Ou bien ou bien

On ne pouvait pas savoir quelle maison ce serait.
Elles avaient toutes la même entrée banale plutôt étroite à peine la place de mettre un porte-manteau pour porter les manteaux des visiteurs une console pour poser les clefs et se consoler de tout le reste un miroir pour se regarder et vérifier qu’on était toujours la même personne.

Mais ensuite quand on entrait dans le vif du sujet c’était chaque fois différent, un grand séjour minimaliste peint en blanc un seul tableau soi-disant de Rothko au mur et pratiquement pas de meubles, ou bien un salon Louis XV encombré de pendules rococo et de biscuits de Sèvres, ou encore une salle pseudo-rustique comme chez votre tante Augustine avec un énorme buffet Henri II qui occupe on dirait la moitié de la place tant il est lourd à voir. Et il y en avait encore d’autres.
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Et depuis l’entrée on ne pouvait pas savoir à chaque visite dans lequel on allait déboucher et qui on pourrait y croiser car d’autres visiteurs pouvaient être présents et vous regarder avec défiance ou commisération. Mais dans tous les cas cela finissait dans la cuisine où il y avait toujours du muscadet au frais, mystérieusement remplacé dès que consommé, et par la fenêtre le regard se perdait sur la ligne bleue des Vosges.