Actrice

 

 

on l’avait déjà vue dans un rôle semblable – il y a dix ans (Les beaux jours (Marion Vernoux, 2013) (quelque chose de sage : elle assise dans l’aéroport, l’autre qui s’en va, elle ne le regrette pas) (avec les acteur.es, j’ai mes têtes : je suis difficile et comme diraient les journalistes (qui aiment un peu à salir parfois (voir par exemple le Illusions perdues  récent (Xavier Giannoli, 2021)) je ne suis pas (un bon) client) (un peu comme Sir Alfred dont on raconte qu’il répondait élégamment à l’un d’eux lui demandant des axes de jeu : « Je vous paye assez cher pour que vous sachiez ce que vous avez à faire ») (charmant)
je me suis égaré : une actrice, donc, qui interprète le rôle d’une femme de son âge (elle est de 49) (plus ou moins : en réalité, le rôle devait être celui d’une femme de quatre vingts ans si j’en crois les gazettes) peu importe d’ailleurs : le rôle est celui de la mère de la réalisatrice. Devait être : Solveig Anspach a été arrachée à notre affection il y a quelques années (en août 2015) (ici, on l’aime toujours beaucoup : – le sujet était déjà prêt dans la vraie vie, il a été repris (magnifiquement) par Carine Tardieu, ici
parfois les images fatiguent – parfois moins – j’aime à regarder les passants ( ce sont des acteurs, un film qu’on ne connaît pas, une mise en scène qu’il peut être parfois facile de déceler, des costumes, des maquillages, des dialogues – quelques secondes  et les voilà partis…)
une actrice donc : ce n’est pas un métier, c’est un état – j’ai vaguement vu qu’elle disait d’elle même « je ne suis qu’une actrice, une personne ordinaire » et oui, tout est là
une histoire d’amour comme les films français (ou pas) savent en faire parfois : une espèce d’image de marque (la France, ce pays où la gastronomie la mode le bon goût la libido) (on dit plutôt l’amour : un peu comme les jeunes mariés vont à Venise) (ce genre de poncif – par exemple encore mais après j’arrête : le tgv va dans un sens, puis dans un autre – les versions du train sont différentes – il doit s’agir de quelque plan destiné à l’export)
lui est médecin spécialiste cancer (on dit oncologue) deux enfants, une femme biologiste (Cécile de France, quelque chose de franc de frais de spontané) – il vit à Lyon
elle était architecte vit 19 rue des Panoyaux (c’est à Paris 20) un appartement assez en bazar – une vie entière (à un moment, il la rencontre à côté d’un « hôtel des Facultés » qu’il faudrait que je retrouve) (vaguement le sentiment que c’est à Lyon)
ils se rencontrent, en Irlande, histoire d’amour (scène de lit : parfaite) il ne peut le cacher à sa femme parce qu’il ne le veut pas (elle encaisse : un mal de chien…); les enfants ressentent l’affaire, rien n’est facile – on avance, mais il ne peut pas cacher cet amour
le truc, c’est qu’elle a quelque chose comme vingt-cinq ans de plus que lui (lui, c’est Melvil Poupaud – il est de 73, comme la réalisatrice) : comme dans la vraie vie (si jamais ça existe) disons – le couple est un peu difforme, le livreur épicier asiatique n’apprécie que peu, le copain d’enfance moins sans doute (Sharif Andoura), mais sa fille à elle (Florence Loiret Caille, qui envoie grââââve – extra) oui
alors voilà, on avance le drame se noue, est noué se révèle
j’aime savoir/croire que les actrices (et les acteurs) jouent toujours le même rôle dans le même film – ça m’aide à regarder les films dans leurs différences, pratiquer des correspondances, me souvenir des belles choses, faire exister ici ou là une histoire peut-être improbable – j’y vois de la fidélité, peut-être (est-ce que volage est le contraire de fidèle ?) de la constance et l’assurance que nous sommes en vie (je ne vais que rarement au cinéma tout seul) (on rit, on pleure)
il paraît qu’elle jouait à ses débuts dans cette série nommée « Les dames de la côte » (c’était à la télévision) une aura un peu sulfureuse, peut-être anarchiste, peut-être éthérée : mais comme dans La Famille (Ettore Scola,1987) j’ai vaguement l’impression qu’elle se tient – elle est ici formidable – sa voix surtout ? non, son sourire

 

Les jeunes amants, un film réalisé par Carine Tardieu (en vrai, les trois actrices sont formidables)

onze

 

 

 

il m’en reste mais on ferme pour les vacances (ici William Holden)

dans Network (Sidney Lumet, 1976) rattrapé par sa libido (et Faye Dunaway) (on le préfère dans Sunset Boulevard (on préfère tout le film (Billy Wilder, 1950) (là Solveig Anspach – la grue, Montreuil, la piscine et Florence Loiret-Caille)

ici ces images, un peu un cimetière – salut l’artiste disons) (là BB King

et son instrument qui fait peur aux racistes – on n’avance guère en ces matières – on fait des trucs sinon (le TOA en index commence) mais ce sont les vacances, on n’a plus trop de temps)

ici une devinette (*) en format carré – on verra bien – au même format, le présente-t-on, mais en couleurs

agent de sécurité sympathique (ça doit bien exister…) dans La loi du marché (Stépahne Brizé, 2015) formidable Vincent Lindon (on se souvient de ses mots durant le confinement – on n’oublie pas – le feu tue aux alentours de la Méditerranée, on se préoccupe de sa petite santé, machin est avec sa wtf piscine à Brégançon son passanitère répugnant en main, sûrement – (non, j’arrête) la carte d’identité de Pierre Brossolette

lequel s’est jeté par la fenêtre de la gestapo parisienne pour ne pas donner d’autre nom que le sien – on résiste – ici Danielle Casanavo et Lucie Auber

ces souvenirs, ces héroïnes – on n’oublie rien –

Geneviève De Gaulle et Germaine Tillon – un passé qui ne passera pas – et un présent préoccupant : ici le sourire de Florence Thune qui mène le Sidaction

tandis que disparaissait Sandrine Musso (chercheuse en sciences sociales genre corps et société – pensées vers elle) – non, mais ça ne fait rien, on résiste quand même – on écoute on lit – ici l’un de mes préférés (un autre vient juste après) Gene Hackman (frustré dans Conversation Secrète (Francis Ford Coppola, 1974 – palme d’or à Cannes quand même))

et Sophia et Marcel (cette merveille de résistance tout autant (Une journée particulière, Ettore Scola, 1977))

la paix, ah oui

même de dos (à ton idée, c’est le matin ou c’est le soir ?) – ce doit être le chapeau et la mer, du côté d’Ostia (Federico Fellini pensif, qui n’aimait pas cette mer qui lui faisait peur…) (dix heures du soir fin juin) une image on l’interprète et lui fait dire ce qu’on veut –

on l’aurait dite falote à ses débuts (dans la Nuit américaine (Francois Truffaut, 1973) mais là (Le petit lieutenant, Xavier Beauvois, 2005) une présence (Nathalie Baye)

et une Hanna Schygulla formidable (Le mariage de Maria Braun (Rainer Werner Fassbinder, 1978)) j’en termine (je pose des références pour mes histoires d’atelier tout autant – je me souviens presque des salles où j’ai vu ces films)

pas de quoi en faire des tonnes (Faye Dunaway (cette pose…) à nouveau, moins mante religieuse que précédemment – Steve McQueen en milliardaire (L’affaire Thomas Crown (Norman Jewison, 1968)) mais surtout sûrement la musique de Michel Legrand – il se passait des choses et on n’allait pas au cinéma – je me souviens aussi de ces deux-là

(Agnès Moorehead et Tim Holt dans la Splendeur des Amberson (Orson Welles, 1942) (à la cinémathèque : une splendeur, en effet) et pour finir, l’évocation de Jean Zay (et ce billet dédié à sa fille, à ses filles, et à la librairie aussi bien)

de retour en septembre (bonnes vacances)

 

dispersion, une série de la visite des couloirs de la maison[s]témoin

(*) en robe de chambre, devant une bibliothèque, de profil souriant : Roland Barthes.

on se disperse

 

 

 

allons donc, voilà qu’on a retrouvé quelques journaux (des hebdomadaires) dans la cave ou le garage (je ne sais pas bien – il n’y a pas de cave tiens – ah si) (ce sera là, donc) (il y a même un cellier si tu veux voir – on s’emmerde pas dans cette maison finalement – enfin si mais personne pour visiter qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ?) (on regarde, on trie, on jette ou on garde)

(j’en ai 22, y’a des doublons, c’est égal je continue la marche en avant) – il y a une éternité de ça (c’était en 78 je crois que je le sais) j’ai décidé d’un seul et commun accord avec moi-même de mettre à écrire –

une belle (elles le sont fréquemment) chanson de cette dame-là s’intitule Pierre (Barbara, alias Muriel Cerf) (non, Monique pardon, Muriel, c’est Delphine Seyrig) – dans le film de Resnais Alain – elles ne sont pas classées, elles viennent comme elles sont venues

(Jeremy Irons, ici dans Margin Call (J. C Chandlor, 2011) avec un Kevin Spacey non encore effacé) c’est que cet acteur jouait dans « Travail au noir » (Jeremy, pas Kevin) qu’on avait été voir un jour que le montage nous faisait braire (la monteuse avait une fille prénommée Isis il me semble) (il y avait alors beaucoup de cinéma)

il y en a toujours, comme on voit (là c’est à cause du type derrière, qui a écrit un texte pendant la première réclusion) (aujourd’hui on couvre le feu à six heures du soir jusque six heures du matin et on ne trouve rien à y redire) (chacun pour soi ?) (saloperie de prison qui arrange bien ce pouvoir jésuite de maçon)

quarante ans plus tôt

les cours de théâtre, les « pierre ta chanson », les « Amsterdam » ou « Jm’voyais déjà » – y croyais-je alors ?

non, elle (Florence Loiret-Caille) c’est pour ses rôles chez Solveig Anspach (je crois qu’elle a fait la FEMIS alors que j’y faisais l’assistant)

(je ne dis rien, Gloria, William, Erich et Nancy) au crépuscule sur le boulevard – la fin au début dans la piscine – le cinéma qui parle de lui – comme dans Dansons sous la pluie (Stanley et Gene, 1952) –

(celle-ci est du même, c’est Gloria – elle joue le rôle de Norma Desmond, magique – et bien plus que la Marilyn, Norma elle aussi)

Georges Gerschwin à son piano – sa rhapsodie en bleue… – mais voici JLB et MR, tandis que dans le fauteuil type Emmanuelle (hein) : Paul Claudel (on ne peut s’empêcher de penser à cette chanson (assez) gaillarde qui fait « à la fornication/ (…) /elle déclame du Claudel, du Claudel j’ai bien dit ») (« Misogynie à part »)

(je me souviens au Paris de la rue des Trois Cailloux sur la scène de ce cinéma, le Georges, j’avais seize ans et portais le manteau de mon père pour faire chic…) puis une photographe, Vivian Maier, autoportrait

inconnue (peut-être, mais de qui ?) de toute sa vie – comme moi ? – j’adore ces parallèles – et une autre photographe

Jane Evelyn Atwood (magnifique) (l’étude au parc – 92 ?)

as-tu pris garde à ta pochette, mon Momo (Echenoz, quand tu nous tiens) ? (qu’est-ce qu’il tient en main , de quelle manière, pourquoi faire ?) (l’élégance de ces moments, le boléro aussi) on le verrait bien partir en vacances sur la côte basque, non ? des images, justes

bizarre, à cause de son cercle et de craie et caucasien – une photo où il tape 18 (donc 1916 ou 17) – puis ce seront les frères

Phoenix (ici Joaquim), là River

la vie ne tient qu’à un fil, souvent – on est insubmersible, on tient bon, on avance on continue – ne pas abuser, tenter de garder sa liberté vivre –

le mieux, ce sont ses pantalons bermuda – assortis au foulard hermès – kestenpenses ? – on le vit en cours, il avait une attitude un peu infatuée, sans doute par une espèce de timidité – on l’aime cependant pour ses Chroniques (d’un été, 1961), Marceline (uniquement encore) Loridan (elle deviendra Ivens deux ans plus tard) (« êtes-vous heureux ? ») et son pote toujours parmi nous, Edgar Morin (et celui-ci pas tant par sa sociologie – chacun sa vie – mais pour son père qui vendait des chaussettes de Troyes dans un parapluie, pour le billet gagnant de loterie, on l’aime aussi, ce Vidal) –

ces deux-là pour la relation qu’ils incarnent (Un monde parfait, C. Eastwood, 93) (le môme, T.J. Lowther, magnifique d’amour; Kevin Kostner, loyal) – parfois la couleur aussi – ici Freddy sans moustache

il chantait et incarnait la Reine, la dérision et la vanité de toutes choses – la chanson, aussi oui, celle des champions, par exemple – allez salut l’artiste

on dit que le cinéma et la psychanalyse, ensemble, sur ce monde… (la République avait cent soixante ans, en était à sa quatrième mouture, on avait essuyé deux royautés plus deux empires plus un troisième, colonial ce dernier, augmentés de  deux guerres mondiales et puis…)

 

dispersion un feuilleton qui se trouve dans le salon avec beaucoup d’images (ici les autres épisodes)