Primus en Norvège

(quelle est donc cette façon de faire, de toujours rester accroché à quelque chose, qu’on aime, certes, mais qui n’est qu’une sorte d’habitude, qui ne vit que par soi, qui n’a pas d’autre ambition, d’autre but, d’autre fin ? A quoi est-ce que cela peut bien ressembler ? Impossible de trouver, sinon à de l’addiction, simple, comme celui qui a besoin de sa dose; le surmoi conquérant impose de continuer parce que on a commencé, et qu’on ne s’arrêtera pas; seul : Quichotte, mais Sancho Panza, son âne Rucio et sa Rossinante, Jules Maigret et sa femme à blanquette, ou Sherlock et son fidèle Watson – j’apprends que la réplique « alimentaire mon cher Watson » n’est jamais tombée de la bouche du détective violoniste et cocaïnomane – « élémentaire », non plus, t’inquiète ) (il ne fait aucun doute que ce film-ci, même s’il n’y a pas que le cinéma dans la vie, se trouvera dans la cuisine – et pas seulement du fait de la carte postale de L’aiR Nu) (à paraître) (ne suis-je qu’un héros de fiction et ne suis-je donc que cela ?) 

 

Le héros de ce film (« Bienvenus! » ou « Welcome in Norway« , 2016 ) se nomme Primus par une sorte d’antiphrase (interprété par l’acteur probablement fétiche du réalisateur, Anders Baasmo Christiansen) (le réalisateur se nomme Rune Denstad Langlo – je me documenterai pour savoir s’il s’agit de noms composés ou de deux prénoms, l’un figurant celui d’un père/aiëul/grand oncle par alliance – si quelqu’un passe et sait, qu’il-ou elle-m’informe…) : il n’est maître de rien, n’importe, il possède (venant d’un héritage, semble-t-il) un hôtel qu’il veut faire fructifier (l’hôtel reste à terminer) : l’Etat propose à ses administrés de financer l’accueil de réfugiés à hauteur de cent mille couronnes par tête (soit à peu près onze mille euros) et Primus en accueillera donc cinquante. Ils seront dans son hôtel comme chez eux du moment qu’ils effectuent les travaux, et que l’hôtel se trouve aux normes. Primus est assez raciste, en un sens, et pour lui il s’agit d’une affaire pour s’en tirer. Les hôtes arrivent : ils vient les chercher en bus à la gare…

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L’histoire rebondit (sa famille, sa femme, sa fille, tout ce joli monde vit dans le froid) (on l’a vue au 104 à Pantin), mais ce qu’on trouve de profondément différent c’est la place qu’occupent les femmes. Elles tiennent les commandes, d’une certaine manière. Ici, la policière et l’assistante sociale

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même à l’image, les hommes viennent ensuite (l’assistant social, l’hôtelier) :  un des réfugiés (qui n’a sans doute pas de papier) s’enfuit et tout le monde de le regarder faire (on ne peut pas l’attraper, il a passé une frontière communale…). C’est un film débonnaire, les enjeux sont de faire vivre ensemble une cinquantaine d’individus aux religions différentes (sinon antagonistes) dans un même lieu. Trois histoires se tissent, trois personnages les incarnent : ici Abedi (Olivier Mukuta)

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là Zoran (Sliman Dazi)

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enfin Mona (Elisar Sayegh)

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(à gauche, devant la femme – Hanni (Henriette Steenstrup) légèrement déprimée de Primus – et sa fille Oda (Ninni Bakke Kristiansen) qui veut mener sa vie et y parviendra sûrement). Trois personnages qu’on  suit dans les détours de l’histoire (un scénario structuré et serré), dont les destinées seront différentes, on s’en doute, mais on accepte de voir leurs façons d’agir tout en les partageant.

C’est burlesque, même si le sujet est grave. On rit, on s’amuse, on s’attend un peu à ce qui se passera, mais le plus important, c’est certainement qu’on dépassera sa peur de l’autre et des autres pour s’entraider : c’est sans complaisance et très sensible.

Ici Primus coupe des tranches de pain pour le buffet (à la scie circulaire…) (voilà pourquoi la cuisine)

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ailleurs il sera presque violé par la bibliothécaire (Line, alias Renate Reinsve

renate-reinsvequi elle aussi sait ce qu’elle veut), plus loin d’autres déploiements qui ne finissent ni en drame ni en tragédie (bien que la cruauté des diverses histoires affleure) mais donnent aux spectateurs du film un sens doux-amer mais tendre d’une sorte d’humanité où les religions, les couleurs de peau, les genres mêmes et surtout s’équivalent : l’important ne serait que des les unir… Lourde tâche cependant, mais probablement ici réussie.

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En tout cas, sans prétention, sans leçon à donner, assez comique et suffisamment profond pour faire réfléchir sur nos identités européennes (même si la Norvège, comme on sait, ne fait pas partie de l’union : mais, de cela, qui en a quelque chose à faire ? Pas les réfugiés, en tous cas…).

A voir.

 

 

 

Une réflexion sur « Primus en Norvège »

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