(il faudrait s’interroger sur le fait de faire porter aux sorcières de tels oripeaux : on ne chassait pas les « sorcières » à ce moment-là à Hollywood, et dans tous les états dits unis, mais bien plutôt d’abord les supposés communistes, puis aussi – car il s’en trouvait de nombreux à Hollywood – les juifs. Pas que, évidemment : Bertolt Brecht fut ainsi inquiété (il prit le bateau pour l’Europe le lendemain même de son audition par ce comité pour la chasse aux anti-américains – en américain HUAC soit House un-american activities committee – il s’agit en effet d’une maison, comme ici…). L’idéologie qui animait cette chasse avait des sources avérées dans celle du ku klux klan – certains des membres de ce comité en étaient des émules tout aussi avérées (évidemment, ça pue). La composition de ce comité n’est pas un secret. Il s’agit de neuf représentants (plus le président, un homme qui, pour se hausser, pose sur son fauteuil un annuaire sous un tissu rouge, John Parnell Thomas, qui est un élu républicain) : cinq républicains et quatre démocrates. Il s’agit d’hommes (quarante à cinquante ans quand débute cette épisode de l’histoire des états unis – hormis le zélé NIxon qui tape les 34 piges). Dix hommes qui statuent sur le sort d’un vingtaine d’autres (on verra la plupart d’entre eux dans les épisodes suivants). Les membres de cette commission changent tous les ans, on ne liste ici que ceux qui auditionnèrent, en octobre 1947, les diverses personnalités plus ou moins accusées d’avoir appartenu au parti communiste (témoins dits « amicaux » en fait « à charge » et autres « inamicaux » qui tentent de se défendre – c’est qu’il s’agit de témoin, comme ici, aussi) : l’histoire est complexe, elle est ici retracée par quelques photographies, des portraits qui ne font que figer quelque chose qui se dissout, un peu comme la mémoire.
Pour le moment, voici ce hommes (ce ne sont que des hommes, blancs) : Karl E. Mundt (1900-1974) élu républicain – du Dakota du Nord – au Congrès (patelin, hein : la vue, derrière lui, est juste magnifique – on sait ce qu’il a derrière la tête)
De John McDowell (1902-1957) , on ne trouve pas de photographie. Vient ensuite Richard B. Vail (1895-1955) (qu’on voit,chapeau canaille à l’extrême gauche dans ce cliché
sans chapeau devient
(tout petit, désolé). A l’extrême droite on reconnaît le futur président Richard Nixon (1913-1994) (destitué en 1974 pour fraude, escroquerie et autres vétilles : joli pedigree) (des deux autres, je cherche les noms): on trouve de ce futur ce joli cliché datant de sa présidence (c’est peut-être un mème d’ailleurs mais il est réussi)
et on en finit avec les républicains.
Au rang des démocrates, John Stephen Wood (ouvertement membre du kkk, ce sont ces gens qui brûlent, tuent, violent, torturent des gens au prétexte qu’ils sont noirs) (on aura droit à deux clichés)(il succède à la tête de ce comité à Thomas, un an plus tard) puis John Elliott Rankin (on l’a déjà croisé) (1882-1960) élu du Mississipi, ouvertement raciste et antisémite
James Hardin Peterson (1894-1978) élu de Floride
(j’ai trouvé de lui cette image assez olé olé enfin cette pose qui fleure un peu sa starlette
) et Herbert Covington Bonner
ou dans cette pose naturellement avantageuse (ou martiale, je ne sais à quoi il pensait en la prenant, ou le photographe qui peut-être lui demanda de se tenir ainsi)
(elle rappelle furieusement celles qu’affectionnait l’ordure duce Mussolini – moins le fumier de Franco – ou cette pourriture de fürher, mais tous ces gens-là sont du même acabit : rien de moins que des hommes…).
On a tenté de mettre un peu d’humour dans le ridicule de ces propositions photographiques : le ridicule n’a jamais tué, mais eux ? Sous quels auspices et quels égides s’abritaient-ils pour condamner d’autres semblables pour des idées qu’ils leur prêtaient ?
prochaine édition : les visages, peut-être plus connus, des témoins dits amicaux.
que du beau monde (enfin beau ? ce qui console c’est que souvent les racistes, les antisémites, les anti quoi que ce soit sont d’une laideur navrante, laideur à laquelle ne peuvent rien au départ, les pauvres, mais que leur hargne accentue)
@brigetoun : « beau » je ne sais pas, mais enfin ils portent tous cravate en tout cas… (et du commentaire précédent : comme il n’est pas douteux qu’elle gagne, il n’est pas non plus douteux que son adversaire verse dans les mêmes eaux boueuses que ceux qui sont présentés ici-notamment entendu ce matin dans le poste qu’un des canards du triple k le soutenait) (le monde reste petit et ce qu’il est)