Sandrine Musso (chercheuse en sciences sociales genre corps et société – pensées vers elle) – non, mais ça ne fait rien, on résiste quand même – on écoute on lit – ici l’un de mes préférés (un autre vient juste après) Gene Hackman (frustré dans Conversation Secrète (Francis Ford Coppola, 1974 – palme d’or à Cannes quand même))
et Sophia et Marcel (cette merveille de résistance tout autant (Une journée particulière, Ettore Scola, 1977))
la paix, ah oui
même de dos (à ton idée, c’est le matin ou c’est le soir ?) – ce doit être le chapeau et la mer, du côté d’Ostia (Federico Fellini pensif, qui n’aimait pas cette mer qui lui faisait peur…) (dix heures du soir fin juin) une image on l’interprète et lui fait dire ce qu’on veut –
on l’aurait dite falote à ses débuts (dans la Nuit américaine (Francois Truffaut, 1973) mais là (Le petit lieutenant, Xavier Beauvois, 2005) une présence (Nathalie Baye)
et une Hanna Schygulla formidable (Le mariage de Maria Braun (Rainer Werner Fassbinder, 1978)) j’en termine (je pose des références pour mes histoires d’atelier tout autant – je me souviens presque des salles où j’ai vu ces films)
pas de quoi en faire des tonnes (Faye Dunaway (cette pose…) à nouveau, moins mante religieuse que précédemment – Steve McQueen en milliardaire (L’affaire Thomas Crown (Norman Jewison, 1968)) mais surtout sûrement la musique de Michel Legrand – il se passait des choses et on n’allait pas au cinéma – je me souviens aussi de ces deux-là
(Agnès Moorehead et Tim Holt dans la Splendeur des Amberson (Orson Welles, 1942) (à la cinémathèque : une splendeur, en effet) et pour finir, l’évocation de Jean Zay (et ce billet dédié à sa fille, à ses filles, et à la librairie aussi bien)
de retour en septembre (bonnes vacances)
dispersion, une série de la visite des couloirs de la maison[s]témoin
(*) en robe de chambre, devant une bibliothèque, de profil souriant : Roland Barthes.