hors-saison (carte postale de Paris)

Vendredi – on rentre, on est rentré, « il fait beau/jour et nuit » comme disait Souchon chantant Sagan (romancière romantique) (ici le 167 boulevard Malesherbes, chez ses parents, où elle vécut après guerre) (le bon dix septième arrondissement – du nom de l’avocat de Louis 16 quand même) (les beaux quartiers, et « Bonjour tristesse » en 1953)

une belle chanson, tu sais – une chanson triste sans doute – bien aimé entendre tout à l’heure Jean-Paul Dubois dire qu’il n’attendait rien des autres : c’est plus facile quand on peut s’en passer, certes – mais fondamentalement, j’ai peur qu’il ait tellement raison : j’attends beaucoup, depuis toujours il me semble, beaucoup plus de moi-même que des autres – je regarde le temps qui file (hier j’anniversairai comme tous les ans – plus con comme compte, tu meurs – les comptes, on y est forcé, je le crains) – ces jours-là sont passés comme un songe et puis la puanteur s’est installée à nouveau sur la ville et sa nature comme sur la société (c’est un mot qui est gros, ça inclut qui veut ou pas – ça pue, même si ça se veut distingué) – se battre, oui, se battre – ce samedi, à deux heures et demi et à Répu marche pour Adama – mes poumons, ma respiration, mes yeux : tout cela souffrirait-il trop pour m’empêcher ? c’est bien possible : l’intelligence de la réaction est de dire que les manifestations contre les meurtres de la police jamais punis, jamais même mentionnés, laissés de côté, biffés oubliés gommés, ces manifestations aident à la propagation du virus – ça fait un moment que ce truc a bon dos il me semble – serait-il possible qu’il ne se passe rien de plus que le retour à la croissance et business as usual comme disent les intellos ? ça ne dépend que de nous, que de moi – vraiment ? la plus immonde pourriture, par la porte-parole du gouvernement excusez du peu, qui charge les profs – ça vote un peu à gauche, tu sais bien – pour protéger qui ? on dirait que la jeunesse s’enfuit, quelle affaire… si ça se trouve, dans quelques jours, on pensera à couper quelques têtes car pleine est la coupe, il me semble – en traîtrise, la reprise de la saloperie sur les retraites; une autre, Zineb Redouane et sa mort due à un tir tendu de grenade lacrymogène : mais non, on ne la visait pas, tu sais bien : d’ailleurs on ne sait même pas qui a tiré, c’est pas compliqué – non, soixante-sept ans, ça ne veut pas passer, ça ne passe pas – dans cette maison[s]témoin, l’agent est parti – en formation, je crois bien – il n’y a personne ? en tout cas, les cinémas ne rouvrent pas (ce n’est pas qu’on s’en fiche, mais masqués ? non, sans déconner ?) – il n’y a pas de fin de printemps (ces jours-ci, jusque septembre souvent, la chaleur m’accable – sans doute les réminiscences du début des années soixante dix) – il faut bien se retourner, reprendre ses esprits (« le monde est tel qu’il est/fait ce qu’il te plaît » disait le poète – si c’était si simple, pourquoi avoir attendu tant de temps ? je n’ai pas de réponse) j’offre des fleurs, ou un paysage, ce sera tout –

c’est certain, je préférerai ne pas mourir – parfois, le monde, tel qu’il est, se retrouve si blessant – et continuer à marcher

 

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