il s’agit d’une photo de tournage : elle montre l’évacuation d’une actrice qui s’est trouvée mal lors de la projection d’un de ses films (probablement la première) (je ne sais plus, je n’ai pas revu le film il me semble l’avoir vu il y a quarante ans, un film de Louis Malle qui date des années 60, 1962 précisément), je l’ai trouvée dans le canard un jour de ces vacances –
intitulé « Vie privée » il raconte l’histoire de la star BB vaguement romancée – j’ai trouvé cette image parfaitement illustrative du cinéma
je l’ai découpée en plusieurs parts – toute cette mise en scène
cette foule rassemblée (il se peut que les agents de police ne soient pas tous d’artifice)
les instructions données à tous ces gens : les trois femmes au centre dont l’une sourit, l’autre compatit peut-être
celle en chemise à carreau droite cadre – et tous les autres
les projecteurs dans le champ – mais je pense à tous ces contrats, ces papiers, toutes ces assurances souscrites, ces fiches de paye – les vêtements, les gardes républicains empruntés
il n’y jamais qu’une centaine de personnes, d’ailleurs – ça ne va pas se faire en trois heures tu comprends bien – ni avec trois ou quatre euros – après on peut regarder par exemple la production : film italo-français (comme on faisait alors pas mal, les co-productions) (n’anticipons cependant pas)
tu y trouves Christine Gouze-Rénal mais aussi Jacques Bar (qui produisait les films avec Fernandel – on pourrait dire les « fernandel » en terme générique) ce qui indique une certaine continuité (la nouvelle vague qui crachait sur tout ce qui bougeait de l’ancien temps, tu te rappelles : eh bien, pour produire, il fallait quand même, parfois, malgré tout…) – j’ai pris des clichés rapprochés
les bruits disaient que le film racontait la vie de la star (la publicité, tu sais, comme un chien traître et lâche) il s’agissait d’une chronique défrayée (le suicide des stars avait quelque chose qui faisait vendre alors) il y avait aussi à l’affiche (comme on dit) Marcello dans le rôle du mari adultérin (les années 60 et leur puritanisme aggravé, comme de nos jours aux US)
l’image a quelque chose, j’ai cherché à savoir quoi
ah revoilà le trio des femmes plus une quatrième, une espèce de joie, de compassion, de questionnement – elles jouent à regarder passer une star évanouie
le sourire du jeune type avec sa pochette de veste sa cravate, ce contentement – il ne fait à peu près aucun doute qu’ont été captées des personnes de la régie – à cette époque, elle était scandaleuse par sa sexualité libérée (elle avait cette présence, comme Elvis Presley (surnommé élégamment Elvis the pelvis parce qu’il parvenait à faire ondoyer cette partie de son corps, ainsi que la star évanouie dans un film précédent (et Dieu… créa la femme (Roger Vadim, 1956) : il y a six ans de ça, infiniment désirable disaient les affiches… et depuis, sur le seul nom de la ravissante idiote se montait n’importe quelle production – idiote ou peut-être moins)
le type regard caméra juste à côté de celui qui porte un nœud papillon – je me suis renseigné, je lisais et je ne m’en souvenais pas mais le film était évidemment
(ici quand elle arrive à la projection) en couleurs
et assez américain… (on évite cependant le fait que la star (qui a vraiment très mal tourné) chante dans le film – et c’est, à mon humble avis, tant mieux)
Vie privée, un film réalisé par Louis Malle en 1962
et puis aussi cette dernière image (on ne sait jamais qui prend les photos – j’ai cherché dans le générique (IMDB) s’il y avait un (ou une) photographe de plateau : pas trouvé alors seulement (ça doit faire un lot, j’imagine) ceci donné par le canard (je n’ai pas pris l’image de gauche à bord du Dracula…)
(à l’occasion je la poserai tiens – la voilà
elle ne va pas être étouffée par la modestie mais en réalité la star pose
(c’est l’un des hommes qui a enlevé le haut) (l’éclairage de l’image est du à monseigneur l’astre solaire brillant sur la Normandie)