Des jours parfaits

 

(mercredi, c’est cinéma – à peine en retard – merveille…) 

 

quelque chose avec le corps
et la propreté
et les lieux où s’exerce une espèce de nécessité
qu’on soit gueux ou roi
je me souviens de mon père qui répondait
« là où les rois vont à pied » à la question
où tu vas ?

c’est de l’autre côté du monde

ces lieux-là

j’en ai cherché/trouvé quelques uns

une autre façon de concevoir l’hygiène

(souvent, en voyant des touristes japonais ici, la stupeur me prend

en mesurant la différence qui existe entre ici et là-bas

et la propreté de ces lieux d’aisance – seraient-ce ceux des bars et des cafés) – j’ai pensé au Dernier des hommes  (Friedrich Wilhelm Murnau, 1924) où l’entrée du héros en ces lieux représente la déchéance la plus complète…) – et puis l’histoire commence

c’est à Tokyo – cette tour se nomme SkyTree Tower dans la vraie vie (DL2V) si ça veut dire quelque chose (? la réalité ?)

(tour de l’arbre au ciel – de l’arbre du ciel) (quelque chose avec les arbres en tout cas) ici le héros (Hirayama) il est à vélo sur le pont qu’on voyait plus haut – ainsi passe-t-on de la réalité à la fiction

c’est un homme heureux (il y a une chanson comme ça) – il travaille (ici sa petite voiture bleue dans laquelle il range ses affaires (la jeune fille blonde est une amie de son collègue)

son métier : nettoyer

les toilettes publiques – ici son aide/adjoint/ami (jeune, plus ou moins amoureux, plus ou moins désargenté)

Hirayama a un quotidien très réglé – écoute de la musique

se lève se lave se vêt – part travailler

regarde le ciel – prend un café au distributeur – bosse

avec rigueur

et déjeune d’un sandwich triangle dans un parc où il prend (parfois) des photos

à l’aveugle

des arbres des feuilles des branches et des lumières

puis il les classera une fois développées – ça sert à quoi, tout ça ? – pendant le week-end il  va au sauna

sa nièce vient un jour le voir

non un soir plutôt – peut-être fugue-t-elle ? fuit-elle quelque chose ?  peut-être, il l’emmène avec lui au travail – ils déjeunent – prennent des photos (c’est Hirayama qui lui a offert le même appareil que lui) –

des images des arbres – la joie de vivre – de se connaître – d’en être ravis – il y a cette jeune fille blonde, donc amie de son aide,

qui un jour vient le voir, lui demande d’écouter cette musique (la bande son est magique) sur une cassette audio du siècle dernier – ils écoutent ensemble dans la voiture – elle lui demande si lui et son aide ont parlé d’elle – la musique

l’émotion – si forte – si belle – elle se penche vers lui vivement

lui donne un bisou

s’en va – une des plus belles scènes de cinéma de tout l’univers –

oui – et d’autres histoires, bien d’autres – à voir… sa lecture

juste une merveille

 

 

 

Perfect Days un film (magnifique, magnifique, magnifique) de Wim Wenders ( Hirayama interprété par Koji Yakusho prix d’interprétation masculine au dernier festival de Cannes; la jeune fille blonde : Aoi Yamada; la nièce : Arisa Nakano; l’aide : Tokio Emoto – etc etc…)

 

6 réflexions au sujet de « Des jours parfaits »

  1. oui je savais qu’en ne le voyant pas je loupais quelque chose… ai loupé en effet, il est sans doute passé à Utopia
    Vous le confirmez… peut être un jour en vidéo?
    plaisir d’y penser

  2. Je confirme : film magnifique… on sent passer quelque chose, un rythme, un courant différent
    J’aime beaucoup la scène récurrente où chaque matin en sortant de chez lui Hirayama lève les yeux vers le ciel – et sourit

  3. @Cordoliani (Emmanuelle) : merci – je reconnais ton pragmatisme – mais en vrai, je n’ai rien à vendre, non plus qu’à vanter – je lisais tout à l’heure
    « Et ce matin, j’entends ce proverbe zen : « n’attends rien de ta pratique et alors tout s’ouvrira. » »
    comme pour le cinéma, je ne suis qu’un spectateur – si j’en parle c’est que je l’aime (il ne me le rend que rarement – ce film, par exemple, est une commande des aficionados architectes de ces petites maisons dites « eaux fermées » chez nos voisins – et après ? eh bien il est tout à fait réussi (quatre époques marquaient la commande, WW a monté sa mayonnaise…) (à la vérité, on s’est adressé à lui parce qu’on connaissait son amour du Japon – et d’Ozu en particulier : cf son « Tokyo-Ga » réalisé il y a bientôt quarante ans)
    Restons zen.
    Merci encore (la scène du bisou est vraiment formidable)

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