une chanson


 

 

comme souvent poser ceci ici ou là je ne sais pas bien mais il y a quelque chose à faire, il fait séparer les supports, il faut faire attention aux commentaires – j’aime toujours cette maison (quelque chose du populaire, de la dignité, et de l’erreur de croire en quelque chose de vrai, ou de tenace, de fort combattant le temps – une poignée de cerises – une de ces maisons qui ont fait la fortune de l’ordure dont le nom renaît des cendres…) 

Il n’y a pas (malheureusement ?) que le cinéma dans la vie : j’ai cherché un moment où passait un film turc (Les Sœurs) mais impossible à trouver – j’ai dû me tromper: le film n’est programmé nulle part…  Dans le temps on lisait « l’officiel des spectacles » (mais pas pariscope – inutilement trop cher – pauvreté n’est pas vice – ce canard appartenait à filippachi) tout ça a dû disparaître (il faut 1que je pense à mes affaires – Aldo et Daniel sont dans les écritures, mais n’avancent guère – 2le travail m’a pris – 3mais j’ai mis au point une espèce de fiction pour l’atelier d’été, lequel atelier regroupe un certain nombre de scripteurs (comment nous nommer ?) et puisque c’est à distance – on dit en distanciel aujourd’hui – fuck off – serions-nous réduit à la fonction de téléscripteur ?) (ou trice donc ?) dont quatre sur cinq sont des femmes – elles sont aussi majoritaires dans le groupe des personnes humaines qui lisent des livres : ceci doit expliquer (?) cela – encore que des chiffres, des « majoritaires » (soit plus de la moitié (lequel mot indique parfois le nom de l’épouse) (le mariage, cette joliesse, les fleurs, les grains de riz, le blanc) (hein) on sache se défier) (et il le faut) – en tout cas, l’une des participantes (la ci-devant madame la trésorière de l’Air Nu) poursuivant son exercice m’a fait penser à cette si jolie chanson dont je retranscris ici les paroles (elle est bien aussi quand on l’entend) (ici) (492 421) pour donner à cette maison (je l’ai toujours située dans ce coin-là du pays)

(on voit ? le panneau indicateur (de quoi ?) flanqué dans le massif herbeux (la connerie humaine est toujours présente et agissante malgré ces images prises à la machine) l’image de 2008 est plus parlante

(j’ai repéré aussi l’adresse sur ce wtf gsv – on ne mord pas la main qui nous nourrit, c’est vrai mais ces entreprises nommées gafam quelle saloperie – aussi) une musique, un air, un emblème, une adresse.
Par chance, ou communication interstellaire ou cosmique, l’ami Dominique Hasselmann parle aujourd’hui des loups de Freud et de son homme – j’aime ces conjonctions (c’est la paranoïa, à l’œuvre je suppose)

 

 

 

il pleut sur Nantes
Donne moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin

Un matin comme celui-là
Il y a juste un an déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare

Nantes m’était alors inconnue
Je n’y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse le voyage
Madame soyez au rendez-vous 
Vingt-cinq rue de la Grange-aux-Loups
Faites vite il y a peu d’espoir
Il a demandé à vous voir

À l’heure de sa dernière heure
Après bien des années d’errance
Il me revenait en plein cœur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu’il s’en était allé
Longtemps je l’avais espéré
Ce vagabond ce disparu
Voilà qu’il m’était revenu

Vingt-cinq rue de la Grange-aux-Loups
Je m’en souviens du rendez-vous
Et j’ai gravé dans ma mémoire
Cette chambre au fond d’un couloir

Assis près d’une cheminée
J’ai vu quatre hommes se lever
La lumière était froide et blanche
Ils portaient l’habit du dimanche
Je n’ai pas posé de question
À ces étranges compagnons
J’ai rien dit mais à leurs regards
J’ai compris qu’il était trop tard

Pourtant j’étais au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-aux-Loups
mais il ne m’a jamais revue
Il avait déjà disparu

Voilà tu la connais l’histoire
Il était revenu un soir
Et ce fut son dernier voyage
Et ce fut son dernier rivage
Il voulait avant de mourir
Se réchauffer à mon sourire
Mais il mourut à la nuit même
Sans un adieu sans un je t’aime

Au chemin qui longe la mer
Couché dans le jardin de pierres
Je veux que tranquille il repose
Je l’ai couché dessous les roses
Mon père mon père

Il pleut sur Nantes
Et je me souviens
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin

 

 

 

 

 

Marvin

(foin de trêve confiturière ou point, confite ou autre, je vais à la mine) (de deux fois de suite convoquer le cinéma étazunnien prouve la puissance de l’objet : dans le même mouvement, temps, dans la même italique, on voit bien aussi qu’on en est baigné et qu’il ne sert peut-être à rien de tenter de s’en éloigner) (je pense souvent à ces idées-là, la Syrie ou l’Irak, la Libye ou la Tunisie, ces façons de vivre, mourir, naître ici ou là, les rêves souvent en cauchemar voir la cabine d’un camion, savoir que derrière soi pousse la cargaison de trente six mille kilos et avoir confiance en ses freins lorsque la route descend d’une pente à six degrés) (ces temps-ci, je l’avoue, j’ai la gorge un peu âcre) (je cite)

 

La pure merveille des films de ce DjiDji ce sont les relations qu’il parvient à instaurer dans les couples qu’il dépeint, met en scène, montre, représente. Dans son précédent « Only lovers left alive » (2013), déjà le couple entretenait ce type de proximité magnifique qu’on aimerait tant parvenir à instaurer avec les personnes qu’on aime, c’est vrai, c’est chaud, c’est tellement doux et ensemble, l’impression de ne vouloir, des deux côtés que le bonheur de l’autre  (les grands mots sont lâchés, mais si le cinéma ne les employait pas, c’est qu’il serait devenu inutile) (il faut aussi savoir que l’utilité, en art, n’a rien d’une mesure – mais le cinéma un art, c’est une question qu’on se résoudra à ne pas à poser: ici, on fait en sorte de donner à voir quelque chose d’un film, il est dans le salon -ou le séjour – parce que c’est dans cette pièce-là que le drame se noue).

paterson-sur-le-canape

(quelques photographies sont copyrigth Mary Cybulski, réalisatrice américaine – et donc photographe – il n’y a jamais très loin non plus, comme on voit, de l’image fixe à l’animée). Laura est sans doute plus la maîtresse du chien que ne l’est Paterson (ici à l’image): lui est conducteur d’autobus

paterson

dans cette vile qui s’appelle Paterson comme lui (ou l’inverse). C’est une histoire qui a lieu sur sept jours.

Comme la genèse, hein.

(Je suis allé voir un peu ce Paterson, j’ai trouvé ceci

autobus-depot-paterson-nj

on dira qu’il s’agit du dépôt de bus dans la réalité (quelle est-elle ? je ne sais pas), en regardant un peu j’ai aussi trouvé cela

chutes-paterson

il s’agit des chutes d’eau qu’on trouve dans le parc historique de la ville – évidemment, je me suis renseigné pour savoir où Jim Jarmusch avait vu le jour -imagine-toi qu’il est de la même année que moi – et c’est dans une ville nommée Cuyoaga falls, chutes d’eau comme ici, les voilà

cuyaoga-falls

ce me serait assez égal, mais il se trouve que cette ville (style 50 000 habitants) se trouve dans la banlieue d’une autre, Akron, laquelle est en relation directe avec l’équipementier pneumatiques Goodyear, là où j’ai commencé à travailler à seize piges, ce qui resserre encore l’amitié que j’éprouve pour ce Djidji-là).

Je ferme la parenthèse.

Le type conduit son bus et écrit des poèmes.

paterson

Sa femme, elle, est entichée de noir et blanc (elle est adorable, tout comme lui)

paterson-et-laura

tous les matins on les trouve tous les deux (en plongée – magnifique) allongés dans leur lit -dans les bleus et blancs, dis-moi, tous les jours il va bosser, écrit trois lignes, tous les soirs revient, replace la boîte aux lettres (déplacée par le chien – tant pis, c’est dit) dîne avec Laura, puis

paterson-et-marwin

sort le chien (Marvin, ici son portrait

nellie-alias-marwin

derrière la salière blanche, la poivrière noire, dans cette petite maison que j’ai cherchée sans la trouver mais je suis à peu près certain qu’elle se trouve à Paterson) (en fait il s’agit d’une chienne, Nellie, à qui le film est dédié) (Nellie dans la vraie vie, tu vois ce que je veux dire) , puis croise ici un rappeur

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dans une laverie qui répète, il va boire une bière au bar, croise le patron, quelques connaissances, revient le plus souvent hors champ, en fin de semaine (pendant le week-end, si tu préfères), voilà que Laura vend des gâteaux qu’elle confectionne

paterson-et-laura-2

(même s’ils sont dans sa topique, on ne peut pas nier qu’ils soient magnifiques et c’est pourquoi) : elle les vend tous, gagne un paquet de dollars (286 si j’ai bonne mémoire) et invite son chéri à manger une pizza et au cinéma où ils vont voir une île du Docteur Moreau comme on n’en fait plus (Island of lost souls Ernest B. Shoedsack, 1932, version en noir et blanc évidemment) et ils rentrent à la maison (il m’a vaguement semblé que cette projection mettait en scène la jeune Laura, mais je ne suis pas complètement sûr).

Ca ne finit pas mal, ce ne sont que des mots (je ne dis rien, je ne veux pas dévoiler).  Il part se promener le lendemain

paterson_d09-0100

et sur ce banc rencontre un japonais (tout comme Ozu Yashihiro) qui lui fait un cadeau, devant les chutes de Paterson.

Ce sera tout.

Une merveille.

En dédicace spéciale (Noël, nouvel an, tout ça)  à Pierre Ménard, à Dominique Hasselmann, et à l’Employée aux écritures pour son commentaire (et par suite, à Brigitte Célérier).