Le salon de T Episode 1

 

C’est un endroit qui ne ressemble ni à la Louisiane, ni à l’Italie. Il y a deux pots d’Anduze au coloris particulier sur la terrasse. Les parents les sortent quand le salon de T rouvre ses portes, entre mi-mars et début avril. Une femme bien habillée de vêtements neufs, dans la quarantaine/cinquantaine expérimentée dans la perception de certaines choses mais pas de toutes, qui le serait ?, à la paire de lunette accordée à la couleur permanentée blonde mais pas trop, et pourquoi l’appellent-ils vénitien celui-là ?, la voix échauffée par l’envie sus-citée, arrondie par un reste de générosité trouvée au fonds d’une connexion neuronale mal en point, toute humide et un peu moisie d’avoir été laissé là trop longtemps, nous en offrit 50 ou 100 euros pour la paire, après avoir dégusté un T et une part de tarte et les avoir payés, non sans féliciter comme de bons a-lois la cuisinière.

Dans des mondes parallèles qui doivent bien exister puisqu’en j’ai perçois l’écho, faible mais néanmoins substantiel, je m’entends, seule, lui répondre « mais prenez-les, si ça vous fait plaisir… », lassée par la déliquescence surjouée d’une sociétaire de la Comédie Humaine. Ou, dans un autre, me prendre, seule, pour un Sire Anneau de Berge en Vrac et lui déclamer une diatribe de nez d’Anduze « à ma façon » pour tenter de réveiller le reste de ses connexions neuronales sur toutes les « autres choses » qu’elle n’a pas vu, ou plus sûrement pour tenter de la toucher là où, sans même le savoir, elle avait touché et blessé, sans trouver de centre sur cette amas de chair inerte où mes coups auraient porté.

Plus simplement, Blanche lui répondit :  «  nous savons ce que sont ces pots d’Anduze, Madame. Sachez d’ailleurs que le coloris est une commande spéciale et qu’il n’en existe qu’une centaine de ce type-là. »

Et la dame est reparti avec ses yeux ébahis, sa bouche ouverte avec un reste de tarte à T sur les molaires, et je suis restée près de Blanche pour apprendre.