l’été

 

 

 

 

dans le c’est pour bientôt d’il y a quelques mois on avait regardé le générique du « joli mai » de Chris Marker (1963) – ici de même celui de Chronique d’un été – ces temps-ci, Edgar vient de taper un siècle – Jeannot est parti (il avait vu ici (posée entre juin 16

(le numéro c’est 14) et août 17

la rue c’est Sarrette-Paris 14) le jour (31 mai 1917, maison natale) (il nous a quitté.es au Niger en février 2004) (fondateur du GREC (groupe de recherches et d’essais cinématographiques – 1970) et des ateliers Varan(1980) quand même aussi) (dans les années 80 il enseignait à la Sorbonne, un de mes profs) (non, mais le documentaire moi, parfois c’est non – ces temps-ci c’est la mode, encore moins donc – je suis une tête de mule, je sais) or donc

(c’est avec cet Anatole-là que Jeannot a crée dix ans plus tard, le GREC – grand producteur de la nouvelle vague, entre autres – on l’aime encore assez bien lui)

passe le monde (en plongée)

début des années soixante (le film a débuté, se déroule)

Marceline qui cherche du travail (et qui en a trouvé) – générique de fin

(on marquait le mot « fin » à la fin des films, tu te souviens?) (à l’ancienne) sur les Champs Elysées, image bougée tu vas voir(travelling avant)

le noir & blanc ou parce que je n’avais pas dix ans – un certain charme ? (remarque le parapluie, la pèlerine…)

(je ne suis pas certain, mais il me semble qu’il s’agit d’Edgar qui les remonte) (il va croiser ,peut-être, vendant son New-York Herald Tribune, la Patricia d’À bout de souffle) (peut-être)

(en 60, Edgar tape les 40 piges, Jeannot (il est de 14) près de 46)

(un ouvrier pour 3 étudiants) un autre dos, noir celui-là

(la classe comme générique, il me semble)

 

il me semble que c’est Jeannot de dos, là (les parapluies,les reflets…)

ces inconnus à qui Marceline demandait  » et vous, êtes-vous heureux ?  » parfaitement sérieuse

techniques, assistances

j’aime le cinéma mais jamais il ne m’a nourri – sinon spirituellement peut-être

par exemple aux techniciens, pour des raisons financières et de droit, on pose les prénoms (c’est ainsi qu’on les rémunère, qu’on les inscrits sur des listes, qu’on en fait des professionnels avec la carte…)

il m’émerveille mais j’agonis ses manières (la secrétaire en plus petit – c’est une femme c’est entendu)

de petits signes à peine perceptibles (lui avant elles)

on s’en fout, il faut y être au générique, c’est tout – mais dans un certain ordre –

kinotechnique, kézako ?

(André Coutant a inventé une espèce de caméra, c’est pour ça)

il pleut, tu as vu

on en termine

les auteurs (il faudrait parler aussi de Pascale Dauman, l’épouse du producteur, de l’un des producteurs (parler de Philippe Lifchitz), du fait d’intituler la firme Argos, de la (co)production, quelques années auparavant, du « Nuit et brouillard » d’Alain Resnais (1956), il faudrait remonter sous la pluie les Champs Elysées, l’été  peut-être…)

 

Chronique d’un été, un film (assez documentaire mais magnifique quand même) d’Edgar Morin et Jean Rouch

un peu d’histoire (personnelle) du cinéma

 

 

je suis tombé sans (vraiment) m’en apercevoir sur ce livre

rescapé * – je l’ai feuilleté, c’est écrit ampoulé et idéologiquement vicié. Ça ne m’a pas tellement étonné (j’ai porté cette image au groupe facebook intitulé « Marilyn everywhere », t’inquiète). Ce sont les images et à quoi elle réfèrent qui m’ont parlé (les images parlent, c’est pas comme les mots – ou enfin certains oui – mais les images renvoient répètent transcrivent transforment travestissent et finissent pas trahir – bon d’accord, comme les mots…). Il s’agira ici de ce sens-là.
En fin de volume, une date

l’état du livre est à l’avenant – cinquante-cinq ans, des déménagements des multiples transports lectures peut-être etc. –

bah passent les jours passent les semaines  – ici la quatrième de couverture comme dit la wtf doxa

laquelle reprend les réalisateurs et les titres (et les années de réalisation) des films dont on ne voit qu’une image sur la première de couv (eh oui). Et donc, entre ici en cette maison[s]témoin ce qu’on pensait devoir montrer du cinéma parlant en 1965 (dans le livre de poche, certes; le copyright en date de 1964

abjecte maison d’édition d’extrême droite ça va bien avec le reste – à vomir) (à se demander pourquoi, sur les recommandations de qui cet ouvrage a été acheté – j’ai vaguement idée de cette affaire-là mais n’importe)

 

Et donc on reconnait (de haut en bas)

l’Ange bleu (Joseph von Sternberg,1930)
Quai des brumes (Marcel Carné, 1938) (j’aurais dit La Chienne de Renoir (1931), mais n’importe – il y a une autre photo du Quai des brumes plus bas…) (ou alors Panique Julien Duvivier, 1946) (ça m’a tout l’air de ressembler en tous les cas à Michel Simon)
Le voleur de bicyclette (Vittorio De Sica, 1948)

Zazie dans le métro (Louis Malle, 1960) (en couleurs)
Fenêtre sur cour (Sir Alfred, 1954)

Le Dictateur (Charles Chaplin, 1940)
À bout de souffle (Jean-Luc Godard, 1960)
Jules et Jim (François Truffaut, 1962)

La Bête humaine (Jean Renoir, 1938)
Autant en emporte le vent (Victor Fleming, 1939 – un petit M.G.M en bas)

Le Guépard (Luchino Visconti, 1962)
Ivan le Terrible (Serguei Eisenstein, 1945)
Le Septième sceau (Ingmar Bergman, 1956)

Rio Bravo (Howard Hawks, 1959)
À nous la liberté (René Clair, 1931)

Tchappaiev (Serge et Georges Vassiliev, 1933)
Old man out (Sir Carol Reed, 1947)
Citizen Kane (Orson Welles, 1941)

La  Bataille du rail (René Clément, 1945)
Hiroshimamon amour (Alain Resnais, 1959)
Les Misfits (John Huston, 1961 – NJB aka MM en couleurs)

À l’ouest rien de nouveau (Lewis Milestone, 1930)
La Strada (Federico Fellini, 1954)

Païsa (Roberto Rossellini, 1946)
West side story (Robert Wise- Jérôme Robbins, 1961 petit Artistes associés)
Et Dieu créa la femme (Roger Vadim, 1956 en petit Cocinor)

Quai des brumes (Marcel Carné, 1938)
Le diable au corps (Claude Autan-Lara, 1947)

et enfin La Strada (deuxième apparition parce que Giuletta) (Federico, 1954)
Les raisins de la colère (John Ford, 1940)

il s’agit d’un texte intégral (tiens encore)

(ça a du bien faire mal quelque part à cette enflure d’auteur de voir qu’il y avait là « Le Dictateur » et autres « Les raisins de la colère » mais peu importe encore) – ce qui m’importe plus ce sont les films choisis sur cette couverture ( je les ai tous vus) (je n’y vois pas Kubrick encore…) – et on trouve vingt huit images (je pense vingt huit films différents, mais vingt-sept titres : c’est une erreur) (mettons qu’il s’agisse de Panique de Julien Duvivier) et : (pas une seule femme)

onze réalisateurs français
huit réalisateurs étazuniens
quatre italiens
deux russes
un Anglais
un suédois

une vision assez centrée d’un certain cinéma d’occident (disons) (un tropisme).
Par ailleurs, comme rappelé dans la note*, l’un des deux auteurs fut passé par les armes en février 45 – il ne connut que peu les suites épiques du cinéma : on s’en fout, oui.

 

 

* Bien qu’il ait été écrit pas un couple de crevures (je ne vois pas d’autre mot, et il n’est pas trop fort, non) (ils sont morts tous les deux, ils étaient beaux-frères, fachos antisémites immondes) (l’un (brasillach) a été exécuté en février 45 – pas pu être sauvé par nombre d’amis intellectuels de sa corporation (les littérateurs) qui demandaient à De Gaulle sa grâce – l’autre a vécu des jours heureux – un peu comme cette pourriture de destouches/céline (sans majuscule) – jusque ses plus de quatre-vingt dix ans (la vie n’est pas très pertinente, il n’y a pas à dire)), voilà un livre dont la couverture vaut pour la maison[s]témoin, afin de lui donner quand même quelque chose comme une histoire (fut-elle celle du cinéma) (dans cette maison, on aime le cinéma, va savoir pourquoi…). Il date de 1965, ça nous rajeunit ? Voilà cinquante cinq ans. Je l’ai retrouvé ici (je suis en villégiature) il ne m’appartient que peu – il y a, sur la page de garde, tracées au stylo bille bleu, certaines initiales. C’est un rescapé de ma maison qui brûlât de fond en comble il y a cinq ans de cela : une de mes filles, armée de valises et de sacs eut le courage, dans l’horreur de cette réalité, de sauver quelques uns des livres des bibliothèques (je n’ai pas compté, mais il y en avait pas mal – et de livres je crois quelques milliers). Ce qui m’a permis de revoir (en rêve éveillé, comme Desnos Robert, l’un de mes poètes favoris) certains films de cette histoire-là. Sans plus de raison, un témoignage de mes débuts en France…

 

(en image d’entrée de billet, Albert Finney dans Samedi soir dimanche matin (Karel Reizs, 1960), une merveille de cette époque-là – le héros, c’est un peu moi en maison[s]témoin sur mon clavier, lui sur son établi…)

 

 

 

 

Cacher ces yeux que je ne saurais voir

 

La manière a changé mais pas cette sorte d’amour qu’on porte à cette espèce d’art (le 7° (et le 8° aussi) / ces classements, numérotations, catégories et tentatives de mise en place de rangement de toutes les activités humaines, dans le but d’en tirer profit (ce mot de terreur) ont toujours quelque chose d’obscène). Quelque chose a changé, mais surtout pour ce qui est des illustrations : on prenait les nôtres, on les taillait, les ajustait et on les posait. A présent, on en prend d’autres souvent issues de la promotion des films (les films se promeuvent, les divers acteurs sont mis à contribution, on appelle ça le service après-vente (ignoble) : on dispose de « dossiers de presse » (repris mot pour mot sur des sites parce que on n’a pas que ça à faire) dans lesquels les promoteurs (comme il en est d’immobiliers) (les distributeurs) imposent quelque chose : ainsi que dans le film (un peu raté) « Corporate » (Nicolas Silhol, 2016) on les aide donc ici – et ils nous aident à les aider (wtf ?). On crache dans cette soupe, c’est vrai – mais on n’en a rien à faire, de cette soupe-là. Ici, on parle de cinéma, et la cinéaste (la Varda, si tu veux) commet des documentaires, assez fréquemment. Ici, ils sont trois à s’être associés (trois, au moins) : des têtes d’affiche, qui, par elles seules sans doute, peuvent mettre en place, pour peu qu’elles le veuillent, la production d’un film. Je me souviens d’avoir vu passer l’appel à dons qui a été pratiqué lors de la production de celui-ci « Visages, villages » (2017) présenté à Cannes cette année (images plus bas), hors compétition. Deux personnages en quête de vrais gens. Et le musicien (le cinéma, sans musique, c’est terrible et ça me procure un tel chagrin que – par exemple – les productions des frères Dardenne me blessent profondément). Tout ça pour indiquer que personne n’est dupe : on parle encore de ce qu’on veut et on n’en tire aucun bénéfice; on pose (on colle) quelque part dans la maison(s)témoin une image photographiée mais elle ne s’en ira pas  (croit-on naïvement) de sitôt; ce billet se trouve être en relation avec un autre (qui lui-même etc etc…) c’est tant mieux – et on aurait bien tort d’attendre quelque chose d’autre que ce qui se passera. Ca se posera un peu sur (ou dans, je crois, la rubrique) les murs. Comme un Décor…

 

Le film commence rue Daguerre et se termine je crois à la campagne ou à la mer (non, au bord du lac). Bizarre (et un peu décevant) qu’on ne voie pas à l’image Matthieu Chédid dit -M- mais on répare l’oubli

(une très jolie chanson (parole Robert Nyel; musique Gaby Verlor) , « C’était bien » (le petit bal perdu) il me semble (chantée par Bourvil, il me semble aussi, t’as qu’à voir) illustre aussi ce cinéma-là – 466 974 vues ce jour) (533 510 ce 3 septembre 2017).

L’un des gimmick du film (l’un des Mac Guffin si tu veux) c’est que le JR en question ne retire pas ses lunettes de soleil (ni son chapeau) et qu’il finit par faire semblant de se fâcher contre l’insistance qu’Agnès Varda met à vouloir les lui faire enlever (de quoi je me mêle). La fin du film (que j’ai trouvée dramatique) met en scène le moment où, comme Jean-Pierre Melville sur l’image  là retire ses lunettes et montre son regard, JR fait de même pour la Varda et que le monde (comme elle) voit enfin ce visage : flou. Il reprend en cela un autre même geste qu’avait joué pour la cinéaste un de ses amis d’alors (ami de la photographe d’alors) : ainsi tourne la boucle et le tour continue, et continue encore…

Ils sont trois têtes d’affiche :

le dernier JR qui ne quitte ni ses lunettes ni son chapeau colle des affiches sur les murs. C’est juste magnifique, la Varda filme et fait le clown (lui aussi), la musique accompagne précède tisse élabore illustre. Une douzaine de tableaux plus des transitions (au montage, la Varda) (comme Alain Resnais), une espèce de road-movie (c’est un genre, c’est un classement dans lequel les premières places sont prises par des fictions, « Alice dans les villes » (Wim Wenders, 1974),  et « Thelma et Louise », (Ridley Scott 1991)), on aurait tendance à dire « de vrais gens » (mais les faux ne sont qu’au cinéma, à la télévision, sur les photos…), j’en ai gardé quatre ou cinq (ce ne sont que ceux qu’on m’a proposés à travers la banque d’images dont je dispose) : quelque chose de la réalité du monde. Par exemple, je viens de trouver cette image des femmes de dockers (le formidable « c’est nos femmes » dit l’un d’entre eux – ils sont tout petit, en bas des images, les femmes comme des oiseaux à la place du coeur)un autre tableau montre Jeannine la seule habitante d’un coron promis à la disparitionun autre montre des chèvres avec leurs cornesun autre enfin un homme assis sur un bunker (il s’agit du photographe GUY BOURDIN (merci Employée) qui apparaît nu sur certaines photos d’AV des années 50)le maire de la commune où se trouve le bunker (SAINTE MARGUERITE-SUR-MER (re)) raconte comment le bunker a été poussé (ici il est très pixellisé) avant qu’il ne tombe sur la tronche d’un promeneur/touriste ou quelque chose, et comment il est resté ainsi sur la plage. L’agriculteur aux 800 hectares de Chérence dont j’ai oublié le nom (il se reconnaîtra) (l’image du hangar se trouve aussi sur le blog du Chasse-Clou lorsqu’il visita Chérence) le tout formidable de drôlerie, de sensibilité et de courage (et un peu de cucuterie comme la Varda aime à en poser, parfois). On en sort heureux d’être sur la même planète qu’eux. Avec, donc, tout notre amical souvenir.

Ainsi qu’à ce type-là, au bord du gouffre (?) de la retraite (adorable)

 

 

addenda italique 1: le rendez-vous manqué avec l’auteur (il n’est pas seul : au cinéma personne n’est jamais seul, et d’ailleurs il n’en fait plus guère) (son attitude de tête à claques mais auteur) des très aimés « A bout de souffle »(1960) et « Pierrot le fou » (1965) sans compter « Sauve qui peut (la vie) »(1979) surnommé le solitaire de Rolle dont on ne citera pas le nom sinon « peau de chien » avait l’air de cinéma, n’eût été le vrai émoi (m’a-t-il semblé) ressenti par Agnès V. (la moitié de Jacques Demy) (on ne peut pas ici ne pas le redire) – est-ce mise en scène que ces mots écrits au feutre sur la vitre de cette maison  – est-ce seulement la sienne ? – ? est-ce un coup de force tenté/perdu par la cinéaste ? s’embarque-t-on sans certitude d’avoir porte ouverte ? Je me souviens de Maurice Pialat (il ne m’aime pas non plus, je sais bien) levant son petit poing et disant aux siffleurs « si vous ne m’aimez pas, je ne vous aime pas non plus… » et j’ai pensé à ce mot voyant se dérouler cette dernière illustration (pas de visage, non, sinon celui, f(l)ou, de JR sans lunettes) et le cadeau de ses gâteaux préférés. 

Je me souviens de cette image et j’ai la réponse à la question que (nous/se) posait Patricia (on voit au reflet dans la photo, la bibliothèque de  derrière le bureau de la maison brûlée, tiens)

Le film se termine sur les deux AV et JR assis sur un banc, cadrés de dos, contemplant le lac (l’affaire n’y est pas) mais qu’aurait donné (sinon ce qu’ils en auraient fait) la rencontre ? On aimerait dire qu’OSEF (et c’est ce qu’il en est, en vrai…) mais, pour ma part, j’ai tout à fait le sentiment que cette manière d’agir est celle de certains artistes : rien à foutre des autres, du reste du monde et des rendez-vous avec les vieux amis… Une façon de voir le monde, la vie et ceux qui la font

addenda italique 2: (après en avoir discuté avec l’ami Chasse-clou taleur au bar) le solitaire de Rolle en question tape quand même les 86 printemps/balais/piges/berges ce qui fait peut-être qu’il ne désire pas qu’on soit averti de son aspect – une marque de respect des autres ? il me semble qu’il ne s’est pas présenté non plus à Cannes, à un moment… on peut gloser, mais la manière dont il se trouve présenté dans le film indique, à tout le moins, une espèce de mépris (pensé-je)   

Tango

 

 

Mercredi, c’est le jour du cinéma (les exploitants changent leur programme, il faut bien les suivre sans doute) – il fut un temps où c’était celui de merdalécole, mais ça a changé et on s’en fout – il faut tenir la distance (en même temps, il vaut mieux être seul que mal accompagné disait ma grand-mère). Il y a toujours des chansons (il y a peu, on m’a pris pour Charles Dumont, je ne suis pas complètement sûr de m’en être complètement remis) dont l’une fait « depuis le temps que je patiente dans cette chambre noire » (la chambre noire, j’aime ça, c’est un peu comme la photographie, ou la verte (François Truffaut, 1978 – l’un des rares films qui me plaisent réalisés par ce cinéaste); ou la jaune, ou la rouge) et donc je divague un peu, j’erre dans les rues, dans la campagne : cette fois-là, je ne sais plus exactement – encore que ces circonstances soient tout à fait élucidables – c’est à cause du réalisateur, Stéphane Brizé dont je continue à regarder les films, parfois, pour m’en souvenir, et cette fois-ci donc, il s’agissait de l’histoire d’un type dont la profession est huissier de justice (il y a des professions difficiles à tenir, maton flic inspecteur du fisc – des fonctionnaires – détective tueur (à gage ou pas) bourreau et d’autres encore je ne vais me mettre à lister – y’en a plein – qui pourraient, à bon droit, revendiquer le titre de ce film (il date de 2004) (quand je mets une date, je fais un flash-back sur ma propre biographie, et je tente de regarder ce qui se passait alors – voilà plus de dix ans quand même, les choses s’effacent) (je ne l’ai pas vu à sa sortie) (je l’ai emprunté à la médiathèque du village du bourg enfin là-bas cinq kilomètres en auto, quinze euros l’abonnement à l’année, autant de films qu’on veut – peut-être seulement trois d’un coup, je ne sais plus) : « Je ne suis pas là pour être aimé » (2004).

Ce qui est évidemment faux, puisque tous les humains, de quelque genre qu’ils soient, sont là justement pour ça (content de vous l’apprendre si vous l’ignoriez). Au moins. Le type s’appelle Jean-Claude Delsart (c’est Patrick Chesnais qui l’interprète), il a hérité de l’étude (je crois que c’est ainsi que se nomme ce type de bureau ou d’officine) de son père, lequel finit ses jours dans une maison de retraite. Le type va voir son père tous les dimanches, et ensemble, ils disputent une partie de monopoly.

Comme on voit, le père (il n’est pas prénommé, juste Monsieur Delsart) est interprété par Georges Wilson (une certaine délectation à jouer les salauds ou les aigris animait cet homme – je crois comme tous les acteurs : ce sont des choses qu’on ne ferait pas dans la vie et qui sont autorisées, là) (et en même temps, il n’est pas complètement avéré qu’ils ne soient pas dans ce style dans la vie courante : on s’en fout un peu mais on pense -surtout- à Jules Berry, que ce soit dans « Les visiteurs du soir » (Marcel Carné, 1942) ou « Le crime de Monsieur Lange » (Jean Renoir, 1935)). Le fils encaisse (c’est le cas de le dire : pour un huissier, c’est l’encaissement qui compte). Il s’en va : son père le guette par la fenêtre, laisse glisser le rideau quand son fils se retourne (sans doute pour éviter de lui donner ne serait-ce qu’un signe). Des relations difficiles. J’aimerai continuer, mais j’ai peur de lasser.

Le fils voit, de sa fenêtre (un peu comme son père) un cours de tango : il se prend à vouloir danser (un médecin assez antipathique le pousse sur cette voie), il y va et y rencontre cette femme-là

Françoise Rubion, dite « Fanfan » lorsque la mère de ce Jean-Claude la gardait (ou quelque chose : elle le connait, et donc le reconnait; lui, non) (Anne Consigny dans le rôle : très bien). Puis les choses allant comme elles vont (le film est français – on échappe à la scène de lit – on parlera donc d’amour), ils s’entendent elle et lui, et dansent ensemble un tango lent, vraiment très beau on va dire. Elle lui explique les pas, il les comprend, ils s’entendent. C’est que quelque chose passe.

Le reste du monde 1 : elle va se marier, il l’apprend par une sorte d’indiscrétion, il en conçoit une sorte de blessure, ou de traîtrise, il ne veut plus la voir lorsqu’elle vient lui expliquer, dans son bureau, cette espèce de méprise peut-être (sans doute, probablement) cruelle.

Le reste du monde 2 : cette scène se déroule dans son bureau, et qui dit bureau dit secrétaire (une secrétaire préserve des secrets : celle-ci écoute aux portes

elle se prénomme Hélène (Anne Vincent, magique), elle remettra son patron d’aplomb).

Comme on sait (ou pas d’ailleurs), depuis que, lors d’une projection de « Senso » (Luchino Visconti, 1954 – une autre merveille), un (pas si) vieux (que ça) con m’a rabroué parce que je faisais des photos des écrans, je n’en commets plus (c’est ainsi, je suis impressionnable – j’agonis les abrutis aussi, mais je ne veux pas emmerder le monde non plus) (donc), je ne dispose plus que des films-annonces (j’aime ça) et de mes souvenirs de la vision du film. J’aime ce cinéma-là (il est un cinéma par réalisateur, celui de Stéphane Brizé – on a vu « Quelques heures de printemps« , formidable de retenu; « La loi du marché » – on a dû en parler ici – ; plus son premier film, je crois à la cinémathèque, mais je n’en trouve trace nulle part) celui de ce cinéaste-là me convient et me parle.

Il est d’autres péripéties, multiples, dont l’une (qui sera(it) un thème transversale à retenir) s’incarne dans le (futur) mari de Fanfan qui écrit : le tropisme de l’écrivain au cinéma est à traiter avec sérieux (j’aime ça, et je pense à ce magnifique « Providence » (Alain Resnais, 1977) où est suggérée la vie de Howard Philips Lovecraft) (Georges Wilson, et John Gielguld (il est Clive Langhman dans le film) sont de la même trempe) (y’a sans doute un étudiant en ciné qui a pondu une thèse là-dessus). En tout cas, ce cinéma-là s’incarne dans la dernière scène du film (juste une merveille).