contemporain

 

 

 

j’avais commencé par vouloir prendre (comme l’avait fait il me semble bien un jour DGL) les commentaires et en faire quelque chose d’un peu égal tout en étant différent – j’ai changé : lorsqu’il faut lire, on n’écrit pas; on a à choisir, probablement – j’écris sous libroffice pour les tirets plus long – il faut bien que j’aille à la ligne – j’ai beaucoup aimé apprendre que pour écrire Crime et châtiment l’auteur, qui était payé à la ligne, tentait d’étendre et de contenir la narration pour en faire plus, mais on n’est pas payés ici : je n’ai pas gardé le mail que j’ai envoyé au type (qui prétend se prénommer – et c’est peut-être vrai – Charles* (ça m’étonnerait mais pourquoi pas ?)) à qui je parlais au tchat (dit-on, imagine-toi) pour le certificat de compte professionnel de formation (le Charles en question semblait l’avoir lu) (le mail, pas le compte) m’a appelé (sans me répondre au tchat stuveux) au téléphone (est-ce que c’est « à l’ancienne »?) et je me suis répandu sur l’inanité de ce protocole (j’ai été assidu aux cours, j’ai passé les examens avec la professeure prénommée Nouria – ce qui veut dire lumière – une femme lumineuse en effet) – qu’est-ce que l’organisme voulait de plus en m’interrogeant ? Charles n’était pas responsable, bien sûr, si je ne voulais pas passer ce test, c’était possible. Charles était parfaitement courtois (j’imaginais les « oh non putain je suis tombé sur un chieur…! » qui devaient s’allumer dans son esprit, en led fluorescentes et clignotantes toutes de couleurs, comme on fait maintenant). Charles n’était pas responsable puisque l’organisme payeur faisait appel à l’organisme pour lequel lui Charles travaillait pour mettre en place ce protocole, tu comprends bien qu’il n’avait rien de plus à me dire, à ce propos. Rien de plus à me dire, enfin si bien sûr puisqu’il fallait passer le test – il le fallait, car la caisse des dépôts (elle ne l’a jamais fait mais je vous le dis quand même, elle le peut, elle en a le droit) sans ce certificat la caisse donc avait le pouvoir de me réclamer les frais engagés (dont – évidemment – les émoluments peut être pas de Charles mais de ceux (et celles probablement) qui le payent). Je me suis entendu demander à Charles s’il s’agissait d’une menace – ça m’amusait. Il m’a répondu que non, ne vous inquiétez pas – je ne suis pas inquiet, lui dis-je – je dois simplement vous le dire – et vous dire aussi qu’il ne s’agit en aucun cas d’une évaluation, mais d’un contrôle de connaissances simplement.
Simplement deux fois.
Je lui aurais bien dit d’aller se faire foutre lui, son compte, son certificat et sa caisse, mais je me suis assagi, j’ai essayé de comprendre comment on fait pour entrer en contact avec le monde extérieur grâce à ces objets (zoum tchat appli cam web micro téléphone intelligent et autres fadaises propres à nous rendre simplement asservis – simplement, sans doute mais économiquement non virtuel). Ça n’a pas marché parce que le micro de mon micro ne fonctionne pas – en fait le port, probablement. On a bien tenté de passer par le smartphone (cette intelligence, ah oui on peut faire ça oui) mais ça n’a pas voulu se mettre en place non plus – il y avait sur l’écran la tête de Charles, puis à l’heure dite (11h) celle de Driss (le type qui devait faire passer le test – il avait l’air ennuyé et dubitatif, j’ai fait des signes de bonjour, il a souri – c’est vrai, un type que tu ne connais pas te fait signe « bonjour » – c’est le même que « au revoir » tu verras – tu as tendance à faire de même) – ça ne marchait toujours pas. L’appli de microsoft (trademark) à laquelle tu dois donner l’autorisation d’accéder à tes données, et ainsi de télécharger des logiciels espion, bien que nommés gâteaux qui permettent aux autres applis de suivre tes évolutions et d’ainsi de proposer des choses inutiles mais livrables lorsque tu cherches tout autre chose ; c’est ce monde-là, tu vois; ce monde qui n’est plus « à l’ancienne », qui est d’aujourd’hui, composé d’esclaves qui œuvrent dans ce qu’on nomme élégamment des « fermes à clics », je ne vois pas pourquoi on n’a pas opté pour « stabu à clics » – ce monde fait de travaux demerdalakon (comme disait David Graeber, que son âme aille en paix) où personne n’est responsable de rien, ou alors si mais certainement pas ton interlocuteur, si c’est bien un interlocuteur que l’ectoplasme que tu vois sur ton écran, séparé en deux puis dix puis cent; ce monde tellement pratique; ce monde complètement pourri de gangrène et de gâchis auquel IL FAUT participer sous peine de se voir réclamer des frais que tu as toi même produits par ta force de travail, prolétaire ; ce monde formidable où tout le monde sourit parce que on se dit « bonjour » ; technophile dit la vulgate : ça existe pourquoi ne pas s’en servir et s’en asservir ?, c’est ce monde-là.
Alors, comme l’appli « teams » (ce sont des équipes, certes, oui, comme au football) n’a pas daigné, qu’une heure s’était écoulée (qui me la payera cette heure de mon temps ? qui payera l’amortissement de l’achat du portable, du modem, de l’électricité et du chauffage ?) je t’en passe sur les différents casques que je suis allé essayer, bien sûr (oh j’avais oublié mais oui, Charles porte un casque (et une barbalakon comme il se doit) (mais pas Driss, tu vois comme le monde est fait)), et le maître des cérémonies a décrété que finalement, puisque rien ne marchait on allait me porter absent. Ce qui n’enclenchait pas les possibilités de la caisse de se retourner vers et contre moi pour payer les frais occasionnés. Et que donc, j’étais libre. En un sens. J’ai dit au revoir, avec ce geste, là. Mais c’était un adieu. Comme disait je ne sais plus quel punk Johnny Rotten sans doute : Fuck off.

 

3 réflexions au sujet de « contemporain »

  1. OUF
    et puis on peut s’en passer de ce monde (même si j’assiste à des zooms mais ne cède toujours pas pour le smartphone et sors souvent sans téléphone du tout quand ne pense pas qu’un des jeunes va avoir besoin de me joindre)
    OUF juste évité cela alors (mais perdu une heure) et une fois encore comment font ceux qui ne peuvent se payer ni machine ni raccordement ? sont encore des citoyens ? (sont plus sages pour la planète)

  2. @brigitte celerier : oui, pour celles et ceux qui n’ont pas ces machines, tant pis pour elles et eux…

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