mitan

 

(tentative de rendre compte d'un seul moment, un chantier + un fond sonore)

 

Entre le mur et l’échafaudage, on s’enfile,

Après ce drame et même avant, la question de

y’a juste assez de place, c’est calculé. On

la sécurité. Des salariés ont dû abandonner

va sabler les joints. Se munir d’un masque,

leurs voitures. Il y a des tension parfois.

pas oublier le masque, c’est terrible ce qu’

 Il était énervé, il était perdu. Il a fallu

on respire. Poncer les briques d’abord, ça

 remettre les panneaux. Comment vous faites

c’est obligatoire. La poussière orange, ça

 pour sécuriser les ronds points. On a mis des

vole autour de la tête. C’est chassé à gauche,

 ballots de paille. Les gendarmes ont mon

à droite, selon le geste. Puis on fait des

 numéro de téléphone. C’est des choses qu’on

cercles si on veut fignoler. Attention quand

 ne veut pas voir ici. Un mot encore sur la

ça ripe, y’a des étincelles, parce que le coin

 centrale nucléaire, la circulation est un

des pierres ça pardonne pas. On décale les

 petit peu compliquée. Il y a encore plus de

cercles en avançant, faut y aller doux, être

 blocages ce matin. Il n’est pas question

méticuleux, pas mesurer son temps, c’est la

 d’envoyer des forces de l’ordre contre eux.

base. Le joint est appliqué à la truelle, puis

 C’est un drame. Je ne sais pas. Ça se passe

, lorsqu’il n’a pas encore durci, lissé avec

 dans un état d’esprit constructif. C’est un

le gant. Façade, rejointement, enduit. Le but

 tournant. Exaspération, on sait les problèmes.

c’est de dégrossir, d’aplatir, toujours de

 Y’a pas que ça. Si l’on en croit les calculs,

gauche à droite. Perçeuse, marteau et on y va.

 une baisse alors qu’il y a une hausse. Il faut

C’est un gruyère, c’est même pas maçonné, la

 continuer à aider mais on ne mesure pas les

lumière traverse le mur, y’a rien qui tient.

 conséquences. On peut avoir envie d’aller vers

Oh, ce boulot. C’est parti comme ça. Monter

 un poulet un peu moins cher. Il y a des hommes

jusque sous la toiture. Autour des fenêtres,

 des femmes qui se battent, et même au péril de

la mèche de la perceuse s’enfonce en suivant

 leur vie. On marche sur la tête. Le dilemme

la bordure de la pierre. Passer le karcher

 est là. Cette inflation persistante. Les

dans les joints. Nettoyer les pierres de la

 français préfèrent les produits moins chers.

mousse et du lichen qui se sont incrustés.

 L’exemple des cerises : on ne peut pas

Je vais trouver un produit pour ça à la

 utiliser un pesticide, elles sont chères.

quincaillerie, à base de vinaigre. Ça met du

 D’après nos informations c’est bien la thèse

temps à agir, c’est pas parti entièrement mais

 d’un accident qui est privilégiée. Vous

ça va le faire. Enlever les gravats, le sable,

 connaissez la musique. Je baisse. J’éteins.

en raclant le sol à la pelle, et puis jeter la

 Je décale, et je lève le pied. Chaque geste

pelletée dans la brouette. C’est propre. Il

 compte pour la planète. Et comme on vous

faut que le mortier solidifie tout. Nettoyer

 connaît très bien, on sait que ça va vous

au jet d’eau avant. Trois seaux de sable pour

plaire. Découvrir, explorer, s’informer,

un seau de chaux. C’est vraiment la méthode

 le meilleur du réel. Pas d’empreintes, pas

traditionnelle. On part du haut, on descend,

 d’ADN, le crime parfait. Il est neuf

on fait des lignes. C’est long, c’est long

 heures. On revient sur les images parlantes.

mais c’est long. Après il va falloir gratter

 Une vague de délinquance sans précédent. Le

à la brosse métallique pour remettre à niveau.

 groupe sécurité de proximité quadrille le

On dégrossit bien. Si on a trop attendu et que

 quartier. Est-ce qu’on sera prêt. Est-ce

c’est trop sec, on remouille un peu, et la

 qu’il faut raser. La réponse économique,

poussière vole moins, mais on n’oublie pas le

 l’impact est direct. Il se lève très tôt

masque. La langue de chat sert à repousser

pour répondre à toutes vos question. Il

bien au fond pour que le mortier pris sur la

 n’y a quasiment plus aucune maison debout ici.

lisseuse ne tombe pas. Nettoyer les coulures.

 

("mitan" à cause de la séparation)
(et de la chanson, dans le mitan du lit, dans le mitan du lit, la rivière est profonde lonla, la rivière est profonde)

Nous appelons ça la nuit

 

 

 

 

 

parfois le chemin est tellement escarpé qu’il est bon de regarder un peu ailleurs – au téléphone un de mes amis hospitalisé – un autre disparu dans la nuit du 4 août -encore un fauché par le crabe voilà près d’un an – parfois les choses ne vont pas comme elles devraient mais c’est ce que nous voulons croire – en fait elles vont leur chemin propre et nous tentons encore d’espérer – or donc continuant mon pillage des illustrations données par le canard de référence paraissant l’après-midi voilà que je tombe sur un quarteron de photos – des représentations – on se dit que vraiment ces choses-là existent… Ne pas y arriver, ne pas parvenir – trop d’explications, trop de détours – alors simplement des images, ce sont des images vraies de choses qui n’existent pas – vingt cinq millions d’années lumières, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? – je remarque que toutes adoptent le fond noir : nous autres, ici, ne le voyons, ce ciel, ainsi que de nuit – nous appelons ça la nuit – franchement, je préfère le bleu…

Pour cette première image, on ne dispose que de cette légende : 

Les astronomes estiment que 50 000 sources de lumière sont représentées sur cette image du télescope spatial James-Webb.

je pensais qu’il y était adjoint une autre légende mais non – pour les autres, je les récupère et les pose : il en est de beaucoup plus fouillées (que je reproduis, pour mémoire et pour celles et ceux que ça intéresserait, traduites, en fin de billet) auxquelles j’ai beaucoup de mal à accorder quelque compréhension (elles sont très mal traduites, certes) – tu sais je suis fatigué : je me dis, mélangeant toujours tout, qu’avec cinq milliards de dollars, on éradiquerait la faim sur terre (selon quelque source); le tournis me prend lorsque je tente de ne serait-ce qu’imaginer le coût des  deux guerres auxquelles nous assistons ces temps-ci; je me dis « assister à ces guerres comme on le ferait à des spectacles » mais qu’est-ce donc que ces mots ? Des jeux du cirque ?  Souvent, tu sais, souvent je désespère…
Je me dis  que cette humanité se construit une drôle d’histoire – je ne fais que passer – je n’y suis pour personne quand je suis dans vos bras disait une si jolie chanson – oui, sans doute, l’amour des autres…    

 

ça ne raconte pas d’histoire – il n’y a pas de narration – ce sont des données transmises depuis l’espace – des zéros et des uns –  par un dispositif complexe pourvu d’un miroir de six mètres et demi de diamètre, lequel capte les émissions de lumière des objets stellaires éloignés. On avait eu droit au téléscope Hubble  lequel nous renseignait déjà sur les piliers de la création (il porte le nom d’un astronome étazunien) (c’est tout sauf innocent) – nous sommes passés au téléscope James-Webb (coût : dix milliards…) (il porte lui aussi le nom d’un astronome étazunien). L’entreprise est mondiale.

ici donc ces images qui renseigne sur quoi ?
Dans quelle littérature ?
Avec quels mots décrire ces représentations ? De ce côté-ci du monde, sans doute…

Le cœur de M74, également connu sous le nom de Galaxie Fantôme, vue par le télescope spatial James-Webb.

2.

Le Quintette de Stephan, un groupe de cinq galaxies, vu par le télescope James-Webb.

3.

Les bras gracieux et sinueux de la grande galaxie spirale M51 s’étendent sur cette image prise par le télescope spatial James-Webb.

 

et dans l’ordre, les légendes des agences, traduites par le grand frère GouGueule :

 

  1. Cette image du télescope spatial James Webb NASA/ESA/CSA montre le cœur de M74, également connu sous le nom de galaxie fantôme. La vision nette de Webb a révélé de délicats filaments de gaz et de poussière dans les grandioses bras en spirale qui s’enroulent vers l’extérieur à partir du centre de cette image. Le manque de gaz dans la région nucléaire offre également une vue dégagée sur l’amas d’étoiles nucléaires au centre de la galaxie. M74 est une classe particulière de galaxie spirale connue sous le nom de « spirale de grand dessein », ce qui signifie que ses bras spiraux sont proéminents et bien définis, contrairement à la structure inégale et irrégulière observée dans certaines galaxies spirales. La galaxie fantôme se trouve à environ 32 millions d’années-lumière de la Terre, dans la constellation des Poissons, et se trouve presque face à la Terre. Ceci, associé à ses bras spiraux bien définis, en fait une cible privilégiée pour les astronomes étudiant l’origine et la structure des spirales galactiques. Webb a observé M74 avec son instrument Mid-InfraRed (MIRI) afin d’en apprendre davantage sur les premières phases de formation d’étoiles dans l’Univers local. Ces observations font partie d’un effort plus vaste visant à cartographier 19 galaxies proches formant des étoiles dans l’infrarouge par la collaboration internationale PHANGS. Ces galaxies ont déjà été observées à l’aide du télescope spatial Hubble NASA/ESA et d’observatoires au sol. L’ajout d’observations Webb d’une clarté cristalline à des longueurs d’onde plus longues permettra aux astronomes d’identifier les régions de formation d’étoiles dans les galaxies, de mesurer avec précision les masses et les âges des amas d’étoiles et d’avoir un aperçu de la nature des petits grains de poussière dérivant dans l’espace interstellaire. Les observations de M74 par Hubble ont révélé des zones de formation d’étoiles particulièrement brillantes appelées régions HII. La vision nette de Hubble dans les longueurs d’onde ultraviolettes et visibles complète la sensibilité inégalée de Webb dans les longueurs d’onde infrarouges, tout comme les observations de radiotélescopes au sol tels que le Large Millimeter/submillimeter Array d’Atacama, ALMA. En combinant les données des télescopes opérant à travers
  2. L’instrument MIRI (Mid-InfraRed Instrument) de Webb montre des détails inédits du Quintette de Stephan, un groupement visuel de cinq galaxies, dans cette image. MIRI a percé des régions enveloppées de poussière pour révéler d’énormes ondes de choc et queues de marée, du gaz et des étoiles arrachés des régions extérieures des galaxies par les interactions. Il a également dévoilé des zones cachées de formation d’étoiles. Les nouvelles informations de MIRI fournissent des informations inestimables sur la manière dont les interactions galactiques ont pu conduire l’évolution des galaxies au début de l’univers. Cette image a été publiée dans le cadre de la première série d’images du télescope spatial James Webb NASA/ESA/CSA le 12 juillet 2022 (pour une gamme complète des premières images et spectres de Webb, y compris les fichiers téléchargeables, veuillez visiter cette page). Cette image contient un filtre MIRI de plus que celui utilisé dans l’image composite NIRCam-MIRI. Les spécialistes du traitement d’images du Space Telescope Science Institute de Baltimore ont choisi d’utiliser les trois filtres MIRI et les couleurs rouge, vert et bleu pour différencier le plus clairement possible les caractéristiques des galaxies les unes des autres et les ondes de choc entre les galaxies. Sur cette image, le rouge désigne les régions poussiéreuses de formation d’étoiles, ainsi que les premières galaxies extrêmement lointaines et les galaxies enveloppées d’une épaisse poussière. Les sources à points bleus montrent des étoiles ou des amas d’étoiles sans poussière. Les zones bleues diffuses indiquent une poussière contenant une quantité importante de grosses molécules d’hydrocarbures. Pour les petites galaxies d’arrière-plan dispersées dans l’image, les couleurs vertes et jaunes représentent des galaxies plus lointaines et plus anciennes, également riches en ces hydrocarbures. La galaxie la plus haute de Stephan’s Quintet – NGC 7319 – abrite un trou noir supermassif 24 millions de fois la masse du Soleil. Il accumule activement de la matière et émet une énergie lumineuse équivalente à 40 milliards de soleils. MIRI voit à travers la poussière entourant ce trou noir pour dévoiler le noyau galactique actif étonnamment brillant. En prime, la sensibilité profonde de l’infrarouge moyen de MIRI a révélé une mer d’objets auparavant inconnus.
  3. Les bras gracieux et sinueux de la grande galaxie spirale M51 s’étendent sur cette image prise par le télescope spatial James Webb de la NASA/ESA/CSA. Contrairement à la ménagerie de galaxies spirales étranges et merveilleuses avec des bras spiraux déchiquetés ou perturbés, les galaxies spirales de grande conception possèdent des bras spiraux proéminents et bien développés comme ceux présentés sur cette image. Ce portrait galactique a été capturé par l’instrument MIRI (Mid-InfraRed Instrument) de Webb. Dans cette image, la lumière stellaire retraitée par les grains de poussière et les molécules au milieu de la galaxie illumine un milieu filamenteux spectaculaire. Cavités vides et filaments brillants alternent et donnent l’impression d’ondulations se propageant à partir des bras spiraux. Les régions jaunes compactes indiquent les amas d’étoiles nouvellement formés dans la galaxie. M51 – également connue sous le nom de NGC 5194 – se trouve à environ 27 millions d’années-lumière de la Terre dans la constellation de Canes Venatici et est piégée dans une relation tumultueuse avec sa voisine proche, la galaxie naine NGC 5195. L’interaction entre ces deux galaxies a rendu ces voisins galactiques constituent l’une des paires de galaxies les mieux étudiées dans le ciel nocturne. On pense que l’influence gravitationnelle du plus petit compagnon de M51 est en partie responsable de la nature majestueuse des bras spiraux proéminents et distincts de la galaxie. Si vous souhaitez en savoir plus sur ces deux voisins galactiques qui se chamaillent, vous pouvez explorer les observations antérieures de M51 par le télescope spatial Hubble de la NASA/ESA ici. Cette observation Webb de M51 fait partie d’une série d’observations intitulées collectivement Feedback in Emerging extrAgalactic Star amasTers, ou FEAST. Les observations FEAST ont été conçues pour mettre en lumière l’interaction entre la rétroaction stellaire et la formation d’étoiles dans des environnements extérieurs à notre propre galaxie, la Voie Lactée. La rétroaction stellaire est le terme utilisé pour décrire l’effusion d’énergie des étoiles vers les environnements qui les forment, et constitue un processus crucial pour déterminer la vitesse à laquelle les étoiles se forment.

 

Happé

 

 

 

il y aura toujours les chansons
j’espère
je lisais le journal, attablé, œuf mayo salade verte
la salade verte, avec l’œuf et sa mayo c’est tout un
j’écoute dans le poste cette petite merveille
je me prépare à assister aux leçons de Claudine Tiercelin
Métaphysique et philosophie de la connaissance
ce sera pour février si jamais il arrive
tu sais toi, de quoi ce sera fait
demain ?
parfois je me dis « tiens je vais en parler à… »
ou alors « il faudra que je le dise à quand je le verrai… »
il n’est plus
non, des fois la vie est con
des fois, belle
ce matin par exemple

il y a cette chanson qui tourne

Tu vois ce convoiQui s’ébranleNon tu vois pasTu n’es pas dans l’anglePas dans le triangle
Comme quand tu faisais du zèleComme quand j’te volais dans les plumesEntre les dunes
Par la porte entrebâilléeJe te vois rêverA des ébats qui me blessentA des ébats qui ne cessent
Peu à peu tout me happeJe me dérobe je me détacheSans laisser d’auréoleLes cymbales les symbolesCollentOn se rappelleOn se racolePeu à peu tout me happe
Les vents de l’orgueilPeu apaisésPeu apaisésUne poussière dans l’œilEt le monde entier soudain se trouble
Comme quand tu faisais du zèleComme quand j’te volais dans les plumesEntre les dunes
Par la porte entre-bailléeJe te vois pleurerDes romans-fleuves asséchésOù jadis on nageait
Peu à peu tout me happeJe me dérobe je me détacheSans laisser d’auréoleLes cymbales les symbolesCollentOn se rappelleOn se racolePeu à peu tout me happe

j’aime beaucoup ce
où jadis on nageait

je me trouve dans l’angle
dans le triangle
il faut bien tenir le cap
faire avancer le truc
La Maison
tu te souviens sa femme l’appelait la grande maison
elle va fermer
cinq ans durant
seras-tu là
qui saura jamais de quoi demain
sera fait

 

la chanson merveilleuse, Happe Alain Bashung avec Jean-Marie Fauque (ou l’inverse)

les images sont (c)MdBC – croquées plus que « rognées » par PdB

Un livre de Lulu

 

 

 

 

 

 

incidemment je m’aperçois que cette maison ne comporte pas de pièce intitulée bibliothèque (un bref regard rétrospectif indique que cet aperçu se réalise alors qu’elle apparut (le 13 mai 2015) sur ces ondes ces fils et ces réseaux il y a de ça (donc) plus de huit ans… il serait temps) (on doit aussi à la vérité de souligner que ce genre, ou ce type, ou cette qualité cette catégorie de pièce dans une maison ne se rencontre que dans des demeures de luxe charme classe enfin rarement dans les premiers quartiles des constructions de la population des propriétaires immobiliers) (on a quand même un bureau) – mais disposons ici le livre de l’ami Lucien Suel (aka Lulu deuch’Nord)

(j’emprunte ici les images disposées chez lui) (on y trouvera les informations pour se procurer l’ouvrage)

un premier

(je le retranscris ici mais ne le commente point)

 » rentré dans la vie /perdu le contact/la règle de conduite/une vie solitaire
plus bas
Ma voix me paraît étrange
puis
Le moment est peut-être venu
et
Je ne peux pas vous dire des choses
pour finir par un
arrachai le feuillet

 

Puis un autre (qui a dû être commenté)

et en effet
Anonyme ste a dit…
massacrattaquer une résolution
11:26

et Anonyme Anonyme a dit…
Ivan, tsar 3 ans, le plus terrible de tous les tsars de toutes les Russies, qui fit massacrer ses opposants, notamment les orthodoxes, puis tua son fils d’un coup de sa canne ferrée, fit régner la terreur et en effet, ils finirent par obéirent – ce qui ne l’empêcha de mourir probablement empoisonné… – le film de Sergueï Eisenstein (l’un des plus grands monteurs de tout les temps et d’ailleurs tous ses films sont des joyaux), l’une des plus belles fresques historiques cinématographiques de tout l’univers – musique de Prokofiev (Sergueï aussi), une merveille (image Edouard Tissé, qui éclaira tous les films d’Eisenstein) (Ivan le Terrible, 1944 pour la première partie, deuxième partie censurée par Staline – qui s’y reconnaissait sans doute, 1958, la fin en couleurs, troisième partie inachevée)

vers 17h23 ce jour-là.

 

Un troisième

dont je livre ici l’intégralité de ses commentaires :

1 – 4 sur 4
Anonyme Anonyme a dit…
(ces commentaires ont commencé au P*/E* 625 – un centenaire, dit mon nombril) (aujourd’hui, il est particulièrement coton je dois dire) (le poème, pas mon nombril)(je n’ai pas l’attachement particulier pour David Lynch, mais j’aime ses (trois premiers Eraserhead, 1977 – Elephant man, 1980, un peu moins Dune, 1984 (le livre en revanche, de Frank Herbert,est une merveille)) films quand même, malgré leur nébuleuse tentation de tourner en eau de boudin) (il se peut que l’adulation hystérique dont sont parés ses (très) diverses productions ait en quelque sorte un effet repoussoir) (quoi qu’il en soit, on préfère Rita la brune, désolé pour Betty) c’est Betty qui parle, dans cet appartement dans les verts de la pourriture – une allégorie, certainement, de son psychisme dégradé (l’histoire est assez belle pourtant, bien que je ne sois pas non plus client des amours saphiques) (cette dernière parenthèse avec des mots du marketing publicitaire que j’agonis tout autant) (enfin voici le commentateur partagé entre ce que lui inspire ce centième poème et les films de ce réalisateur qui n’entrent pas dans la catégorie des merveilles – selon lui) (Mulholland Drive, 2001)
08:36

Anonyme ste a dit…
Arche-mémoire
14:04
Anonyme ste a dit…
Parfois, j’ai un peu honte de ma concision devant les développements grandioses de PCH dont on a l’impression qu’il pourrait nous raconter l’intégralité de l’histoire humaine sans que l’on décolle du canapé.
14:08

Blogger Lucien Suel a dit…

En tous cas, ce dialogue entre long et court me va bien.
07:35

 

et le dernier pour finir

Un chantier lexicographe en cours recense à l’appui de ces différents commentaires les films et noms des intervenants cités (et c’est du boulot).

Pour finir donc mon (ou l’un de mes) préféré(s) (540)

Avec mes compliments.

 

Fondamental

 

 

 

On peut sans trop se tromper (et bien que ce type d’échelle de valeurs ait quelque chose d’obscène) dire de ce film qu’il s’agit d’un des et même du meilleur dans son genre et de tous les temps – c’est excessif : comme de genre il s’agit de la science-fiction, on peut aller jusqu’à tout l’univers. Les avis peuvent varier mais on s’en fout : passons sur cet aspect si vous voulez bien. Le mieux pour l’appréhender s’il se peut (oui, c’est quand même possible) est d’en donner la structure : procédons par ordre (qu’est-ce que l’ordre ? « le désordre, c’est l’ordre moins le pouvoir » disait Léo tu te souviens ?). Ce qui constitue ce film (durée : deux heures et demie), ce sont quatre parties et un entr’acte. Durant chacune de ces parties sont exposées diverses facettes de l’histoire de l’humanité (rien que ça, mais ça quand même) mais jamais notre contemporain (on respire). Dans ces quatre parties, on trouvera l’émergence d’un objet, une entité (on en a glosé : le film sort en avril 68, il y a cinq ans, on a fait tout un pataquès médiatique de cet anniversaire 50 ans… (on a changé l’affiche, on a remasterisé l’affaire, on l’a représentée  – les auteurs sont morts, mais le marché s’en fout – on peut aussi regarder que la maison de production (la Metro Goldwyn Mayer) (Sam et Louis sont eux aussi morts depuis bien longtemps – Autant en emporte le vent et Ben Hur entre autres) (le lion ne rugit plus et l’art ne remercie plus les artistes) n’existe plus (faillite, rachat du catalogue, la loi du marché) – quelque chose (un fait social total dirait Mauss) : dieu peut-être…? en tout cas il s’appelle monolithe et il est noir – il apparaît vers la fin des parties, c’est une espèce d’énigme bienveillante (la bienveillance a quelque chose de pourri, comme on sait) – c’est ambiguë et on ne comprend pas bien. Alors voyons, tout en sachant que le film (budget estimation avant tournage : 6 millions de dollars, coût total après post-production : dix millions et demi – pour une idée de ce coût aujourd’hui, on multiplie communément par 9) a rapporté six fois ce qu’il a coûté (un peu moins de 4 millions d’entrées) à titre de comparaison, un film comme Avatar disposait d’un budget de 365 millions de dollars (en 2009) et en a rapporté (15 millions d’entrées) 3 milliards…) (pourtant,combien de fois plus merdique, vazy…).

Je ne voudrais rien expliquer, juste montrer : je crois bien qu’il s’agissait de mon douzième lustre et on (encore merci, mille fois)  m’offrit l’intégralité de la filmographie de Stanley Kubrick – un coffret, édité chez Taschen – treize longs métrages – treize disques laser dvd – plus un gros livre d’images et tout un appareil critique, dont l’entretien fleuve que Stanley Kubrick donnait au magazine Playboy d’octobre 1968 – j’en ai sélectionné quelques unes – je les pose en allant dans la chronologie du film – elles m’ont inspiré – peut-être dois-je dire aussi que, de ce film, les étudiant.es de maîtrise de cinéma et moi d’alors (1980 je crois bien) avons été invité.es par le prof (s’appelait Goimard, Jacques de son prénom, portait des costumes et des cravates de couleurs vives – les cravates, pas les costumes) à nous emparer toute une année durant – j’avais en charge de m’occuper des moyens de transports; pour d’autres, ce furent la religion, les repas, les moyens de communications, et les rôles, les effets spéciaux, le scénario, la musique, les dialogues, etc etc on en passe (ce qui inférait de voir le film un certain nombre de fois – mais j’ai arrêté de compter après dix) – je l’ai revu il y a quelques mois, avec le dvd sur un petit moniteur : ça ne vaut pas…

 

la première partie sera sans dialogue (comme les dernières) – avant notre ère – nous ne sommes pas encore redressés, l’un d’entre eux (ou elles, à ce point, pas encore d’études de genre) découvre l’arme, s’en sert et domine (ça veut dire qu’il tue) – dans sa joie de vainqueur il lance son arme au ciel comme s’il voulait le défier –

l’image passe de l’os (l’arme…) à la navette spatiale (Orion III) – qui va s’accorder (au son de la valse de Strauss – un si beau Danube bleu et un regard (pour moi) vers Claudio Magris) s’accorder disais-je à la station orbitale – c’était l’affiche première du film – on suivra un type quelconque qui souhaitera bon anniversaire à sa fille (interprétée par la fille du réalisateur) : l’intérieur de la station orbitale

ce n’est qu’une étape avant d’aller sur la Lune (les premiers pas de l’homme sur la Lune datent du 20 juillet 1969…) : un signal y a été détecté, l’homme est enquêteur (j’aime à le croire) – on a creusé pour chercher d’où vient ce signal, ici en bas, le creusement, la fosse, la mine

la découverte du (ou d’un ?) monolithe – image du haut : on (l’humanité) touche le monolithe

image du bas, le son explose, assourdit – cut – un an et demi plus tard

à bord du vaisseau Discovery – avec l’ordinateur (super-ordinateur -méga-ordinateur, tout ce que tu veux) HAL l’oeil rouge…

lui gouverne, les hommes suivent – mais il dévie (HAL tel est son petit nom), il se trompe – il débranche les cryogénéisés, (et les tue…) par mégarde peut-être (probablement pas : il veut prendre le pouvoir) – restent les humains : que se passe-t-il ? ils s’isolent dans une capsule de survie (ils ne veulent pas que HAL les entendent – on le croyait infaillible –

ils parlent HAL ne les entend pas mais les voit et lit sur leurs lèvres – on lui en veut

ENTRACTE

HAL profitant d’une sortie qu’il ordonne

tuera l’un des astronautes (ou cosmonautes – un humain en tout cas) – il en reste un cependant (Bowman se nomme-t-il) qui parvient à rentrer à nouveau dans le vaisseau

ce sera donc lui ou HAL – c’en est fini – magnifiquement rouge…

HAL chantera une comptine puis périra – carton

ici prend place une séquence, toute de couleurs de vitesses de cris de bruits de musique, psychédélique en diable – un parcours – sans dialogue – un chemin vers l’infini sans doute – mais où est-ce ? – loin – à travers les galaxies – loin de tout –  jusqu’à cette chambre – on retrouve Bowman – seul – brise un verre – seul : il regarde (image du haut)

dans le lit, c’est lui – en amorce droite cadre c’est lui – il se voit – il va mourir – il se voit  (et se voit voir) : le (ou un?) monolithe, là devant lui allongé, mourant – cette lumière

puis le foetus astral dans la* placenta qui regarde la Terre bleue, toute la vie, oh Suzy…

je le remets : ici tel est sa place

juste une merveille –

 

je me souviens de la première fois que je le vis, au cinéma Contrescarpe (ça n’existe plus) l’écran n’était pas grand, la salle comble et les gâteaux que nous avions mangé étaient à l’huile afghane – je me souviens, une merveille… (il y a cinquante ans d’ici)

 

Ce billet en spéciale-dédicace à l’hôte de cette maison (Kiki de Bayeuze) pour ses douze lustres – le féminin* de la placenta, pour Catherine Serre et sa Maison des Mues

Sourire pour l’image

 

 

Non mais c’est rien, juste quelque chose d’assez personnel (et je ne vois pas en quoi ça devrait en être pour autant discrédité – j’ai depuis longtemps laissé tomber la distinction entre l’objectif et le subjectif) sur la date de réalisation de ce film, 1974, et la conjonction qu’il y avait alors entre la mort de Pompide (Georges Pompidou, dont le gouvernement dirigé par un Chaban-Delmas (il me semble, il montait les marches du perron de Matignon deux par deux et disait « il faut sortir de table en ayant encore faim » : un battant, enfin) puis par un Messmer enfin qui comptait pour diriger sa phynance depuis le Louvre le crâne d’œuf libidinal) et ces vacances de cinéaste qui donnent leur titre au film.
Il y a aussi le séminaire, et le film objet de Kiki de Bayeux.
Un type comme un autre, avec son épouse et leurs enfants au soleil du sud.

Pour les vacances

(ce moment où on se/nous replonge dans la scolarité et son emploi du temps).

Le type est néerlandais mais a fait ses études de cinéma à Paris (de 56 à 58), à l’institut des hautes études cinématographiques (il faudrait regarder ce titre et en comparer l’histoire avec celui de ces mêmes études mais commerciales – il y avait une espèce de snobisme à intituler ce dernier H É C pour en distinguer la valeur). Il y a là un vieux couple

il me semble ou un père et sa fille, le père est diminué, Parkinson ou quelque chose, sa fille ou sa femme se promène avec lui. Il me faudrait revoir le film.
Il y a au début ces deux reliques, sur l’une :

La seule idée de la gloire : garder le pouvoir
Mon premier projet : vous le rendre
François Mitterrand

ah oui quand même…
sur l’autre des déchirures (tu te souviens,Arlette…)

– il y a de nombreux souvenirs de ce temps-là – et il y a ce musicien de jazz

Ben Webster

ami du cinéaste je suppose – il me faudrait le revoir

– un film de famille comme on dit (je me souviens des camemberts de diapositives pour les soirées chez un de mes amis plus ou moins oncle Y. parfois, retour de vacances, film de voyages, cartes postales…) – une espèce de documentaire – l’irruption du réel

en gros plan

(le « après Lisbonne Athènes… » : tu vois, c’est cet espoir qu’il y avait alors)
ou le facteur

on parle, il s’en va

un film qui en dit aussi certainement très long sur l’amour qu’il peut y avoir dans une famille (une famille, c’est aussi le lieu légitime où on le fait, pour avoir des enfants) (mais c’est cette loi-là qui n’en est pas non plus une, mais dont s’empare l’État pour la fiscaliser, cette famille-là) – ce sont des moments vacants, le soleil donne (comme dit la chanson)

et il n’y a qu’une seule chose à faire : rêver

et puis sourire pour l’image d’une espèce de bonheur

 

Les vacances du cinéastes un film (documentaire, 39 minutes) de Johann van der Keuken juste et magnifique

 

 

 

 

 

paparazzo

 

 

 

 

il y a cette image que j’ai prise au musée

elle représente deux célébrités :
l’une est un mannequin (de mode) debout et célèbre (mais pas connu (de qui, c’est toute la question) de moi, et je n’ai pas pris son nom, dommage – mais c’est quand même aussi un fait révélateur et systémique : je n’y ai pas fait attention – ça ne m’intéresse pas) (après si je cherche je trouve)
l’autre (2F) assise et regarde l’objectif de l’appareil photo d’un photographe célèbre (Frank Horvat, il l’était à peine moins à l’époque), semble s’éventer avec une photo – on voit sur cette photo qui sert d’éventail un visage de femme qui sourit – brune – il y a de nombreux visages de femmes en photo sur le mur derrière eux – il y a aussi deux hommes je crois bien, soyons précis (pourquoi faire ?).
L’image date de 1962, a été prise à Rome dit-on pour le magazine de mode Harper’s Bazar (sans doute en faut-il). Il y a cette espèce de connivence avec le preneur d’image (on prend les images, comme les photos, c’est ainsi qu’on dit : on les prend – les anglo-saxons, toujours avec une longueur d’avance, indiquent pour une prise de vue shooting comme s’ils étaient à la chasse – to shoot veut dire tirer (un penalty, un coup (de fusil, le plus souvent)).

Ici d’autres images – volées dit-on – 3 – téléobjectifs ? même pas mais quelque chose (on arrive directement au 31 août 1997, le Ritz le sous-terrain de l’Alma la merco à deux cents à l’heure) (ces images ne sont pas libres de droit comme on dit vulgairement – faut payer pour les afficher je suppose – je les vole aussi – elles représentent des célébrités qui veulent contrôler leur image) (semble-t-il) (comme si c’était possible)

bon après je me dis : je mets des légendes ou on s’en fout ? (ce sont deux légendes, alors pourquoi faire ?) Cependant ce genre d’images représente toujours des légendes (il y avait un livre « table du salon » qui reprenait une exposition (un catalogue si tu préfères) sur ce thème – le catalogue d’exposition est un genre, au même titre que « développement personnel » ou « guide pratique » : c’est ce qui fait vivre (au sens où ça leur apporte de la trésorerie) les maisons d’édition (45 euros quand même – en anglais, sur le site du wtf éditeur de l’ex-rue Sébastien Bottin) qui était passé sur les tables du séminaire

peut-être que, sans nommer les personnages qui illustrent ces images (les personnages illustres) (il y a quelque chose du lustre dans ces positions – c’est un type qui porte un verre d’alcool probablement et un chapeau et deux femmes qui se parlent fixées là) (si on connaît les visages on les reconnaît – pour le type, il faut une légende) sans les nommer, donc, on ne paye pas de droit de reproduction ? (droit de reproduction est une affaire qui porte un versant, un aspect, un signe et un sens libidinal ou je délire?).
La dernière pour indiquer la grande élégance de ce qu’on appelle le rock’n’roll : ici l’un de ses thuriféraires les plus parfaits (on peut se souvenir que le personnage qui propose ou administre ce geste sublime à la photographie et, par là (si on ose dire) à son public, a été anobli par le fils, alors prince seulement, de STGME2 (il tape 80 – god save the King, C3, lequel tape les 75) ce qui prouve la pertinence de ces honneurs).

quel humour, au vrai

 

Un peu de « technique » : les images ici reproduites (pas la première) proviennent de captures d’écran de documents trouvé sur le wtf részosocio (dont le nom ne se traduit que par lui-même : c’est une marque – mais to »face » veut dire affronter dans le dialecte) qui n’autorise pas cette pratique ni, donc, cet usage – il faut se munir d’un logiciel de lecture de document audiovisuels (en l’occurrence VLC) pour ouvrir le document; s’affiche alors une espèce de film – un plan fixe d’une durée de dix secondes – estampillé de la légende qui indique les noms des personnes sans majuscules, suivi d’un « fry-Gallela [un numéro] »; laquelle disparaît au bout de 5 secondes – on peut déclencher la capture d’écran (si on ne veut pas de ces écritures) – lorsqu’on recherche où aboutit cette espèce de lien, un article d’un organe étazunien apparaît  – ce devait être la « suggestion » du rézosocio en question (il « suggère » moyennant finances, voilà qui va sans dire) – j’en ai gardé trois – je n’ai pas lu l’article
Et puis les étiquettes,pour s’en souvenir ? pour intégrer dans le flot et les données toujours plus nombreuses ? Non. Alors je fais sobre (ainsi que l’image d’entrée de billet le suggère) et je raconte rien.  

 

sons de maison

Hier quelqu’une est sortie que je ne connaissais pas — je connais maintenant tous ceux et celles qui sortent entre deux clinquements de casseroles, la fenêtre du restaurant donne sur ma cour, et je suis souvent dans ma cour, je fais les cent pas, je réfléchis, je fume ma cigarette électronique parfumée à la pastèque, je suis abasourdie par la fleur du bégonia géant, toute blanche, que je n’ai pas vue se former, je suis curieuse des appendices en formation de mon pied de houblon qui est un pied femelle (« c’est une fille ! »), — Son nom Humulus lupulus vient du latin « humus » qui signifie « terre » et « lupulus » qui veut dire « petit loup » — ce sont de futurs cônes qui sont particulièrement beaux, qui seront bientôt  particulièrement beaux

mais n’en sont à présent qu’à l’étape de commencement, je suis aussi curieuse de la silène à fleurs doubles et des grappes qu’offre l’arbre aux faisans, mais peu importe, ce serait trop long de décrire un par un tout ce que j’ai mis en pots ici, l’idée est que je connais toutes celles et ceux qui sortent dans la cour qui longe ma cour, la dame à l’accent ukrainien qui me salue toujours avec intensité, le jeune homme assis sur une palette pour fumer, la jeune fille à lunettes très discrète, mais hier cette femme que je ne connaissais pas. Elle est sortie. Elle voulait prendre la lumière, ça se voyait. Elle s’est avancée au milieu de la cour qui fait aussi office de parking, avancée à un endroit où personne parmi celles et ceux que je connais ne s’avance. Elle a regardé les toits, le ciel. Elle avait l’air surpris de cette bataille dans le ciel, les mouettes qui par moment deviennent acariâtres, et bavardes et inarrêtables. C’était comme une découverte pour elle. Elle ressemblait à une femme qui n’aurait jamais vu de mouettes. J’ai eu envie d’être cette femme qui n’aurait jamais vu de mouettes et qui découvre.  Ensuite on a entendu des pleurs d’enfants. Cette année les touristes sont très nombreux. Il y a beaucoup de familles. Il y a beaucoup d’enfants. Il y a beaucoup d’enfants qui pleurent. Pas tout le temps, mais régulièrement, ça arrive, les pleurs. Comme une idée qui se rappelle à soi. Quelque chose qu’on aurait oublié. Et j’aime cette femme, parce qu’elle ne découvre pas les pleurs d’enfants, elle les connait. Elle quitte le clinquement des casseroles et les ordres donnés qui s’étendent plus loin que la fenêtre, et elle essaye d’attraper les cris, de voir d’où viennent les cris, ça m’a toujours ému les gens qui essayent de voir. On se tord le cou. On n’est plus tout à fait soi. On désire être transformé par les ondes extérieures. Les enfants pleurent aussi à cause de ça, de l’obligation d’être là sans bouger, d’être obligé de subir l’instant sans bouger, coincés dans une poussette ou collés à une main. Les parents viennent ici parce que c’est un endroit célèbre. Les enfants n’aiment pas la célébrité. Ils trouvent ça légèrement barbant. Aussi, je suis d’accord avec eux. Et les mouettes crient sur la célébrité des lieux et elles les recouvrent de fientes blanches, laiteuses. Elles n’en ont rien à faire de nos sarcasmes et de notre façon de nous habiller, à nous, humains, surtout le dimanche matin quand les cloches sonnent. Ici, quand les cloches sonnent, il y a beaucoup de jupes plissées bleu marine, beaucoup de gens qui sentent le savon et lancent un regard assuré,  déterminé, sans rien qui marque la surprise. Je crois qu’il y a deux camps ici, et je suis du côté des mouettes et des pleurs d’enfants, à côté de mon latin qui dit petit loup, petit loup, comme un surnom gentil qu’on donne.

Recette contemporaine

 

 

ça aurait pu être n’importe quel fruit, il y a des choses qui parviennent pas à passer, comment te dire ? il y a un siècle de ça, était-ce cette même odeur qu’exhalait la société contemporaine d’alors ? ce n’est peut-être pas l’endroit, ce n’est jamais l’endroit aussi bien, de rappeler (parce que de ce rappel il ne devrait pas même être question) que rien ne vaut la vie – la couleur de la peau, le genre, les mœurs n’y sont de rien – cette humanité, ce pouvoir qui n’a pas un mot, un geste, un égard pour cette humanité-là, comment te dire ?

 

il y a dans le jardin trois cerisiers : l’un, en face de la porte d’entrée, fait marronnier

mais ne donne que peu de fruits – un autre en revanche

se montre généreux – vers la fin juin s’organise la cueillette – on s’en va (le cœur est lourd, c’est jeudi dernier, le soir tard – qui se souvient de Toumi Djaidja, fils de harki tué par la police aux Minguettes en 1983 un soir de ramadan ?* (quarante ans de faillite) – on rallie la Normandie) (Malik Oussékine, oui, en 1986, oui) plus loin il fait doux

à l’échelle, un seau accroché, on récolte

c’est l’occasion de faire de belles images (dans le poste on fait la part des choses et on prend la mesure des dégâts : on compte, au ministère Beauvau, on compte mais une addition, qu’a-t-elle à voir avec le meurtre d’un jeune de dix-sept ans ?)  c’est un beau coin, un bel endroit

il y fait doux, bon vivre comme on dit – les éclats se sont calmés, on a fait donner la police en quarante cinq mille fois – à Angoulême, il y a de ça quelques semaines, à la nuit vers quatre heures du matin, un autre type, noir aussi bien (il était Guinéen) a reçu une balle administrée par un policier en plein thorax : il est mort, il se prénommait Alhoussein il n’avait pas vingt-cinq ans – dans le temps, tu te souviens ? on appelait ça des « bavures » : ce n’est pas parce que ça a toujours existé que c’en plus supportable – il vaut mieux penser à autre chose, je reconnais) – on équeute, on dénoyaute, on pèse (le poids de fruits égale le poids de sucre, augmenté d’un poids équivalent à cinq pour cent de pectine)

dans le champ attenant, des meules de foin ont été serrées

je ne sais plus exactement, mais dans ces moments-là, il y avait dans le poste ou était-ce au journal ? je ne sais plus, on y parlait de cagnotte

un million d’euros en quatre jours pour le tueur et sa famille avaient été récoltés – je ne sais pas trop, mais la nausée ? – on attend

le bouillon

on laisse cuire à feu assez vif une dizaine de minutes (on prépare des pots, on les stérilise à l’eau bouillante), on les emplit du mélange

on les retourne – le lendemain, ça n’avait pas pris.

Tant pis.  Revenant à Paris, avant hier, on a recommencé le même travail – faire des confitures, donner les fruits aux enfants, retrouver ses marques, ses objets ses outils.

Il paraît que la « cagnotte » (cette indécence crapoteuse) a été fermée par arrêté administratif. Dans le journal, on parle du ministre de Beauvau qui, dit-on, serait « aux petits soins avec la police ».

Je ne sais pas bien, ici, il fait doux, on mange à sa faim, on boit à sa soif. Je ne sais vraiment pas mais cette indécence obscène…

 

 

*: rappelé par Fabien Jobard dans un entretien qu’il a donné au journal Le Monde, hier

« C’est le plus important. Tu ne crois pas ? »

Ma mère est ma maison.
Ma mère est faite de texte.
De textes.
C’est de plus en plus visible. C’est ce qui arrive avec les paysages en grands dangers, brossés par le vent, réduits à l’essentiel. Il ne reste plus que la ligne d’horizon et l’armature d’un tronc, un peu d’herbe, le bleu de la mer, c’est tout. Ce qui faisait foisonnement, la végétation dense, les ruelles, les fontaines de Trévise, les habitants et leurs déambulations, les points de vue panoramiques avec la rose des vents gravée sur une table d’orientation, les fêtes folkloriques, les processions de la fête de Saint Bernard, tout ce qui perdait le regard, les cigales la nuit, les nappes sur les tables dehors, froissées, éclairées par les lampadaires, les craintes d’orage et d’inondations, tout s’est enfui, recroquevillé, a disparu.
Il ne reste que quelques histoires droites, réduites au plus simple déclencheur. Ce sont toujours les mêmes. Il ne reste à ma mère que du texte. Elle écrit de moins en moins, et puis plus du tout. Des cartes de vœux, et je ne sais plus la dernière fois qu’elle a rempli un chèque. Ses lettres sont de plus en plus tremblantes, maintenant ce sont des chiffres qu’elle trace, elle fait ses comptes qui sont des contes, car elle ne s’appuie pas sur des données mathématiques. Je veille bien à ce qu’elle ait toujours des stylos à portée de main. Je lui ai acheté un cahier, c’est elle qui me l’a demandé, elle devrait y poser des additions, en tout cas c’est ce qu’elle désire, c’est l’outil de repérage auquel elle se raccroche.
J’ai longtemps cru que rien n’était plus éloigné de ma mère que le texte. Je disais :
elle parle pour ne rien dire
ce qu’elle dit n’a pas de sens
elle dit une chose et son contraire
elle parle pour parler
elle fait de l’air avec sa bouche et ses cordes vocales, c’est ce que j’ai longtemps cru.
En fait, elle est au-delà du texte, ce qu’on peut qualifier de prouesse.
Ou elle se trouve bien au-dessus du texte. Tout en haut. C’est lui qui la porte. Ce sont ses fictions qui la tiennent, soutiennent. Dans le paysage réduit à l’essentiel qu’elle est devenue, sa ligne d’horizon et son tronc sont ses fictions.
Elle me les répète sans arrêt.
On pourrait penser à un problème cognitif, à une maladie dégénérative, à une baisse des capacités logiques, à une perte de raisonnement, oui, beaucoup pourraient le penser, mais elle s’en fout. Elle répète. Elle ne se sent pas malade. Je vais bien, elle dit, et puis j’ai toute ma tête.
C’est le plus important.
Tu ne crois pas ?
Heureusement que j’ai toute ma tête.
C’est bien, je suis contente.
J’ai vendu la maison, je me suis bien débrouillée. J’ai été futée, heureusement.
(la maison a été vendue par obligation, ce n’est pas elle qui l’a voulu ou s’en est occupée, elle me montre le papier du notaire et m’explique qu’il vient d’arriver au courrier, c’est moi qui lui ai donné il y a six mois, nos histoires se chevauchent, parallèles qui ne se rencontreront pas, mais je veille bien à ce qu’elle ait toujours des stylos à sa disposition)
Plus son paysage se minimalise, plus j’augmente le mien, factice. J’ajoute et j’ajoute des pots sur la terrasse de cailloux cernée de murs.
Chaque matin je vais voir si le pied de houblon trouve une nouvelle direction avec sa tête de serpent. J’ai soif de lianes. Les clématites, les chèvrefeuilles et les tiges de cobée s’enroulent ensemble, selon la même chorégraphie indistincte. Les feuilles des capucines de Canaries s’élèvent, larges près du sol, réduites dans l’ascension. Le schisandra croule de fleurs discrètes qui se confondent avec des cerises, et son feuillage de soie cache un peu le géranium menthe dressé, debout. L’akébia n’en finit pas de faire de nouvelles volutes dans sa course avec les haricots géants d’Espagne. En Espagne, lorsque ma mère était enceinte de moi, elle a assisté aux processions, capuchons sombres, deux trous noirs pour les yeux, torches levées dans l’obscur, chants funèbres, et elle a eu peur. Ma mère est ma maison.