Sans amour

 

 

Ce sera dans la chambre d’enfant, donc l’une des chambres (sait-on si cette maison sera occupée par une famille, les enfants, deux, le choix du roi – tu sais cette façon de dire de deux genres il faut choisir sans jamais choisir – un garçon, une fille, ou l’inverse, comment commencer), la mère est dans la trentaine, la plupart du temps pendue à son portable (ce portable fait penser aux animaux qui accompagnent les héros chez Disney ainsi de Jiminy Cricket pour Pinochio)

le père absent
même façon de penser : le petit Aliocha (ici il pleure, oui)les gêne, il les ennuie, il ne leur sert à rien, il les encombre – il est sans doute la chose (oui, la chose) qu’il ne leur fallait pas faire. Une chose, c’est ainsi qu’ils le conçoivent. On sent qu’ils ne font ainsi que transmettre ce qu’on leur a transmis (sans qu’ils le sachent). C’est après le premier tiers du film que cette image apparaîtsuivie de celle-cipuis plus rien d’Aliocha.

On le cherchera en vain, on ira même jusqu’à aller chez la mère de sa mère : l’horreur, la haine, la vindicte… pourquoi ce petit môme aurait-il eu l’idée de venir trouver refuge ici ?Décidément, non, on ne le retrouvera pas. Douze ans, un mètre cinquante, blond. Plus jamais. Cela semble tant mieux : l’homme se retrouve chez la femme qui attend un enfant de lui (il le traitera comme il a traité Aliocha…); la femme chez un riche homme seul (une fille à Lisbonne à laquelle il parle, de temps à autre, via internet, et ce sera tout). L’allégorie limpide d’une Russie de nos jours : ici la jeune femme qui court toute seulesans avancer sur le balcon de l’appartement luxueux de son nouveau mari…

Fin.

L’image est grise, on recherchera Aliocha dans les ruines qu’il fréquentait avec un de ses amis sans le retrouver. La tristesse est absente, c’est tant mieux, il gênait. Les parents enfantent ensemble et sont censés aimer leur progéniture, eh bien non. Et le monde (ce monde-là seulement, on l’espère…) tourne ainsi.

Une horreur terrifiante. Tout compte fait, à la cave…

Faute d’amour un film d’Andreï Zviaguintsev, prix du Jury, festival de Cannes 2017.

 

Une réflexion sur « Sans amour »

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