Le salon de T Episode 3,12

 

Dimanche : dépasser l’orgueil, la vanité et la susceptibilité pour trouver l’altruisme.

« Mais faire tout un livre d’un seul de ces textes, ça va pas être facile… ». Nope. Qu’est-ce-que ça donnerait, un livre écrit par un fantôme d’enfant de 10 ans, un livre de recettes inversées à la tangente amorale, et un troisième de culture transversalement pseudo et scientifique ? Et si j’entourais le tout d’un petit conte science-fictionnel… ? Après tout, personne ne s’en plaindrait, à part moi « je » veux dire.

 

 

 

Andalousie

Je me souviens, les prairies bordées de cactus

Je vais pas trembler devant ce pantin

Ce minus

Je vais l’attraper, lui et son chapeau

Les faire tourner comme un soleil

Ce soir, la femme du torero

Dormira sur ses deux oreilles

 

Je me souviens avoir entendu, il y a longtemps, l’histoire du drapeau espagnol, racontée par un étudiant en espagnol de la fac d’Aix I en une phrase sans verbe: « le rouge pour le sang, le jaune pour l’or. » J’ai encore un bout de ce que j’ai ressenti là, au fonds. Mais comment l’écrire ?

Je me souviens, les prairies bordées de cactus. Je vais pas trembler devant ce pantin, ce minus. 

J’aurais pu passer quelques heures, comme je le fais parfois, à faire « des recherches » sur ce drapeau afin de revenir le démonter correctement, dans les règles.

Je vais l’attraper, lui et son chapeau, Les faire tourner comme un soleil…

Mais ce que j’ai ressenti était ce que je cherchais, et je l’avais déjà trouvé. J’étais à la fois fascinée et dégoûtée par ce miel sonore coulé dans mes deux oreilles.

Ce soir, la femme du torero, Dormira sur ses deux oreilles.

Des images, tout de suite, de sang et d’or, révélées, j’étais Le Réceptacle de quelque chose.

 

Est-ce que ce monde est sérieux?

Certes, certes. Au temps qu’il le peut.

Est-ce que ce monde est sérieux?

 

Qu’un territoire donne à quoi que ce soit comme de l’adn une saveur particulière, non je ne crois plus ni au père noël, ni aux nations. Mais. Peut être est-ce parce que je n’ai pas grandi là exactement où je suis née que je cherche n’importe quelle part infinitésimale de racine à laquelle me raccrocher ? Va s’avoir.

Le bureau du Havre

Ainsi, voyez-vous, ce mur rouge du bureau de l’appartement témoin réchauffe-t-il un peu l’atmosphère.

Ainsi donne-t-il envie de s’installer, d’utiliser le sous-main, le stylo, le papier, de rêver autrement à la destruction, à la reconstruction de la ville.

Une cloison coulissante donne accès au salon : on peut s’isoler ou non, c’est pratique.  Par la porte de gauche, plus classique, on rejoint le couloir qui distribue la salle de bain (comprenant tout le confort moderne, dont une lessiveuse), la chambre des parents, la chambre de l’enfant dont le lit est évolutif et qui, si nul enfant ne vient, peut se transformer en bureau. Voyez, la boucle est bouclée.  On déconseille le rouge cependant, pour la chambre d’enfant, si l’envie vous venait de la déplacer par ici.

Le mur du bureau tel qu’il se présente est orné d’une gravure qui rappelle l’importance des travaux d’Auguste Perret, lequel a relogé, on le sait, les habitants du Havre après la seconde guerre.  Il faudra lui tourner le dos peut-être, pour écrire, une fois que vous serez installé.  A moins qu’hypnotisé par la gravure vous n’entriez dedans, visitant alors a l’envi un nouvel appartement témoin, puis un autre, et un autre…

Anne Savelli