Bye bye

 

(jte parie que la petite au milieu, c’est Hiam – si elle passe ici, elle me dira)

après tout ça ne fait rien, on peut bien faire une déclaration d’amour à une actrice (ou à n’importe qui d’autre d’ailleurs) – on est fondé même à le faire : qu’est-ce donc sinon notre humanité légitime ? Les abeilles à leur reine, les fourmis à je ne sais qui, les aigles à leurs aiglons – l’empereur, la destruction de l’église remplacée par les nouvelles procuraties aujourd’hui musée à Venise et le rapt des chevaux – une déclaration d’amour voilà tout – que vient faire Venise ici ? je ne sais pas le dire mais elle vient (au Festival de Venise, (on dit la Mostra) ce film a été présenté l’année dernière – mais ce n’est pas trop pour ça non plus) – j’attends d’y retourner probablement – non mais c’est quelque chose comme Salonique ou Beyrouth, quelque chose comme Tunis ou Alger, les îles de la Grèce, cette mer et ces autres, Adriatique oui Égée – ces mots-là – et donc voici cette femme adorée

L’actrice et réalisatrice palestinienne Hiam Abbass pose lors d’une séance photo à Paris le 13 février 2024. (Photo de JOEL SAGET / AFP)

regard camera – veste, pas si souriante qu’on pourrait croire – les images parlent-elles d’elles-mêmes ? – une alliance crois-je voir – dans le film elle regarde par ici, par là

Hiam et Lina à Deir Hanna

(au premier plan, sa fille, Lina, qui réalise) – elle dit « là c’est la Jordanie, (un quart de tour à gauche) là c’est la Syrie (un quart de tour encore) là le Liban » – et voilà que tout est dit – les deux reviennent en Palestine, en Israël, enfin par là – on évoque la catastrophe, 1948 et l’héritage des vainqueurs, des alliés, l’héritage… – nakba dit-on – on revient : regarde, ici, une photo de trente ans d’âge au minimum (c’est ce regard, magnifique, ce regard qui me fait tomber en amour, tu vois)

Um Ali, Lina, et Hiam

ce léger déplacement pour être dans la photo, près de sa mère – cette volonté de proximité (après c’est certain que je retrouve ma mère, c’est certain, je me souviens qu’elle me disait « je ne t’ai donné qu’un seul prénom parce qu’ils m’emmerdaient avec ceux qu’ils voulaient que je te donne » – je me souviens  brune cheveux bouclés regard aiguisé humour ravageur) (ses lunettes sur le tard…) – oui pourquoi pas, une mère d’adoption ? (bon, la mienne était de 26; elle Est de 60 mais qu’est-ce que ça change ?)

Avant première du film Bye Bye Tibériade de Lina Soualem, avec Hiam Abbas, au cinéma L’Alhambra à Marseille, le 22 novembre 2023

les voici les deux – ça n’a pas d’importance, ce qui en a en revanche c’est ce film qui dépeint quelque chose comme une région du monde

il s’agit d’un lac, celui de Tibériade aux alentours duquel cette femme-là, Hiam Abbas, a grandi – cette région du monde, tourmentée violentée – mais ça n’est pas l’essentiel, non, l’essentiel c’est qu’elle s’enfuit, qu’elle veut vivre, sa vie une vraie vie d’amour – avec quelqu’un d’autre que le père de cette jeune femme qui réalise –  mais ça n’est pas ce lien sa fille, sa mère, ses images ce lac et cette maison – la folie des hommes… Oui, cette folie-là, celle des guerres, des pogroms, des éliminations évacuations exterminations –  la même chose, toujours…   Et c’est sa fille qui la fait revenir, elles reviennent ensemble toutes les deux – retrouvent des sœurs, des mères – une histoire de famille.

Magnifique.

 

Bye bye Tibériade un film réalisé par Lina Soualem (ici le dossier de presse) avec Hiam Abbas (quelle beauté…)

 on doit aussi à la vérité de dire que Hiam Abbas est réalisatrice et que le film qu’elle réalise en 2012, Héritage se trouve être une production franco-israélo-turc, ce qui n’est pas rien.