L’absence

Un matin la maison s’est envolée. Justement, les habitants (permanents ou temporaires ou de catégorie intermédiaire) n’étaient pas là. Ainsi, eux n’ont pas disparu.

Les voisins auraient pu s’étonner mais on ne leur a pas demandé leur avis. La maison s’était envolée et c’était comme si elle n’avait jamais existé. Pas de fondations restantes, pas de ruines, pas de trou béant où la pluie d’automne accumulerait un embryon de nappe phréatique bien crade. Non, rien qu’une herbe soyeuse, juste un peu plus verte que celle du bord du chemin.

Après cela, les voisins qui n’étaient pas fâchés de se défiler une fois de plus ont prétendu qu’à cet endroit il n’y avait jamais eu de maison. Qu’ils n’avaient jamais vu personne y entrer (sans voir que cette deuxième affirmation entrait en contradiction avec la première). Qu’ils ne connaissaient pas les gens qui habitaient dans cette maison (idem). Qu’ils ne voulaient pas les connaître, d’ailleurs.

Pendant ce temps un couvreur était grimpé sur le toit et remplaçait les tuiles manquantes.