(jte parie que la petite au milieu, c’est Hiam – si elle passe ici, elle me dira)
après tout ça ne fait rien, on peut bien faire une déclaration d’amour à une actrice (ou à n’importe qui d’autre d’ailleurs) – on est fondé même à le faire : qu’est-ce donc sinon notre humanité légitime ? Les abeilles à leur reine, les fourmis à je ne sais qui, les aigles à leurs aiglons – l’empereur, la destruction de l’église remplacée par les nouvelles procuraties aujourd’hui musée à Venise et le rapt des chevaux – une déclaration d’amour voilà tout – que vient faire Venise ici ? je ne sais pas le dire mais elle vient (au Festival de Venise, (on dit la Mostra) ce film a été présenté l’année dernière – mais ce n’est pas trop pour ça non plus) – j’attends d’y retourner probablement – non mais c’est quelque chose comme Salonique ou Beyrouth, quelque chose comme Tunis ou Alger, les îles de la Grèce, cette mer et ces autres, Adriatique oui Égée – ces mots-là – et donc voici cette femme adorée
![](http://www.maisonstemoin.fr/wp-content/uploads/2024/03/hiamabbass-69994a3_1708523574767-150692-e1711622799303.jpg)
regard camera – veste, pas si souriante qu’on pourrait croire – les images parlent-elles d’elles-mêmes ? – une alliance crois-je voir – dans le film elle regarde par ici, par là
![](http://www.maisonstemoin.fr/wp-content/uploads/2024/03/elle-et-sa-mere-d8cd041_1702646101531-byebyetibc3a9riade-2-e1711622663840.jpg)
(au premier plan, sa fille, Lina, qui réalise) – elle dit « là c’est la Jordanie, (un quart de tour à gauche) là c’est la Syrie (un quart de tour encore) là le Liban » – et voilà que tout est dit – les deux reviennent en Palestine, en Israël, enfin par là – on évoque la catastrophe, 1948 et l’héritage des vainqueurs, des alliés, l’héritage… – nakba dit-on – on revient : regarde, ici, une photo de trente ans d’âge au minimum (c’est ce regard, magnifique, ce regard qui me fait tomber en amour, tu vois)
![](http://www.maisonstemoin.fr/wp-content/uploads/2024/03/bye-bye-tiberiade-b9170b7_1702646101541-byebyetibc3a9riade-1-e1711623266106.jpg)
ce léger déplacement pour être dans la photo, près de sa mère – cette volonté de proximité (après c’est certain que je retrouve ma mère, c’est certain, je me souviens qu’elle me disait « je ne t’ai donné qu’un seul prénom parce qu’ils m’emmerdaient avec ceux qu’ils voulaient que je te donne » – je me souviens brune cheveux bouclés regard aiguisé humour ravageur) (ses lunettes sur le tard…) – oui pourquoi pas, une mère d’adoption ? (bon, la mienne était de 26; elle Est de 60 mais qu’est-ce que ça change ?)
![](http://www.maisonstemoin.fr/wp-content/uploads/2024/03/elleet-sa-mere-2-0aedc87_314695-3349480-e1711623421991.jpg)
les voici les deux – ça n’a pas d’importance, ce qui en a en revanche c’est ce film qui dépeint quelque chose comme une région du monde
il s’agit d’un lac, celui de Tibériade aux alentours duquel cette femme-là, Hiam Abbas, a grandi – cette région du monde, tourmentée violentée – mais ça n’est pas l’essentiel, non, l’essentiel c’est qu’elle s’enfuit, qu’elle veut vivre, sa vie une vraie vie d’amour – avec quelqu’un d’autre que le père de cette jeune femme qui réalise – mais ça n’est pas ce lien sa fille, sa mère, ses images ce lac et cette maison – la folie des hommes… Oui, cette folie-là, celle des guerres, des pogroms, des éliminations évacuations exterminations – la même chose, toujours… Et c’est sa fille qui la fait revenir, elles reviennent ensemble toutes les deux – retrouvent des sœurs, des mères – une histoire de famille.
Magnifique.
Bye bye Tibériade un film réalisé par Lina Soualem (ici le dossier de presse) avec Hiam Abbas (quelle beauté…)
on doit aussi à la vérité de dire que Hiam Abbas est réalisatrice et que le film qu’elle réalise en 2012, Héritage se trouve être une production franco-israélo-turc, ce qui n’est pas rien.